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CD/G/617

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ACHEVE LA PREMIERE PARTIE DE SA SESSION DE 2004

25/03/2004
Communiqué de presse
CD/G/617


Conférence du désarmement


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ACHEVE LA PREMIERE PARTIE DE SA SESSION DE 2004


Elle entend des déclarations du Japon, de la Roumanie, de l'Algérie, des Etats-Unis,

dela République populaire démocratique de Corée, du Pérou, du Canada et de l'Iran


(Publié tel que reçu)


La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, la première partie de sa session de fond de 2004, en entendant des déclarations du Japon, de la Roumanie, de l'Algérie, des États-Unis, de la République populaire démocratique de Corée, du Pérou, du Canada et de l'Iran.


Le Président de la Conférence, le Mexicain Pablo Macedo, a rappelé que cette instance était parvenue en janvier dernier à adopter son ordre du jour.  Aussi, a-t-il rappelé qu'il a proposé à la Conférence un calendrier provisoire de réunions plénières officieuses visant à examiner les questions figurant dans cet ordre du jour, la priorité de la Conférence restant l'approbation d'un programme de travail définitif qui permette de reprendre le travail de fond interrompu depuis si longtemps.  Il a appelé chacun, durant la période intersession, à réfléchir aux causes qui empêchent la Conférence d'avancer.


Dressant le bilan de cette première partie de session, l'Algérie a constaté que, si la Conférence n'a toujours pas de programme de travail, l'esprit de dialogue demeure.  Le monde fait actuellement face à un terrorisme international sanglant et porteur de réelles inquiétudes pour l'ensemble de la planète; l'autre danger est la prolifération nucléaire aussi bien horizontale que verticale, a souligné l'Algérie.  Face à ce danger, il est certain, selon l'Algérie, que la meilleure réponse que la communauté internationale puisse apporter est l'élimination totale des armes nucléaires et de leurs composants.


Les États-Unis ont rappelé qu'à la fin du mois prochain, se tiendra la troisième réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 2005.  Les États-Unis attendent du Comité préparatoire qu'il soit en mesure d'achever les préparatifs administratifs et de procédure nécessaires en vue de la Conférence de 2005 et qu'il procède à des échanges de vues constructifs sur les nombreuses idées et propositions visant à renforcer la mise en œuvre du TNP et à réaliser son universalité.  La délégation a ajouté que le refus de l'Iran de coopérer pleinement avec l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) constitue un sujet de grave préoccupation pour la communauté internationale, et les Etats-Unis n'ont eu de cesse, avec d'autres pays au sein de l'AIEA, du Conseil de sécurité et lors de discussions bilatérales et multilatérales, que de traiter de questions liées au respect du TNP, y compris du programme nucléaire de la Corée du Nord.  La République populaire démocratique de Corée et l'Iran ont réagi à l’intervention des États-Unis.


La Roumanie a pour sa part indiqué qu'elle allait très bientôt déposer son instrument de ratification du Protocole des Nations Unies sur les armes à feu de la convention sur certaines armes classiques.


Le Président de la Conférence a par ailleurs transmis ses condoléances aux Pays-Bas suite au décès de la Princesse Juliana, qui fut Reine des Pays-Bas pendant plus de trente ans. 


«Un souffle de fraîcheur, un rayon de lumière, une nouvelle façon de penser sont nécessaires au sein de cette instance», a déclaré l'Ambassadrice du Japon dans sa dernière allocution devant la Conférence.  «Le multilatéralisme n'est pas une question de choix, mais plutôt une question de nécessité», a-t-elle ajouté.


La prochaine séance plénière se tiendra le 13 mai 2004, à 10 heures et sera suivie d'une séance plénière informelle sur la cessation de la course aux armements et la réalisation du désarmement nucléaire.


