ECOSOC: MINISTRES ET RESPONSABLES GOUVERNEMENTAUX INSISTENT SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BRUXELLES POUR COMBATTRE LA PAUVRETÉ DANS LES 50 PMA
Communiqué de presse ECOSOC/6069 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2004
20e et 21e séances - matin & après-midi
ECOSOC: MINISTRES ET RESPONSABLES GOUVERNEMENTAUX INSISTENT SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME D’ACTION DE BRUXELLES POUR COMBATTRE LA PAUVRETÉ DANS LES 50 PMA
Le Conseil achève son débat de haut niveau
et reporte à demain l’adoption de la déclaration ministérielle
Le Conseil économique et social a terminé cet après-midi son débat de haut niveau consacré à la question de la « mobilisation des ressources et la promotion d’un environnement propice à l’éradication de la pauvreté dans le contexte de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010 », mais a reporté demain l’adoption de sa déclaration ministérielle.
Les nombreux ministres, responsables et représentants des gouvernements, des organisations et institution internationales ont tour à tour présenté leurs recommandations afin d’assurer une application efficace du Programme d’action connu sous le nom de Programme d’action de Bruxelles, qui, ont-ils unanimement reconnu, constitue le clef pour libérer les populations des PMA de la pauvreté dans laquelle elles vivent. Ainsi a été relevée dans nombre de déclarations, la nécessité pour les PMA d’améliorer l’efficacité et la transparence dans leur administration nationale et leurs dépenses publiques, de même que celle d’établir de saines institutions économiques et sociales. Aux pays donateurs, il a été demandé, entre autres, d’apporter, conformément à leurs engagements, une aide au développement accrue et de prendre des mesures pour réduire, voir annuler la dette.
Les participants au débat ont, d’une manière générale, soutenu la création de cadres d’action et de politiques visant à renforcer la mobilisation des ressources intérieures et le flux de ressources financières qui pourraient soutenir le développement de l’infrastructure matérielle et la valorisation des ressources humaines des PMA, tout en mettant un accent particulier sur l’équité et l’égalité entre les sexes.
Les discours ont reflété les préoccupations et les inquiétudes face à l’aggravation de la situation économique des PMA, trois ans seulement après la troisième Conférence sur les pays les moins avancés, tenue à Bruxelles. Selon les derniers rapports soumis par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, les PMA ne pourront en effet atteindre aucun des Objectifs de développement du Millénaire si les mauvaises tendances politiques, financières et commerciales actuelles continuent d’affecter leurs économies.
Relevant ce fait, le représentant de la Norvège, dont le pays verse 0,94% de son produit intérieur brut (PIB) sous forme d’aide publique au développement, et se promet d’atteindre le seuil de 1% durant la période 2005-2009, a noté ce matin que les 50 PMA, abriteront 471 millions de démunis en 2015 si des actions efficaces n’y sont pas rapidement lancées pour arrêter la paupérisation galopante. Pauvres parmi les pauvres, les PMA ont besoin que des mesures spéciales soient prises, aussi bien en ce qui concerne la réduction de leur dette, que leur intégration aux échanges commerciaux, a-t-il constaté. Estimant indispensable la mise en place de stratégies cohérentes de soutien aux PMA, la délégation de la Suède a annoncé pour sa part la publication prochaine par son pays de son premier rapport sur le soutien à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), l’objectif étant de susciter un débat au niveau international entre pays développés et nations en développement qui pourrait permettre de dégager un inventaire des meilleures pratiques, a déclaré la représentante de ce pays.
S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, continent où se trouvent 34 des 50 pays sur la liste des PMA, le représentant du Burkina Faso a émis des doutes sur le bien-fondé du qualificatif de « moteur du développement » de plus en plus attribué au commerce. Dans l’état actuel des choses, a-t-il déclaré, soutenu ensuite par la déclaration du représentant du Cameroun, les mécanismes du système commercial international, qui manquent d’équité, et restent en grande partie fermés aux pays africains, notamment les PMA, ne peuvent prétendre remplacer un véritable accès aux marchés, l’abolition des subventions agricoles versées par les pays riches à leur commerce agricole, et une réelle assistance technique et financière au développement. Renforçant ces vues, les deux représentants ont évoqué les conséquences négatives de l’instabilité et de la baisse constante des cours des produits de base dont dépendent les économies des pays africains qui, alors que leurs recettes s’amenuisent, sont quand même requis d’honorer leur service de dette extérieure.
L’institutionnalisation du microcrédit dans les stratégies de mobilisation de ressources et de lutte contre la pauvreté, a reçu le soutien de nombreuses délégations, dont celles du Bangladesh, de l’Inde, du Burkina Faso et de la Malaisie, qui ont relevé que cette forme de financement était la plus apte à favoriser la conduite d’activités économiques et la création de microentreprises par les femmes, à la fois en milieu urbain et dans les zones rurales, où vivent la majorité des pauvres.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er juillet, en adoptant le projet de déclaration des ministres et chefs de délégation ayant pris part à son débat de haut niveau.
MOBILISATION DES RESSOURCES ET PROMOTION D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE À L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ DANS LE CONTEXTE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCÉS POUR LA DÉCENNIE 2001-2010
Suite du débat de haut niveau
M. FRANCISCO LAINEZ, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a déclaré que son pays avait fondé ses programmes de développement sur la sécurité et le développement humains. El Salvador place son avenir sous le signe de la démocratie et du respect des droits de la personne humaine. Nous réaffirmons notre détermination à déployer tous les efforts dont nous sommes capables pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), a poursuivi M. Lainez. Notre Président s’est engagé à travailler en faveur de l’amélioration de la vie des Salvadoriens, a ensuite dit M. Lainez en émettant le vœu que la communauté internationale appuie les programmes que son pays met en œuvre en vue de réaliser tous les objectifs fixés lors des grandes conférences à caractère socioéconomique tenues au cours de la décennie écoulée. La vulnérabilité des PMA limite leur capacité à atteindre les ODM, a cependant fait remarquer le Ministre en invitant les pays développés à ouvrir leurs marchés aux produits de ces pays, à respecter les obligations en matière d’Aide publique au développement (APD), et à œuvrer en faveur de la stabilisation des cours des produits dont dépendent les économies des PMA. L’augmentation des prix de l’énergie, a ensuite fait remarquer M. Lainez, fait peser des incertitudes sur la situation économique des pays en développement en général et des PMA en particulier. El Salvador souhaite donc que cette question soit inscrite dans la déclaration ministérielle qui sera adoptée à l’issue de ce débat, et nous lançons un appel aux pays producteurs de pétrole pour qu’ils prennent des mesures spéciales en faveur des PMA, a déclaré le Ministre des affaires étrangères d’El Salvador. Abordant ensuite les questions qui affectent les travailleurs migrants, M. Lainez a souhaité que les transferts financiers qu’ils font vers leurs pays d’origine soient exemptés de frais d’envoi, ces ressources étant devenues une part majeure des rentrées en devises des PMA.
Mme SYLVIA SABORIO, Rapporteuse du Comité des politiques de développement, a présenté le rapport de la sixième session du Comité qui s’est tenue à New York du 29 mars au 2 avril 2004. Le Comité, a-t-elle indiqué, a examiné trois questions. Elle a cité la mobilisation des ressources et la promotion d’un environnement favorable à l’élimination de la pauvreté; la manière d’évaluer les progrès en matière de bonne gouvernance dans le contexte de la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire (ODM); les modalités de l’examen triennal de la liste des PMA. Concernant la mobilisation des ressources, le Comité a estimé qu’elles peuvent provenir de quatre sources différentes. Il s’agit de l’augmentation de l’épargne publique et privée au niveau national; de l’accroissement des revenus en devises par les exportations et les envois de fonds; la réduction de la dette extérieure et une aide accrue et de meilleure qualité; l’entrée de capitaux privés et la lutte contre la fuite des capitaux. En la matière, le Comité a reconnu les nombreux obstacles qui se dressent devant les PMA et leur a recommandé de mettre en place des systèmes de gouvernance caractérisés par des processus de prises de décisions participatoires et transparents ainsi que par un recours accru aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).
