LES DÉLÉGATIONS DE LA TROISIÈME COMMISSION APPELLENT À PRÉVENIR ET À REMÉDIER À LA MONTÉE DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
Communiqué de presse AG/SHC/3800 |
Troisième Commission
38e séance – matin
LES DÉLÉGATIONS DE LA TROISIÈME COMMISSION APPELLENT À PRÉVENIR ET À REMÉDIER À LA MONTÉE DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
Concluant leurs travaux sur l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, plusieurs délégations de la Troisième Commission se sont inquiétées de la recrudescence de ces phénomènes et des nouvelles formes qu’ils prenaient depuis, notamment, les attaques du 11 septembre et l’accent mis par les gouvernements sur la lutte contre le terrorisme.
Nombre de délégations se sont dites vivement préoccupées par l’apparition de nouvelles formes de discrimination raciale et de xénophobie. Légitimés par des politiques prenant le prétexte de défendre l’emploi, la sécurité ou l’identité des nationaux, ces phénomènes visent, au-delà des cibles traditionnelles, les immigrés, les réfugiés et les non-nationaux. Ces idées, a fait remarquer le représentant de l’Inde, font insidieusement leur chemin dans les mentalités, comme en témoigne le renouveau des partis nationalistes et d’extrême droite, et mettent à mal la démocratie par un mécanisme de translation de ces plateformes vers les programmes politiques des partis démocratiques. La poursuite des intérêts électoralistes porte en elle le danger de légitimer et de banaliser les idées xénophobes.
Autre sujet d’inquiétude des délégations: la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme, nourrie par l’excès d’attention portée à des questions sécuritaires. Se faisant porte-parole des musulmans arabes et non arabes, les représentants de l’Égypte et de la République islamique d’Iran ont fait valoir que l’origine ethnique et la confession religieuse, voire la langue, sont de plus en plus des prétextes à discrimination raciale. Et le représentant de l’Inde d’insister sur l’incidence de la guerre contre le terrorisme sur la portée des discriminations elles-mêmes qui, dans un « nouveau paysage idéologique » recoupent race, ethnicité, religion et culture. Quant aux victimes traditionnelles de la discrimination raciale, a-t-il déclaré, l’atmosphère de surdétermination de la lutte contre le terrorisme les a désignées comme groupes « terreau du terrorisme ». Pour sa part, la représentante d’Israël a constaté une évolution de l’antisémitisme, passé de l’objectif de nier à la personne juive sa place dans la société à l’objectif de nier au peuple juif sa place au sein de la communauté des nations. Les appels à la destruction de l’État d’Israël sont, selon elle, la mutation la plus récente de l’antisémitisme.
Pour prévenir ces phénomènes avant qu’ils ne dégénèrent, les délégations ont souligné, outre l’interdiction des partis et des plateformes racistes et xénophobes, l’importance de la mise en œuvre, conformément aux instruments internationaux, des plans d’action nationaux et des mécanismes institutionnels. La proposition du Rapporteur spécial, Doudou Diène, de mettre en place un système d’alerte précoce et un mécanisme de prévention systématique a été appuyée par plusieurs délégations, dont de nombreuses ont insisté sur le rôle de l’éducation, fondée sur les principes de tolérance, du respect du multiculturalisme et du pluralisme, de même que sur la promotion du dialogue entre les religions et les cultures, comme première ligne de défense contre la transmission des stéréotypes et des préjugés racistes.
La Troisième Commission entamera, demain, mardi 9 novembre, ses discussions sur la protection des réfugiés et engagera un dialogue interactif avec le Haut Commissaire aux réfugiés, Ruud Lubbers.
ÉLIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE,
DROIT DES PEUPLES À L’AUTODÉTERMINATION
Déclarations
M. LUKYANTSEV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il était essentiel de placer la lutte contre le terrorisme au premier plan de l’ordre du jour car, selon lui, minimiser le danger du phénomène risquerait de déclencher une montée du racisme et de l’extrémisme politique. Il a souligné l’importance de l’adoption de mesures législatives contre les manifestations du racisme qui trouvent leur racine dans les préjugés. L’éducation est également un outil indispensable de cette lutte, a-t-il estimé. Il a exhorté les États Membres à mettre en œuvre les engagements pris lors de la Conférence de Durban. Il s’est inquiété de la résurgence des mouvements néonazis dans de nombreux pays d’Europe. Il a également souligné les difficultés des minorités russophones en Estonie et Lettonie qui, selon lui, ne peuvent pas jouir pleinement de leurs droits. Il a notamment signalé la disparition progressive de l’enseignement en Russe dans ces deux États, et les difficultés que cela pose aux minorités.
Mme ZINA KALAY-KLEITMAN (Israël) a estimé que l’on ne pourrait parler du racisme d’aujourd’hui sans évoquer un antisémitisme qui connaît à l’heure actuelle une vigueur renouvelée. Elle a signalé l’augmentation inquiétante d’incidents antisémites depuis le milieu de l’année 2002, prenant notamment la forme d’actes de violence contre des synagogues ou des centres culturels juifs. Au Moyen-Orient, a-t-elle poursuivi, un climat d’incitation à la haine pénètre tous les domaines, que ce soit les médias officiels ou non, les textes des manuels d’école ou les livres. On entend des appels à la destruction de l’État d’Israël, ce qui constitue, selon elle, la dernière mutation de l’antisémitisme, qui cherche à nier au peuple juif sa place au sein de la communauté des nations. Dans ce cadre, elle a salué comme avancée cruciale la Conférence des Nations Unies sur l’antisémitisme qui s’est tenue en juin.
Rappelant la vision des pères fondateurs d’Israël d’établir un État moderne sur la terre traditionnelle du peuple juif, elle a insisté que l’État d’Israël respecte ce droit pour tous les habitants du Moyen-Orient, y compris le peuple palestinien. Elle a affirmé que son gouvernement respecte la vision de deux États énoncés dans la Feuille de route. Mais le droit à l’autodétermination ne donne pas un droit à la violence, a-t-elle souligné. Aucune revendication politique ne justifie le terrorisme et le meurtre, a-t-elle poursuivi. Elle a en outre affirmé que le conflit au Moyen-Orient était un conflit politique et n’était pas un conflit racial, et que le respect et la reconnaissance mutuels, menant à des négociations, étaient la voie à la réalisation des espoirs de paix. Elle a finalement déclaré que la barrière de séparation visait à réduire un terrorisme implicitement ou explicitement soutenu par les autorités palestiniennes, afin de ne pas mettre en danger les progrès des deux peuples vers une solution de deux États vivant dans la paix et le respect mutuel.
M. CRISPIN S. GREGOIRE (République dominicaine), au nom de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que l’iniquité des conditions économiques et sociales qui prévaut dans la plupart des pays en développement trouve son origine dans les méfaits de l’histoire que sont le colonialisme, l’esclavage, le racisme et la discrimination raciale. Il est nécessaire de mettre en œuvre des mécanismes de corrections tels que l’allègement de la dette, la mise en place d’un cadre commercial inclusif et équitable, et toute une série de mesures propices au développement durable, a-t-il estimé, en précisant que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) était un bon exemple. Les pays de la CARICOM attachent ainsi une grande importance à la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d’action de Durban, de même qu’au travail du Groupe d’experts sur les peuples d’origine africaine. Ils appuient les efforts du Haut Commissaire, tout particulièrement en matière de renforcement de la coopération technique. Ils accueillent avec satisfaction l’initiative de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) intitulée « Coalition des villes contre le racisme », de même que les efforts continus du Rapporteur spécial, Doudou Diène. À ce titre, le représentant a souligné qu’il importe que chaque État Membre adopte un plan national de lutte contre le racisme et la discrimination raciale, fondé sur la promotion du pluralisme et du dialogue entre les cultures et les religions. Il a souligné le rôle essentiel des efforts de collecte de données sur les mesures prises pour assurer l’accès à la justice, l’élimination de la discrimination raciale et le développement au niveau de la communauté. Il est évident que le racisme et la xénophobie nourrissent les conflits et les tensions entre les pays de par le monde, et il faut donc redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les engagements pris à Durban, a-t-il conclu.
