AG/DSI/3280

LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE ENTAME SON DEBAT THÉMATIQUE

18/10/2004
Communiqué de presse
AG/DSI/3280


Première Commission

10e séance – matin


LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE ENTAME SON DEBAT THÉMATIQUE


L’attention se tourne vers la Conférence d’examen

desÉtats parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2005


La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a entamé ce matin son débat thématique, qui a été dans une large mesure consacré à la future conférence d’examen des États parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) prévue en 2005.  Les États dotés de l’arme nucléaire comme ceux qui n’en sont pas dotés, ont expliqué ce qu’ils attendaient de cette réunion.  La communauté internationale devra à cette occasion dresser le bilan des cinq dernières années en matière de désarmement et de non-prolifération et identifier des domaines où des progrès seraient nécessaires.


Représentant un groupe de sept pays membres de la Coalition pour un nouvel agenda (Brésil, Égypte, Irlande, Mexique, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Suède), la représentante de la Suède, mais également les représentants du Japon et de la Suisse, ont plaidé pour une multiplication d’efforts pour parvenir à l’universalisation du Traité, renforcer le système de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique, et lancer sans tarder, voire avant la Conférence d’examen, des négociations sur un traité d’interdiction de matières fissiles, comme moyen de renforcer le régime du TNP.  Cette interdiction a également figuré aux priorités du représentant des Pays-Bas au nom de l’Union européenne, pour qui un tel instrument devra être non discriminatoire, universel et vérifiable.


Les États-Unis ont apporté des réserves à l’idée d’un traité d’interdiction des matières fissiles, remettant en cause la possibilité de mettre en place desmesures de vérification efficaces. Il suffit en effet de mettre la main sur des matières fissiles pour déclarer qu’il y a violation du régime de garanties de l’AIEA, sans que l’on puisse prouver la date et le but d’une telle production.  Nous devons donc revoir notre manière d’envisager la conclusion d’un traité d’interdiction des matières fissiles, a insisté la représentante. 


Les États-Unis, ainsi que la Fédération de Russie, ont également expliqué dans quelle mesure ils ont honoré leurs obligations en leur qualité d’États parties au TNP.  Les États-Unis ont ainsi démantelé plus de 13 000 armes nucléaires depuis 1989, et retiré plus de 3 000 ogives tactiques, soit près de 90% de leurs armes nucléaires non stratégiques.  Plus de 1 000 missiles stratégiques ont été éliminés conformément au Traité de Moscou.  D’ici 2012, les stocks nucléaires des États-Unis seront au plus bas.   La Fédération de Russie quant à elle a complété en décembre 2001 la destruction de 1,5% de ses armes stratégiques offensives.


Ont également pris la parole les représentants des pays suivants: Italie, Nigéria, République de Corée, Canada, Australie, Brésil, Indonésie, Cuba, Afrique du Sud, Norvège et Allemagne.  Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a exercé son droit de réponse.


La Commission poursuivra ses travaux demain mardi, 19 octobre, à 10 heures.


DÉBAT THÉMATIQUE


Au nom de l’Union européenne et des pays associés, M. CHRIS SANDERS  

(Pays-Bas) a déclaré que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est la pierre angulaire du désarmement et de la non-prolifération dans le monde -- d’où l’importance de son universalité -- et que l’UE est profondément engagée en faveur de ce traité et de ses trois piliers: désarmement, non-prolifération et utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Il a demandé aux trois États qui ne l’ont pas encore fait de le ratifier, aux États nucléaires de mettre en œuvre les 13 mesures adoptées lors de la Conférence d’examen de 2000, ainsi qu’à tous les États qui ne l’ont pas encore fait de signer des protocoles additionnels de l’AIEA qui, a souligné le représentant, font partie intégrante de son système de garanties générales et sont un moyen essentiel pour les États parties de montrer le respect de leurs obligations.


