LA RESPONSABILITÉ PARTAGÉE AU CENTRE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION DE FOND 2004 DE L’ECOSOC SUR LA MOBILISATION DES RESSOURCES AUX FINS DE L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
Communiqué de presse ECOSOC/6068 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2004
18e et 19e séances - matin & après-midi
LA RESPONSABILITÉ PARTAGÉE AU CENTRE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION DE FOND 2004 DE L’ECOSOC SUR LA MOBILISATION DES RESSOURCES AUX FINS DE L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
L’APD insuffisante sans la création d’un environnement commercial équitable, libéré des subventions agricoles et des barrières commerciales déstabilisantes
Alors que 80% de la population des 50 pays les moins avancés (PMA), soit 520 millions de personnes, vivent avec moins de deux dollars par jour, cette deuxième journée du débat de haut niveau de la session de fond 2004 du Conseil économique et social (ECOSOC) -sur la mobilisation des ressources et la promotion d’un environnement aux fins de l’élimination de la pauvreté- à été l’occasion pour la grande partie des trente ministres intervenus d’invoquer le principe de la responsabilité partagée.
Ainsi, le Directeur général du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Japon a expliqué que le concept de sécurité humaine était à la base de l’Aide publique au développement (APD) fournie par son pays. Pour favoriser la croissance économique, il a estimé « indispensable » la création d’un environnement national solide, libéré de toute corruption. De son côté, le Sous-Secrétaire au Département de la santé et des services humains des États-Unis a insisté sur une série de demandes adressées aux PMA, notamment l’état de droit, les limites du pouvoir absolu de l’État, la liberté de religion et la promotion de la liberté économique.
Si le Ministre pour la coopération, le développement et les droits de l’homme de l’Irlande (au nom de l’Union européenne) a défini la bonne gouvernance et ses principes comme la meilleure base de la croissance économique et de l’éradication de la pauvreté, le Ministre des affaires étrangères du Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), tout en se félicitant de l’amélioration de l’APD, a exhorté les pays développés à favoriser l’émergence d’un environnement commercial plus équitable et ouvert à la réalité des plus pauvres.
Le Ministre de l’industrie du Nigéria a, à l’instar de nombreux intervenants, invoqué le principe de responsabilité partagée pour exhorter les pays développés à aider ceux en développement à faire face à leurs obligations en matière de promotion d’un environnement national propice à l’investissement et à la mobilisation de nouvelles ressources, incluant notamment la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. La mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles dépend de la responsabilité partagée de toutes les parties prenantes avec la mise en œuvre d’un mécanisme de contrôle et de suivi efficace a, pour sa part, affirmé le représentant du Ministère des affaires étrangères du Mozambique, en appelant les partenaires au développement à augmenter les montants d’investissement à hauteur de leurs engagements. Le Ministre adjoint des relations extérieures de l’Angola, quant à lui, a félicité les rares pays européens qui ont porté leur part de l’APD destinée aux PMA à 0,2% de leur PNB, ayant ainsi respecté les engagements pris à Bruxelles.
De nombreuses délégations se sont par ailleurs accordées sur le fait qu’atteindre ce niveau d’APD serait insuffisant sans la création d’un environnement commercial mondial équitable, libéré des barrières douanières et des subventions agricoles du Nord, surtout lorsque l’on sait que les économies des PMA dépendent essentiellement de l’agriculture.
Présentant le rapport* du Secrétaire général sur la mobilisation des ressources aux fins de l’élimination de la pauvreté dans le cadre de l’application du Programme d’action de Bruxelles (2001-2010), le Secrétaire général adjoint aux affaires économique et sociale des Nations Unies, José Antonio Ocampo, s’est concentré sur les facteurs qui nuisent fortement aux objectifs des PMA: le poids de la dette, la volatilité des prix des produits de base, l’insuffisance de l’APD, insistant sur la situation particulière de ceux sortant de conflits.
En ce qui concerne la dette, si plusieurs pays du Sud ont présenté l’annulation de la dette comme le meilleur moyen de mobiliser de nouvelles ressources en faveur des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), le représentant du Ministère de la coopération de l’Allemagne a noté que l’expérience montrait que les pays ayant bénéficié de réductions ne parvenaient pas mieux que les autres à se libérer de ce fardeau.
Dénonçant le manque de volonté des pays du Nord, le Ministre béninois des affaires étrangères (au nom du Groupe des PMA) a indiqué que si l’on pouvait annuler la dette de l’Iraq, on devait pouvoir en faire de même pour les PMA. En écho à cette déclaration, le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, dont la part de l’APD destiné au PMA est passée de 17,5% à 29,5% entre 2000 et 2003, a expliqué que son pays était prêt aujourd’hui à annuler 2,5 milliards de dollars de dettes dans le cadre de l’initiative PPTE, après en avoir déjà annulé deux milliards.
Souhaitant illustrer le fossé qui sépare les riches des pauvres, le Ministre adjoint des affaires étrangères cubain a déclaré que les 17 milliards de dollars dépensés chaque année pour nourrir les chiens et les chats américains couvraient presque les 19 milliards nécessaires à l’éradication de la faim dans le monde, alors que les 11 milliards de dollars dépensés en crèmes glacées en Europe représentaient une somme huit fois supérieures à celle nécessaire à la réalisation des objectifs de vaccination des enfants dans le monde.
Dans un tout autre domaine, le Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a présenté la contribution au développement des PMA de ce secteur qui réalise 514 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Dans le même ordre d’idées, le représentant de la FAO a exhorté la communauté internationale à ne pas sous-estimer la contribution de l’agriculture à l’élimination de la pauvreté en notant que 50 millions de personnes ont rejoint au cours de ces 10 dernières années les rangs de ceux qui ont faim, portant leur nombre à 245 millions, soit 37% de la population des PMA.
L’ECOSOC poursuivra demain matin mercredi 30 juin à 10 heures son débat de haut niveau.
* E/2004/54
MOBILISATION DES RESSOURCES ET PROMOTION D’UN ENVIRONNEMENT PROPICE À L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ DANS LE CONTEXTE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCÉS POUR LA DÉCENNIE 2001-2010
Déclarations
Introduisant le rapport du Secrétaire général sur la mobilisation des ressources aux fins de la lutte contre la pauvreté (E/2004/54), M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les PMA devraient atteindre une croissance annuelle de 7% pour atteindre leurs objectifs de développement. Malheureusement étant donné la tendance qui se dégage, note le rapport, il semble que les PMA n’atteindront pas leurs objectifs visant à réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à 2015. À cet égard, M. Ocampo s’est concentré sur quatre facteurs qui nuisent fortement aux objectifs des PMA: le fort endettement, la volatilité des prix des produits de base, l’insuffisance de l’Aide publique au développement (APD) et la situation particulière des PMA sortant des conflits.
Précisant que 32 des 50 PMA bénéficient de l’Initiative PPTE, il a souligné l’importance de disposer d’instruments adéquats pour faire face au fardeau que représente la dette. Il a souhaité un nouveau cadre pour aider ces pays à mieux faire face à la durabilité de la dette. Il a estimé que l’annulation des dettes bilatérales et multilatérales est la seule solution qui permettra de dégager les ressources pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). En ce qui concerne la dépendance des PMA à l’égard des produits de base, il a souligné la nécessité d’aider ces pays à diversifier leur production et leur base d’exportation. Il a également invité à lever les barrières douanières, à la révision des accords internationaux sur les produits de base et surtout, à la mise en place d’un mécanisme financier compensatoire de la volatilité des prix des produits de base dont dépendent tant les PMA.
S’agissant de l’APD, elle est indispensable pour aider les PMA à sortir du piège des faibles revenus, a-t-il dit. L’APD cumulée à l’aide technique est un moyen décisif pour renforcer les capacités. Il est essentiel que les pays donateurs respectent leurs engagements en la matière. Le manque de l’APD continue à favoriser la désagrégation politique et l’instabilité. Notant que 80% des 20 pays les plus pauvres ont connu un conflit au cours de ces 15 dernières années, il a souligné la nécessité d’une stratégie particulière pour ces derniers.
M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a appelé les PMA à poursuivre leurs réformes en vue de créer un environnement politique et réglementaire caractérisé par l’efficacité, la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources et des dépenses publiques. Les PMA, a-t-il ajouté, doivent faciliter l’émergence d’une structure efficace de gouvernance et un environnement favorable aux entreprises. Un tel environnement, a-t-il toutefois précisé, exige un partenariat fort entre les PMA et leurs partenaires du développement. Les politiques relatives à l’aide, aux investissements et au commerce doivent être mises en œuvre en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes. La communauté internationale est appelée à honorer ses engagements non seulement en augmentant et en améliorant l’assistance au développement mais aussi en offrant des garanties aux investissements, accélérer l’allègement de la dette et promouvoir un commerce libre et équitable.
L’Aide publique au développement (APD), a-t-il reconnu, n’est pas la panacée. Il a ainsi défendu une mise en œuvre rapide de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) qui, selon lui, devrait être accompagnée, de mesures d’annulation des dettes bilatérales. S’agissant du commerce, il a aussi appelé à l’élimination, par les pays industrialisés, des subventions et des crêtes tarifaires. S’il s’est félicité des régimes préférentiels d’accès aux marchés en faveur des PMA, il a estimé qu’ils devraient couvrir davantage de produits et comprendre des règles d’origine plus réalistes qui tiendraient compte de la capacité industrielle limitée de ces pays ainsi que des autres obstacles à l’offre. Soulignant l’importance qu’il y a à faciliter les envois de fonds des émigrés pour pouvoir les affecter aux secteurs productifs, le Haut Représentant a ensuite insisté sur le potentiel de la coopération Sud-Sud. Si les pays en développement réduisaient de moitié les tarifs en vigueur, ils pourraient générer des revenus commerciaux supplémentaires de l’ordre de 1,5 milliard de dollars. Enfin, il s’est félicité du troisième cycle de négociations sur l’élargissement du Système global de préférences commerciales (SGPC).
M. AHMAD BIN ABDULLAH AL-MAHMOUD, Ministre d’État chargé des affaires étrangères du Qatar, intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné l’importance du lancement de nouvelles initiatives basées sur l’amélioration de la coopération entre les PMA et les autres pays aux niveaux régional et international. Le Groupe des 77 et la Chine estiment que la création de nouveaux mécanismes d’évaluation des performances économiques et sociales des PMA est nécessaire, de manière à pouvoir évaluer la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. La mise en œuvre des mesures contenues dans le Programme d’action de Bruxelles doit se faire dans le respect et dans une certaine cohérence avec les politiques nationales de développement des PMA afin de soutenir leurs efforts pour l’élimination de la pauvreté.
