En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6054

L’ECOSOC PREPARE SON DEBAT DE HAUT NIVEAU EN EVALUANT LES MOYENS DE MOBILISER DES RESSOURCES EN FAVEUR DU PROGRAMME D’ACTION POUR LES PMA

17/02/2004
Communiqué de presse
ECOSOC/6054


Réunion en vue de préparer

le débat de haut niveau du

Conseil économique et social

matin & après-midi


L’ECOSOC PREPARE SON DEBAT DE HAUT NIVEAU EN EVALUANT LES MOYENS DE MOBILISER DES RESSOURCES EN FAVEUR DU PROGRAMME D’ACTION POUR LES PMA


La mobilisation des ressources et la promotion d’un environnement aux fins de l’élimination de la pauvreté dans le cadre de l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010, adopté le 20 mai 2001 à Bruxelles, était au cœur des préoccupations du Conseil économique et social réuni aujourd’hui dans le cadre des préparatifs du débat de haut niveau de sa session de fond qui se tiendra l’été prochain au Siège des Nations Unies à New York.  En ouvrant la discussion, la Présidente du Conseil, Marjatta Rasi (Finlande) a insisté sur le rôle essentiel des partenariats dans la mise en œuvre de stratégies d’éradication de la pauvreté dans les pays les moins avancés (PMA) ainsi que sur le relèvement des niveaux d’aide publique au développement (APD) et sur l’efficacité de leur utilisation. 


Les ressources domestiques limitées et le niveau encore trop faible de l’APD ont un impact négatif sur les politiques de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement, a fait valoir pour sa part le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, José Antonio Ocampo, qui a par ailleurs indiqué que les prix des produits de base –principale source de devises des PMA- avaient connu un déclin de l’ordre de 40% entre la fin des années 1980 et 2003.  La diversification de la production des PMA dans des domaines non agricoles constitue par conséquent une des voies à suivre pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire à l’horizon 2015 en matière d’éradication de la pauvreté, a observé M. Ocampo.


Abordant la question de la mobilisation des ressources nationales et internationales, le Ministre des finances du Rwanda, Donald Kaberuka, a rappelé les engagements pris par la communauté internationale lors de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey, en mars 2002.  Les pays en développement se sont engagés à mettre en place un environnement propice au développement et à mobiliser des ressources au niveau domestique tandis que les pays donateurs se sont engagés à accroître le niveau des ressources allouées à l’APD –censé atteindre à terme 0,7% de leur PNB- et à renforcer la cohérence dans leurs politiques d’aide au développement, a rappelé M. Kaberuka. 


Aujourd’hui, les pays en développement travaillent à la mobilisation des ressources nationales par la mise en œuvre de politiques fiscales rigoureuses, a observé le Ministre rwandais, avant de déplorer les flux insuffisants d’investissements étrangers directs (IED), investissements qui contribueraient pourtant à soutenir le développement de petites et moyennes entreprises et industries et, à terme, à élargir l’assiette fiscale. 


Sans mesures décisives, l’Afrique ne pourra pas remplir les Objectifs de développement du Millénaire (ODM) d’ici à 2015 et éradiquer la pauvreté, a déclaré ensuite Carlos Magarinos, Directeur général de l’ONUDI, avant de constater la stagnation économique des PMA au cours des trois dernières décennies.  Il importe de surmonter certains obstacles clefs, a-t-il dit, en favorisant notamment la transition du capital humain –par la mobilisation d’investissements visant l’amélioration des systèmes éducatifs et de santé-, en mettant en place des industries d’exportation, et en soutenant une transition environnementale pour privilégier l’urbanisation durable. 


Pour l’Economiste en chef au Fonds monétaire international, Raghuram G. Rajan, la mobilisation des ressources à elle seule ne suffit pas à éradiquer la pauvreté.  Ce qui manque, ce sont des politiques et des institutions fortes, a fait valoir le représentant du FMI, avant de souligner que les stratégies de réduction de la pauvreté élaborées par les PMA et soutenues par les institutions de Bretton Woods devaient éviter de cibler uniquement les pauvres et cibler la classe moyenne pour s’assurer que ceux qui peuvent aider au développement des PMA y sont associés. 


