COMMISSION SOCIALE: LE RENFORCEMENT DE LA FAMILLE ET LA PARTICIPATION DES JEUNES ET DES PERSONNES ÂGÉES, ÉLÉMENTS CLEFS DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de presse AG/SHC/3778 |
Troisième Commission
3e & 4e séances – matin & après-midi
COMMISSION SOCIALE: LE RENFORCEMENT DE LA FAMILLE ET LA PARTICIPATION DES JEUNES ET DES PERSONNES ÂGÉES, ÉLÉMENTS CLEFS DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL
L’alphabétisation, l’éducation et l’emploi des jeunes identifiés
comme moteur du développement
Alors que le débat de la Troisième Commission sur le développement social s’oriente, cette année, sur les moyens de gérer la mondialisation pour mieux exploiter son potentiel et partager ses bénéfices de manière plus équitable, ce sont aujourd’hui les politiques en faveur des jeunes et de la famille qui ont retenu l’attention des délégations. Ces dernières ont insisté sur l’importance de mettre l’homme au centre des politiques publiques et ont estimé que répondre aux besoins des groupes les plus vulnérables était un élément clef pour le développement social.
Soucieux de remédier à l’impact social de la mondialisation pour bâtir une société pour tous, à tous les âges, de nombreuses délégations ont insisté sur l’importance de veiller à faire participer les jeunes, adultes de demain, à la prise de décision –l’objectif devant être de faciliter l’appropriation des politiques publiques et de renforcer leur légitimité. À ce titre, la représentante de la jeunesse australienne a souligné qu’une des meilleures façons d’y parvenir était d’établir des partenariats avec les associations communautaires où ils pouvaient s’exprimer de manière créative. L’autre défi de taille, identifié par le représentant de la jeunesse finlandaise, est de permettre à cette population dynamique et mieux formée de contribuer à la mesure de leur possibilité à la vie économique. Pour les pays riches, cela revient à créer un environnement favorable garantissant l’accès à un travail décent en rapport avec les compétences acquises, tandis que pour les pays en développement l’enjeu majeur reste de permettre à l’ensemble de leur population de savoir lire et écrire. Pour les uns comme pour les autres, il s’agit de faire des jeunes de véritables partenaires du développement. Et, comme l’ont souligné nombre de délégations, cela passe par l’éducation.
En effet, malgré de nombreux progrès depuis le Sommet mondial sur le développement social à Copenhague en 1995, on compte encore plus de 860 millions d'adultes qui ne savent ni lire ni écrire, soit un adulte sur cinq, et plus de 113 millions d'enfants qui ne sont pas scolarisés. Pour remédier au fait que les efforts déployés jusqu’à maintenant n’aient pas permis de toucher les groupes les plus pauvres et les plus défavorisés, les Nations Unies ont lancé la Décennie pour l'alphabétisation (2003-2012) sous le thème « l'alphabétisation, source de liberté ». Rappelant que l’un des huit Objectifs du Millénaire pour le développement est d’assurer l’accès universel à l’éducation primaire d’ici à 2015, les délégués de l’Indonésie et de l’Azerbaïdjan ont également souligné le rôle de la jeunesse dans le développement, et ont encouragé les États Membres à rejoindre le réseau pour l’emploi des jeunes qui a été lancé en août dernier par les Nations Unies.
Mais pour offrir un environnement favorable aux jeunes, il est apparu nécessaire de commencer par préserver l’unité de base de la société qu’est la famille. En ce dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille, qui sera célébré le 6 décembre prochain, plusieurs délégations, à l’instar de celle du Qatar (qui accueillera du 20 au 30 novembre prochain une Conférence internationale sur la famille), ont souligné le caractère urgent et vital de préserver le noyau familial pour qu’elle puisse remplir son rôle social. Elle a invité les États Membres à suivre l’exemple de son pays qui s’attache à protéger les fonctions et la structure de la famille qui constitue, à ses yeux, l’incubateur des traditions vivantes. Pour le représentant de la République de Corée, les politiques sociales devraient néanmoins tenir compte de la diversité des structures familiales, et les politiques directement dirigées vers la famille devraient être complétées par des initiatives sectorielles. Dans la même veine, le représentant de la République islamique d’Iran a signalé qu’il n’y avait pas de consensus au niveau international sur la définition de la famille et mis en doute la pertinence pour l’ONU d’offrir une telle définition, comme cela était suggéré dans le rapport du Secrétaire général. Pour sa part, le représentant du Mexique a souhaité que le Secrétariat assiste les États Membres dans la collecte d’informations sur la réalité des familles afin de déterminer les meilleurs moyens d’intégrer une perspective soucieuse des intérêts de la famille dans les politiques de développement.
Dans le même ordre d’idées, le représentant des États-Unis a mis l’accent sur les liens étroits entre les problématiques liées à l’alphabétisation, l’éducation, les personnes âgées et à la famille. Une famille forte, a-t-il dit, soutient les enfants et les personnes âgées, et leur permet d’acquérir et de garder leur indépendance. La représentante du Qatar a ajouté que la Conférence internationale sur le vieillissement que son pays accueillera en avril 2005, sera l’occasion de souligner l’importance de répondre aux besoins des personnes âgées ainsi qu’à leur potentiel comme acteurs dans les processus de développement.
Demain, mercredi 6 octobre, la Troisième Commission se réunira à partir de 10 heures pour conclure son débat général sur le développement social.
DOCUMENTATION
La Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires et culturelles) s’est réunie aujourd’hui pour poursuivre son débat général sur les questions de développement social. Pour la documentation y relative, voir notre communiqué de presse GA/SHC/3777: http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/GASHC3777.doc.htm.
