En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6071

L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LE SYSTÈME DES NATIONS UNIES TRIBUTAIRE DE NOUVEAUX MOYENS ET MÉCANISMES INSTITUTIONNELS

02/07/2004
Communiqué de presse
ECOSOC/6071


Conseil économique et social

Session de fond de 2004

24e et 25e séances - matin & après-midi


L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LE SYSTÈME DES NATIONS UNIES TRIBUTAIRE DE NOUVEAUX MOYENS ET MÉCANISMES INSTITUTIONNELS


L’égalité hommes-femmes sera réalisée uniquement si nous sortons

d’une approche fragmentée et compartimentée, prévient la Directrice de l’UNIFEM


Des ressources humaines spécialisées, des analyses, de nouvelles méthodologies et la mise en place de mécanismes institutionnels, notamment de contrôle, sont nécessaires pour accroître l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le système des Nations Unies, ont souligné la plupart des délégations qui sont intervenues aujourd’hui à l’occasion du débat du Conseil économique et social (ECOSOC) sur cette question.


Le concept d’intégration d’une dimension sexospécifique dans les programmes et politiques des entités du système avait été désigné comme stratégie pour promouvoir l’égalité entre les sexes lors de la Quatrième conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995.  Cette notion soulignait la nécessité de s’assurer que l’égalité hommes/femmes était une priorité dans tous les domaines de développement économique et social.  Selon ce concept, il s’agit de tenir compte et d’évaluer les implications des hommes et des femmes dans toute action planifiée, y compris la législation, les procédures, les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux.  Ceci permet d’intégrer les préoccupations et expériences des femmes et des hommes à la conception, mise en œuvre, contrôle et évaluation des procédures et programmes dans tous les sphères politiques, économiques et sociétales afin qu’ils en bénéficient de manière égale.


Introduisant la table ronde qui a illustré ce débat et qui a porté plus particulièrement sur l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les activités opérationnelles en complément des efforts de promotion de la femme, la Directrice de la Division de la promotion de la femme du Département des affaires économiques et sociales (DESA) a insisté que la réalisation de l’égalité homme/femme était indispensable à l’aboutissement des objectifs de développement durable et de la lutte contre la faim et la pauvreté.


Dans le cadre de cette table ronde, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) a souligné que l’exercice d’intégration d’une perspective sexospécifique n’était pas seulement technique, mais était aussi politique et devait associer les responsables au plus haut niveau.  Le coordonnateur résident du PNUD au Maroc a présenté les progrès notables de ce pays, la coordonnatrice résidente du PNUD à la Barbade a souligné l’influence de l’environnement mondial sur les réalisations locales, et la représentante du Bureau pour l’égalité entre hommes et femmes de l’Organisation internationale du travail (OIT) a expliqué comment l’OIT avait recours aux « audits sur le genre ».  Soulignant l’importance de la coordination des politiques et activités des organismes des Nations Unies, la Directrice de l’UNIFEM a prévenu que l’objectif d’égalité ne sera pas réalisé, si nous ne sortons pas d’une approche fragmentaire et compartimentée.


Par ailleurs, les intervenants ont souligné l’importance des Bilans communs des pays (BCP), Documents stratégiques de réductions de la pauvreté (DRSP), du Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF) et des appels consolidés comme outils de promotion de l’égalité à tous les niveaux des activités opérationnelles des Nations Unies (ONU).


Tout en se disant encouragées par les progrès déjà réalisés et du fait que le système des Nations Unies a déjà conçu de nombreuses politiques et stratégies pour l’égalité femmes-hommes, la plupart des délégations qui sont intervenues aujourd’hui ont regretté l’écart entre la politique et la réalité sur le terrain, qui, selon elles, ne sera surmontée sans un engagement véritable aux plus hauts niveaux de l’ONU.  Les cadres supérieurs doivent être impliqués et tenus responsables à toutes les étapes.


A l’instar de plusieurs délégations, la représentante de la Malaisie a souhaité que la question de l’égalité soit intégrée comme une donnée essentielle de la réalisation des objectifs plus concrets de l’organisation sociétale du pays et que l’on procède à un examen de l’origine des inégalités dans les sociétés.  Si le représentant de la Norvège a défini ces questions comme une base indispensable au développement économique et social, celui du Canada, intervenant également au nom de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, a souhaité qu’elles soient intégrées au processus d’examen en 2005 de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).


De son côté, le représentant de la Namibie s’est félicité des initiatives du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour incorporer une perspective sexospécifique dans toutes ses opérations.


L’ECOSOC poursuivra ses travaux mardi 5 juillet, à partir de 10 heures.


COORDINATION DES POLITIQUES ET ACTIVITÉS DES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET AUTRES ORGANISMES DES NATIONS UNIES


Déclarations


Présentant le rapport du Secrétaire général sur la question, Mme CAROLYN HANNAN, Directrice de la Division de la promotion de la femme a rappelé que l’intégration d’une perspective sexospécifique avait clairement été définie en tant que stratégie pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes lors de la 4e Conférence mondiale des Nations Unies sur la femme qui s’est tenue à Beijing en 1995.  À cette occasion, cette intégration a été identifiée en relation avec tous les 12 domaines critiques du Plan d’action de Beijing.  En 1997, l’ECOSOC a traduit en pratique les engagements de la Conférence de Beijing,  Par sa décision 1997/2, il a souligné sa volonté de promouvoir une politique coordonnée et cohérente favorable à l’égalité des sexes.  La Directrice de la Division de la promotion de la femme a noté que le rapport du Secrétaire général qui évalue les progrès dans les politiques, stratégies, cadres budgétaires, des entités du système, concluait que l’intégration d’une perspective sexospécifique demeure une stratégie cruciale  pour la promotion de l’égalité et l’autonomisation des femmes.  Le rapport reconnaît que l’écart qui subsiste entre les politiques et la mise en œuvre demeure un obstacle majeur.  C’est pourquoi des initiatives doivent être prises à tous les niveaux pour accroître la prise en compte d’une perspective sexospécifique qui doit être considérée comme un complément aux stratégies de promotion de la femme.  Enfin, elle a salué l’appel du Secrétaire général pour que les entités aux plus hauts niveaux s’engagent à apporter l’appui nécessaire et à respecter l’obligation de rendre des comptes sur cette question.  Elle a regretté un suivi insuffisant et une utilisation inefficace des ressources spécialisées. 


