AG/DSI/3283

PREMIÈRE COMMISSION: LA CONVENTION D’OTTAWA SUR LES MINES ANTIPERSONNEL À UN MOMENT CHARNIÈRE DE SON HISTOIRE

21/10/04
Communiqué de presse
AG/DSI/3283


Première Commission

13e séance - matin


PREMIÈRE COMMISSION: LA CONVENTION D’OTTAWA SUR LES MINES ANTIPERSONNEL À UN MOMENT CHARNIÈRE DE SON HISTOIRE


(Publié le 22 octobre)


La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a poursuivi son débat thématique sur les armes classiques.


La première Conférence d’examen des États parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel s’ouvre à la fin du mois au Kenya faisant dire ce matin à de nombreuses délégations qu’il s’agissait là d’un point fort dans l’histoire de cet instrument.  Le Sommet de Nairobi devrait déboucher sur l’adoption d’une déclaration politique et d’un programme d’action, dont les priorités devraient, selon les délégations, porter sur l’universalité de la Convention, l’aide aux victimes et la mobilisation des ressources.


Ainsi, le Bélarus qui, avec 4 millions de mines, détient le plus grand stock au monde, a demandé l’aide technique et financière de la communauté internationale pour la destruction de mines à explosif liquide, dont le nombre, estimé à 3,6 millions, constitue une menace écologique.  En Afghanistan, les millions de mines terrestres et dispositifs non explosés, posés lors de l'occupation soviétique du pays, font encore 10 à 12 morts par jour.


De son côté, la représentante des États-Unis a indiqué que son pays avait décidé de mener, au sein de la conférence du désarmement, des négociations sur un instrument d’interdiction de la vente et de l’exportation de mines.  Cette initiative, a-t-elle précisé, ne nuit pas à la Convention d’Ottawa qui porte notamment sur le stockage et la production de mines persistantes.  L’Inde a, quant à elle, fait valoir que les mines terrestres continuent de jouer un rôle important dans la défense des États ayant de longues frontières au terrain difficile et impraticable, et que des technologies militaires efficaces mais non meurtrières faciliteront éventuellement le processus d’élimination complète des mines antipersonnel.


Les armes légères et de petit calibre ont également mobilisé l’attention de la Commission, compte tenu de la menace qu’elles posent à la sécurité et au développement socioéconomique des pays.  L’ensemble des délégations s’est rallié aux travaux lancés par la Suisse et la France sur un instrument de traçage et de marquage.  Certaines délégations, comme celle du Nigéria, ont insisté sur la nécessité d’en contrôler le trafic à la source, à savoir les fabricants, dans la mesure où il est impossible de contrôler les flux importants d’armes qui se déversent dans certains pays avec le concours de groupes rebelles.


Les pays suivants ont également pris la parole: Israël, Brésil au nom du Mercosur, France, Norvège, Nouvelle-Zélande, Sénégal, Canada, Guyana, Djibouti, Autriche, Australie, Kenya, Roumanie, Afrique du Sud, Japon, Inde, République de Corée, Turquie et Moldova.


La Commission poursuivra son débat demain vendredi 22 octobre à 10 heures.


Suite du débat thématique sur les armes classiques


M. SALHUDDIN RABBÂNI (Afghanistan) a rappelé que la circulation illicite des armes légères et de petit calibre, que l'ONU a estimé à 10 millions en Afghanistan, constitue la plus grande menace à la stabilité et au développement socioéconomique du pays.  Ce chiffre a en fait nettement baissé, à environ 1,5 million, mais il n'en demeure pas moins que la collecte de ces armes, appartenant pour la plupart à des acteurs non étatiques, pose un grand défi au Gouvernement.  Pour y faire face, l'Afghanistan estime qu'il faut procéder, avec l'aide de la communauté internationale, au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion (DDR) des anciens combattants dans la vie civile.  En attendant, il appuie la mise en œuvre du Programme d'action en vue de prévenir, de combattre et d’éliminer le commerce illicite des armes légères, et appelle tous les États Membres à prendre les mesures qui s'imposent dans ce domaine.