Déclarations
M. HOSSEIN MOEINI (République islamique d’Iran) a reconnu l’importance de la prochaine session de la Commission sur le développement social, qui marquera le dixième anniversaire du Sommet de Copenhague. Cette session devrait être l’occasion de renouveler les engagements pris lors du Sommet mondial. Reconnaissant le travail essentiel de la Commission dans ce contexte, il a souhaité que celle-ci se penche davantage sur les contraintes pratiques qui empêchent les pays de réaliser les objectifs, plutôt que de se pencher sur des débats théoriques. Pour ce faire, il a dit qu’il sera nécessaire de revoir les méthodes de travail de la Commission.
Dans un univers mondialisé, a-t-il a souligné, les pays n’étaient plus isolés: de nombreuses circonstances, comme par exemple les récessions économiques, les conflits ou la croissance de la population, pouvaient faire peser sur les capacités des gouvernements à mettre en place des stratégies de réduction de la pauvreté. Dans ce cadre, il a appelé à la création d’un environnement économique international basé sur l’équité, la non-discrimination, la transparence et la participation dans le processus de prise de décision dans les institutions financières. La mise en place d’un tel environnement permettra aux pays de bénéficier des mêmes opportunités.
Il a rappelé que la famille est la cellule fondamentale de la société et que les politiques en faveur de la famille devaient permettre le renforcement de celle-ci. Signalant qu’il n’y avait pas de consensus au niveau international sur la définition de la famille, il a mis en doute la pertinence de l’ONU d’offrir une telle définition comme cela était suggéré dans le rapport du Secrétaire général.
Abordant la question des personnes handicapées, il a estimé que les nouvelles propositions sur le supplément aux règles fondamentales sur l’égalité des chances pour les personnes handicapées ne doivent pas peser sur les pays qui ont beaucoup de réfugiés. Il a appelé à ce que le cas des personnes handicapées suite à un désastre naturel ou suite à une contamination chimique soit particulièrement pris en compte.
Il a estimé que le travail du comité ad hoc sur la rédaction de la Convention internationale sur la protection des droits des personnes handicapées était trop lent et que certaines propositions ne faisaient que ralentir le processus de négociations. Concluant sur l’importance de l’éducation dans la réalisation des objectifs de développement social, il a repris les conclusions des rapports qui soulignent le manque de fonds dévolu à cette question et le besoin d’une meilleure coordination entre les agences des Nations Unies et les partenaires qui travaillent dans ce domaine.
Mme THAO NGUYEN (Australie) a insisté, en tant que représentante de la jeunesse, sur l’importance d’investir dans la jeunesse. Au cours du mois de voyage qu’elle a entrepris dans son pays pour préparer sa présentation à la session, elle a constaté les difficultés auxquelles les jeunes étaient confrontés, notamment ceux issus des communautés aborigènes. Elle a souligné qu’ils étaient particulièrement touchés par le chômage, et qu’ils étaient isolés des moyens modernes d’échange de l’information.
Faisant remarquer que de nombreuses organisations souhaitaient la participation des jeunes, qui disposent d’une masse de connaissance énorme, elle a noté qu’il n’était pas toujours facile de faire participer ces jeunes, compte tenu de la lourdeur des procédures ou du langage. Ces lourdeurs formaient des barrières à l’engagement des jeunes, a-t-elle reconnu. Elle a indiqué qu’une des meilleures façons de faire participer les jeunes dans les prises de décision était au travers d’associations communautaires où ils pouvaient s’exprimer de manière créative. Elle a salué les efforts de l’Australie dans cette direction. Elle a par ailleurs regretté que le nombre total de représentants de la jeunesse soit inférieur à dix au sein des délégations présentes à l’Assemblée générale.
Elle a conclu en rappelant qu’elle était issue d’une famille de réfugiés, et qu’il était donc possible de surmonter les obstacles de la pauvreté ou de la discrimination. Les États qui n’avaient pas encore envoyé de représentant de la jeunesse à l’Assemblée devraient se mettre à croire en les capacités humaines, même celles des plus humbles.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a mis l’accent sur les liens étroits entre les problématiques liées à l’alphabétisation, l’éducation, les personnes âgées et la famille. Une famille forte soutient les enfants les personnes âgées, et leur permet d’acquérir et de garder leur indépendance. Son Gouvernement veillait à ce que chaque enfant vivant au États-Unis reçoive une éducation solide, a-t-il dit, en soulignant que la majorité des jeunes Américains poursuivaient leurs éducations après le secondaire. Son pays continuait de promouvoir l’accès à l’enseignement, du primaire au supérieur, en prenant en compte les besoins spécifiques de chaque enfant. Comme l’avait récemment déclaré le Président Bush, les collèges communautaires, progressivement renforcés, représentent des possibilités pour les travailleurs d’acquérir les compétences qui leur permettront de s’assurer un emploi décent tout au long du XXIe siècle.
Au-delà de ses frontières, a-t-il poursuivi, son pays avait depuis longtemps contribué aux organes de l’ONU, tels le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou l’UNICEF (en y contribuant respectivement quelques 190 millions et 270 millions de dollars en 2003), et participaient notamment aux campagnes de vaccination et partenariats pour la survie de l’enfant. Il a par ailleurs souligné que son pays poursuivait ses efforts pour mettre en œuvre le Plan d’action de Madrid sur les personnes âgées, et travaillait au niveau local et fédéral pour donner aux personnes âgées toutes les possibilités de vivre la vie qu’elles choisissaient. Il a conclu en évoquant le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille, et a ajouté que son Gouvernement attendait avec impatience le débat à l’Assemblée générale sur cette question de toute première importance.