Le commerce illicite d’armes de destruction massive, y compris les technologies nucléaires, est une source de préoccupation, compte tenu de l’existence de réseaux clandestins, a indiqué le représentant, qui a appuyé la résolution 1540 du Conseil et demandé aux États de coopérer pour prévenir et identifier les réseaux illicites.  L’UE est en faveur de contrôles à l’exportation de matière sensibles et vise à un accord universel et non discriminatoire qui interdise la production de matières fissiles.  Elle attache aussi la plus grande importance à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) et demande aux pays de l’annexe II d’y accéder dès que possible.  Préoccupée par le programme nucléaire iranien, l’UE appelle l’Iran à suspendre toute activité liée à l’enrichissement de l’uranium, à continuer de coopérer avec l’AIEA et à signer son protocole additionnel.  Elle demande également à la République populaire démocratique de Corée de respecter son accord de garanties avec l’AIEA en permettant la reprise des mesures de surveillance, y compris le retour des inspecteurs de l’Agence.  Le cas de la Libye, qui a renoncé à son programme d’armes de destruction massive, montre qu’avec le dialogue et la coopération, on peut régler les problèmes de prolifération, a constaté le représentant.


M. Sanders a appuyé les zones exemptes d’armes nucléaires et appelé les protagonistes au Moyen-Orient à déployer tous leurs efforts pour qu’une telle zone voie le jour.  À son avis, les assurances de sécurité négatives et positives peuvent jouer un rôle important, en ce qu’elles peuvent inciter les États à renoncer à l’utilisation des armes de destruction massive.


Au nom des pays membres de la Coalition pour un Nouvel agenda (Brésil, Égypte, Irlande, Mexique, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Suède), Mme ELISABET BORSIIN BONNIER (Suède) a évoqué les efforts qui doivent être déployés aux fins du désarmement nucléaire.  Rappelant que, selon le principe fondamental du TNP, les États non dotés d'armes nucléaires doivent s'engager à ne pas mettre au point des armes nucléaires, et les États dotés de telles armes, à réduire et éliminer leurs arsenaux nucléaires, elle a affirmé que le TNP devrait donc être mis en oeuvre dans son intégralité.  Ni les engagements pris par les États dotés d'armes nucléaires lors de la Conférence de révision de 2000, pour réduire et éliminer leurs arsenaux nucléaires, ni le plan d'action adopté à l'unanimité pour poursuivre le désarmement nucléaire, n'ont été respectés, a-t-elle déploré. 


Se félicitant par ailleurs de la signature et de la ratification par trois États nucléaires du TICEN-CTBT, elle a appelé les États dont la signature est nécessaire à l'entrée en vigueur du Traité à le signer sans tarder.  En attendant, il faut maintenir le moratoire sur les explosions expérimentales des armes nucléaires et autres dispositifs nucléaires, a souligné la représentante.  Elle a en outre estimé que la prochaine étape du processus de désarmement nucléaire devrait se concentrer sur les négociations d'un traité multilatéral interdisant la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.


