COMMISSION SOCIALE: MÉCANISMES NATIONAUX DE PROMOTION DE LA FEMME ET COOPÉRATION DOIVENT ÊTRE RENFORCÉS POUR VENIR À BOUT DES DISCRIMINATIONS
Communiqué de presse AG/SHC/3783 |
Troisième Commission
11e séance – matin
COMMISSION SOCIALE: MÉCANISMES NATIONAUX DE PROMOTION DE LA FEMME ET COOPÉRATION DOIVENT ÊTRE RENFORCÉS POUR VENIR À BOUT DES DISCRIMINATIONS
Les moyens de remédier au décalage entre la reconnaissance en droit de l’égalité entre les hommes et les femmes et la persistance dans la pratique d’innombrables inégalités a figuré en haute place des préoccupations des délégations de la Troisième Commission qui poursuivent aujourd’hui leur débat sur la promotion de la femme.
Il est donc apparu nécessaire de renforcer les mécanismes nationaux de promotion de la femme pour leur permettre d’engager une nouvelle vague de réformes pour prévenir et tenter d’éliminer les diverses formes de discrimination qui s’opposent à l’exercice par les femmes de leurs droits et libertés fondamentales. L’objectif de l'égalité entre les sexes dépend, ont reconnu des délégations, de l’évolution des attitudes et comportements dans toutes les couches de la société, depuis les hautes sphères de l'État jusqu'au sein de la famille. Une fois renforcées, ces institutions jouent un rôle déterminant, à la fois au niveau politique (compte tenu de leur rôle de garant de l’harmonisation des législations nationales avec les instruments juridiques internationaux) mais également à l’échelle de la société comme initiateurs de changement des mentalités. Ce faisant, elles facilitent l’application des lois qui est le principal enjeu pour l’avancement de la condition de la femme.
Pour tous les pays et en particulier les pays en développement, la coopération internationale est fondamentale à l’adoption systématique d’une perspective soucieuse de l’égalité entre les sexes dans toutes les politiques publiques, conformément aux prescriptions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). Comme l’a souligné la représentante du Soudan, le renforcement des capacités de collectes d’informations, d’établissement de statistiques et de l’échange de bonnes pratiques est essentiel. Dans ce contexte, les délégations ont appuyé l’intensification des efforts des Nations Unies dans ce domaine. L’appui politique et financier au Fonds de développement des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM) et à l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) contribue significativement à soutenir les initiatives prises par les États Membres pour étayer le cadre législatif et administratif visant à éliminer toutes les formes de discrimination.
La mission de l’INSTRAW*, institut basé à Saint-Domingue, consiste à servir de catalyseur essentiel aux initiatives en vue d’assurer l’égalité en favorisant la recherche appliquée, la diffusion de l’information et l’appui au renforcement des capacités. L’Institut s’attache tout particulièrement à faciliter l’adoption d’approches stratégiques et innovantes pour traiter des problématiques liées aux migrations, à la traite des personnes, aux droits liés à la procréation, à la participation des femmes à la vie politique, y compris la contribution des femmes à la paix.
Pour sa part, l’UNIFEM se place au service des gouvernements et en concentrant ses activités d’orientation sur le renforcement de la sécurité économique des femmes et leurs droits en la matière, la promotion du rôle des femmes dans la gestion des affaires publiques et la consolidation de la paix, et sur la prise en compte des vulnérabilités particulières des femmes face aux épidémies et à la violence*.
Par ailleurs, et à la suite de longues négociations, les délégations ont décidé d’inviter cinq nouveaux Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants mandatés par la Commission des droits de l’homme à venir présenter leur rapport et participer à un dialogue avec la Commission lors du débat sur les questions relatives aux droits de l’homme (25 octobre – 2 novembre). S’ajoutent ainsi aux 18 Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants prévus, Mme Yakin Ertuk, Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, MM. Robert Goldman, Expert indépendant sur la protection des droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, Ibrahim Salama, Président rapporteur du Groupe de travail sur le droit au développement, Beng Lindqvist, Rapporteur spécial sur le handicap et Mme Ellen Johnson Sirleaf, Rapporteur spécial sur la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.
Demain, jeudi 14 octobre, à partir de 10 heures, la Commission des affaires sociales, humanitaires et culturelles poursuivra son débat sur la promotion de la femme et le suivi des engagements pris à Beijing en 1995.
