En cours au Siège de l'ONU

AG/1476

ASSEMBLEE GENERALE: LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE REND HOMMAGE AUX VICTIMES DU GENOCIDE RWANDAIS DE 1994

07/04/2004
Communiqué de presse
AG/1476


Assemblée générale

82e séance pleinière - matin


ASSEMBLEE GENERALE: LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE REND HOMMAGE

AUX VICTIMES DU GENOCIDE RWANDAIS DE 1994


Plus de 800 000 hommes, femmes et enfants ont péri en l’espace de cent jours au Rwanda, entre avril et juillet 1994, a rappelé le Président de l’Assemblée générale, Julian R. Hunte à l’ouverture de la séance commémorant la Journée internationale de réflexion sur le génocide rwandais.  La communauté internationale n’a pas agi à temps pour mettre fin à cette tragédie, a poursuivi M. Hunte, et ce, en dépit de la présence d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies et de Casques bleus dont certains ont payé de leur vie leur engagement sur le terrain.  La communauté internationale dans son ensemble a manqué à ses engagements en avril 1994, a reconnu ensuite la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Louise Fréchette, notant que personne n’avait accordé l’attention requise aux signes avant-coureurs de ces évènements tragiques et que personne n’avait rien fait pour les arrêter lorsqu’ils ont commencé.  Nous ne pouvons réparer nos échecs, a jugé Louise Fréchette, mais nous pouvons désormais prévenir les génocides.  L’héritage d’avril 1994 et du génocide rwandais est celui d’une ONU mieux équipée et à même de prévenir un génocide et d’agir avec détermination lorsque la prévention a échoué. 


Le Secrétaire général des Nations Unies a annoncé la désignation d’un Conseiller spécial sur la prévention du génocide et la mise au point d’un Plan d’action dont l’objectif principal sera la prévention des génocides et des conflits mais aussi la protection des civils et la lutte contre l’impunité par la mise en place de systèmes judiciaires adéquats à tous les niveaux.  Face à une tragédie telle que celle qu’a connue mon pays en 1994, la communauté internationale a le devoir de se poser la question de savoir si elle est aujourd’hui en mesure de prévenir un nouveau génocide ailleurs dans le monde, avait déclaré plus tôt le Président de la République rwandaise, Paul Kagame, dans une intervention retransmise par vidéo au cours de laquelle il a recommandé la création d’un système d’alerte rapide afin de prévenir un génocide. 


Invitant les membres de l’Assemblée générale et la communauté internationale à réfléchir au devoir collectif de prévenir des tragédies comme celle du Rwanda et estimant que le génocide n’aurait jamais dû se produire, le Président en exercice du Conseil de sécurité, Gunter Pleuger (Allemagne), a indiqué que le génocide rwandais avait conduit à une révision des opérations de maintien de la paix, à une définition du mandat du Haut Commissaire aux droits de l’homme et à une révision du fonctionnement du Conseil de sécurité.  Désormais, en effet, une attention accrue est accordée à la prévention des conflits, a-t-il ajouté, soulignant que le Conseil s’était aussi attaqué avec plus de détermination aux causes profondes des conflits et aux défis de la reconstruction postconflit tels que la sécurité, la justice, l’état de droit, le désarmement et l’aide internationale.  Intervenant à leur tour, les représentants des groupes régionaux et le Vice-Président de l’ECOSOC ont salué la décision du Secrétaire général de nommer un Conseiller spécial sur la prévention du génocide et rendu hommage aux victimes et aux survivants du génocide.


Les femmes, les hommes, les enfants qui sont morts en 1994 au Rwanda auraient pu être vivants aujourd’hui si la communauté internationale avait agi à temps pour prévenir ces massacres, a déclaré une rescapée du génocide, Jacqueline Murekatete, avant d’inviter les membres de la communauté internationale à s’engager à ce que la tragédie du Rwanda ne se répète plus jamais, ni au Rwanda, ni ailleurs.  Outre ce témoignage, la cérémonie a été ponctuée de chants traditionnels par l’artiste rwandaise Cécile Kayirebwa et par des chants du Harlem Boys Choir.  Une minute de silence a été observée à midi en mémoire des victimes du génocide rwandais.