M. CARLO TREZZA (Italie) s’est associé aux déclarations des Pays-Bas au nom de l’Union européenne, notamment celle dans le cadre du débat général relative à l’initiative de « réduction concertée des menaces » en tant qu’un des instruments existants contre les armes de destruction massive.  Indiquant que son pays a parrainé, le 28 septembre dernier à Genève, un séminaire à ce sujet, il a fait valoir qu’une telle initiative attire de plus en plus l’attention dans le cadre du processus de désarmement international et constitue un des récents développements les plus significatifs en matière de désarmement et de non-prolifération.  L’initiative est particulièrement pertinente en matière de désarmement nucléaire, mais elle concerne également d’autres armes de destruction massive, soit, chimiques, biologiques et radiologiques.  Plusieurs pays, dont le Belarus, le Canada, le Kazakhstan, le Japon, l’Union européenne, la Fédération de Russie, l’Ukraine, les États-Unis, l’Ouzbékistan, ont œuvré ensemble dans le cadre de cette initiative, qui a culminé en juin 2002 à Kananaskis (Canada), avec l’annonce des leaders du Groupe des Huit d’un « Partenariat mondial contre la prolifération des armes et matériels de destruction massive ».  Les participants à ce sommet se sont engagés à contribuer pour 20 milliards de dollars au cours des 10 années à venir, pour empêcher en particulier que ce type d’armes ne tombe entre les mains de terroristes.  L’initiative est devenue un instrument important de la stratégie européenne contre la prolifération des armes de destruction massive.  À une conférence l’an dernier à Strasbourg, l’Union européenne s’est d’ailleurs engagée à consacrer une somme totale de 1,6 milliard d’euros à cette fin.  De l’avis du représentant, il est temps que la Première Commission accorde toute son attention à une telle initiative, non seulement pour faire face au problème de négociation aux fins du désarmement, mais aussi à celui que pose la destruction de ces armes. 


M. YOSHIKI MINE (Japon) a déclaré que les défis récents tels que la prolifération de technologies nucléaires passant par des réseaux illicites, démontrent la nécessité de renforcer le TNP.  Abordant la situation dans la péninsule coréenne, il a fait valoir que le règlement de cette question doit se faire par des moyens pacifiques et diplomatiques, et il a demandé à la République populaire démocratique de Corée de procéder au démantèlement de toutes ses installations nucléaires.  Le Japon estime par ailleurs essentiel que l’Iran s’efforce d’accroître la transparence de ses activités et honore ses engagements.  Il se félicite en revanche de la décision prise par la Libye de détruire l’ensemble de ses armes de destruction massive. 


La non-prolifération et le désarmement se renforcent mutuellement, a réaffirmé le représentant.  À son avis, tous les États, qu’ils soient dotés ou non d’armes nucléaires, doivent honorer leurs engagements, mais il incombe surtout aux premiers d’assurer le respect du TNP.  Pour la conférence de révision de 2005, il est important de disposer d’objectifs clairs et de commencer, avant sa tenue, des négociations sur un traité d’interdiction de matières fissiles, comme moyen de renforcer le régime du TNP.  Appelant en outre les 11 pays à l’annexe II à ratifier le TICEN pour qu’il puisse entrer en vigueur, le représentant a souligné qu’il était nécessaire, dans l’intervalle, de maintenir un moratoire.  L’un des moyens efficaces de promouvoir la non-prolifération est de promouvoir le régime de garanties de l’AIEA, a-t-il encore estimé.


M. J.U. AYALOGU (Nigéria) a rappelé que malgré les effets tragiques des deux bombes atomiques larguées en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki, qui ont fait environ 160 000 morts, les cinq puissances nucléaires détiennent toujours d'importants arsenaux nucléaires et d'autres États sont sur le point de les suivre sur ce chemin.  Et pourtant, les experts s'accordent sur le fait que si utilisés, ces arsenaux anéantiraient le monde, a noté le représentant.  C'est pourquoi il est nécessaire de faire montre de la volonté politique requise pour appliquer les 13 mesures adoptées lors de la Conférence de révision du TNP.  Il faut que les États dotés d'armes nucléaires renoncent, conformément à leurs engagements au titre du TNP, au perfectionnement de ces armes.  La Première Commission devrait adopter des résolutions pertinentes à cet égard et associer les actes à la parole.


Pour éliminer les armes de destruction massive, notamment les armes nucléaires, le représentant a appelé à la convocation d'une conférence sur ces questions.  En attendant, il faut adopter un instrument juridiquement contraignant, interdisant aux États qui en sont dotés l’emploi ou la menace d'emploi des armes nucléaires.  Les États qui n’en sont pas dotés ont plus que jamais besoin de cette garantie.  Le Nigéria, qui appuie l'élimination totale de ces armes, invite les États dont la signature et la ratification du TNP est nécessaire pour son entrée en vigueur, à le ratifier et le signer sans tarder.  En attendant un moratoire sur les essais nucléaires doit être maintenu.  Le Nigéria estime qu'il est temps de convoquer une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement et demande aux États Membres d'adopter une résolution sur la question.  Il plaide également en faveur d'un traité interdisant la production de matières fissiles, assorti d'un mécanisme de vérification fiable.