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas), s’exprimant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a souligné que l’égalité entre les sexes est surtout un moyen de réaliser le développement et les Objectifs de développement Millénaire (ODM).  Aucune société ne peut réellement prospérer sans exploiter le talent de la moitié de sa population.  Le représentant a défendu l’existence de deux approches complémentaires pour assurer l’égalité entre les sexes.  Il a cité l’intégration de la dimension sexospécifique et la promotion de l’émancipation des femmes.  Il a souligné, en la matière, le rôle que les hommes doivent jouer.  S’il a reconnu les progrès effectués dans l’intégration de la dimension sexospécifique, le représentant a néanmoins estimé qu’il est prématuré de trop s’en réjouir.  Il a ainsi argué que la clef d’une mise en oeuvre effective des Conclusions concertées du Conseil économique et social réside dans une gestion responsable à tous les niveaux du système des Nations Unies, ce qui implique l’évaluation des performances individuelles.  Il a donc prôné la mise en place d’un système de contrôle réellement efficace et l’affectation de ressources humaines et financières adéquates.


Il a aussi appelé à une intégration systématique de la dimension sexospécifique dans la formulation, la mise en oeuvre et le suivi des mécanismes de coordination du système des Nations Unies sur le terrain.  Dans le cadre des opérations de maintien de la paix, il a recommandé aux Nations Unies de se tenir prêtes à traiter de la violence à l’encontre des femmes, conformément à la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est dit déçu que seulement 17,8% des rapports du Secrétaire général au Conseil de sécurité et 14,2% des résolutions de ce dernier fassent référence aux questions sexospécifiques.  Il a fermement appuyé le travail du Conseiller spécial en disant attendre avec impatience la nomination d’une nouvelle personne à ce poste.  De même, il a appelé au renforcement du rôle de catalyseur de l’UNIFEM.  Les questions sexospécifiques doivent être intégrées plus avant dans le travail du PNUD et des autres institutions des Nations Unies, a-t-il insisté.


Le représentant s’est félicité de la coordination interinstitutions qui a été établie pour promouvoir l’égalité entre les sexes.  L’effort doit inclure les questions de santé sexuelle et reproductive et des droits de l’homme, a-t-il ajouté.  Il a aussi estimé que l’intégration de la dimension sexospécifique doit se faire dans le suivi des résultats des grandes conférences de l’ONU.  Concernant le système intergouvernemental, le représentant a voulu qu’en prévision du “Grand évènement” de 2005, la question de cette intégration soit perçue comme une des stratégies prioritaires de la réalisation des ODM.  Il a, à cet égard, salué le travail de la Commission de la condition de la femme et l’attention que la Commission du développement durable, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la Commission des droits de l’homme et le Forum des populations des autochtones ont accordée à la question.  Le représentant a conclu en faisant part des efforts propres de l’Union européenne.


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a dit que son pays avait été coauteur, avec le Royaume-uni, de la résolution adoptée par la Commission de la condition de la femme cette année sur les questions touchant à la perspective sexospécifique à intégrer dans les programmes et activités de l’ONU et des agences de développement.  Nous devons nous concerter pour savoir comment les entités de l’ONU peuvent mieux inclure ces questions dans leurs programmes, a dit le représentant.  Beaucoup de lacunes demeurent, a-t-il reconnu, en demandant que ces concepts soient parties intégrantes des activités de développement de l’ONU et que la communauté internationale donne aux pays les plus pauvres les moyens de les intégrer, dans leurs politiques nationales.  L’engagement envers l’intégration de la sexospécificité doit se prendre au plus haut niveau des États en vue d’en assurer la pleine mise en œuvre des mesures prises à cet effet.  La propagation de ces mesures doit devenir systématique, a dit M. Chowdhury.  L’équilibre des sexes au sein des institutions de l’ONU est important, du fait qu’il pourrait permettre de donner une voie aux femmes au niveau des prises de décisions et des réflexions qui sont menées sur le développement économique et social.


Au Bangladesh, a noté le représentant, l’objectif de l’égalité fait partie des politiques du gouvernement, ce qui a permis de promouvoir une autonomisation effective des femmes.  Au niveau politique, elles occupent de plus en plus des fonctions égales à celles des hommes.  Au cours des 15 dernières années, le Bangladesh a eu une femme Chef de Gouvernement et une femme leader de l’opposition, 13 000 femmes ont d’autre part été élues à des mandats locaux après les scrutins de 1997 et de 2001, a indiqué M. Chowdhury.


M. MARTIN ANDJABA, Représentant permanent de la Namibie auprès des Nations Unies, a déclaré que depuis l’adoption des conclusions concertées dans le cadre de la décision 1997/2 de l’ECOSOC, la plupart des entités des Nations Unies ont adopté des mécanismes institutionnels visant à faciliter la mise en œuvre de la parité entre les sexes.  Elle a salué l’importance du réseau interinstitutions sur l’égalité des femmes qui joue un rôle important pour la collaboration entre les organismes de l’ONU et le développement d’outils et de méthodologies.  Nous notons avec appréciation que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) a pris de mesures pour incorporer une perspective sexospécifique dans toutes ses opérations, a-t-il ajouté.  La mise en œuvre des conclusions concertées demeure un défi pour le système des Nations Unies et l’examen des questions hommes/femmes au niveau de l ECOSOC et de certains de ses organes subsidiaires n’a pas été réglé.  Aussi, M. Andjaba a fait sienne la proposition du Secrétaire général de voir l’ECOSOC et ses commissions compétentes prendre des mesures efficaces en matière de sexospécificité.  Il faut des réunions régulières entre l’ECOSOC et ses organes subsidiaires sur cette question et que le rapport de la Commission de la condition de l’ECOSOC soit à l’avenir plus détaillé sur la mise en œuvre pratique de l’égalité entre les sexes au sein Nations Unies.  Cette question de la sexospécificité, a-t-il conclu, ne doit pas être considérée comme un problème social mais comme une préoccupation générale. 


