AG/DSI/3276

LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE ÉVOQUE DANS SON DÉBAT GÉNÉRAL LE COÛT HUMAIN DES MINES ET DES ARMES LÉGÈRES

11/10/2004
Communiqué de presse
AG/DSI/3276


Première Commission

6e séance – après-midi


LA COMMISSION DU DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE ÉVOQUE DANS SON DÉBAT GÉNÉRAL LE COÛT HUMAIN DES MINES ET DES ARMES LÉGÈRES


La création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient également débattue


À l’approche de la première Conférence d’examen des États parties à la Convention d’Ottawa* sur les mines antipersonnel, les participants au débat général de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission), ont insisté cet après-midi sur le coût tant humain qu’en matière de développement de ce type d’armes mais aussi des armes légères. 


Depuis l’entrée en vigueur de la Convention d’Ottawa en 1999, au moins 36 pays qui produisaient jusque-là des mines antipersonnel ont cessé de le faire et plus de 32 millions de mines ont été détruites. L’Angola, qui est le pays d’Afrique le plus touché par les mines et qui déploie des efforts importants de déminage avec 20 partenaires nationaux et internationaux, doit encore en détruire trois millions, a précisé son représentant.  Pour le représentant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la Conférence d’examen, qui doit se tenir au Kenya du 29 novembre au 3 décembre prochain, constituera une étape cruciale dans l’histoire de la Convention qui constitue un des rares succès remportés récemment sur le front des efforts multilatéraux de contrôle des armements.  Il a insisté pour qu’à l’avenir, l’accent soit mis sur l’aide aux victimes.

D’autres pays touchés par les guerres civiles et la criminalité comme la Colombie, El Salvador et l’Ouganda ont témoigné des ravages causés par la prolifération des armes légères.  En 2001, 16 milliards de cartouches ont été fabriquées dans le monde, ce qui correspond à deux balles par personne.  Il y a plus de 600 millions d’armes légères en circulation dans le monde qui sont responsables d’un demi-million de morts par an. 

En Colombie, la lutte contre la violence et le terrorisme correspond à 5% de notre PNB, a précisé son représentant.  Ce n’est qu’en assurant la sécurité de nos citoyens que nous pourrons faire des projets en matière de développement économique et procéder à un investissement social des ressources libérées.  Devant les insuffisances du programme colombien, il a demandé à la communauté internationale d’exercer davantage de contrôle sur les armes légères et de redoubler d’efforts pour faire cesser la production de mines antipersonnel.


Il a également été question cet après-midi de la situation au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne avec les interventions d’Israël, de l’Iran, de la Jamahiriya arabe libyenne, de la Jordanie, et de la République de Corée.  Le représentant israélien a ainsi critiqué l’attitude « irresponsable » de certains États, en particulier de la Libye et de l’Iran, et s’est inquiété en outre du recours terroriste au système portatif de défense aérienne.  Les représentants libyen et iranien ont à leur tour plus particulièrement insisté sur la nécessité de parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, regrettant le peu de progrès réalisé en raison de l’« intransigeance » d’Israël.

La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ont exercé leur droit de réponse.

Les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Myanmar, République-Unie de Tanzanie, Viet Nam, Thaïlande, Ouzbékistan, Jordanie, République dominicaine et Croatie.

La Commission poursuivra son débat général demain mardi 12 octobre à partir de 15 heures.


*     Convention sur l’interdiction de l’emploi, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, la Convention d’Ottawa


DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS À L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE (POINTS 57 À 72)


Déclarations


M. GEREMY ISHASHAROS (Israël) a affirmé que l'impasse que connaissent différentes institutions de désarmement, qu'il s'agisse de la Conférence du désarmement, de la Commission du désarmement ou de la Première Commission, est due à la logique du « tout ou rien ».  Soulignant que la prolifération continue des armes de destruction massive préoccupe grandement Israël et la communauté internationale, il a cité comme exemples récents le cas de la Libye, le non-respect par l'Iran de ses obligations, et le réseau de trafic de Khan.  Israël estime par ailleurs que le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, importante menace à la sécurité internationale, est exacerbé par le recours des terroristes au système portatif de défense aérienne (MANPAD).  Aussi la communauté internationale devrait-elle renforcer le contrôle des MANPAD en limitant leur accès et en élaborant des méthodes efficaces de protection de l'aviation civile.  À cet égard, le représentant s'est félicité de l'adoption, dans le cadre des dispositions de Wassenaar, de directives sur le contrôle des exportations des MANPAD, qu'Israël a fait sienne.


