COMMISSION SOCIALE: GARANTIR LA PROTECTION DE L’ENFANCE SUPPOSE DE LUTTER CONTRE L’IMPUNITÉ QUI PRÉVAUT À L’ÉGARD DES VIOLATIONS DE LEURS DROITS
Communiqué de presse AG/SHC/3788 |
Troisième Commission
19e séance – après-midi
COMMISSION SOCIALE: GARANTIR LA PROTECTION DE L’ENFANCE SUPPOSE DE LUTTER CONTRE L’IMPUNITÉ QUI PRÉVAUT À L’ÉGARD DES VIOLATIONS DE LEURS DROITS
(Publié le 21 octobre)
Les nouvelles menaces à la protection de l’enfance étaient au centre des préoccupations exprimées cet après-midi par les délégations de la Troisième Commission qui poursuivaient leur discussion sur la promotion et le respect des droits de l’enfant. Elles ont saisi l’occasion pour réaffirmer tour à tour la nécessité de combler les lacunes dans la mise en œuvre, tant au plan national qu’au plan international, des normes en matière de droits de l’enfant.
Mettre fin à l’implication des enfants dans les conflits armés, à leur commerce, à leur prostitution et à la pornographie les mettant en scène, ainsi qu’aux pires formes de travail auxquelles ils sont assujettis, suppose de mettre fin à l’impunité qui continue de prévaloir à l’égard des crimes les plus odieux commis contre les enfants, a souligné le représentant de Monaco. Il a ainsi appelé la communauté internationale à rendre imprescriptibles les violations les plus graves des droits des enfants et à étendre les pouvoirs des juridictions nationales en leur conférant une compétence universelle en la matière. L’enjeu, a-t-il insisté, est d’empêcher les groupes sociaux, les personnes physiques, les réseaux ou sociétés privées et commerciales qui s’adonnent à de tels actes de se soustraire à la justice.
Dans la même veine, le représentant de l’Ouganda a appelé la communauté internationale à faire davantage pour mettre un terme aux souffrances qu’endurent les enfants victimes des agissements criminelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Il a rappelé que son pays avait saisi la Cour pénale internationale de la situation dans le Nord de l’Ouganda où les agissements de la rébellion et de son chef, Joseph Kony, entraînent notamment des déplacements massifs de population et affectent particulièrement le sort des enfants. Il a en outre appelé le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants touchés par les conflits armés à se rendre sur place afin de témoigner de la réalité.
S’il a reconnu qu’il est inacceptable que les enfants soient utilisés comme « chair à canon », le représentant de la Russie, évoquant la prise d’otages, au début de septembre, dans une école à Beslan, en Ossétie du Nord, a dénoncé le fait qu’ils soient pris pour cibles d’actes terroristes. Condamnant l’ensemble des crimes commis contre les enfants et, en particulier, les attaques terroristes, la représentante de l’Ukraine a appelé à la garantie des droits de l’enfant à développer son potentiel. À ce titre, elle a souligné que les conséquences immédiates des actes terroristes ne devaient pas jeter l’ombre sur l’impact de la catastrophe de Tchernobyl qui aurait fait rien que dans son pays 2 millions de victimes parmi les enfants.
Affirmer les droits de l'enfant revient, en pratique, à définir les responsabilités des adultes. Il est en effet du ressort de tous les adultes, des gouvernements et de la communauté internationale de créer et de maintenir des conditions permettant à la famille de protéger les droits de ses enfants. Partant de ce constat, de nombreux représentants ont souligné la nécessité de renforcer la famille à qui incombe la responsabilité fondamentale des soins et de la protection de l’enfant. À ce titre, la représentante de la République islamique d’Iran a mis en évidence la vulnérabilité des enfants privés de la protection de la famille qui sont souvent victimes des pires formes d’abus et de mauvais traitements. Comme la représentante du Yémen, elle a souligné la responsabilité de l’État de créer un environnement familial propre à l’épanouissement et au bien-être de l’enfant. Le représentant de Fidji a nuancé en soulignant que l’État doit veiller de plus en plus souvent à protéger les enfants des diverses formes de violence dont ils sont victimes au sein de leur famille.
