ECOSOC/6060

LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ET L’OMC PRONENT, AVEC L’ECOSOC ET LA CNUCED, LA COHERENCE ENTRE LES POLITIQUES FINANCIERES, COMMERCIALES ET DE DEVELOPPEMENT

26/04/04
Communiqué de presse
ECOSOC/6060


Conseil économique et social

Réunion spéciale de haut niveau avec

les institutions de Bretton Woods et

l’Organisation mondiale du commerce

8e & 9e séances – matin & après-midi


LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ET L’OMC PRONENT, AVEC L’ECOSOC ET LA CNUCED,

LA COHERENCE ENTRE LES POLITIQUES FINANCIERES, COMMERCIALES ET DE DEVELOPPEMENT


La cohérence, la coordination et la coopération dans le contexte de l’application du Consensus de Monterrey est le thème que le Conseil économique et social a choisi pour sa réunion de haut niveau annuelle avec les ministres des Etats représentés au sein des institutions de Bretton Woods, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et pour la première fois, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  Adopté, en février 2002, à l’issue de la Conférence internationale sur le financement du développement, le Consensus de Monterrey édicte les mesures financières nécessaires à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM). 


Lorsqu’en 2000, le monde s’est entendu sur ces objectifs, la date butoir de l’an 2015 semblait encore loin, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU qui est intervenu aujourd’hui aux côtés de la Présidente du Conseil économique et social, du Président de l’Assemblée générale et des Ministres des finances du Qatar et de l’Irlande, respectivement Présidents en exercice du Groupe des 77 et de la Chine, et de l’Union européenne. 


Kofi Annan a prévenu que deux ans après le Consensus de Monterrey, l’application des décisions est trop lente, le manque de cohésion reste un problème, et dans le domaine important du commerce, le bilan reste décevant.  Le Secrétaire général est arrivé avec quatre recommandations(1).  Il a préconisé, entre autres, que les négociations, lancées à Doha, par la quatrième Réunion ministérielle de l’OMC mènent, comme convenu, au libre accès aux marchés et à l’élimination des politiques de subventions.  Nous ne pouvons à la fois soutenir le développement et nier l’accès des pays du Sud aux marchés mondiaux, a renchéri le Président du Groupe des 77 et de la Chine qui a appelé à une correspondance entre la libéralisation du mouvement des capitaux et celle du commerce et de la circulation des personnes.


La participation effective des pays du Sud au commerce international, conjuguée à une aide octroyée sur une base plus concessionnelle, a même été présentée par le Ministre qatari comme une solution durable au problème de la dette extérieure.  Comme solution immédiate, le Ministre des finances de l’Irlande a rappelé la décision des Etats membres de l’Union européenne d’aller au-delà des exigences de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et d’annuler la totalité des montants dus, par les pays bénéficiaires de l’Initiative, au titre de la « dette pré-date butoir ».  A l’instar du Secrétaire général, le Ministre irlandais a reconnu le problème de la viabilité de la dette des pays à faibles et à moyens revenus. 


La recherche d’une solution durable au problème de la dette, la facilitation de l’accès aux marchés, l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), le renforcement de son efficacité par des mécanismes tels que la Déclaration de Rome sur l’harmonisation ou les Documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP), l’adoption de mesures novatrices telles que la création de la facilité financière mondiale, et l’augmentation des flux d’investissements directs étrangers (IED) ont été rappelés aux pays du Nord comme étant la responsabilité qu’ils ont acceptée d’assumer en vertu du Consensus de Monterrey. 


S’ils ont reconnu leur responsabilité d’améliorer la gouvernance, la gestion économique et le climat d’investissements, les pays du Sud ont néanmoins rappelé qu’au titre du « Pacte » scellé à Monterrey, cette bonne gouvernance doit s’accompagner d’une démocratisation de la gouvernance économique mondiale.  Le Président du Groupe des 77 et de la Chine a, en conséquence, plaidé, une nouvelle fois, pour que les pays du Sud puissent faire entendre leur voix dans les processus de prise de décisions de l’OMC, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).  Les dernières réunions de ces deux institutions de Bretton Woods ont été présentées aujourd’hui par le Ministre des finances du Nigéria et Présidente par intérim du Comité du développement, et par le Représentant désigné du Président du Comité monétaire financier et international. 


Après que le Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED ait présenté les travaux de la cinquantième session de l’instance qu’il dirige, le Conseil économique et social a placé ses nombreux invités autour de six tables rondes pour discuter plus en profondeur de l’impact des investissements privés et des questions commerciales sur le financement du développement ; du rôle des institutions multilatérales dans la réalisation des ODM ; et de la viabilité et de l’allègement de la dette.  Les conclusions de ces discussions ont été présentées par le Secrétaire général de la CNUCED, le Ministre des finances et des affaires économiques du Pakistan, le Ministre du développement international de la Norvège, le Ministre de l’économie de l’Albanie, et le Directeur exécutif principal du FMI.


Ces tables rondes ont abordé, entre autres, les questions liées au mécanisme d’intégration au commerce mondial proposé par le FMI, au lancement d’un nouveau partenariat sur les produits de base, à la libre circulation des personnes compte tenu des montants impliqués dans les transferts de fonds effectués par les émigrés, au code de conduite des créanciers et des débiteurs ou encore à la nouvelle méthodologie de la Banque mondiale et du FMI pour la gestion de la dette. 


