CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: L'AUSTRALIE APPUIE LE COMMENCEMENT DE NÉGOCIATIONS SUR L'INTERDICTION DES MATIÈRES FISSILES
Communiqué de presse CD/G/628 |
Conférence du désarmement
CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: L'AUSTRALIE APPUIE LE COMMENCEMENT
DE NÉGOCIATIONS SUR L'INTERDICTION DES MATIÈRES FISSILES
Le Président sortant fait une déclaration sur l'avancement
des consultations et des séances informelles organisées au cours de son mandat
(Publié tel que reçu)
GENÈVE, 12 août -- La Conférence du désarmement a entendu ce matin l'Australie, qui s'est prononcée en faveur du commencement de négociations sur l'interdiction de la production de matières fissiles. Le Président sortant, l'Ambassadeur du Maroc, a fait une déclaration sur les consultations qu'il a menées au cours de son mandat et les séances informelles qui ont été organisées.
L'Australie a salué la déclaration faite par les États-Unis le 29 juillet réaffirmant son appui pour un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Elle a souligné que les mesures de vérification, question qui préoccupe encore les États-Unis, doivent faire partie des négociations. En tout état de cause, l'objectif premier doit être de commencer les négociations sur le traité et l'Australie juge dommageable pour la crédibilité de la Conférence que l'aspiration partagée en faveur d'un traité sur les matières fissiles continue de se heurter à l'incapacité de la Conférence du désarmement à s'entendre sur un programme de travail
À l'issue d'une séance officieuse consacrée à la méthodologie du programme de travail, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Omar Hilale du Maroc, dont le mandat se termine cette semaine, a fait valoir que les propositions qu'il a présentées au début de son mandat, concernant notamment la tenue de séances informelles, ont fait l'objet de consultations bilatérales qui ont été couronnées de succès. En particulier, l'organisation d'une réunion informelle sur les thèmes nouveaux et additionnels liés à l'ordre du jour de la Conférence a été un test réussi et le Président a souligné l'impératif de poursuivre cette réflexion en vue de permettre à la Conférence d'apporter des réponses idoines aux préoccupations de ses membres pays face à la fragilisation de la sécurité internationale et à la globalisation des menaces et défis à la paix dans le monde. Alors que les attentes internationales en matière de désarmement sont plus que jamais pressantes, la Conférence sombre désespérément dans son impuissance à transcender les divergences de ses membres, et le Président a rappelé que les succès du passé ont été réalisés grâce au respect de la prééminence de l'ordre du jour en dix points et l'objectif de sa mise en œuvre sans conditionnalité aucune, alors que la léthargie de la Conférence, depuis bientôt huit ans, est la conséquence inévitable de la démarche stérile de tout ou rien.
La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 19 août.
Déclarations
M. MIKE SMITH (Australie) a déclaré que l'Australie accueillait favorablement toute initiative qui permettrait à la Conférence de se remettre au travail. Il ne fait eu aucun doute que sept ans d'inaction ont porté atteinte à la réputation et à l'intégrité de la Conférence et soulèvent des questions fondamentales quant à son avenir. L'Australie est disposée à appuyer toute proposition concernant un programme de travail pouvant recueillir l'appui de tous les membres de la Conférence. C'est pourquoi l'Australie salue la déclaration faite par les États-Unis le 29 juillet dans laquelle ce pays réaffirme son appui pour un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.
L'Australie demeure un ferme partisan d'un traité sur les matières fissiles et M. Smith a exprimé l'espoir que la déclaration des États-Unis suscitera un nouvel élan pour que commencent les négociations. S'agissant de la préoccupation des États-Unis quant à savoir si des méthodes efficaces de vérification du traité pourront être mises en place, l'Australie estime que les mesures de vérification doivent faire partie des négociations. L'Australie a proposé une approche concernant la vérification du traité qui pourrait être à la fois efficace que rentable. La méthode s'appliqueraient aux matières fissiles produites après l'entrée en vigueur du traité et aux installations qui produisent les matières fissiles. Mais l'objectif premier doit être de commencer les négociations sur le traité pour mener plus avant la réflexion sur les questions de vérification et autres questions. Il est dommageable pour la crédibilité de la Conférence que l'aspiration partagée en faveur d'un traité sur les matières fissiles continue de se heurter à l'incapacité de la Conférence du désarmement à s'entendre sur un programme de travail.