La Troisième Commission se réunira demain, jeudi 21 octobre, à partir de 10 heures, pour conclure sa discussion sur ce point.
PROMOTION DE LA FEMME
Présentant, au nom du Royaume-Uni et de la Turquie, le projet de résolution intitulé « Mesures à prendre en vue d’éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes et les fillettes » (A/C.3/59/L.25), le représentant de la Turquie a déclaré que le projet de texte mettait l’accent sur le besoin de sensibiliser le public sur les crimes d’honneur et sur la nécessité de prendre des mesures pour que les auteurs de ces crimes ne restent pas impunis. Le texte souligne l’importance de prendre des mesures pour venir en aide aux victimes. Le représentant a également souligné que les crimes d’honneur ne se limitaient pas à un groupe de pays et n’étaient pas liée à une religion.
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE VINGT-ET-UNIÈME SIÈCLE »
Présentant le projet de résolution intitulé « Élimination de toutes les formes de violence contre les femmes, y compris les crimes définis dans le document final issu de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le vingt-et-unième siècle » (A/C.3/59/L.23),le représentant du Pakistan a déclaré qu’il espérait que l’adoption du projet de texte se fasse par consensus comme cela a été le cas l’an passé. Le texte est de portée générale et traite de toutes les formes de violence à l’égard des femmes, a-t-il dit.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT
Déclarations
Mme IMERIA NUNEZ DE ODREMAN (Venezuela) a cité les efforts de son pays de mise en oeuvre d’un cadre juridique pour la protection de l’enfant et de l’adolescent, afin de leur assurer la pleine jouissance de leurs droits. Elle a indiqué que le changement survenu dans les politiques publiques en matière de santé et d’éducation –c’est-à-dire la volonté de sortir de la perspective privée– a permis d’offrir des services gratuits de santé et a favorisé l’accès universelle à l’éducation. Elle a évoqué les projets entrepris pour limiter la mortalité infantile et le plan de lutte contre le sida, notamment par la prévention de la transmission verticale et la fourniture de rétroviraux aux mères et aux enfants.
L’âge minimum pour les conscrits militaires est de 18 ans, a-t-elle remarqué. Le Gouvernement insiste sur l’éducation des forces armées qui ont par ailleurs l’obligation de respecter les droits des enfants et des femmes. Elle s’est pourtant montrée inquiète des violations de ces droits par des groupes armés qui ne reconnaissent pas l’autorité du Gouvernement. Quant à la violence sexuelle, un comité intersectoriel contre les abus et l’exploitation commerciale joue un rôle central. Le Gouvernement accorde une attention particulière à la protection des droits des adolescents qui travaillent, a-t-elle conclu.
M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a souligné que son gouvernement s'est activé à mettre en place des programmes pour aider les enfants en situation d'urgence en augmentant de façon substantielle le budget des programmes sociaux. Fermement attaché au bien-être des enfants, le Gouvernement angolais a ratifié tous les instruments internationaux relatifs à la question et s'emploie à mettre en œuvre des politiques visant à améliorer les conditions de vie des enfants angolais. D'ailleurs, a poursuivi le représentant, le projet de la nouvelle Constitution nationale comprend d'importants dispositifs pour la protection des droits de l’enfant. Le Code pénal angolais a été amendé afin de s'adapter aux nouvelles définitions du crime, notamment de l'abus sexuel, de la pornographie et de la traite des enfants. En juin dernier, l'Angola a organisé un forum national à l'issue duquel un Conseil national pour les enfants a été créé. Pour consolider tous ces progrès, le Gouvernement angolais s’est engagé à poursuivre les efforts qu'il déploie dans ce domaine.