M. MOHAMED ELBADRI (Égypte) a affirmé que le racisme et la discrimination raciale constituaient des maladies humaines et sociales. En dépit des engagements pris à Durban, la communauté internationale est témoin d’une recrudescence de mouvements nationalistes et de parties politiques d’extrême droite qui prônent la xénophobie. De plus, depuis le 11 septembre 2001, elle est témoin d’une montée de la discrimination raciale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L’origine ethnique et la confession religieuse sont de plus en plus des prétextes à discrimination raciale, c’est en tout cas ainsi que le ressentent certaines populations arabes musulmanes. Il faut donc que la communauté internationale soit plus vigilante face à ces nouveaux phénomènes associés à la discrimination raciale, a-t-il dit en soulignant qu’un autre symptôme était le mépris de la communauté internationale envers la cause du peuple palestinien qui ne peut exercer son droit à l’autodétermination. Combien de temps faudra-t-il encore pour que la communauté internationale lève le petit doigt pour protester contre la politique israélienne telle que pratiquée aujourd’hui, faire arrêter la construction du mur et l’implantation de colonies?, s’est interrogé le représentant. Les nouvelles formes de discrimination raciale se fondent sur des raisons ethniques, religieuses et linguistiques. La première ligne de défense pour mettre en échec ce mouvement nationaliste est la politique éducative, a-t-il insisté, en appelant les États Membres à prévenir avant de guérir.
M. JORGE CUMBERBACH MIGUÉN (Cuba) a estimé que la question du racisme était une question particulièrement sensible puisqu’elle était sous-jacente à la majorité des problèmes auxquels se heurte la communauté internationale. La discrimination se perpétue parallèlement au fossé qui se creuse avec la mondialisation, a-t-il affirmé. Il a estimé que cette vieille idée revêtait un nouveau déguisement, et que ceux qui cherchent à contrôler la planète continuaient d’insister sur le fait qu’ils sont supérieurs et qu’ils ont reçu cette supériorité de droit divin. Il a constaté avec inquiétude que, dans les pays les plus développés, le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie étaient à la hausse, visant les immigrés, les réfugiés et les non-nationaux. Les partis politiques d’extrême droite connaissaient un regain de popularité dans les pays d’Europe, et leurs idées se diffusaient au-delà de leurs frontières, a-t-il insisté. Il a par ailleurs indiqué que le phénomène du racisme s’était accentué dans le climat de la lutte contre le terrorisme, puisqu’au nom de cette lutte l’on tendait à montrer du doigt des peuples, des cultures et des religions dits « à risques ». Reconnaissant l’avancée qu’a constituée la Conférence de Durban, il a exhorté les États Membres à appliquer les engagements pris dans le Plan d’action issu de cette conférence.
Mme MICHELLE JOSEPH (Sainte-Lucie) a soutenu les activités du Comité spécial des Vingt-Quatre, qui travaille sur les questions liées à l’autodétermination des 16 territoires non autonomes restants, la majorité d’entre eux étant des îles. Elle a en effet précisé que le droit à l’autodétermination et le principe de l’égalité en droit de tous les peuples constituaient les fondements de l’action des Nations Unies. La représentante a estimé qu’il y avait un lien logique entre les travaux du Comité spécial des Vingt-Quatre, de la Quatrième Commission, et de la Troisième Commission. Elle a proposé que des modalités de collaboration soient mises en place à l’avenir entre la Quatrième et la Troisième Commission. Elle a réitéré l’appui de son pays aux résultats de la quatorzième Conférence ministérielle du Mouvement des non-alignés, qui s’est tenue au mois d’août et qui a souligné « la validité du droit inaliénable de tous les peuples à l’autodétermination…, quelles que soient la taille du territoire, sa situation géographique, sa population ou ses ressources naturelles ».