M. A COPINATHAN (Inde) a indiqué que son pays a mis depuis longtemps en place des programmes et des politiques orientés vers l’action.  De nombreux mécanismes et institutions ont été lancés et plus récemment le Parlement a adopté des programmes contre le harcèlement sexuel.  Concernant les Nations Unies, il a appelé à des mesures concrètes pour assurer une représentation équitable des femmes, en particulier celles des pays en développement.


M. SHIN KAK-SOO (République de Corée) a déclaré que sa délégation partageait l’évaluation présentée dans le rapport du Secrétaire général, qui stipule que bien que des progrès aient été accomplis dans la sensibilisation en matière de sexospécificité, il reste encore beaucoup à faire dans le domaine de la mise en oeuvre des mesures préconisées à cet égard.  Notre pays, a poursuivi le représentant, pense qu’une intégration plus systématique de la dimension sexospécifique est indispensable à la bonne mise en oeuvre des recommandations issues des grandes conférences tenues par le système de l’ONU au cours de la décennie écoulée.  Ceci concerne en particulier la mise en oeuvre des programmes visant la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), a souligné M. Kak-Soo.  Plus d’attention doit être accordée aux informations venant des gouvernements, des commissions régionales et des entités de l’ONU, a estimé le représentant, pour mettre en place des politiques permettant de mieux intégrer la dimension sexospécifique dans les tâches menées par l’ONU.  Enfin, la Commission de la condition de la femme devrait être encouragée à jouer un rôle central de plaidoyer sur cette question auprès des autres commissions fonctionnelles, de l’ECOSOC, de l’Assemblée générale et des autres institutions intergouvernementales.


MME FARAH AJALOVA (Azerbaïdjan) a déclaré que l’intégration d’une perspective sexospécifique devait faire partie des priorités des Nations Unies.  Elle a souligné l’importance de la coordination des activités interinstitutions pour la mise en œuvre réelle d’une politique d’égalité des sexes de même que celle de la contribution indispensable des cadres de haut niveau à ces efforts.  Nous convenons que l’écart entre la politique et la mise en oeuvre réelle demeure un défi et une préoccupation, a-t-elle ajouté.  Elle s’est félicitée du fait que le nombre de Documents sur la stratégie de réduction de la pauvreté (DRSP) tenant compte des inégalités a augmenté de 33% en 2003.  Mais elle a noté même dans ces cas, le manque de ressources adéquates. Elle a donc demandé aux donateurs d’accroître leur appui aux activités opérationnelles et autres des Nations Unies qui accordent leur attention à la problématique homme/femme dans les politiques de lutte contre la pauvreté et de développement économique.  Il nous faut un soutien en matière de renforcement des capacités, a-t-elle poursuivi.  Même lorsque des ressources sont disponibles, le personnel sur le terrain ne dispose souvent pas de la formation et des informations nécessaires à la mise en oeuvre de l’intégration d’une perspective sexospécifique.  


Mme BARBARA EKWALL (Suisse) a, en matière du suivi et d’évaluation au sein du système des Nations Unies, souhaité la définition d’objectifs quantifiables fondés sur un calendrier précis et des indicateurs fiables ainsi que sur des mécanismes de responsabilisation personnelle.  La représentante a jugé important de mettre au point des outils et des méthodologies pratiques et d’appuyer un processus de contrôle au jour le jour.  L’investissement dans les ressources conceptuelles et méthodologiques, la formation, et le renforcement des capacités est essentiel à une mise en oeuvre pratique des politiques pertinentes, a-t-elle insisté avant de demander, par ailleurs, une définition claire du rôle et des responsabilités de tous les membres des institutions de l’ONU à tous les niveaux et la mise en place d’arrangements institutionnels tels qu’un réseau des points focaux.  Les coupes budgétaires, a-t-elle poursuivi, ne devraient pas servir de prétexte pour reléguer la question de l’intégration sexospécifique au second plan.  Se félicitant globalement du travail des institutions de l’ONU, elle s’est dite préoccupée par le fait que l’attention requise ne soit pas accordée aux domaines “importants” de la lutte contre la pauvreté, du développement macroéconomique, de la protection sociale, de l’agriculture, du développement rural ou encore de la paix et la sécurité.


M. GEORGE OLAGO OWUOR (Kenya) a déclaré que sa délégation appuyait les prises de position du PNUD sur la promotion de l’égalité entre les sexes, qui est un facteur clef du renforcement du développement dans son programme pluriannuel d’activités 2004-2007.  Le Kenya appuie la décision des Nations Unies de décentraliser leurs activités opérationnelles au niveau du terrain et reconnaît que la FAO, l’IFAD et le PAM ont mené de manière efficace leurs missions en soutenant les populations pauvres affectées par la faim et la pandémie du VIH/sida.  Le Kenya, a poursuivi le représentant, se félicite du soutien apporté par les équipes de pays de l’ONU aux gouvernements des États qui les accueillent, notamment dans la recherche d’une meilleure intégration de la sexospécifité dans les politiques, programmes, législations, budgets et mécanismes de collecte de données.  Nous partageons les préoccupations de l’Organisation internationale du travail sur le manque d’un niveau suffisant de communication, des systèmes de surveillance et d’évaluation des responsabilités, entre le Siège et les bureaux de terrain de l’ONU.  Nous pensons qu’il y a un besoin urgent de créer des directives pour l’ensemble du système de l’ONU, de manière à parvenir à l’équité entre les sexes, a conclu le représentant.