Les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique: réunion commémorant la Journée internationale de réflexion sur le génocide de 1994 au Rwanda


Déclarations


M. JULIAN R. HUNTE (Sainte-Lucie), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que l’Assemblée générale avait décidé de retenir le 7 avril 2004 comme Journée internationale de réflexion sur le génocide rwandais de 1994.  Il a invité la communauté internationale à ne pas perdre de vue la douleur des rescapés du génocide et des familles de victimes, déplorant que la mort des Présidents rwandais et burundais ait déclenché une telle tragédie.  Le génocide et les autres actes criminels commis au Rwanda et dans les Etats voisins ne peuvent rester impunis, a-t-il dit, tout en souhaitant que le Tribunal pénal international pour le Rwanda continue de juger les responsables de ces actes.  La communauté internationale n’a pas agi à temps pour mettre fin à la tragédie et au génocide qui se jouait au Rwanda en 1994 en dépit de la présence de Casques bleus des Nations Unies qui ont, pour certains d’entre eux, payé de leur vie leur engagement sur le terrain.  Néanmoins, a-t-il dit, depuis 1994, les Nations Unies ont su tirer les enseignements de l’incapacité de la communauté internationale à réagir à temps face au génocide rwandais.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite rendu hommage à la volonté du peuple rwandais de dépasser ses divisions et lui a présenté ses condoléances au nom de la communauté internationale. 


M. GUNTER PLEUGER (Allemagne), Président du Conseil de sécurité, a invité les membres de l’Assemblée générale à réfléchir au devoir collectif de prévenir des tragédies comme celle du Rwanda.  Comme le soulignait le Secrétaire général, le génocide n’aurait jamais dû se produire et la communauté internationale a manqué à ses engagements.  Mais, a-t-il ajouté, le génocide a conduit à une révision des opérations de maintien de la paix, à la définition du mandat du Haut Commissaire aux droits de l’homme et à une révision du fonctionnement du Conseil de sécurité.  Désormais, en effet, une attention accrue est accordée à la prévention des conflits.  Le Conseil s’est aussi attaqué, avec plus de détermination, aux causes profondes des conflits et aux défis de la reconstruction postconflit tels que la sécurité, la justice, l’état de droit, le désarmement et l’aide internationale.  Le Conseil a, par ailleurs, reconnu la menace à la paix et à la sécurité internationales que représentent les violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui sont à l’origine de tragédies comme le génocide rwandais.  C’est d’ailleurs dans ce contexte, a rappelé le Président du Conseil, qu’a été créé le Tribunal international pour le Rwanda.  Enfin, a-t-il aussi rappelé, le Conseil a établi des missions mieux préparées, plus musclées et pluridimensionnelles. 


Aujourd’hui, a-t-il estimé, le Conseil agit plus rapidement et avec une plus grande efficacité et n’hésite pas à recourir aux organisations régionales, en cas d’urgence.  Pourtant, malgré ces progrès, on ne peut en rester là.  La connaissance, la compréhension et la volonté politique sont autant d’éléments qu’il faut constamment réinventer et réaffirmer.  Ceci vaut, en particulier, pour les mesures coercitives que le Conseil a à sa disposition.  Le Conseil se félicite vivement du fait que le Secrétaire général ait décidé de nommer un Conseiller spécial sur la prévention du génocide, convaincu qu’il pourra contribuer à son action.  Le génocide rwandais nous a amenés à nous poser de nombreuses questions qui touchent à l’autorité et à la responsabilité du Conseil, à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, à la portée de la justice internationale, aux causes profondes de la violence et à la responsabilité de la communauté internationale à l’égard des peuples menacés.  Le peuple rwandais et les peuples du monde qui s’en remettent à l’ONU doivent être sûrs que leur Organisation est prête à relever les défis actuels. 