Déclarations


MME KUNIKO INOGUCHI (Japon) a indiqué que ses fonctions d'Ambassadrice devant la Conférence à Genève allaient prendre fin sous peu.  Elle a souligné que le domaine des armes légères et de petit calibre est un domaine du désarmement où le multilatéralisme fonctionne bien.  En effet, a-t-elle rappelé, la première Réunion biennale des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, qu'elle présidait, est parvenue à adopter par consensus son rapport final en dépit des différences existantes entre les positions des divers États.  Il convient en outre de souligner que la Réunion des États parties à la Convention sur certaines armes classiques a adopté en novembre dernier le cinquième Protocole à la Convention, qui porte sur les débris de guerre explosifs et constitue une mesure importante pour traiter des problèmes humanitaires majeurs qui se posent dans des contextes d'après-conflit.  Quant à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui doit encore atteindre l'universalité, elle a eu un impact significatif à travers le monde. 


Ainsi, le multilatéralisme fonctionne-t-il bien dans certains domaines, en particulier dans le domaine humanitaire, a fait observer Mme Inoguchi.  Mais il n'en va pas de même pour le désarmement multilatéral global.  En effet, la Conférence ne met pas à exécution son ordre du jour tel qu'énoncé lors de la Session spéciale de l'Assemblée générale de 1978, pas plus qu'elle ne s'engage sur la voie du traitement des questions qui ont récemment émergé.  Un souffle de fraîcheur, un rayon de lumière, une nouvelle façon de penser sont nécessaires au sein de cette instance, a déclaré Mme Inoguchi.  Rappelant que la communauté internationale attend de la Conférence qu'elle parvienne à sortir de son impasse actuelle et engage des travaux de fond, elle a déclaré que le multilatéralisme n'est pas une question de choix, mais plutôt une question de nécessité.


M. DORU ROMULUS COSTEA (Roumanie) a remercié l'Ambassadrice du Japon, Mme Inoguchi, pour sa contribution aux travaux de la Conférence.  Il a fait part de son appréciation suite à la présence devant la Conférence, la semaine dernière, de nombreux Ministres des affaires étrangères qui ont assuré cette instance de leur engagement en faveur du désarmement, de la non-prolifération et de sécurité internationale.  Il ne faut pas manquer de trouver des solutions aux menaces à la paix et à la sécurité globales, a souligné M. Costea.  Il a exprimé l'espoir que la période intersessionnelle fournira l'occasion de trouver les moyens de dégeler les travaux de la Conférence.  M. Costea a rappelé que son pays avait achevé l'élimination de son stock de mines antipersonnel un an avant la date limite fixée par la Convention d'Ottawa.  Il a exprimé l'espoir que dans un proche avenir, la Roumanie pourra accroître sa contribution à un autre pilier de la Convention, à savoir l'assistance aux victimes.  Il a en outre indiqué que la Roumanie allait très bientôt déposer son instrument de ratification du Protocole des Nations Unies sur les armes à feu; ce Protocole constitue un instrument important pour lutter contre la production et le trafic illicites de ce type d'armes, a-t-il souligné.


M. MOHAMED SALAH DEMBRI (Algérie) dressant le bilan de la première partie de la session de 2004 de la Conférence du désarmement, a constaté que, si elle n'a toujours pas de programme de travail, l'esprit de dialogue demeure.  Chaque pays a ses propres priorités et ses propres préoccupations.  Mais les États membres de la Conférence ont des responsabilités particulières dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, principalement des États dotés de l'arme nucléaire.  Hélas, le monde est sans cesse plus incertain et les menaces sont multiples et d'une nature inédite.  Par exemple, le monde fait actuellement face à un terrorisme international sanglant et porteur de réelles inquiétudes pour l'ensemble de la planète.  L'autre danger est la prolifération nucléaire aussi bien horizontale que verticale.  Face à ce danger, il est certain que la meilleure réponse que la communauté internationale puisse apporter est l'élimination totale des armes nucléaires et leurs composants.  L'Algérie est profondément préoccupée par ces questions et d'autres, additionnelles à l'ordre du jour : le développement de certaines doctrines qui n'écartent pas l'utilisation d'armes de destruction massive à titre préventif ou non, la militarisation de l'espace, pour lequel des programmes ambitieux sont en train d'être menés, ainsi que le perfectionnement d'armes de tout type.