Mme PAULETTE A. BETHEL (Bahamas) a rappelé que son pays demeurait pleinement engagé à la Déclaration et au Programme d'action de la Conférence mondiale de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Elle a signalé que la Constitution de son pays contenait des dispositions claires relatives aux droits et libertés fondamentaux de l'individu en dehors de toute considération d'ordre racial et ethnique. Ces droits se manifestaient à travers des actions visant l'interdiction totale de toute forme de discrimination dans les domaines liés à l'emploi, à l'éducation, aux soins médicaux et à la fourniture d'autres services sociaux. Le meilleur exemple de l'engagement des Bahamas en faveur de la tolérance et du respect de la différence résidait dans sa célébration pendant tous les mois d'octobre du Week-end culturel international, qui offre aux 50 nationalités résidant aux Bahamas l'occasion de faire connaître leurs arts, cuisines et cultures d'origine, a conclu la représentante, en soulignant que son pays s'enorgueillissait de vivre en harmonie raciale.
M. DZIUNIK AGHAJANIAN (Arménie) a rappelé que le droit des peuples à l’autodétermination constituait un principe universel, au titre duquel tous les peuples avaient le droit de déterminer leur statut politique et de poursuivre librement leur développement économique, social et culturel. Malheureusement, a-t-il ajouté, dans la plupart des cas, la réalisation de ce droit demeure confrontée aux tentatives visant à aboutir à la confrontation militaire. Soulignant le droit des peuples du Haut-Karabakh à vivre dans la liberté, dans la sécurité et dans la dignité sur son territoire historique, le représentant a expliqué que, il y a dix ans, l’Azerbaïdjan avait fait appel à 2 000 mercenaires pour empêcher les Arméniens de défendre leur terre et leur vie. Il a fait valoir que la sécession du Haut-Karabakh de l’Azerbaïdjan soviétique avait été légale, pacifique, juste et conforme à un référendum. De plus, le peuple du Haut-Karabakh essaie aujourd’hui de construire une société démocratique et a organisé aux cours des dix dernières années des élections présidentielles, législatives et locales selon les décisions de l’OSCE. Le représentant a cependant regretté que leur partenaire de négociation ait choisi la propagande belliciste et l’incitation à la haine anti-Arméniens, plutôt que d’unir les efforts en vue d’une solution négociée du conflit. Il a exprimé la crainte que ces développements inquiétants puissent remettre en question sur le terrain un cessez-le-feu déjà fragile. L’histoire récente des conflits, notamment en Europe, est remplie d’exemples où la xénophobie et l’intolérance ont été propagées pour constituer un sol fertile à la violence, a-t-il conclu.
M. SATISH MISRA (Inde) a exprimé ses préoccupations devant le constat dressé dans le rapport du Rapporteur spécial sur la montée du racisme dans les pays développés et la désignation de nouvelles cibles comme les immigrés, les réfugiés et les non-nationaux. Il a aussi mis en garde contre les risques que représente l’influence des partis d’extrême droite sur les systèmes démocratiques en Europe et ailleurs, et l’atmosphère créée par la surdétermination de la lutte contre le terrorisme, qui désigne désormais les victimes traditionnelles de la discrimination raciale comme groupes « terreau du terrorisme ». Outre l’interdiction des partis et des plateformes racistes et xénophobes, a-t-il dit, il conviendrait, comme l’a recommandé le Rapporteur, de mettre en place un système d’alerte précoce et un mécanisme de prévention systématique. Il a appuyé l’opinion du Rapporteur selon laquelle l’attention excessive portée à la lutte contre le terrorisme n’était pas propice à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, et menait non seulement à une marginalisation des efforts de lutte contre la discrimination mais à l’apparition de nouvelles formes de discrimination. Plus grave encore, a-t-il dit, la portée de la discrimination était devenue de plus en plus complexe, car elle regroupait la race et l’ethnicité d’une part avec la religion et la culture d’autre part. Le « nouveau paysage idéologique » avait érodé de manière alarmante la détermination politique et éthique et l’engagement à combattre le racisme et la discrimination raciale, a-t-il déploré.