Le Conseil économique et social a poursuivi sa réunion de haut niveau avec les interventions du représentant d’une ONG et de celui d’une entité du secteur privé et un échange de vues avec les délégations des Etats-Unis, du Brésil, de la Tunisie, de l’Equateur, de l’Argentine et du Pérou.  Des remarques de clôture ont été faites par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et la Présidente du Conseil.


(1) Note du Secrétaire général E/2004/50


Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce


Déclarations


Mme MARJATTA RASI, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a annoncé que la réunion d’aujourd’hui s’inscrivait dans la continuité du Consensus de Monterrey qui a énoncé le programme de l’ECOSOC en matière de suivi.  Elle s’est également félicitée de la présence, aujourd’hui, de la Présidente de la Finlande, du Directeur général de la Banque mondiale et du Directeur exécutif principal du Fonds monétaire international (FMI) qui représente le résultat de tous les efforts réalisés par le Bureau de l’ECOSOC pour renforcer les contacts entre l’ECOSOC, le FMI et la Banque mondiale.  Le thème général de la réunion d’aujourd’hui, a rappelé Mme Rasi, concerne la cohérence, la coordination et la coopération dans le cadre de l’application du Consensus de Monterrey.  D’autres aspects portent aussi sur le financement pour le développement.  En conclusion, la Présidente a souligné la richesse du contenu des réunions organisées par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) et la société civile et a souhaité que le secteur privé et les ONG continuent de participer aux travaux de l’ECOSOC. 


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies,* a rappelé que lorsque le monde s’était entendu sur les Objectifs de développement du Millénaire (ODM), l’année 2015 – date fixée pour les atteindre - semblait encore loin.  Ces objectifs étaient certes ambitieux mais presque tous les experts les jugeaient réalisables.  Aujourd’hui, a regretté le Secrétaire général, les résultats sont mitigés.  Même si la relance actuelle de l’économie mondiale s’accélère, elle ne suffira pas pour que le monde atteigne ces objectifs.  Ce n’est qu’en renforçant les promesses du Consensus de Monterrey qu’on peut espérer les atteindre, a préconisé le Secrétaire général.  Or, a-t-il aussi dénoncé, deux ans après la Conférence de Monterrey, les décisions qui y avaient été prises sont appliquées trop lentement et le manque de cohésion reste un problème.  Au cœur du Consensus de Monterrey était un pacte qui avait établi les responsabilités respectives des pays en développement et des pays développés.  Si le monde en développement a pris des initiatives positives et les pays développés ont accrû l’APD et accordé une plus grande attention à la question de la dette, les résultats demeurent décevants dans le domaine du commerce comme en témoignent l’échec de Cancun et la multiplication des accords bilatéraux. 


Il n’est pas trop tard, a estimé le Secrétaire général en appelant à la mise en place d’une véritable coopération entre les Ministres des finances.  Il faut montrer la volonté d’atteindre les ODM et tous les pays peuvent les atteindre en temps voulu si les réformes demandées sont mises en oeuvre avec un appui extérieur suffisant.  L’année prochaine, a prévenu le Secrétaire général, il sera peut-être déjà trop tard.  Il a donc voulu que les politiques, les ressources et les stratégies nationales visent la réalisation des ODM.  Il faut également, a-t-il poursuivi, encourager de plus grands flux d’investissements étrangers directs (IED) dans les pays en développement.  Il faut aussi que les négociations de Doha se traduisent par des gains réels tels que le libre accès aux marchés et l’élimination des subventions.  Il faut une aide accrue et meilleure et une action sur certaines des idées prometteuses qu’on a proposées comme la mise en place d’un mécanisme de financement mondial.  Il faut, a ajouté le Secrétaire général, régler le problème de la dette des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire qui ne sont pas touchés par l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).  La présente réunion doit servir à déterminer comment mieux faire dans tous les domaines vitaux et à renforcer la coordination et la coopération dont dépend tout progrès.  Il faut aussi faire plus pour que, dans les décisions économiques internationales, la voix et la participation des pays en développement soient renforcées.  La démocratisation de la gouvernance économique mondiale est fondamentale, a rappelé le Secrétaire général en citant les dispositions du Consensus de Monterrey.  La réunion d’aujourd’hui doit viser à améliorer l’efficacité des décisions et à mieux cibler l’action.


M. JULIAN ROBERT HUNTE, Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’à Monterrey, l’accent avait été mis sur le rôle de l’ECOSOC en matière de suivi des objectifs définis.  Il s’est félicité de la participation, pour la première fois, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à la réunion d’aujourd’hui.  Toutes les parties prenantes se sont engagées à respecter les objectifs énoncés dans le processus de Monterrey, a-t-il souligné tout en notant que tous les partenariats étaient restés intacts et que des discussions franches et ouvertes avaient été tenues.  Cependant, il existe encore des problèmes qui exigent notre attention, a nuancé le Président.  Un grand nombre de pays en développement ont déployé d’importants efforts pour réaliser des investissements propices et renforcer la gouvernance démocratique.  Cependant, il n’y a pas eu suffisamment d’investissements étrangers directs.  En outre, la révision à la baisse de l’aide publique au développement (APD) a montré que les pays en développement ne pouvaient pas compter sur cette source de financement. 