M. JORGE CUMBERBATCH MIGUEN (Cuba) a déploré que la réalité du monde ne cessât d’être plus instable et difficile pour la majeure partie de la population de la planète. Il a estimé que l’examen à 10 ans de la mise en œuvre des engagements de Copenhague devrait être l’occasion de formuler des stratégies pour réaliser au plus vite le développement social pour tous. À ce titre, il a estimé qu’il fallait cesser d’exercer des pressions sur les pays en développement pour qu’ils diminuent leurs budgets dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la culture et de la sécurité sociale. Il a souhaité que la dette des pays en développement soit annulé une fois pour toute, et que les pays riches honorent leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide au développement et d’ouvrir leurs marchés. Il a passé en revue les progrès réalisés, en dépit du blocus dont son pays fait l’objet, dans le secteur social cubain. À ce titre, il a notamment indiqué que 100% de la population cubaine avait accès au système de soins de santé et que seul 0,2% de la population était analphabète. Il a également cité les programmes d’enseignement à destination des groupes vulnérables comme les personnes handicapées.
M. AHMED Y. Y. GZLLAL (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu’il fallait renforcer la coopération internationale pour formuler de nouvelles stratégies visant à réaliser les objectifs de développement social. À ce titre, il a estimé qu’il manquait une certaine volonté politique et un financement approprié et prévisible. Il a ainsi souligné la nécessité d’intégrer les pays en développement dans l’économie mondiale en saisissant toutes les occasions à portée de main. Il conviendrait également de gérer l’impact négatif de la mondialisation, notamment sur le plan social, et remédier à l’aggravation des disparités de richesse. Il a affirmé que la communauté internationale et les pays développés devaient appuyer le développement de l’Afrique, notamment en veillant à ouvrir leurs marchés des matières premières et en diffusant leurs connaissances pour accroître le niveau de santé, d’éducation et de formation des populations des pays du continent africain. Les défis qui se posent à la communauté internationale appellent une volonté politique de s’y attaquer solide et accrue, a-t-il lancé, en ajoutant que dans son pays, le Gouvernement a accordé un intérêt particulier à la jeunesse et aux personnes âgées afin de bâtir une société libre de toute discrimination.
M. ABDELOUAHAB OSMANE (Algérie) a appuyé les recommandations du Secrétaire général de mieux comprendre et de gérer l’impact social de la mondialisation, d’orienter les politiques économiques vers la réalisation d’objectifs à caractère social, et d’accroître la capacité des gouvernements de mettre en œuvre leurs propres politiques sociales. Il a estimé que certaines des recommandations de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, en matière d’emploi et d’élimination de la pauvreté notamment, confirmaient des politiques déjà mises en œuvre au niveau interne en Algérie. À cet égard, il a indiqué que la loi algérienne de finances pour 2005 reflétait l’effort consenti par l’Algérie en vue de promouvoir le développement humain et le développement des infrastructures, et prévoyait une série de mesures visant en particulier le soutien à l’emploi et à la création de microentreprises au profit des chômeurs âgés de 35 à 50 ans. Il a par ailleurs réaffirmé l’importance de l’appui de la communauté internationale au développement de l’Afrique, et a souligné que l’engagement des pays africains, notamment au sein de l’Union africaine, ne suffisait pas, car les moyens de mettre en œuvre les politiques sociales faisaient souvent défaut. L’interdépendance existant entre les niveaux local et mondial méritait un débat franc et approfondi lors du dixième anniversaire du Sommet de Copenhague et du Sommet d’examen de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. À ce titre, il a invité les délégations à tirer profit des conclusions de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation.
M. AKIKO TEJIMA (Japon) soulignant le soutien de son pays à une approche qui mette l’homme au centre du développement, a noté le chemin qu’il restait à parcourir avant d’atteindre les objectifs du Sommet mondial sur le développement social. Dans ce cadre, elle a demandé à ce que la révision à dix ans des objectifs du Sommet permette de faire le point sur les résultats atteints et sur ce qui reste à faire afin d’atteindre les objectifs dans certains domaines du développement social.
En ce qui concerne la question des personnes âgées et des personnes handicapées, elle a dressé la liste des mesures prises dans son pays. Elle a notamment cité les efforts faits afin de promouvoir l’emploi chez les plus âgés, ainsi que les bourses données aux entreprises qui proposent des cours à leurs employés pour mieux prévenir les effets du vieillissement et l’affaiblissement physique. Elle a souligné que le Japon était une société où l’espérance de vie figurait parmi les plus longues du monde. En juin 2004, 23 038 personnes avaient plus de 100 ans.
Elle attendait avec impatience, a-t-elle poursuivi, les résultats de l’étude conduite par le Centre international sur la longévité « Vieillir dans les grandes villes du monde: New York, Londres et Paris » qui devraient être publiés en 2005.
Pour ce qui est des handicapés, elle a déclaré que le Japon avait révisé cette année la loi fondamentale sur les personnes handicapées afin d’y introduire un article condamnant la discrimination à leur égard. Elle a également signalé que les ONG japonaises étaient très actives dans ce domaine.
Sur la question de l’alphabétisation, elle a rappelé le travail du Mouvement mondial Terakoya, lancé en association avec la Fédération nationale des associations UNESCO, qui dispose de 400 projets dans 43 pays dans le monde. La Fédération offre des formations aux enfants qui ne sont pas scolarisés et aux adultes analphabètes, et plus de 710 000 personnes ont bénéficié de ses services. Elle a conclu en réaffirmant l’engagement continu de son pays dans ce domaine.