M. REZA FARROKHNEJAD (République islamique d’Iran) a regretté que les attentats terroristes du 11 septembre aient déclenché une vague de violence et de discrimination contre les musulmans. Ce phénomène s’est trouvé aggravé par la mise en œuvre par certains pays de politiques gouvernementales, notamment dans les écoles publiques, qui risquent de promouvoir et de légitimer l’islamophobie. Il a invité tous les États à réexaminer leurs politiques, voire même leurs lois et règlements dont certains aspects violaient les droits de la communauté musulmane. Il a attiré également l’attention des États Membres sur la nécessité de développer d’urgence une stratégie visant à lutter contre l’islamophobie. Le représentant a ensuite assuré la Commission que l’Iran s’était engagé au niveau national et international à lutter contre toutes les formes de discrimination raciale.
Mme NADYA RASHEED, Observatrice de la Palestine, a estimé honteux qu’à une époque de quasi totale décolonisation, le peuple palestinien continue de se voir refuser le droit à l’autodétermination par Israël, et cela en violation flagrante du droit international. Chaque année que le peuple palestinien se voit nier ce droit était une année de souffrance, a-t-elle dit. Sans reconnaissance de ce droit, aucune solution ne serait viable, a-t-elle insisté. Depuis septembre 2000, Israël avait déclenché une campagne militaire violente contre le peuple palestinien qui entraînait de plus en plus de morts. Elle a souligné que l’espace humain de chaque Palestinien s’était vu envahir au fur et à mesure des attaques de mortiers qui touchaient, entre autres, les écoles, les hôpitaux, les maisons et les mosquées. Plus de 3 450 Palestiniens ont été tués et plus de 50 000 blessés dans ces attaques, a poursuivi la représentante. Le peuple palestinien se voit aussi nier son droit fondamental à l’autodétermination du fait qu’Israël continue de mener une politique du fait accompli sur le terrain, exprimée entre autres par la création du mur de sécurité. Des centaines de palestiniens ne peuvent avoir accès à leur maison, et cette construction entraîne des conditions de vie déplorables pour eux, a-t-elle dit. Le mur avale des terres et rend impossible le règlement du conflit selon le principe de deux États, a-t-elle conclu.
M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) a réitéré l’urgence de remédier à la non-mise en oeuvre des engagements pris à Durban et des obligations en vertu des instruments juridiques conclus. À ce titre, il a salué les recommandations faites par le Secrétaire général et le Rapporteur spécial pour lutter contre la recrudescence des manifestations de racisme qui ne peut que susciter l’inquiétude de la communauté internationale. Il a souligné l’importance que sur la scène politique tout recours au racisme doive être découragé à tous les niveaux. Il était également nécessaire d’approfondir la réflexion sur la manière d’utiliser la liberté d’expression dans les démocraties. En effet, on assiste actuellement, grâce à l’explosion des moyens d’expression, à un nouveau phénomène d’utilisation abusive de la liberté d’expression à des fins de propagande raciste. Il importait de maintenir l’équilibre entre la liberté d’expression et la non-discrimination et l’interdiction de l’incitation à la haine raciale. Dans une grande mesure, a-t-il dit, l’enjeu était de veiller à ce que la liberté s’exerce de manière responsable. À ce titre, les ONG avaient un rôle essentiel dans les campagnes contre la discrimination raciale. Il a rappelé la contribution essentielle du mouvement antiapartheid dans la mobilisation de l’opinion internationale et l’abrogation de l’apartheid, a-t-il conclu, en insistant sur l’importance des activités du groupe d’experts sur les peuples d’origine africaine, qui par le passé ont eu à souffrir de l’héritage du racisme.