Pour réaliser la stabilité macroéconomique, les PMA devraient aussi créer des fonds nationaux de réduction de la vulnérabilité qui pourraient utiliser les ressources découlant de la hausse des produits de base afin de promouvoir une politique budgétaire anticyclique. Parmi les recommandations visant l’amélioration de la gestion financière et l’accroissement de l’épargne domestique, la Rapporteuse a cité la création d’un réseau de microfinance pour réduire le coût du crédit et accroître la capacité d’épargne des populations. Le Comité a recommandé aux donateurs d’accroître la part de l’Aide publique au développement (APD) fournie sous forme de dons. En outre, les prêts concessionnels pour les investissements devraient récompenser les pays qui ont mis en place de bonnes politiques. Dans le même temps, les PMA doivent améliorer leur capacité de gestion de la dette extérieure. Ils devraient être aidés, entre autres, par des évaluations réalistes de la viabilité de leur dette dans le cadre de l’Intiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).
Le Comité, a ajouté la Rapporteuse, a recommandé d’étudier plus sérieusement les moyens de rendre l’aide plus efficace. En la matière, les Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP) offrent l’occasion d’améliorer la coordination parmi les donateurs et de réduire substantiellement les coûts de transaction pour les pays récipiendaires. Pour le Comité, le cadre macroéconomique des DSRP devrait être au centre des débats nationaux sur les stratégies de développement fondées sur la lutte contre la pauvreté.
Mme EDITA HRDA, Chef des relations internationales du Ministère des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que son gouvernement était convaincu que l’amélioration des partenariats aux niveaux national, régional et international demeurait essentielle lorsque l’on considère que la mobilisation des ressources aux fins de l’élimination de la pauvreté reste insuffisante. La République tchèque soutient le renforcement de l’assistance multilatérale au développement, la coopération étroite entre les fonds et programmes des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, les donateurs et les pays bénéficiaires. Elle a indiqué que son pays accordait une aide au développement équivalente à 0,1% de son PIB, ayant ainsi presque doublé le montant de cette aide au développement en quelques années. La plupart des contributions de la République tchèque sont fournies dans le cadre d’une aide bilatérale dans des domaines comme le renforcement des capacités locales, tout particulièrement dans le domaine de la recherche hydrologique et la gestion et l’assainissement de l’eau et autres projets d’éducation et de santé. Plus de 20 projets sont ainsi en cours, beaucoup d’entre eux dans des PMA. Attachée à la dimension développement des relations commerciales internationales, elle a souligné l’importance des questions liées au commerce en insistant sur le système généralisé de préférences de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour faciliter l’accès au marché des produits des pays les moins avancés (PMA). À son avis, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) demeure une des meilleures initiatives régionales. Elle a indiqué que son pays avait proposé sa candidature pour devenir membre de l’ECOSOC pour la période 2006-2008.
M. MANOUK VARDANYAN, Président du Comité d’État du registre des biens immobiliers de l’Arménie, a déclaré que l’élimination de la pauvreté était indispensable à la création de conditions de sécurité bénéficiant à toutes les régions du monde. L’investissement étranger direct (IED) et l’Aide publique au développement (APD) étant des outils nécessaires au développement des PMA, l’Arménie se félicite des mesures récemment prises par certains pays donateurs. L’Arménie étant un pays enclavé, elle appelle les pays riches à fournir les ressources nécessaires à la mise en œuvre du Programme d’action adopté à Almaty en faveur des pays sans littoral, a-t-il poursuivi. Il a ensuite annoncé que son pays avait mis en place un système de cadastre qui lui permet aujourd’hui de faire des biens fonciers un capital actif de ses stratégies de développement. Le marché de l’immobilier s’est intensifié dans notre pays à la suite de la création de ce système de cadastre a dit M. Vardanyan en indiquant que les capitaux dégagés par les activités immobilières ont ensuite permis de financier d’autres secteurs de l’économie. Le système de cadastre arménien ayant été choisi comme modèle par la Commission économique pour l’Europe, nous sommes prêts à partager notre expérience avec d’autres pays en développement, a-t-il conclu.
M. GEORGE KAWATU, Secrétaire permanent au Ministère des terres de la Zambie, a estimé que pour porter des fruits, l’amélioration de l’administration fiscale dans les PMA doit aller de pair avec la croissance économique. C’est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, la Zambie a mis l’accent sur les domaines de l’agriculture, de la manufacture, du tourisme et des mines. Il a, à cet égard, rappelé aux pays industrialisés l’engagement qu’ils ont pris concernant l’ouverture des marchés agricoles, dans le cadre du Cycle de négociations de Doha. Reconnaissant la nécessité pour les PMA de diversifier leur production, M. Kawatu a souligné la nécessité de renforcer les capacités nationales. Il a ensuite fait part des efforts « presque vains » que son pays a entrepris pour attirer les investissements étrangers directs (IED). Il a donc défendu une hausse de l’APD et le renforcement de son efficacité par l’élimination des multiples procédures à l’origine des coûts exorbitants des transactions. Il s’est ainsi félicité que certains donateurs aient simplifié et harmonisé leurs procédures. M. Kawatu a conclu sur la question de la dette des pays pauvres très endettés. La seule solution, a-t-il estimé, est tout simplement l’annulation. Les méthodes actuelles, s’est-il défendu, n’offrent pas une « porte de sortie » crédible. Les ressources ne sont pas utilisées pour créer une capacité de production et des emplois mais plutôt pour rembourser le service de la dette. Pour toutes ces questions, M. Kawatu a appuyé les efforts en cours pour redynamiser le système des Nations Unies en tant que « pilier fondamental de la promotion de la coopération internationale visant à mettre le système économique mondial au service de tous ».
Tout en se félicitant des efforts accomplis par les pays développés pour réduire la dette et augmenter l’Aide publique au développement (APD), M. JOHN DAVIS, Directeur du Département pour le développement économique du Ministère des affaires étrangères de l’Afriquedu Sud, a déclaré que beaucoup restait à faire pour atteindre les objectifs définis par la communauté internationale. Il a salué tout particulièrement les efforts de l’Union européenne dont le volume d’APD a dépassé l’objectif intermédiaire de 0,39% du PIB, plaçant ainsi ses États membres sur la bonne voie de l’objectif fixé, à savoir 0,7% de leur PIB. Si la situation des PMA ne s’est pas améliorée, c’est aussi parce que les conseils qui leur avaient été donnés étaient sans fondement. À titre d’illustration, il a fait remarquer que le conseil donné à ces pays d’ouvrir leur marché ne leur a nullement profité. Il a souligné l’importance du secteur privé pour mobiliser les ressources en vue d’éliminer la pauvreté. L’Afrique du Sud a mieux réussi que d’autres pays dans la mesure où le Gouvernement sud-africain avait donné des garanties à son secteur privé, encourageant ainsi les investissements. Le représentant a salué les efforts du NEPAD pour promouvoir la bonne gouvernance, autre condition incontournable à la promotion du développement. Grâce au nouveau climat qui prévaut en Afrique et à la détermination de s’attaquer aux problèmes de développement, on peut faire beaucoup pour assister les PMA, a fait observer le représentant sud-africain.
M. PIAMSAK MILINTACHINDA, Directeur général du Département de la coopération technique et économique au Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a déclaré que la Thaïlande a placé le développement des ressources humaines au centre de son agenda de développement, et a lancé des Programmes de coopération internationale qui ont permis d’étendre son assistance technique et économique à d’autres pays en développement, y compris au-delà de l’Asie, et de renforcer la coopération régionale et sous-régionale, notamment la coopération Sud-Sud. Au niveau régional, a-t-il poursuivi, le Dialogue de coopération asiatique (DCA) a été créé dans le but de donner un cadre de discussion à ce continent riche en diversités et en potentiels. La coopération technique peut aider à élargir et à renforcer le DCA, dont les membres ont déjà accepté de promouvoir plus de coopération à travers divers projets au niveau de l’Asie. La Thaïlande joue un rôle central dans le domaine de la coopération financière et du tourisme. Les efforts que déploie la Thaïlande pour partager ses expériences de développement se manifestent dans d’autres parties du monde, a dit le représentant. Notre pays travaillera ainsi étroitement avec les pays membres du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et d’autres partenaires pour faire partager à l’Afrique les expériences de développement asiatiques. Nous avons réaffirmé récemment notre engagement à fournir une assistance technique à d’autres pays en organisant la Consultation sur le partenariat de développement entre l’Afrique et la Thaïlande, a indiqué M. Milintachinda en précisant que cette rencontre s’était tenue du 26 au 28 mai à Bangkok, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
M. EFIM MALITIKOV, Président du Comité inter-États sur le savoir, la promotion et la formation permanente de la Communauté des États indépendants (CEI), a annoncé « avec fierté » la création de l’« Université mondiale » destinée aux pays en développement dont l’objectif est de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire et de préparer la société mondiale au processus menant à une gouvernance mondiale. La mondialisation, a-t-il expliqué, est entrée dans nos vies et nous devons tout faire pour ne pas rater le train. En la matière, le meilleur stimulateur, a-t-il estimé, est l’éducation, non pas l’éducation « traditionnelle » qui a montré ses limites mais une éducation nouvelle fondée sur une « mentalité de concepts » et un recours systématique aux technologies les plus modernes. C’est l’illettrisme et donc la non-compétitivité qui a conduit à une situation où des centaines de millions de personnes vivent dans une pauvreté « sans issue ».