M. KYUNG-WHA KANG (République de Corée) a souligné que son pays appuyait la notion de l’intégration des politiques économiques et sociales et qu’il soutenait le travail de la Commission du développement social dans ce sens. Prenant en exemple l’expérience de son pays, il a indiqué que la promotion d’une économie basée sur le libre échange ouvert et dynamique devait être associée à la reconnaissance que l’intervention publique est nécessaire pour prévenir et compenser les handicaps du marché. Les programmes sociaux pouvaient être productifs à la fois pour l’économie et la société, a-t-il indiqué. Il a réaffirmé que sur la question du développement social il n’y avait pas de voie unique, et que les expériences et les connaissances devaient être échangées pour pouvoir bénéficier à tous.
Affirmant que l’alphabétisation était un des outils les plus importants du développement social, il s’est dit inquiet sur le fait qu’un adulte sur cinq était analphabète. Afin de trouver des solutions, il s’est dit favorable à une approche plus intégrée de ce problème. Pour ce qui est du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille, il a indiqué que les politiques sociales devraient tenir compte de la diversité des structures familiales, et que les initiatives
sectorielles devraient compléter les politiques directement dirigées vers la famille. Il a estimé que l’attention au vieillissement doit être renforcée et il a encouragé le travail des Nations Unies qui tend à promouvoir les capacités dans ce secteur. Il a conclu en soulignant qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre les OMD, mais qu’il espérait que les révisions en 2005 de ces objectifs permettraient de faciliter le processus de mise en œuvre.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) s’est associé aux analyses de la Commission sur le développement social sur les raisons qui expliquent l’écart entre les intentions et la réalité en ce qui concerne le développement social. Il a souligné l’importance de comprendre les effets de la mondialisation, en particulier dans les pays en développement. Pour bénéficier pleinement de la mondialisation, il a estimé que les pays en développement devaient avoir un accès plus large à l’économie mondiale, et que cela ne serait possible que dans le cadre d’un environnement économique international plus ouvert.
Notant que son pays venait d’adopter une loi sur le système de sécurité sociale, il a affirmé que ce texte permettrait d’assurer une protection à tous les Indonésiens. Soulignant l’importance de la jeunesse dans le développement, il a dressé la liste des initiatives prises dans ce domaine, notamment le réseau pour l’emploi des jeunes qui a été lancé en août dernier.
M. ANDREY A. NIKIFOROV (Fédération de Russie) a affirmé que l’année 2005 devrait constituer le point de départ d’un nouvel élan aux programmes de développement social. Il a souligné le lien entre la pauvreté et les conflits. À ce titre, il a estimé que les conclusions de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation représentaient une excellente base de réflexion. Dans son pays, a-t-il dit, on observe des tendances positives dans les domaines économiques et sociaux. Ces 10 dernières années, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a diminué d’un tiers. Son Gouvernement avait l’intention de poursuivre la modernisation des services sociaux et prévoyaient d’inclure des mécanismes de marché, notamment dans l’enseignement. Cette année, par exemple, une loi fédérale avait fondamentalement changé le système de sécurité sociale.
Il a par ailleurs exprimé son soutien aux efforts menés pour élaborer une convention sur les droits fondamentaux des personnes handicapées, en espérant que celle-ci serait une véritable base juridique pour garantir les droits des handicapés. À ce titre, il a annoncé un séminaire sur l’harmonisation de la loi russe à la future convention.
Réaffirmant que son pays avait choisi d’être un pays moderne à économie de marché, il a déclaré que les tentatives de terroristes d’aller à l’encontre de ce choix ne réussiraient pas.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a noté que malgré les engagements pris à Copenhague en matière de développement social, il restait de nombreux défis, en particulier dans les PMA qui doivent faire face aux crises financières, à l’insécurité, à la pauvreté ou à la maladie. Il a rappelé qu’atteindre les objectifs de développement nécessitait un partenariat entre les pays en développement et les pays développés.
Évoquant l’engagement de son pays pour le développement social, il a souligné que cela ne pouvait être rempli sans un soutien international. Citant le rapport de la Banque mondiale de février 2004 sur les progrès économiques et sociaux dans son pays, il a signalé que le Bangladesh avait le taux le plus élevé d’inscription d’enfants dans les écoles primaires des pays en développement. Soulignant que l’école est gratuite pour les filles jusqu’à la classe de douzième et que des bourses ont été créées pour permettre aux étudiants de poursuivre leurs études, il a noté les progrès importants en terme d’alphabétisation de la population. Il a dressé la liste des initiatives en faveur des jeunes, de la famille et des personnes âgées.
M. BHARTRUHARI MAHTAB (Inde) a dit que le travail de la Troisième Commission devrait contribuer davantage à la formulation par le Conseil économique et social des politiques de développement, et a encouragé les gouvernements à tirer parti des travaux des commissions techniques de l’ECOSOC. Il a estimé que les résultats mitigés observés en ce qui concerne la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement découlaient de l’incapacité des gouvernements des pays les moins avancés à adopter et mettre en œuvre des politiques sociales appropriées. Fort de ce constat, il a appelé au renforcement de la coopération internationale aux fins de consolider les institutions des pays en développement.
Il a également souligné la nécessité de réformer les institutions financières internationales et de renforcer l’ECOSOC. M. Mahtab a par ailleurs engagé le Secrétariat à examiner de près les conclusions de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. S’agissant de la situation de son pays, il a fait observer que les indicateurs sociaux reflétaient les progrès réalisés dans le secteur social –le taux d’alphabétisation étant passé de 18% en 1951 à 65% en 2001– mais a reconnu le besoin de les accélérer, notamment dans les domaines de l’accès à l’éducation primaire et aux soins de santé de base, et des services aux groupes les plus vulnérables et des personnes âgées. À cette fin, a-t-il dit, son Gouvernement œuvrait pour augmenter la disponibilité des services publics, et créer un environnement économique et social favorable. La stratégie de son Gouvernement, a-t-il dit, consiste notamment à encourager les partenariats public-privé et à promouvoir la participation des organisations non gouvernementales locales à la mise en œuvre des programmes sociaux.