Affirmant que le développement humain constituait une priorité pour la Banque mondiale, son Premier Vice-Président, Jean-Louis Sarbib, a plaidé pour des politiques visant l’augmentation des taux de scolarisation et l’amélioration des structures de santé.  Il faut exhorter les parents à investir dans le développement de leurs enfants et rompre le cycle de l’analphabétisme, a-t-il insisté, jugeant à cet égard que les documents stratégiques pour la réduction de la pauvreté (DSRP) constituaient un mécanisme idoine pour intégrer ces priorités.  Par ailleurs, a-t-il dit, si la mobilisation des ressources est un des facteurs essentiels du développement, il importe surtout de s’assurer de leur bonne redistribution et s’assurer que les subventions ne sont pas accaparées par les riches. 


La Banque mondiale a proposé le renforcement du système de collecte des données statistiques dans les PMA afin d’évaluer les résultats des politiques de développement qui y sont menées.  Pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), il faut soutenir le développement d’entreprises privées dans les PMA, a indiqué son Administrateur associé, Zephirin Diabré, qui a annoncé une initiative menée en partenariat avec d’autres organisations dans des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Kenya, Madagascar et le Mali pour permettre aux petites entreprises d’accéder aux financements privés étrangers. 


On compte 520 millions de personnes, soit 80% de leur population, qui vivent avec moins de 2 dollars par jour dans les PMA, a dénoncé ensuite le Secrétaire général adjoint de la CNUCED, Carlos Fortin, estimant que seul un afflux important de ressources permettra d’enclencher un processus de développement.  Il a plaidé à ce titre pour le doublement de l’APD, pour une meilleure répartition des flux d’IED qui sont concentrés dans certains pays aujourd’hui, et pour un accès aux marchés des pays en développement.  En fin d’après-midi, lors de la restitution des présidents des tables rondes, la Présidente de l’ECOSOC a exhorté ses membres à intensifier leurs efforts pour trouver des mécanismes idoines permettant aux PMA d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015 et d’éradiquer la pauvreté, ajoutant que les questions de paix et de sécurité revêtaient également une dimension prioritaire à ce titre. 


Synthèse des tables rondes


La première table ronde consacrée à la «mobilisation des ressources intérieures, au renforcement des capacités et à la formulation de politiques nationales pour l’instauration d’un environnement aux fins d’élimination de la pauvreté dans le cadre de l’application du Programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2001-2010», co-présidée par Ibrahim A. Gambari, Conseiller spécial pour l’Afrique du Secrétaire général de l’ONU et Donald Kaberuka, Ministre des finances du Rwanda, a été l’occasion pour les intervenants de se pencher sur les voies et moyens d’accroître les niveaux domestiques d’épargne nationale; de réduire le risque dans les PMA –en favorisant la bonne gouvernance et en renforçant la sécurité-; de réduire les coûts inhérents aux affaires –notamment en ce qui concerne la bureaucratie-, de renforcer la cohérence dans les politiques des deux côtés de l’échiquier; et de faire progresser la voix des pays les plus pauvres dans le système économique international, notamment pour ce qui est de leur intégration dans le commerce mondial. 


Alors que M. Gambari s’interrogeait sur les mécanismes à mettre en œuvre pour générer des richesses nationales, M. Kaberuka a donné l’exemple des politiques menées au Rwanda, au lendemain du génocide de 1994, pour augmenter les ressources fiscales et améliorer la répartition des dépenses publiques avant de juger que de tels efforts devaient se doubler de mesures d’incitation aux investissements privés.  Il a reconnu toutefois que les PMA n’étaient pas toujours en mesure de garantir la sécurité des investissements.  Pour sa part, le représentant du Sénégal a indiqué que la base taxable dans les PMA était trop faible en raison de la pauvreté des populations et que, quelles que soient les réformes institutionnelles envisagées, ces réformes seraient sans effet si les gens sont trop pauvres. 