Tout en se félicitant des efforts en faveur de l’Aide publique au développement (APD), et d’un meilleur accès des produits des PMA aux marchés, le Groupe des 77 et la Chine restent préoccupés par la très faible part de marché qui revient aux PMA dans le commerce international, résultant en grande partie par la forte dégradation des termes de l’échange des produits des PMA, et par l’insuffisance des mesures de réduction de leur dette. Pour faire face à ces questions, a dit M. Al-Mahmoud, nous demandons à la communauté internationale de respecter les engagements pris dans le cadre du Programme d’action de Bruxelles, la Déclaration du Millénaire, le Consensus de Monterrey, et l’Accord du Cycle des négociations de Doha. Les États membres du Groupe des 77, tout en reconnaissant la responsabilité des PMA dans la définition et la conduite de leur propre développement, appellent aussi la communauté internationale à les aider à établir des partenariats de développement, y compris avec la société civile et le secteur privé. Seuls ces partenariats permettront de lever les obstacles qui se posent à la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des PMA, a estimé le Ministre qatari en lançant ensuite un appel aux pays donateurs pour qu’ils continuent à faciliter l’accès de leurs marchés aux produits des PMA en réduisant les barrières tarifaires. Les pays développés devraient en outre faciliter les transferts de technologies vers les PMA et leur accorder les soutiens techniques dont ils ont besoin, de manière à faciliter la mise en œuvre des engagements pris à Bruxelles.
Intervenant au nom de l’Union européenne, M. TOM KITT, Ministre d’État pour la coopération et le développement et des droits de l’homme de l’Irlande, a indiqué que le développement des PMA était au cœur des activités de l’Union européenne qui a accueilli en 2001 la 3e Conférence des PMA à Bruxelles. Il s’est dit particulièrement inquiet de la situation des PMA en Afrique subsaharienne où le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté pourrait passer de 334 à 471 millions entre 2000 et 2015. Il a défini la bonne gouvernance et ses principes comme le meilleur moyen de parvenir au développement durable, la base de la croissance économique durable, l’éradication de la pauvreté et la création d’emplois.
Parmi les priorités de l’UE, il a abordé successivement la question de la paix et de la sécurité, la situation due au VIH/sida, la protection de l’environnement et l’amélioration du financement du développement. Il a d’abord défini la paix et la sécurité comme des conditions incontournables du développement des PMA en précisant que l’UE avait créé un fond de 250 millions d’euros pour la Facilité de soutien à la paix pour l’Union africaine. S’agissant de la tragédie du VIH/sida il a précisé que si les PMA ne représentaient que 11% de la population mondiale, ils cumulaient néanmoins 25% de la population des hommes infectés par le virus, 35% des femmes et 46% des enfants vivant avec la maladie ainsi que 50% des orphelins du VIH/sida. Dans ce contexte, il a relevé avec satisfaction les développements positifs en matière d’accessibilité à faible prix aux médicaments rétroviraux et la récente décision du Conseil de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en ce qui concerne l’assouplissement du cadre des accords de propriété intellectuelle en ce qui concerne les médicaments.
S’agissant de la protection de l’environnement, il a souligné la nécessité de préserver la diversité biologique des PMA et de répondre aux conséquences néfastes des catastrophes naturelles et des changements climatiques –sécheresse, inondation, montée du niveau de la mer. Il a expliqué que l’UE était engagée à soutenir ces pays dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable de Johannesburg. En ce qui concerne le financement du développement, il a indiqué que même si le récent rapport de la CNUCED sur les PMA note que les flux nets en direction des PMA avaient augmenté de 36% entre 2000 et 2002, plus doit être fait. En 2002, l’APD de l’UE a augmenté de 5,8% pour atteindre 0,34% de son PIB. Cela représente un montant de 29 milliards de dollars, soit près de 50% du montant des flux financiers qui vont aux PMA.
En conclusion, il a déclaré que l’UE était engagée à faciliter l’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral en souhaitant que leurs préoccupations soient au cœur des négociations commerciales de Doha. En avril 2004, l’UE a adopté un Plan d’action pour l’agriculture, la dépendance et la pauvreté avec une proposition de partenariat Afrique-Europe sur la question du coton visant à appuyer l’accès aux marchés et aux services régionaux et soutenir la diversification. L’UE soutient des négociations visant à l’élimination de toutes les formes de subventions pour le coton et a d’ailleurs ouvert son marché à tous les produits coton des PMA.
M. IMMANUEL NGATJIZEKO, Directeur général de la Commission de la planification nationale de la Namibie, s’est inquiété de ce que le nombre de PMA ait augmenté depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en 2001 et de ce que le PNB de nombreux PMA ait fortement baissé. L’objectif de réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à 2015 ne sera pas atteint, a estimé le représentant en notant que le nombre de personnes dans cette situation, par conséquence, augmenterait. Au vu des nombreux problèmes des PMA, la communauté internationale doit tenir les engagements qu’elle a pris en 2001 à Bruxelles, a dit le représentant en rappelant que ces promesses avaient trait à l’Aide publique au développement, à l’investissement étranger direct, à la réduction ou l’annulation de la dette, à la cohérence et à l’harmonisation des politiques de développement, et à l’accès aux marchés. Compte tenu de la mauvaise situation actuelle de ces pays, les pays développés devraient veiller à accorder leur aide aux PMA sous forme de dons et non de prêts. Le plus grand défi que doivent relever les PMA, notamment en Afrique, a ensuite indiqué le représentant, est celui de la pandémie du VIH/sida et des autres maladies infectieuses. Nous ne pourrons jamais parler de perspectives de développement durable dans ces régions du monde si cette pandémie et ses conséquences ne sont pas sérieusement traitées, a-t-il mis en garde en invitant les États Membres à accorder plus d’attention et de ressources aux pays les plus touchés. Au moment où nous nous préparons à faire une évaluation de la mise en œuvre des programmes visant la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), nous espérons que les travaux de cette session de l’ECOSOC, et notamment son segment de haut niveau, apporteront une contribution importante.
Mme PAULA LEHTOMÄKI, Ministre du commerce extérieur et du développement de la Finlande, a rappelé que la responsabilité en matière de développement incombait d’abord aux PMA eux-mêmes. Elle a souligné les possibilités qu’offre la coopération Sud-Sud, tout en soulignant la nécessité pour les pays développés d’augmenter leur APD. Elle a estimé que les questions de l’investissement, du commerce et de la dette ne pouvaient être discutées de façon isolée. Elle a défini la bonne gouvernance aux niveaux international et national, la bonne distribution des revenus, la lutte contre la corruption et la parité comme autant de conditions incontournables pour que soient atteints les objectifs de développement fixés. Insistant tout particulièrement sur les liens entre la lutte contre la pauvreté et l’égalité entre les sexes, elle a cité des rapports qui montrent que la production agricole dont dépend la grande majorité de la population des PMA ne pourrait que gagner à la promotion du rôle de la femme. L’amélioration de la situation des PMA, a-t-elle encore ajouté, exige une cohérence des politiques commerciales et financières de la part des institutions internationales. Il est important que nous travaillions ensemble afin que nous accordions l’attention qu’elles méritent aux questions d’agriculture. Elle a indiqué que la Tanzanie et la Finlande avaient mis en place un Forum sur la question de la bonne gouvernance invitant les acteurs du Nord et du Sud à discuter des moyens de progresser en ce domaine dans l’intérêt des objectifs de développement.
M. MAOKOLA-MAJOGO, Ministre d’État chargé de l’élimination de la pauvreté au Bureau du Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que malgré les succès enregistrés dans la mise en œuvre du Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP), de nombreux défis subsistent comme en attestent la pauvreté et le taux de croissance économique. Il a aussi indiqué qu’en 2002, a été finalisé la Stratégie d’assistance à la Tanzanie (TAS) qui est un cadre de partenariat au développement visant à améliorer la coordination de l’aide et à renforcer l’appropriation nationale du processus. L’accent, a-t-il expliqué, est mis sur la nécessité de faire en sorte que l’appui des donateurs passe par le budget national et que les divers processus soient harmonisés afin de réduire les coûts de transaction, assurer une plus grande souplesse dans les interventions et renforcer la prévisibilité de l’appui extérieur. Un cadre d’évaluation a également été mis en place qui, intitulé Cadre d’évaluation des performances (PAF), vise à ce que les déboursements du budget soit déterminés sans condition pour décourager ainsi la création de structures parallèles.
Dans le cadre de ces efforts, nous nous employons, a affirmé le Ministre, à mettre en place les capacités humaines et institutionnelles nécessaires. Le succès est possible, a-t-il poursuivi, citant l’exemple du Fonds d’action sociale (TASAF) dont la nature participatoire explique la réussite. Le renforcement des partenariats entre le gouvernement, la société civile et le secteur privé est une donnée essentielle, a insisté le Ministre. Il a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements relatifs à l’ouverture des marchés, à l’aide et à l’allègement de la dette. Le Ministre a aussi souligné l’importance capitale de l’Objectif 8 de la Déclaration du Millénaire relatif à la mise au point d’indicateurs pour évaluer le respect par tous de leurs engagements.
Mme SÉRAPHONE WAKANA, Ministre de la planification, du développement et de la reconstruction du Burundi, a indiqué que le pays se préparait à sortir d’une période de transition pour mettre en place des institutions libres, démocratiques et transparentes. Sur le plan économique, le Gouvernement du Burundi s’atèle à instaurer des programmes d’ajustement intérieur pour restaurer la stabilité macroéconomique et des réformes structurelles de bonne gouvernance pour renforcer la transparence de la gestion des affaires publiques. Mais malgré ces avancées, a indiqué Mme Wakana, la mobilisation des ressources tant intérieures qu’extérieures reste largement insuffisante. Face à une diminution drastique de ses recettes, le Burundi a cependant connu une augmentation sensible de ses dépenses dont la plupart ont un caractère incompressible. La hausse des dépenses est confrontée à une baisse constante des prix du café, principal produit d’exportation. Pour pouvoir financer ses dépenses, le Gouvernement a donc dû recourir aux avances de la Banque centrale, ce qui a entraîné une augmentation rapide de la masse monétaire sans véritable contrepartie dans l’économie réelle. C’est une politique évidemment inflationniste qui pénalise énormément les pauvres, a regretté la Ministre. Le Burundi ne pourra subvenir à ses besoins sans recourir à de nouvelles ressources additionnelles, dont l’APD, l’éligibilité à l’Initiative PPTE, l’intégration de son commerce à l’économie internationale, et l’attraction de l’IED. Tout en remerciant le système des Nations Unies et notamment l’ECOSOC, de la création du Groupe consultatif sur le Burundi, nous remercions aussi le FMI, qui a assoupli ses procédures habituelles lors de la récente adoption d’une facilité pour la croissance et la réduction de la pauvreté, a dit la Ministre qui a également exprimé sa reconnaissance au PNUD, à la Banque mondiale et à l’Union européenne. Elle a ensuite demandé aux bailleurs de fonds d’apporter une assistance technique et financière aux institutions chargées de la paix et de la sécurité, de la promotion de la bonne gouvernance, et du pilotage stratégique de l’économie. Il faut d’autre part veiller à la coordination des initiatives, afin de se focaliser sur les priorités indispensables et intégrer toutes les synergies, et à cet égard, la coopération entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité dans les situations de sortie de crises permettrait de marquer le lien entre la paix et le développement, a dit Mme Wakana.