Mme ADEKUNBI SONAIKE (Nigéria) a dit que son pays considère le foyer et la famille comme cellule de base dans la lutte contre la pauvreté. L’institution familiale doit être renforcée, a-t-elle estimé, en ajoutant que les inégalités issues de la mondialisation, et en particulier le service de la dette extérieure, érode les structures traditionnelles de la famille. Elle a par ailleurs parlé de l’inquiétude de son gouvernement face à l’augmentation dans la région du trafic d’enfants. Pour permettre aux enfants de grandir et de s’épanouir dans de bonnes conditions, la volonté politique est une nécessité absolue, a-t-elle estimé. Dans ce cadre, elle a salué la ratification quasi universelle de la Convention relative aux droits de l’enfant. Mais les difficultés restent nombreuses dans les efforts de mise en œuvre de ses dispositions, en particulier pour ce qui est de l’exploitation commerciale des enfants et de leur participation aux conflits armés. Dans les zones de conflit, elle a ainsi remarqué que les enfants sont à la fois victimes et auteurs de la violence. La communauté internationale, a-t-elle dit, doit relever ce défi parce qu’une société qui ne protége pas ses enfants n’a pas d’avenir.
Mme PAIMANEH HASTEH (Iran) a noté que, malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire et du Plan d’action contenu dans la déclaration « Un monde digne des enfants », des millions d’enfants vivent encore dans la pauvreté, n’ont pas accès à l’éducation, sont contraints au travail forcé ou victimes de trafics. En tant qu’État partie à la Convention sur les droits de l’enfant, l’Iran a redoublé d’efforts pour intégrer les critères internationaux en matière de droits de l’enfant dans son système judiciaire, a-t-elle expliqué, notamment par l’organisation de séminaires en collaboration avec l’UNICEF pour permettre une meilleure formation des juges des tribunaux spéciaux pour enfants. L’organisation des prisons iraniennes a ouvert des centres de correction et de réhabilitation, tandis que les autorités compétentes ont été chargées de transférer les prisonniers âgés de moins de 18 ans vers ces nouveaux établissements. Le Gouvernement envisage également de ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, ainsi que la mise en place de tribunaux pour enfants et la création d’une police chargée de la protection de leurs droits.
M. CHARLES WAGABA (Ouganda) a indiqué que son pays avait intensifié ses efforts dans la mise en œuvre du document « Un monde digne des enfants » en particulier dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Aujourd’hui, 7,5 millions d’enfants sont inscrits dans une école primaire, contre 2,5 millions en 1986, a-t-il précisé. En outre, l’Ouganda se lancera sous peu dans une campagne visant à réaliser l’éducation secondaire universelle. M. Wagaba a également expliqué que près de 60% de la population a aujourd’hui accès à l’eau potable, et que 84% des enfants ont fait l’objet d’une vaccination. Cependant, le VIH/sida demeure l’une des principales causes de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Rappelant que le nord de l’Ouganda est en proie aux agissements du groupe terroriste de Joseph Kony, il a appelé la communauté internationale à soutenir le Programme de développement et de réhabilitation post-conflit décidé par son gouvernement. Il a également émis le souhait que le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés réponde à l’invitation de son pays de visiter la région.
Mme NADYA RASHEED, Observatrice de la Palestine, a déclaré que les droits des enfants palestiniens étaient niés depuis plus de 37 ans, compte tenu de l’occupation du territoire palestinien, y compris Jérusalem. Elle a indiqué que jusqu’au 20 octobre 2004, les forces d’occupation israéliennes avaient tué 3 412 Palestiniens, dont 753 sont des enfants. Elle a précisé que la plupart de ces enfants avaient été blessés à la tête pendant des fusillades, ce qui montrait, selon elle, qu’ils avaient été délibérément visés. Elle a déclaré que les enfants palestiniens souffraient de troubles psychologiques à la suite des mesures d’oppression d’Israël, et a souligné que l’idéal d’« un monde digne des enfants » n’existait pas sous l’occupation étrangère, qui exclut toute possibilité de mener une vie normale. Elle a rappelé les dispositions de la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre, applicable à tout le territoire occupé depuis 1967. Elle a souligné que cette applicabilité avait été confirmée par 27 résolutions du Conseil de sécurité et d’innombrables résolutions de l’Assemblé générale ainsi que récemment par l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice. Elle a souligné l’urgence de prendre des mesures pour remédier à la situation des enfants palestiniens, et a indiqué que sa délégation comptait sur le soutien de tous les États Membres.