Intervenant au nom du CANZ (Canada, Nouvelle Zélande et Australie), M. GILBERT LAURENT (Canada) s’est félicité de la double stratégie des Nations Unies qui inclut d’une part une politique ciblée pour les femmes et les filles et d’autre part l’intégration de la sexospécificité dans tous ses programmes.  Il s’est dit encouragé par les progrès accomplis par les Nations Unies dans ce domaine, notamment la précieuse contribution du réseau interinstitutions pour la sexospécificité composé de 60 membres qui représentent 25 entités.  Toutefois, l’objectif d’intégrer la sexospécificité dans tous les programmes des l’ONU n’est pas encore réalisée.  Il a regretté l’écart entre la politique et la mise en oeuvre réelle sur le terrain qui, selon lui, ne pourra être surmontée sans un engagement véritable au plus haut niveau des Nations Unies.  L’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1325 qu’il a qualifiée de mesure très importante sur la sexospécificité.  Le représentant canadien a rappelé que la Commission de la condition de la femme avait réaffirmé à sa dernière session qu’en vertu des engagements de Beijing, les hommes devaient participer à la mise en œuvre de la sexospécificité.  Nous devons tous nous assurer, a-t-il insisté, que les questions de sexospécificité soient intégrées au processus d’examen de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), en 2005. 


M. YASUSHI TAKASE (Japon) a regretté le fossé concernant l’intégration de la sexospécificité dans les programmes qui existe entre les politiques et la mise en oeuvre à l’échelle du système de l’ONU.  Donnant un exemple de bonne pratique, le représentant a indiqué que le Bureau japonais d’égalité entre les sexes s’emploie, en collaboration avec les collectivités locales et les organisations du secteur privé, à promouvoir un large éventail d’initiatives dans chaque secteur et à tous les niveaux de la société.  De son côté, le Conseil de l’égalité entre les sexes, composé de 12 ministres et 12 experts nommés par le Premier Ministre, contrôle la mise en oeuvre des mesures gouvernementales et présente ses recommandations au Premier Ministre et aux autres membres du Cabinet.  En conséquence, depuis 2001, le Comité de la surveillance et de l’examen des plaintes du Conseil suit la mise en oeuvre des mesures prises par chaque ministère, dans le cadre du Plan fondamental sur l’égalité entre les sexes.


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déclaré que sa délégation est d’avis que des progrès ont été accomplis dans la mise en oeuvre des politiques agréées en matière d’avancement de l’égalité entre les sexes.  La bonne mise en oeuvre de ces politiques sera cruciale à la réalisation des ODM a dit le représentant, en notant que la Banque mondiale a clairement estimé que chacun des ODM ayant un impact les uns sur les autres, si des progrès sont accomplis dans la réalisation de l’un d’entre eux, ils auront un impact sur la concrétisation des autres.  Si des succès sont donc remportés dans la réalisation de l’un de ces objectifs, ils se répercutent sur la situation des femmes, dont la représentativité devrait automatiquement être améliorée.  Les efforts déployés en matière de sexospécificité par l’ONU serviront d’aiguillon aux États Membres, a déclaré le représentant en souhaitant que les informations y ayant trait soient étudiées par les États en vue d’améliorer notamment leur contribution à l’examen, l’an prochain, de la situation éducationnelle des femmes et des filles


Mme MARI SIMONEN, Directrice de la Division de soutien technique du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que le Fonds était à l’avant-garde des efforts d‘intégration de la sexospécificité dans les programmes des organismes de l’ONU.  Les objectifs de la parité entre les sexes sont indispensables à la réalisation des ODM, puisqu’ils concernent des questions critiques comme la santé reproductive, les droits à la reproduction et la prévention du VIH/sida, domaines dans lesquels nous avons fait des progrès considérables.  Mme Simonen a estimé indispensable de lier les questions de la santé reproductive, des droits à la reproduction et de la prévention du VIH/sida et de voir le lien entre ces trois domaines affirmé en 2005 à l’occasion du processus d’examen de la mise en oeuvre des conclusions de la Conférence de Beijing de 1995 et de l’examen de la réalisation des ODM.  Elle s’est félicitée que les pays aient, dans leur ensemble, réalisé des progrès sensibles depuis la Conférence de Beijing en 1995, pour promouvoir l’égalité entre les sexes et la promotion de la femme malgré l’insuffisance de moyens.  À ce jour, 150 pays ont présenté un rapport sur les mesures adoptées, même si l’on constate qu’en dépit du taux élevé –66%- des pays qui ont promulgué des lois contre la violence domestique, seuls 16% ont réellement assuré la mise en œuvre de cette législation.  En conclusion, elle a défini l’accès universel à l’éducation et à la santé reproductive comme des priorités de l’action de promotion de la femme. 


Mme SISSEL EKASS, Directrice de la Division de la population et de l’égalité entre les sexes de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a indiqué que dès 1989, la FAO a mis au point trois plans d’action sur la promotion d’une participation accrue des femmes dans l’agriculture et le développement rural.  Les quatre objectifs du Plan 2002-2007 sont la promotion des questions suivantes de l’égalité entre les sexes dans l’accès à la nourriture et la nutrition; des ressources naturelles et des systèmes d’appui à l’agriculture; des processus politiques et de planification; et l’emploi.  L’intégration de la dimension sexospécifique en est la principale stratégie qui complète ainsi les interventions plus traditionnelles de discrimination positive.  Après l’adoption des Conclusions concertées du Conseil économique et social, le Comité des programmes de la FAO a demandé au Secrétariat d’entreprendre un examen du niveau d’intégration au sein de l’Organisation.  En conséquence, la dernier Plan d’action vise aussi à réaligner les concepts, les mesures institutionnelles sur l'approche “égalité des sexes et développement” et à institutionnaliser la perspective sexospécifique dans les politiques, les procédures, la planification des programmes et la formation du personnel de l’Organisation.


