L’ECONOMIE MONDIALE FAIT UN BOND EN 2004 MAIS DES DESEQUILIBRES DANGEREUX POURSUIVENT LEUR PROGRESSION
Communiqué de presse ECO/49 |
L’economie mondiale fait un bond en 2004 mais des desequilibres dangereux poursuivent leur progression
Les économistes de l’ONU envisagent une croissance robuste à court terme mais des risques à moyen terme
NEW YORK, le 14 janvier (DESA) -- Encouragée par la faiblesse des taux d’intérêt et par des mesures financières visant à stimuler l’économie, aux Etats-Unis en particulier, de même que par la progression rapide de la Chine qui devient un importateur de premier plan aussi bien qu’un géant en matière d’exportations, la croissance économique mondiale devrait passer à 3,5% en 2004, a annoncé aujourd'hui l’ONU. Les taux de croissance dans les pays en développement sont, dans l’ensemble, en train de remonter grâce à la croissance qu’ont connue les principales économies, indique le rapport de l’ONU intitulé Situation économique mondiale et perspectives 2004.
Toutefois, la création d’emplois continue de poser des problèmes dans la plupart des pays. Toutes les économies pratiquement ont connu une augmentation du chômage ou du sous-emploi au cours des dernières années de ralentissement mondial de la croissance et l’emploi continue d’être à la traîne même lorsque les autres secteurs affichent une reprise.
«Etant donné que la reprise continue d’être tributaire de la faiblesse des taux d’intérêt et de mesures financières visant la croissance, les décideurs doivent veiller à ne pas juguler la reprise ni les perspectives d’une croissance attendue de l’emploi en supprimant prématurément les mesures d’incitation ni à précipiter un resserrement monétaire». C’est ce qu’a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques, Jose Antonio Ocampo, lors du lancement du rapport devant la presse au Siège de l’ONU à New York.
Mais, font observer les économistes de l’ONU, la persistance des déséquilibres internationaux qui ne cessent par ailleurs de croître et qui trouvent leur expression dans l’important déficit externe des Etats-Unis ainsi que dans les surplus correspondants qu’enregistrent quelques autres économies, constitue également une grave menace. La manière dont ces déséquilibres finiront par être réglés «aura des répercussions profondes sur la stabilité, l’efficacité et l’équité futures de l’économie mondiale», indique l’aperçu général de l’économie publié en début d’année.
Il est peu probable que le réajustement des taux de change que d’aucuns ont préconisé réussisse à corriger les déséquilibres et, selon le rapport Situation économique mondiale et perspectives 2004, il pourrait avoir des effets négatifs. Il faut également résister à la tentation d’avoir recours à des mesures protectionnistes pour réduire les déficits de la balance courante et protéger les emplois. La croissance de l’emploi est freinée dans une large mesure par des facteurs cycliques internes ainsi que par la nécessité d’une réforme structurelle dans certains pays et non par le transfert des emplois vers les pays en développement.
Pour corriger la situation, il vaudrait mieux avoir recours à des mesures concertées visant à réduire les écarts de croissance structurelle entre les grandes économies et faire appel à la coopération internationale afin de favoriser une croissance soutenue dans les pays en développement pour ainsi stimuler la demande générale. Les économistes de l’ONU estiment notamment que les Etats-Unis doivent réduire leur déficit public et que l’Europe et le Japon doivent faire en sorte de stimuler la croissance à long terme.
En ce moment, la relance est exceptionnellement vigoureuse aux Etats-Unis, les dépenses commerciales s’alignant enfin sur les dépenses des ménages qu’elles auront bientôt distancées et une amélioration très attendue s’étant engagée au niveau des emplois. Au Japon, une poussée récente de la demande et une croissance des exportations pourraient marquer un tournant après dix ans de stagnation. La croissance européenne demeure modérée mais on voit apparaître les signes d’un redressement modeste.
Après trois années déplorables dont la première a été 2001, l’Amérique latine devrait retrouver une croissance supérieure à 3% en 2004. La croissance pourrait dépasser 4% en Afrique tandis que l’envolée que les économies en transition ont connues l’an dernier ne ralentira que légèrement. Sous l’impulsion de l’Inde et de la Chine, la croissance moyenne en Asie du Sud et de l’Est devrait passer à 6,25%, soit près d’1% de plus qu’en 2003. En Asie de l’Ouest, la croissance que l’on prévoit actuellement à 4% pourrait être supérieure ou inférieure selon que l’on réussira ou non à désamorcer les tensions géopolitiques et à avancer dans la reconstruction de l’Iraq.
Mais l’ONU fait observer qu’il ne faudrait pas s’imaginer que le haut niveau de croissance économique prolongée que l’on a souvent constaté au cours des années 90 soit prêt de reprendre.
Bien que le rapport prévoie une croissance de 7% du commerce mondial pour cette année, il est peu probable que l’on revoie la fermeté des années qui ont précédé 2000, surtout si l’on tient compte des revers qu’a connus le cycle de négociations commerciales de Doha. Les investissements étrangers directs qui se sont chiffrés à 660 milliards de dollars chaque année au cours des deux dernières années atteignent à présent moins de la moitié du chiffre maximum qu’ils ont atteint en 2000 et leur reprise, ainsi que celle des autres courants de capitaux internationaux, devrait être modérée. Par ailleurs, les tensions géopolitiques et les menaces de terrorisme international ont maintenant pour effet de modérer les ardeurs et ce, bien plus qu’au cours des années qui ont immédiatement précédé 2001.
Par conséquent, les économistes de l’ONU préconisent des mesures réfléchies afin d’encourager la reprise et d’éviter que les déséquilibres internationaux ne tournent au désastre.
«Si le dollar américain se dépréciait rapidement et si le déficit commercial des Etats-Unis reculait brutalement ce serait là une éventualité particulièrement fâcheuse» note le rapport de l’ONU. «Si la restructuration qui s’ensuivrait revêtait principalement la forme d’une réduction considérable de la consommation, des investissements et de la demande d’importations aux Etats-Unis, la reprise mondiale de l’économie prendrait probablement fin et l’on retournerait à un nouveau ralentissement de la croissance. »
Pour de plus amples informations, veuillez vous adresser à Tim Wall de la Section de développement du Département de l’information de l’ONU au 1-212-963-5851, wallt@un.org.
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