M. ANDREY NIKIFOROV (Fédération de Russie) a rappelé que quelques 300 enfants innocents avaient été tués à Beslan dans un acte de négation de toute morale humaine de la part d’un groupe terroriste. Il a souligné l’obligation qui incombe à la communauté internationale de tout faire pour que de tels événements ne se répètent jamais et afin de créer un « monde digne des enfants ». Faisant observer que le terrorisme international avait une imagination très riche, il a insisté sur l’importance de la coopération dans la lutte contre ce fléau. Il a exprimé la reconnaissance de son pays face à l’aide internationale aux enfants de Beslan, qui a été coordonnée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et a rendu hommage à Carol Bellamy, la Directrice exécutive de l’UNICEF, qui s’est rendue en Russie au lendemain de l’attaque pour réaffirmer l’engagement de l’UNICEF à la promotion et la protection des droits de l’enfant. Il a indiqué que la Convention relative à ces droits constituait la pierre angulaire de la politique poursuivie par son pays en faveur des enfants, et que son pays s’apprêtait à soumettre au Comité des droits de l’enfant son troisième rapport périodique, dont l’examen est prévu pour septembre 2005.
M. GILLES NOGHÈS (Monaco) a rappelé qu’en 2003, l’UNICEF estimait à 1,2 million le nombre d’enfants-marchandises, objets de trafics commerciaux à des fins d’exploitation sexuelle, et à 180 millions le nombre d’enfants engagés dans les pires formes de travail. Depuis 1990, plus de deux millions d’enfants ont été tués et six blessés dans le cadre de conflits armés et de guérillas. De l’avis du représentant, il est donc urgent d’intégrer, dans les stratégies, politiques et programmes pertinents des Nations Unies, la question des enfants dans les conflits armés. Il est également temps de mettre au point un plan d’action pour un mécanisme systématique et global de surveillance et d’échange d’informations. À cette fin, le mandat du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés pourrait être renforcé.
M. ABDELFATTAH EL KADIRI (Maroc) a dit que l’harmonisation des textes nationaux avec la Convention relative aux droits de l’enfant a abouti à l’adoption de nouvelles lois et à l’amendement de plusieurs textes juridiques d’importance capitale, notamment le Code de la famille. De plus, l’entrée en vigueur en juin dernier du Code du travail –qui élève l’âge minimum d’admission au travail à 15 ans et qui renforce les sanctions pénales en cas de non-respect de ses dispositions– constitue une avancée dans la lutte contre le travail des enfants. Grâce au programme international pour l’abolition du travail des enfants, 1 300 enfants ont été retirés du monde du travail et ceux qui étaient en âge ont été scolarisés. Il a par ailleurs indiqué que le Gouvernement se penche sur l’élaboration d’un Code de l’enfant pour améliorer la situation des enfants dans tous les domaines et poursuit en outre sa collaboration avec l’UNICEF. Il a finalement signalé que la deuxième session du Forum arabo-africain de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants sera organisée au Maroc en décembre de cette année.
Mme ARWA ALI NOMAN (Yémen) a souligné que les objectifs du Plan d’action « Un monde digne des enfants » complètent les Objectifs du Millénaire pour le développement et constituent un programme de travail pour offrir des conditions de vie décente pour les enfants. La Convention relative aux droits de l’enfant représente la base et la source dont les pays doivent s’inspirer pour établir leur législation en faveur des enfants. La représentante a estimé nécessaire, au plan international, de renouveler les engagements pris en faveur des enfants et d’améliorer les méthodes de travail pour en assurer la mise en œuvre et, au niveau national, de s’attacher à combler les lacunes dans la mise en œuvre des plans en faveur de l’enfance. Elle a fait observer que la pauvreté abjecte et les conflits entravaient l’amélioration des conditions de vie des enfants, et a appelé les pays riches à faire preuve de solidarité pour permettre aux pays en développement, en particulier les moins avancés, d’être en mesure d’adopter des politiques en faveur de leur population et de leurs enfants. Son pays consacre 50% de son budget à l’enseignement et la santé et a promulgué plusieurs décrets, dont un pour interdire l’excision dans les institutions de santé. Grâce aux politiques mise en place par son gouvernement, la mortalité infantile est passée de 203 pour 1 000 à 105 pour 1 000, et le fossé entre les filles et les garçons en matière d’accès à l’enseignement primaire a été comblé. Par ailleurs, le Yémen a introduit des réformes pour améliorer la qualité de l’enseignement et des infrastructures, mettre fin au travail des enfants, mettre en œuvre des projets de réhabilitation des enfants des rues, et créer des services sociaux pour les enfants orphelins. Elle a souligné la nécessité de tout faire pour donner à la famille l’environnement lui permettant d’offrir à l’enfant protection et soins, et a souligné que cette responsabilité incombait équitablement aux deux parents.
