ECOSOC/6051

REPRISE ECONOMIQUE MONDIALE AVEC UN TAUX DE CROISSANCE DE 3,5% ATTENDU POUR 2004

05/02/04
Communiqué de presse
ECOSOC/6051


Conseil économique et social

3e séance - matin


REPRISE ECONOMIQUE MONDIALE AVEC UN TAUX DE CROISSANCE DE 3,5% ATTENDU POUR 2004


Le Secrétaire général adjoint aux affaires

économiques et sociales présente les perspectives devant l’ECOSOC


Le Conseil économique et social a entendu, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales qui a présenté le rapport sur “La situation et les perspectives économiques dans le monde 2004”.  José Antonio Ocampo a annoncé une reprise économique mondiale due en grande partie à la Chine; l’amélioration des marchés financiers avec la baisse des primes de risques; la croissance commerciale, et l’amélioration des chiffres dans le domaine financier.  Le Secrétaire général adjoint a aussi mis l’accent sur les problèmes actuels en citant les chiffres décourageants de l’emploi, les modalités de la croissance mondiale et la percée des politiques expansionnistes, et enfin les déséquilibres internationaux attribuables, entre autres, au déficit commercial des Etats-Unis.


Dans sa présentation, José Antonio Ocampo a d’abord indiqué que le rapport a été établi conjointement par le Département des affaires économiques et sociales et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Ce rapport, a-t-il poursuivi, confirme les récentes analyses concernant les perspectives d’une reprise économique très large dans le monde qui devrait contribuer à la croissance mondiale.  Cette croissance doit passer à 2,5% cette année puis à 3,5% l’année prochaine, et ce, grâce aux économies américaine et chinoise.  En effet, l’économie de la Chine n’a cessé de croître ces 20 dernières années et les effets de cette croissance commencent à se faire sentir dans l’économie mondiale.  La Chine est ainsi devenue un modèle pour d’autres pays du monde et il est permis d’attribuer la reprise économique du Japon et du reste de l’Asie à ce pays.


Cette reprise a donc une base très large et devrait toucher toutes les régions du monde, à l’exception peut-être de quelques retardataires, comme l’Europe qui reste derrière les Etats-Unis et le Japon ou encore les économies en transition.  Toutefois, la Communauté des Etats indépendants (CEI) a connu une croissance relativement rapide en 2003.  La croissance devrait aussi s’accélérer dans les pays en développement notamment dans des régions comme l’Amérique latine et la République de Corée qui ont eu le taux de croissance le plus faible en 2002 et 2003.  Ces pays devraient donc passer d’une croissance négative à une croissance positive.


Le rapport, a encore dit M. Ocampo, contient un avertissement concernant les domaines de l’emploi et des modalités de croissance différentes de celles de 2001 et de 2002.  En effet, la croissance actuelle est due à un processus expansionniste plutôt qu’à une politique coordonnée comme le montrent surtout les Etats-Unis et dorénavant l’Europe occidentale.  Il faut, en effet, faire attention aux conséquences de ces politiques expansionnistes puisqu’étant donné la nature voire la faiblesse de ces processus de reprise, elles devraient être maintenues pendant quelques temps.  Le dernier avertissement concerne les déséquilibres internationaux tels que le déficit commercial important et instable des Etats-Unis.


Dans le domaine du commerce, le rapport signale que, dans le cadre de la reprise, on attend une croissance de 7,5% par an du commerce international pour 2004. Des problèmes persistent pourtant tels que les incertitudes concernant l’issue des négociations multilatérales et la multiplication d’arrangements régionaux et sous-régionaux qui affaiblissent le caractère multilatéral du système international et son principe de la clause de la nation la plus favorisée.  Le monde devrait mettre davantage l’accent sur les négociations multilatérales.  Dans le domaine des finances, plusieurs faits positifs sont à relever comme le retour des flux financiers dans les pays en développement qui s’accompagne d’une réduction des risques sur les principaux marchés.  Toutefois la balance des transferts est toujours négative pour ces pays en raison de leur dette extérieure et du retrait des capitaux par les sociétés transnationales lequel n’est pas compensé par des apports de capitaux. 


