AG/1478

L’ASSEMBLEE GENERALE INSISTE SUR LA NECESSITE DE RENFORCER LA COOPERATION INTERNATIONALE POUR AMELIORER LA SECURITE ROUTIERE MONDIALE

14/04/2004
Communiqué de presse
AG/1478


Assemblée générale

84e séance plénière - matin


L’ASSEMBLEE GENERALE INSISTE SUR LA NECESSITE DE RENFORCER LA COOPERATION INTERNATIONALE POUR AMELIORER LA SECURITE ROUTIERE MONDIALE


« La sécurité routière n’est pas un accident », a déclaré la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, devant l’Assemblée générale qui a adopté ce matin à l’unanimité une résolution* sur l’amélioration de la sécurité routière mondiale.  L’Assemblée générale invite l’Organisation mondiale de la santé à assurer la coordination pour les questions de sécurité routière au sein du système des Nations Unies.  Elle insiste aussi sur la nécessité de renforcer la coopération internationale, compte tenu des besoins des pays en développement, de façon à faire face aux problèmes de sécurité routière.  Comme l’a rappelé le Vice-Président de l’Assemblée générale, M. Javad Zariv, les traumatismes dus aux accidents de la route sont devenus la principale cause de décès pour les personnes de 15 à 44 ans.  Les projections de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Banque mondiale figurant dans le rapport sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation indiquent qu’en 2020, ceux-ci pourraient être la troisième cause de morbidité avant la tuberculose et le VIH/sida.  Le rapport indique aussi que les accidents de la circulation coûtent à la plupart des pays entre 1 et 2% de leur produit national brut, soit au total plus de 500 milliards chaque année.  L’Assemblée, par sa résolution, a pris acte des recommandations figurant dans ce rapport. 


Ainsi, en écho au thème qui avait été retenu le 7 avril dernier pour la Journée mondiale de la santé –« L’accident de la route n’est pas une fatalité », Mme Fréchette a lancé un appel aux Etats Membres et à la société civile pour qu’ils déploient de nombreux efforts concertés en vue de la diffusion de normes sur la sécurité routière, la construction de routes et de véhicules plus sûrs, la lutte contre les mauvais comportements, la conduite en état d’ivresse, la gestion de la circulation et la conception de signalements appropriés.  Les politiques de prévention les plus efficaces ont porté leurs fruits, a rappelé pour sa part le Directeur général de l’OMS.  A cet égard, le Ministre des transports de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, a souligné que les pays qui enregistraient les meilleurs résultats en matière de sécurité routière étaient ceux qui avaient adopté une approche multisectorielle et établi un partenariat coordonné avec la société civile.  Plusieurs intervenants ont estimé, à l’instar du représentant de Fidji, au nom du Forum du Pacifique, que les mesures les plus efficaces étaient celles prises aux niveaux régional et international dans la mesure où elles permettaient de mutualiser les efforts et les meilleures pratiques en la matière.  C’est pourquoi, l’importance de l’OMS comme organe de coordination des politiques en la matière a été mise en exergue au cours du débat de ce matin.  Afin de marquer l’engagement de la communauté internationale, le représentant du Bangladesh a pour sa part proposé que le 22 octobre soit désigné Journée mondiale de la sécurité routière.


Si les politiques en matière de sécurité routière doivent être élaborées dans des perspectives régionale et internationale, elles doivent aussi tenir compte des différents niveaux de développement des pays.  Dans ce domaine comme dans de nombreux autres, le rapport de l’OMS montre en effet que tous les pays ne sont pas égaux face au nombre de traumatismes liés aux accidents de la route et leurs conséquences.  Comme cela a été souligné à plusieurs reprises, plus de 80% des 1,2 million de décès liés aux accidents de la route se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.  Les coûts engendrés par les accidents de la circulation dans ces pays dépassent parfois la somme qu’ils reçoivent en aide au développement.  Soulignant l’ampleur des conséquences humaines et économiques de la perte de tant de vies humaines, de nombreux intervenants ont non seulement plaidé en faveur d’une approche intégrée et globale comprenant la santé, l’éducation et la législation mais aussi pour une prise en compte par la communauté des donateurs des difficultés financières auxquelles sont confrontés les pays en développement.  Il est indispensable, a estimé le représentant de l’OMS, que la mobilisation de ressources financières soit à la hauteur de la gravité et de l’urgence du problème.