Soulignant son attachement à la cause du désarmement et au contrôle des armements à travers la conclusion des traités multilatéraux irréversibles et vérifiables, M. Dembri a déclaré que, dans cette entreprise, le désarmement nucléaire doit constituer la plus grande priorité de la Conférence afin de débarrasser définitivement la planète de l'apocalypse nucléaire et d'engranger véritablement les «dividendes de la paix» qui n'ont pas encore pleinement porté leurs fruits.  En particulier, l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui n'arrive toujours pas à recueillir le nombre de ratifications nécessaire, participe également de l'objectif du désarmement nucléaire.  Un traité sur les matières fissiles serait aussi un de ces démembrements importants, en liant non-prolifération et désarmement.  L'Algérie se réjouit de la signature par l'Iran et la Libye du Protocole additionnel au Traité de non-prolifération des armes nucléaires.  Cette décision contribue assurément à l'établissement d'un climat de confiance dans leur région respective et va dans le sens du renforcement du TNP.  Le représentant algérien a également souligné que l'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires participe de ce même effort de réduire les risques d'utilisation de l'arme nucléaire.  À cet égard, la création d'une telle zone au Moyen-Orient est indûment retardée par le refus opposé par l'État d'Israël qui ne montre aucune disponibilité à adhérer au TNP ni à soumettre ses installation nucléaires au contrôle de l'AIEA.


C'est conscient de tous ces dangers qui menacent la planète et convaincus de la validité et de la cause du désarmement et du contrôle des armements que la proposition des cinq Ambassadeurs, dont celui de l'Algérie, est née.  Cette initiative a reçu un large soutien de la part des délégations représentées à la Conférence qui y voient là une proposition sérieuse en vue de l'adoption d'un programme de travail.  Un grand nombre d'entre elles ont souligné que, même si cette initiative ne répond pas entièrement à leurs priorités ou à leurs préoccupations nationales, elles se montrent disposées à l'adopter, dans un esprit de compromis.  Pour beaucoup d'entre elles, les points relatifs au désarmement nucléaire et aux garanties de sécurité sont, à juste titre, de la plus haute importance, a noté M. Dembri, qui a par ailleurs lancé un appel au co-parrainage pour ceux qui le voudraient.  Il a ajouté que tous les moyens devraient être envisagés afin de rapprocher les points de vue et de favoriser la compréhension mutuelle des questions à l'ordre du jour.  La présidence doit mener les consultations nécessaires en vue de parvenir au plus tôt à l'adoption d'un programme de travail général et équilibré acceptable par tous et pour tous, selon le principe de la sécurité non diminuée pour tous.  Il a par ailleurs suggéré la réactivation du groupe de travail chargé en 1979 de présenter périodiquement des rapports à l'Assemblée générale au sujet des répercussions économiques et sociales de la course aux armements et ses effets nuisibles sur la paix et la sécurité dans le monde.  Cela permettrait à la communauté internationale d'avoir une idée précise de l'impact des dépenses militaires sur la problématique du développement économique et social.  L'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) pourrait également entreprendre des études sur cette question.  Enfin M. Dembri a rappelé qu'il appuyait une meilleure participation des organisations non gouvernementale aux travaux de la Conférence.


MME JACKIE W.SANDERS (États-Unis) a rappelé qu'à la fin du mois prochain, se tiendra la troisième réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 2005.  Elle a indiqué que son pays attend du Comité préparatoire qu'il soit en mesure d'achever les préparatifs administratifs et de procédure nécessaires en vue de la Conférence de 2005 et qu'il procède à des échanges de vues constructifs sur les nombreuses idées et propositions visant à renforcer la mise en œuvre du TNP et à réaliser son universalité.  Si l'on s'efforce d'accomplir ce qui peut l'être, cette session du Comité préparera correctement chacun à la tâche qui nous attend à la Conférence d'examen de 2005, a déclaré Mme Sanders.