Dans ce contexte, a estimé M. Hunte, le commerce international est un élément clef du développement économique des pays les plus pauvres.  C’est pourquoi, a-t-il estimé, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit être l’acteur central de toutes les initiatives de financement pour le développement.  Le fardeau de la dette représente un autre défi à court et à long terme.  Dans l’environnement économique actuel, l’annulation de la dette peut être une bonne stratégie, a estimé le Président.  Pour ce qui est des Objectifs de développement du Millénaire, d’aucuns peuvent considérer qu’ils sont trop ambitieux, a-t-il regretté.  C’est pourquoi, nous devons renforcer les capacités et déployer davantage d’efforts pour montrer leur pertinence.  Il faut tout d’abord s’entendre sur une résolution de consensus qui permettrait de convoquer une réunion de haut niveau en 2005.  L’approche intégrée pour le financement du développement représente ensuite un autre élément du succès, toutes les organisations participantes, dans le cadre de leurs mandats respectifs, doivent donc collaborer pour un examen global de toutes les questions relatives au développement, a souligné en conclusion M. Hunte. 


M. YOUSSEF HUSSAIN KAMAL, Ministre des finances du Qatar et Président en exercice du Groupe des 77 et de la Chine, a voulu que les défis du développement soient traités de manière cohérente.  Nous ne pouvons pas, a-t-il dit, continuer à exprimer notre appui aux efforts de développement et, dans le même temps, nier l’accès des pays concernés aux marchés mondiaux.  Nous ne pouvons pas, a-t-il ajouté, continuer à faire l’apologie de la libéralisation et dans le même temps, continuer à l’appliquer de manière sélective.  La situation qui voit les pays développés agir de manière sélective et contre les intérêts de la croissance et du développement n’est plus viable.  Il faut, a prescrit le Ministre, faire correspondre la libéralisation du mouvement des capitaux à celle du commerce et de la circulation des personnes.  Ce faisant, il faut reconnaître le fardeau que représentent les trois piliers du développement durable pour les maigres ressources des pays en développement.


Dans ce contexte, le Ministre a souligné le rôle du multilatéralisme et la nécessité de renforcer la voix et la participation des pays en développement dans le processus mondial de prise de décisions, en particulier au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMT), de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).  Dans le domaine du commerce, a-t-il estimé, l’action la plus urgente est celle des pays qui dépendent des produits de base.  La question de l’accès aux marchés des produits pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif est également importante, a poursuivi le Ministre.  Il a aussi dénoncé la politique des subventions et les autres politiques qui représentent des distorsions commerciales et empêchent l’accès aux marchés.  Compte tenu des déséquilibres actuels, les pays en développement ont besoin d’un appui technique et financier et dans ce contexte, le traitement spécial et différencié doit être perçu comme un élément essentiel du système commercial multilatéral.  Le cycle de Doha, a encore dit le Ministre, doit être un véritable cycle du développement. 


Soulignant l’importance des flux d’IED et de l’aide publique au développement (APD), le Ministre a appelé à une mise en oeuvre rapide des décisions prises, dans ces domaines, à Monterrey.  Il a souligné la nécessité de trouver une solution durable à la question de la dette, laquelle, a-t-il estimé, réside, à la fois dans l’octroi de l’aide sur une base plus concessionnelle et dans la participation effective des pays en développement au commerce international.  Il est temps, a conclu le Ministre, que les programmes d’allègement de la dette soient directement liés à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).


M. CHARLIE MCCREEVY, Président de l’Union européenne, Ministre des finances de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats, a estimé que l’un des aspects des plus innovants et constructifs du processus de Monterrey est l’importance accordée à l’approche intégrée qui devrait être adoptée pour le suivi.  Les organisations qui y participent doivent en effet jouer un rôle fondamental, a-t-il estimé, afin de renforcer la cohérence des politiques au niveau des organisations et au niveau national.  La réunion d’aujourd’hui intervient au moment de la publication de rapports importants qui mettent en lumière le fait que beaucoup de pays d’Afrique subsaharienne ne réussissent pas à réaliser les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  L’Union européenne est donc très préoccupée par la situation dans cette partie du monde et souhaite que la qualité de la gouvernance soit améliorée et que le contrôle de la corruption dans un secteur public soit renforcé. 


L’appui de l’Union européenne à l’Afrique est considérable et représente près de 11,5 milliards d’euros, a rappelé le Ministre.  L’Union européenne appuie en outre les objectifs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et plaide en faveur d’investissements nationaux et étrangers renforcés.  A cet égard, le rôle du secteur privé est fondamental pour promouvoir la croissance, a estimé le Ministre avant de préciser que le Conseil de l’Union avait pour sa part adopté les engagements de Barcelone qui marquaient la contribution de l’Union européenne à la conférence de Monterrey.  Un rapport annuel de suivi des engagements du Consensus de Monterrey est en outre publié.  Dans quelques jours, a rappelé le Ministre, l’Union européenne va accueillir 10 nouveaux membres qui se sont engagés à devenir des donateurs au même titre que les autres pays.  Cependant, les donateurs et les organisations internationales doivent travailler à rendre plus efficace l’aide publique au développement.  Pour ce faire, il faut procéder à une planification commune des stratégies en matière de dons, à un alignement avec les stratégies nationales de réduction de la pauvreté et avec les politiques des pays concernés dans le cadre d’un système multilatéral très fort et cohérent.  Il est en outre urgent de renforcer la coopération dans le domaine du VIH/sida.  L’un des engagements pris par l’Union européenne concerne l’assistance en matière de commerce équitable ouvert et basé sur des règles non discriminatoires, a conclu le Ministre. 