M. MEHDI MIRAFZAL, représentant de la République islamique d’Iran, lisant la déclaration du Ministre adjoint des affaires étrangères pour les affaires juridiques et internationales de l’Iran, M. GHOLAM-ALI KHOSHROO, a fait valoir que son pays avait contribué à de nombreux projets de reconstruction dans des PMA. La construction d’infrastructures de santé et la coopération scientifique sont des domaines dans lesquels nous sommes intervenus en matière de coopération aux fins du développement. Dans le souci de favoriser les relations commerciales, économiques et sociales, nous avons accordé 200 millions de dollars de crédit aux PMA. Le plafond du crédit pour chaque pays est décidé en fonction de chaque situation, du niveau commercial et des accords bancaires existants avec le pays concerné. L’Iran a canalisé son assistance au développement vers les PMA par le biais d’organisations régionales et d’institutions financières telles que l’Organisation pour la coopération économique (OCE), la Banque de développement islamique et le fonds de l’OPEP. Il a souligné toute la pertinence du Programme d’action de Bruxelles pour répondre aux besoins des PMA. Ce programme montre que ces derniers reconnaissent leur responsabilité première dans leur développement. Mais, il reste un rôle immense à jouer par leurs partenaires du développement, notamment le système des Nations Unies et les institutions multilatérales dans leur ensemble.
M. MICHEL KAFANDO, Représentant permanent du Burkina Faso auprès des Nations Unies, au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le continent abrite 34 des 50 PMA que compte la planète, et a déclaré que depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en 2001, ces pays ont démontré leur volonté de promouvoir la bonne gouvernance, l’état de droit, des gouvernements démocratiques, le respect des droits de l’homme et la lutte contre la corruption. Ces efforts ont été reconnus par de nombreuses instances internationales dont l’ONU, a relevé M. Kafando en regrettant que les PMA se heurtent cependant à de nombreux problèmes, dont le premier est celui de l’insuffisance des ressources provenant de la communauté des donateurs. Les ressources apportées pour la mise en œuvre du Programme de Bruxelles sont en effet largement insuffisantes, a noté le représentant en estimant que cette situation est la manifestation d’un manque évident de volonté politique de la part des pays riches. Si le commerce est qualifié de « moteur du développement », a déclaré M. Kafando, l’Afrique ne le perçoit pas comme tel, tant que le système commercial multilatéral ne sera pas équitable et ne permettra pas la participation de tous les pays. Aujourd’hui en effet, les PMA y sont fortement marginalisés. La plupart des PMA d’Afrique étant bien souvent dépendants d’un seul produit de base, leurs économies sont sapées par la baisse constante des cours de ces produits. La dette extérieure continue de peser lourdement sur les finances des PMA, a ensuite relevé M. Kafando en notant que l’Initiative PPTE lancée par les institutions de Bretton Woods est loin d’avoir atteint les objectifs souhaités. Il revient donc à la communauté internationale d’explorer de nouvelles voies. Souhaitant que les questions affectant les PMA soient examinées de manière plus globale et cohérente, M. Kafando a ensuite demandé un meilleur accès des produits des pays pauvres aux marchés du Nord; une meilleure participation des pays en développement aux prises de décisions internationales; l’augmentation de l’IED, et une amélioration des conditions dans lesquelles les travailleurs expatriés et migrants des pays du Sud font des envois de fonds vers leurs pays d’origine.
M. HJALMAR W. HANNESSON, Représentant permanent de l’Islande auprès des Nations Unies, a souligné le lien entre la paix et le développement. La consolidation de la paix après un conflit, a-t-il dit, est un processus complexe qui implique un large éventail de réformes politiques et économiques. Ce processus ne doit pas être alourdi par des programmes complexes. L’assistance doit être réaliste et axée sur les besoins spécifiques des pays. Une assistance accrue et mieux ciblée aux pays qui risquent de sombrer dans un conflit est un élément essentiel de la prévention. De même, la coordination et les partenariats entre les parties prenantes est une donnée incontournable de la promotion du développement économique et social des pays sortant des conflits. Il est particulièrement important que le travail de l’ONU se fasse en coopération étroite avec les autres acteurs-clefs tels que la Banque mondiale, le FMI et les banques régionales de développement ainsi qu’avec les ONG. Toutefois, la condition préalable d’une reconstruction réussie réside dans la détermination des populations concernées et de leurs dirigeants. Revenant sur l’importance de l’aide extérieure, le représentant a annoncé la décision récente de son pays de tripler son APD d’ici à 2008-2009 et de privilégier, dans ce cadre, les PMA. Le représentant a indiqué que son pays, dans ses efforts en faveur de la paix, en particulier en Afghanistan, explore les moyens de combler le fossé entre les opérations militaires de consolidation de la paix et les efforts de développement à long terme.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY, Représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies, a regretté que les 700 millions de personnes vivant dans les PMA restent marginalisées alors que le monde connaît une richesse sans précédent. Né en 1971, le Bangladesh avec ses 130 millions d’habitants, a réalisé des progrès considérables ces dernières années en direction de la réalisation des ODM. Nous avons un des taux de scolarisation primaire les plus élevés du monde en développement et avons atteint la parité des sexes en ce domaine. Le taux de croissance démographique a été réduit à 1,5% alors que le taux de fertilité est passé de 6,3 à 3,3 naissances par femme au cours des deux dernières décennies. Douze millions de femmes ont eu accès au microcrédit. Pour la première fois le Bangladesh a été classé dans la catégorie « moyenne » en matière de développement humain. Nous avons mis en place une Commission nationale de lutte contre la corruption et une Commission des droits de l’homme afin de favoriser la mise en œuvre d’un environnement propice aux investissements. Le représentant a présenté le microcrédit comme le meilleur moyen de mobiliser des ressources nationales aux fins de la lutte contre la pauvreté. Même si nous ne sommes pas lourdement endettés nous ressentons le poids de cette dette sur nos capacités de mobilisation de ressources, a-t-il poursuivi. La réduction de cette dette nous permettrait d’augmenter nos capacités d’investissement. Rappelant les besoins de son pays, il a indiqué que l’étude des Nations Unies sur les besoins en développement montrait que le Bangladesh nécessitait une assistance annuelle supplémentaire de 7,5 milliards de dollars pour parvenir à ses objectifs. En 2001, a-t-il encore noté, 92 pays en développement avaient obtenu une aide au développement par habitant, supérieure à celle de son pays.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN, Représentant permanent de la République démocratique populaire lao auprès des Nations Unies, a déclaré que son pays, qui est à la fois un PMA et un pays enclavé, fait face à deux défis particuliers: celui de l’éloignement des marchés et celui des transports transfrontaliers coûteux. Cependant, la République démocratique populaire lao n’a ménagé aucun effort pour lancer des plans de développement quinquennaux qui lui ont permis d’atteindre des taux de croissance annuelle d’un ordre moyen de 6,3% au cours des 10 dernières années. La croissance était de 5,9% au cours de la période 2002-2003, a noté le représentant en précisant que les secteurs des services et de la production industrielle avaient connu des progrès constants. Mais, a-t-il indiqué, l’agriculture, qui demeure la base de l’économie, et représente plus de 50% des revenus, occupant 80% de la population, a connu une certaine stagnation. Nous demandons à la communauté internationale un appui soutenu pour nous aider à réaliser les engagements du Plan d’action de Bruxelles, et notre délégation soutiendra les termes de la déclaration ministérielle qui sera adoptée à l’issue de ce débat de haut niveau, a déclaré M. Kittikhoun.
