En cours au Siège de l'ONU

ECO/70

LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION DEVIENT LE DIXIÈME PRINCIPE DU PACTE MONDIAL LANCÉ PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

24/06/2004
Communiqué de presse
ECO/70


Sommet des dirigeants du Pacte mondial


LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION DEVIENT LE DIXIÈME PRINCIPE

DU PACTE MONDIAL LANCÉ PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


L’ONU et ses partenaires décident d’améliorer la conception

stratégique du Pacte et de lui donner de nouvelles structures de gouvernance


« Nous avons ajouté aujourd’hui un dixième principe au Pacte mondial, la lutte contre la corruption, et ce jour, vous avez pris des engagements précis: mettre en œuvre les principes énoncés dans le Pacte dans vos sources d’approvisionnement; défendre les droits de l’homme dans les zones de conflit; assurer des conditions de vie décentes; investir dans les technologies non polluantes; appliquer des politiques de lutte contre la corruption, combattre les maladies telles que le sida, et développer les petites entreprises dans les pays les moins avancés », a déclaré cet après-midi M. Kofi Annan dans son allocution de clôture du Sommet des dirigeants du Pacte mondial qui s’est tenu aujourd’hui au Siège. 


Pour le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, M. Julian Hunte, qui a ouvert cette séance de clôture du Sommet, le type de collaboration internationale manifesté à travers le Pacte mondial, est une illustration de ce dont la communauté internationale a besoin pour construire un monde pacifique.  


Les trois personnalités qui ont résumé les débats des trois tables rondes qui se sont tenues dans la journée, ainsi que les intervenants de la société civile et des milieux d’affaires qui les ont suivies, ont unanimement reconnu la nécessité d’accentuer la lutte contre la corruption dans la conduite des affaires et de renforcer ce principe dans le Pacte.  « La corruption est un phénomène entretenu par des élites et des milieux d’affaires.  Elle les enrichit et appauvrit encore plus les pauvres qui en fait, en paient le prix », a déclaré l’un des intervenants en paraphrasant le Président de la Banque mondiale, James Wolfenhson. 


Dans le cadre de la présentation de plusieurs actions collectives lancées selon les principes du Pacte, la représentante du Groupe Otto a indiqué que ce dernier œuvrait, avec le soutien de la Banque mondiale, pour favoriser la durabilité de la culture du coton dans les pays d’Afrique dont l’économie dépend de ce produit, mais où les terres s’épuisent, et dont les populations ont été durement affectées par l’instabilité des cours mondiaux.  Elle a invité les partenaires du Pacte mondial appartenant au secteur des industries textiles à soutenir cette démarche d’entreprise citoyenne.  Pour sa part, le représentant de l’Institut chinois du Pacte mondial a, après avoir présenté la manière dont les principes du Pacte sont perçus en Chine, invité les entreprises et les investisseurs à les y appliquer de façon à soutenir l’idéal de croissance économique juste, intégrée et pacifique de son pays dont l’essor bénéficie à toute l’économie mondiale.


Faisant suite au premier Sommet de juin 2000, la réunion d’aujourd’hui, que le Secrétaire général de l’ONU a qualifiée ce matin de « réunion la plus vaste et du plus haut niveau de dirigeants d’entreprises, de syndicats et de la société civile », a vu une vingtaine de sociétés d’investissements d’envergure mondiale adhérer aux normes environnementales, sociales et de gouvernance prônées par le Pacte mondial.  En outre, 10 bourses de valeurs, dont deux se sont jointes au Pacte, s’engagent à en partager les informations avec les entreprises inscrites à leurs marchés de capitaux.


Le Secrétaire général a émis l’espoir que les partenaires au Pacte mondial feront ce qui est dans leur pouvoir pour contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire.  Les avantages comparatifs du Pacte résident dans l’universalité de ses principes et dans la légitimité internationale que seule l’Organisation des Nations Unies incarne, a encore noté Kofi Annan.  La reconfiguration du Pacte n’étant pas une tâche aisée, le Secrétaire général a proposé qu’un processus de consultations soit mené par son Conseiller spécial, et par le Chef de Secrétariat du Bureau du Pacte mondial, pour que soient présentées dans un an au plus tard des recommandations fondées sur les idées les plus intéressantes.