M. KWANG-CHUL LEW (République de Corée) a déclaré que l’importance du TNP ne peut pas être surestimée, en particulier en ces temps troubles où se posent des défis importants en raison des défauts structurels inhérents et des cas de non-respect.  Ces défis exigent des discussions sérieuses et créatives.  Malheureusement, les résultats décevants de la troisième session du Comité préparatoire ne nous incitent pas à l’optimisme.  Notre pays s’est également joint aux efforts de la communauté internationale pour faciliter l’entrée en vigueur du TICEN, notamment à travers la signature de la déclaration conjointe de 42 Ministres des affaires étrangères.  Il s’agit d’un pilier du régime global de non-prolifération.  La Corée est par ailleurs en faveur d’un instrument  multilatéral, non discriminatoire et vérifiable, qui interdise la production de matières fissiles.


Affirmant qu'il n'existe aucune alternative au TNP, Mme ANN POLLACK (Canada) a déclaré qu'à l'approche de la Conférence de révision du TNT, les États Membres devraient bien se préparer pour relever les défis qui les attendent.  Afin de remédier au déficit institutionnel du Traité, le Canada préconise la création d'un bureau permanent qui se réunirait plusieurs fois par an pour préparer les réunions extraordinaires.  Le Canada souhaite que cette proposition soit adoptée lors de la prochaine Conférence de révision du TNP.  À cet égard, il encourage également l'établissement de rapports, qui est l'une des 13 mesures visant à la mise en œuvre du Traité.  La représentante a en outre prié les États qui n'ont pas encore signé et/ou ratifié le TICEN/CTBT à le faire sans trop tarder.  Elle a par ailleurs encouragé la tenue de négociations afin d'aboutir à un traité multilatéral sur l'interdiction de la production de matières fissiles.


M. GEOFFREY SHAW (Australie) a réitéré l’importance que son pays attache au TNP, et a assuré la Commission de la détermination de l’Australie à relever les défis qui menacent ce traité.  Les événements ont montré que les mesures de vérification ne sont pas suffisantes pour mettre un terme aux activités de certains États.  Les États parties devraient, lors de la Conférence d’examen prévue en 2005, prendre une décision au sujet du régime de garanties de l’AIEA.  Le risque que des États parties fassent un mauvais usage des dispositions du TNP sur le recours à l’énergie atomique à des fins non pacifiques, est réel.  La Conférence d’examen devra engager des discussions sur les moyens de limiter la prolifération de technologie nucléaires sensibles.  Il ne s’agit pas de réinterpréter le Traité mais de garantir que les activités des États parties en respectent les dispositions.  Cette année encore, aux côtés du Japon, nous parrainerons le projet de résolution intitulé « vers l’élimination totale des armes nucléaires », a indiqué le représentant.  Nous sommes également en faveur du TICEN et avons signé la déclaration commune des Ministres des affaires étrangères.  Cette année, nous parrainerons également un projet de texte sur cette question.  Nous sommes aussi en faveur d’un traité d’interdiction des matières fissiles qui soit assorti d’un régime de vérification.


M. ANTON V. VASILIEV (Fédération de Russie) a affirmé que depuis la fin de la guerre froide, les relations entre son pays et les États-Unis se sont beaucoup améliorées et, partant, la course aux armements est une histoire du passé.  Pour ce qui est du TNP, la Fédération de Russie appuie l'élimination totale des armes nucléaires, tout en précisant qu'un tel objectif ne saurait être atteint que d'une façon progressive.  Respectant les obligations qui lui incombent en sa qualité d'État partie au TNP, la Fédération de Russie a complété en décembre 2001 la destruction de 1,5% de ses armes stratégiques offensives, et nettement réduit le nombre d'ogives nucléaires en détruisant, en 2003, 1 250 vecteurs pour différents types de missiles.