M. Rabbâni a ensuite évoqué la deuxième grande difficulté à laquelle se heurte son pays, à savoir les millions de mines terrestres et dispositifs non explosés, largement posés lors de l'occupation soviétique du pays, qui font encore 10 à 12 morts par jour.  En tant qu'État adhérent à la Convention d'Ottawa, l'Afghanistan exprime sa reconnaissance à l’égard des Gouvernements respectifs des États-Unis, du Japon et de la Communauté européenne, pour leur aide financière et technique aux opérations de déminage en cours dans le pays.


M. ALON BAR (Israël) a proposé de tirer de l'histoire de l'humanité au moins deux leçons au sujet des armes et de l'armement: la première veut que ce ne soient pas les armes en soi qui sont dangereuses, mais plutôt l'excès d'armement conjugué à des intentions hostiles; la deuxième nous apprend que le besoin de s'armer se fait sentir lorsque les États sont contraints d'assurer la sécurité de leurs territoires et de leurs peuples.  Ce n'est que lorsque les nations auront appris à cohabiter en paix qu'il sera alors possible de réduire les armements.  En attendant, il importe que les États contrôlent la circulation des armes et fassent preuve de retenue dans leur emploi et de plus de volonté politique pour endiguer leur prolifération, puisque ce sont les États les premiers responsables.


Insistant sur l'importance des mesures de confiance dans ce domaine, le représentant a toutefois précisé qu’elles devraient être librement négociées au niveau régional et ne sauraient être imposées par certains États ou par la communauté internationale. Parmi les mesures de confiance et de transparence prises par son pays, le représentant a cité sa participation au Registre des armes classiques depuis son établissement par l'ONU.  Fermement attaché à la réduction du danger posé par les mines, Israël a cessé de fabriquer les mines terrestres antipersonnel et adopté un moratoire sur l'exportation de tout type de mines antipersonnel.  Il a également ratifié le protocole II annexé à la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques.


Au nom des États membres du Mercosur et États associés, M. CARLOS ANTONIO DA ROCHA PARANHOS (Brésil) a souligné que chaque minute une personne meurt victime des armes légères.  Nos pays ont exprimé leur volonté d’explorer des voies de coopération pour endiguer ce fléau.  Au plan international, ils ont mis en œuvre le Programme d’action de lutte contre le trafic illicite des armes légères.  Nous sommes également en faveur d’un instrument international, juridiquement

contraignant, de marquage et de traçage de telles armes.  Au niveau régional, nous sommes parties à la Convention interaméricaine contre les armes à feu et autres matériels connexes.  Nous avons ainsi réalisé des progrès dans les domaines de la formation mais également de la coopération, notamment dans l’identification des législations nationales compatibles et la création d’un registre commun des armes à feu et de leur mouvement.  Le Mercosur est conscient de la nécessité d’unir les efforts au niveau sous-régional.  Si notre sous-région a connu des succès dans certains domaines, l’ampleur du problème est grand et risque de se pérenniser dans certaines régions du monde qui sont victimes de sous-développement socioéconomique.


Abordant la question des mines antipersonnel, le représentant a annoncé que les pays du Mercosur avaient entrepris la destruction de leurs arsenaux.  Les membres de nos forces armées participent également à des opérations de déminage à l’étranger.  Nous avons détruit 30 millions de mines mais il en reste encore 250 millions.


M. FRANÇOIS RIVASSEAU (France) a relevé que les progrès les plus importants ont été réalisés dans le domaine des armes légères et de petit calibre.  Il semblerait que la communauté internationale ait la volonté de les combattre ou tout au moins d’en limiter les expressions les plus inacceptables.  Ainsi, la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel a démontré toute son efficacité dans son volet humanitaire, tandis que le programme d’action des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères bénéficie du soutien de tous mais sa mise en œuvre exige une volonté opiniâtre.  Un autre progrès s’est traduit par la conclusion d’un instrument légalement contraignant applicable aux restes explosifs de guerre, annexé à la Convention de 1980.  Des discussions intenses ont eu lieu sur la question des mines véhicules.  Par ailleurs les négociations en cours d’un instrument sur le marquage et le traçage des armes légères, une initiative franco-suisse, sont également très importantes.