Dans un message transmis par vidéo, le Président de la République rwandaise, PAUL KAGAME, a rendu hommage à l’Assemblée générale pour avoir désigné le 7 avril 2004 comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda.  Ce chapitre tragique de l’histoire de notre pays ne doit jamais être oublié, a-t-il dit, et au nom du million de victimes du génocide rwandais, il importe de se poser la question de savoir si une telle tragédie peut être évitée ailleurs dans le monde.  Au niveau national, nous avons mis en œuvre une politique à deux niveaux, juridique et politique, afin de prévenir toute division de la société telle que celle qui a mené au génocide, a-t-il dit.  Au niveau international, le Président Kagame a recommandé la mise en place d’un système d’alerte rapide afin de prévenir les génocides.  Le Rwanda est engagé dans un processus de démocratisation, avec les élections générales tenues en 2003, de bonne gouvernance –le Rwanda est un des premiers pays qui fait l’objet d’un suivi par le mécanisme d’examen par les partenaires du NEPAD-, et de développement économique basé sur la libre entreprise et la compétitivité et qui a permis au pays d’obtenir une croissance économique de plus de 6%.  Le Président Kagame a estimé que la reconstruction de bases sociales et économiques stables était une garantie du respect de la dignité humaine et de la réconciliation au Rwanda. 


Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré d’emblée que la communauté internationale a manqué à ses engagements en avril 1994.  Personne n’a accordé l’attention requise aux signes avant-coureurs des évènements et personne non plus n’a rien fait pour les arrêter lorsqu’ils ont commencé.  La tristesse est véritable mais elle ne sert pas aux hommes, aux femmes et aux enfants qui ont péri dans d’atroces conditions.  La tristesse n’est de mise que si elle conduit à une action concertée pour prévenir de telles horreurs.  Le mécanisme dont dispose l’ONU en matière des droits de l’homme joue un rôle important, lui, qui est destiné à tirer la sonnette d’alarme et permettre l’adoption de mesures préventives.  Aussi, le Secrétaire général a-t-il annoncé la mise au point d’un Plan d’action dont l’objectif principal sera la prévention des génocides, donc la prévention des conflits qui sont souvent à l’origine d’évènements tragiques.  Le deuxième objectif du Plan est la protection des civils dont la tâche revient certes aux experts juridiques et humanitaires de l’ONU mais aussi aux Casques bleus qui doivent, en conséquence, disposer des ressources adéquates.  Le Plan vise aussi à lutter contre l’impunité en encourageant la mise en place des systèmes judiciaires nécessaires à tous les niveaux.  En effet, l’action menée par les Casques bleus et les acteurs du développement demeurera vaine tant que les institutions judiciaires ne seront pas créées, au niveau national. 


Il faut être à l’affût des signes avant-coureurs du génocide et cette activité doit être renforcée au sein des Nations Unies.  Certaines des lacunes, en la matière, pourront être comblées grâce au poste de Conseiller spécial sur la prévention du génocide dont le mandat concerne aussi les épurations ethniques.  Ce Conseiller travaillera, en étroite coopération, avec le Haut Commissaire aux droits de l’homme et contrairement aux Rapporteurs spéciaux, il rendra compte de ses activités à la Commission des droits de l’homme mais aussi au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale.  Le Conseiller spécial sera habilité à formuler des recommandations au Conseil de sécurité.  Mais, a prévenu la Vice-Secrétaire générale, c’est l’action ou l’inaction du Conseil qui se révèle déterminante.  Invoquant les évènements actuels dans la région du Darfour au Soudan, elle a souhaité que si l’accès humanitaire n’est pas autorisé, la communauté internationale se tienne prête à agir avec détermination.  Nous ne pouvons, a reconnu la Vice-Secrétaire générale, réparer nos échecs.  Mais nous pouvons désormais prévenir les génocides.  L’héritage d’avril 1994 est celui d’une ONU mieux équipée, mieux à même d’empêcher les génocides et d’agir avec détermination lorsque la prévention a échoué.