M. STAFFORD O. NEIL, Représentant permanent de la Jamaïque auprès des Nations Unies, a posé comme conditions préalables à l’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral, un appui ferme à leurs efforts de diversification de la production qui passe par le renforcement des capacités et la mise en place des infrastructures. Il a aussi jugé important que les PMA aient un espace politique suffisant pour définir eux-mêmes leurs priorités et leurs stratégies de développement. En la matière, il a voulu que l’on reconnaisse la place tenue par l’État au centre du processus de développement dans des pays qui sont caractérisé par un secteur privé faible et sous-développé. En conséquence, a insisté le représentant, les flux de ressources externes doivent d’abord viser à renforcer la capacité de l’État à mettre en œuvre ses priorités en matière de développement.
M. DAW PENJO, Représentant permanant du Bhoutan auprès des Nations Unies, s’est dit encouragé par les efforts du système des Nations Unies pour faire face de façon prioritaire aux problèmes de développement des PMA. Le Bhoutan a fait des progrès notables qui se sont traduits par l’adoption d’une stratégie globale d’élimination de la pauvreté en insistant sur la réforme agraire, un meilleur accès aux services de microcrédit, la promotion du secteur privé et la consolidation de l’état de droit par le renforcement des ressources humaines. Étant donné le rôle crucial du secteur privé, nous accordons une grande importance à la création d’un environnement favorable aux investissements dans ce secteur. Renforcer nos capacités de collecte des impôts nous a également permis d’améliorer la mobilisation de ressources aux fins de la lutte cotre la pauvreté. Il a insisté sur les difficultés particulières de son pays, sans littoral et montagneux, et qui ne dispose pas des infrastructures permettant le développement rapide d’un marché. Dans ce cadre, il a insisté sur le fait que l’APD joue un rôle décisif pour combler les lacunes des PMA.
M. JOHAN LOVALD, Représentant permanent de la Norvège auprès des Nations Unies, a rappelé qu’un récent rapport de la CNUCED indique que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême dans les 50 PMA passera de 334 à 471 millions en 2015 si les tendances actuelles ne son pas inversées. Il a ensuite déclaré que la communauté internationale se doit d’aider les PMA à lutter efficacement contre la pauvreté. L’aide qui leur est fournie doit être meilleure, et ces pays ont besoin de l’ouverture de l’accès de leurs produits aux marchés. L’APD de la Norvège représente 0,94% de son PIB en 2004, et nous comptons atteindre la cible de 1% au cours de notre prochaine période parlementaire, qui couvrira les années 2005-2009, a indiqué M. Lovald. La Norvège a fait des PMA l’objectif prioritaire de son APD. Ces pays ont reçu 0,42% de cette aide, ce qui va bien au-delà des 0,2% prescrits à Bruxelles, a dit le représentant. Le commerce est certes un outil important de la croissance économique, mais les PMA ont besoins d’une véritable croissance à long terme qui ne soit pas bloquée par la question de la dette. Depuis juillet 2002, a indiqué le représentant, la Norvège accorde un accès sans quotas et sans tarifs douaniers aux produits des PMA à son marché. Nous encourageons les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les pays en développement les plus avancés à faire de même, a dit M. Lovald. Les négociations en cours à l’OMC, a-t-il ensuite souhaité, devraient accorder une attention particulière aux pays les moins avancés en leur donnant plus d’accès aux marchés, plus d’assistance technique commerciale, et un traitement différencié.
M. MURARI RAJ SHARMA, Représentant permanent du Népal auprès des Nations Unies, a indiqué que pour lutter contre la pauvreté, son pays a placé la croissance économique, la mise en valeur des ressources humaines et la bonne gouvernance au centre des efforts. Pour encourager une synergie dans le processus de développement, le Gouvernement collabore étroitement avec le secteur privé et la société civile. Il ne fait aucun doute, a-t-il dit néanmoins, que les PMA ne pourront relever les formidables défis du développement et de la bonne gouvernance sans une aide extérieure qui doit prendre la forme de ressources nouvelles et additionnelles et d’un accès plus libre aux marchés mondiaux. En la matière, le représentant s’est attardé, à son tour, sur l’importance de l’APD et de l’allègement de la dette. Il a souhaité que l’Initiative PPTE soit réformée pour réduire le délai entre le point de décision et le point d’achèvement et élargir son impact à tous les PMA. Il a aussi appelé la communauté internationale à promouvoir plus vigoureusement l’IED dans les PMA. Revenant à la question du commerce, il a salué l’Union européenne pour son Initiative « Tout sauf les armes », et les États-Unis pour avoir prorogé l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Une conclusion heureuse du Cycle de Doha, a-t-il ajouté, sera essentielle à l’intégration des PMA dans le système de commerce multilatéral. Le représentant a conclu sur la nécessité de faciliter les envois de fonds des émigrants et sur le besoin de renforcer la coopération Sud-Sud.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV, Représentant permanent du Kazakhstan auprès des Nations Unies, a estimé que l’incapacité des PMA à faire face à leurs objectifs de développement et de parvenir à un taux de croissance de 7% résidait dans l’insuffisance de ressources nationales et internationales aux fins de la lutte contre la pauvreté. Même si la mobilisation des ressources nationales des PMA est indispensable pour lutter contre la pauvreté, il a déclaré que les ressources internationales étaient, quant à elles, décisives pour renforcer les capacités économiques et commerciales de ces pays. Il a déclaré que le Gouvernement kazakhe, travaillant en étroite coopération avec le secteur privé et la société civile, avait permis une série de mesures qui avaient permis de réduire la pauvreté de façon considérable. Outre la question de l’APD, il est indispensable de permettre aux produits des PMA un libre accès aux marchés internationaux et de mener à terme les programmes de réduction de la dette des PPTE, a-t-il poursuivi. Il a également défini comme très important de soutenir des programmes d’éducation des PMA en ce qui concerne les questions liées au VIH/sida et autres maladies infectieuses. Illustrant la contribution du Kazakhstan à la réalisation des objectifs de développement des PMA dans la limite de ses moyens, il a précisé que son pays avait accordé 100 000 dollars au Fond d’affectation spéciale pour l’application des conclusions de la Conférence internationale sur les pays en développement sans littoral qui s’est tenue à Almaty en août 2003 sous les auspices des Nations Unies. Nous avons également fait des contributions volontaires pour la Réunion internationale sur les petits États insulaires qui se tiendra à Maurice en janvier 2005, et en faveur de l’initiative mondiale du Secrétaire général pour la lutte contre le VIH/sida.
M. GILBERT LAURIN, Représentant permanent adjoint du Canada, a déclaré que son pays estimait que les mesures visant à permettre au secteur privé de soutenir le développement des pays pauvres doivent être systématiquement intégrées aux efforts d’aide au développement. Le Canada œuvre dans ce sens, avec le soutien de ses partenaires au développement. L’APD canadienne a augmenté, a déclaré M. Laurin, en précisant que cette aide avait augmenté de 8% par an au cours des quatre derniers exercices budgétaires; la moitié de cette augmentation allant aux pays d’Afrique qui en ont le plus besoin. Nous essayons d’orienter la plus grande partie de notre aide vers un soutien aux conditions positives qui devraient exister en faveur du développement, a dit le représentant en citant les secteurs de l’éducation, de la santé, de la lutte contre le VIH/sida, et du renforcement du secteur privé. Environ un quart des dépenses de l’Agence canadienne pour le développement internationale sont consacrés aux mesures de soutien à la gouvernance, dont la mise sur pied de systèmes juridiques, politiques et administratifs propices au respect des droits de l’homme et aux progrès de la démocratie, a souligné le représentant. Concernant la question de la dette, le Canada a annulé toute la dette bilatérale des pays pauvres très endettés qui ont pris des mesures positives, a indiqué M. Laurin. D’autre part, a-t-il ajouté, notre pays accorde à la majorité des produits des PMA un accès en franchise de droits et hors quotas à son marché.