M. YVON SIMÉON, Ministre des affaires étrangères d’Haïti, a rappelé que 80% de la population des PMA, soit 520 millions de personnes, vivaient avec moins de deux dollars par jour. Il a défini le développement du secteur privé comme l’un des mécanismes importants pouvant œuvrer à l´éradication de la pauvreté. À ce titre, a-t-il précisé, le microcrédit occupe une place de choix compte tenu de sa capacité de stimuler l’épargne, favoriser son accumulation et soutenir l’entreprenariat local et donc l’emploi. Il a souligné l’importance des investissements étrangers directs. Il existe six catégories qui regroupent les types de mesures auxquelles ont recours les pays développés à savoir: l’information et l’assistance technique, l’aide financière, les avantages fiscaux, la garantie des investissements, les mesures fondées sur l’accès aux marchés et les mesures visant à promouvoir les transferts des technologies, a-t-il remarqué. Par ailleurs, il a souligné l’importance des partenariats dans la mobilisation des ressources pour les PMA, qui doivent concerner tous les secteurs de la société, notamment les femmes et les jeunes. Les partenariats régionaux nous permettent de trouver plus facilement des solutions à nos problèmes, a-t-il dit. Dans le souci de faciliter une meilleure intégration d’Haïti dans les marchés régionaux et internationaux nous comptons créer cinq centres de facilitation des exportations pour encourager des accords commerciaux et favoriser nos exportations. Il a insisté sur la nécessité de mettre un terme aux barrières commerciales. Les solutions ne manquent pas, a-t-il ajouté, ce sont les ressources qui font défaut. Les lignes directrices des réflexions que nous produisons aujourd’hui font partie intégrante des engagements et du Programme d’Action de Bruxelles. Il est certain que la responsabilité du développement incombe prioritairement aux États, toutefois, il est important de réitérer la nécessité de respecter les engagements financiers pris lors des grands sommets des Nations Unies. En conclusion, il a précisé qu’Haïti présentera le 19 juillet 2004 à Washington son Cadre de coopération intérimaire (CCI) avec la communauté internationale.
M. SAM KUTESA, Ministre d’État chargé des investissements de l’Ouganda, a indiqué que, dans son pays, le défi est désormais d’identifier des réformes supplémentaires qui, partant des acquis économiques des années 1990, pourraient conduire à des taux de croissance annuels de l’ordre de 7%. Au titre d’autres défis, le Ministre a cité une répartition équitable des fruits de la croissance, le règlement des conflits qui sévissent toujours dans certaines régions du pays, et la garantie d’un développement humain dans toutes les régions du pays. La réduction de la pauvreté, a-t-il précisé, requiert bien plus que l’assistance au développement. Elle exige la mise en place d’un système commercial équitable qui doit s’accompagner d’un transfert continu des technologies modernes. Étant donné que l’IED est le principal moteur externe de ce transfert, nous devons, a poursuivi le Ministre, créer un climat national encore plus favorable au secteur privé afin d’attirer de ce type d’investissements et réduire le fossé technologique.
Pour ce faire, le Ministre a préconisé la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire sain, le renforcement de la bonne gouvernance publique et des entreprises et l’amélioration de l’accès aux services financiers et aux infrastructures. Dans ce cadre, a-t-il prévenu, il revient aux donateurs d’aider les PMA à fournir cette aide aux investissements pour les rendre capables de créer des emplois, accroître les revenus et réduire leurs dettes. Le Ministre a conclu en attirant l’attention sur la Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) avant de demander l’appui de la communauté internationale. Le NEPAD et le Programme d’action de Bruxelles doivent être perçus comme des instruments complémentaires et s’appuyant l’un l’autre afin de réaliser les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).
M. WADE HORN, Sous-Secrétaire au Département de la santé et des services humains des États-Unis, a déclaré que des progrès avaient été accomplis en matière de lutte contre la pauvreté. La proportion de la population mondiale vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 40% à 21% de 1981 à 2001. Des gains ont donc été enregistrés dans la plupart des régions du monde, à l’exception de l’Afrique. Les États-Unis sont fortement engagés dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. L’an dernier l’APD versée par notre pays a atteint 15,8 milliards de dollars, a indiqué M. Wade en notant que l’APD américaine avait connu une augmentation de 12% par an depuis 2001. Le Président Bush a d’autre part lancé le « Millenium Challenge Account » qui encourage et facilite l’adoption de bonnes politiques sociales et économiques par les pays en développement qui veulent y être éligibles. Ce compte fera passer l’APD des États-Unis de 15,8 milliards à plus de 20 milliards. En 2003, a indiqué le représentant, plus de 95% des importations des États-Unis en provenance des pays éligibles à l’African Growth Opportunity Act (AGOA) sont entrées sur le marché américain sans aucun droit de douane. 24 des 37 pays éligibles à l’AGOA le sont aussi pour les clauses relatives aux produits de confection dans le cadre de cette loi.
Conjointement aux soutiens qu’ils apportent aux pays en développement en matière commerciale, les États-Unis, a dit M. Wade, participent à la lutte contre la pandémie du VIH/sida. À travers le Plan d’urgence contre le sida créé par le Président Bush, notre pays s’est engagé à verser 15 milliards de dollars sur cinq ans au Fonds d’urgence institué à cet effet. Ces fonds iront à 14 des pays les plus touchés, qui sont en Afrique, et dont sept sont des PMA. En outre, les États-Unis, a dit M. Wade, sont un gros contributeur au Fonds mondial contre le VIH/sida et les maladies infectieuses, dont la tuberculose et le paludisme. Concernant les PMA eux-mêmes, a poursuivi le représentant, les Etats-Unis espèrent que la présente session de l’ECOSOC débattra du processus de graduation de la liste des PMA. Certains pays classés PMA ne répondent plus à notre avis aux critères de cette catégorie, a dit M. Wade en indiquant que d’autres pays, qui ont des critères semblables à ceux des pays en question, ne sont pas classés PMA.
M. ROGATIEN BIAOU, Ministre des affaires étrangères du Bénin, au nom des PMA, a souligné le caractère inédit du Programme d’action de Bruxelles qui trouve son origine dans le fait qu’il renferme des engagements mutuels consentis par les PMA et leurs partenaires au développement. La mise en œuvre du Programme devrait assurer des progrès substantiels en vue d’enrayer la marginalisation économique des PMA et de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté. Or, a confié le Ministre, l’espoir s’émousse déjà au regard de l’exécution très faible du Programme. Nous sommes inquiets et préoccupés et nous nous demandons si ce programme ne finira pas par connaître le même sort que ses deux prédécesseurs. Le Ministre s’est donc félicité du thème choisi pour cette session qui, a-t-il espéré, devrait voir émerger des meilleures initiatives pour garder le Programme à flot. Il est essentiel, a-t-il dit, de promouvoir, aux niveaux national et international, un environnement propice à la mobilisation des ressources mais aussi à un cadre idoine pour leur utilisation. Les PMA, a-t-il poursuivi, s’emploient à mettre en place un environnement juridique et réglementaire adéquat et il est temps que l’action des partenaires réponde à celle des PMA. Il est attendu d’eux qu’ils suivent les mêmes dispositions aux fins d’assurer la transparence et l’efficacité de l’octroi de leur aide, d’une manière prévisible. Ces conditions essentielles, a promis le Ministre, permettront le renforcement de l’action de la mobilisation des ressources. Cette action pourrait aussi porter sur l’APD et la dette.
À ce propos, le Ministre a appelé à une mise en œuvre plus efficace de l’Initiative PPTE mais aussi à une annulation pure et simple de la dette bilatérale. Si l’on peut annuler la dette de l’Iraq, on peut en faire autant pour celle des PMA, a-t-il insisté avant d’en venir à la question du commerce et de demander, pour les produits des PMA, un accès sans quota et sans restriction tarifaire et non tarifaire aux marchés des pays industrialisés. Le Ministre a particulièrement dénoncé les subventions agricoles qui rendent les produits des PMA moins compétitifs et affaiblissent leur capacité de production. Il a conclu en appelant à des mesures plus ambitieuses pour faciliter les flux d’IED et les transferts de fonds des travailleurs ressortissants des PMA à l’étranger.
M. ROBERTO ANTONIONE, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a présenté les domaines d’action prioritaires de l’Italie, à savoir la sécurité alimentaire et le développement rural, l’éducation, l’accès aux services de santé, la lutte contre les pandémies de maladies infectieuses, le développement du secteur privé, la prévention des conflits et la reconstruction. Il a précisé qu’au cours de la dernière décennie, la part de l’APD italienne consacrée aux PMA avait considérablement augmenté et était passée de 17,5% à 29,5% entre 2000 et 2003 et que l’objectif de son pays était d’atteindre une APD représentant 0,33% de son PIB d’ici à 2006. L’Italie est prête aujourd’hui à annuler 2,5 milliards de dollars de dettes dans le cadre de l’Initiative PPTE après en avoir déjà effacé deux milliards. En 2001, l’Italie a décidé d’annuler la dette bien au–delà des dispositions proposées par l’Initiative PPTE. Il a déclaré que la lutte contre la pauvreté passait par la préservation des ressources naturelles des PMA et leur accès à des outils technologiques et financiers leur permettant de réaliser le développement durable. Il a présenté l’initiative « E-gouvernement pour le développement » lancé par l’Italie en 2002, avec comme objectif d’améliorer la qualité des services publics, de stimuler la compétitivité de l’économie, et de promouvoir l’utilisation des TIC au service de la promotion de la démocratie, de l’efficacité et de la transparence dans les pays en développement. Nous souhaitons l’adoption de plans régionaux en matière de lutte pour la sécurité alimentaire, a insisté le Ministre italien, et l’adoption de modes de consommation durables encouragés par le biais de stratégies nationales. En tant que membre de l’UE, l’Italie s’engage à ce que les négociations commerciales reprennent dès que possible et prennent en considération les attentes et spécificités des PMA. En conclusion, il a insisté sur la nécessité d’impliquer la société civile et notamment les ONG à la réalisation des Objectifs de développement des PMA.