Attirant l'attention sur les événements intervenus ces trois derniers mois en rapport avec le TNP, elle a souligné que, si la décision de la Libye de renoncer à son programme d'armement nucléaire et de se conformer au TNP revêt une grande importance et permet de promouvoir de manière significative les objectifs de ce Traité, les révélations relatives à des activités sur un marché noir du nucléaire ainsi que le refus continu de l'Iran de coopérer pleinement avec l'AIEA constituent des sujets de grave préoccupation pour la communauté internationale.  Mme Sanders a rappelé que son gouvernement n'a eu de cesse, avec d'autres pays, au sein de l'AIEA, du Conseil de sécurité et lors de discussions bilatérales et multilatérales, que de traiter de ces questions et d'autres questions liées au respect du TNP, y compris du programme nucléaire de la Corée du Nord.  Le TNP ne continuera à servir l'objectif de sécurité globale que si nous insistons sur de fortes mesures de vérification et d'application, a déclaré Mme Sanders.  Elle a rappelé que les États-Unis sont le premier contributeur au Programme de coopération technique de l'AIEA qui a pour responsabilité croissante d'assurer que les bénéfices de l'énergie nucléaire pacifique deviennent une réalité pour les pays en développement.


Mme Sanders a souligné que le désarmement nucléaire est un processus graduel qui sera long à mener à son terme, du fait des réalités politiques et des changements qui interviennent dans le domaine des sciences et des technologies.  Les États-Unis ont déjà démantelé plus de 13 000 armes nucléaires, a-t-elle rappelé.  Elle a précisé que son pays est en train d'intégrer ses capacités stratégiques non nucléaires dans ses forces offensives de manière à réduire sa dépendance à l'égard des armes nucléaires. 


M. JANG CHUN SIK (République démocratique populaire de Corée) a souligné que son pays est libre de toute obligation en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) puisqu'il s'est retiré de ce Traité.  La question nucléaire entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis est le résultat d'une attitude hostile de la part des États-Unis, a-t-il affirmé.  La République populaire démocratique de Corée ne ménage aucun effort en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-il insisté.  Il a rappelé que les États-Unis sont l'État qui, dans le monde, possède le plus d'armes nucléaires et ont été les premiers à en utiliser contre des êtres humains.  Les États-Unis ont en outre adopté une stratégie qui prévoit désormais la possibilité d'une attaque nucléaire préventive contre un autre État indépendant, a rappelé le représentant.


MME ANN POLLACK (Canada) a rappelé à tous les membres de la Conférence qu'un séminaire sur la protection de l'espace pour tous, patronné par l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), commence ses travaux cet après-midi, à 15 heures, en Salle VII, du Palais des Nations.


M. HAMID ESLAMIZAD (Iran) a réagi aux références faites à son pays par la délégation des États-Unis.  Les allégations des États-Unis ont été réfutées par les organes internationaux compétents, comme l'atteste le dernier rapport du Directeur général de l'AIEA, a-t-il rappelé.  Les États-Unis sont à contre-courant des résultats des organes internationaux compétents, ce qui ne peut qu'alimenter la suspicion de l'Iran selon laquelle d'autres visées politiques que la non-prolifération sont ici en jeu.  L'Iran est pleinement attaché à la cause de la non-prolifération tout comme elle l'est à celle du désarmement nucléaire, a insisté le représentant iranien.


M. PABLO MACEDO, Président de la Conférence, a notamment rappelé, en cette dernière journée de la première partie de la session de 2004 de la Conférence, qu'à l'issue des consultations intenses menées en janvier par la présidence kényane, cette instance avait été en mesure d'adopter son ordre du jour.   Aussi, a-t-il rappelé qu'il a proposé à la Conférence un calendrier provisoire de réunions plénières officieuses visant à examiner les questions figurant dans cet ordre du jour, la priorité de la Conférence restant l'approbation d'un programme de travail définitif qui permette de reprendre le travail de fond interrompu depuis si longtemps.  Il a indiqué qu'en dehors des séances plénières officieuses prévues, il a bien l'intention de poursuivre les consultations de fond.  Il a appelé chacun, durant la période intersession, à réfléchir aux causes qui empêchent la Conférence d'avancer.


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