Mme NGOZI OKONJO-IWEALA, Ministre des finances du Nigéria et Présidente par intérim du Comité du développement, a dit l’intention de son Comité de jouer un rôle actif dans l’application du Consensus de Monterrey, avant de rendre des résultats de la dernière réunion.  Le Comité, a-t-elle indiqué, a réaffirmé son engagement à encourager des actions concrètes pour réduire la pauvreté et réaliser les Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Lors d’une réunion précédente, il avait demandé à la Banque mondiale et au FMI un rapport pour évaluer les progrès et identifier les responsabilités.  Le premier rapport que le Comité vient de recevoir reconnaît des progrès dont les réformes lancées dans les pays en développement, en particulier au titre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Toutefois, a prévenu le Ministre, ces efforts ne suffiront pas à la réalisation des ODM, en particulier en Afrique sub-saharienne.  Le Comité a donc invité à multiplier les initiatives et à renforcer une croissance durable et inclusive grâce à la création d’un environnement favorable au secteur privé, à la lutte contre la corruption ou encore à la mise en place des infrastructures de base.  En la matière, les priorités doivent être déterminées par les pays eux-mêmes comme en témoignent les Documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP)


Le Comité a également demandé un rapport pour analyser l’adéquation du financement extérieur, a encore indiqué la Ministre avant de mettre l’accent sur les questions importantes de l’accès aux marchés, d’une meilleure prévisibilité de l’aide ou encore de la création d’un mécanisme mondial de financement.  Le Comité, a-t-elle conclu, a passé en revue l’application de l’Initiative PPTE et examiné les nouvelles conditions de la viabilité de la dette dans les pays les moins avancés (PMA).  Enfin, le Comité a appelé au renforcement de la participation des pays en développement et en transition dans la prise de décisions économiques. 


M. AUGUSTIN CARSTENS, Représentant désigné du Président du Comité monétaire financier et international, a présenté les conclusions de la dernière réunion du Comité qui s’est tenue à Washington le 24 avril 2004.  Dans le contexte de la reprise économique mondiale, le Comité a discuté des nouvelles perspectives économiques améliorées dans un certain nombre de régions mais aussi des risques liés aux déséquilibres fiscaux, de la possibilité d’une augmentation des taux d’intérêt, de même que de l’évolution des cours du marché du pétrole.  Afin de renforcer la reprise, le Comité a demandé à toutes les régions de jouer le rôle qui est le leur, a fait savoir le représentant.  Les pays doivent en particulier continuer à saisir l’occasion que représente l’environnement économique actuel pour améliorer la question de la dette et mettre en place des réformes structurelles. 


Les performances s’améliorent mais des efforts supplémentaires doivent être déployés pour atteindre les ODM, surtout en Afrique subsaharienne, a poursuivi le représentant.  Il faut en outre que l’aide étrangère augmente et que les pays pauvres bénéficient d’un meilleur accès aux marchés.  Dans ce contexte, le Consensus de Monterrey constitue un effort important.  De leur côté, la Banque mondiale et le FMI doivent travailler sur des mécanismes afin de mobiliser des financements.  Il faut aussi évaluer l’impact social des programmes et renforcer les capacités.  Lors de sa réunion, le Comité s’est en outre félicité des progrès accomplis dans le cadre de l’allègement de la dette.  Le FMI doit en particulier aider les différents membres à saisir les opportunités présentées par la libéralisation des marchés.  Il faut également déterminer les actions à entreprendre contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme. 


M. ZUKANG SHA, Président du Conseil du commerce et du développement, a présenté les travaux de la 50e session du Conseil.  Le Conseil, a-t-il dit, a examiné les questions relatives à l’interdépendance mondiale sous l’angle du commerce et de développement.  La situation montre des variations considérables dans la vulnérabilité aux différents types de chocs et dans la capacité à répondre à ces chocs.  L’Amérique latine et les Caraïbes ainsi que l’Afrique sont les continents les plus vulnérables, ce dernier vivant une véritable crise de développement.  Les perspectives à court terme de la croissance mondiale, a-t-il dit, continuent d’être remises en question par un certain nombre d’incertitudes.  Désormais, l’on reconnaît que les réformes économiques et politiques plaçant l’accent sur la libéralisation, la déréglementation, la privatisation, l’investissement étranger direct (IED) et une réduction de l’intervention de l’Etat n’ont pas abouti à la croissance escomptée et à l’environnement macroéconomique appropriée.  Le Conseil a donc prôné la recherche d’un équilibre entre les forces du marché et l’Etat. 


Les pays en développement ont besoin d’un espace politique suffisant pour développer leur industrie locale et gérer leur intégration dans l’économie mondiale.  Il a été conseillé à ces pays d’utiliser les ressources internes pour investir dans les capacités de production.  En la matière, l’IED pouvant servir aux transferts de connaissances et au renforcement des capacités, les pays en développement ont été appelés à prendre des mesures d’incitation financière et fiscale pour attirer ces investissements.  L’aide publique au développement (APD) pouvant être le catalyseur de l’IED, les pays développés ont été appelés à l’augmenter.  Le Conseil a convenu qu’il n’existe pas de meilleure option que le multilatéralisme commercial pour réaliser les ODM.  Il a donc appelé à une remise sur les rails du Programme de Doha et à la promotion de la cohérence entre les politiques commerciales, financières, monétaires, technologiques et de développement.