Il faut par conséquent agir sur trois leviers, à savoir l’APD, la réduction de la dette et les flux d’IED, et envisager des mécanismes pour inclure les PMA dans le commerce international et orienter les investissements étrangers vers le développement des zones rurales.  Le défi consiste également à inciter les nationaux à investir dans leur propre pays en améliorant la bonne gouvernance, en réformant le secteur bancaire, en améliorant les systèmes de communication, a estimé ensuite M. Gambari, mettant en avant la nécessité d’identifier de nouveaux domaines qui pourraient être financés par des fonds de pension.  Une meilleure utilisation des ressources existantes doit aussi être identifiée comme une priorité, a jugé M. Sarbib, citant l’exemple de l’Ouganda où, sur un dollar alloué à l’éducation, 13 centimes seulement étaient versés aux écoles, alors que dans le domaine de la santé, pour un dollar alloué, 12 centimes seulement atteignaient les destinataires. 


Le premier Vice-Président de la Banque mondiale a également recommandé des mesures de nature à structurer le secteur informel et réduire son importance par l’intermédiaire du microcrédit.  Le représentant de l’ONUDI a partagé cet objectif consistant à réduire la taille du secteur informel, notamment en renforçant les capacités de productions agricoles en créant de petites et moyennes industries.  Le représentant du Bureau international du travail (BIT) a donné l’exemple d’un projet développé en Tanzanie où le Gouvernement a été encouragé à privatiser et décentraliser le ramassage des ordures, ce qui a contribué à responsabiliser les communautés et à créer des emplois.  Pour sa part, le représentant du FMI a jugé que les institutions de microcrédit pouvaient jouer un rôle accru dans le financement de projets au niveau des PME et des PMI et devaient à cet égard être soutenus dans le cadre des politiques d’appui au système bancaire. 


Abordant un autre aspect de la mobilisation des ressources, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a recommandé une analyse dynamique de l’Initiative PPTE, lancée en 1997, entre pays donateurs et pays les moins avancés.  Alors que le Ministre rwandais des finances qualifiait cette initiative de « lacunaire » et que le Conseiller spécial pour l’Afrique, M. Gambari, s’interrogeait sur le délai que devait observer un pays pour en bénéficier, le premier Vice-Président de la Banque mondiale a défendu cette initiative. 


Aujourd’hui, 42 pays en bénéficient pour un montant de 52 milliards de dollars et 27 parmi eux ont atteint le point de décision, a déclaré M. Sarbib, prenant l’exemple de la Tanzanie où 3 milliards de dollars ont été réinvestis dans les secteurs sociaux.  S’agissant de sa durabilité, sur laquelle s’interrogent les PMA, M. Sarbib a jugé nécessaire une évaluation au cas par cas car les seuils de durabilité ne peuvent être identiques pour chaque pays.  Le représentant de l’Inde s’est ensuite interrogé sur la part d’argent prêté par le FMI et la Banque mondiale qui atteint réellement les gouvernements des pays en développement et les destinataires finaux sur le terrain. 


La Directrice exécutive adjointe du FNUAP a mis en avant les défis démographiques importants à surmonter dans les PMA, et en Afrique en particulier, pour soutenir la croissance et le développement faisant valoir que les pays qui ont fait les plus grands progrès au niveau macroéconomique l’ont fait au prix de mesures de réduction de la fécondité et de progression du niveau et de l’espérance de vie, comme le prouvent les exemples du Sri Lanka, du Mexique, du Viet Nam et de la Tunisie.  Pour sa part, la représentante de l’UNICEF a estimé ensuite que les allocations budgétaires devraient tenir compte des objectifs de lutte contre la pauvreté en priorité et non pas de manière résiduelle, tandis que la représentante du Bénin s’interrogeait sur la réactivité des donateurs face à l’orientation du budget national vers des objectifs microéconomiques –social et économique- en priorité. 


La deuxième table ronde, présidée par le Représentant permanent de la Belgique, Jean de Ruyt, et le Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits pays insulaires en développement (PIED), Anwarul Chowdhyry, a permis aux experts d’explorer les moyens de parer aux insuffisances de l’APD.  Il faut dépasser le concept d’APD, ont-ils conseillé aux donateurs, aux institutions financières internationales et aux communautés locales.  Pour les experts, ces trois groupes d’acteurs de la lutte contre la pauvreté doivent se fixer comme priorité le renforcement des cadres réglementaires, la réhabilitation des institutions, l’accroissement de l’investissement étranger et une utilisation plus efficace des fonds dont ils disposent. 