C’est avec honneur mais aussi avec tristesse que je prends la parole en ce jour de commémoration du génocide rwandais, a déclaré M. DAW PENJO (Bhoutan), Vice-Président du Conseil économique et social.  L’ampleur du génocide, a dit Daw Penjo, laisse une cicatrice profonde dans notre mémoire collective.  Il faut espérer que la communauté internationale fera en sorte que les évènements d’avril 1994 ne se reproduisent plus jamais.  La communauté internationale doit s’unir pour agir et mettre un terme à de telles explosions de violence.  L’ONU et ses organes ont pour responsabilité commune d’empêcher que de telles tragédies dites humaines aient lieu.  Il faut procéder à une analyse approfondie de ce type de conflits afin d’être plus efficace dans la prévention.  Dès 1994, le Conseil économique et social a entériné une résolution adoptée par la Commission des droits de l’homme, quelques semaines seulement après le début des violences.  Toutefois, il faut rester conscient que la communauté internationale aurait dû réagir avant le génocide.  Il faut faire en sorte, a poursuivi le Vice-Président que le monde ne connaisse plus les ravages de la guerre.  Au cours de ces dernières années, le Conseil économique et social a jouté un rôle plus actif pour répondre aux problèmes auxquels sont confrontés les pays sortant des conflits.  Le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité ont commencé à coopérer mais il reste beaucoup à faire.  L’Assemblée générale, le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité doivent unir leurs efforts pour aider les pays en butte à des situations similaires à ne pas plonger dans un désastre humain.  L’invitation du Conseil de sécurité à mettre sur pied un groupe de réflexion sur les menaces, les défis et les changements permettra une réforme qui rendra l’ONU mieux à même de relever les défis du XXIème siècle.  Le Conseil économique et social est prêt à contribuer à ces efforts et à renforcer les Nations Unies, a assuré le Vice-Président.


M. FELIPE CHIDUMO (Mozambique), intervenant en sa qualité de représentant du Président en exercice de l’Union africaine, a déploré que la tragédie qui s’est produite au Rwanda ait eu lieu dans l’indifférence de la communauté internationale.  Le Rwanda essaie encore aujourd’hui de faire face aux conséquences du génocide, a-t-il dit, et ce dixième anniversaire nous rappelle que nous devons aider le peuple rwandais à panser ses blessures, à consolider une nation reposant sur la justice et la réconciliation.  Cette Journée internationale de réflexion nous donne l’occasion de réfléchir aux mesures à mettre en place pour prévenir de nouvelles tragédies de cette ampleur, a-t-il dit, avant d’indiquer que l’Union africaine avait mis en place, dès 1997, une commission d’enquête présidée par Sir Ketumile Masire sur le génocide rwandais.  Ce rapport a été présenté en 2001 devant les Nations Unies, a ajouté M. Chidumo, et il soulignait clairement les insuffisances qui ont conduit au génocide et les responsabilités de la communauté internationale à cet égard.  L’article 3h) de la Constitution de l’Union africaine prévoit la possibilité pour l’Union d’intervenir dans un pays où les civils seraient massacrés, a dit M. Chidumo, avant de rappeler que l’Union africaine avait décidé de retenir la date du 7 avril comme date commémorative du génocide rwandais.  La communauté internationale doit faire en sorte qu’aucun génocide ne puisse se produire, a-t-il dit, tout en saluant la décision du Secrétaire général de nommer un Conseiller spécial sur la prévention du génocide. 