M. JOSÉ NICOLAS RIVAS, Représentant permanent adjoint de la Colombie auprès des Nations Unies, a mis en garde la communauté internationale contre le renforcement des asymétries, au niveau international. Il a ainsi estimé que les engagements internationaux sont insuffisants en soi et sont exécutés à une vitesse qui ne saurait satisfaire. Il a donc souligné le besoin urgent de prendre des mesures plus ambitieuses pour encourager les capacités nationales et la création d’un environnement international favorable à l’intégration des économies des pays en développement. Pour ce faire, le représentant a posé comme condition préalable l’accès aux marchés, l’élimination du protectionnisme et la réorientation des politiques internationales sur les produits de base. La mondialisation ne peut être compartimentée, a-t-il prévenu en jugeant surprenant que les chantres de la libéralisation économique n’hésitent, quant il s’agit de leurs marchés, à imposer des restrictions tarifaires et non tarifaires au commerce mondial. L’absence d’un environnement international favorable est d’autant plus dommageable qu’elle mine le potentiel des pays à revenu moyen. Le représentant a, à son tour, souligné l’importance de l’APD, de l’IED et de la révision de l’architecture financière internationale. Concluant sur la situation des pays sortant des conflits, il a estimé que la création d’un fonds multilatéral géré par les Nations Unies permettrait d’accélérer la réintégration des personnes déplacées et des anciens combattants.
M. GOPINATHAN, Représentant permanent de l’Inde auprès des Nations Unies, a déclaré que les partenaires du développement doivent soutenir plus fermement les efforts des PMA et, d’une manière générale, des pays en développement, pour parvenir à de meilleurs taux de croissance, améliorer leurs services sociaux et réduire la pauvreté, par le biais d’une aide accrue, des mesures d’allègement de la dette et l’ouverture de leurs marchés à leurs produits. Il a présenté la réduction de la dette comme un moyen d’augmenter la mobilisation de ressources domestiques au profit des infrastructures sociales. Rappelant que le Programme d’action de Bruxelles reconnaît le rôle du commerce pour la croissance et le développement des PMA, il a salué les initiatives de certains pays d’ouvrir leur marché aux exportations des PMA. Après avoir souligné la nécessité pour les pays développés d’augmenter leurs investissements directs et leur APD, il a insisté sur l’importance de renforcer les capacités commerciales et de production des pays les plus démunis et de faciliter leur diversification pour limiter leur dépendance actuelle vis-à-vis des produits de base. Soulignant la part croissance des exportations des PMA en direction d’autres pays en développement, il a attiré l’attention sur le potentiel que représente la coopération Sud-Sud. En effet 34% des exportations des PMA vont désormais vers d’autres pays en développement, soit une augmentation de 20% en 15 ans.
M. JACQUES DERMAGNE, Président de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et d’institutions similaires, a expliqué que le travail de cette ONG repose sur deux piliers, le dialogue fondé sur le respect et l’écoute de l’autre, et la recherche d’un accord acceptable par le plus grand nombre. En 2003, l’Association a travaillé sur le thème de la lutte contre la pauvreté avec la ferme volonté d’en faire une véritable culture dans tous les pays. À son tour, M. RAPHIOU TOUKOUROU, Président de l’Union des conseils économiques et sociaux d’Afrique, a souligné que la lutte contre la pauvreté ne peut être gagnée que par une coopération étroite entre le Nord et le Sud. Ce qu’il faut aujourd’hui, a-t-il précisé, c’est un modèle impliquant des mesures favorables à la croissance économique grâce à un renforcement du secteur privé, et à l’investissement dans les services sociaux de base. Le rôle de la communauté internationale est d’appuyer les pays concernés qui doivent bénéficier d’une aide accrue pour renforcer leurs capacités. À cet égard, le NEPAD semble être la stratégie idoine dans laquelle la société civile peut et doit s’impliquer davantage. Appelant le Conseil économique et social à mener une évaluation des Accords de Marrakech de 1994, il a estimé que, pour donner à la mondialisation un visage humain, il faut une action plus déterminée des pays développés pour le développement des PMA, une démocratisation renforcée des institutions internationales, un accès ouvert et préférentiel des produits des PMA aux marchés mondiaux, une solution durable à la question de la dette et la création d’un environnement favorable à l’essor des PME. Les acteurs économiques et sociaux doivent s’engager à prendre plus de responsabilités en faveur des PMA afin de raviver les espoirs des marginalisés de la mondialisation. Le Président de l’Union a enfin souligné la nécessité pour le Conseil économique et social de mieux coordonner les efforts de développement, en encourageant, par exemple, la constitution de conseils économiques et sociaux dans les pays où ils n’existent pas.
M. ALEG IVANOU (Bélarus) s’est dit préoccupé par les données figurant dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles seulement sept PMA sur 50 étaient parvenus à une croissance économique annuelle de 7%, objectif incontournable pour atteindre les objectifs de développement. Il faut des investissements et des technologies modernes pour faire face aux besoins des PMA, a-t-il poursuivi. Même si nous savons que le financement le plus important aux fins du développement vient des ressources nationales, il faut que la communauté internationale et les institutions régionales appuient les initiatives des PMA pour renforcer leurs capacités commerciales et de production. Tout en constatant que l’APD représentait toujours une source importante de financement pour les PMA, il a estimé qu’on ne pouvait nier que celle-ci était insuffisante. Il a souligné les efforts en cours pour mettre les expériences technologiques des pays de la Communauté des États indépendants (CEI) au service des États de l’Amérique latine. Abordant la question de la responsabilité partagée des pays développés et des pays en développement, il a invité les principaux organes du système des Nations Unies à servir de levier politique pour la prise de conscience des responsabilités de chacun en matière de développement.
M. MOHD RADZI ABDUL RAHMAN, Représentant permanent adjoint de la Malaisie auprès des Nations Unies, a estimé qu’à ce stade, il faut s’assurer que les mesures prévues par le Programme d’action de Bruxelles sont traduites par des faits tangibles. Pour ce faire, il convient d’examiner le potentiel des financements novateurs tels que le microfinancement. Les partenaires des PMA doivent s’acquitter de leurs obligations en matière d’APD et s’abstiennent de l’assortir de toute condition. Le représentant a aussi appelé à une mise en œuvre intégrale et rapide de l’Initiative PPTE. La croissance économique, a-t-il poursuivi, dépend des échanges. Or, les 50 PMA et leurs 600 millions d’habitants ne représentent que un pourcent des échanges mondiaux. Le moment est venu d’éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce mondial, a dit le représentant en appelant à des efforts pour accélérer l’adhésion des PMA à l’OMC. Le fait qu’ils en sont à des stades différents dans leur processus de développement doit être pris en compte et être à la base de traitements préférentiels. Se tournant vers les PMA, ils les a invités à se doter de politiques propices aux investissements nationaux et étrangers, en réduisant les formalités bureaucratiques et en allégeant les procédures. Les PMA doivent aussi promouvoir l’épargne domestique et pour ce faire, réformer l’administration fiscale et le secteur financier. Les objectifs du Programme d’action de Bruxelles doivent être intégrés aux stratégies de développement nationales. Toutefois, les efforts des PMA sont limités par le manque d’espace politique en raison des obligations imposées par les organismes internationaux. Après avoir dénoncé ce fait, le représentant a appelé la communauté internationale à abandonner la rhétorique et à passer à l’action.
Mme ULRIKA CRONENBERG-MOSSBERG (Suède) a déclaré que son pays allait bientôt publier son premier rapport sur la réalisation des ODM, en vue de faire connaître les politiques suivies par la Suède en la matière et susciter un débat pouvant provoquer un partage des expériences conduites dans ce domaine à la fois par les pays donateurs et les pays en développement. Les domaines et questions sur lesquels insistera le rapport sont ceux de l’APD, de l’allègement de la dette, de l’accès aux médicaments essentiels et aux technologies de l’information et des communications (TIC), ainsi que les possibilités qui pourraient s’offrir aux PMA si leurs migrants et expatriés pouvaient y jouer un rôle dans le transfert des capacités et des technologies.