Une autre initiative a été d’établir un lien étroit entre le Plan d’action et le Plan à moyen terme qui reconnaît la perspective sexospécifique comme l’un des 14 domaines prioritaires de l’Action interdisciplinaire.  Au niveau institutionnel, la Division de la population et de l’égalité entre les sexes sert de point focal et représente la FAO dans les groupes de travail interinstitutions créés dans le cadre du réseau interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes.  Une lettre sur l’égalité entre les sexes a été lancée en 2002 pour assurer le partage d’informations et diffuser les enseignements qu’il faut tirer de l’expérience.


Malgré les progrès enregistrés, la FAO reconnaît la nécessité d’impliquer davantage ses hauts responsables.  Elle doit également oeuvrer à une division effective des responsabilités et appuyer, de manière plus proactive, la promotion de l’égalité entre les sexes.  La FAO doit faire plus pour promouvoir une culture organisationnelle favorable à l’intégration de la perspective sexospécifique et incorporer plus avant les termes de références des points focaux dans le plan de travail de ses unités techniques.  Elle doit aussi oeuvrer davantage pour développer les indicateurs qualitatifs et recourir plus fréquemment aux méthodes d’évaluation.  Les États Membres doivent, en la matière, fournit davantage de données ventilées par sexe aux unités techniques.  Enfin, la formation aux questions sexospécifiques doit être plus régulière et continue. 


Mme ADEKUNBI SONAIKE (Nigéria) a déclaré que son pays soutenait les politiques développées par la plupart des entités des Nations Unies en matière de parité entre les sexes.  Cependant, a-t-elle noté, un fossé continue d’exister entre la définition des politiques et leur véritable application.  Le Nigéria demande donc que l’ONU passe des discours à l’action, a indiqué Mme Sonaike en soulignant qu’il est extrêmement important pour sa délégation que l’objectif fixé par les Conclusions concertées de l’ECOSOC, qui vise une représentation égale entre hommes et femmes à partir de l’année 2000 aux postes de niveau D-1 à l’ONU, soit atteint en respectant la donnée fondamentale de la représentation égale des régions.  Nous sommes très préoccupées par l’absence de respect du principe de représentation équitable des régions, a dit Mme Sonaike, en notant que les femmes de certaines régions, notamment des pays en développement, sont absentes de certaines catégories de postes de responsabilités dans le système de l’ONU.  L’INSTRAW continue de jouer un rôle crucial pour la promotion de la femme dans les secteurs économiques et sociaux, a dit la représentante en demandant à la Directrice de cet Institut d’en étendre les activités à toutes les régions.  Le Nigéria compte sur l’INSTRAW pour un soutien efficace à la formation des femmes nigérianes, a dit en conclusion Mme Sonaike. 


M. JOHAN L. LOVALD, Représentant permanent de la Norvège auprès des Nations Unies, s’est dit convaincu que l’intégration de perspective sexospécifique dans les programmes des Nations Unies était une stratégie clef pour assurer l’égalité entre les sexes et permettre aux femmes et filles d’exercer pleinement leurs droits.  À cet égard, il a rappelé le rôle clef des garçons et des hommes pour promouvoir la parité entre les sexes et la condition de la femme.  Des mécanismes appropriés sont nécessaires pour réaliser l’intégration de la perspective sexospécifique dans tous les programmes des Nations Unies.  Il a invité les États Membres à s’assurer que les organes directeurs des institutions des Nations Unies tiennent compte des questions sexospécifiques dans toutes les décisions qu’ils prennent.  Par ailleurs, il a estimé que les Conclusions concertées de l’ECOSOC de 1997 demeuraient le cadre approprié des activités des Nations Unies sur les questions sexospécifiques. 


L’expérience a montré, a déclaré Mme MARY SHANTI DAIRIAM (Malaisie) que lorsque l’égalité entre les sexes est considérée comme une simple “inclusion” des femmes et est imposée aux hommes, elle est rejetée comme un moyen de les priver du “travail utile”.  Par exemple, en l’absence d’analyses sur la raison pour laquelle les politiques de l’eau ou de l’industrie doivent être favorables aux intérêts des femmes, les personnes chargées de les mettre en oeuvre ne sont pas encouragées à y accorder l’attention requise.  Il faut intégrer la question de l’égalité comme une donnée essentielle à la réalisation des objectifs “plus concrets” d’une organisation sociétale du pays.  Il est urgent de rendre plus cohérents les efforts d’intégration et de faire, à cet égard, un usage plus substantiel du cadre normatif de la Commission de la condition de la femme.  Les structures étatiques n’étant pas monolithiques, il est nécessaire de promouvoir une compréhension commune de la manière dont les relations entre les sexes sont définies dans les différentes sociétés et d’avoir une vision comme de l’origine des inégalités.  Il faut, en la matière, assurer la cohérence dans des organismes comme le PNUD qui a un système d’opérations décentralisées et une structure organisationnelle extrêmement complexe.  La communauté internationale doit continuer à appuyer le renforcement des institutions créées à cet effet et au niveau national, il faut garder à l’esprit que la sensibilisation aux niveaux de toutes les institutions publiques et privées ainsi qu’auprès de la société civile est la clef du succès. 


M. ALBERT MUSLIU, représentant de l’Association des initiatives démocratiques (AID), a déclaré qu’en Macédoine et en Bulgarie, où elle a travaillé ces dernières années, l’Association avait mené des études pour soutenir l’avènement de sociétés modernes et démocratiques à travers la création d’une société civile forte et structurée.  Dans ce cadre, l’AID s’efforce de sensibiliser les opinions publiques sur l’amélioration de la situation des femmes au niveau local.  Ce plaidoyer l’a amenée à soumettre aux parties politiques des idées et des suggestions sur la mise en oeuvre de programmes pouvant soutenir la création de mesures à caractère sexospécifique.  La composition des listes électorales lors des scrutins locaux devrait ainsi prendre en compte la représentativité des femmes.  Une nouvelle loi a, à cet égard, été adoptée par le Parlement macédonien qui stipule que dans l’ex-République yougoslave de Macédoine, les listes de candidatures aux élections locales devraient comprendre 30% de femmes.