Mme ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a déclaré que l’élimination de la pauvreté constituait toujours le principal défi qui se posait à la communauté internationale. Elle a dénoncé les écarts entre les déclarations faites lors des grandes conférences et la volonté politique de mettre en œuvre les engagements pris. La pauvreté et l’inégalité entre les États et à l’intérieur des États ne pourraient pas être éliminées dans le cadre des infrastructures actuelles, et ce particulièrement en Afrique. Elle a souligné la nécessité d’œuvrer pour assurer la jouissance de tous de leur droit au développement. Pour ce faire, a-t-elle dit, il conviendrait de garantir le droit à l’alimentation et l’accès aux médicaments disponibles à un prix abordable. Il était également nécessaire, a-t-elle poursuivi, de lutter contre les maladies évitables telles que la poliomyélite. Son pays, a-t-elle dit, appuyait les conclusions du Secrétaire général quant à la gestion de l’impact social de la mondialisation. Elle s’est par ailleurs dite convaincue que la première conférence sur la famille, qui se tiendra en novembre 2004 à Doha, marquera une étape importante.
M. HENRI HEIHKURA (Finlande), représentant de la jeunesse, a souligné que la génération qui rejoint le marché du travail est la mieux formée –mais que malheureusement seuls des emplois sous-qualifiés sont disponibles. Il a estimé que, dans ce cadre, les investissements que les états ont consentis pour former cette génération risquaient d’être perdues si les jeunes d’aujourd’hui ne pouvaient obtenir des emplois productifs qui leur permettent de payer des impôts et ainsi de financer les services publics.
Soulignant le souhait des jeunes d’être acceptés comme des partenaires du développement et non pas seulement comme simple groupe en âge de travailler, il a encouragé les États Membres à inclure des représentants de la jeunesse dans leurs délégations, notamment pour les pays en développement. Dans ce cadre, il a rappelé que l’année prochaine l’Assemblée générale fera le point sur le programme mondial d’action pour la jeunesse, et il a exhorté les délégations à y inclure des représentants de la jeunesse.
M. ALEJANDRO ALDAY (Mexique) s’est félicité de l’accent mis sur l’assainissement des administrations publiques. À cet égard, il a salué les réformes entreprises par l’ONU, en particulier dans les domaines économiques et sociales, en vue d’accroître sa capacité de lutter contre la pauvreté et de promouvoir la coopération et le développement économique et social. S’agissant des questions relatives à la famille, il a dit que son pays reconnaissait l’importance de la famille dans la vie de la société, et a souhaité que le Secrétariat assiste les États Membres dans la collecte d’informations sur la réalité des familles. L’enjeu était de déterminer les meilleurs moyens d’intégrer une perspective soucieuse des intérêts de la famille dans les politiques de développement. M. Alday s’est par ailleurs félicité des progrès accomplis dans la négociation d’une convention sur les droits fondamentaux des personnes handicapées, et a insisté sur le caractère prioritaire de la finalisation de cette convention. Il a en outre évoqué les efforts de son pays en vue de bâtir une société exempte de toute discrimination. Il a souligné en particulier les efforts du Mexique de répondre aux besoins des personnes âgées de 60 ans et plus, de leur offrir les opportunités de contribuer pleinement au développement, et leur garantir un accès aux soins de santé et au bien-être.
M. P. GANSUKH (Mongolie) a estimé qu’il convenait d’accorder un haut rang de priorité aux conclusions de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation. Indiquant que son pays allait lancer, cette semaine, son premier rapport sur la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a précisé qu’un tiers de la population de son pays vivait sous le seuil de pauvreté et a indiqué que l’élimination de la pauvreté et la promotion de l’emploi constituaient les deux priorités du nouveau Gouvernement de coalition élu en juin dernier. Il a souligné que le développement social, bien que de la responsabilité des gouvernements nationaux, ne pouvait pas être réalisé sans l’appui de la coopération internationale et la participation de toutes les parties prenantes au niveau local. À ce titre, il a appuyé l’initiative contre la faim et la pauvreté lancée au Siège le 20 septembre dernier, et a également insisté sur l’importance d’investir dans l’éducation et dans l’alphabétisation. À ce titre, il a insisté sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de la Décennie pour l’alphabétisation.
Mme CLARE FLEMING, représentante de la Banque mondiale, a déclaré qu’un développement qui ne serait pas viable sur le plan social ne serait pas viable sur le plan économique et environnemental. Les éléments clefs du développement social faisaient partie intégrante des programmes de la Banque mondiale, a-t-elle dit, en vue d’éliminer la pauvreté et de promouvoir le développement. Elle a expliqué que la Banque avait récemment lancé un agenda pour le progrès social intitulé « Action 2015 » axé sur l’inclusion, la cohésion et la responsabilité. L’inclusion, a-t-elle poursuivi, permet de promouvoir l’égalité d’opportunités; la cohésion rend possible l’action collective et la prise en compte des besoins de tous, y compris des plus vulnérables; la responsabilité garantit la transparence et la réactivité des institutions. L’objectif de la Banque, a-t-elle ajouté, est d’inclure systématiquement le développement social dans ses activités. La stratégie de développement social de la Banque sera finalisée d’ici à la fin de l’année 2004, et sera centrée sur l’analyse de l’impact social des stratégies de développement, l’appropriation par les communautés locales, et l’investissement dans le capital humain, la responsabilité sociale et la reconstruction après les conflits, et l’étude de leurs causes profondes.