M. TERUNEH ZENNA (Éthiopie) a présenté la stratégie de développement reposant sur quatre piliers mise en place par son pays. Le premier a consisté au lancement d’une politique de développement rural, tenant compte du fait que 85% de la population de l’Éthiopie est rurale. Deuxièmement, l’Éthiopie a procédé à une réforme de son système juridique afin d’améliorer le droit à la propriété et le fonctionnement des services publics. La promotion de la décentralisation et du partage des responsabilités en déplaçant les centres décisionnels vers la base a été la troisième étape alors que le processus de renforcement des capacités des secteurs public et privé est en cours, s’appuyant sur un investissement considérable dans le domaine de l’éducation. Il a également indiqué que l’objectif de son pays était de permettre à 1,5 à deux millions de foyers ruraux d’avoir accès au microcrédit en tissant des liens entre l’épargne rurale et le secteur bancaire. Afin de répondre au problème d’insécurité alimentaire, l’Ethiopie a mis en place une Coalition pour la sécurité alimentaire en collaboration avec d’autres gouvernements, le secteur privé, des ONG et la société civile. Abordant le problème de la dépendance de l’économie des PMA à leurs produits de base et des conséquences néfastes de l’instabilité de leurs courts, il a indiqué à titre d’illustration, que l’Éthiopie avait perdu l’équivalent de 830 millions de dollars au cours des cinq dernières années du fait de la chute des prix du café. Cette somme, a-t-il précisé, nous aurait permis d’équiper entièrement 2 000 écoles primaires et 1 252 centres sanitaires, d’établir 10 hôpitaux, 100 lycées et construire 3 600 kilomètres de route.
Mme NDIORO NDIAYE, Directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a estimé que la prise en compte des préoccupations des pays en développement est, notamment en matière de circulation des personnes et d’accès aux marchés de l’emploi, un impératif pour une gestion partenariale des migrations, seule garante du succès effectif des mesures prises par les législateurs. Le choix migratoire relève de la liberté individuelle de chacun mais les flux de capitaux humains pourraient être plus équilibrés à un moment où toutes les prévisions démographiques confirment que les économies occidentales auront besoin dans les 50 années à venir, de personnel qualifié pour des pans entiers de leurs économies. Il est évident que les rapatriements des fonds des migrants constituent un aspect positif des migrations pour les pays d’origine. Les enjeux sont donc de réduire les coûts des transferts, de les sécuriser, de faciliter les démarches des migrants désireux d’investir une partie de leurs économiques dans des projets générateurs d’emplois et de revenus, et de contrôler les flux financiers considérables qu’ils représentent dans un contexte où la sécurité est devenue une préoccupation commune. Ce dernier aspect ne doit pas cependant prendre le pas sur la contribution au développement que représentent ces montants, évalués à 90 milliards de dollars pour 2003. Toutefois, les engagements en matière de financement du développement doivent être tenus et ne sauraient être remplacés par un dispositif d’appui aux transferts de fonds des migrants. Seule la combinaison de l’APD, des IED et des rapatriements de fonds peut avoir l’effet levier permettant aux PMA de progresser sur la voie du développement, dans un contexte d’amélioration de la bonne gouvernance.
M. JABER ALI AL RAMADAN, Représentant de la Jamahiriya arabe libyenne auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré que la volonté de la communauté internationale de lutter contre la pauvreté est reflétée dans le choix du thème du débat de haut niveau de l’ECOSOC cette année. Nous nous félicitons que le rapport soumis sur cette question par le Secrétaire général stipule clairement que la mobilisation des ressources est le facteur le plus important dans la mise en œuvre des engagements pris au niveau international et notamment dans le cadre du Programme d’action de Bruxelles. La Libye exhorte tous les partenaires au développement, et notamment les pays donateurs, à respecter les engagements qu’ils ont pris envers les PMA, a dit M. Ali Al Ramadan.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU, Représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies, a invité la communauté internationale à adopter des mesures efficaces et de nouveaux mécanismes financiers afin de permettre aux pays en développement de surmonter les écueils auxquels ils ont à faire face dans un environnement international fluctuant fait de contraintes aux effets souvent négatifs sur les processus de maturation politique interne. Il a invité l’ECOSOC à s’assurer que ces nouvelles initiatives ne constituent pas une diversion des engagements financiers déjà pris, notamment dans le cadre du Consensus de Monterrey. Il a souhaité que l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) contribue à améliorer la situation financière de ces derniers dont fait partie le Cameroun. Les flux d’APD doivent être accrus pour se consacrer non plus seulement à certaines actions de réduction de la pauvreté, stricto sensu, mais de plus en plus à l’investissement privé, véritable catalyseur de la croissance. Nos efforts, pour mobiliser l’épargne nationale, enrayer la fuite des capitaux et créer un environnement incitatif à l’investissement, a-t-il ajouté, resteraient vains si l’accès aux marchés internationaux n’était toujours pas assuré à nos produits d’exportation, porteurs d’une valeur ajoutée significative. À cet égard, il a décrié les termes de l’échange qui obèrent sérieusement ces efforts. Nous avons mis en place une stratégie de réduction de la pauvreté, à laquelle participent les administrations publiques, les opérateurs économiques, la société civile et les partenaires au développement. La mise en œuvre de cette stratégie nécessitera d’importants moyens financiers qui, selon nos estimations, s’élèveront à 1 360 milliards de francs CFA en 2007, des besoins que nous ne serons pas en mesure de couvrir avec nos seules ressources internes.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG, Représentant permanent du Brésil auprès des Nations Unies, a souligné que la mise en œuvre de politiques nationales saines dont les résultats n’apparaissent, qu’après de longs délais, être complétés par un environnement économique fertile, au niveau international. La communauté internationale s’est montrée habile lorsqu’il s’est agi de créer des instruments d’appui et de contrôle des efforts macroéconomiques et de développement mais elle est restée immobile quand il a été question d’assurer les ressources adéquates et de promouvoir les chances des pays en développement dans les marchés mondiaux. En la matière, le représentant a estimé que « l’Esprit de Sao Paulo » a eu le mérite de mettre en avant trois concepts importants à savoir la nécessité de ressources additionnelles, au niveau international, et de nouveaux instruments d’évaluation du commerce et de l’appui financier aux politiques nationales; l’importance pour les pays en développement de disposer de l’espace politique nécessaire à l’élaboration de stratégies de développement propres; et la possibilité de mettre en place une nouvelle géographie du commerce par un renforcement du commerce Sud-Sud.
Tout ceci, a mis en garde le représentant, ne doit pas faire oublier l’urgence qu’il y a à apporter des solutions durables aux problèmes liés à la dette extérieure, à la volatilité des prix des produits de base, et à l’accès aux marchés mondiaux, en particulier pour les produits agricoles et les produits manufacturés comme les textiles. Le représentant s’est félicité des nouvelles coalitions qui se sont créées, dans le cadre du Cycle de négociations de Doha, en citant le G-20 et le G-90. Après l’expérience de Cancun, l’unité des PMA a changé la dynamique des négociations multilatérales, à la grande satisfaction de l’opinion publique. Dans ce cadre, le représentant s’est félicité du lancement du troisième cycle de négociations sur le Système global de préférences commerciales entre les pays en développement, lors du 40e anniversaire du Groupe des 77. Il a souligné, dans ce contexte, l’importance de l’APD, en particulier sous la forme de dons. Il a dit attendre beaucoup de la réunion qui doit se tenir le 20 septembre, à l’initiative du Président brésilien, en espérant qu’elle donnera lieu à des propositions concrètes sur de nouvelles sources de financement.
M. JAGDISH KOONJUL, Représentant permanent de Maurice auprès des Nations Unies, a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts des PMA, dans un esprit de solidarité et de partenariat. Il a invité les PMA à multiplier les opportunités de développement du secteur privé. La création d’un environnement propice aux activités commerciales, a-t-il précisé, exige la mise en place d’instruments comme le microcrédit ou les microprojets à l’intention des populations rurales. Au niveau international, les donateurs doivent aider les PMA à créer les conditions favorables aux IED. Le commerce est un moteur de croissance et de développement. En conséquence, l’accès aux marchés est un impératif pour les PMA. Le représentant a donc encouragé tous les pays développés à ouvrir leur marché avant de souligner l’impact de la dette sur la mobilisation des ressources dans les PMA. Il a jugé indispensable que l’Initiative PPTE soit pleinement mise en œuvre. Souhaitant conclure sur une note optimiste, le représentant a souligné la pertinence du NEPAD, en particulier de son mécanisme d’examen par les pairs. Attirant l’attention sur la situation des petits États insulaires en développement qui risquent d’être rayés de la liste des PMA, il a dit craindre qu’un retrait précipité ne mette en péril les succès qu’ils ont emportés jusqu’ici.