M. YURI FEDOTOV, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que celle-ci était prête à s’engager plus résolument dans une coopération internationale bénéficiant beaucoup plus aux PMA. Nous pensons qu’il est nécessaire de donner un nouvel élan à cette coopération, a-t-il dit. Nous estimons que la priorité devrait être accordée à la coordination des politiques et à la nécessité d’augmenter l’aide destinée aux PMA tout en aidant ces derniers à formuler leur stratégies de développement, à renforcer leurs capacités et à conduire leurs réformes. L’amélioration des schémas de taxation, l’inclusion des Objectifs de développement du Millénaire dans leurs politiques nationales et, entre autres, l’amélioration des prestations des prestations de leurs administrations publiques sont essentielles aux PMA. Le service de la dette ayant un poids souvent insupportable, il est nécessaire de soutenir et de renforcer des mesures de l’Initiative PPTE qui bénéficieraient aux pays les plus pauvres, a dit M. Fedotov. À cet égard, la Fédération de Russie, à qui 26 milliards de dollars sont dus, accordera des réductions de dettes dans le cadre du Club de Paris. Ces réductions devraient faire baisser le montant des dettes qui lui sont dues à 600 millions de dollars. Nous soutenons d’autre part, a dit M. Fedotov, les initiatives visant à donner un meilleur accès aux marchés aux produits des PMA, dont le Systèmes de préférences généralisées. Notre pays a mis en place à cet égard des lois qui permettent aux biens traditionnels des PMA d’avoir accès au marché russe sans taxes et sans contingentements. Plus de 80% de nos importations en provenance de l’Afrique bénéficient de ces avantages.
M. SARUNAS ADOMAVICIUS, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Lituanie, a conseillé aux PMA de déterminer eux-mêmes les mesures à prendre en se fondant sur l’expérience des autres pays, sur les meilleures pratiques et sur l’analyse de situations particulières. Le Sous-Secrétaire d’État a ainsi indiqué qu’après des réformes difficiles, son pays a enregistré, l’année dernière, un taux de croissance de 9%, en devenant ainsi l’économie la plus rapide du monde. Cela prouve, s’est-il félicité, que la stratégie économique et sociale de la Lituanie, complétée par l’appui de la communauté internationale a été payante. La manière dont le pays a mis en œuvre ses réformes et mis en place un modèle économique ouvert peut-être une inspiration pour d’autres. Le chemin douloureux vers l’indépendance a montré que toute réforme doit se fonder sur une approche qui assure l’équilibre entre les aspects économiques, sociaux et environnementaux non seulement dans les pays mais aussi dans la région. La coopération régionale est en effet le moyen le plus efficace de lutter contre la pauvreté et le sous-développement. Aujourd’hui, a conclu le Sous-Secrétaire, la Lituanie est passée du statut de pays récipiendaire à celui de pays donateur. Elle est prête à aider les PMA à lutter contre la pauvreté dans le cadre de la coopération au développement de l’Union européenne et des Nations Unies.
M. MAKHMUD MAMED-KULIYEV, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a reconnu que la responsabilité du développement incombait prioritairement aux États, tout en insistant sur la nécessité de rappeler aux pays développés qu’ils devaient respecter leurs engagements financiers. Les efforts des PMA pour promouvoir la bonne gouvernance et la transparence et créer un environnement favorable à la croissance économique doivent être appuyés par les pays développés. S’agissant de la préservation des ressources naturelles dont dépendent tant les pays en développement, il a présenté les efforts de son pays pour mieux gérer les revenus de ces ressources et notamment du pétrole. Si les initiatives sont transparentes et si la société peut suivre la distribution des revenus, nous progressons et gagnons en efficacité. L’intervenant a suggéré que les efforts de la communauté internationale se concentrent sur l’intégration des PMA dans l’économie mondiale. Cela passe par l’accroissement des relations commerciales avec les pays en développement et surtout la mise en œuvre de conditions de faveur et la levée des barrières commerciales. À cet égard, il a particulièrement insisté sur les besoins des pays sans littoral en souhaitant que ces derniers puissent adhérer à l’OMC. Il s’est proposé d’accueillir des étudiants des PMA pour leur transmettre l’expérience de l’Azerbaïdjan.
M. JEAN-MAURICE RIPERT, Directeur général des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères de la France, a déclaré que l’exigence de solidarité était primordiale comme l’ont rappelé les grandes conférences tenues au cours des années 1990. Le segment de haut niveau de l’ECOSOC prend une importance particulière, venant au moment où les chefs d’État se préparent à se réunir lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies. La France se réjouit que les PMA soient au centre des débats de l’ECOSOC, quatre ans après la Conférence de Bruxelles, a dit M. Ripert. La réduction de la pauvreté devrait d’abord être pensée en considérant les PMA, qui sont le maillon le plus faible de la communauté internationale. Bien qu’une certaine réduction de la pauvreté ait pu être observée dans les pays émergents, elle ne s’est pas produite dans les PMA, a-t-il fait observer. La bonne gouvernance est indispensable, ainsi que la mise en place d’un environnement porteur et favorable à la création d’entreprises et aux financements. Les PMA doivent notamment résoudre les questions concernant les femmes, l’organisation du marché qui doivent être débattues, tandis que la communauté internationale de son côté devra tenir les engagements qu’elle a pris. La France, dont l’APD est la plus importante de celle des pays du G-8, augmentera encore cette aide de manière à la porter à 0,5% de son PIB malgré ses propres difficultés budgétaires, a déclaré M. Ripert. Le Président Jacques Chirac, a-t-il poursuivi, a créé un groupe de travail sur cette question, et la France soutient l’idée britannique de la création d’une facilité internationale de financement du développement. L’Union européenne a mis en place l’initiative « Tout sauf les armes », qui donne aux produits des PMA un accès préférentiel et sans taxation aux marchés européens. Le Plan d’action sur les produits de base adopté par l’Union européenne et les négociations menées sur la question du coton sont des initiatives encourageantes, a noté l’orateur. La pauvreté n’étant pas une fatalité, la France soutient les efforts visant à la réduire de manière efficace, et elle réitère son engagement en faveur du rôle des Nations Unies, forum multilatéral indispensable.
M. KAORU ISHIKAWA, Directeur général du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Japon, a défini les trois piliers que sont l’éducation, la santé et la parité entre les sexes comme les plus importants éléments de la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire. Il est également indispensable de créer un environnement national solide et favorable à la croissance économique, libéré de toute corruption. Il a rappelé que le Japon a été le principal fournisseur d’APD au cours de ces 10 dernières années totalisant 10% de cette aide mondiale. Il a indiqué que le concept de sécurité humaine était à la base de l’assistance officielle du Japon au développement. Si nous voulons construire une nation, il faut que le citoyen ordinaire soit associé à ce processus. Il a abordé le problème des catastrophes naturelles qui viennent parfois anéantir des années d’effort et de croissance économique. Si nous ne pouvons pas empêcher les catastrophes naturelles, nous pouvons prévenir les populations et leur recommander où et quand s’abriter et ainsi les aider à accroître leurs actions de prévention. En conclusion, il a assuré que le Japon continuera de défendre ceux qui sont dans le besoin dans un esprit de solidarité et non de charité.
M. ANTOLIY A. DRON, Premier Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a partagé les inquiétudes de l’ensemble des délégations quant aux tendances de la mobilisation des ressources financières qui ne correspondent pas aux engagements du Programme d’action de Bruxelles. Il s’est félicité des recommandations contenues dans le rapport pertinent du Secrétaire général en arguant que si son pays ne fait pas partie des PMA, il est confronté à des problèmes similaires. Il a donc jugé indispensable que la communauté internationale accélère l’intégration des économies en transition dans le système commercial international. Ces pays qui sont des donateurs potentiels pourraient contribuer à élargir la base de l’aide internationale, a-t-il insisté. Estimant que la source la plus importante du financement du développement demeure les ressources internes, il a prôné une réforme structurelle et un recours efficace aux instruments existants. En Ukraine, a-t-il indiqué, les réformes ont permis d’élargir l’assiette fiscale, d’accroître les ressources internes et de multiplier les débouchés commerciaux. Les efforts continuent, a-t-il affirmé en particulier dans le domaine de l’adaptation des systèmes aux normes internationales, notamment dans le domaine du blanchiment d’argent.
M. CHEM WIDHYA, Secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères et de la coopération du Cambodge, a déclaré que les PMA n’avaient tiré aucun bénéfice de la mondialisation. Après plus de 20 ans de conflit interne, le Cambodge a besoin d’aide, bien que ces dernières années il ait connu une croissance assez stable et soutenue. La pauvreté n’a pas diminué dans notre pays du fait de l’accroissement régulier de la population, a déclaré le représentant, en indiquant que son pays avait lancé un programme national de lutte contre la pauvreté qui est en train d’être mis en œuvre dans plusieurs secteurs. La bonne gouvernance a été placée au centre de ce Programme et des priorités de développement au cours de la période 2004-2005, a dit M. Widhya. Les pays développés devraient remplir leurs engagements en créant un environnement propice au développement national des PMA, a-t-il estimé en déclarant qu’un rôle accru des partenaires au développement est crucial pour permettre aux PMA de parvenir à une plus grande stabilité économique et politique. Nous les appelons à soutenir le renforcement des capacités humaines et institutionnelles des PMA et à mettre à la disposition des pays en développement les ressources financières et les technologies dont ils ont besoin. Les pays devraient d’autre part respecter les engagements qu’ils ont pris en ce qui concerne le versement de l’APD, dont le niveau des ressources en faveur des PMA doit passer, en 2006, de 0,15% à 0,2% du PIB des pays développés. Le Cambodge, a poursuivi l’orateur, appelle d’autre part les pays riches à améliorer l’accès des produits des PMA à leurs marchés, notamment en ce qui concerne les produits agricoles.