Israël appuie également l'initiative de lutte contre la prolifération (PSI) des armes de destruction massive et estime qu'il faudrait renforcer les efforts multilatéraux et bilatéraux afin de lutter contre le transfert, la possession et l'utilisation des MANPAD, des roquettes et missiles à courte portée par les terroristes.  Le représentant a ajouté qu'Israël a adopté en mars dernier un nouvel ordre de contrôle des exportations et des importations destiné à consolider et à renforcer la réglementation des exportations des armes chimiques, biologiques et nucléaires.  Ce nouvel ordre interdit notamment l'exportation de matériels et articles destinés aux programmes des ADM et exige une licence pour tous les articles « sensibles » figurant sur la liste du Groupe d'Australie et du Groupe de fournisseurs nucléaires.  Le représentant a affirmé qu'Israël a également intégré à ses législations nationales, les directives du Régime de contrôle de la technologie des missiles.


M. U MYA THAN (Myanmar) a souligné que l’arme nucléaire fait peser la plus grande menace à laquelle l’humanité ait jamais été confrontée.  Son pays présenterait cette année encore un projet de résolution reflétant la majorité des vues des États membres du Mouvement des non-alignés.  À son avis, les progrès en matière de désarmement nucléaire doivent se mesurer à l’aune de la mise en œuvre des mesures identifiées lors de la Conférence d’examen des États parties au TNP de 2000.  L’une des 13 mesures est l’entrée en vigueur dans les plus brefs délais du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Une autre mesure urgente est le lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement.  Le représentant a également souligné l’importance de la Conférence de révision du TNP en 2005, en rappelant que ce Traité repose sur trois éléments: non-prolifération nucléaire, désarmement nucléaire et utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  L’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires constitue une autre mesure importante de non-prolifération.  Les États de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) ont créé une telle zone, qui est entrée en vigueur le 27 mars 1997.  Toutefois, le protocole au Traité de Bangkok ne l’est pas encore.  Pour que ce traité soit pleinement opérationnel, il faut que les États nucléaires adhèrent au Protocole.  Le représentant s’est félicité de la décision de la Chine de le faire prochainement.


M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) s’est félicité de la décision de la Libye de détruire ses armes de destruction massive.  À moins de sept mois de la Conférence d’examen des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le représentant a regretté que certains États ne semblent pas disposés à honorer leurs obligations.  Les 13 mesures pratiques devant mener au désarmement nucléaire et qu’avaient adopté les États parties ne sont toujours pas mises en œuvre malgré le fait que les États nucléaires avaient pris l’engagement sans équivoque de détruire leurs armes nucléaires.  Afin de réduire la menace terroriste, le représentant a plaidé pour l’élimination des armes nucléaires, biologiques et chimiques et pour le renforcement de leurs mécanismes de vérification.  Il a annoncé que son pays avait ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Sur la question des mines antipersonnel, il a évoqué la première Conférence d’examen des États parties à la Convention d’Ottawa, qui aura lieu au Kenya.  Il fait valoir que la Tanzanie a détruit l’ensemble de ses stocks de mines, mais que la Convention n’est toujours pas universelle.


M. MABRUK MILAD (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu'en renonçant volontairement aux programmes qui pouvaient aboutir à la production des armes de destruction massive prohibées, son pays compte contribuer à la lutte contre la course aux armements.  Invitant les États Membres à suivre l'exemple de son pays, il a par ailleurs regretté que « l'entité sioniste » continue de s'obstiner à refuser de soumettre ses installations au régime de contrôle de l'AIEA.  Aussi a-t-il exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour adhérer au TNP et aux protocoles additionnels afin de faire du Moyen-Orient une région exempte d'armes nucléaires.  Le représentant a par la même occasion appelé les États dotés d'armes nucléaires d'honorer leurs obligations en matière de désarmement, en rappelant que son pays a récemment ratifié la Convention sur les armes chimiques et le TICEN-CTBT.