M. ALLAN JURY, Directeur de la Division des relations extérieures de Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré que le PAM prenait le plus grand compte de l’importance du rôle joué par les femmes dans les foyers dans ses programmes d’aide alimentaire.  Le PAM continue ses efforts d’intégration d’une perspective sexospécifique conformément aux directives de l’Ecosoc et appuie les mesures en faveur des femmes en vue de faciliter la réalisation de l’égalité.  Cette politique du PAM s’est traduite par quatre initiatives: la production de directives, la collecte des données de base pour les enquêtes, la formation sur le terrain, et la recherche sur le terrain pour évaluer l’impact des initiatives entreprises.  Si les femmes sont mieux nourries et mieux instruites, elles peuvent mieux participer à tous les secteurs de la société.  Afin de mesurer les progrès réalisés, notre prise de décisions s’accompagne d’un sondage sur la mise en oeuvre des objectifs de sexospécificité dans plus de 30 pays. 


Mme MARINE DAVTYAN (Arménie) s’est félicitée du rapport du Secrétaire général avant de mettre en exergue le rôle catalyseur de la Commission de la condition de la femme.  La représentante a voulu que la Commission prenne une part active au processus préparatoire de l’examen des résultats des grandes conférences et sommets des Nations Unies, prévu en 2005. 


TABLE RONDE SUR L’EXAMEN ET L’ÉVALUATION DE L’INTÉGRATION D’UNE PERSPECTIVE SEXOSPÉCIFIQUE DANS LES ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DES NATIONS UNIES


Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a déclaré que l’intégration d’une dimension sexospécificité dans les activités de développement du système des Nations Unies avait été prescrite par la Conférence de Beijing.  Il est cependant important que cet exercice ne soit pas seulement technique, mais aussi politique, a dit Mme Heyzer.  Concernant les droits de l’homme, on a pendant trop longtemps ignoré les aspects de ces droits qui affectaient surtout la vie des femmes.  Aussi  après Beijing, l’UNIFEM a-t-il lancé une campagne pour l’unification des politiques des organismes du système de l’ONU sur cette question, en vue de déployer un meilleur plaidoyer en faveur des droits de la femme.  Après le lancement de ces actions, on a constaté que plus d’une vingtaine de lois visant à promouvoir  les droits de la femme ont été promulguées dans les seuls États d’Amérique latine.  Grâce à des partenariats créés pour mettre fin à la violence contre les femmes, les Nations Unies ont pu placer la lutte contre ce phénomène au centre d’un certain nombre d’actions internationales.  L’UNIFEM a reçu à cet effet un don du Gouvernement du Japon pour mener des réflexions et lancer des campagnes d’éducation et de prévention dans ce domaine.  On a trop longtemps ignoré d’autre part le rôle que les femmes pouvaient jouer dans la résolution des conflits, a relevé Mme Heyzer.  L’UNIFEM a pu, dans le cadre de la formule de consultation ARIA au Conseil de sécurité, faire inscrire le concept de la coopération des groupes féminins aux processus de négociations de paix et de réconciliation dans les résolutions adoptées par cet organe.  Aujourd’hui, ce principe est accepté par tous et commence à faire ses preuves.  D’autres domaines dans lesquels nous nous sommes lancés sont ceux de la participation des femmes aux processus législatifs et de leur accession à la propriété foncière.  Le Rwanda, l’un des pays qui ont suivi nos recommandations, est devenu aujourd’hui le pays dont le Parlement comprend le plus de femmes au monde. 


Concernant les questions de santé, a poursuivi Mme Heyzer, les femmes ont pendant longtemps été négligées dans les programmes lancés contre la pandémie du VIH/sida, alors qu’elles sont aujourd’hui les plus affectées.  Il est donc impératif que des mesures énergiques soient prises pour sensibiliser les populations à ce problème.  La prise en compte d’une perspective sexospécifique a permis de constater qu’il fallait soutenir la scolarisation des femmes et des fillettes pour les éduquer contre cette pandémie et contre la propagation d’autres maladies.  Nous préconisons aujourd’hui, sur d’autres plans, l’introduction d’une perspective sexospécifique dans la publicité, de manière à mettre fin à la propagation de certains préjugés qui mettent les femmes en situation de désavantage.  Il est aussi impératif de mieux expliquer à l’opinion publique ce qu’est réellement la sexospécificité, dit la Directrice exécutive de l’UNIFEM.  Il faudrait la faire sortir d’une certaine forme d’isolement et en faire un concept faisant partie de la vie courante.  Elle doit devenir aussi répandue que la notion de droits de l’homme.


M. EMMANUEL DIERCKX DE CASTERLÉ, coordonnateur résident des Nations Unies et représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Maroc, a indiqué, que tout en progressant, le Maroc a encore beaucoup à faire en matière d’égalité entre les sexes.  D’ici un ou deux ans, 100% des garçons seront inscrits à l’école primaire alors que les chiffres restent décevants pour les filles.  L’effort de l’ONU dans ce pays est donc d’exercer une influence sur les grandes orientations politiques et les choix prioritaires avec pour objectif de promouvoir les changements législatifs, politiques et des programmes ainsi que les changements institutionnels, en particulier dans la culture. 


Le travail consiste par exemple à approcher le Gouvernement et, par exemple, à établir des diagnostics sur la dimension sexospécifique de ses budgets.  Au niveau local, il s’agit de promouvoir une planification décentralisée et de suivre la manière dont les femmes et les enfants bénéficient réellement des programmes.  Comme dans d’autres pays, une équipe de plaidoyer, le “Groupe de l’égalité entre les sexes”, a été mis en place dans le cadre de l’UNDAF et du CCA.  Aussi, le PNUD a-t-il mené, en coopération avec l’UNIFEM, une analyse de son cadre de pays pour la période 2002-2006.  Il en est ressorti que la moitié des projets prévus ne contenaient aucune mesure spécifique en faveur des femmes.