M. MAGAJI MOHAMMED, Ministre de l’industrie du Nigéria, s’est dit conscient de la nécessité pour les pays africains d’adopter des politiques et stratégies nationales afin de combattre la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire. Il a défini la mobilisation des ressources comme une arme essentielle dans la lutte contre la pauvreté. Il a expliqué que le Nigéria a, dans cette optique, développé une stratégie de développement et d’autonomisation nationale qui a pour objectif de mobiliser les ressources nationales au profit du développement local. Nous nous proposons de développer les ressources humaines de nos zones rurales par le biais de programmes de formation. Nous avons favorisé le développement du microcrédit pour permettre aux communautés les plus démunies d’avoir accès à des financements leur permettant de sortir de la pauvreté. Malgré ces initiatives, les obstacles demeurent, tels la faiblesse des investissements étrangers directs et de l’APD, qui sont en diminution, mais aussi la persistance des barrières commerciales, du fardeau de la dette et les conséquences des subventions agricoles des pays du Nord. Invoquant le principe de la responsabilité partagée, il a sollicité un soutien de la communauté internationale aux efforts déployés par les plus démunis pour promouvoir la bonne gouvernance et créer un environnement porteur. Par ailleurs, il a souhaité la mise en place d’une stratégie particulière pour les pays en développement sortant de conflit.
M. MASOOD AHMED, Directeur général pour les politiques et le développement international du Département du développement international du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, s’est félicité que le rapport pertinent du Secrétaire général mette l’accent sur les problèmes de santé, de la faim et de la pauvreté qui sont particulièrement aigus dans les PMA. En 2000, a-t-il dit, la communauté internationale savait ce qu’il fallait faire, à savoir renforcer la collaboration entre les PMA et les pays industrialisés. Ce qui manque aujourd’hui, a-t-il estimé, c’est la volonté politique. Ceci est d’autant plus important, a-t-il mis en garde, que nous nous approchons peut-être de la dernière chance. Le Directeur général a souhaité que l’on remette en question les idées reçues et que l’on modifie la façon d’agir. Venant à la question de la mobilisation des ressources financières, il s’est dit d’avis que l’APD peut être un catalyseur dans les pays déterminés à lutter contre la pauvreté et à embrasser la bonne gouvernance. Il a rappelé que son pays a, depuis 1997, doublé APD et a l’intention de le doubler encore dans les quatre prochaines années. Il faut néanmoins disposer de davantage de ressources et plus rapidement, a reconnu le Directeur. Par le biais du G-8, a-t-il encore rappelé, le Royaume-Uni s’efforce de proroger l’Initiative PPTE. Mais, a-t-il poursuivi, l’augmentation de l’aide ne peut remplacer l’ouverture des marchés. Un accord sur le Cycle de développement de Doha est essentiel, à cet égard. S’agissant de l’utilisation efficace des ressources, le Directeur général a appelé au renforcement des capacités d’absorption des PMA. Il faut faire en sorte que les ressources de l’APD soient prévisibles, plus efficaces et soient mieux orientées vers la réalisation des objectifs de développement durable.
Pour ce faire, il a voulu que l’on tienne davantage compte des stratégies de réduction de la pauvreté et de développement. En la matière, a-t-il ajouté, la réforme des Nations Unies est la seule façon d’agir. Les pays doivent travailler ensemble plutôt qu’en concurrence et mettre l’accent sur la prestation des services et les résultats à atteindre. Au niveau national, les pays en développement doivent insister davantage sur l’efficacité de l’aide et la réduction des coûts de transaction. Trop peu de voix s’élèvent des pays partenaires sur la primauté de la qualité sur la quantité, s’est-il plaint. Concluant sur le rôle du Conseil économique et social « dont la réputation n’est pas parfaite », le Directeur général a appelé cet organisme à assumer plus efficacement son rôle-clef dans la coordination des activités économiques et sociales de la communauté internationale. Le Royaume-Uni est prêt à apporter sa contribution, a affirmé le Directeur général en espérant que le Groupe de personnalités éminentes du Secrétaire général présentera sous peu des recommandations concrètes.
M. SERGE CHAPPATTE, Directeur général adjoint de l’Agence suisse pour le développement et la coopération au Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a déclaré que plus du tiers des pays africains étaient soit plongés dans des conflits, soit en train de chercher à en sortir. Ces conflits anéantissant tout espoir de développement et, il est essentiel que des solutions appropriées soient développés et appliquées dans les régions touchées. Elles doivent intégrer les efforts conduits habituellement de manière parallèle dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la promotion du développement économique et social. Cette intégration des efforts devrait comprendre les programmes lancés pour réformer le secteur de la sécurité pour lui donner crédibilité et légitimité; la mise en place de l’état de droit; le respect des droits de l’homme, et des efforts tangibles et substantiels de démocratisation des processus sociaux et politiques dans les pays concernés, a estimé M. Chappatte. Concernant le potentiel de développement lié au marché, le représentant a estimé que les traitements spéciaux et différenciés devront offrir davantage de flexibilité pour la mise en œuvre des différents accords de l’OMC, selon les capacités institutionnelles des PMA. De plus, a recommandé M. Chappatte, les engagements des PMA en matière de réductions tarifaires devront être modulés en vue de tenir compte des circonstances spécifiques de leurs besoins en matière de développement, notamment en ce qui concerne le renforcement des marchés locaux. L’intégration commerciale régionale des PMA est aussi une priorité, a noté le représentant en relevant que les capacités de négociation d’organisations régionales comme l’ANASE, la CARICOM, la CEDEAO ou la SADC ont elles aussi besoin d’un appui. Concernant la question de la dette. M. Chappatte a déclaré que la Suisse avait soutenu l’Initiative PPTE et se réjouissait des propositions visant sa prolongation. Cette initiative, a-t-il cependant recommandé, doit être complétée par une nouvelle stratégie visant à stabiliser à long terme le volume de la dette de ces pays à un niveau soutenable.
M. CESAR GOUVENIA, Directeur adjoint pour les organisations internationales au Ministère des affaires étrangères du Mozambique, s’est inquiété de la faible part des PMA dans le commerce international. Grâce à notre stratégie nationale d’éradication de la pauvreté nous avons enregistré d’importants résultats dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire. Il s’agit notamment de l’augmentation de la production alors que l’investissement étranger direct nous a permis de réaliser différents projets attirant d’autres flux de capitaux pour le développement. C’est grâce à un environnement de paix et de sécurité propice au développement du commerce que nous avons atteint la croissance économique que nous connaissons. Nous continuons de souffrir de certaines difficultés comme des pénuries alimentaires alors que certaines régions connaissent des surproductions. Mais l’insuffisance d’infrastructure nous empêche de faire bénéficier les régions dans le besoin de ces surproductions. La mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles est tributaire de la responsabilité partagée de toutes les parties prenantes et de la mise en œuvre d’un mécanisme de contrôle et de suivi efficace. Il est grand temps que nos partenaires au développement assument leurs responsabilités en augmentant les montants d’investissement destinés à nos pays.
M. GEORGE CHICOTI, Vice-Ministre des relations extérieures de l’Angola, a indiqué qu’en tant que pays sortant d’un conflit, l’Angola continue d’appliquer le Programme de stabilisation macroéconomique du Fonds monétaire international (FMI). Le Gouvernement, a-t-il aussi affirmé, respecte strictement les principes fondamentaux de la bonne gouvernance comme en témoignent la transparence et la responsabilité avec lesquelles il gère les revenus pétroliers. Toutefois, a prévenu le Vice-Ministre, le pays ne pourra surmonter, à court terme, ses limites budgétaires sans une aide de la communauté internationale. L’Angola travaille d‘ailleurs avec ses partenaires des pays industrialisés à la convocation d’une conférence des donateurs, a aussi annoncé le Vice-Ministre. Il a réitéré l’importance pour les pays développés d’honorer leurs engagements en matière d’APD, d’IED, d’annulation de la dette ou encore d’ouverture des marchés. Il est clair, a-t-il poursuivi, que le déclin de l’APD a aggravé la faiblesse de la capacité de production des PMA, de leurs investissements et de leurs échanges commerciaux et élevé leur dette à des niveaux non viables. Insistant sur la nécessaire ouverture des marchés à leurs produits, le Vice-Ministre a souligné le caractère essentiel du commerce pour des pays comme le sien. Les revenus du commerce, a-t-il expliqué, sont un complément essentiel à l’APD et aux autres flux susceptibles de financer la croissance et le développement.
M. ABELARDO MORENO FERNANDEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a déclaré qu’une partie seulement des 18 milliards de dollars dépensés chaque année dans les pays industrialisés en cosmétiques pourraient financer les 12 milliards de dollars dont la communauté internationale a besoin pour assurer la santé génésique de toutes les femmes de la planète. Avec les 17 milliards de dollars que les Américains et les Européens dépensent pour nourrir leurs chiens et leurs chats, on pourrait presque éliminer la faim dans le monde, cette opération nécessitant en tout 19 milliards de dollars. Quand aux 15 milliards consacrés à l’achat de parfums dans les pays riches, on pourrait s’en servir pour mettre trois fois fin à l’analphabétisme dans le monde, a fait remarquer M. Moreno en ajoutant que les 14 milliards qui financent la construction de navires de croisière pourraient largement suffire à fournir de l’eau potable à tous les habitants de la planète. Enfin, a ajouté le Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, les 11 milliards de dollars que les Européens consomment sous forme de crème glacée pourraient assurer huit fois l’immunisation de tous les enfants du monde contre les maladies.
M. FRANCESCO FRANGIALLI, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a présenté l’apport considérable du tourisme à la promotion du développement durable, à la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’emploi dans les PMA. Il a indiqué que ce secteur était certainement le seul dans lequel les économies en développement accusaient un excédent de leur balance commerciale avec les pays développés. Les recettes touristiques des PMA ont plus que doublé au cours des années 90 pour constituer aujourd’hui la principale source de devises, hormis celles liées au pétrole. Si le Botswana et les Maldives peuvent aujourd’hui sortir de la liste des PMA, c’est certainement grâce au tourisme. Souvent le tourisme présente les meilleures alternatives à la survie de l’artisanat, au bâtiment, à l’agriculture et à la pêche dans les pays les plus défavorisés. L’intervenant a appelé à ne pas sous-estimer la contribution de ce secteur en précisant que l’activité touristique représentait globalement un chiffre d’affaires de 514 milliards de dollars, une somme supérieure, selon les années, aux exportations de pétrole. Il a renouvelé l’appel de l’OMT pour une libéralisation à visage humain du tourisme qui permettrait aux pays les plus pauvres de bénéficier de leurs avantages comparatifs en ce domaine. En lançant conjointement avec la CNUCED une opération de lutte contre la pauvreté, l’OMT souhaite mettre l’industrie du tourisme au service des économies les plus démunies.