Nous pensons toutefois que l’accumulation de certains types d’armes et leur dissémination incontrôlée, ainsi que le risque qu’elles ne soient utilisées à des fins terroristes, est une préoccupation majeure. Les stocks de munitions conventionnelles en excès constituent un autre sujet d’inquiétude.  Ces stocks accumulés depuis de nombreuses années concernent des munitions obsolètes, dangereuses qui ne répondent à aucun impératif de sécurité.  La France, qui a coparrainé le projet de résolution présenté cette année par la Bulgarie, souhaite qu’un débat plus approfondi ait lieu l’année prochaine, a déclaré le représentant.


Soulignant l'importance cruciale du Programme d'action des Nations Unies sur les armes légères, M. ROLF WILLY HANSEN (Norvège) a également exprimé l'appui de son pays au Groupe de travail à composition non limitée sur le traçage et le marquage des armes légères illicites.  Insistant sur la nécessité de réglementer le commerce de ces armes, il a espéré que les efforts déployés par ce groupe aboutiront à un instrument international juridiquement contraignant.  Pour contribuer aux efforts déployés en vue de contrôler ce type de commerce, la Norvège aide les pays les plus concernés à adopter les législations pertinentes.  Gravement préoccupée par la disponibilité des systèmes portatifs de défense aérienne et le risque de leur utilisation par des terroristes et acteurs non étatiques, la Norvège appuie le projet de résolution présenté par l'Australie sur ce sujet et invite par ailleurs les États Membres à adhérer au Protocole relatif aux restes explosifs de guerre.

Mme CAROLINE MCDONALD (Nouvelle-Zélande) a affirmé que son pays s'emploie à renforcer les lois humanitaires pour endiguer le mal causé par la prolifération et l'usage des armes classiques.  La Nouvelle-Zélande appuie pour sa part la déclaration du Samoa au nom des États du Pacifique et participe aux efforts déployés dans la région.  Rappelant que les États du monde entier, ainsi que des organisations non gouvernementales, se sont engagés à libérer le monde des mines, la représentante les a invités à redoubler d'efforts pour appliquer pleinement la Convention d'Ottawa et d’en saisir le Sommet de Nairobi en vue de son universalisation.  La Nouvelle-Zélande estime que les parties au conflit ne doivent pas se soustraire aux responsabilités qui leur incombent lorsqu'ils abandonnent des munitions et dispositifs non explosés.


M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a indiqué qu’au cours des dix dernières années, 8 millions d’armes à feu ont circulé en Afrique de l’Ouest, dont la moitié utilisée à des fins criminelles.  Ces armes ont causé la mort de 3 millions d’individus, dont 2 millions d’enfants, et fait 5 millions de sans-logis.  Elles ont facilité la recrudescence du mercenariat et la fragilisation du tissu politique et social, paupérisant de larges couches de la population.  Au Sénégal, les dangers liés à la prolifération des armes légères et de petit calibre ont amené le gouvernement, dès 1966, à adopter une loi sur les armes et munitions, assortie d’un contrôle draconien sur les activités des armuriers, commerçants et convoyeurs, tous agréés par l’État et d’un arsenal de sanctions administratives et pénales à l’endroit des contrevenants.  Ce mécanisme explique en partie le taux très faible de circulation illicite de ces armes au Sénégal, a affirmé le représentant.