Après avoir ratifié START II en 2000, la Fédération de Russie ne peut être blâmée pour sa non-entrée en vigueur, a affirmé le représentant.  Grâce à une coopération entre la Fédération de Russie et les États-Unis, les potentiels des armements stratégiques offensifs des deux pays seront soumis au traité de Moscou d'ici 2009.  La réduction des arsenaux nucléaires russes se fait de façon progressive et irréversible.  Nous avons diminué de moitié le nombre d'armes nucléaires qui vont au-delà de la nécessité de défense nationale, a affirmé le représentant, en ajoutant que depuis longtemps la production d'uranium sert à des fins pacifiques dans son pays.  Pour ce qui est de la mise hors d'alerte des armes nucléaires, la Fédération estime qu'il s'agit d'une opération plus coûteuse que la production de ces armes.  Par conséquent, la Fédération plaide en faveur de décisions réalistes et équilibrées, hors des échéances rigides, afin de compléter le processus de désarmement nucléaire. 


Mme JACKIE SANDERS (États-Unis) a dit soutenir les négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction de matières fissiles, tout en précisant qu’un tel traité ne pourra pas bénéficier de mesures de vérification efficaces.  Ce sont en tout cas les conclusions d’une étude effectuée par le Gouvernement américain.  Il suffit en effet de mettre la main sur des matières fissiles pour déclarer qu’il y a violation du régime de garanties de l’AIEA, sans que l’on puisse prouver la date et le but d’une telle production.  Nous maintenons un moratoire depuis 15 ans sur la production de matières fissiles, alors qu’un tel moratoire est loin d’être universel.  Nous devons donc revoir notre manière d’envisager la conclusion d’un traité d’interdiction des matières fissiles, a fait valoir la représentante.


S'exprimant au nom des États du Mercosur, M. CARLOS PARANHOS (Brésil) a rappelé que le TNP prévoit des obligations contraignantes aussi bien pour les États dotés d'armes nucléaires que pour ceux qui ne le sont pas.  Il est inacceptable que certains pays tendent à soumettre ces obligations à de nouvelles interprétations, a-t-il affirmé.  En tant qu'État ayant volontairement renoncé à la mise au point d'armes nucléaires, le Brésil défend le strict respect de toutes les obligations énoncées par le régime du TNP ainsi que la mise en œuvre des 13 mesures convenues lors de la Conférence de révision de 2000.  Réaffirmant que l'élimination totale des armes nucléaires reste la seule garantie pour que ce type d'armes de destruction massive ne tombe guère entre les mains des terroristes, les États du Mercosur estiment néanmoins qu'il faut respecter le droit inaliénable des pays à avoir accès à l'énergie nucléaire et aux technologies et à la recherche dans ce domaine à des fins pacifiques.


Évoquant la prochaine conférence de révision du TNP, le représentant a appelé de ses vœux l'adoption d'un document final contenant des mesures concrètes en matière de désarmement nucléaire. Pour ce qui est des États qui n'ont pas signé et/ou ratifié le TICEN, retardant ainsi son entrée en vigueur, il leur a demandé d'annoncer clairement leurs intentions vis-à-vis du Traité.  En attendant, les États du Mercosur soutiennent le maintien d'un moratoire sur les essais nucléaires.