M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a rappelé que les objectifs du développement social –par exemple l’éradication de la pauvreté, le plein emploi, l’intégration sociale accrue– ne peuvent être atteints en l’absence de politiques qui mettent l’homme au cœur du développement. Le Nigéria est engagé dans l’amélioration de la qualité de vie de tous les citoyens, a-t-il poursuivi, citant à titre d’exemple le nombre croissant de fillettes scolarisées dans les écoles primaires. Son Gouvernement a élaboré un programme de réformes économiques visant à donner des bases concrètes pour une transformation socio-économique durable et l’éradication de la pauvreté, a-t-il ajouté. Il a pris des mesures à tous les niveaux pour la mise en œuvre de la Déclaration de Madrid et du Plan d'action international de Madrid sur le vieillissement. Il en est de même pour les droits des personnes handicapées, a-t-il précisé. Sur la question des jeunes, son Gouvernement est également actif à tous les niveaux. Le Nigéria reconnaît aussi le rôle central de la famille dans le développement de la société, suivant l’idée qu’un individu existe dans le contexte d’une famille, d’une famille élargie et d’une communauté. À ses yeux, c’est la famille qui renforce la société en maintenant les valeurs et l’ordre, notamment la culture du dur labeur, l’honnêteté, l’intégrité et la loyauté. Enfin, M. Wali a repris la question de la promotion du développement social qui, de son avis, ne peut pas être atteint sans un partenariat mondial efficace entre les États Membres et la communauté internationale. Il a exhorté ceux-ci à organiser un soutien aux pays africains en suivant les principes du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique.
Mme JOHARA MOHAMMAD AL-MOTAWA (Qatar) a indiqué que, dans sa Constitution, le Qatar prévoit que la famille est la base de la société, ses ingrédients étant la religion, la morale et l’amour du pays. Aujourd’hui, nous continuons à préserver l’entité familiale, a-t-elle expliqué, tout en nous préparant aux changements rapides d’une société mondiale. Des lois ont été présentées pour encourager toutes les initiatives tendant à développer et à renforcer la famille. Mme Al-Motawa a également évoqué les actions du Conseil supérieur des affaires familiales du Qatar. Elle a considéré que le dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille sera l’occasion de se recentrer sur le rôle vital de la famille dans la préservation des sociétés durables. Ainsi, a-t-elle indiqué, le Qatar a déclaré que le 15 avril serait la journée de célébration de la famille. Enfin, s’agissant des personnes âgées, la représentante du Qatar a rappelé que son pays accueillera la Conférence internationale de Doha sur le vieillissement du 4 au 8 avril 2005.
M. OMAR KADIRI (Maroc) a remarqué qu’en dépit des efforts énormes entrepris par les états et les partenaires dans les affaires sociales, une majorité de la population dans le monde, et en particulier dans les pays moins avancés, vit toujours dans la pauvreté. Le Maroc, a-t-il dit, s’est engagé à poursuivre des politiques de promotion sociale, et notamment par l’amélioration des services de santé et le combat contre le chômage. Il a souligné la nécessité de renforcer les droits de l’homme, d’assurer l’égalité des sexes et de permettre la participation des femmes dans tous les domaines. Il a également noté la consultation nationale en cours afin de mieux connaître la population handicapée du pays et ses besoins particuliers, au moment où le Maroc participe au travaux du Comité ad hoc pour la rédaction d’une convention sur les droits des personnes handicapées.
Pour ce qui est de la Décennie de l’alphabétisation, il a repris les conclusions du rapport présenté qui rappelle que si rien n’est entrepris, les résultats escomptés quant à la réduction de l’analphabétisme ne seront pas atteints d’ici à 2012. Il a souligné qu’il était nécessaire que les pays développés fournissent l’aide indispensable à la réduction de la pauvreté, et qu’il fallait mobiliser des capacités dans ce domaine. En soulignant que la famille est le noyau essentiel de la société, il a conclu en rappelant que le 5 janvier dernier le Maroc avait adopté un nouveau code de la famille qui vise à rééquilibrer le statut de la femme.
Mme MAI TAHA MOHAMED KHALIL (Égypte) a estimé que d’importants progrès nationaux et internationaux avaient été accomplis ces dix dernières années en matière de développement social. Quant à la dimension sociale de la mondialisation, elle a estimé que l’interdépendance qui caractérise les relations économiques, financières et commerciales s’étendait également aux relations sociales et politiques de par le monde. Elle a affirmé que l’économie de marché pouvait amener des progrès pour tous –à condition que les richesses créées soient distribuées équitablement. Or, ce n’était malheureusement pas le cas, et dans un grand nombre de pays, la mondialisation avait un impact négatif sur le plan social. Les États Membres et le Secrétariat devraient, selon elle, prendre les conclusions des rapports du Secrétaire général et de la Commission mondiale en compte lors de l’examen en 2005 de la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague et de la Déclaration du Millénaire, afin de formuler de nouvelles stratégies pour placer l’homme au centre du développement.
Au plan national, a-t-elle poursuivi, son gouvernement accorde un haut niveau de priorité à la consolidation du rôle de la famille. Il veille à améliorer les services d’accueil pour les enfants, à accroître et à améliorer les prestations sociales, et à répondre aux besoins spécifiques des différents groupes, et notamment ceux des personnes âgées. Le Gouvernement égyptien, a-t-elle ajouté, axe également son action sur l’éducation, la formation et l’amélioration des services sociaux, en accentuant ses efforts sur l’alphabétisation et sur l’amélioration des soins de santé.