M. GEORGE OLAGO OWUOR, Représentant permanent adjoint du Kenya auprès des Nations Unies, a regretté que bien que quelques améliorations se soient produites dans la fourniture de l’APD, sa qualité et ses montants laissent encore fortement à désirer, les versements de la majorité des donateurs n’ayant pas encore atteint le niveau promis au cours des grandes rencontres internationales et notamment lors de l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA. L’APD devrait être versée aux PMA sous forme de dons et non de prêts, a estimé le représentant. Le versement et la bonne utilisation de l’APD pouvant jouer un rôle catalyseur dans l’attraction de l’investissement étranger direct (IED). Le représentant a demandé à la communauté internationale d’aider les PMA, à travers des investissements financés par l’APD, à créer le cadre et les conditions qui rendraient l’environnement des pays les plus pauvres attirant pour les IED. D’autre part, a poursuivi M. Olago Owuor, il est urgent de mettre fin à la dépréciation continue des prix des produits de base et des matières premières dont dépendent les économies des PMA, et d’aider ces pays à diversifier leur base économique de manière à réduire leur vulnérabilité.
M. CHEIKH NIANG, Représentant permanent adjoint du Sénégal auprès des Nations Unies, a souligné les efforts de son pays pour réduire la pauvreté, efforts économiques et financiers qui se sont traduits en 2003 par une croissance de 6,5%, dans un contexte de stabilité de prix et de déficits financiers maîtrisés à des niveaux soutenables. Cette performance s’est traduite par une réduction du pourcentage de la population en situation de pauvreté de 67,9% à 57,1% entre 1995 et 2002. Ces efforts ont été accompagnés d’une série de réformes destinées à promouvoir un environnement propice à l’initiative privée, avec le lancement du Programme national de bonne gouvernance et la réforme du système de gestion des finances de l’État et des marchés publics. Malgré les efforts d’ensemble des pays en développement, nos taux de pauvreté restent élevés et l’appui de la communauté internationale est indispensable pour améliorer la mobilisation de ressources aux fins de l’élimination de la pauvreté. À cet égard, il a exhorté les partenaires du développement à faire face à leurs responsabilités en matière d’APD, de réduction de la dette et d’ouverture des marchés aux produits des PMA, en insistant sur les responsabilités communes mais différenciées des uns et des autres. Il s’est félicité du lancement du Millenium Challenge Account ainsi que de la proposition relative à la « Facilité financière internationale ». Pour nous les PMA, a-t-il conclu, le problème qui se pose, c’est moins d’être compétitif que d’être en compétition, tant est insignifiante notre part dans les flux mondiaux d’échange. Cette situation d’exclusion des PMA perdurera tant qu’on n’aura pas repensé, de façon radicale les mécanismes du commerce mondial pour rompre avec cette logique implacable où sont absentes la justice et l’équité, et dont le scandale du coton constitue la plus parfaite illustration. C’est là tout le sens de l’appel lancé par le Président du Sénégal Abdoulaye Wade pour un « Davos Agricole ».
M. LAZARE MAKAYAT-SAFOUESSE, République du Congo auprès des Nations Unies, a rappelé que depuis la création de la catégorie des PMA, la communauté internationale a organisé trois conférences pour assurer la relance de ces pays désormais marginalisés par le processus de mondialisation. Pour la première fois, une Conférence, celle de Bruxelles, a associé tous les acteurs du développement dont les acteurs non étatiques. Or, aujourd’hui les espoirs ont fini par s’émousser. Les PMA ont enregistré des résultats positifs qui témoignent de l’appropriation par ces pays de leur propre développement et de leurs efforts en matière de gouvernance et de mobilisation de ressources intérieures. Il serait donc souhaitable que la communauté internationale assume enfin ses engagements pour une mise en œuvre effective du Programme d’action de Bruxelles. Nous sommes à un point critique de l’agenda social et économique des Nations Unies, a prévenu le représentant. En tant que pays en développement, a-t-il indiqué, le Congo a placé la lutte contre la pauvreté au cœur de son action, en mettant en place un dispositif destiné à renforcer et à garantir la mobilisation des ressources intérieures. À l’instar des PMA, les autres pays en développement ont en commun d’énormes difficultés. Le représentant a donc estimé que le débat du Conseil économique et social vient à point nommé pour jeter un regard lucide sur la nécessité de libérer les pays de la pauvreté, lesquels sont caractérisés par un accès limité aux marchés mondiaux, le manque de capacités, l’absence de financement et les maladies. Ce que nous voulons, a conclu le représentant, c’est une mise en œuvre des engagements pris et une assistance effective au développement durable.
M. HARRIS GLECKMAN, Représentant du Bureau de liaison de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de New York, a déclaré que la grande pauvreté, qui affecte une large partie de la population dans la plupart des PMA, est non seulement le résultat de la stagnation économique de ces pays, mais en est aussi paradoxalement la cause. Au cours de la période 1995-1999, le revenu moyen par habitant dans les PMA était de 75 centimes par jour, alors que le niveau de consommation y était de 57 centimes par jour. Ce qui veut dire, a indiqué M. Gleckman, que les gens ne pouvaient épargner quotidiennement que 15 centimes, ce qui est trop faible pour faire, au niveau des États, des investissements substantiels en infrastructures et en services sociaux viables. La mobilisation de ressources internes était donc impossible dans la plupart des PMA. C’est pourquoi la CNUCED continue de mettre l’accent sur la nécessité de mobiliser des ressources extérieures en faveur de ces pays, a dit le représentant. Quant à l’IED, a-t-il poursuivi, il a continué à être dirigé vers une poignée de pays et de secteurs d’activités. Parmi les 50 PMA, 10 ont attiré 86% des IED allant vers cette catégorie de pays au cours de la période 1998-2000, a indiqué M. Gleckman. Ceci devrait amener la communauté internationale à encourager les IED vers les PMA en allant au-delà des activités traditionnelles de promotion des investissements, a-t-il estimé. À cet égard, il faudrait explorer la manière dont l’APD pourrait être utilisée pour financer des activités susceptibles d’attirer des IED. Les ressources provenant de la réduction de la dette devraient aussi être orientées vers le développement de secteurs productifs et la promotion du commerce. La dette des PMA, a dit le représentant, est passée de 154 milliards de dollars en 1998 à 137 milliards en 2001. Mais elle a connu un rebond en 2004 en atteignant 145 milliards, a ensuite dit M. Gleckman en annonçant que la CNUCED continuerait d’accorder une priorité aux PMA à travers son Programme spécial en faveur des PMA, des pays enclavés et des petits États insulaires en développement.
M. BHAGWAT SINGH, Observateur de l’Union internationale pour la préservation de la nature et des ressources naturelles (IUCN), a souligné le caractère essentiel de la préservation de la biodiversité et de l’utilisation durable des ressources naturelles durables, notant que deux milliards de personnes utilisent le bois de chauffe et le charbon comme principale source d’énergie pour leurs activités domestiques et que la faune sauvage représente une part importante des sources de protéines des populations rurales de nombreux pays pauvres. Elle représenterait 20% des apports protéiniques des habitants de 62 pays en développement. Il a également précisé que 70 à 80% de la population des pays en développement avaient recours à la médecine traditionnelle, notamment aux plantes médicinales, pour faire face à leurs besoins en matière de santé. Selon une estimation, les foyers ruraux des pays en développement utilisent entre 10 et 20 000 plantes différentes à des fins médicinales. En plus des bénéfices directs, comme une meilleure sécurité alimentaire, les revenus de la préservation des cultures assurent la santé des villageois, couvrent les frais de scolarité et contribuent au développement rural. En conséquence, il a souhaité la mise en œuvre de politiques permettant une gestion responsable des ressources biologiques par les communautés rurales qui doivent être mieux informées.