M. JAKUB WOLSKI, Sous-Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Pologne, a estimé que ce sont d’abord les ressources internes qui doivent financer les efforts de développement, en ajoutant néanmoins que ces efforts resteront vains sans l’aide de la communauté internationale. La Pologne, qui était un pays très endetté, s’est rendu compte que l’échange « dette contre écologie » est un des mécanismes les plus efficaces. Son application a permis au pays de réduire son niveau d’endettement tout en protégeant son environnement. La croissance économique et le développement des PMA, a poursuivi le Sous-Secrétaire d’Etat dépendront de leur part dans le commerce international. La Pologne est convaincue que cette intégration doit se faire parallèlement à la consolidation de la démocratie et de l’état de droit. La Pologne, qui est devenue pays donateur il y a peu, projette une aide atteignant en 2006 un taux de 0,1% de son PNB. Le fait que l’Union européenne soit un des principaux contributeurs de l’aide internationale est un encouragement à aller plus loin, a-t-il affirmé en souhaitant, pour renforcer l’efficacité de cette aide, que la coopération au développement s’adapte mieux aux intérêts des récipiendaires. La Pologne s’est jointe aux pays de l’Union européenne pour harmoniser les priorités en matière de réduction de la pauvreté, a-t-il conclu en précisant que son pays met l’accent sur l’assistance technique à la mise en valeur des ressources humaines et sur l’échange d’expériences en matière de transition vers la démocratie et l’économie de marché.
M. IBRAHIM SESAY, Ministre adjoint du développement et de la planification économique de la Sierra Leone, a déclaré que son pays espérait avoir un document de stratégie de réduction de la pauvreté à la fin du mois de juillet 2004. Quand il sera prêt, ce document sera le principal outil qu’aura à sa disposition la Sierra Leone pour accéder à des ressources pouvant soutenir ses objectifs à moyen terme dans les domaines de la gouvernance, de la relance économique, du développement social et de la mobilisation des ressources nécessaires à sa réhabilitation socioéconomique. De plus, le document de stratégie de réduction de la pauvreté sera le principal moyen de la mise en œuvre des principaux engagements pris dans le cadre des grandes conférences internationales comme le Programme d’action de Bruxelles, les Objectifs de développement du Millénaire, et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Notre Gouvernement, a indiqué M. Sesay, espère en adoptant cette démarche, aider sa population à sortir de la pauvreté qui l’accable.
M. ADOLF KLOKE-LESCH, Directeur général adjoint au Ministère fédéral pour la coopération économique et le développement de l’Allemagne, a indiqué que son pays s’est fixé pour objectif d’atteindre, en 2006, un taux de 0,3% de son PNB pour l’APD. Il a ensuite cité quatre défis auxquels doivent faire face les PMA, dont la promotion de la démocratie, de la société civile et de l’administration publique ainsi que celle des réformes économiques et d’un développement orienté vers l’économie de marché. Il a, dans ce cadre, insisté sur la réalisation de la paix au niveau régional. Au titre du deuxième défi, le Directeur général a cité l’appui à l’amélioration des structures de gouvernance, au renforcement de la croissance économique ainsi qu’à une utilisation optimale des ressources locales pour accroître la mobilisation des ressources domestiques. Compte tenu de la hausse du prix du pétrole, le Directeur général a attiré l’attention sur les résultats de la Conférence internationale sur les énergies renouvelables qui a clairement mis en évidence les avantages des technologies modernes. S’agissant du troisième défi, le Directeur général a énuméré les mesures visant à annuler les dettes commerciales des pays pauvres très endettés et toutes les dettes découlant de la coopération financière avec ces pays et les PMA. L’Allemagne contribue aussi aux coûts résultant des mesures d’annulation de la dette prises par les institutions financières internationales. L’Allemagne, a-t-il ajouté, appuie les initiatives du FMI et de la Banque mondiale visant à développer un cadre réglementaire pour les pays à faible revenu afin de leur éviter un niveau trop élevé d’endettement et de renforcer la viabilité de leur dette. Enfin, le Directeur général a fait part des efforts de son pays pour que les négociations commerciales de l’OMC aboutissent à un régime économique permettant aux pays en développement de tirer le meilleur parti de leurs possibilités. Cela implique, a-t-il précisé, une percée dans les négociations agricoles et en conséquence, l’élimination des subventions agricoles et d’autres mesures d’appui.
M. DJAUHARI ORATMANGUN, Directeur pour les affaires économiques des Nations Unies, du développement et de l’environnement du Département des affaires étrangères de l’Indonésie, a estimé que toute discussion valable sur le financement du développement des PMA doit comprendre la mise au point d’une stratégie globale pour résoudre les questions du commerce, de l’APD et de la dette extérieure. Concernant le commerce, le Directeur a souhaité qu’une solution soit trouvée à la question de la dépendance des PMA vis-à-vis de quelques produits de basée. Cela exige, s’est-il expliqué, que le système commercial multilatéral assure un accès libre et prévisible de ces produits aux marchés des pays industrialisés. Compte tenu de la nécessité pour ces pays de diversifier leur production, le Directeur a aussi appelé à un appui à leurs programmes de renforcement des capacités. Soulignant l’importance toujours réelle de l’APD, le Directeur a préconisé une réforme des mécanismes de fourniture de l’aide. Le Directeur a conclu sur la nécessité de mettre en place un environnement international favorable à la coopération Sud-Sud. Il a, dans ce contexte, attiré l’attention sur le troisième cycle du Système général de préférences commerciales qui a été lancé lors de la CNUCED XI à Sao Paulo. Il a aussi annoncé la célébration en 2005 dans son pays du cinquantième anniversaire du Sommet Afrique-Asie. À cette occasion, a-t-il ajouté, un nouveau partenariat stratégique entre les deux continents devrait être lancé.
M. HAMADI OULD MEIMOU, Commissaire aux droits de l’homme, à la lutte contre la pauvreté et à l’intégration de la Mauritanie, a déclaré que le Gouvernement de la Mauritanie avait mis en place une stratégie de promotion et de renforcement des capacités de la société civile, conçue comme pilier et soutien essentiel à la bonne gouvernance, à l’approfondissement et à la consolidation de l’approche participative, et à la promotion des droits de l’homme. Cette stratégie, a déclaré le représentant, repose sur quatre axes qui se soutiennent et se complètent, et qui sont le dialogue entre l’État et la société civile; l’amélioration du cadre juridique et institutionnel; la valorisation des visions alternatives et l’intégration de la société civile dans les politiques de développement; et le renforcement des capacités institutionnelles de la société civile. La Mauritanie, a indiqué M. Ould Meimou, a conçu et mis en œuvre des programmes concrets en collaboration avec ses partenaires au développement dont le PNUD. Ces programmes participent au renforcement du partenariat entre l’État et la société civile autour de questions-clefs comme la consolidation de l’état de droit, la réforme du secteur judiciaire, la décentralisation, ou encore l’efficacité de la dépense publique.
Intervenant au nom des 13 membres de la CARICOM, M. STUART LESLIE, Représentant permanent de la Mission du Belize auprès des Nations Unies, a estimé que la mondialisation semblait renforcer le cercle vicieux de la pauvreté. Même si la croissance actuelle est la plus forte atteinte depuis l’an 2000, l’expérience de la lutte contre la pauvreté montre que les fruits de la croissance ne bénéficient pas forcément aux plus pauvres. Il a déclaré que l’analyse du rapport sur le développement humain montrait que le niveau de vie avait considérablement chuté dans de nombreux PMA. Il a fait siennes certainement estimations montrant qu’il faudra 120 ans pour permettre à certains pays parmi les plus démunis de parvenir à l’éducation pour tous, 140 ans pour réduire de moitié la proportion de la population vivant dans une pauvreté extrême et 200 ans pour atteindre l’objectif de l’assainissement pour tous. En conclusion, il a estimé que si nous ne sommes pas capables d’atteindre nos objectifs de développement la paix et la stabilité durables resteront un rêve bien difficile à atteindre.
M. WANG GUANGYA WANG, Représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies, s’est félicité des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général. Après s’être déclaré préoccupé par la situation des PMA, il a plaidé pour l’appui et l’aide de la communauté internationale. L’APD revêt une importance capitale pour le développement économique de ces pays, a-t-il insisté en appelant aussi à la réduction de la dette, à la promotion des investissements étrangers directs, et à l’ouverture des marchés aux produits des PMA, en particulier les produits agricoles. En tant que pays en développement dont le PIB est classé à la 100e place mondiale, la Chine fournit pourtant depuis 50 ans une aide variée dans les domaines de l’agriculture, des textiles ou encore de l’électricité. La Chine, a ajouté le représentant, a annulé la dette des PMA africains et réduit celle des Asiatiques. Elle a aussi annulé les taxes sur certains produits provenant de l’Afrique.
M. ROCH-MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, a déclaré, au nom de l’Union interparlementaire (UIP), que l’UIP était profondément préoccupée par les statistiques qui indiquent que les PMA et de nombreux pays en développement n’atteindront pas les Objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015. Le thème de la mobilisation des ressources dont débat aujourd’hui l’ECOSOC a été examiné par l’UIP, a ajouté M. Kaboré. Lors d’une session spéciale de son Conseil directeur, tenue en 2001, l’UIP a invité les pays donateurs à respecter leurs engagements en matière d’APD et a encouragé l’accroissement de flux de capitaux et d’IED vers les pays du Sud, a indiqué M. Kaboré. L’UIP a-t-il poursuivi, a mobilisé et fourni des fonds pour renforcer les parlements et apporter une assistance technique aux assemblées parlementaires de pays comme le Cap-Vert, le Mozambique, la Guinée équatoriale et le Timor-Leste. L’UIP soutient la participation des femmes au processus de prise de décisions et à la vie politique. Elle tient à ce que les préoccupations des femmes soient prises en compte dans les processus budgétaires aux parlements, tant le rôle des femmes est fondamental, dans le soutien qu’elles apportent aux familles et dans leurs activités productrices. Il faut impérativement que les documents de stratégies de lutte contre la pauvreté soient plus systématiquement soumis aux parlements, dans un processus de consultation institutionnalisé, a estimé M. Kaboré.