M. JOSÉ NICOLÁS RIVAS (Colombie) s’est associé à la déclaration faite par le représentant du Brésil au nom du Groupe de Rio.  Il a appelé la Commission à retrouver le rôle politique qui est le sien, ce qui à son avis est une nécessité compte tenu de l’immobilisme de la Conférence et de la Commission du désarmement.  Pour cela, il est nécessaire de rappeler notre attachement au multilatéralisme et de passer de la confrontation à la coopération.  Le terrorisme s’est avéré une menace nouvelle et grave à la paix et la sécurité internationale et seule la destruction des armes de destruction massive pourra y mettre un terme.  Rappelant dans ce contexte l’importance du TICEN, le représentant a indiqué que son gouvernement voudrait bien ratifier ce traité mais se heurte à des difficultés d’ordre constitutionnel et juridique, et souhaiterait trouver des mesures susceptibles d’en faciliter la mise en œuvre.  Il a d’autre part appuyé la création du groupe de travail sur la relation entre le désarmement et le développement.  Malheureusement, les dépenses militaires dans le monde s’élevaient à 900 milliards de dollars, soit 6% du PIB dans le monde, et l’on s’attend à ce que ce chiffre monte à 950 milliards de dollars l’année prochaine.  Le terrorisme et la violence nous coûtent plus de 5% de notre PIB en Colombie, a ajouté le représentant.  Nous sommes conscients que ce n’est qu’en assurant la sécurité de nos citoyens que nous pourrons faire des projets en matière de développement économique et procéder à un investissement social des ressources libérées.  Mais notre effort national ne suffit pas.  La communauté internationale doit s’engager à exercer davantage de contrôle sur les armes légères et à faire cesser la production de mines antipersonnel.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée), réaffirmant l'importance cruciale du TNP et du protocole additionnel aux Accords des garanties de l'AIEA, a indiqué que son gouvernement a présenté à l’Agence toutes les informations concernant ses propres programmes nucléaires.  Il a invité tous les pays qui ne l'ont pas fait à signer et à ratifier, le TNP et à adhérer au TICEN-CTBT pour que celui-ci puisse enfin entrer en vigueur.  En attendant, la République de Corée estime qu’il est essentiel de maintenir un moratoire sur les armes nucléaires, et appuie le contrôle des stocks des matières fissiles.  Le représentant a en outre souhaité que le lien indissociable entre le désarmement et la non-prolifération puisse être examiné de près lors de la prochaine Conférence de révision du TNP.


M. SAM-HOON a par ailleurs affirmé que les pourparlers à six se poursuivent au sujet de la Corée du Nord et que son pays demande à cette dernière de prendre une décision stratégique en abandonnant ses programmes nucléaires actuels, notamment l'enrichissement du plutonium.  Appuyant le renforcement du contrôle des exportations et importations des systèmes portatifs de défense aérienne (MANPAD), la République de Corée se félicite enfin de l'intégration de ces systèmes au registre des Nations Unies sur les armes classiques.


M. NGUYEN DUY CHIEN (Viet Nam) a estimé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est constituait un pas important dans l’accomplissement des objectifs, à l’échelon régional et global, de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Il a réaffirmé l’appui de son pays aux efforts pour la création de « zones exemptes » dans toutes les régions du monde.  Concernant l’Asie du Sud-Est, il a salué la Chine qui s’est déclaré prête à adhérer à l’Annexe du protocole du Traité, et il a appelé les autres États dotés d’armes nucléaires à faire de même.  De l’avis du représentant, il est impératif de convenir de la tenue d’une quatrième session spéciale des Nations Unies consacrée au désarmement, afin de réviser et de mettre en oeuvre les décisions de la première session.  À cet égard, il a déploré l’absence de consensus tant du point de vue des objectifs que de l’agenda, et appelé les membres de l’Assemblée générale à créer un groupe de travail pour trouver les moyens de tenir cette session spéciale au plus tôt.


Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande), rappelant que son pays avait présidé l’an dernier la cinquième Conférence des États parties à la Convention d’Ottawa contre les mines antipersonnel, a souligné que son gouvernement a toujours travaillé à renforcer l’application des objectifs de cette convention.  Son universalisation revêt une grande importance si l’on veut mettre fin aux souffrances causées par ces mines, qui tuent ou mutilent des civils innocents.  Le problème des mines antipersonnel est plus une question liée au développement qu’une question humanitaire, avec des incidences socioéconomiques négatives pour les pays et régions affectés, a estimé la représentante, qui a noté que la destruction de ces mines est une tâche très ingrate, nécessitant d’importantes ressources financières et humaines.  À cet égard, la Thaïlande a fait appel notamment à la Banque mondiale, qui lui a réaffirmé le mois dernier son plein appui à la lutte antimines.  La prochaine Conférence de révision de la Convention, le mois prochain à Nairobi, constitue une étape pour tous ceux qui partagent la même vision d’un monde libre de mines, a ajouté la représentante, en exprimant l’espoir qu’elle fournira un plan d’action concret à cet effet.


M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a regretté que l’existence d’instruments juridiques internationaux n’empêche pas pour autant les forces destructrices qui le souhaitent, d’acquérir des armes de destruction massive.  Dans les conditions actuelles, les mécanismes de non-prolifération doivent être renforcés, et dans ce contexte nous appuyons la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la menace terroriste, a-t-il indiqué.  À son avis, les efforts doivent en premier lieu porter sur la sécurité régionale, pour ensuite s’étendre à la sécurité mondiale.  La création en Asie centrale d’une zone exempte d’armes nucléaires serait une percée importante.  Nous attendons avec impatience le lancement de discussions avec les États nucléaires pour obtenir une position commune sur cette question, a-t-il précisé.  Rappelant que son pays a été l’un des premiers à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, le représentant a appelé les pays, dont la ratification est nécessaire à son entrée en vigueur, à le faire le plus rapidement possible.  Il s’est en outre dit convaincu que la Première Commission sera en mesure de s’adapter aux nouveaux défis qui se présentent.


M. BISHER AL-KHASAWNEH (Jordanie) a indiqué que son pays attend avec intérêt la prochaine Conférence de révision du TNP.  La Jordanie, qui rejette toutes les formes de terrorisme, est consciente du danger que représente la prolifération des armes de destruction massive qui risquent de tomber entre les mains des terroristes.  Elle se félicite à cet égard de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur l'interdiction de la prolifération de ces armes, et souhaite le lancement de négociations pour mener à une convention sur ce sujet.  Elle estime que la lutte contre la non-prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive doit passer par le désarmement complet.  Le représentant a regretté que la résolution en faveur de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient n'ait pas été adoptée l'année dernière, et il a exprimé l’espoir qu'elle le sera cette année.


M. CHARLES WAGABA (Ouganda) a évoqué les effets dévastateurs des armes légères et de petit calibre sur le plan économique, politique et social.  Il s’est félicité du lancement des travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur un instrument d’identification et de traçage de ce type d’armes.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer la Conférence internationale, qui doit avoir lieu en Tanzanie le mois prochain et qui fournira l’occasion de réfléchir aux moyens de faire face au trafic illicite de ce type d’armes dans la région.  Il l’a également appelée à accorder une aide financière et politique aux programmes qui en résulteront et auront pour objet la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des anciens combattants.  Le représentant a par ailleurs demandé que l’on réexamine la relation entre désarmement et développement, tout en notant que les dépenses d’armement dans le monde avaient un taux de croissance de 5% par an.  Parallèlement, l’aide publique au développement décroît régulièrement, tandis que les produits des pays en développement ont toutes les peines à pénétrer les marchés des économies industrialisées.


M. ENRIQUILLO DEL ROSARIO (République dominicaine) a demandé le renforcement des dispositifs en place pour lutter contre la menace terroriste.  Il a expliqué par ailleurs que l’économie de son pays repose dans une large mesure sur le tourisme maritime, et que la sécurité du transfert de matières radioactives et dangereuses lui est donc particulièrement importante.  Il a insisté sur l’importance de mettre en place des mécanismes et règles efficaces en cas de sinistres.  Un autre sujet de préoccupation porte sur le trafic illicite des armes

légères et le crime transnational organisé, le narcotrafic, le blanchiment de l’argent et les enlèvements qui sont monnaie courante dans notre pays et font peser des menaces encore plus lourdes sur les États des Caraïbes.  C’est la raison pour laquelle nous insistons sur la mise en œuvre du programme des Nations Unies sur le trafic illicite des armes légères, a fait valoir le représentant.