M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a rappelé que plus de 130 groupes ethniques différents cohabitaient dans son pays et que 45 confessions y étaient présentes. Plusieurs dispositions légales assuraient la participation égale de tous à la vie du pays, a-t-il indiqué. Ainsi, la Constitution établissait l’égalité de tous les groupes ethniques, et la loi sur le service public interdisait toutes restrictions de recrutement fondées sur la race, l’origine ethnique ou la langue. Le représentant a évoqué le rôle joué par l’Assemblée des peuples du Kazakhstan, qui rassemblait plus de 300 organisations culturelles et ethniques des niveaux national, régional et municipal, et servait à promouvoir les intérêts des minorités nationales dans le processus de création des programmes et des politiques nationales. Il a souligné le travail entrepris afin d’assurer un environnement culturel, éducatif et linguistique favorable à l’expression de la diversité ethnique. Ainsi des écoles enseignaient les langues des différentes ethnies, et il existaient également des théâtres et des journaux ethniques. Il a conclu en soulignant qu’aucun conflit ethnique n’avait émergé depuis l’indépendance du Kazakhstan.
M. KHIN THANDAR (Myanmar) a regretté que la fin du colonialisme n’ait pas mis un terme au racisme et a constaté que, malgré les efforts entrepris depuis la Conférence de Durban, de nombreux défis restaient à relever pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie. Il a indiqué que son pays était aujourd’hui composé de sept états et de sept districts. Il a rejeté le constat du Rapporteur spécial, selon lequel le peuple Karen serait exclu et persécuté. L’Union du Myanmar, a-t-il déclaré, était composée de 135 races nationales, toutes originaires de son pays. Il a également rejeté, en les qualifiant de politiquement motivés, les propos du Rapporteur spécial sur la situation des diverses races de son pays.
Mme SAJA S. MAJALI (Jordanie) a dit que son pays s’était félicité de la résolution 1397 du Conseil de Sécurité, qui affirme la vision selon laquelle deux États palestinien et israélien vivraient côte à côte et dans des frontières sûres et reconnues. La Jordanie réitérait son soutien au droit à l’autodétermination du peuple palestinien sur son sol et à travers l’établissement d’un État indépendant avec Jérusalem comme capitale. L’occupation était une violation du droit à l’autodétermination et débouchait sur la négation de la réalisation de tous les autres droits du peuple palestinien, a-t-elle dit. La construction du mur de séparation remettait en cause la possibilité de créer un État palestinien viable, a poursuivi la représentante. Elle a affirmé que la paix et la sécurité seraient impossibles dans la région sans la fin de l’occupation et la mise en œuvre de la résolution appelant à l’établissement des deux États. Son gouvernement, a-t-elle poursuivi, espérait qu’Israël mettra en œuvre ses obligations, telles qu’inscrites dans la Feuille de route acceptée par les Palestiniens et par Israël. Elle a exhorté Israël à reprendre les pourparlers de paix et à mettre un terme à l’occupation.
Mme RANIA AL HAJ ALI (République arabe syrienne) s’est dite préoccupée par la recrudescence d’actes racistes et xénophobes et a souligné la nécessité de tenir les engagements énoncés dans la Déclaration et le Plan d’action de Durban. À ce titre, elle a regretté la persévérance de pratiques contraires au droit international à l’encontre des citoyens arabes dans les territoires occupés. Elle a notamment cité la construction du mur de séparation, qu’elle a qualifiée de raciste, et l’expansion des colonies par l’expulsion des Palestiniens en vue de changer la composition démographique et la réalité sur le terrain. Elle a regretté que la communauté internationale n’ait pu jusqu’à maintenant permettre au peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination. Elle a souligné que son pays était une terre de tolérance, consacrant l’égalité de ses citoyens, et dont le Gouvernement s’était attelé à appliquer les conventions internationales contre le racisme. Elle a qualifié la région du Moyen-Orient de baromètre de la paix et de la sécurité dans le monde, a réaffirmé le droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation, et a invité la communauté internationale à attacher toute l’importance requise à la situation des Palestiniens. Concluant, elle a réaffirmé le droit du peuple palestinien d’établir sur son territoire un État palestinien indépendant ayant Al Quods Al Charif comme capitale.