M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda), Président du Groupe des Etats africains, a déclaré que le génocide du Rwanda n’était pas un acte spontané mais un acte qui avait été précédé par des décisions adoptées froidement.  Pourtant, la communauté n’a pas réagi lorsque la première salve a été tirée, préférant, au contraire, retirer une grande partie des Casques bleus.  La communauté internationale a abandonné le Rwanda au moment où son peuple en avait le plus besoin.  Le représentant a rendu hommage à certains représentants de l’ONU, au sein des opérations de maintien de la paix, et à certains pays, qui ont malgré tout cherché à sauver des vies.  Aujourd’hui, a estimé le représentant, la communauté internationale doit s’engager à ne jamais plus assister les bras croisés à un massacre et à réfléchir aux mesures de prévention.  Elle devrait, par exemple, promouvoir le respect des droits de l’homme et la bonne gouvernance économique et politique.  En Afrique, elle devrait encourager la mise en place d’un système de gouvernance qui permette de tenir compte des besoins de tous.  L’Ouganda, a-t-il dit dans ce contexte, appuie la nomination d’un Conseiller spécial chargé de mettre au point un système d’alerte rapide efficace.  Son mandat doit être appuyé par la volonté d’agir de la communauté internationale qui doit renoncer à s’abriter derrière le principe de souveraineté des Etats concernés.  La communauté internationale doit appuyer les efforts du Rwanda, a conclu le représentant, en « pensant avec émotion aux morts et aux survivants ».


M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a tenu à exprimer la solidarité des Etats d’Asie avec le peuple rwandais et a souhaité que cette Journée de réflexion permette à la famille humaine de décider qu’aucun génocide ne doit se reproduire nulle part.  Le génocide est un crime en vertu du droit international, a-t-il poursuivi, reconnaissant que le génocide rwandais a posé des questions clefs sur le pouvoir réel du Conseil de sécurité, sur l’efficacité des opérations de maintien de la paix et sur l’obligation de protection qui incombe à la communauté internationale.  Nous devons nous engager à ce que la communauté internationale mette tout en œuvre pour que de telles tragédies ne se reproduisent, a-t-il dit ensuite, avant de souhaiter que tous les responsables du génocide rwandais soient traduits devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.  La communauté internationale doit soutenir le Rwanda dans ses efforts de reconstruction et de réconciliation nationale, a conclu Le Luong Minh. 


La tristesse doit être teintée de remords car nous n’avons pas su arrêter les atrocités qui ont eu lieu au Rwanda a estimé la Présidente du Groupe des Etats d’Europe de l’Est.  Mme NINCIC (Serbie-et-Monténégro) a appelé la communauté internationale à tirer les leçons de ses erreurs dont la première doit être de reconnaître la nécessité de mettre en place une culture de prévention.  Elle a donc salué la nomination d’un Conseiller spécial chargée de prévenir les actes de génocide.  Elle a aussi exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts de reconstruction du Rwanda et, en particulier, de traduire en justice les responsables du génocide.  La Présidente a insisté sur l’importance du Tribunal international pour le Rwanda qui, selon elle, est un signal clair du fait que l’impunité n’est plus une option.  Elle a encore appuyé les efforts de l’ONU, en particulier, ceux de la Commission des droits de l’homme, pour aider à la relève des pays sortant des conflits.  L’Afrique s’engage dans la voie de la paix et il revient à la communauté internationale de l’appuyer fermement, a conclu la représentante.


M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade), intervenant au nom des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, a déploré le génocide de 1994 au Rwanda qui a eu un effet déstabilisateur sur toute la région des Grands Lacs.  La communauté internationale doit reconnaître sa culpabilité car ce crime qui salit les pages de l’histoire aurait pu être évité par une action de la communauté internationale.  La tragédie du Rwanda est une tragédie mondiale, a-t-il dit, partageant avec le Secrétaire général la nécessité de demander pardon au peuple rwandais qui a été abandonné au moment où il avait le plus besoin de la communauté internationale.  M. Stanislaus s’est ensuite félicité des mesures prises pour prévenir la répétition du passé, comme la désignation d’un Conseiller du Secrétaire général sur la prévention du génocide.  Citant un discours du Président Clinton, en 1998, le représentant du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes a déclaré que la communauté internationale n’aurait jamais dû ignorer les alertes qui ont précédé le génocide, abandonner le peuple rwandais et laisser des camps de réfugiés devenir ensuite des sanctuaires pour les assassins.  Soulignant ensuite la nécessité de pardonner, au nom de la réconciliation, le représentant a déclaré: « l’amour, l’espoir et la foi permettront de surmonter le passé, il ne peut y avoir d’avenir sans pardon et il ne peut y avoir de pardon sans amour ».