En l’Afrique de l’Ouest, la forte mobilisation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a permis un début d’apaisement.  Mais eu égard à la récurrence des conflits, les États ont adopté en 1998 un Moratoire sur la fabrication, l’importation et l’exportation des armes légères sous tous leurs aspects, complété d’un Programme d’assistance pour la sécurité et le développement.  Ce dernier comprend neuf domaines prioritaires, parmi lesquels la promotion d’une culture de paix, la collecte et la destruction des excédents d’armes et le renforcement des contrôles aux frontières.  Le représentant a indiqué enfin qu’il appuyait le projet de résolution L.51 présenté par le Mali au nom de la CEDEAO, intitulé Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes.  Il a de plus espéré que les travaux du Groupe de travail sur l’identification et le traçage des armes légères déboucheront sur l’option claire d’un instrument juridiquement contraignant, qui permettrait d’améliorer le sort de millions de personnes, en Afrique de l’Ouest et ailleurs.


Mme EMILY NICHOLSON (Canada) a fait part des préoccupations de son pays face aux aspects humanitaires du commerce illicite des armes légères et de leur prolifération.  La disponibilité de ces armes empêche le développement économique et social de nombreux pays, entrave l'assistance humanitaire et retarde leurs efforts de reconstruction après les conflits.  Aujourd'hui nous devons saisir cette occasion pour adopter une résolution efficace sur les armes légères et veiller à sa mise en œuvre, a affirmé la représentante qui a souligné l'importance des travaux du Groupe d'experts en vue de contrer le courtage illicite de ce type d'armes.  Pour ce qui est du problème des mines, le Canada estime que le prochain Sommet de Nairobi est une réunion très importante qui devra en être saisie, afin

de relever les défis restants dans l'application de la Convention d'Ottawa.  Le Canada est en train de ratifier le Protocole relatif aux restes explosifs de guerre tant il est préoccupé par cette question.


M. BONIFACE LEZONA (Congo) a affirmé que son pays qui possède des zones soupçonnées d'être minées dans la partie sud-ouest de son territoire, s'active à prendre des mesures afin de mettre en œuvre effectivement la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, ainsi que la politique commune africaine sur les mines antipersonnel qui a été adoptée par les Ministres africains en 2001 à New York. Le représentant a remercié le Gouvernement du Canada qui, grâce à son appui financier, a permis au Gouvernement congolais d'organiser en 2003, à Brazzaville, un atelier de sensibilisation des populations sur la mise en œuvre de la Convention d'Ottawa ainsi que la destruction, la même année, d'un stock de 5136 mines antipersonnel de l'arsenal militaire. Soulignant qu'une mission d'experts a été mise en route pour évaluer l'étendue des zones soupçonnées d'être minées, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte à son pays une assistance en vue de la réalisation des objectifs humanitaires de la Convention.


Mme JACKIE SANDERS (États-Unis) a déclaré que son pays a décidé de poursuivre des négociations, dans le cadre de la Conférence du désarmement, en vue de l’interdiction de la vente et de l’exportation des mines terrestres.  Selon elle, la Conférence du désarmement est l’organe le plus approprié pour négocier un instrument qui ne serait pas limité aux mines antipersonnel.  Une telle interdiction ne serait nullement contraire à la Convention d’Ottawa.


M. B.O. OWOSENI (Nigéria) s’est félicité des efforts déployés par la communauté internationale pour régler le problème des armes légères, notamment à travers l’exécution du Programme d’action visant à combattre le trafic illicite de ce type d’armes.  Il a réitéré également son appui à la Déclaration de Bamako qui constitue la position africaine commune sur cette question.  Nous sommes en faveur d’un instrument juridiquement contraignant d’identification et de traçage des armes, a poursuivi le représentant.  Il faut que les fabricants et les courtiers traitent exclusivement avec les gouvernements et les entités dûment enregistrés.  Selon le représentant, le fait que la communauté internationale n’oblige  ni les producteurs ni les intermédiaires à rendre des comptes, est responsable  de l’ampleur des flux d’armes en Afrique.  Il est indispensable d’effectuer des vérifications à la source, au moment des ventes initiales.  Le trafic illicite entrave également l’application des embargos, d’où l’importance des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.  Il faut veiller à ce que les accords de cessez-le-feu prévoient des activités de DDR qui malheureusement dépendent le plus souvent de budgets volontaires.  Le représentant a par ailleurs dressé le bilan des mesures que son pays a mises en place pour détruire des stocks d’armes légères.