Mme IRINI SARLIS, Institution intergouvernementale pour l’utilisation de la micro-algue spiruline contre la malnutrition, a d’abord souligné que la faim et la malnutrition demeurent un problème majeur dans les pays en développement, avant d’indiquer que la micr-oalgue spiruline constitue une bonne solution en tant que vivres d’urgence. La Convention pertinente signée par des parties d’origine très diverse souligne la valeur de cette algue et la nécessité urgente de mettre en place des centres de production dans tous les continents. L’Institution, a poursuivi la représentante, réunit la majorité des experts et des techniciens du monde entier ainsi que des organisations humanitaires actives dans ce domaine. Le mérite de cette algue, dont l’exploitation est facile et peu onéreuse, est qu’elle a une forte teneur en protéines et en minéraux. La représentante a donc demandé à tous les États d’adhérer à la Convention.
Mme JACKIE SHAPIRO, représentante de la Conférence sur les ONG, étant accréditées auprès des Nations Unies (CONGO), a affirmé que les vues de ces dernières étaient de plus en plus prises en considération par le système de l’ONU. CONGO estime que seuls des partenariats avec les pauvres eux-mêmes permettront de lutter avec succès contre la pauvreté. CONGO aurait aimé que certains engagements soient être inscrits dans la Déclaration ministérielle qui sera adoptée à la fin de ce débat de haut niveau, a déclaré Mme Shapiro. L’État ne devrait pas se désengager des secteurs sociaux et devrait avoir la possibilité d’énoncer des politiques répondant réellement aux besoins de ses populations, a estimé la représentante en regrettant que les politiques de développement socioéconomiques soient décidées par des institutions internationales n’ayant pas de liens directs avec les populations pauvres.
Mme PERA WELLS, Secrétaire général adjointe de la Fédération mondiale des associations de Nations Unies, a présenté les efforts de cette fédération d’une centaine d’associations visant à promouvoir les Nations Unies et leurs objectifs à travers le monde. Notre priorité est d’associer la société civile à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire en matière de développement. Grâce à la collaboration de la Chef de la section des ONG du Département des affaires économiques et sociales, Mme Hanifa Mezoui, cette Fédération organise des tables rondes mensuelles aux Nations Unies sur la mise en œuvre de ces objectifs. Elle a souligné la nécessité d’un financement supplémentaire pour la société civile des pays en développement et notamment des PMA. Le 18 mars, a-t-elle précisé, nous avons co-organisé un Forum de la société civile qui a été l’occasion de souligner la nécessité d’augmenter les flux financiers en direction des PMA et de leurs sociétés. À cet égard, elle a indiqué que le meilleur moyen de canaliser des fonds en direction de la société civile était d’utiliser le Fonds d’affectation général du réseau régional informel ONU/ONG baptisé Irene. Elle a demandé que cette proposition soit mentionnée dans la déclaration ministérielle de conclusion de ce débat de haut niveau. Nous souhaitons la création d’une association des Nations Unies dans chacun des États Membres. Sur les 50 PMA seuls 25 disposent d’une association des Nations Unies. Elle a souhaité que l’on tienne le plus grand compte des recommandations du Groupe de Cardoso sur les relations de la communauté internationale avec la société civile.
M. SYLVAN BARWETT, Rotary International, a indiqué qu’à l’heure actuelle, l’objectif prioritaire du Rotary International est d’éliminer la polio dans le monde d’ici à 2005, année qui marquera le centenaire de la création de l’organisation. Grâce au Rotary International, deux milliards d’enfants ont été vaccinés dans 125 pays, ce qui a nécessité l’affectation d’une somme de plus 600 millions de dollars. Le Rotary International a ainsi envoyé toute une armée de bénévoles pour contribuer aux campagnes de vaccination nationales. En matière d’éducation, le Rotary est devenu le distributeur le plus important de bourses financées par le secteur privé. Aujourd’hui, 1 300 jeunes ont pu étudier à l’étranger et 8 000 élèves du secondaire ont eu la possibilité de se rendre dans un autre pays, dans le cadre du programme d’échange du Rotary International. L’organisation a développé des partenariats avec huit universités des cinq continents pour créer des centres internationaux sur la paix et le règlement des conflits. Le Rotary International collabore aussi aux projets lancés par les organismes des Nations Unies dans des domaines aussi divers que l’eau, l’assainissement, l’élimination de la pauvreté, les secours en cas de catastrophes naturelles ou encore la lutte contre le VIH/sida. À la veille de son 100e anniversaire, le Rotary International s’engage à poursuivre ce type de collaboration.
Mme VICKY SOANS, du Mouvement international ATD Quart Monde, a dit que même s’ils manquent souvent d’éducation formelle, les pauvres ont une certaine ingéniosité qui, si elle était soutenue, leur permettrait d’améliorer leurs conditions de vie. Trop souvent, des décisions impliquant des engagements à long terme sont malheureusement prises sans consulter les communautés, ce qui entraîne immanquablement des échecs. La création et le maintien d’un dialogue sont nécessaires si on veut obtenir la pleine coopération des pauvres à la lutte contre la pauvreté, a estimé Mme Soans
Mme MARIA MALAMAN, de Legion of Good Will, a rappelé que cette ONG, basée au Brésil, avait organisé les 10 et 11 mars dernier à Brasilia un séminaire sur la promotion de la lutte contre la pauvreté dans les PMA auquel ont participé 37 ONG, 13 représentants du Gouvernement brésilien ainsi que l’Ambassadeur du Cap-vert auprès du Brésil. Ce séminaire a été l’occasion de rappeler que la pauvreté et la faim sont des questions liées à l’éducation et à la culture et à la spoliation des ressources naturelles des populations autochtones. Les participants à ce séminaire ont également présenté la parité entre les sexes, une meilleure information sur les risques des maladies infectieuses et la préservation de l’environnement comme autant d’outils performants de l’élimination de la faim et de la pauvreté. En conclusion, Mme Malaman a souligné la nécessité d’adapter le langage et la méthodologie de la communauté internationale à la réalité de chaque communauté en développant des réseaux associatifs et partenariats en phase avec ces réalités.
Mme SUSAN PAUL, Action mondiale sur le vieillissement, a rappelé l’importance du Plan d’action de Madrid, en particulier ses dispositions concernant les personnes âgées dans les situations de conflit. Aujourd’hui, a-t-elle indiqué, deux tiers des personnes âgées sont dans cette situation ou dans une période post-conflit. Elle a donc appelé à l’adoption de mesures de protection à l’intention de cette tranche de la population, à l’instar de ce qui a été fait pour les autres groupes vulnérables comme les femmes, les enfants ou le personnel humanitaire. Elle a d’ailleurs estimé, à cet égard, que le Conseil devrait mettre à contribution ces deux Groupes consultatifs spéciaux sur le Burundi et la Guinée-Bissau, et encourager les organismes à mettre au point les programmes nécessaires, en insistant sur le rôle que peuvent jouer les personnes âgées dans les processus de règlement des conflits et la consolidation de la paix.
Liste des intervenants
Les ministres, responsables et représentants des États suivants ont pris part au débat d’aujourd’hui: El Salvador, République tchèque, Arménie, Zambie, Afrique du Sud, Thaïlande, Iran, Burkina Faso (au nom du Groupe africain), Islande, Bangladesh, République démocratique populaire lao, Jamaïque, Bhoutan, Norvège, Népal, Kazakhstan, Canada, Colombie, Inde, Bélarus, Malaisie, Suède, Ethiopie, Libye, Cameroun, Brésil, Kenya, Sénégal et République du Congo.
Les organismes et organisations non gouvernementales suivants se sont également exprimés: Comité des politiques de développement, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Commission interétatique de la Communauté des Etats indépendants, Organisation des migrations internationales (OMI), Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, Institution pour l’usage de la micro-algue spiruline contre la malnutrition, Conférence des ONG ayant un statut consultatif auprès des Nations Unies (CONGO), Fédération des associations des Nations Unies, Rotary Club, Mouvement international ATD Quart Monde, « Legion of Good Will » et Action mondiale contre le vieillissement.
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