M. ILGAR MAMMADOV (Azerbaïdjan) a indiqué que le principe de souveraineté et celui d’autodétermination n’étaient pas contradictoires, mais se renforçaient mutuellement. Dans le cadre du conflit du Haut-Karabakh, il n’y avait pas d’opposition entre ces deux principes, a-t-il indiqué. Le droit des peuples à l’autodétermination n’était pas applicable en ce qui concerne la population arménienne du Haut-Karabakh puisqu’il s’agissait tout simplement d’une minorité vivant sur le territoire d’un État souverain. Il a rappelé que l’occupation par l’Arménie du territoire azerbaïdjanais en 1993 avait porté le problème devant le Conseil de Sécurité. Les résolutions 822, 853, 874 et 884 du Conseil avaient réaffirmé le principe de l’intégrité et de la souveraineté de l’Azerbaïdjan,
a-t-il poursuivi. Il a rappelé les principes visant à résoudre le conflit tels qu’ils ont été proposés lors du sommet de l’Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe (OSCE) en 1996 à Lisbonne, qui ont été acceptés par tous à l’exception de l’Arménie. Ces trois principes étaient les suivants: l’intégrité territoriale de la République d’Arménie et d’Azerbaïdjan; l’octroi à l’Haut-Karabakh du niveau le plus élevé d’autonomie; et la garantie de sécurité pour la population du Haut-Karabakh. Le représentant a souligné que la résolution du conflit ne pourrait se faire qu’avec la restauration et le maintien de l’intégrité territoriale de son pays et la préservation de la minorité arménienne vivant dans le territoire. Il a conclu en indiquant que son pays était prêt à conférer à l’Haut-Karabakh le niveau d’autonomie le plus élevé au sein de l’Azerbaïdjan.
Droits de réponse
Le représentant de la Lettonie a estimé que la déclaration faite par le représentant de la Russie étaient infondée, et témoignait d’une rhétorique officielle adoptée depuis 12 ans par son pays. Par celle-ci, il déformait la situation en ne tenant pas compte des progrès réalisés en Lettonie dans le domaine des droits de l’homme. Il a regretté que l’analyse de la Russie s’écartait de plus en plus souvent de celle de la communauté des défenseurs des droits de l’homme. Il a indiqué qu’il y avait plus de 400 organisations extrémistes de jeunesse et environ 50 000 skinheads appuyés par des partis politiques. Il a aussi signalé que, selon un sondage d’opinion récent, près des 70% des Russes détesteraient les étrangers et souhaiteraient une Russie exclusivement pour les Russes, tandis que 28% estimaient que les juifs devraient être séparés des autres. De plus, a-t-il ajouté, la montée du racisme n’est pas reconnue dans le discours politique.
La représentante d’Israël a estimé qu’en qualifiant le mur de séparation de raciste, la représentante de la République arabe syrienne chargeait un conflit déjà extrêmement chargé. Elle a cité l’opinion individuelle du juge de la Cour international de Justice, Rosalyn Higgins, selon laquelle l’obstacle réel à l’exercice par le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination est « l’incapacité manifeste et/ou le manque de volonté aussi bien d’Israël que de la Palestine d’agir parallèlement pour mettre en place les conditions nécessaires – c’est-à-dire, qu’au même moment, Israël se retire du territoire arabe occupé et que la Palestine crée les conditions permettant à Israël de se sentir en sécurité ». Quant à la fin de l’occupation, a-t-elle dit, Israël essaie de conclure la question des territoires litigieux avec les Palestiniens depuis 1993. Cela implique notamment que les Palestiniens doivent mettre un terme aux actes terroristes et lutter contre les appels à la haine. Dans ce contexte, elle a regretté que les délégués arabes n’aient pas condamné les actes terroristes.
