DSG/SM/221

PAR SA BRILLANTE INTELLIGENCE ET SON DÉVOUEMENT, SERGIO VIEIRA DE MELLO ÉTAIT UN MODÈLE POUR L’ENSEMBLE DU PERSONNEL HUMANITAIRE, DÉCLARE MME FRÉCHETTE

28/04/2004
Communiqué de presse
DSG/SM/221


PAR SA BRILLANTE INTELLIGENCE ET SON DÉVOUEMENT, SERGIO VIEIRA DE MELLO ÉTAIT UN MODÈLE POUR L’ENSEMBLE DU PERSONNEL HUMANITAIRE, DÉCLARE MME FRÉCHETTE


    On trouvera ci-après le texte des observations que la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, a faites le 27 avril, à New York, lorsqu’elle a reçu, au nom de M. Sergio Vieira de Mello, le Prix de la consolidation de la paix pour 2004, décerné par l’East-West Institute:


Je suis profondément touchée et honorée de participer avec vous à cette cérémonie d’hommage organisée en mémoire de mon cher collègue et ami, M. Sergio Vieira de Mello.  Je me félicite que sa mémoire soit honorée aux côtés de celle d’Anna Lindh, femme extraordinaire qui a tant fait pour promouvoir la paix dans le monde.


Je pense que j’exprime la pensée de nombre d’entre nous en disant que Sergio était un précieux atout non seulement pour l’ONU, mais également pour l’ensemble de la communauté internationale.  Ce prix témoigne de cette reconnaissance et je m’en félicite.


Je crois refléter l’opinion générale en disant que nous avons besoin, aujourd’hui plus que jamais, face aux problèmes internationaux, des qualités de Sergio, de sa personnalité et de son courage.  Alors que nous sommes réunis pour discuter et nous attaquer aux problèmes qui se posent, son absence se fait cruellement sentir.


Sergio incarnait ce qu’il y a de mieux à l’ONU.  Son travail reflétait tous les principes que l’Organisation défend.  Il a voulu relever les défis les plus redoutables, a accepté les affectations les plus pénibles et s’est attaqué aux missions les plus difficiles.


Sa nomination en tant que premier Représentant spécial du Secrétaire général au Kosovo, en 1999, me laisse un des souvenirs les plus impérissables de Sergio.  Avec ce type de mission de tutelle, les Nations Unies s’aventuraient en terrain inconnu. Une nouvelle page de l’histoire était écrite chaque jour.  Sergio est parti au Kosovo dans les 24 heures qui ont suivi son affectation, avec pour toute arme son téléphone portable, son savoir-faire et son sens de l’humour.


Une fois sur place, il a sûrement dû souvent improviser.  Il a peut-être goûté l’aventure dans le cadre de sa mission.  Il reste qu’il avait une grande conscience professionnelle, alliée à un sens pragmatique inné et à une ferme détermination, qui surpassaient son charme bien connu.  En l’espace de quelques semaines, il avait mis en place une présence active des Nations Unies au Kosovo et avait préparé le terrain pour les opérations qui se poursuivent jusqu’à présent.


Il a laissé la même empreinte à tous ses travaux, y compris à la mission qu’il a conduite au Timor-Leste et qui a abouti à l’indépendance du pays en 2002.


Dans tout ce qu’il a fait, Sergio entretenait des contacts directs avec les populations locales, leur donnant les moyens de jouer un rôle de premier plan.  Il a veillé à ce que l’Organisation ne s’occupe pas seulement de la mise en œuvre de projets, mais qu’elle mette aussi en place les conditions propices à une bonne gouvernance et à l’instauration d’une paix durable.  Il savait comment faire passer des messages délicats –et souvent déplaisants– à ses interlocuteurs, tout en continuant d’imposer le respect et la confiance.  Si quelqu’un avait les talents de diplomate, la clairvoyance, la compassion et la volonté de faire des populations locales de réels partenaires de l’ONU, c’était bien Sergio.


Sergio –et un grand nombre d’autres personnes exceptionnelles– ont donné leur vie alors qu’ils s’attachaient à donner aux Iraquiens les moyens de construire leur propre avenir. Leur disparition nous a tous marqués à jamais et a illustré de façon terrible les nouveaux dangers qui nous menacent lorsque nous nous employons à rétablir la paix.


Sa brillante intelligence et son sens aigu du discernement, sa grâce et son humour, de même que son profond attachement aux principes qui inspirent la Charte des Nations Unies nous manqueront pour toujours. Par ces qualités, Sergio fait figure de modèle pour l’ensemble du personnel humanitaire et tous ceux qui s’emploient à maintenir, rétablir ou consolider la paix.  J’espère que cet héritage incitera d’autres pendant de nombreuses générations à suivre son exemple.


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