M. RICHARD MANNING, Président du Comité d’aide au développement de l’OCDE, a présenté les conclusions du débat très animé et interactif de la table ronde A qui s’est tenu en présence de représentants des gouvernements, du secteur privé et de la société civile.  Chacun a fait part de son expérience nationale et a émis des suggestions constructives pour l’application ultérieure des objectifs du processus de Monterrey.  La mise en œuvre de ce dernier nécessite tout d’abord des investissements et une épargne plus importants de même qu’une utilisation efficace de ces sommes par le secteur privé.  L’importance de la contribution au lancement du secteur privé a également été mentionnée au cours du débat.  Plusieurs orateurs ont dit qu’il fallait faire davantage pour créer des marchés de capitaux.  Cependant, les investissements publics et les sociétés publiques doivent apporter une contribution à la croissance grâce à des investissements dans les structures sociales.  Les investisseurs étrangers doivent en effet reconnaître leurs responsabilités sociales et doivent faire l’objet de reddition à cet égard. 


Les intervenants ont en outre estimé que le commerce était l’un des outils les plus importants pour mobiliser les ressources mais beaucoup d’entre eux ont convenu du fait que le développement économique continuait à poser des défis.  Les pays en développement pourraient notamment beaucoup faire s’ils mettaient en place des mesures favorisant le commerce Sud-Sud.  Les organisations régionales ont aussi un rôle important à jouer pour favoriser le commerce.  A cet égard, a fait savoir M. Manning, le mécanisme d’intégration du commerce du FMI a été perçu comme une mesure constructive et novatrice qui devrait faciliter la transition de nombreux pays en développement.  Il est cependant regrettable que les discussions sur le bénéfice de l’exportation des produits de base n’aient pas été suffisamment approfondies, a-t-il regretté.  Nous attendons donc beaucoup du nouveau partenariat pour les produits de base qui devrait être défini dans le cadre de la CNUCED XI.  Enfin, les intervenants sont tombés d’accord sur le fait que beaucoup des mesures recommandées exigeaient un certain niveau de développement et des moyens institutionnels adéquats.  Une APD continuelle et accrue, notamment en faveur des pays les plus pauvres et les plus désavantagés, est également une condition du développement. 


Présentant la table ronde B, le Ministre des finance et des affaires économiques du Pakistan, M. SHAUKAT AZIZ, a indiqué rappelé que les discussions ont porté sur l’impact des investissements privés et des questions commerciales sur le développement.  Ces deux domaines ayant été identifiés comme les moteurs du développement, les participants ont dit craindre que si les circonstances restent les mêmes, les ODM ne pourront en aucun cas être réalisés.  Ils ont appelé à une augmentation plus substantielle de l’APD avant d’en venir au rôle du secteur.  Là, les participants ont dissocié le rôle de ce secteur de celui des gouvernements à qui revient la création d’un environnement favorable à l’entreprise, notamment par des réformes structurelles et la mise en place d’infrastructures adéquates.  Le Ministre pakistanais a souligné que, dans ce dernier domaine, le secteur privé peut aussi jouer son rôle.  Ce n’est plus, a—t-il, le pré-carré des gouvernements.  Les participants, a-t-il poursuivi, ont également souligné l’interaction entre les questions des prix du transport, des transferts des capitaux et du blanchiment d’argent.  Le secteur privé doit, ont-ils dit, faire preuve de bonne gouvernance et de transparence afin de bénéficier de la confiance des pays d’accueil. 


Compte tenu de l’importance des transferts de capitaux dont le montant dépasse désormais celui de l’APD, les participants à la table ronde ont prôné la libre circulation des personnes.  Abordant la question du commerce, ils ont convenu que l’accès aux marchés est la meilleure manière de réduire la pauvreté.  Ils sont exhorté la communauté internationale à travailler à la reprise des négociations lancées à Doha avant d’examiner la situation particulière des petits Etats insulaires en développement (PEID), des pays à économie vulnérable, des pays dont l’économie dépend des produits de base et des pays sans littoral.  Enfin, la table ronde a argué qu’outre l’APD, les donateurs peuvent mettre en place des politiques de renforcement des capacités. 


Mme HILDE F. JOHNSON, Ministre du développement internationale de la Norvège, a fait le point des discussions de la table ronde D, lesquelles ont tourné autour plusieurs éléments.  La question de la coordination et de la cohérence des actions des différentes organisations multilatérales a été abordée.  Il n’existe en effet pas assez de coordination et de cohérence en la matière et le partage des tâches doit être amélioré, ont estimé les intervenants  Il a aussi été dit que la cohérence devait aussi exister au sein des pays.  En outre, les discussions ont porté sur la situation en matière de mise en œuvre au niveau national des Objectifs de développement du Millénaire et la façon dont on pouvait veiller à ce que les ODM soient mis en œuvre partout.  Les documents de stratégie et de réduction de la pauvreté ont à cet égard été identifiés comme des outils utiles.  Il faut aussi adapter les ODM aux conditions spécifiques des pays.  La question du financement a aussi été abordée de même que la nécessité d’utiliser les ressources existantes de façon plus pertinente.  Les 0,7% consacrés idéalement à l’aide publique au développement ont en outre été reconnus comme étant insuffisants pour réaliser les ODM et la question de l’identification de nouveaux mécanismes innovants de financement, notamment des mesures fiscales mondiales, a été posée.  L’annulation de la dette a également été préconisée pour contribuer à l’élimination de la pauvreté.  Enfin, l’importance du suivi, de l’amélioration de l’analyse, de l’évaluation et du suivi des actions a aussi été posée comme condition indispensable d’une bonne mise en oeuvre des ODM.  A cet égard, le rapport de suivi de la Banque mondiale a été considéré comme un instrument incontournable en matière de diffusion de l’information.  Certains donateurs ont indiqué qu’ils feraient rapport sur leurs résultats en matière d’ODM. 