Les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Etats-Unis, Kazakhstan, Costa Rica, Chine, Equateur, Fédération de Russie, Koweït, Inde, Thaïlande, Egypte, Islande, Japon, Australie, Suisse, Malaisie, Arabie saoudite.  Le représentant d’Oman a présenté le projet de résolution.  Les représentants et observateurs de l’OMS, de la Banque mondiale, de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ainsi que de l’UNICEF ont également pris la parole.


*A/58/L.60/Rev.1


CRISE MONDIALE DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE


Déclarations


M. JAVAD ZARIF, Vice-Président de l’Assemblée générale (Iran), a souligné que le monde enregistre aujourd’hui, chaque année, plus d’un million de morts, et des dizaines de millions de blessés et de personnes handicapées, victimes des accidents de la route.  Il s’agit d’une crise de plus en plus grave qui mérite d’être à l’ordre du jour international.  Cette séance est donc l’occasion de poser les nombreuses questions qui concernent la sécurité routière et de se concentrer sur des stratégies efficaces pour y faire face.  A sa 51e session, l’Assemblée générale avait déjà noté l’impact des accidents de la route sur les économies des pays en développement.  Depuis lors, des initiatives ont été prises par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale et les institutions des Nations Unies qui ont conduit à consacrer cette année la Journée mondiale de la santé à la sécurité routière.  Les tragédies de la route sont évitables.  Mais si les tendances actuelles persistent, le monde fera face à une véritable crise de santé publique.  Les statistiques sont frappantes.  Les coûts économiques mondiaux des accidents sont de 518 milliards de dollars, dont 65 milliards pour les pays en développement, soit plus que ce qu’ils reçoivent en aide publique au développement (APD).  95% des morts interviennent dans les pays à faible et à moyen revenu. 


Les traumatismes sont la principale cause de décès pour les personnes âgées de 15 à 44 ans, et les accidents de la route provoquent 25% de tous les décès.  Les projections de l’OMS indiquent qu’en 2020, les traumatismes pourraient être la troisième cause de morbidité avant la tuberculose et le VIH/sida.  Les coûts sociaux sont incalculables.  Il faut, a estimé le Vice-Président, établir des normes internationales strictes, renforcer la coopération internationale et améliorer les capacités nationales.  Les différents aspects de la prévention, y compris le développement des infrastructures méritent également un examen urgent.  Le Forum des parties prenantes sur la sécurité routière, qui aura lieu demain, est une initiative louable à laquelle tous doivent participer.  Nous devons réduire le risque de mort et de traumatismes par une approche intégrée et globale comprenant la santé, l’éducation, la législation et le respect de la loi.  En la matière, il faut impliquer la société civile et le secteur privé et mobiliser des ressources financières à la hauteur de la gravité et de l’urgence du problème.


M. LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a fait remarquer que la réunion d’aujourd’hui met la lumière sur une crise mondiale qui, à quelques exceptions près, n’a pas mobilisé les volontés politiques et est étrangement restée en dehors des politiques publiques.  Chaque année, 1,2 million d’hommes, de femmes et d’enfants meurent dans des accidents de la route.  C’est là une raison suffisante pour faire de la sécurité routière une question centrale des politiques publiques de santé mondiale.  De même que dans de nombreux autres domaines de santé publique, les pauvres souffrent de façon disproportionnée de ce fléau.  Plus de 80% des 1,2 million de décès sont enregistrés dans les pays à faible et à moyen revenu.  Dans ces pays, ceux qui risquent le plus d’être blessés ou tués dans une collision sont les piétons, les cyclistes, les motocyclistes et les individus qui utilisent des transports en commun informels.  Les conséquences humaines de ces accidents sont souvent dévastatrices.  Les survivants et leurs familles doivent faire face aux conséquences douloureuses des blessures, des handicaps et de la rééducation.  Les coûts économiques sont également très importants. 