* Pour de plus amples informations veuillez consulter les sites: http://www.instraw.org/en/index.html et http://www.unifem.org/index.php.
PROMOTION DE LA FEMME
Suite du débat général
Mme DONYA AZIZ (Pakistan) a affirmé que son gouvernement est pleinement conscient du caractère essentiel de la promotion de la femme pour l’élimination de la pauvreté et un développement véritablement centré sur l’être humain. L’égalité entre les sexes est donc perçue, au Pakistan, comme un thème multisectoriel dans tous les programmes de développement. Conformément aux préceptes de l’Islam et à la Constitution pakistanaise, a affirmé la représentante, les femmes sont reconnues comme acteur égal du processus de développement tant politique qu’économique. Dans ce contexte, aucune discrimination fondée sur le sexe ne saurait être tolérée. C’est ce à quoi s’attache le Ministère de la promotion de la femme, a insisté la représentante avant d’annoncer qu’une loi visant à lutter contre les crimes d’honneur sera bientôt présentée à l’Assemblée nationale. La politique mise en place, a-t-elle poursuivi, a pour objectif de réaliser l’égalité entre les sexes, la promotion sociale, politique et économique de toutes les femmes pakistanaises, et une société juste, humaine et démocratique ainsi que la prospérité économique par le biais du développement durable.
La représentante a cité les mesures concrètes prises par son gouvernement que sont la facilitation de l’accès au microcrédit, l’intégration des questions de parité dans tous les secteurs du développement national, l’élimination des pratiques sociales ayant un impact négatif sur les femmes dont la violence fondée sur le sexe, l’accès gratuit à l’éducation qui est d’ailleurs obligatoire, la fourniture des soins de santé primaires, et un partenariat public/privé pour le financement du développement. En la matière, le Gouvernement encourage et appuie les ONG et la société civile. La représentante a, par ailleurs, estimé que l’introduction du plan « le pouvoir au peuple » a contribué à la promotion de la femme et à la réalisation de l’égalité entre les sexes. Aujourd’hui, après les amendements constitutionnels, plus de 40 000 femmes ont été élues aux élections locales dont 70% dans les zones rurales. Ces chiffres, reflétés à tous les niveaux, montrent, a dit la représentante, que le niveau de représentation politique des femmes au Pakistan est bien plus élevé que dans de nombreux pays, y compris dans certaines des plus grandes démocraties du monde. Cette situation offre un cadre favorable pour traiter du fossé entre les hommes et les femmes dans les domaines social, économique, administratif et de santé, a-t-elle fait observer.
M. JUAN MANUEL GOMEZ-ROBLEDO (Mexique) a souligné que si les inégalités de droits entre les hommes et les femmes avaient significativement diminué, dans la pratique, les femmes continuaient à souffrir de l’inégalité dans tous les domaines. Il est important de garantir l’égalité au niveau juridique, a-t-il dit, mais il faut également faire en sorte que les lois soient appliquées pour assurer l’égalité de facto. Le Mexique a adopté en 2003 une loi visant à promouvoir l’égalité et prévenir et éliminer les discriminations dont continuent de souffrir les femmes, dans le souci de poursuivre l’harmonisation de sa législation avec les engagements pris au niveau international. Force est de reconnaître, a-t-il dit, que les défis qui se posent à la communauté internationale et à chacun des États sont immenses. La communauté internationale doit reconnaître que les obstacles à l’égalité restent nombreux et divers et tirer parti de l’examen à 10 ans en 2005 de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing pour formuler de nouvelles stratégies et prendre des mesures concrètes pour favoriser l’élimination des discriminations dont continuent de souffrir les femmes. Plus que jamais, a-t-il affirmé, le rôle des mécanismes nationaux d’appui aux femmes doit être renforcé pour leur permettre d’impulser une nouvelle vague de réformes. Dans ce contexte, tous les acteurs concernés doivent unir leurs efforts pour dépasser les obstacles à l’égalité. Il faut continuer à intégrer une perspective soucieuse de l’égalité entre les sexes dans tous les programmes de renforcement des capacités et les stratégies de développement. À ce titre, le Mexique est convaincu de l’importance de renforcer le rôle de l’Institut international de recherches et de formation des Nations Unies pour la promotion de la femme (INSTRAW), désormais dirigé par Carmen Moreno. Grâce à la mobilisation de ressources et au renforcement de son mandat, l’Institut sera en mesure de contribuer significativement à la formulation de stratégies de promotion de la parité et d’émancipation des femmes.