M. ANASTAS ANJELI, Ministre de l’économie de l’Albanie, a indiqué, sur la question de l’allègement et de la viabilité de la dette, que les discussions ont porté sur les conséquences des clauses de caducité et de la mise en place d’un mécanisme permettant aux PPTE de bénéficier des programmes d’allègement après leur sortie de l’Initiative.  Les participants ont souligné que l’incapacité de gérer la dette résultait d’une hypothèse trop optimiste dans le calcul de l’aide dont avaient besoin les pays.  Ils ont plaidé pour l’application de normes et de contingents permettant d’améliorer la gestion du passif des pays à faibles et à moyens revenus.  Ils ont aussi appelé à un code de conduite stipulant les rôles des créanciers et des débiteurs.  Les participants ont tous reconnu que l’approche statuaire globale vis-à-vis de la dette souveraine n’avait pas été appuyée.  Ils ont aussi souligné qu’un cadre de gestion durable de la dette pour les pays à revenus intermédiaires doit mieux prendre en compte le secteur privé qui doit assumer sa part dans la dette publique. 


Les participants ont, par ailleurs, jugé nécessaire la mise en place d’un mécanisme de contrôle pour lutter contre la corruption dans le système bancaire tout en soulignant l’importance pour les investisseurs privés de disposer d’informations transparentes et fiables sur l’état économique d’un pays.  Le sentiment qui a prévalu dans le cadre de la table ronde est que la gestion durable de la dette n’est pas une fin en soi mais une condition essentielle au financement de la croissance économique.  Le suivi de Monterrey, ont encore conclu les participants, exige des politiques promouvant la croissance économique et pas seulement la prévention de la dette.  Il faut des politiques de contrôle macroéconomique et de financement local adéquat.  En conséquence, les participants ont reconnu l’importance qu’il y a à promouvoir les petites et moyennes entreprises.


M. WILLY KIEKENS, Directeur exécutif du FMI, a évoqué les discussions de la table ronde E qui ont porté sur la gestion viable de la dette.  Les intervenants se sont accordés pour dire qu’un excès de dette était préjudiciable à la croissance d’un pays et l’empêchait d’atteindre les ODM.  Si un pays a une dette trop importante, il ne peut utiliser ses recettes fiscales à des dépenses productives, notamment aux investissements dans le capital humain, dans la santé ou l’éducation.  L’allègement de la dette pour les pauvres représente, donc une aide essentielle pour qu’ils puissent s’acheminer vers les ODM.  Il faut par conséquent rechercher les voies et les moyens pour permettre aux pays qui n’ont pas pu bénéficier de l’allègement de la dette d’en profiter le plus rapidement possible.  On a fait observer que les pays qui connaissaient des chocs importants devaient pouvoir bénéficier d’une aide supplémentaire.  Enfin, on a vivement appelé tous les créanciers à respecter les engagements pris en matière d’allègement de la dette. 


La gestion viable de la dette ne va pas s’arrêter avec des mesures d’allègement, ont aussi fait observer les intervenants.  C’est pourquoi, la nouvelle méthodologie mise au point par le FMI et la Banque mondiale consistant à définir la façon d’aider les PMA à conserver un niveau de dette viable a été identifiée comme étant potentiellement une solution.  Cependant, a fait savoir le Président, on a recommandé que cette nouvelle méthode ne soit pas utilisée de façon mécanique mais souple et adaptée aux critères de chaque pays.  L’évaluation de la viabilité de la dette doit tenir compte des ODM.  A cet égard, les intervenants ont souhaité que les indicateurs sociaux utilisés pour mesurer ces objectifs soient inclus dans le nouveau cadre de viabilité de la dette.  Quand un pays atteint les limites de sa solvabilité, il devrait s’abstenir d’emprunter davantage et la communauté des donateurs devrait lui accorder non pas des prêts mais des dons.  Le nouveau cadre de viabilité de la dette est un processus en cours qu’il faudra redéfinir en fonction des enseignements tirés de l’expérience.  Ce cadre ne vise pas à établir des plafonds dans le domaine des emprunts mais bien à promouvoir un financement adéquat et la protection des débiteurs par rapport aux chocs extérieurs.  La préservation du caractère viable de la dette dépend de la croissance économique des pays et des mesures prises pour que cette dernière soit soutenue.  Dans ce contexte, le rôle essentiel du succès du processus de Doha a été identifié comme une condition.  Lorsqu’un pays commence à avoir des difficultés pour rembourser sa dette, il faut trouver un équilibre entre cette exigence, la reprise de la croissance et l’accès aux marchés tant intérieur qu’extérieur. 