M. MEHDI DANESH-YAZDI (République islamique d'Iran) a estimé que l'hésitation de certains États dotés d'armes nucléaires à appliquer pleinement les 13 mesures pratiques relatives au désarmement nucléaire constitue le plus grand obstacle que devra surmonter la prochaine Conférence d’examen du TNP.  En outre, l'intention d'un État doté d'armes nucléaires de produire des armes nucléaires en miniature met en question l'avenir du désarmement nucléaire.  Le représentant a également regretté que peu de progrès aient été réalisés pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires à cause de l'intransigeance d'Israël.  À cet égard, l'Iran estime que le refus d'Israël de prêter attention aux préoccupations de la communauté internationale quant à ses programmes nucléaires clandestins constitue un autre problème majeur.


Regrettant que l'on dénie aux États parties au TNP leur droit inaliénable d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, le représentant a affirmé que son pays envisage de poursuivre et de développer des technologies nucléaires à cette fin.  L'Iran, a poursuivi le représentant, a toujours affirmé que les armes nucléaires ainsi que les autres armes de destruction massive n'ont pas de place dans sa doctrine de la défense.  En tant que pays partie au TNP, La République islamique d’Iran est déterminée à jouir de son droit de développer l'énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Elle est fermement décidée à coopérer pleinement avec l’AIEA afin de garantir que son programme ainsi que les réacteurs de puissance et ses composantes fonctionnent conformément au régime des garanties de l'Agence.  Aussi l'Iran a-t-il choisi de signer le Protocole additionnel aux Accords des garanties de l'AIEA et de le mettre en œuvre volontairement en tant que mesure de confiance avant que le Parlement ne l’ait ratifié.


M. ALFRED M. DUBE (Botswana) a estimé que la notion de zone exempte d’armes nucléaires devait être vigoureusement soutenue et développée.  Aussi a-t-il salué la ratification par Madagascar et la Guinée équatoriale du Traité de Pelindaba sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique -ce qui porte à 19 le nombre d’États y ayant adhéré.  Il a vivement encouragé les pays africains à signer et à ratifier ce Traité au plus tôt, pour permettre son entrée en vigueur.  Par ailleurs, le représentant a attaché la plus haute importance à deux catégories d’armes classiques qui représentent les plus grands dangers pour l’Afrique, à savoir les armes légères et de petit calibre et les mines antipersonnel.  Déplorant les millions de gens estropiés, aujourd’hui comme hier, du fait de ces armes modestes et discrètes, il a rappelé que son pays était partie à la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Estimant que ces armes méritent d’inspirer le même niveau d’horreur que celui réservé aux armes nucléaires, il a exprimé l’espoir que la première conférence de révision pourra répondre effectivement à la demande commune des pays africains, adoptée à New York le mois dernier.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a indiqué qu’en 2001, 16 milliards de cartouches avaient été fabriquées dans le monde, ce qui correspond à deux balles par personne.  La prolifération des armes classiques est un phénomène insidieux, qui est au centre des préoccupations des gouvernements en raison de son lien étroit avec les guerres civiles, le crime transnational organisé et l’instabilité politique.  Il a expliqué que la politique de son pays en la matière reposait sur la Déclaration de Bamako, qui constitue la position africaine commune.  L’Angola, pays du continent africain qui souffre le plus de la prolifération des mines antipersonnel, a fait des opérations de déminage une priorité.  Elle s’est engagée sur ce front avec l’aide de 20 partenaires internationaux et nationaux.  Il reste cependant encore trois millions de mines sur notre territoire et nous devons encore déployer des efforts importants, a fait observer le représentant.