Faisant part à son tour de sa grande tristesse, M. ALDO MANTOVANI (Italie), Président du Groupe des Etats d’Europe occidentale et autres Etats, a rappelé qu’il y a dix ans, malgré les nombreux signaux, une vague de violence a déferlé sur le Rwanda, emportant avec elle 800 000 personnes.  La commémoration du génocide doit nous permettre de réfléchir à nos échecs et aux mesures de prévention qu’il convient de prendre à présent, a estimé le représentant.  Le meilleur hommage qu’on puisse rendre aux victimes est de nous imprégner du mot d’ordre de « plus jamais ça ».  Le représentant a salué les efforts et les progrès de la population rwandaise dans le domaine de la reconstruction.  Le Rwanda, a-t-il dit, soigne ses blessures avec courage sur la base de la justice, du pardon et de la réconciliation.  Le rôle joué par le Tribunal international dans lutte contre l’impunité est également à saluer.  La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit continuer à aider les survivants, en particulier, et le Rwanda, en général, dans sa quête de réconciliation nationale. 


Selon le représentant, la tragédie rwandaise a conduit à une amélioration du système de sécurité collective.  C’est une tragédie, a-t-il souligné, qui a influencé le travail de l’ONU dans les domaines des interventions humanitaires, de la justice internationale, de la responsabilité de protéger, des opérations de maintien de la paix et du rôle du Conseil.  L’expérience du Rwanda a poussé le Conseil à agir plus rapidement.  Il reste beaucoup à faire, a néanmoins reconnu le représentant, en citant, en particulier, les mesures de prévention.  Il a donc remercié le Secrétaire général pour les décisions visant à renforcer les mécanismes d’alerte rapide, en particulier celle concernant la nomination d’un Conseiller spécial chargé de la prévention du génocide.  Le représentant a conclu en appelant la communauté internationale à renforcer les capacités de l’Afrique en matière de prévention des conflits et de maintien de la paix.  Tirons les leçons de 1994 et assumons notre responsabilité commune de protéger les populations confrontées aux violations massives des droits de l’homme.  Nous avons tous échoué au Rwanda et la seule façon de nous repentir est de déclarer notre détermination à éviter une telle tragédie à l’avenir.


Dans sa déclaration de clôture, le Président du Conseil de sécurité, a estimé que la commémoration d’aujourd’hui a été l’occasion d’exprimer l’espoir et les regrets mais aussi l’optimisme quant à l’avenir de l’espèce humaine.  Marquée par la dignité et tournée vers l’avenir, la commémoration doit aider à tirer les enseignements du passé et à trouver les meilleures réponses aux questions futures.  Ces questions, a précisé M. Pleuger, concernent les responsabilités du Conseil de sécurité, l’efficacité des activités de maintien de la paix, la portée de la justice internationale, les racines de la violence et les responsabilités de la communauté internationale en matière de protection des personnes menacées.  Ces questions touchent à l’existence même des Nations Unies et pour y trouver une réponse, il faut être déterminé à œuvrer pour la paix, à respecter le droit international et à préserver la dignité de toute la famille humaine.  Le Président de l’Assemblée générale s’est quant à lui dit déterminé à travailler avec le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social pour faire en sorte que le processus de revitalisation de l’ONU soit mené avec détermination.  


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