S’agissant de la table ronde C, le Ministre de l’économie, des finances et du budget de Madagascar, M. BENJAMIN RADAVIDSON ANDRIAMPARANY, a indiqué que les participants à sa table ronde ont souligné l’importance d’une direction stratégique pour promouvoir un effort ciblé qui impliquerait l’ONU, les institutions de Bretton Woods et l’OMC.  Le Plan-cadre des Nations Unies pour le développement (UNDAF) doit contribuer à la réalisation des ODM, ont insisté les intervenants.  Des appels ont également été lancés pour l’établissement d’une courte liste de sources novatrices de financement des ODM; certains souhaitant la concrétisation de l’initiative présentée par le Royaume-Uni.  L’APD doit être augmentée mais il faut surtout améliorer sa qualité, ont souligné les participants.  Tout en reconnaissant le rôle du secteur privé, ils ont été d’accord pour dire qu’il ne saurait remplacer l’APD.  En la matière comme en ce qui concerne le commerce, les intervenants ont estimé que certains efforts entrepris par les institutions de Bretton Woods sont par trop orientés vers la procédure d’où l’absence de progrès.    


Le représentant de la société civile a déclaré qu’un élan considérable s’était fait sentir il y a deux ans en ce qui concerne le financement du développement.  Cet élan a abouti au processus de Monterrey.  Deux ans plus tard, nous constatons que l’élan politique de Monterrey s’est affaibli considérablement, a regretté le représentant.  C’est pourquoi, il faut aujourd’hui parler de la capacité de s’attaquer aux problèmes évoqués.  Cette réunion d’un jour, aussi importante soit-elle, ne suffit pas.  Elle ne peut pas être un moyen d’influencer les résultats futurs.  Il faut que ce processus de Monterrey soit assorti de mesures et de mécanismes entre les différentes sessions et créer des équipes spéciales au cours de la période  intersessions.  Le processus intergouvernemental doit aussi être renforcé.  Le financement du développement est un enfant qui cherche une famille.  Il lui faut des parents, des frères, des sœurs pour que cette question reste très présente aux yeux de tous.  Les ONG estiment qu’il faut redoubler d’efforts pour avoir des résultats qui permettront de réduire sensiblement les inégalités et amèneront les gouvernements à améliorer la santé et à augmenter les opportunités d’emploi.  Dans le domaine des finances, le principal problème est celui de la dette des pays à faibles revenus.  Le représentant a estimé à cet égard qu’il ne fallait rien de moins qu’une annulation totale de la dette.  Il a aussi préconisé une solution d’ensemble au faible prix des produits de base.  En conclusion, le représentant a estimé qu’il fallait passer d’une politique générale qui s’applique à tous à des politiques individualisées. 


Le représentant d’une entité du secteur privé a d’abord salué le changement de cap qui consiste à reconnaître le rôle du secteur privé dans la mise en place des infrastructures.  Il a ensuite rendu du compte des conclusions d’une réunion d’experts qui, sur cette question, a prôné la mise au point de mécanismes de partage des risques ou encore la création de fonds mondiaux de développement.  La réunion a aussi songé à l’octroi de subventions à certains utilisateurs cibles ou encore le recours à l’arbitrage.  Outre la question des risques, les experts se sont attardés sur celle de l’information.  Ils ont souligné l’importance pour les investisseurs de disposer d’un meilleur accès à une information fiable.   La participation du secteur privé implique des mesures locales, nationales, régionales et mondiales qui doivent être prises après consultation avec les investisseurs.  Nous avons la responsabilité de coordonner nos activités, a conclu le représentant du secteur privé en ajoutant “nous devons nous consulter constamment à tous les niveaux pour relever les défis des ODM”.


Le Secrétaire adjoint par intérim de la Commission économique pour l’Europe a rappelé qu’il était important de garder comme référence principale le contexte macroéconomique du développement pour réduire la volatilité des capitaux, contrer les politiques cycliques et promouvoir la croissance tout en tenant compte de la situation de l’économie mondiale et de celle des pays en développement.  Il faut aussi faire le point régulièrement sur la responsabilité mutuelle des donateurs et des pays bénéficiaires.  Les Nations Unies représentent l’enceinte privilégiée d’un dialogue sur la mise au point de politiques variées.  Le représentant a insisté sur le rôle des Nations Unies au niveau régional et a cité l’exemple d’une coopération réussie dans le domaine de la statistique.  Il y a eu concertation sur une façon de valider les données entre le PNUD, le DESA et les cinq commissions régionales.  Des rapports régionaux sur les politiques mises en place pour réaliser les ODM sont en outre régulièrement publiés.  Enfin, le représentant a estimé nécessaire de mettre sur une voie durable le développement social.  Il faut investir dans le capital humain, a-t-il affirmé en conclusion. 


Echange de vues entre les participants


Donnant son point de vue, en premier, le représentant des Etats-Unis a estimé que les organisations internationales doivent être complémentaires et non pas concurrentes.  Ces organisations ont un mandat distinct qui vise le même but, celui de la réduction de la pauvreté.  Le secteur privé, a-t-il dit, est au centre du Consensus de Monterrey.  Il a, en conséquence, présenté ce secteur comme le moteur même de la croissance économique durable.  Il revient donc aux gouvernements, a-t-il dit, de créer un environnement favorable à ce secteur.  Le représentant a aussi plaidé que le cycle de développement de Doha soit remis sur les rails.  Il a estimé, en l’occurrence, que 70% des taxes payées par les pays en développement sont payés à d’autres pays du Sud.  Après avoir fait état de la politique de coopération au développement de son pays, il a appuyé sans réserve la participation des pays en développement aux processus décisionnels des deux institutions de Bretton Woods et de l’OMC. 