Les accidents de la route coûtent à la plupart des pays entre 1 et 2% de leur produit national brut, soit plus de 500 milliards chaque année, a fait savoir Mme Fréchette.  Le coût engendré dans les pays à faibles et moyens revenus dépasse la somme qu’ils reçoivent en aide publique au développement.  Les accidents de la route ne sont pas inévitables.  Les gens ont une attitude fataliste face à ces accidents.  Or, beaucoup d’entre eux pourraient être empêchés.  Cependant, il est toujours très difficile de faire prendre conscience de cela.  Nous savons ce qui donne des résultats, nous avons les connaissances requises en matière de prévention, a indiqué Mme Fréchette.  Il s’agit d’un problème multisectoriel qui ne relève pas juste du secteur des transports, mais aussi de la santé, des finances, de l’environnement, de l’éducation, de la justice, de la police entre autres.  Nous devons nous appuyer sur l’enthousiasme manifesté par de nombreuses organisations et experts partout dans le monde.  Mme Fréchette a en conclusion lancé un appel aux Etats Membres et à la société civile pour le déploiement d’efforts concertés en vue d’une plus grande diffusion de mesures de sécurité, de la construction de routes et de véhicules plus surs ainsi que contre les mauvais comportements sur la route ou la conduite en état d’ivresse.  La communauté des donateurs a aussi été appelée à investir davantage dans ce domaine. (Pour la version intégrale, voir notre communiqué DSG/SM/220.)


M. LEE JONG-WOOK, Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné que les morts, les traumatismes et les pertes économiques dus aux accidents de la route peuvent être évités.  Le rapport sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation précise les facteurs de risques et identifie les mesures de prévention dont la ceinture de sécurité, les casques ou encore celles touchant aux questions relatives à la conduite en état d’ivresse.  Les pays doivent adopter des mesures pour promouvoir des véhicules plus sûrs, une bonne gestion de la circulation et la conception des signalements.  Les pays les plus efficaces sont ceux qui ont fait participer différents groupes du Gouvernement et de la société civile, d’une façon coordonnée.  La santé publique doit renforcer sa contribution en améliorant les services d’urgence, la collecte des données, en participant à l’élaboration des politiques et en promouvant les activités de prévention.  La sécurité routière n’est pas le résultat du hasard.  Le nombre d’accidents de la route diminue chaque fois que les gens sont prévenus des risques et appelés à agir en conséquence.


M. SEAMUS BRENNAN, Ministre des transports de l’Irlande, au nom de l’Union européenne, des pays associés et des pays candidats, a rappelé que cette réunion intervient à l’issue d’une semaine lors de laquelle les Etats Membres ont été priés par l’OMS de mettre l’accent sur la sécurité routière.  Le Ministre a préconisé de remettre en question les comportements dangereux sur la route.  Les sociétés doivent considérer les causes et les conséquences des accidents de la route.  Le rapport du Secrétaire général, a rappelé le Ministre, présente une vue d’ensemble de la situation et souligne les problèmes et les politiques qui devraient permettre de réduire les collisions.  Si l’on n’agit pas, les accidents de la circulation seront la principale cause de la morbidité et des traumatismes d’ici à 2020, a prévenu le Ministre.  Cependant, les accidents ne sont plus acceptés comme un corollaire inévitable d’une mobilité croissante.  En Australie, au Canada et en Europe par exemple, de grands progrès ont été accomplis et ont conduit à une réduction importante du nombre de traumatismes dus aux accidents de la route.  Cependant, les efforts au niveau national doivent être complétés au niveau de l’Union européenne par le biais de la mise en œuvre du programme d’action sur la sécurité routière.  Ce dernier a identifié comme principaux facteurs des accidents la vitesse excessive, la boisson, et l’ignorance des mesures de protection tels que la ceinture et le casque.  Le programme donne une vue d’ensemble en fournissant des informations et en mettant l’accent sur l’action de la société civile et sur la nécessité de rassembler des données en matière de collisions.  En conclusion, le Ministre a indiqué que le succès des programmes publics dans certains pays témoigne des possibilités qui existent pour faire face à une des menaces les plus sérieuses à la santé publique mondiale. 