M. MU’TAZ HYASSAT (Jordanie) a souligné le travail entrepris par son pays afin de mettre en place un cadre juridique qui réponde aux engagements pris dans la Déclaration de Beijing et son Programme d’action, notamment en matière de prévention et d’élimination de la violence à l’égard des femmes. Il a salué le rôle joué par l’UNIFEM dans le développement de la femme et il a souhaité que le mandat et les ressources de l’UNIFEM soient renforcés.
Pour ce qui est des crimes d’honneurs, dont le nombre a diminué ces trois dernières années, le délégué a indiqué la contribution importante des médias dans la prise de conscience à leur égard. Il a précisé que ce type de crime était souvent le résultat soit d’une confusion ou d’une interprétation erronée de l’Islam et des coutumes locales. Il a ajouté que l’article 340 du code pénal jordanien a été amendé afin d’éliminer les possibilités d’exemption de condamnation dans les cas de crimes d’honneurs, en précisant que les peines encourues par les responsables de tels actes ont été durcies.
Mme ILHAM I. M. AHMED (Soudan) a souligné l’importance de promouvoir la condition des femmes tout en tenant compte des spécificités de chaque société et de chaque culture. Les carences dans la mise en œuvre des engagements pris en matière d’avancement de la condition des femmes sont à imputer principalement aux États nationaux, à qui incombe la responsabilité première de l’égalité entre les sexes, a-t-elle concédé, en affirmant cependant qu’il fallait reconnaître l’importance de la coopération internationale en vue de la réalisation des objectifs énoncés à Beijing et réaffirmés en 2000. Elle s’est félicitée de la reconnaissance croissante de la contribution des femmes et des efforts entrepris globalement, en particulier par les Nations Unies, pour intégrer systématiquement une perspective soucieuse de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les programmes et stratégies de développement, et a souligné l’occasion unique que représente l’examen à dix ans de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing pour aller de l’avant et formuler de nouvelles stratégies. Elle a identifié la question des causes de la violence à l’égard des femmes et les phénomènes de la traite et de la féminisation de la pauvreté comme méritant une pus grande attention. S’agissant de la violence à l’égard des femmes, elle a reconnu l’obstacle que constituent les lacunes en matière de collecte d’information et de statistiques. Au plan national, a-t-elle dit, la priorité a été donnée à l’amélioration de la condition des femmes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’élimination de la pauvreté.
M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande), s’associant à la déclaration faite hier au nom de l’Union européenne, a déclaré que la parité entre les sexes constituait l’une des priorités de son pays tant au niveau national qu’international. À ce titre, l’Islande est une fervente partisane de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et de ses protocoles additionnels, a-t-il rappelé, exhortant tous les États Membres à ratifier ces textes dans les plus brefs délais.
Le représentant de l’Islande a également rappelé l’importance qu’accorde son pays au rôle que peuvent jouer les hommes et les garçons dans la réussite de la parité entre les sexes. Au cours de sa présidence du Conseil nordique des ministres, l’Islande a d’ailleurs mis l’accent sur la nécessité de réduire l’écart qui sépare les hommes et les femmes, et ce en promouvant l’idée d’une compatibilité des responsabilités professionnelles et familiales.
Bien que des progrès importants aient été réalisés en faveur de la promotion des droits des femmes, l’Islande demeure cependant préoccupée par la problématique du trafic des femmes, par les violences commises à leur égard, par les restrictions de liberté de mouvement auxquelles elles sont soumises dans certains pays, ainsi que par leur faible niveau de participation à la vie politique.
Mme ELLEN SAUERBREY (États-Unis) a affirmé que l’amélioration de la condition de la femme dans le monde constituait une des priorités des États-Unis. Pour nous, a-t-elle poursuivi, une des questions les plus urgentes est la traite des êtres humains. Le Président Bush avait annoncé en 2003 l’octroi de 50 millions de dollars à une initiative pour lutter contre ce phénomène aux côtés du Brésil, du Cambodge, de l’Inde, de l’Indonésie, du Mexique, de la Moldavie, de la Sierra Leone et de la Tanzanie. La représentante a également insisté sur la lutte que mène son pays contre le tourisme sexuel, en particulier l’exploitation des enfants, en rappelant qu’en 2003 un nouveau texte de loi a été adopté qui renforce la capacité des États-Unis de poursuivre et de traduire en justice les ressortissants américains qui se rendent à l’étranger pour s’attaquer aux enfants. Son pays est également déterminé à améliorer l’accès aux soins de santé des femmes des pays en développement. La pandémie du VIH/sida ayant pris de plus en plus un visage féminin, le Président Bush a lancé une série d’initiatives tel le Plan d’urgence pour lutter contre la pandémie, d’un montant de 15 milliards de dollars sur cinq ans.