M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) s’est déclaré convaincu que ce n’est que par la voie d’un multilatéralisme efficace fondé sur la primauté du droit qu’il sera possible de faire face de manière appropriée aux menaces mondiales.  Il a affirmé que dans le cadre de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, son pays a notamment renforcé la législation nationale sur les exportations dans ce domaine.  La Croatie appuie le Code de conduite de La Haye et s'associe aux efforts déployés par l'Union européenne afin d'établir un lien entre le Code et les Nations Unies.  La Croatie a également présenté sa demande d’adhésion à l'Accord de Wassenaar sur le contrôle des exportations d'armements et de biens et technologies à double usage et au Régime de contrôle de la technologie des missiles. 


Grâce aux efforts nationaux et à l'aide internationale, la Croatie deviendra une zone déminée d’ici 2009, a indiqué le représentant, en rappelant que son gouvernement était disposé à accueillir la réunion des États parties à la Convention d'Ottawa en 2005.  Il s'est également félicité de l'adoption du Protocole relatif aux restes explosifs de guerre et affirmé que son pays se prépare pour le ratifier d'ici à la fin de l'année.


M. GUILLERMO MELENDEZ (El Salvador) a évoqué les années douloureuses traversées par son pays au moment de la guerre civile dans les années 80.  Il a regretté que la primauté des politiques et intérêts stratégiques des grandes et moyennes puissances fasse obstacle au désarmement.  Les ressources disponibles ne sont ainsi pas suffisantes pour le développement et le progrès des peuples.  Les armes classiques et les mines constituent aussi des menaces immédiates et pour cela il faut adopter des mesures de contrôle de la production des pays exportateurs qui soient plus drastiques.  Le manque d’engagement des puissances nucléaires à mettre en œuvre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TNP), le peu de progrès dans la mise en œuvre des 13 mesures adoptées en 2000 et la non-entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) sont autant de faits qui jettent l’incertitude sur l’avenir du désarmement.  Le manque d’efficacité des organes des Nations Unies, y compris la Première Commission doit se mesurer au degré de mise en œuvre des résolutions pertinentes des Nations Unies, a estimé le représentant.


M. GEORGES PACLISANU (Comité international de la Croix-Rouge, CICR) a affirmé que chaque nouveau conflit fait augmenter le nombre des victimes des restes explosifs de guerre.  C’est pourquoi, le CICR se félicite de l'adoption par les États parties à la Convention sur certaines armes classiques d'un Protocole relatif aux restes explosifs de guerre qui prévoit à la fois de prévenir et remédier aux problèmes causés par les munitions non explosées et abandonnées.  Les amendements à la portée de l'application de la Convention visant à inclure les conflits armés à caractère non international, adoptés en 2001, ont été très importants dans la mesure où ils ont renforcé la pertinence de la Convention dans les conflits actuels.  Nous exhortons donc les États parties à la Convention à ratifier sans tarder ces amendements et demandons aux États non parties à ratifier la Convention et ses cinq protocoles en 2005, date du 25ème anniversaire de cet instrument important.


Abordant la question des mines, le représentant s’est déclaré convaincu que le Sommet de Nairobi pour un monde débarrassé des mines, prévu en novembre prochain, marquera un tournant pour la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.  Depuis 1997, la Convention compte 143 États parties, 37 millions de mines antipersonnel ont été détruites grâce à des contributions d'un montant de plus de 1,2 milliard de dollars.  Des opérations de déminage considérables sont menées actuellement dans les États parties les plus affectés.  Ce qui est essentiel, a conclu le représentant, c'est que le nombre de victimes des mines a baissé d'une manière spectaculaire. 


Droits de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a indiqué que les menaces à la paix dans la péninsule coréenne proviennent des États-Unis qui depuis 50 ans disposent d’armes en Corée du Sud.  Il est donc légitime que nous accumulions des moyens d’autodéfense légitime.  Nous ne disposons pas de programme d’enrichissement d’uranium et nous demandons à la Corée du Sud de révéler pleinement son programme nucléaire clandestin qu’elle a mis en place avec l’aide des États-Unis.


Le représentant de la République de Corée a réaffirmé que son pays avait pour politique de s’abstenir de toute activité d’enrichissement.  Il a réitéré le droit de son pays à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ainsi que son engagement à l’égard de la non-prolifération et envers la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Nous sommes prêts à répondre à toutes les questions lors la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.


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