M. NORMAN Y. MINETA, Secrétaire d’Etat aux transports des Etats-Unis, a indiqué que grâce aux efforts déployés par son pays, le taux de décès dus aux accidents de la route a été réduit de 72% depuis les années 60, en passant à 1,5 mort pour 100 millions de miles parcourus.  Beaucoup reste à faire, a-t-il concédé, en jugeant inacceptable le nombre de 43 000 morts encore enregistrés, chaque année.  Faisant part de l’intention de son Gouvernement de parvenir à un taux d’un mort pour 100 millions de miles parcourus d’ici à 2008, le Secrétaire d’Etat a souligné que les progrès sont possibles, en particulier en ce qui concerne la sécurité des enfants, parce que son pays à réuni tous les efforts au sein d’une même institution.  En plus de la protection des enfants, cette agence s’occupe aussi des services médicaux d’urgence et des systèmes de traumatologie.  Les Etats-Unis, a-t-il ajouté, sont prêts à partager leur expérience sur tous les aspects de la sécurité routière à savoir le comportement des conducteurs, les passagers et les piétons; la sécurité des véhicules et l’environnement des routes.  Aucune autre crise de santé publique n’est autant évitable.  Les dirigeants du monde doivent joindre leurs efforts pour s’éduquer et éduquer leurs citoyens à la manière de prévenir ces morts inutiles sur les routes.


M. OMURZAK TUSSUMOV (Kazakhstan) a estimé qu’étant donné l’ampleur de la crise de la sécurité routière, il est indispensable d’accroître nos efforts dans le cadre de l’ONU et de ses institutions spécialisées pour y répondre.  Le problème de la sécurité routière doit recevoir une attention prioritaire notamment dans les pays dont les axes routiers revêtent une grande importance dans le transit international.  Il est indispensable d’améliorer les infrastructures.  C’est pourquoi, a fait savoir le représentant, le Kazakhstan appuie la résolution élaborée à l’initiative d’Oman et insiste sur l’importance de renforcer la coopération internationale dans ce domaine.  L’OMS doit en outre avoir un rôle de coordonnateur.  Le représentant a indiqué que son pays a un réseau routier de plus de 100 000 kilomètres et un parc de 1,4 million d’automobiles.  Le Kazakhstan accorde beaucoup d’importance aux questions de sécurité routière.  Des normes juridiques ont été élaborées en matière de sécurité routière.  La priorité pour nous est de sauver des vies, avant de penser aux pertes économiques, a dit le représentant.  Depuis l’indépendance, le Gouvernement du Kazakhstan a élaboré trois programmes dans le secteur routier et est Partie à la Convention de Vienne sur la circulation routière.  Le transit routier est régi par certaines règles conformes aux exigences internationales. 


Mme K. GONZALEZ, Vice-Ministre du transport du Costa Rica, a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur le Plan national de la sécurité routière que son pays a mis au point et qui englobe quatre aspects à savoir l’infrastructure, la police routière, l’éducation et les campagnes de sensibilisation.  Le Costa Rica a ainsi pu, en un an, éviter 50 morts par rapport à l’année précédente.  Il a réduit le taux de mortalité d’un point pour 100 000 habitants, deux ans après le lancement de la mise en œuvre du Plan.  Le combat mérite d’être livré, a conclu la Vice-Ministre en promettant la victoire aux efforts concertés des gouvernements et de la société civile.


M. ZHANG YISHAN (Chine) a rappelé que les pertes économiques liées aux accidents de la route atteignaient plus de 500 milliards de dollars.  Les traumatismes dus aux accidents seront la troisième principale cause de traumatismes et de maladies en 2020, avant le sida, le paludisme et la tuberculose, si la tendance actuelle n’est pas inversée.  Ces traumatismes sont devenus un véritable problème de santé publique.  Ils auront des conséquences économiques et sociales encore plus graves, surtout pour les pays en développement, si rien n’est fait.  Cependant, a estimé le représentant, ces traumatismes peuvent être limités.  C’est pourquoi, la Chine appuie une coopération étroite entre l’Assemblée générale, la Banque mondiale, l’OMS et les commissions régionales de l’ONU.  Grâce à des efforts concertés, l’on pourra réduire les traumatismes en vue d’inverser la tendance actuelle.  La Chine compte 1,3 milliards d’habitants et doit faire face à une situation grave dans la mesure où, entre 2001 et 2003, elle a enregistré plus de 100 000 décès liés aux accidents de la route et plus de 500 000 blessés.  Les pertes économiques ont été évaluées à 300 millions de dollars par an.  C’est pourquoi, le Gouvernement chinois accorde une grande importance aux travaux concernant la sécurité routière en vue de réduire les traumatismes dus aux accidents.  Le Gouvernement a mis en place à cet effet un mécanisme interministériel pour la sécurité routière. 