Mme ELEYDA GARCIA MATOS (Venezuela) a souligné que la priorité que son pays accorde au programme social s’exprime dans sa candidature comme membre de la Commission du développement social. Elle a jugé essentiel que la Commission poursuive son étude de l’efficacité de l’intégration des politiques économiques et sociales dans la promotion du développement social. Elle a estimé que la démocratie et la participation de la société étaient essentielles afin de créer des bases solides pour un développement économique. Elle a également rappelé la proposition faite par son pays lors de la Conférence de Monterrey pour la création d’un fonds humanitaire international destiné à fournir les ressources économiques appropriées. En matière de politiques sociales du pays, elle a souligné l’effort pour toucher le plus possible d’enfants non scolarisés, pour relancer les écoles rurales, pour adopter un plan pour lutter contre l’analphabétisme, et pour faire en sorte que tous les citoyens puissent suivre des études secondaires.
S’agissant du plein exercice des droits des personnes âgées, elle a souligné les aides à la formation, les programmes de participation à des activités culturelles et les projets d’assistances médicales. Elle a souhaité que la Convention sur les droits des handicapés protège leurs droits sur un même pied d’égalité que les autres membres de la société. Elle a conclu en soulignant que pour résoudre les problèmes sociaux qui découlent de la mondialisation, il faudrait établir une stratégie commune qui permette l’interaction entre les secteurs économiques et sociaux.
M. MYKOLA MELENEVSKYI (Ukraine) a souligné le rôle des Nations Unies dans la mise en œuvre des engagements pris dans le domaine du développement social par l’ensemble des États Membres. À ce titre, il a réaffirmé le besoin de mettre l’homme au centre de toutes les politiques et actions publiques, en mettant l’accent sur la participation des citoyens dans la formulation des politiques menées par l’État. Il a ainsi indiqué que le Président Kuchma avait adopté pour la période 2004-2015 une stratégie de développement économique et social dans la perspective de l’intégration à l’Union européenne. Cette stratégie, a-t-il expliqué, vise à définir les politiques économiques en fonction des objectifs poursuivis au niveau social, afin d’améliorer la situation des personnes à revenus moyens, d’éliminer la pauvreté et la marginalisation des plus vulnérables, et de garantir la jouissance par tous des droits et libertés fondamentales. L’objectif, a-t-il dit, était de créer une économie de marché orientée sur le développement social et basée sur de bonnes performances économiques, sur un haut niveau de protection social, sur l’éducation et sur le dialogue social. Un haut rang de priorité est accordé à l’égalité entre les sexes comme moyen d’assurer la cohésion sociale, a-t-il ajouté. Convaincu du rôle primordial que pourrait jouer le secteur privé, l’Ukraine accorde une attention particulière à l’initiative dite du Pacte mondial, et a développé ses politiques conformément à ses engagements en vertu de la Déclaration du Millénaire. La délégation ukrainienne a par ailleurs insisté sur la nécessité de gérer la mondialisation pour rectifier les déséquilibres politiques et économiques.
M. RAMEZ GOUSSOUS (Jordanie) a insisté sur la nécessité de placer l’homme au centre du développement et d’agir pour rectifier les lacunes de la mondialisation au niveau social. L’année 2005, a-t-il dit, sera l’occasion d’identifier les lacunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Copenhague et de la Déclaration du Millénaire et de définir des stratégies pour y remédier. Réaffirmant l’appui de son pays aux objectifs de la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation, il s’est dit préoccupé par le nombre croissant d’analphabètes dans le monde, surtout parmi les femmes et les fillettes. Il a ainsi engagé les Nations Unies et les États Membres à renforcer la Décennie et à échanger les meilleures pratiques entre tous les acteurs. S’agissant de la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid, il a indiqué que son pays avait mis en place des programmes pour répondre aux besoins des personnes âgées. Il s’est par ailleurs félicité des efforts déployés en vue d’achever la Convention sur les droits des personnes handicapées, et a appuyé l’inclusion dans l’ordre du jour de la Commission d’un point distinct relatif aux personnes handicapées.
Mme FARAH ADJALOVA (Azerbaïdjan) a estimé qu’en dépit de l’importance du développement économique, les mesures de développement social devaient faire partie intégrante des stratégies de réduction de la pauvreté. La mise en place d’un système de sécurité sociale efficace et accessible à tous dépendait de nombreux éléments internes, y compris l’accès à l’éducation de qualité, un taux d’emploi élevé et la mise en place d’institutions démocratiques.
Soulignant l’attention particulière que son pays attache à la jeunesse, elle a mis l’accent sur le rôle du réseau international pour l’emploi des jeunes. Compte tenu de la fonction centrale de la famille dans le développement, elle a encouragé l’ONU à maintenir son rôle de catalyseur afin qu’elle reste au cœur des préoccupations au niveau national, régional et international. Évoquant la situation des personnes déplacées et des réfugiées dans les territoires occupés (dont sept régions de son propre pays), elle a déclaré que compenser la destruction des infrastructures et assurer le rétablissement d’une situation économique et sociale favorable constituaient une tâche qui dépassait les capacités d’un pays en pleine transition économique. Malgré les ressources provenant du Fonds pétrolier de l’État et destinées à créer de nouvelles infrastructures pour les personnes déplacées, beaucoup restait à faire dans son pays, et tout particulièrement en matière d’emploi.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a exhorté la communauté internationale à mettre l’accent sur l’harmonie sociale au sein des pays du tiers monde, et particulièrement ceux de l’Afrique, en favorisant une politique volontariste de lutte contre la pauvreté et en s’attachant notamment au chômage, au sous-emploi des jeunes, à l’exclusion des personnes âgées et à la marginalisation des personnes handicapées.