La représentante a dressé le bilan des initiatives lancées par son gouvernement sur d’autres fronts, comme par exemple la santé reproductive, la planification familiale volontaire, ou encore la lutte contre la pauvreté des femmes à travers le Millenium Challenge Account. Au premier mai dernier, 16 pays étaient éligibles pour en bénéficier. Au cours des cinq dernières années le Gouvernement a également consacré 150 millions de dollars annuellement pour financer des programmes de microcrédit. Abordant les élections en Afghanistan, la représentante a rappelé que sur les 10.5 millions d’électeurs inscrits, 41% d’entre eux étaient des femmes. Depuis 2002, les États-Unis ont mis en place 200 programmes pour aider les femmes afghanes. En septembre 2004, l’Institut de formation des enseignantes s’est ouvert en Afghanistan, tandis que 4,8 millions d’enfants, dont 49% de filles, sont inscrits. De même, des progrès ont été réalisés en Iraq. Les droits égaux de tous les Iraquiens sont désormais garantis, et la discrimination sur la base du sexe, de la religion et autres sont interdits. Le Congrès américain a consenti une enveloppe de 27 millions de dollars en faveur des femmes iraquiennes. Par ailleurs, les États-Unis ont à cœur la participation politique des femmes, et ont commencé la formation de 100 femmes musulmanes dans la région des Philippines.
Mme XIAOMEI LI (Chine), s’associant à la déclaration faite par le Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a exhorté l’Assemblée générale et ses organes subsidiaires à prendre toute mesure spécifique nécessaire afin d’assurer l’égalité entre les sexes dans la mise en place et le suivi des conférences et des sommets internationaux.
Depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s’est tenue à Beijing, a-t-elle poursuivi, la Chine a réalisé des progrès dans plusieurs domaines. Le Gouvernement chinois s’est notamment fermement engagé à promouvoir les questions de parité entre les sexes. Cette problématique est en effet à la base de la politique nationale en vue de promouvoir l’égalité entre les sexes dans le cadre du développement social de la Chine, a indiqué Mme Li. En dix ans, le Gouvernement a également mis en place des mécanismes d’état pour promouvoir ces questions et a formulé des directives pour la promotion des femmes en Chine pour les périodes 1995-2000, puis de 2001-2010.
La Chine a aussi établi un système juridique qui repose sur sa Constitution et qui assure des garanties de parité entre les sexes. Par ailleurs, des progrès en matière de promotion de la participation des femmes, d’accès à l’emploi, à l’éducation et aux services de santé ont été observés en Chine, a noté Mme Li. Actuellement, son pays prépare activement avec les organisations non gouvernementales le dixième anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes.
M. REYES RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs énoncés dans le Programme d’action de Beijing reste long, puisque les femmes sont toujours exclues des apports de la mondialisation et qu’elles souffrent le plus de la pauvreté, des conflits et des épidémies. Rappelant que le Cuba était le premier pays à avoir signé et le second à ratifier la CEDAW, il a souligné les progrès de son pays en matière de parité entre les sexes, en citant notamment que 44,9% des fonctionnaires sont des femmes, qu’elles sont 33,5% à occuper des poste de direction politique et administratif, et enfin que 35,95% des députés sont des femmes.
Il a reconnu que des facteurs subjectifs et objectifs continuent à retarder l’avancement de la condition des femmes, et que le Conseil d’État cubain a adopté un décret en 1997 afin de favoriser la prise en compte de la parité dans des secteurs spécifiques –dont l’accès à la santé reproductive et sexuelle et la représentation des femmes dans les medias ou le travail. Il a par ailleurs déploré que le blocus économique et financier des États-Unis ait infligé des conséquences désastreuses à son pays, et en particulier aux Cubaines.
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