M. YAHYA AL-YAHYA, Directeur exécutif de l’Arabie saoudite auprès de la Banque mondiale et Chef de la délégation de l’Arabie saoudite, a déclaré qu’il fallait reconnaître que les PMA n’étaient absolument pas responsables de la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient. Il a souligné la nécessité pour ces pays d’élaborer les politiques économiques et sociales en collaboration avec la communauté internationale. Il a exhorté les décideurs politiques des PMA à s’efforcer d’améliorer la mobilisation des ressources. Cela passe par l’amélioration de leurs administrations fiscales et douanières. Il a par ailleurs fait valoir l’importance des fonds envoyés à leur domicile par les travailleurs expatriés. À ce titre, il a noté que 17 milliards de dollars quittaient ainsi chaque année l’Arabie saoudite, une somme aussi importante que l’APD versée par ce pays. Il a indiqué que l’Arabie saoudite avait à ce jour consacré plus de 80 milliards de dollars à l’APD, une aide dont avait bénéficié plus de 70 pays. Il a présenté la meilleure collaboration entre les bénéficiaires de l’APD et les donateurs comme un moyen incontournable d’améliorer l’efficacité de la mobilisation des ressources aux fins de la lutte contre la pauvreté. Enfin, soulignant les conséquences du conflit israélo-arabe sur la pauvreté, il a insisté pour qu’une attention particulière soit accordée à la prévention des conflits.
M. KIM SAM-HOON, Représentant permanent de la République de Corée auprès des Nations Unies, a souligné que son pays peut être envisagé comme un exemple probant de la manière dont un État peut se transformer, en un temps relativement court, en une nouvelle nation industrialisée après avoir été un des pays les plus pauvres du monde. Après avoir expliqué que la République de Corée a tout misé sur des politiques économiques orientées vers les exportations et sur les investissements dans la mise en valeur des ressources humaines, le Représentant s’est attardé sur la question du commerce. Il a conseillé aux PMA de diversifier leurs exportations et de renforcer leurs capacités de production. Dans le même temps, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit œuvrer à créer un système commercial multilatéral favorable aux PMA et renforcer son appui à leurs efforts de renforcement des capacités. À cet égard, le Représentant a rappelé que depuis janvier 2000, son pays a offert un accès sans taxe à quelque 87 produits des PMA et à l’intention d’élargir ce traitement préférentiel. Les revenus fiscaux et l’épargne domestique sont des éléments également importants du financement du développement, a poursuivi le représentant avant de conseiller aux PMA d’améliorer leur système fiscal et d’encourager leurs citoyens à épargner en recourant au secteur bancaire. Le renforcement de la bonne gouvernance et la promotion d’une participation plus large de la population au processus de développement et au renforcement des capacités est essentiel, a insisté le représentant. Pour rompre le cycle « faible revenu, faible épargne, faible investissement et faible croissance », le Représentant a prôné l’augmentation de l’APD et l’allègement de la dette.
Il a indiqué, en l’occurrence, que son pays a accru son APD aux PMA de 19 millions de dollars en 2001 à 55 en 2002. Le pays compte poursuivre dans ce sens, a-t-il promis. Précisant que l’APD coréenne vise surtout la mise en valeur des ressources humaines, il a rappelé que depuis 1991, son pays a invité quelque 3 583 stagiaires des PMA à suivre une formation dans des domaines qui vont de l’agriculture aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC). Quelque 305 experts, médecins et instructeurs de Taikwondo ont, en outre, été déployés à travers les différents PMA. La République de Corée a aussi fait une contribution financière de 10 millions de dollars au Fonds d’affectation de l’Initiative PPTE.
M. JOHN DAUTH, Représentant permanent de l’Australie, a déclaré que la communauté internationale devait prendre un engagement ferme de réduire la pauvreté dans les PMA. Les pays développés ont à cet égard des responsabilités envers les PMA, ils doivent promouvoir la croissance au niveau mondial, améliorer l’accès aux marchés, et augmenter l’APD et son efficacité. Les PMA, pour leur part, doivent promouvoir la stabilité, la bonne gouvernance et la règle de droit. Ils doivent aussi veiller à ce que les ressources nationales soient mises au service de la prestation des services de base et de la construction d’infrastructures. La mauvaise gouvernance mine le développement économique et rend les pays vulnérables au crime transnational et à la corruption. Consciente de ce fait, l’Australie a augmenté son soutien aux programmes de gouvernance de 15% de son APD en 1999-2000, à 33% en 2004-2004, ce qui représente 674 millions de dollars australiens. Reconnaissant les besoins particuliers des PMA, l’Australie accorde un accès sans quota et sans taxe de leurs produits à son marché, a indiqué M. Dauth en encourageant les pays développés et ceux en développement qui le peuvent à prendre le même genre de mesures. Notre pays, a poursuivi le représentant, s’est engagé à aider les pays en développement et notamment les PMA d’Asie-Pacifique, à améliorer leurs capacités commerciales, de manière à ce qu’ils puissent mieux bénéficier de la libéralisation des échanges. Nous exhortons tous les pays à se joindre aux efforts en cours visant la lutte contre la pauvreté, a dit M. Dauth.
M. ABDULAZIZ NASSER R. AL-SHAMSI, Représentant permanent des Émirats arabes unis auprès des Nations Unies, s’est dit inquiet de constater que les objectifs de développement des PMA ne seront pas atteints dans les délais, compte tenu des problèmes particuliers que connaissent ces pays. Selon lui, le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs est d’appliquer les divers programmes d’action arrêtés à l’issue des grandes conférences des Nations Unies. Il a souhaité que la reprise espérée des négociations commerciales soit l’occasion de faciliter l’accès des produits des PMA aux marchés internationaux. Mais il faut aussi que ces derniers mettent tout en œuvre afin de favoriser l’émergence d’un environnement national propice aux investissements étrangers. Il a noté que l’expérience montrait que la richesse nationale n’était pas une garantie suffisante à l’efficacité de la lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi, les Émirats arabes unis ont fait des efforts en matière de promotion de la parité entre les sexes et de formation des plus démunis. Il a insisté sur l’importance de renforcer le secteur privé qui crée quatre fois plus d’emplois que le secteur public. Parmi les autres contributions de son pays, il a indiqué la participation à la reconstruction des pays sortant de conflits.
M. ALI HACHANI, Représentant permanent de la Tunisie auprès des Nations Unies, a souligné que les PMA n’ont pas réussi jusqu’ici à recueillir les dividendes de leurs efforts soutenus. De toute évidence, en a-t-il conclu, ces pays ont besoin du soutien de la communauté internationale qui devrait, dans un sursaut de solidarité, s’attacher à les aider à surmonter bon nombre des difficultés énormes qui font obstacle à leur développement et à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). Le représentant a donc souligné l’importance de l’APD, de l’IED, de l’accès aux marchés et de l’allègement de la dette. Cependant, a-t-il estimé, il faut trouver de nouvelles méthodes pour la mobilisation des ressources lesquelles doivent se fonder sur la coopération, la solidarité et l'entraide. Rappelant que son pays a préconisé la création du Fonds mondial de solidarité de lutte contre la pauvreté, il a voulu qu’il soit l’illustration concrète des responsabilités réciproques et permette d’aider les populations à se soustraire à leur dénuement par une action directe caractérisée par des microprojets financés par des contributions volontaires provenant tant des gouvernements que des entreprises privées, des fondations ou des citoyens de tous les pays. Le représentant a d’ailleurs annoncé que le Comité de haut niveau chargé de la gestion du Fonds de la mobilisation des ressources financières tiendra prochainement sa première réunion avec l’assistance du PNUD. Il a aussi souligné l’importance du Sommet mondial sur la société de l’information dont la deuxième phase se tiendra à Tunis du 16 au 18 novembre 2005.
M. MOHAMED BENNOUNA, Représentant permanent du Maroc aux Nations Unies, a déclaré que le Roi du Maroc venait d’effectuer une visite dans cinq pays africains du Sud du Sahara, dont le Bénin, Président du Groupe des PMA. Cette visite avait pour objet la stimulation de la coopération économique, commerciale, technique et culturelle avec ces pays à travers des projets de développement communs. La mobilisation de ressources nationales reste difficile au sein des PMA du fait de la pauvreté de leurs populations et du bas niveau des revenus, a poursuivi le représentant en soulignant que bien souvent, plus de 50% de la population vivaient avec moins d’un dollar par jour. Mais la difficulté de mobiliser des ressources est aussi due à un environnement international qui n’est pas favorable aux PMA et ne leur permet pas de développer leurs capacités et leur potentiel de production et de commercialisation. Les exportations des PMA, a noté M. Bennouna, souffrent de toutes sortes de protectionnismes sur les marchés des pays développés. 42% seulement de ces produits y ont accès, contre 49% pour ceux des autres pays en développement. Cette donnée est une expression du déséquilibre qui caractérise les relations commerciales internationales entre le Sud et le Nord et l’absence de solidarité avec les pays les plus vulnérables. L’affaire du coton, a indiqué le représentant, est à cet égard révélatrice. Comment les producteurs de coton africains peuvent-ils atteindre les Objectifs de développement du Millénaire si les pays développés continuent à subventionner massivement leurs producteurs, s’est-il interrogé? Le Maroc, a annoncé M. Bennouna, a décidé de garantir un accès libre à son marché aux exportations des PMA africains, et il lance un appel aux pays développés et aux autres pays en développement pour qu’ils le fassent également, sans quota et sans autre condition.
Mme MARY ANN GLENDON, Chef de la délégation du Saint-Siège à la réunion de l’ECOSOC, s’est dite déçue de constater les difficultés des PMA à atteindre leurs objectifs en matière de lutte contre la pauvreté alors que nous disposons de toutes les clefs pour qu’ils y parviennent. Elle a souhaité que toute mesure soit prise en tenant compte de la nécessité de protéger la dignité des personnes et de leur environnement social. Les pays en développement sont pauvres en infrastructures mais riches en potentiel humain. Il faut s’attacher à la situation des femmes et les jeunes filles qui sont les premières touchées par les conséquences de la pauvreté. Elle a affirmé que l’obstacle principal demeurait l’absence de volonté politique. Elle a dénoncé le manque d’imagination dont font preuve les plus riches à travers le monde pour offrir la santé et l’éducation aux plus démunis. Le temps est venu, a-t-elle conclu, de mettre un terme à la division du monde en zone de pauvreté et zone d’abondance et le meilleur moyen d’y parvenir est d’appliquer les recommandations des grandes conférences des Nations Unies.