M. NADIRA MANGRAY (Guyana) a rappelé que le trafic d’armes, le trafic de drogues et le terrorisme ont un impact direct sur la sécurité, et que le Guyana et les autres pays des Caraïbes sont particulièrement vulnérables à la violence engendrée par ces trafics.  L’instrument international de marquage et traçage en cours de négociation sur les armes légères devrait aider ces pays à être moins vulnérables, a-t-il espéré.  À cet égard, il a insisté sur l’impact négatif que le

trafic illicite de ce type d’armes peut avoir sur la sécurité et le développement des États, particulièrement des petits États qui n’ont pas les capacités techniques et financières d’y faire face.  Il a jugé important d’établir un lien entre désarmement et développement, et a souhaité un engagement résolu à l’application de l’instrument contre le trafic illicite des armes légères.  En tant que petit État, le Guyana accorde une grande importance au maintien de la paix et de la sécurité internationale, a-t-il réitéré, en précisant que son pays a récemment ratifié et adhéré à différentes conventions, notamment la Convention contre le crime transnational organisé.


Mme FATHIA DJAMA OUDINE (Djibouti) a souligné que malgré les efforts déployés par la communauté internationale en matière de lutte contre le commerce illicite des armes légères et leur prolifération, il est évident que, pour les pays concernés, il reste beaucoup à faire dans ce domaine.  Il est indéniable que la  disponibilité de ces armes, dont le prix reste souvent abordable, ne constitue pas la première cause des conflits en Afrique.  Toutefois, elle incite à la violence, sape la stabilité des pays, voire des régions, et constitue un obstacle au développement socioéconomique.  Le Djibouti, qui est pleinement dévoué à la lutte engagée dans ce domaine, est coauteur du projet de résolution L.43 sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  Il a également participé à plusieurs initiatives entreprises au niveau régional, notamment à la déclaration ministérielle de Nairobi.


S'associant à la déclaration faite par les Pays-Bas au nom de l'Union européenne, M. GERHARD PFANZELTER (Autriche) a indiqué que son pays est coauteur du projet de résolution L.40 sur la mise en œuvre de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Il a rappelé que 143 États ont reconnu que le seul moyen d'en finir une fois pour toutes avec les maux et souffrances causés par les mines est de procéder à leur élimination totale.  Malgré les progrès internationalement obtenus ces cinq derrières années dans l'application de la Convention d'Ottawa, son universalisation reste cruciale,

a-t-il estimé.  À cet égard, le Sommet de Nairobi, qui sera présidé par son pays, offrira l'occasion de sensibiliser le grand public à la question, de renouveler l'engagement politique et financier de la communauté internationale, d'établir un plan d'action, et d'œuvrer pour l'universalisation de la Convention d'Ottawa.


M. GEOFFREY SHAW (Australie) s’est dit très préoccupé par le problème de la prolifération et de l’accumulation excessive des armes classiques.  La possession illicite même d’une petite quantité de ce type d’armes peut compromettre la stabilité politique et économique de nombreuses régions.  L’Australie, qui veut jouer un rôle actif dans l’élimination de ces armes, est coauteur du projet de résolution L.43 sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  Elle a travaillé cette année, avec Fidji, le Japon et le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie-Pacifique, à la tenue d’un séminaire régional sur les petites armes, centré notamment sur la mise en oeuvre du Programme d’action des Nations Unies.


L’Australie a toujours fermement appuyé la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel, et attend beaucoup de la prochaine Conférence d’examen.  Elle est ainsi coauteur du projet de résolution L.40 sur la mise en oeuvre de la Convention, a indiqué le représentant, en soulignant l’attention que son gouvernement accorde à l’assistance aux victimes et à leur réintégration

socioéconomique.  L’Australie accueille  avec satisfaction les conclusions du Protocole V sur les restes explosifs de guerre de la Convention sur certaines armes classiques.  Elle compte également beaucoup sur les négociations en cours pour un nouvel instrument sur les conséquences humanitaires des mines autres qu’antipersonnel.  Elle est coauteur du projet L.54 sur la Convention contre certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou frappant sans discrimination.