M. CHRISTIAN FAESSLER (Suisse) a déclaré que la réduction vérifiable et irréversible des armes nucléaires doit faire partie intégrante des efforts de non-prolifération.  Le risque accru de prolifération nucléaire est lié avec le fait que certains États nucléaires restent en dehors des régimes de non-prolifération, comme l’a montré l’existence de réseaux illicites.  Le représentant a salué la résolution 1540 du Conseil de sécurité, ainsi que les activités de l’AIEA, le partenariat global du G8 et l’initiative de sécurité contre la prolifération.  Il faut désormais multiplier les efforts pour parvenir à l’universalité du TNP, renforcer le système de surveillance de l’AIEA et lancer sans tarder des négociations sur un traité d’interdiction de matières fissiles.  Nous ne sommes pas convaincus qu’un tel traité ne disposerait pas de mécanismes de vérification efficace.  Nous devons faire pression pour que le TICEN entre en vigueur et pour que l’on prenne au sérieux la possibilité que des acteurs non étatiques mettent la main sur les armes nucléaires, a affirmé le représentant.


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) s'est déclaré préoccupé de la menace que font peser dans le monde la possession et le déploiement d'armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires.  Il a rappelé qu'au titre du TNP et du document final de la Conférence de révision du Traité de 2000, il incombe aux États dotés d'armes nucléaires d'éliminer leurs arsenaux nucléaires. Or, cet objectif n'a pas été atteint, puisque ces États ne paraissent pas pleinement engagés en faveur d’un désarmement nucléaire général et complet.  Aussi l'Indonésie leur

demande-t-elle de s'acquitter de leurs obligations vis-à-vis du TNP, afin d'encourager d'autres États à le respecter.  Le représentant a par ailleurs constaté avec regret que les États détenteurs d'armes nucléaires poursuivent la mise au point de nouveaux types d'armes nucléaires, ce qui est totalement contraire aux dispositions du TNP et ne fera que lancer une nouvelle course aux armements à travers le monde. 


M. YURI GALA (Cuba) a fait observer que, depuis l’entrée en vigueur du TNP, non seulement nous n’avons pas atteint l’objectif ultime, qui est d’éliminer l’arme nucléaire, mais nous assistons à des revers importants.  Il est évident que certaines puissances nucléaires ne disposent pas de la volonté requise pour parvenir à l’élimination totale de ces armes.  Il n’y pas de progrès dans la mise en œuvre de l’engagement pris sans équivoque par les États nucléaires en 2000 de parvenir à l’élimination des arsenaux nucléaires.  La prochaine conférence devra prévoir des engagements pratiques en la matière.  Nous rejetons l’application sélective du TNP.  Notant en outre que le régime de garanties de l’AIEA  ne fonctionne pas, le représentant a recommandé la création d’un organe subsidiaire de la Conférence de révision de 2005, qui serait chargé de réfléchir aux mesures de vérification.  À son avis, l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie réelle contre leur utilisation.


M. LESLIE GUMBI (Afrique du Sud) a réaffirmé que l'élimination totale des armes nucléaires est une obligation incombant aux États détenteurs d'armes nucléaires, qui doivent s'en acquitter pour éviter que ce type d'armes ne tombe un jour entre les mains des terroristes.  La non-prolifération et le désarmement nucléaires se renforcent mutuellement, et le véritable objectif est le désarmement général et complet sur la base du régime du TNP.  L’Afrique du Sud regrette que les États détenteurs d'armes nucléaires, qui se sont engagés sans équivoque, aux termes du TNP et de la Conférence de révision de 2000, à éliminer leurs arsenaux  nucléaires respectifs, ne se soient pas acquittés de leurs obligations.  Si la communauté internationale n'adopte pas de mesures concrètes en vue d'un désarmement nucléaire, le TNP risque de tourner en rond, a prévenu le représentant.  L'Afrique du Sud invite également les États dotés d'armes nucléaires à offrir aux États qui ne le sont pas, des garanties de sécurité juridiquement contraignantes.  S'associant à la déclaration faite par la Suède au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, le représentant a insisté sur le fait que tous les aspects du TNP doivent être mis en œuvre dans leur intégralité et sans distinction.