M. KIRYANOV (Fédération de Russie) a constaté que les accidents de la route continuent d’être l’un des problèmes socioéconomiques les plus sérieux dans le monde.  Il a retenu que l’une des orientations prônée par la communauté internationale est la participation active des structures gouvernementales pour élaborer des programmes nationaux visant à assurer la sécurité routière et s’appuyant sur un financement public.  La Fédération de Russie partage la préoccupation de l’ONU face à cette crise.  Malheureusement, dans le pays, la situation demeure mauvaise, a-t-il confié.  En 2003, le pays a enregistré plus de 200 000 accidents à la suite desquels ont péri quelque 60 000 personnes.  La tendance à la hausse se manifeste pour la quatrième année consécutive.  Pour 2002, le nombre d’accidents a augmenté de près de 11%.  La cause essentielle de ces accidents, a expliqué le représentant, est le comportement agressif des conducteurs.  Il a cité comme violations commises par ces derniers, la conduite en état d’ivresse, l’excès de vitesse et l’engagement dans une voie à sens unique.  La solution réside en une stratégie globale qui exige le perfectionnement de la législation et l’application de mesures correspondant aux instruments normatifs.  La Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, a entamé une campagne visant à renforcer la responsabilité juridique des individus.  Le pays cherche activement à mettre en œuvre des mesures efficaces pour réduire au maximum les pertes sociales et économiques résultant des accidents de la circulation.  Les mesures comportent l’organisation des transports en commun, les activités de prévention, la réglementation de la circulation, la sécurité des véhicules ou encore la mise en place des infrastructures liées à la sécurité des piétons. 


Mme NABEELA ABDULLAH AL-MULLA (Koweït) a déclaré qu’il était possible de limiter les effets des accidents de la route par la coopération internationale.  Le Koweït souffre des conséquences des accidents de la route.  Sur un million d’habitants, les dernières statistiques officielles montrent que les accidents de la route ont fait en 2002 près de 315 morts, 372 en 2003, dont la plupart étaient âgés de 20 à 40 ans.  Il faut donc redoubler d’efforts pour prévenir les accidents de la route.  Des lois dont on espère qu’elles permettront de réduire le nombre des décès dus aux accidents ont été votées et des séminaires ont été organisés sur la sécurité routière.  La représentante a également mentionné la réunion sur la question qui s’est tenue au Qatar en 2003 et qui a réuni 1 600 chercheurs de tous les secteurs.  Le Koweït est en faveur d’actions déployées aux niveaux national et international pour créer un réseau.  Le Koweït estime que les statistiques mettent clairement en évidence la nécessité d’accorder un grand intérêt à cette question au même titre que la guerre, les maladies ou le sida.  Cependant, selon la représentante, toute recommandation doit prendre en considération la situation financière des Etats en développement et tenir compte des différences dans les législations des Etats. 


M. A GOPINATHAN (Inde) a souligné le lien entre pauvreté et sous-développement, d’une part, et sécurité routière, d’autre part, avant d’insister sur le fait que les solutions proposées, au niveau international, ne peuvent être simplement transférées ou dupliquées dans les pays en développement.  Il a plutôt plaidé pour une coopération internationale renforcée, en saluant les efforts de l’OMS et des commissions régionales des Nations Unies.  Il a particulièrement salué les initiatives de la Commission sociale et économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) qui a mis en place une banque de données sur les accidents de la circulation, très utile aux gouvernements.  La coopération internationale, a-t-il conclu, doit aller au-delà du développement d’instruments internationaux et de l’universalisation des normes.  Le représentant s’est donc félicité que la résolution présentée aujourd’hui reconnaisse l’importance qu’il y a à appuyer les efforts des pays en développement pour renforcer leurs capacités dans le domaine de la sécurité routière ainsi que les efforts visant à mobiliser l’appui financier et technique.  L’Inde attend avec intérêt la mise en œuvre ces engagements.