M. ABU EUSSUF KHALILUR RAHMAN (Bangladesh) a exprimé l’engagement de son pays à promouvoir les droits de l’enfant. Remarquant qu’ils restaient les victimes les plus vulnérables de la pauvreté, des conflits armés et du trafic d’êtres humains, il a expliqué que le Bangladesh disposait d’un ministère exclusivement consacré à la condition de l’enfant et de la femme, et avait mis en place un plan d’action spécifique visant à protéger les enfants des maladies mortelles et garantir leur éducation. L’enseignement primaire, a-t-il notamment souligné, est désormais obligatoire pour tous, ce qui a eu un impact positif sur l’âge moyen des jeunes filles au moment de leur mariage. Rappelant que le Bangladesh est l’une des principales victimes de la pandémie du VIH/sida, M. Rahman a expliqué que son pays vouait une attention prioritaire aux enfants touchés par le virus. Il a par ailleurs évoqué les efforts entrepris par le Bangladesh afin de combattre le trafic d’êtres humains, et a enjoint la communauté internationale à porter plus d’attention aux enfants victimes de conflits armés.
Mme FRANÇOISE TAPSOBA (Burkina Faso) a énuméré les actions de son gouvernement en faveur des droits de l’enfant tant au plan national qu’international. Ainsi, de 1998 à 2004, plus de 20 000 exemplaires de la Convention sur les droits de l’enfant ont été distribués gratuitement, tandis que plus d’un demi millier de magistrats, de journalistes, d’enseignants et d’agents de sécurité ont été formés. Le Gouvernement a adopté le Plan d’action national pour la survie et le développement de l’enfant, le Code des personnes de la famille qui protègent l’enfant contre les mariages forcés, précoces et les abandons, ou encore le Code pénal qui sanctionne les mutilations génitales des filles. En mai 2003, le Gouvernement a adopté une loi réprimant la traite des enfants.
Mme DONNETTE CRITCHLOW (Guyana) a fait état des succès enregistrés dans le domaine des droits de l’enfant à l’éducation et à la santé, notamment en ce qui concerne l’éducation primaire pour les enfants autochtones dans le cadre du programme « Escuela Nueva ». De même, la mise en place d’une Commission des droits de l’enfant constitue un pas positif. Mais de tels efforts sont entravés par le manque de ressources, a-t-elle poursuivi. Elle a ajouté que pour faire face aux problèmes des enfants indirectement touchés par le VIH/sida, il faut concentrer les efforts sur les orphelins et s’efforcer de comprendre les besoins des enfants qui se trouvent à la tête des foyers. Pour ce qui est de la question des punitions et châtiments corporels qui, dans son pays, sont jugés nécessaires pour maintenir la discipline, elle a signalé que leur utilisation est encadrée par les dispositions légales et que des sanctions pénales sont prévues si les châtiments corporels sont utilisés en dehors des situations prescrites. Elle a reconnu que le recours à de tels châtiments ne faisait pas l’objet d’un consensus dans la communauté internationale, mais elle a indiqué que la question faisait l’objet d’un débat public dans son pays, notamment avec la participation des enfants. Les changements ne doivent pas être imposés de l’extérieur, a-t-elle dit, et il faut respecter la diversité des opinions.