La représentante de l’Arménie a déclaré que les remarques faites par le représentant de l’Azerbaïdjan étaient infondées. Elle a affirmé que la réaction le peuple du Haut-Karabakh était celle d’un peuple réagissant à l’attaque de forces armées en vue de le placer sous sa juridiction et de l’empêcher d’exercer son droit à l’autodétermination. Elle a invité le représentant de l’Azerbaïdjan à relire les résolutions pertinentes, et à tenir compte du fait qu’elles reconnaissent le Haut-Karabakh comme partie au conflit. Elle a précisé que ce n’est pas l’État de reconnaître à un peuple le droit légitime à l’autodétermination dont il l’avait privé. Ce territoire, a-t-elle dit, n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan et n’en fait pas partie. L’argument du respect de l’intégrité territoriale ne tient pas car, a-t-elle expliqué, avant d’appartenir au territoire soviétique, l’Azerbaïdjan n’avait pas de contrôle de facto sur le territoire qu’il revendique, et l’État d’Azerbaïdjan créé en 1921 par les Soviétiques disposait de frontières de nature administrative. La définition de l’intégrité territoriale telle qu’énoncée dans l’Acte final d’Helsinki n’était pas applicable.
Le représentant de la Fédération de Russie, répondant à la déclaration du représentant de la Lettonie, selon laquelle sa déclaration serait infondée, a invité la délégation lettone à prendre connaissance des observations et recommandations qui figurent dans les rapports de la Commission des droits de l’homme et du Comité des droits de l’homme au sujet des droits politiques et de l’élimination de la discrimination raciale. Les documents parlent d’eux-mêmes, a-t-il affirmé.
L’observatrice de la Palestine a déclaré que le plan de désengagement à l’ordre du jour n’avait rien à voir avec la mise en œuvre de la Feuille de route, même si la délégation israélienne avait souligné que cela pourrait mener en fin de compte à son application. Elle a affirmé que l’intention d’Israël était de dominer et de refuser aux Palestiniens leur droit à l’autodétermination. Ce n’était pas le peuple palestinien mais la Puissance occupante qui refusait d’œuvrer vers un règlement du conflit. Elle recherchait la perpétuation de sa domination sur un autre peuple dont elle continuait d’annexer les territoires. Le concept de sécurité ne pouvait plus être pris en otage, a-t-elle dit, en affirmant qu’il était temps d’appréhender la situation en termes de sécurité humaine et de ne plus utiliser le terrorisme comme prétexte pour continuer une politique agressive à l’égard de peuple palestinien. Si les kamikazes palestiniens n’étaient pas excusables et les attentats ne pouvaient pas être justifiés, il fallait toutefois convenir que la violence n’était pas tombée du ciel.
Le représentant de l’Azerbaïdjan a déclaré que le Karabakh avait toujours fait partie de son pays, affirmant que les preuves en pouvaient être trouvées dans l’accord signé au début du dix-neuvième siècle entre le Khanat d’Azerbaïdjan et le Commandant en chef russe. Les deux pays ont proclamé leur indépendance en 1918. Le fait que la capitale de l’Arménie soit Erevan remonte à l’accord de solidarité signé entre les deux voisins. Il a rappelé que la Société des Nations avait reconnu en 1920 le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, que l’Union soviétique a décidé en 1923 que le Haut-Karabakh faisait partie de l’Azerbaïdjan et que l’Azerbaïdjan avait été reconnu par la communauté internationale, y compris les Nations Unies, avec ses frontières actuelles.
La représentante de l’Arménie a déclaré que la capitale de l’Arménie avait été établie à Erevan en 1782 avant J-C et qu’elle ne pouvait donc pas être considérée comme un cadeau de l’Azerbaïdjan. Elle a affirmé que le représentant de l’Azerbaïdjan tentait de réécrire l’histoire.
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