M. LAZARUS AMAYO (Kenya) a estimé que les mines antipersonnel font partie des armes les plus inhumaines que l’homme ait conçues.  Il n’est donc pas surprenant que 143 États parties aient ratifié la Convention d’Ottawa.  L’engagement du Kenya se traduit par son rôle actif dans la mise en œuvre de cet instrument en Afrique, a indiqué le représentant.  Malgré tout, alors que les mines continuent de causer d’innombrables dégâts, la Convention n’est toujours pas universelle.  Le Kenya accueillera à la fin du mois le Sommet de Nairobi, qui constituera un point fort dans l’instrumentalisation de la Convention d’Ottawa.  Il examinera le statut et le fonctionnement de la Convention, les dates butoirs de déminage, l’élimination des stocks et l’aide aux victimes.  Le Sommet devrait adopter un plan d’action et une déclaration politique, et également permettre la mobilisation de ressources.


M. DORU COSTEA (Roumanie) a fait état des activités de déminage de son pays, et notamment de l’achèvement en 2002 du processus de destruction de ses mines, un an avant la date butoir fixée par la Convention d’Ottawa.  Les défis portent désormais sur l’aide aux victimes et la mobilisation des ressources.  Nous préparons actuellement nos instruments de ratification au Protocole V de la Convention sur certains armes classiques portant sur les débris explosifs de guerre.


Mme GLAUDINA MTSHALI (Afrique du Sud) a déclaré que la prolifération des armes légères constitue une menace au développement des États.  Nous attachons une importance singulière à la mise en œuvre du Programme d’action sur le commerce illicite des armes légères.  Dans 18 mois, nous passerons en revue ce programme et déciderons des moyens d’aller de l’avant.  La représentante a insisté sur l’importance du processus préparatoire pour réussir la conférence d’examen.  Par ailleurs, pour qu’un instrument de traçage soit efficace, il faut que son champ d’application soit aussi vaste que possible et ne pas être uniquement limité aux pays qui détiennent ce type d’arme.  Le champ d’action doit également être élargi aux armes civiles.  Passant aux mines antipersonnel, elle a estimé que la première conférence d’examen devrait examiner les défis que sont la mobilisation des efforts et des ressources.  Nous appuyons l’adoption d’un plan d’action réaliste et applicable.  La position africaine commune sur les mines envoie un message ferme en ce qui concerne leur interdiction.  Nous préparons actuellement nos instruments de ratification au protocole V de la Convention sur les débris de guerre explosifs.


M. YOSHIKI MINE (Japon) a affirmé que l'adoption en 2001 du Programme d'action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, témoigne de la détermination de la communauté internationale d'engager une lutte collective et efficace dans ce domaine.  Le Japon a l'intention de poursuivre l'application de ce Programme d'action et espère que tous les Etats feront de même afin de garantir sa réussite.  Tout en se félicitant des avancées du Groupe de travail à composition non limitée chargé de

négocier un instrument sur le traçage et le marquage des armes légères illicites, le Japon estime que pour faire face à ce problème de façon globale, la communauté internationale devrait se concentrer sur la réduction de la demande qui existe pour ces armes.  Le Japon a, pour sa part, contribué à un projet de recherche de

l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), afin d'étudier le problème de la demande des armes légères et les moyens d'y remédier. Pour ce qui est du prochain Sommet de Nairobi sur les mines, le représentant a affirmé que la tâche cruciale de cette réunion historique consistera à promouvoir l'universalisation de la Convention d'Ottawa.