M. NOUREINI TIDJANI-SERPOS, Directeur général adjoint pour l’Afrique à l’UNESCO, a déclaré que l’obstacle principal à lever était le handicap lié à la petite taille des PMA. Ces États ont besoin d’intégration régionale et dans ce cadre, en Afrique, le NEPAD pourrait jouer un rôle de promotion de la cohérence, notamment dans le domaine de l’éducation. L’UNESCO soutient que les élèves africains devraient tous utiliser les mêmes manuels scolaires, publiés en Afrique, de manière à créer une conscience commune entre les jeunes du continent qui comprendront ainsi qu’ils ont un destin commun. Les organisations sous-régionales africaines et les universités créées par leurs différents États membres sont incapables, de par leur petite taille, de suivre l’évolution des connaissances, et de ce fait de s’arrimer aux évolutions mondiales. Les conflits et la propagation du VIH/sida affectent le corps enseignant et privent les enfants des rares possibilités d’acquisition de connaissance qu’ils auraient pu avoir, a dit le représentant. L’Afrique est victime de la destruction de son écosystème et du braconnage de son patrimoine culturel, notamment dans les zones de situations post-conflits. Il est donc impossible d’y mettre en œuvre le Programme d’action de Bruxelles. Parler de mobilisation des ressources pour l’UNESCO, c’est d’abord mobiliser les ressources humaines africaines de manière à créer une masse critique qui puisse donner ses chances au continent. La question de l’eau étant primordiale, l’UNESCO estime qu’il faut formuler des politiques et des plans d’action visant la fourniture de ce bien indispensable aux populations africaines. La mobilisation de la société civile dans les PMA africains doit remplacer la quête de l’APD. Il est temps que les Africains et les autres peuples vivant dans la pauvreté se prennent en mains et restaurent eux-mêmes leur dignité.
M. KUNIO WAKI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que le FNUAP accorde une certaine priorité aux PMA. Il a estimé qu’en tant que système, les Nations Unies doivent mieux utiliser les ressources, les compétences et mettre à profit la base du savoir. Les enjeux sont de taille, a-t-il poursuivi, en citant la résolution des conflits civils et leur corollaire le déplacement des populations, la migration internationale et son revers de la médaille, la fuite des cerveaux et l’expansion démographique et sa conséquence actuelle, une forte population de jeunes exposée au VIH/sida. Il faut veiller à ce que l’investissement dans la lutte contre la pauvreté et dans la santé, y compris la santé sexuelle devienne la priorité dans les PMA.
M. DAVID HARCHARIK, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a exhorté la communauté internationale a ne pas sous-estimer la contribution de l’agriculture à l’élimination de la pauvreté lorsque l’on considère que 50 millions de personnes ont rejoint au cours de ces 10 dernières années les rangs de ceux qui ont faim portant leur nombre total à 245 millions soit 37% de la population des PMA. Investir dans l’agriculture est le meilleur moyen de réduire l’incidence de la faim chronique et c’est aussi le meilleur moyen d’ouvrir la voie à la croissance et à la réduction de la pauvreté. Cela passe par l’amélioration des conditions de la vie rurale, notamment par l’augmentation de la productivité des petites exploitations agricoles. La faim entrave la croissance économique et perpétue la pauvreté. Les mesures pour réduire la faim constituent donc un préalable incontournable à la relance de la croissance, d’autant plus que l’on constate que 75% des pauvres des PMA vivent en milieu rural et dépendent donc directement de l’agriculture pour survivre. L’amélioration de la productivité agricole a permis d’augmenter la production dans d’autres branches économiques. Par ailleurs, il a indiqué que l’aide extérieure destinée à l’agriculture des PMA avait diminué de moitié dans les années 90 par rapport à ce qu’elle était dans les années 80. En conclusion, il a souhaité que les stratégies d’aide accordent une plus grande priorité aux objectifs de réduction de la faim.
M. CHARLES VINCENT, Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé aux personnes qui ont « la chance d’avoir des revenus élevés » que même une hausse minime du prix des produits de base peut avoir un effet catastrophique sur la sécurité alimentaire des familles pauvres. Pour ceux qui dépendent de l’aide alimentaire, trois nouveaux facteurs rendront l’année 2004 encore plus difficile, a-t-il annoncé. Il a d’abord indiqué que presque tous les membres du G-8 –principaux pourvoyeurs d’aide alimentaire– connaissent des déficits budgétaires. Ensuite, le PAM et les autres programmes qui reçoivent leurs contributions en dollars vont subir le contrecoup de la chute de cette devise. Enfin, ces deux facteurs surviennent au moment même où l’aide alimentaire est à son niveau le plus bas depuis cinq ans. Depuis 1999, le volume de l’aide humanitaire a chuté d’un tiers. « Quand derrière les chiffres se cache un visage », a-t-il poursuivi, on ne peut empêcher l’émotion de vous submerger. Si la plupart des économistes s’accordent pour dire que le nouvel accord commercial auquel aboutira le Cycle de Doha est à long terme une bonne nouvelle, ils ne doivent pas pour autant oublier que ce sont les populations des pays pauvres qui, dépendant des importations alimentaires, paieront d’abord le prix fort. Avec l’élimination des subventions agricoles, les prix des produits alimentaires ne pourra qu’augmenter, a-t-il mis en garde. Le danger est que les négociations internationales sur le commerce agricole traitent l’aide alimentaire comme un surplus et visent à l’abolir. Il a conclu en indiquant que le PAM a doublé les montants affectés aux PMA en 2002 et de 73% en 2003. Il n’y pas de miracle, a-t-il fait observer, les personnes vivant dans la faim se trouvent dans les pays les pauvres.
M. ROBERT BARNES, représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré qu’il était difficile d’envisager des programmes de réduction de la pauvreté dans une société discriminatoire et intolérante. Les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge travaillent avec les Volontaires des Nations Unies dans certaines régions pour venir en aide à des populations victimes de catastrophes et ne recevant pas une aide suffisante de leurs gouvernements ou de la communauté internationale. Nous sommes encouragés par le rapport du Secrétaire général qui reconnaît l’importance pour l’ONU de la construction de partenariats avec les organisations humanitaires dans les efforts de lutte contre la pauvreté, a dit M. Barnes. Organisation de plus de 100 millions de membres et de volontaires à travers le monde, les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont la confiance des communautés et des groupes auxquels elles viennent en aide. Leurs liens avec les populations locales, les gouvernements, les donateurs, les médias et le secteur privé, leur permettent de mener de manière efficace les tâches de secours humanitaire qu’elles s’assignent en milieu pauvre.
Mme STELLA DAVIS, représentante du Forum de la coalition des ONG, États-Unis, a appelé à un cadre politique axé sur les populations pour faciliter la participation de la majorité aux processus de prise de décisions. Faisant part des recommandations du Forum, elle a cité le renforcement des capacités, la baisse des dépenses militaires, la transparence et la responsabilité dans la gestion publique et l’adoption d’une démarche fondée sur les droits économiques et sociaux. Elle a aussi cité l’autonomisation des femmes, la promotion de l’éducation pour tous, l’amélioration de l’accès au travail par le biais de la formation, le renforcement de la lutte contre le VIH/sida et les maladies infectieuses et la promotion de l’accès aux TIC. Poursuivant, elle a également cité l’augmentation de l’APD, les réformes agraires, notamment le développement des coopératives rurales, la réforme du droit foncier en faveur des femmes, l’élimination des barrières commerciales et la responsabilisation des multinationales qui investissements dans les PMA. La représentante a enfin cité le respect strict du principe pollueur-payeur, l’annulation de la dette et le réexamen de la question du service de la dette en vue de réaffecter les ressources qui sont affectées au développement économique et social.
Mme NOUAKCHOTT, Association mauritanienne pour le bien-être et le secours de l’enfant et de la mère, a souligné la contribution décisive des ONG et de la société civile aux objectifs de la communauté internationale en matière de mobilisation des ressources aux fins de l’élimination de la pauvreté. Elle a regretté que les pays développés aient dans leur ensemble manqué à leurs engagements en matière d’APD mais aussi en matière de réduction de la fracture numérique eu égard à la contribution des technologies de l’information et de la communication aux objectifs du développement. Elle a souligné la nécessité de dresser un bilan des ressources existantes afin de mettre en œuvre des plans de développement correspondants. Elle a souhaité que les handicapés soient intégrés dans le processus du développement. Elle a insisté sur l’importance de promouvoir la micro-entreprise et son accès au microcrédit. Elle a demandé l’annulation des dettes des PMA et le lancement d’un plan Marshall au profit du développement durable des PMA. Enfin, elle a jugé urgent de favoriser la création dans les pays en développement d’un cadre institutionnel et juridique propice à l’intervention des ONG et de la société civile en général. Elle a souligné l’importance de promouvoir les partenariats entre la société civile et les organismes des Nations Unies et les institutions intergouvernementales.
M. NICK ANKLE, représentant du Forum de la coalition Kelowna des ONG du Canada, a déclaré que ces organisations demandent la mise en place de démarches intégrées de lutte contre la pauvreté. Le Gouvernement du Canada doit s’attaquer à la résolution durable des questions de la dette, de la participation des femmes au développement, et de l’accès des pauvres aux médicaments. Les ONG pourraient participer à la diffusion des bonnes pratiques de gestion des médicaments et des ressources lors des campanes de lutte contre la pandémie du VIH/sida qui affecte les PMA.
Ont pris la parole aujourd’hui les ministres/responsables des pays suivants: Qatar (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Irlande (au nom de l’Union européenne), Namibie, Finlande, République-Unie de Tanzanie, Burundi, Haïti, Ouganda, Etats-Unis, Bénin, Italie, Fédération de Russie, Lituanie, Azerbaïdjan, France, Japon Ukraine, Cambodge, Nigéria, Royaume-Uni, Suisse, Mozambique, Angola, Cuba, Allemagne, Indonésie, Mauritanie, Belize, Chine, Burkina Faso, Arabie saoudite, République de Corée, Australie Émirats arabes unis, Tunisie et Maroc.
Ont également pris la parole au cours du débat: Organisation internationale du tourisme, Saint-Siège, UNESCO, FNUAP, FAO, PAM, CICR, ainsi que trois ONG.
En début de séance, le Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, M. Anwarul Chodhury, Secrétaire général adjoint, a fait une déclaration liminaire.
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