La question de la gestion durable de la dette est fondamentale, a-t-il poursuivi en disant attendre avec intérêt le travail engagé par la Banque mondiale et le FMI.  Il a ajouté que c’est surtout le mauvais environnement politique et la corruption qui est le plus grand obstacle à la réalisation des ODM.  Il s’est donc opposé à toute nouvelle source de financement qui ne lierait pas l’aide aux résultats.  La représentante du Brésil, s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a souligné que l’adoption de politiques saines par les pays du Groupe n’a pas empêché les mauvais résultats en termes de croissance et une augmentation du chômage.  Ces pays s’attachent à résoudre l’équation consistant à maintenir une bonne politique budgétaire sans compromettre la faculté du secteur public de faire les investissements nécessaires à l’attraction du secteur privé.  Les pays du Groupe travaillent aussi à la mise au point de mécanismes permettent une meilleure application des politiques anticycliques qui protéger le revenus et l’emploi dans un contexte de fluctuations économiques.  La représentante a dit attendre avec intérêt des études visant à redéfinir les indicateurs budgétaires et les outils d’évaluation des partenariats publics/privés.  En sa capacité nationale, elle a souligné l’importance des nouvelles sources de financement.  Elle a ainsi souhaité que la proposition de son Président de convoquer une réunion intergouvernementale bénéficiera d’un large appui.


Le représentant de la Tunisie a estimé qu’il était très important de concrétiser l’objectif 8 de développement du Millénaire, à savoir la mise en place d’indicateurs pour l’évaluation de ce qui a été réalisé.  La Banque mondiale a remis récemment un rapport selon lequel un grand nombre de pays africains n’avaient jamais été aussi bien gouvernés.  Pourtant, l’aide se fait toujours attendre.  Pour ce qui est de la dette, le représentant a lancé un appel pour que l’on considère de façon spécifique les pays à revenus intermédiaires.  Des mesures doivent en outre être adoptées de façon globale pour rendre la dette viable à long terme.  En effet, beaucoup de pays sont notamment contraints de sacrifier l’ensemble de leurs entreprises publiques afin d’alimenter le service de la dette.  Il faut trouver de nouvelles sources de financement si l’on veut atteindre les ODM.  Il faut aussi, de façon urgente, contribuer au Fonds mondial de solidarité pour explorer de nouvelles sources de financement. 


A son tour, le représentant de l’Equateur a évoqué les 300 milliards de dollars en subventions qui représentent un obstacle au libre commerce, sans parler des ajustements structurels.  Il ne suffit pas seulement d’ajuster mais aussi de penser aux conséquences sur les peuples.  Se félicitant de la tenue de la réunion d’aujourd’hui, le représentant de l’Inde a estimé qu’il ne pouvait y avoir de développement sans coordination des politiques et des stratégies mises en œuvre au niveau national.  Malgré tous les engagements et les transferts des ressources, l’APD reste très basse, a regretté le représentant.  Les engagements doivent être tenus et pris sur le long terme.  Il faut en outre qu’il y ait une transparence dans la fourniture de l’aide.  Pour que l’APD soit efficace, il faut qu’elle soit alignée sur les pays bénéficiaires.  Enfin, le représentant a regretté le peu de progrès réalisés dans la mise en œuvre des modalités de la voie délibératives des pays en développement et a estimé nécessaire de répondre à cette question car elle a un impact sur la capacité des pays en développement à bénéficier de l’action des institutions financières internationales.


Intervenant à son tour, le représentant de l’Argentine a insisté sur le fléau de la corruption avant d’attirer l’attention du Conseil sur la situation des pays comme le sien qui, d’une part, doivent assumer une énorme dette publique et privée, et qui, d’autre part, continuent d’être confrontés à la fermeture des marchés du Nord.  Il a rappelé que la dette extérieure des pays comme le sien a énormément augmenté dans les années 80 et 90 lorsque l’on parlait du Consensus de Washington.  A cette époque, les gouvernements en place avaient préféré privilégier les solutions à court terme sans avoir su ou voulu en évaluer les conséquences.  A cette époque, a insisté le représentant, les organisations internationales de crédit ont été les premières à applaudir des deux mains les politiques mises en place par les pays latino-américains.  Or, ces pays ont contracté des dettes au moment même où les pays du Nord se fermaient de plus en plus à leurs exportations.  Les pays du Sud, a conclu le représentant n’ont pas besoin de charité mais de chances commerciales égales.  Concluant sur cet échange de vues, le représentant du Pérou a reconnu l’importance de la bonne gouvernance nationale pour attirer les investissements. 


M. JOSE ANTONIO OCAMPO, Secrétaire général adjoint du Département des affaires économiques et sociales, a estimé que l’échange de vues d’aujourd’hui est de nature à enrichir les travaux des institutions de Bretton Woods et les débats des Nations Unies.  Il est également de nature à resserrer la collaboration entre ces instituions et l’ONU, notamment en vue d’affiner le suivi de l’application des ODM. 


Dans ses remarques de clôture, la Présidente de l’ECOSOC a lancé un appel pour traduire les débats d’aujourd’hui en actions.  Elle s’est félicitée des discussions franches et approfondies qui se sont tenues dans le cadre des tables rondes dans la mesure où elles constituent un bon mécanisme pour faire connaître les vues de toutes les parties prenantes et faciliter le dialogue entre les gouvernements.  Enfin, la Présidente a conclu que, dans les capitales, il fallait une collaboration entre les administrations et les ministères et, au niveau mondial, utiliser au mieux les Nations Unies pour lutter contre la pauvreté, voire l’éliminer. 


* Pour l’intégralité de l’allocution du Secrétaire général, voir notre communiqué de presse SG/SM/9273.


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