M. THOMAS CYNKIN (États-Unis) a précisé que son pays avait démantelé plus de 13 000 armes nucléaires depuis 1989, et retiré plus de 3 000 ogives tactiques, soit près de 90% de ses armes nucléaires non stratégiques.  Nous avons éliminé plus de 1 000 missiles stratégiques conformément au Traité de Moscou.  Des réductions d’armes opérationnelles ont également eu lieu.  D’ici 2012, les stocks nucléaires des États-Unis seront au plus bas.  Nous n’avons pas produit de matières fissiles entrant dans la fabrication d’armes nucléaires depuis 15 ans et nous avons l’intention de maintenir ce moratoire.  L’AIEA a effectué de nombreuses missions de visite et nous n’aurions pas pu avoir un processus de désarmement plus transparent, conformément à l’article VI du TNP, a affirmé le représentant.


Notant que le TNP continue d’être mis à rude épreuve, Mme MERETE LUDEMO (Norvège) a souligné l’importance de préserver et de renforcer l’autorité et l’intégrité de ce traité, la priorité étant d’assurer le succès de la Conférence de révision de 2005.  La non-universalité du Traité demeure une source de préoccupation, et la Norvège appelle tous les États à y adhérer.  Elle les engage à renforcer leur coopération multilatérale en vue d’appliquer effectivement la résolution 1540 du Conseil de sécurité, qui réaffirme que la prolifération des armes de destruction massive est une menace à la paix et à la sécurité internationale.  Elle réitère en outre son engagement aux obligations au titre de l’article 6 du TNP adopté lors de la Conférence de révision en 2000.  Elle réaffirme son attachement à une approche progressive du désarmement nucléaire, tout en notant les réductions considérables de l’arsenal nucléaire depuis la fin de la Guerre froide, notamment dans le cadre du Traité de Moscou.  Déplorant que le TICEN-CTBT ne soit pas encore entré en vigueur, la représentante a estimé nécessaire de renouveler les efforts en vue de réduire les arsenaux nucléaires, y compris les stockages d’armes nucléaires tactiques.  Tout en se félicitant que les États dotés d’armes nucléaires respectent le moratoire sur les essais, elle a prié tous les États, notamment ceux dotés d’armes nucléaires, d’adhérer sans délai au Traité ainsi qu’à ses protocoles additionnels. 


Tout en souscrivant pleinement à la déclaration des Pays-Bas au nom de l’Union européenne, M. VOLKER HEINSBERG (Allemagne) a tenu à préciser que la menace posée par la prolifération d’armes nucléaires était plus apparente que jamais.  Il a ainsi souligné le besoin de sauvegarder et de renforcer les systèmes multilatéraux, en particulier le TNP qui a su établir un lien solide entre non-prolifération et désarmement.  Ces deux objectifs doivent être poursuivis conjointement, dans un contexte où les progrès en matière de désarmement demeurent lents et où l’on perçoit même des indices de recrudescence des armes nucléaires.  L’Allemagne, qui défend l’idée d’un monde exempt d’armes nucléaires, estime que leur élimination complète nécessite une démarche progressive, comme celle adoptée lors de la Conférence d’examen du TNP en 2000, avec les 13 mesures identifiées servant de repères dans le processus de désarmement.  Enfin, le Traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles est un autre élément-clef en matière de sécurité internationale, a noté le représentant, qui a appelé à un lancement immédiat de négociations dans le cadre de la Conférence du désarmement, sur la base du rapport du Coordonnateur spécial au sujet d’un tel traité.


Droit de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté les « allégations non fondées » des représentants du Japon et des Pays-Bas qui ignorent la situation dans la péninsule coréenne.  Il a expliqué que le programme nucléaire de son pays avait été conçu pour des raisons de légitime défense en réponse à la politique hostile des États-Unis.  Cette question doit être traitée par les deux pays de manière bilatérale.


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