Les experts ont préconisé l’adoption d’une approche plus large des occasions offertes par le secteur privé et du rôle des institutions internationales dans ce processus.  Au niveau national, ils ont présenté les initiatives de microfinancement comme un moyen efficace non seulement d’assurer des services aux populations les plus pauvres mais aussi de leur offrir des crédits.  Le développement des ressources humaines et des partenariats public/privé ont aussi été présenté comme des éléments favorables à l’instauration d’un environnement de lutte contre la pauvreté, aux côtés de la bonne gouvernance et d’une bonne compréhension du lien entre d’une part développement et, d’autre part, paix et sécurité.


Parmi les experts, il faut citer Michael Klein, le Vice-Président du développement du secteur privé et Economiste en chef de la Société financière internationale; Habib Ouane, Chef du Programme pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits pays insulaires en développement de la CNUCED; Reinhard Munzberg, Représentant spécial du FMI auprès de l’ONU; Melinda Kimble, première Vice-Présidente de la Fondation des Nations Unies; Paul Underwood, Directeur exécutif du Conseil des entreprises pour les Nations Unies, et Maria Otero Présidente de Accion International.  Dans son discours d’ouverture, Paul Klein a fait référence à l’exemple de l’Asie, expliquant que, pour lancer son développement, ce continent avait d’abord et avant tout compté sur l’énergie de ses populations et de leur capacité à développer un secteur privé « générateur et gardien de revenus ».  Les « subventions intelligentes » que le continent a privilégiées ont permis d’accroître le pouvoir d’achat des populations sans pour autant compromettre les politiques commerciales et financières mises en place.  De nombreuses délégations ont tout de même rappelé à Paul Klein que, dans le contexte actuel, il est pratiquement impossible pour les PMA de combler le manque de ressources internationales par les activités nationales, compte tenu de l’instabilité des marchés et de leur absence d’accès à ces marchés.  Il est temps, ont argué les partisans de cette thèse, que la communauté internationale s’engage dans une discussion franche sur les moyens d’inciter les pays développés à augmenter l’APD.


Dans l’après-midi, une table ronde consacrée à la dimension régionale de la mobilisation des ressources et de la promotion d’un environnement aux fins de l’élimination de la pauvreté dans le cadre de 2001-2010 -co-présidée par Mervat Tallawy, Secrétaire exécutive de la CESAO et Coordinatrice en exercice des commissions régionales et Kim Hak-Su, Secrétaire exécutif de la CESAP- a été l’occasion pour les participants d’envisager la mise en œuvre de partenariats associant les organisations régionales, la société civile, le secteur privé et d’autres structures communautaires.  De tels partenariats sont essentiels pour aider les PMA à atteindre les objectifs définis dans le Programme d’action de Bruxelles dans la mesure où ceux-ci ne disposent ni des capacités institutionnelles, ni des ressources financières pour y parvenir. 


Les participants à cette table ronde ont mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques de croissance génératrices d’emplois pour les pauvres afin d’inverser les tendances actuelles d’expansion de la pauvreté.  L’importance de l’intégration économique, de la stabilisation des taux de change et de la synchronisation des politiques macroéconomiques au niveau régional, a également été mise en avant, tandis que chaque pays doit pouvoir choisir le rythme idoine de son développement.  L’accent a été également mis sur le rôle du secteur privé et sur le soutien technique et institutionnel pour la mobilisation de ressources, notamment sur les marchés des capitaux.  Les politiques des pays développés doivent répondre aux objectifs de cohérence pour augmenter les ressources allouées à l’APD et à l’Initiative PPTE, tandis que des réseaux d’échanges de connaissances et d’expertises doivent être encouragés.  Des forums d’investissement régional doivent être promus pour mobiliser les ressources à l’échelle sous-régionale, ce qui permettra aux PMA de disposer de ressources et de capacités institutionnelles adéquates.  Cette aide technique doit également couvrir la gestion de la dette extérieure pour laquelle les pays doivent pouvoir disposer d’une expertise, en particulier pour ce qui est de leur éligibilité aux initiatives telles que la PPTE. 


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