Le Maroc a néanmoins procédé à la réforme du droit de la famille ainsi qu’au lancement d’un exercice “très complet” de budgétisation fondée sur la sexospécificité.  Le pays travaille aussi résolument à la promotion d’une plus grande participation des femmes à la vie publique et à la lutte contre les préjugés par l’éducation et la révision des manuels scolaires.  Les changements apportés au droit de la famille sont des changements “très profonds”.  Ainsi, la répudiation a été remplacée par le divorce par consentement mutuel devant un juge.  L’âge du mariage est passé de 15 ans à 18 ans pour les filles.  Alors qu’une femme ne pouvait se remarier sans renoncer à la garde des enfants, elle garde aujourd’hui tous ses droits jusqu’à ce que l’enfant, qui doit être âgé de 15 ans au moins, choisit de vivre avec l’un ou l’autre de ses parents.


Pour l’avenir, a conclu le coordonnateur résident, il est nécessaire de consolider l’approche droits de l’homme dans les programmes, en prenant pour référence la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il faudra aussi apporter un appui plus déterminé aux ONG féminines et former les magistrats aux questions d’égalité entre les sexes. 


Pour sa part, la Coordonnatrice résidente du PNUD à la Barbade, Mme ROSINA WILTSHIRE, a présenté les progrès de ce pays en matière d’égalité entre les hommes et les femmes.  La pauvreté constitue le principal obstacle à la réalisation de la parité entre les sexes, dans la mesure où la grande majorité des pauvres de la région des Caraïbes sont des femmes.  La prolifération du VIH/sida qui touche particulièrement les femmes en est un autre.  Pour les petits États insulaires en développement, la pauvreté et les déplacements causés par les catastrophes naturelles ont des conséquences terribles sur les femmes qui, de plus, sont victimes de la violence au foyer.  Le renforcement des capacités, des normes et des institutions nationales est essentiel à la réalisation de la parité entre les sexes.  Une simple formation aux réflexions sur les réalités de la sexospécificité est parfois déterminante pour faire évoluer les cultures et les mentalités.  Mais les progrès que nous réalisons au niveau local dépendent de l’environnement mondial.  Les Nations Unies, par leur l’expérience sur les questions sexospécifiques; le renforcement des capacités et l’évaluation des progrès accomplis dans ces domaines, doivent jouer un rôle crucial pour encourager les pays à garantir l’égalité entre les sexes, qui est la clef pour la réalisation du développement humain, de la paix et des Objectifs du développement du Millénaire. 


Mme JYOTI TULADHAR, représentante du Bureau pour l’égalité entre hommes et femmes de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que les questions se rapportant à l’égalité entre hommes et femmes avaient été intégrées aux processus d’évaluation et de surveillance de l’OIT à travers un cadre stratégique.  L’égalité des sexes est ainsi devenue un objectif stratégique des politiques de l’organisation.  L’organisation a réalisé une série d’audits sur ces questions.  Une approche participative basée sur l’auto-évaluation a été utilisée dans ces activités dans le but de promouvoir l’apprentissage organisationnel pour parvenir à intégrer, de manière effective, le principe d’égalité dans les politiques, programmes et structures.  Les organismes affiliés à l’OIT et les États qui ont adopté ses directives sont tenus de prendre des mesures positives en vue de favoriser l’égalité entre les sexes dans le milieu du travail.  Ces démarches pourront être surveillées et évaluées à travers l’usage de trois indicateurs, a indiqué Mme Tuladhar en citant la ratification des conventions ayant trait à l’égalité des sexes; l’introduction de nouvelles politiques, législations et programmes ayant le potentiel d’augmenter les chances d’égalité professionnelle entre hommes et femmes; et l’usage d’instruments de mesure pour évaluer les progrès faits dans la participation des femmes aux prises de décisions dans le milieu du travail.  L’OIT est en train de déployer des efforts supplémentaires pour allouer des budgets spécifiques à la vulgarisation de la notion de sexospécificité dans son programme d’assistance technique, a indiqué la représentante.  Des succès ont été obtenus dans ce domaine au cours de la mise en oeuvre d’un certain nombre de projets faisant partie de l’initiative pour la bonne gestion et la connaissance, dans le cadre de laquelle des budgets spéciaux ont été consacrés à la sexospécificité.


Lançant la première série de questions, le représentant des Pays-Bas, qui est intervenu au nom de l’Union européenne, a demandé aux coordonnateurs-résidents ce qu’ils recommanderaient pour que les questions sexospécifiques figurent en bonne place dans le CCA ou l’UNDAF.  Quels sont les critères les plus importants d’une intégration effective de la sexospécificité dans tous les projets et programmes? a-t-il précisé.  Le représentant du Chili s’est, quant à lui, inquiété du faible taux de femmes employées dans le système des Nations Unies, et en particulier des spécialistes de questions sexospécifiques.  En l’occurrence, a renchéri le représentant des États-Unis, quels sont les efforts accomplis pour renforcer l’efficacité des groupes thématiques sur “l’égalité entre les sexes”?  Comment l’OIT peut partager l’expérience des audits et la faire appliquer dans d’autres institutions? a-t-il ajouté .  Comment, a poursuivi le représentant du Niger, assurer la cohérence dans les différentes initiatives des Nations Unies?  Quel type de mesures peuvent-être prises en la matière? a-t-il aussi demandé avant de se déclarer particulièrement intéressé par les progrès réalisés par le Maroc.  Il a jugé important de mieux faire connaître le rôle des Nations Unies dans la réforme du Code de la famille, qui est “une question particulièrement délicate dans des pays comme les nôtres”.  Dans la région des Caraïbes, à quoi faut-il attribuer le fait que les femmes et les filles sont mieux éduquées que les hommes? s’est interrogé la représentante de la Grenade


À ces premières questions, la Directrice exécutive de l’UNIFEM a répondu que la meilleure manière de faire de l’intégration de la perspective sexospécifique l’affaire de tous est de faire comprendre les enjeux et l’urgence des mesures à prendre.  L’exclusion des femmes fait que toutes les solutions aux questions économiques, sociales ou sociétales ne pourront être que partielles.  Aujourd’hui, même la Banque mondiale comprend la priorité qu’il faut accorder à des questions comme la lutte contre la violence contre les femmes parce qu’elle a fini par comprendre les répercussions de cette violence sur la croissance économique ou encore les réformes démocratiques.  Il est donc urgent aujourd’hui, a poursuivi la Directrice exécutive, de procéder, par exemple, à une intégration systématique des conclusions du Comité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes dans le CCA ou l’UNDAF.  Il faut, a-t-elle dit, lier le normatif à l’opérationnel et le mondial au local.  Il faut donc sortir de l’approche fragmentaire et compartimentée. 