Rapports des tables rondes


M. BERTRAND COLLOMB, Président-Directeur général du Groupe Lafarge, a déclaré, en résumant les travaux de l’une des trois tables rondes tenues aujourd’hui, que cette manifestation avait démontré l’engagement des milieux d’affaires à promouvoir la responsabilité civique des entreprises.  Depuis le Sommet de Johannesburg sur le développement durable, cette tendance s’était fait jour du coté du monde des affaires qui attendait cependant que les gouvernements expriment leurs propres engagements en ce qui concerne le développement durable.  Aujourd’hui nous avons entendu les prises de position des bourses de valeurs et du secteur de la distribution, a dit M. Collomb.  La question de la crédibilité et de l’intégrité a été au centre des débats.  Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait que le maximum d’entreprises, et si possible toute la communauté des affaires, se mobilisent pour rendre toute activité économique plus intègre.  Les milieux d’affaires, qui sont prêts à travailler dans ce sens, ont cependant demandé que les gouvernements et la société s’engagent franchement dans la définition de cadres et de normes de transparence et d’intégrité que tous les acteurs devront ensuite respecter.  La participation du secteur de la finance est importante, a poursuivi M. Collomb en se déclarant satisfait de l’initiative annoncée aujourd’hui par les bourses de valeurs, dont certaines se sont jointes au Pacte mondial.  Le Pacte, a-t-il poursuivi, doit rester une organisation souple, informelle, exempte de toute bureaucratie et de toute influence politique et où les différents partenaires pourront échanger des idées et des expériences.


M. TALAL ABU-GHAZALEH, Président-Directeur général de l’organisation Talal Abu-Ghazaleh, de l’Egypte, présentant à son tour les résultats d’une des tables rondes, a émis quelques suggestions  pour donner une suite concrète à la vision du Secrétaire général pour le Pacte.  Il a notamment mentionné la nécessité de concevoir et de mettre en place une structure de gouvernance, et notamment l’établissement d’une structure organisationnelle du type de celle en vigueur dans les entreprises; d’utiliser plusieurs langues dans les efforts de communication, de mobilisation et de sensibilisation; de mettre en place un mécanisme de groupes de travail destiné à concrétiser l’appel du Secrétaire général en vue d’user des ressources et des capacités du monde des affaires; de créer des normes de responsabilité sociale.  M. Abu-Ghazaleh a ensuite appelé au lancement d’une culture anticorruption; à la coordination dans les pays en développement d’initiatives locales, par le recours à des modules régionaux et des réseaux, afin de stimuler la communication entre les acteurs; à encourager le jumelage entre entreprises de pays en développement et entreprises de pays développés; enfin à développer des indicateurs d’avantages sociaux pour refléter l’impact réel des indicateurs économiques.  Il a exhorté tous les participants à ce sommet à prendre un nouvel engagement: celui de traduire leurs engagements en des actes. 


M. ACHIM STEINER, Directeur général de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN), a déclaré que le leadership exercé par l’ONU et son Secrétaire général avait été essentiel dans la création du Pacte mondial et demeurait crucial dans son élargissement et dans la mise en œuvre de ses principes.  Si les entreprises veulent vraiment montrer qu’elles prennent au sérieux les 10 principes du Pacte, elles doivent le prouver dans les faits et poser des actes qui seront reconnus par les observateurs et les populations du monde, a dit M. Steiner, en estimant que le Pacte mondial ne devait pas être un simple lieu de discussions intellectuelles.  Il a ensuite proposé que l’ONU s’attache à inciter les entreprises à traduire dans la réalité les normes et les principes inscrits dans le Pacte.


Dans un discours de clôture, le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a estimé que le Sommet avait accompli d’importants progrès sur des points concrets.  Aujourd’hui, a-t-il dit, nous avons ajouté un dixième principe au Pacte, la lutte contre la corruption. 


Il a ensuite résumé l’ensemble d’une série d’engagements précis pris par les parties prenantes lors de ce Sommet: mettre en œuvre des principes dans les chaînes d’approvisionnement; défendre les droits de l’homme dans les zones de conflit; assurer des conditions de travail décentes; investir dans les technologies non polluantes; appliquer des politiques de lutte contre la corruption; combattre les maladies telles que le sida; développer les petites entreprises dans les pays les moins avancés.  Il a aussi fait état de la ferme volonté de l’Organisation des Nations Unies d’incorporer en son sein même les principes du Pacte mondial. 


Le Secrétaire général a ensuite insisté sur le devoir des États en matière de bonne gouvernance, dans l’intérêt de tous.  Quant au secteur des entreprises, il doit se garder de retirer, par les campagnes qu’il mène, ce qu’il offre dans le cadre de la responsabilité civique des entreprises et de l’action philanthropique.  Kofi Annan a ensuite souligné l’importance de définir la nouvelle conception stratégique du Pacte, qui doit mettre particulièrement l’accent sur les possibilités de liens, de synergies et de complémentarité entre les activités des parties prenantes aux échelons mondial et local.  Il nous faut aussi élaborer une nouvelle structure de gouvernance pour le Pacte, a-t-il aussi indiqué, insistant sur la nécessité d'éviter la bureaucratisation.  La maîtrise des initiatives de même que le pouvoir d’initiative doivent être partagés beaucoup plus largement entre tous les participants, y compris les entreprises, les travailleurs et la société civile, les organismes des Nations Unies et la famille en expansion rapide de réseaux nationaux qui ont surgi presque spontanément, a conclu le Secrétaire général.  (Pour la version intégrale du discours, veuillez consulter notre communiqué de presse SG/SM/9387, http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/SGSM9387.doc.htm.)


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