Mme LAXANACHANTORN LAOHAPHAN (Thaïlande) a rappelé que la prévention des accidents de la route « ne relève pas de la responsabilité d’une personne en particulier, tout en étant néanmoins le problème de tous ».  Les accidents de la route figurent parmi les trois priorités en matière de santé publique de la Thaïlande.  Son coût socioéconomique en 2002 s’est élevé à 2,13% du PNB.  Plus de 13 000 décès et un million de blessés ont été recensés cette année là, ce qui représente un décès toutes les deux heures.  En 2003, le Gouvernement thaïlandais a mis en place un Centre des opérations de sécurité routière, destiné à coordonner les efforts des divers secteurs du pays et à établir des plans intégrés.  Des mesures ont été adoptées pour décourager la conduite en état d’ivresse, et pour faire appliquer l’obligation de porter la ceinture de sécurité et le casque de moto.  Les amendes ont été augmentées, et l’application des règles est plus stricte.  Les résultats sont à l’heure actuelle encourageants.  La représentante a appelé les pays qui possèdent une expertise en la matière à partager leurs meilleures pratiques.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a fait part des pertes humaines et économiques subies par son pays, en raison des accidents de la circulation.  Ces accidents, a-t-il ajouté, entraînent des dépenses de santé très lourdes qui constituent un véritable fardeau pour le budget national.  En Egypte, a-t-il encore dit, la plupart des institutions gouvernementales ainsi que la société civile participent à la mise en œuvre des politiques nationales et organisent des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière.  Soulignant la nécessité de la coopération internationale, le représentant s’est félicité du contenu de la résolution.  Il a souligné que toutes les institutions internationales et régionales, comme le secteur privé, doivent participer à l’effort prôné par ce texte.  Il a aussi demandé au Secrétaire général d’inclure dans son prochain rapport une réflexion sur des modalités d’assistance aux pays en développement.


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a regretté que les accidents de la route ne retiennent pas l’attention des médias en dépit de leur impact négatif sur les sociétés.  Il est difficile d’évaluer la mesure des pertes humaines, sociales et économiques de ces accidents.  La plupart de ces pertes tragiques peuvent être réduites et évitées grâce à des efforts collectifs et notamment par le biais de campagnes de sensibilisation qui doivent être lancées immédiatement.  Il faut constituer un vrai partenariat national et international.  Le Bangladesh étant un pays en développement avec une population dense, le représentant a fait savoir que la question de la sécurité routière est considérée comme un problème national.  Le Gouvernement fait tous les efforts pour améliorer ses politiques et programmes en la matière, notamment en vue de sensibiliser le pays tout entier.  Malgré nos ressources limitées, nous avons l’intention de continuer ce mouvement social aux niveaux régional et mondial, a fait savoir le représentant, avant de proposer qu’une journée internationale soit consacrée à la sécurité routière le 22 octobre afin de mobiliser les consciences.


M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) a expliqué le Plan de sécurité mis en place par son pays pour la période allant jusqu’en 2012.  Le Plan vise une diminution des accidents de 40% au cours des huit prochaines années.  Entre 1980 et 1989, le taux était à 10,3 morts pour 100 000 habitants mais de 1990 à 2000, il est tombé à 7,8.  Dans ce Plan, l’accent est mis sur une vitesse plus sûre, l’utilisation du matériel de sécurité, le comportement des conducteurs et la prévention de la conduite sous l’influence de l’alcool, des drogues ou de la fatigue.  Une étude publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril, a conclu que les voitures et les routes sont désormais plus sûres en Irlande mais que les risques subsistent et sont liés aux excès de vitesse, à la conduite en état d’ivresse et à la non-utilisation des ceintures de sécurité.  L’étude a conclu que si tous les conducteurs islandais respectaient les limitations de vitesse, les accidents mortels représenteraient 35% des accidents de la route, soit 40% de moins qu’aujourd’hui.  En Islande, les infractions au Code de la route représentent 72% des délits enregistrés dans le pays.  C’est un coût humain et financier énorme pour le pays, a convenu le représentant en se félicitant des différentes recherches qui ont été effectuées sur la question, ces dernières années.  Il a dit la disposition de son pays à partager son expérience.


M. ISIKIA RABICI SAVUA (Fidji, au nom du Forum des Îles du Pacifique) a estimé que la sécurité routière étant un problème mondial, les efforts en la matière doivent être collectifs.  La plupart des accidents pourraient être prévenus si les ressources adéquates étaient déployées.  De même, la coordination régionale doit être renforcée.  A Fidji, les accidents de la route ont baissé de 25% entre 1995 et 2002.  Ces chiffres reflètent les efforts déployés par le Conseil de la sécurité routière de Fidji qui donne la priorité à l’éducation en matière de prévention. 