Si l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) est à saluer, il faut garder à l’esprit que les engagements pris à la Conférence internationale sur le financement du développement en la matière ne représentent qu’un tiers des besoins financiers pour réaliser les objectifs du Millénaire.  M. Ocampo a terminé en saluant l’idée de créer un cadre international pour la restructuration de la dette et de la réforme monétaire.  Fixant les priorités du moment, il a plaidé pour la réduction de la politique expansionniste des Etats-Unis afin, a-t-il dit, de corriger les déséquilibres de l’économie mondiale sans toutefois affecter son rétablissement.  Il s’agit, a-t-il insisté, d’une question de coordination qui affecte aussi les politiques monétaires et fiscales de l’Europe occidentale et du Japon.


Le Secrétaire général adjoint a ensuite répondu aux questions du Pérou, de la Jamaïque, du Qatar et du Ghana.  Il est revenu sur la question du commerce international pour souligner que les taux de croissance prévus, par exemple en Afrique, ne suffiront pas à réaliser les objectifs du Millénaire.  Dans certaines parties du monde en développement, on constate une augmentation de la demande en matière d’importations, en particulier en Chine.  Cela est une bonne chose pour l’économie mondiale mais le problème est qu’il faut que cela s’accompagne d’une dynamique des exportations.  L’accent doit être mis sur la façon d’accélérer la croissance dans le reste du monde industrialisé pour réduire les déséquilibres internationaux.  Interrogé sur les conséquences du SARS sur l’économie asiatique, José Antonio Ocampo a indiqué que l’impact n’avait été que très faible.


Répondant ensuite aux demandes de précisions du Bénin, de la Chine, des Etats-Unis, du Guatemala, du Brésil, de l’Irlande et de la Fédération de Russie, M. Ocampo a confirmé une analyse par région, ajoutant qu’il y figure une estimation de la situation des PMA dont la croissance devrait passer de 3 à 5%.  La version révisée de la note de synthèse de ce rapport mettra l’accent sur cet aspect de la  situation des PMA.  Il a également insisté sur le fait que les économies des Etats-Unis et de la Chine jouent un rôle de locomotive de croissance pour les autres économies du monde.  Cependant, pour pouvoir maintenir cette croissance il est nécessaire de remédier aux problèmes majeurs rencontrés en Chine et aux Etats-Unis, a-t-il averti, citant à titre d’exemple la nécessité d’assurer la stabilité du système financier chinois.  Quant aux interventions portant sur les résultats de Monterrey, M. Ocampo a proposé que le Chapitre 2 de ce rapport comporte à l’avenir une section spéciale pour analyser les problèmes évoqués à Monterrey.  Il a également mis l’accent sur le fait que les faibles résultats obtenus par l’économie mondiale ont eu des répercussions négatives sur les pays fortement endettés, en particulier en Afrique et que les actions visant la réduction de la pauvreté dans le cadre des objectifs du Millénaire ont accusé un sérieux retard.  Quant au NEPAD, M. Ocampo a expliqué que l’une de ses principales innovations est de mettre en place des indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés dans les différents pays concernés.  Le Secrétaire général adjoint a également remarqué qu’il semblait y avoir consensus sur le fait que la crise en Asie et la crise économique mondiale ont eu des répercussions graves sur les pays en développement et à économie en transition, ce qui s’est notamment traduit par des flux financiers négatifs vers ces pays.  En dépit des développements positifs, comme la réduction des primes de risque, cette tendance ne pourra être inversée qu’en faisant face aux déséquilibres de l’économie mondiale, comme le large déficit externe des Etats-Unis, en vue de réduire les différences structurelles des taux de croissance des pays industrialisés et de promouvoir la coopération internationale pour faciliter la croissance économique des pays en développement, a poursuivi M. Ocampo. Dans ce contexte il a souligné que l’un des aspects troublants de l’économie mondiale a été le fait que même lorsque les pays adoptent des taux de change flexibles, les pays en développement ont néanmoins été contraints à accumuler des réserves financières importantes en monnaies étrangères pour pouvoir faire face à la crise économique mondiale.


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