M. AL-YASIN (Koweït) a souligné que la promotion des droits de l’enfant passait par le renforcement de la famille et de la sécurité. Il a également précisé que la promotion des droits de l’enfant constituait un élément moteur de la politique sociale de son pays. En témoigne, a-t-il dit, le classement par le PNUD au Koweït parmi les pays qui ont un taux de développement humain des plus élevés. Il a cité la mise en œuvre de services d’éducation et de santé, ainsi que des programmes pionniers au service de l’enfance. Le Koweït a notamment créé une base de données sur l’enfance et la famille, a-t-il dit; il fournit l’éducation gratuite de la maternelle à la fin du lycée; et accorde une attention particulière aux enfants ayant des difficultés. Le représentant a en outre indiqué que son pays travaillait sur un rapport sur la mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a rappelé que son pays était partie à la Convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur l’élimination des pires formes de travail et avait ratifié le Protocole sur l’implication des enfants dans les conflits armés. À ce titre, il s’est félicité des progrès significatifs dans la situation des enfants dans les conflits armés, mais a souligné la nécessité de mettre en place un mécanisme de surveillance afin de garantir le respect des normes internationales dans ce domaine.
Mme OKSANA BOIKO (Ukraine) a souligné que les actes de violence et le terrorisme posaient de nouveaux défis en matière de protection des droits de l’enfant. Son gouvernement a ratifié le Protocole facultatif relatif à l’implication des enfants dans les conflits armés, et amendé sa législation pour inclure des dispositions visant à lutter contre le trafic et la prostitution d’enfants. Il a récemment ratifié le Protocole facultatif à la Convention relatif à la vente d’enfants, leur prostitution, et la pornographie mettant en scène des enfants. À ce titre, la représentante a salué le travail de l’expert indépendant chargé d’étudier la violence à l’égard des enfants et du Rapporteur spécial chargé d’examiner la situation en matière de traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Elle a indiqué que son pays mettait en œuvre un programme de lutte contre le trafic d’êtres humains, en accordant un rang de priorité à la lutte contre le trafic de femmes et d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle ou autres. Le trafic est désormais érigé en infraction pénale conformément aux normes internationales, et la lutte contre ce phénomène en expansion requiert une coopération internationale étroite, ainsi que l’adoption d’une politique d’application des lois associée à une politique d’amélioration des conditions de vie des victimes potentielles du trafic. Mme Boiko a par ailleurs souligné les conséquences tragiques et à long terme de la catastrophe de Tchernobyl et les obstacles qu’elle a placés sur la voie de leur plein développement physique et social. Elle a également insisté sur les mesures prises par son pays pour lutter contre le VIH/sida, notamment contre la transmission du virus de la mère à l’enfant.
M. ARIEL BOWEN (Jamaïque) a estimé qu’alors que l’écart de revenus se creuse entre le Nord et le Sud, les enfants des pays en développement devaient toujours faire face à l’augmentation de la pauvreté, l’analphabétisme et l’absence de possibilités. Les ouragans qui se sont récemment abattus sur sa région sont un rappel de la vulnérabilité des petits États insulaires et peuvent détruire des années d’effort et de progrès. Un soutien accru, en particulier financier, qui permettrait d’assurer la pérennité des programmes d’assistance serait par conséquent bénéfique aux enfants. Il a par ailleurs énuméré les mesures prises par son pays pour la protection des enfants et la promotion de leurs droits, notamment en terme de création d’organes spécialisés dans ce domaine. Une unité policière de délinquance juvénile a été mise en place, ainsi qu’une unité de soutien aux victimes, instaurée au sein du Ministère de la sécurité nationale. S’agissant de la lutte contre le VIH/sida, a-t-il poursuivi, son pays visait à réduire de 20% le nombre de nouveaux-nés infectés d’ici à 2005 et de 50% d’ici à 2010.
M. ANDREI A. TARANDA (Bélarus) a fait observer que plus de 10 millions d’enfants meurent de maladies, que les enfants sont les plus vulnérables dans les conflits armés et que, de plus en plus, ils sont pris en otage dans les conflits. Saluant le fait que le Conseil de sécurité se soit saisi de la question, il a indiqué que cela signale la plus grande attention portée à la promotion et à la protection des enfants. Dans le cadre du plan national en faveur des enfants, son pays tient à prôner un mode de vie sain, garantir un enseignement de qualité, aider les familles et enfants vulnérables, prévenir la délinquance et protéger les enfants contre le sida. Le représentant a signalé les efforts entrepris afin d’améliorer la légalisation pour qu’elle soit harmonisée avec la Convention relative aux droits de l’enfant. Ainsi, 27 actes normatifs ont été adoptés en faveur des enfants. Il a enfin signalé la participation accrue des enfants dans l’élaboration de programme qui leur sont destinés.