M. TOSHIRO OZAWA (Japon) a souligné le rôle des commissions régionales dans le partage des bonnes pratiques en matière de sécurité routière.  Partageant l’expérience de son pays, le représentant en a tiré les enseignements selon lesquels une collaboration entre les institutions gouvernementales est indispensable.  Il a aussi insisté sur la nécessité de collecter des données fiables pour élaborer un plan d’action efficace et celle d’évaluer chaque mesure pour améliorer les politiques mises en place.  Soulignant que la responsabilité primaire en la matière incombe aux gouvernements nationaux, le représentant a néanmoins reconnu le manque de ressources dans les pays en développement.  Le Japon essaie d’aider les pays qui ont la volonté politique de s’attaquer au problème, a-t-il dit en citant l’exemple du Népal.  Plusieurs acteurs dont les Nations Unies, peuvent jouer un rôle dans la promotion de la sécurité routière.  Nous devons maintenant examiner la valeur de la contribution qu’ils peuvent apporter, a ajouté le représentant.


M. JOHN DAUTH (Australie) a estimé que la question à l’ordre du jour est de la plus haute importance et qu’elle doit être prioritaire dans les programmes publics de prévention.  L’Australie a adopté des normes minium en la matière, amélioré son réseau autoroutier et identifié les facteurs de risques.  L’accent a également été mis sur les comportements des conducteurs.  Les mesures prises ont été couronnées de succès dans la mesure où, en 1970, le nombre de tués dans des accidents était de 30,4% pour 100 000 habitants et, en 2003 de 8,2% pour 100 000 habitants.  Cependant le taux de mortalité peut être encore réduit.  C’est pourquoi le Gouvernement a mis en place une stratégie nationale et un plan d’action visant à sauver 3 600 vies d’ici à 2010.  En conclusion, le représentant a souligné l’importance de la coopération internationale par le biais de l’échange d’information sur les meilleures pratiques en la matière.  


M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a prôné la mise en place, au niveau international, d’une véritable culture de la sécurité de la circulation.  Il s’est dit certain que ce n’est que par une collaboration entre les citoyens et les autorités locales que les accidents de la route et les décès dont ils sont responsables baisseront.  Il a encouragé les échanges d’information et des techniques appropriées entre les pays.  Soulignant le fardeau des accidents de la route sur le budget de la santé, le représentant s’est dit encouragé par le fait que son pays a réussi à promouvoir une culture de la sécurité de la circulation aux niveaux des écoles et des collèges.  Il a conclu en se félicitant que les Nations Unies se soient saisies de la question et en appelant à une harmonisation des législations.


M. BENNO LAGGNER (Suisse) a repris à son compte l’idée selon laquelle les accidents de la route ne sont pas une fatalité.  La Suisse s’est fixée pour objectif de réduire de moitié le nombre des tués et des blessés graves d’ici à 2010.  Pour atteindre ces objectifs, le représentant a estimé qu’il ne suffit pas de prendre des mesures ponctuelles mais qu’il faut aussi les intégrer dans un cadre général ferme sous tendu par une volonté politique.  Tous les acteurs concernés doivent être associés dans une approche globale et cohérente afin que les usagers adoptent un comportement responsable et respectueux, que les infrastructures soient sûres et entretenues.  Le sauvetage des victimes doit être rapide et effectué dans les règles de l’art.  Cependant, la coopération et la coordination internationales sont aussi importantes afin de favoriser le partage d’expérience.


M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a lui aussi appelé à une coopération internationale plus vaste avec la mise en place de partenariats avec toutes les parties concernées.  Faisant part des efforts déployés par son pays, qui compte plus de 12 millions de véhicules, le représentant a indiqué que le nombre d’accidents de la route est passé de 189 000 en 1996 à 298 651 en 2003.  En revanche, le nombre de morts a chuté de 8,2 morts pour 10 000 véhicules en 1996 à 4,9% en 2003.  Le but fixé est de parvenir à un taux de trois morts pour 10 000 véhicules d’ici à 2010.  Le représentant a ensuite expliqué les politiques mises en place pour réaliser ces objectifs, en insistant sur l’implication de son pays dans les stratégies internationales et régionales.  Les Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales, la société civile et les individus ont un rôle important à jouer pour galvaniser les efforts et répondre à ce problème, a ajouté le représentant.