L’UNIFEM joue un rôle essentiel dans l’élaboration des CCA, des UNDAF ou des appels conjoints, a souligné la coordonnatrice résidente à la Barbade.  Le problème est que les bases de données disponibles ne sont pas développées.  Il s’agit donc d’appuyer le renforcement des capacités en matière de statistiques.  Avec l’appui de l’UNIFEM et un coordonnateur au sein du système de l’ONU, on pourra générer des progrès déterminants, a-t-elle estimé.  L’harmonisation est en cours mais l’existence d’une équipe engagée et déterminée est capitale.  Pour répondre à la question du représentant de la Barbade, elle a expliqué que les filles étant plus sévèrement eduquées sont plus disciplinées dans leurs études et, par conséquent, sont davantage représentées dans les établissements scolaires.  De plus, la multiplicité des tâches à laquelle les filles sont confrontées les rend plus consciencieuses et a donc un impact positif sur leur performance dans les études.  Concernant les audits, la représentante du Bureau pour l’égalité entre hommes et femmes de l’OIT a indiqué que son organisation procède à de tels exercices à la demande des gouvernements. 


Répondant aux questions des représentants du Canada, de l’Allemagne et de la Suède sur les obstacles à l’intégration de la perspective sexospécifique et les outils disponibles au niveau local pour réaliser cet objectif, la Directrice exécutive de l’UNIFEM a cité l’insuffisance de moyens et de capacités.  Notre présence ne doit pas être permanente mais nous devons être disponibles quand les pays concernés font appel à notre intervention sur le terrain.  Pour assurer le succès de l’intégration de la perspective sexospécifique, trois conditions doivent être réunies, à savoir la capacité, les possibilités offertes et les institutions, a indiqué la Directrice exécutive de l’UNIFEM.  Tant qu’il n’y a pas de ressources au bon endroit et au bon moment, aucun résultat ne peut être obtenu et c’est pourquoi, il est indispensable de renforcer les partenariats stratégiques entre les gouvernements, l’ONU, la société civile et le secteur privé, a-t-elle encore ajouté. 


De son côté, le représentant du Maroc a prévenu qu’il était maladroit de lier la situation de la femme et certains freins à l’égalité entre les hommes et les femmes à des questions de religion, et notamment à l’Islam.  Le fait que l’homme soit le chef de famille, a-t-il fait remarquer, ne signifie pas que la femme dispose de moins de droits.  Répondant à une question du représentant du Niger, il a indiqué que son pays était prêt à partager l’expérience des progrès réalisés en matière de droit de la famille et d’égalité entre les hommes et les femmes.  Il a indiqué que les progrès économiques et sociaux que le Maroc a accomplis ces dernières années n’auraient pu être atteints sans une pleine participation des femmes. 


Toujours concernant les progrès enregistrés au Maroc, le coordonnateur résident du PNUD dans ce pays a indiqué que maintenant que l’égalité entre les hommes et les femmes avait été approuvée par le Parlement, ce succès devrait se confirmer par une adaptation conséquente des codes pénal, de la nationalité et du travail. 


Par ailleurs, la représentante résidente du PNUD à la Barbade a expliqué que les coordonnateurs résidents disposaient de très peu de moyens et d’outils sur le terrain et que leur succès dépendait de leur capacité d’imagination et de leur créativité.   


En conclusion, la Directrice de la Division de la promotion de la femme du DESA a déclaré que la table ronde d’aujourd’hui a montré qu’il était urgent d’examiner pourquoi les cadres et les outils dont nous disposons pour l’intégration de la perspective sexospécifique en vue de promouvoir la condition de la femme n’étaient pas mieux utilisés. 


Rapport du Secrétaire général (E/2004/59)


Ce rapport  présente une analyse globale et met en évidence les lacunes et difficultés rencontrées dans l’intégration d’une perspective sexospécifique.  Le Secrétaire général rappelle que dans le cadre de son débat consacré à la coordination, le 18 juillet 1997, le Conseil économique et social a adopté les Conclusions concertées 1997/2 sur cette question. 


Ce rapport présente notamment les politiques, stratégies et cadres budgétaires, les programmes et activités opérationnelles ainsi que les mécanismes institutionnels en vigueur pour l’intégration d’une perspective sexospécifique.  Il aborde également la réalité de la collaboration insterinstitutions aux fins de cette intégration et l’état de la prise en compte systématique de la question de l’égalité entre les sexes au niveau intergouvernemental.  Dans ses conclusions et recommandations, le Secrétaire général note notamment que l’écart qui subsiste entre politiques et mise en œuvre demeure un obstacle majeur.  Des initiatives doivent être prises pour accroître la prise en compte des sexospécificités qui doivent être considérées comme complément des stratégies de promotion de la femme.


Liste des intervenants


Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Pays-Bas au nom de l’Union européenne, Bangladesh, Namibie, Inde, République de Corée, Azerbaïdjan, Suisse, Kenya, Canada au nom du Groupe de CANZ, Japon, Indonésie, Nigéria, Norvège, Malaisie, Arménie.


Sont également intervenus la Directrice de la Division de la promotion de la femme du Département des affaires économiques et sociales(DESA), et des représentants/es des organismes suivants: Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Programme alimentaire mondial (PAM) ainsi que l’Association des initiatives démocratiques (AID).


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