Il a souligné que les personnes particulièrement vulnérables (jeunes, handicapées et personnes âgées) faisaient parties intégrantes de la société et qu’elles devaient jouir pleinement de leur statut de citoyen. Le Sénégal, a-t-il poursuivi, a pris une série d’initiatives pour éviter leur marginalisation, notamment par une protection sociale, une participation à l’élévation du niveau de l’éducation, et une amélioration de l’accès aux services sociaux.
Rappelant que les jeunes sont les adultes de demain, il a évoqué les politiques de promotion de jeunes mises en oeuvre dans son pays. Dans ce cadre, il a noté que l’illettrisme était un frein au développement, d’où l’importance de la Décennie de l’alphabétisation qui se terminera en 2012. Pour relever ce défi, il serait nécessaire d’impliquer tous les acteurs, que ce soient les ONG ou le secteur privé. Il a conclu en rappelant l’urgence qu’il y avait pour les bailleurs de fonds et les donateurs à respecter leurs engagements.
Mme MANEL ABEYSEKERA (Sri Lanka) a déclaré que son pays disposait d’indicateurs favorables en matière de développement social et en particulier d’éducation et de soins de santé, en précisant que l’enseignement y était obligatoire de cinq à 14 ans. Le Sri Lanka, a-t-elle ajouté, avait également mis en place des mécanismes pour évaluer les progrès réalisés en matière de développement social et avait établi des partenariats avec la société civile et le secteur privé. L’impact des forces du marché a obligé le gouvernement à prendre des mesures particulières pour promouvoir l’emploi des jeunes et l’émancipation des femmes, ainsi que pour répondre aux besoins d’une population vieillissante et accroître les services de santé pour tous –y compris ceux qui souffrent de handicaps. La politique nationale en faveur des personnes handicapées, de même que celle en faveur des personnes âgées, cherche à leur offrir les possibilités de contribuer au processus du développement en travaillant. La loi pour les personnes âgées, a-t-elle dit, a permis la mise en place d’un Conseil des personnes âgées et prévu une disposition permettant à une personne âgée négligée par ses enfants de demander réparation juridique. La représentante du Sri Lanka a également souligné les contraintes dues aux situations de conflit. Elle a conclu en insistant sur l’importance du renforcement des capacités et de l’alphabétisation.
M. EWALD LIMON (Suriname) a souligné que les activités du Gouvernement du Suriname s’attachent en priorité au développement et à la promotion de l’éducation, de la santé, de l’emploi, de la sécurité sociale et du logement qui sont des indicateurs de la bonne santé d’une société. Rappelant que c’est au gouvernement de créer les conditions financières et économiques propices au développement social, il a indiqué que la société civile participe étroitement à la mise en œuvre et à l’élaboration de stratégies de réduction de la pauvreté. Il a noté la priorité accordée aux groupes les plus vulnérables, en soulignant que la création d’un système de sécurité sociale devrait permettre de protéger ces groupes.
La pauvreté étant est une des premières causes des maux sociaux comme la maladie et l’illettrisme, le Suriname a formulé une stratégie de développement en collaboration étroite avec le secteur privé et les ONG, dont un objectif primaire est de prévenir une détérioration de la situation des groupes vulnérables. Soulignant le rôle essentiel de la coopération internationale dans la mise en œuvre des engagements pris dans les grandes conférences de l’ONU, il a estimé que la révision à dix ans de la Conférence de Copenhague devra se focaliser sur les lacunes dans la promotion du développement social et ainsi définir les défis qui restent à relever.
M. AMARE TEKLE (Érythrée) a déclaré que malgré les engagements pris en matière de réduction de la pauvreté, la situation ne s’était pas améliorée. Des progrès pourraient néanmoins être faits si des efforts communs étaient pris afin de mettre en œuvre les différents programmes et plans d’action adoptés avec enthousiasme par la communauté internationale. Reconnaissant la relation étroite entre pauvreté, l’accès à l’éducation et aux services de santé, et absence de ressources, il a prôné l’harmonisation des objectifs des politiques sociales et la rationalisation des programmes de développement nationaux et internationaux.
Il a également souligné qu’à l’époque de la mondialisation un partenariat international était essentiel pour enregistrer les progrès dans le domaine du développement. Pour ce faire, il a demandé que des ajustements soient faits au niveau international afin que les pays les plus pauvres puissent participer au processus de prise de décision dans des organismes comme l’Organisation mondiale du commerce. Il a également appelé à la recherche de mesures appropriées pour limiter les effets négatifs de la mondialisation.
Faisant le lien entre paix et développement, il a rappelé que la corne de l’Afrique était un triste exemple des dégâts provoqués par des conflits incessants. Il a rappelé les mesures intégrées dans la constitution de son pays pour assurer la promotion et la protection des droits des groupes les plus vulnérables et la prévention notamment de la prostitution et de l’alcoolisme.
L’ARCHEVÊQUE CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a insisté sur le fait que les forces de la mondialisation aggravent les maux qui affligent les plus vulnérables. Notant que le progrès économique n’était pas suffisant, et qu’il devait s’accompagner d’un progrès sociopolitique, il a estimé que les politiques et les plans de développement devaient créer les conditions favorables afin d’assurer l’accès de tous aux services sociaux mais aussi aux droits de l’homme. Permettre à chacun de prendre en main son propre développement et prendre conscience de ses possibilités –voilà l’enjeu des stratégies de développement, a-t-il estimé. Il a également souligné le rôle central de la famille dans la société, notamment dans le cadre de la protection des personnes les plus vulnérables.
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