M. SAEED AL-JOMAE (Arabie saoudite) a estimé que la communauté internationale se trouve dans une position plus favorable pour traiter le problème des accidents de la route que pour répondre aux autres crises telles que celle de la propagation du VIH/sida.  Cependant, pour ce faire, il faut une véritable volonté politique et la promotion de normes modernes en matière de sécurité routière.  L’Arabie saoudite a pour sa part mis en place des mesures parmi lesquelles celles rendant obligatoires le port de la ceinture de sécurité et l’assurance automobile.  Les médias participent aussi activement à une meilleure sensibilisation.  Des colloques et des conférences qui ciblent les jeunes, qui sont les plus vulnérables, sont régulièrement organisés.


M. ANDERS MILTON (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a rappelé que chaque année les accidents de la route causaient la mort de 1,25 million de personnes.  C’est la première cause de mortalité dans la tranche d’âge de 15 à 44 ans, et cette catastrophe humanitaire est largement évitable.  Le coût total s’élève à 518 milliards de dollars, ce chiffre stupéfiant représentant 2 à 3% du PNB de nombreux pays.  M. Milton a rappelé qu’une action concertée aux niveaux local et national pouvait permettre de prévenir les accidents.  Des programmes de formation et d’éducation ont été mis en place au Laos, en Jordanie et en Ouganda, où ils ont reçu l’appui gouvernemental au plus haut niveau, et l’assistance d’entreprises commerciales.  La mise en commun des efforts de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des institutions gouvernementales de la Suède, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, ainsi que de la Banque mondiale, de l’OMS et du secteur privé ont permis la création du Partenariat mondial pour la sécurité routière, installé au siège de la Fédération à Genève.  C’est un mécanisme efficace qui permet d’apporter une expertise en matière de sécurité routière et qui implique les milieux d’affaires, la société civile et les gouvernements.  M. Milton a appelé de ses vœux la création d’une institution similaire de coordination dans le système des Nations Unies.


Mme CAROL BELLAMY, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a dénoncé une crise de santé publique d’une ampleur immense qui pourrait saper la mise en œuvre du Programme d’action « Un monde digne des enfants ».  Elle a relevé la lueur d’espoir qui vient des mesures visant l’amélioration des infrastructures routières, la fabrication d’automobiles plus sûres ou encore le lancement de campagnes de sensibilisation.  Le rôle de l’UNICEF, a-t-elle indiqué, commence avec l’éducation qui est un élément naturel des programmes d’assistance aux pays.  Citant les efforts déployés au Viet Nam ou à Oman, Mme Bellamy a mis l’accent sur la volonté politique et les partenariats avec la société civile et le secteur privé.  Elle a aussi souligné la grande expérience du Groupe de travail de la Commission économique pour l’Europe (CEE) avant d’attirer l’attention sur la réunion qui doit se tenir à Bangkok sur la protection des enfants.  Elle a voulu que l’on reconnaisse le fardeau disproportionné infligé aux enfants par les accidents de la route.


M. JEAN-LOUIS SARBIB, Vice-Président au développement humain à la Banque mondiale, a présenté les résultats du Rapport mondial sur la prévention des accidents de la route, établi conjointement par la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé, et publié la semaine dernière.  Chaque jour, 3 000 personnes meurent, et 75 000 sont blessées sur les routes.  80% des décès ont lieu dans des pays en développement, qui possèdent moins de 20% des véhicules -entraînant un coût d’environ 1 à 2% de leur PNB soit l’équivalent de ce qu’ils reçoivent en terme d’assistance étrangère.  On estime que le nombre de victimes au niveau mondial devrait croître de plus de 65% au cours des 15 prochaines années.  Mais des mesures rapides, concertées et résolues peuvent renverser cette tendance inacceptable, a déclaré M. Sarbib.  A cet égard, on note un changement dans l’approche qui consistait par le passé à blâmer les victimes elles-mêmes.  On estime à présent qu’il faudrait renforcer les capacités pour améliorer la sécurité des routes.  2,5 millions de vies humaines pourraient être sauvées si l’on réduisait les projections de 30% d’ici à 2020, ce qui paraît raisonnable, a ajouté le représentant de la Banque mondiale. 


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