M. OMAR HILALE (Maroc), Président de la Conférence du désarmement, présentant des remarques sur les faits marquants de son mandat, qui se termine cette semaine, a souligné que la réunion informelle sur la transparence dans le domaine des armements, qui a clos la série de séances officieuses consacrées aux sept points de notre ordre du jour, a donné lieu à des échanges fructueux et a permis une meilleure compréhension des postures respectives et des priorités des uns et des autres. Il a également fait valoir que ses propositions présentées au début de son mandat ont fait l'objet de consultations bilatérales qui ont été couronnées de succès. La première proposition présidentielle a permis l'organisation d'une réunion informelle sur les thèmes nouveaux et additionnels liés à l'ordre du jour de la Conférence. Cette séance a été non seulement une première dans les annales de la Conférence, mais surtout un test réussi. Il a souligné l'impératif de poursuivre cette réflexion collective sur ces thèmes nouveaux, en vue de permettre à la Conférence d'apporter des réponses idoines aux préoccupations de ses membres pays face à la fragilisation de la sécurité internationale et à la globalisation des menaces et défis à la paix dans le monde.
M. Hilale a par ailleurs souligné que la présidence marocaine a coïncidé avec la présentation de la double proposition américaine sur le FMCT (traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires) et la vente à l'export des mines persistantes. Il a salué l'initiative sur le FMCT qui offre à la Conférence l'opportunité de se pencher sur un thème d'actualité. Dans ce contexte, la Conférence attend, avec beaucoup d'intérêt et d'optimisme, l'arrivée annoncée de l'équipe d'experts pour présenter les différents aspects d'un traité interdisant la production des matières fissiles. S'agissant de l'initiative américaine sur la vente à l'export des mines persistantes, elle est louable à plus d'un titre. La Conférence du désarmement offre, de l'avis du Président, le cadre idoine pour en débattre. D'autant qu'elle a le grand avantage de réunir les États parties et non parties à la Convention d'Ottawa. D'où la perspective d'avoir un débat ouvert et égal entre toutes les délégations intéressées, et pourquoi pas fructueux et productif pour renforcer cet instrument international et favoriser son universalité. Il a espéré que les questions de procédure ou de compétence, aussi importantes soient-elles, n'obtrueront pas la voie à une démarche éminemment multilatérale, hautement humanitaire, et relevant manifestement du mandat de la Conférence.
Le Président a enfin relevé que ses premières consultations se sont concentrées sur les voies et moyens de rallier l'ensemble des membres de la Conférence à l'initiative des Cinq Ambassadeurs, qui bénéficie d'un large soutien, d'une grande perception comme une excellente base de travail et d'une considérable appréciation pour sa valeur intrinsèque. Il a toutefois décelé un sentiment grandissant regrettant que la dynamique générée par les composantes de la proposition lors de sa présentation il y a deux ans est en train de s'estomper. À cet égard, la Conférence gagnerait à exploiter le potentiel de disponibilité politique des délégations à traiter les différents points de l'ordre du jour selon leur propre mérite et leur acuité en relation avec la sécurité internationale et l'objectif fondamental d'inverser la course aux armements. Il a lancé un appel au pragmatisme et à la Realpolitik, afin de faire sortir la Conférence de sa longue impasse. En effet, au moment où les arsenaux nucléaires s'accumulent et se modernisent continuellement, que la militarisation de l'espace se poursuit imperturbablement, que de nouvelles armes encore plus meurtrières sont mises au point, que des armes de destruction massive prolifèrent à grande échelle, suscitant une inquiétude mondiale, que les instruments internationaux en matière de désarmement sont, soit violés, soit reniés, que le terrorisme nucléaire, chimique ou biologique représente une menace à l'échelle planétaire, et que les attentes internationales en matière de désarmement soient plus que jamais pressantes, la Conférence sombre désespérément dans son impuissance à transcender les divergences de ses membres. C'est pourquoi le Président a invité la Conférence à tirer les enseignements de ses réussites et retenir les leçons de ses échecs. Aussi, force est de constater que les succès du passé ont été réalisés grâce au respect de la prééminence du décalogue et la finalité première de sa mise en œuvre sans conditionnalité aucune, alors que la léthargie de la conférence, depuis bientôt huit ans, est la conséquence inévitable de la démarche stérile de tout ou rien.
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