M. TAN KEE KWONG (Malaisie) s’est dit déçu par le rapport du Représentant spécial du Secrétaire général, notamment en ce qui concerne les changements proposés par le Représentant spécial aux modalités de financement de son bureau. Le bureau a été financé depuis sa création il y a huit ans par des contributions volontaires, a-t-il dit, et il ne comprend pas pourquoi il serait nécessaire de modifier cette méthode en s’appuyant désormais sur le budget général.
Les enfants, a-t-il poursuivi, sont des cibles faciles pour ceux qui se lancent dans les activités criminelles, en particulier l’exploitation. Pour assurer la protection et la promotion des droits des enfants, il est nécessaire de prendre des actions concrètes, a-t-il poursuivi. Reconnaissant que les efforts pour la protection des enfants doivent surtout s’exercer au niveau national, il a estimé qu’il serait impossible de régler la plupart des problèmes touchant les enfants sans s’attaquer aux raisons profondes, telles que la pauvreté, le manque de développement et les conflits armés.
M. SIMIONE ROKOLAQA (Fidji) a indiqué que le Comité de coordination sur l’enfance de son pays était chargé de veiller à la traduction concrète des engagements pris dans le cadre de la Convention relative aux droits de l’enfant. Un des grands axes de la politique de son pays est d’encourager le renforcement de la famille, qui est première responsable du bien-être de l’enfant. C’est dans ce cadre que son pays a adopté en octobre 2003 la loi sur la famille, qui prévoit la protection de l’intérêt de l’enfant, y compris dans le cadre du divorce, en renforçant la responsabilité des parents et de la famille à leur égard. Le représentant a néanmoins souligné que la famille n’est pas toujours synonyme de havre de paix pour les enfants, notamment lorsqu’ils sont victimes de violences ou d’abus sexuels. Il a exprimé les inquiétudes de son pays de voir les trafiquants d’êtres humains se replier sur la région du Pacifique en raison de la plus grande souplesse de la législation. C’est pourquoi Fidji s’est engagé à renforcer sa législation et a lancé des campagnes de sensibilisation du public, en collaboration avec la société civile. Le Gouvernement a ratifié les Conventions 138 et 182 de l’OIT sur l’âge minimum et les pires formes de travail des enfants, et poursuit l’objectif d’éliminer toute forme d’exploitation des enfants. Il garantissait à ses citoyens la gratuité de l’enseignement jusqu’à 11 ans et s’attache à en améliorer la qualité autant que de possible.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a qualifié d’affreuse toute tentative d’attribuer la responsabilité des souffrances des enfants palestiniens aux enfants israéliens. La responsabilité de la situation des enfants commence et finit entre les mains de l’Autorité palestinienne, a-t-il insisté, en ajoutant que c’est le pouvoir palestinien qui vole la vie des plus jeunes. Il a déploré le comportement terroriste du pouvoir palestinien, qui cible les écoles et les hôpitaux. Les enfants ne sont pas servis par la corruption et le népotisme du pouvoir, a-t-il poursuivi, un pouvoir qui préconise le culte du martyr et ouvre ainsi la voix à d’autres terroristes. Il a appelé à ne pas oublier le droit des enfants israéliens à ne pas être tués par les balles terroristes. Si nous voulons garantir l’avenir, a-t-il conclu, seule la voix de la réconciliation est viable.
L’observatrice de la Palestine a qualifié de racistes les propos du représentant israélien. Les enfants palestiniens ne sont pas chargés de massacrer qui que ce soit, a-t-elle dit, et le peuple palestinien n’encourage pas les enfants à la violence. Cette violence provient des F-15 et des forces d’occupation qui s’attaquent aux maisons et aux écoles, a-t-elle insisté. La haine, selon elle, commence et finit avec l’occupation israélienne. Comment les enfants peuvent-ils être heureux si leurs parents sont tués et arrêtés devant eux?, s’est elle interrogée. Les attentats commis contre le peuple israélien, a-t-elle poursuivi, sont le fait de hors-la-loi tandis que les enfants palestiniens meurent du fait des ordres donnés par le Gouvernement israélien.
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