M. RAVI PRAKASH VERMA (Inde) a souligné que la diplomatie multilatérale a réalisé des progrès modestes en matière de lutte contre le commerce illicite des armes légères.  Son pays a été déçu que la Conférence internationale des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères, tenue en 2001, n'ait pas réussi à adopter des mesures visant à prévenir la vente de ces armes à des groupes non étatiques.  L'Inde qui participe activement aux travaux du Groupe de travail à composition non limitée chargé de négocier un instrument international sur le marquage et le traçage des armes légères, espère que cet instrument sera juridiquement contraignant et s'appliquera aux munitions et aux explosifs.  Le représentant a par ailleurs affirmé que les mines terrestres continuent de jouer un rôle important dans la défense des États qui ont de longues frontières au terrain difficile et impraticable, et que l’accès à des technologies militaires efficaces mais non meurtrières pourra faciliter le processus d’élimination complète des mines antipersonnel.  Attachée aux processus multilatéraux, l'Inde a adhéré à la Convention sur certaines armes classiques, ratifié ses quatre protocoles et s'apprête à ratifier le cinquième, qui porte sur les restes explosifs de guerre.


M. KWANG-CHUL LEW (République de Corée) a souligné que les travaux du Groupe chargé de négocier un instrument international sur le traçage et le marquage des armes légères illicites constituent un processus central pour la lutte engagée dans ce domaine.  Se félicitant des progrès réalisés par ce Groupe, le représentant a fait part du souhait de son pays de voir la nature de l'instrument définie au cours des prochaines délibérations. Pour appuyer les efforts de déminage qui se poursuivent à l'échelle internationale, le Gouvernement coréen a versé une contribution de 100 000 dollars pour financer l'action antimines dans deux pays africains.  La République de Corée accorde, par ailleurs, une grande importance à la Convention sur certaines armes classiques à laquelle elle a adhéré en 2001.


M. MURAT ESENLI (Turquie) a déclaré que les résolutions des Nations Unies sont à la base des efforts internationaux pour éliminer ce type d’armes et la Convention d’Ottawa en est le point central. La participation des ONG a été essentielle pour sa mise en œuvre.  Avec l’adhésion cette année de la Turquie et de la Grèce, des progrès devraient voir le jour dans la région.  Il reste cependant à relever le défi de l’universalité d’un tel instrument, et de l’aide aux victimes, notamment leur réinsertion socioéconomique.  La Première Conférence d’examen, qui se tiendra à Nairobi à la fin du mois, donnera un nouvel élan à cet instrument.

M. VSEVOLOD GRIGORE (Moldova) a indiqué que son pays participe activement aux initiatives régionales pour endiguer le trafic des armes légères, en coopération avec Interpol, le Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-est, ainsi que dans le cadre de la Communauté des États indépendants (CEI).  Nous avons adopté des normes et mécanismes pour assurer la collaboration contre le crime transfrontalier.  Le conflit toujours non résolu dans l’Est de Moldova en raison des activités de groupes séparatistes constitue une menace pour notre pays et la région, qui demeure une zone importante de production et de trafic d’armes.  On ne peut pas exclure le fait que de telles armes sont utilisées dans d’autres zones de conflit, d’où la nécessité de parvenir à un instrument de marquage.  La présence importante de stocks de munitions est aussi un facteur d’instabilité, dans la mesure où les groupes séparatistes pourraient s’en saisir.  Nous avons donc détruit 20 000 munitions sur les 40 000 qui étaient stockées.


M. ALEH SHLOMA (Bélarus) a appuyé la Convention d’Ottawa, que son pays a ratifiée en mars dernier.  Le Bélarus est le plus grand détenteur de mines, un héritage de la guerre froide, mais il ne produit, n’exporte ni ne procède à des transferts de mines.  Conformément à la Convention d’Ottawa, nous devrions détruire en quatre ans nos stocks, estimés à 4 millions de mines dont 3,6 millions de mines à explosif liquide.  Nous demandons l’aide technologique et financière de la communauté internationale, pour la destruction de mines à explosif liquide qui constituent une menace écologique.


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