L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SALUE LES EFFORTS DE L’AFRIQUE POUR FAIRE FACE AUX CRISES ET S’INQUIÈTE DES RAVAGES DU PALUDISME
Communiqué de presse AG/10280 |
Assemblée générale
35e et 36e séances plénières – matin et après-midi
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SALUE LES EFFORTS DE L’AFRIQUE POUR FAIRE FACE
AUX CRISES ET S’INQUIÈTE DES RAVAGES DU PALUDISME
L’Assemblée générale a achevé aujourd'hui deux jours de débats consacrés au NEPAD et aux conflits en Afrique1 ainsi qu'à la lutte contre le paludisme2. Le Président de l'Assemblée, M. Jean Ping (Gabon), a constaté, en dressant le bilan des 67 interventions, que de nombreux orateurs avaient salué les avancées dans la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le représentant du Rwanda a cependant estimé qu'au-delà de la définition des principes, il était temps de passer à une phase plus soutenue d’actions concrètes. Comme la plupart des intervenants, il s'est par ailleurs félicité de la mise en place d'un Mécanisme d’évaluation intra-africaine, qui en instaurant un climat de confiance mutuelle, permettra, selon lui, de prévenir certains conflits régionaux. Le représentant de la République de Corée a d'ailleurs invité tous les pays africains à adhérer à ce projet, pour l'instant ratifié par 23 d'entre eux.
Le débat a fait ressortir la nécessité d'un engagement supplémentaire des partenaires au développement de l'Afrique. Le représentant du Guyana a estimé à cet égard que la coopération Sud-Sud faisait partie intégrante de la réponse internationale au NEPAD. Le représentant du Viet Nam lui a fait écho en annonçant l'organisation, l'année prochaine, du Sommet Asie/Afrique. Son homologue du Mali a pour sa part souligné le potentiel que représente la diaspora africaine, aussi bien dans la mobilisation de ressources financières que dans l'expertise intellectuelle.
Plusieurs orateurs ont par ailleurs souligné les ravages causés par le paludisme. Sur les 300 millions de personnes touchées par la maladie, 90% vivent en Afrique, a rappelé le représentant du Myanmar, ajoutant que le paludisme tuait un million de personnes par an. Le représentant de l’Éthiopie a estimé que les maladies infectieuses sapaient le développement du continent et étaient devenues l'une des principales causes de la pauvreté. Estimant que le paludisme présentait une menace plus sérieuse encore que le VIH/sida, le représentant de Djibouti s’est réjouis des résultats prometteurs d’un nouveau vaccin actuellement à l’essai au Mozambique, et qui permettrait de réduire les risques d’environ 30%. Il a cependant souligné le coût d'un tel vaccin et a lancé un appel à la mobilisation sans faille des pays développés et des fondations. Le représentant du Mali a lui aussi plaidé pour la mise à disposition de traitements abordables. Il a parallèlement invité les pays africains à supprimer les droits et taxes sur les moustiquaires et sur les médicaments.
Outre les orateurs cités, les représentants de la Guinée, du Congo, du Koweït, du Cap-Vert, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire, de Cuba, de l’Ukraine, des Comores, de l’Indonésie, de la Jamahiriya arabe libyenne, du Brésil, du Niger, de la Grenade, de la République-Unie de Tanzanie, de l’Angola, du Venezuela, du Zimbabwe, d’Israël, ainsi que l’Observateur permanent du Saint-Siège et les Observateurs de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de l’Organisation internationale de la Francophonie ont également pris la parole.
La prochaine séance de l’Assemblée générale aura lieu demain à 10 heures et sera consacrée à l'examen de l'application des recommandations de la troisième Conférence des Nations Unies sur l'exploration et les utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique.
1. Rapports du Secrétaire général publiés sous les cotes A/59/206 et A/59/285.
2. Note du Secrétaire général publiée sous la cote A/59/261.
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: PROGRÈS DE LA MISE EN ŒUVRE ET DE L’APPUI INTERNATIONAL (A/59/206, ET CORR.1 ET A/59/285): DÉCENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, PARTICULIÈREMENT EN AFRIQUE (A/59/261)
Déclarations
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a indiqué que son pays avait mis en place un Comité de coordination nationale pour le NEPAD, afin d’appliquer les priorités identifiées par le Partenariat. Il ajouté que la Guinée s’apprêtait à rejoindre le Mécanisme d’évaluation intra-africaine et s’est dit convaincu que cette autoévaluation permettrait aux pays d’identifier et de remédier à leurs insuffisances en matière d’institutions, de politiques et de capacités. « Nous devons agir avec célérité pour inverser les tendances négatives actuelles », a-t-il déclaré, en appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités en mobilisant les ressources financières, l’expertise et les transferts de technologies nécessaires à la réalisation des objectifs du NEPAD. Il a salué à cet égard la coopération Sud-Sud.
Le représentant a lancé un appel pressant en faveur de l’annulation de la dette « devenue insoutenable » et de l’amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’aide à l’Afrique. Compte tenu de la multiplicité des intervenants, il est urgent de parvenir à la cohérence des mesures prises, a-t-il estimé, en invitant la communauté internationale à s’inspirer du modèle de développement mondial intégré promu par des pays comme la Suède, le Danemark et les Pays-Bas.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a indiqué que son pays soutenait la mise en oeuvre du NEPAD. Saluant les efforts des pays africains et de la communauté internationale en ce sens, il s’est inquiété d’observer que les progrès en matière de gouvernance démocratique, d’indépendance du système judiciaire, de transparence et de responsabilité restaient modestes. La bonne gouvernance, basée sur l’état de droit, la transparence et la responsabilité constitue une condition sine qua non du développement durable et de la paix en Afrique, a-t-il estimé. M. Kim s’est par contre félicité de la mise en place du Mécanisme d’évaluation intra-africaine, qui instaure une idée de responsabilité mutuelle, et a encouragé l’ensemble des pays africains à adhérer à ce projet.
Le représentant a également affirmé que le commerce international était un outil efficace par lequel les pays en développement pouvaient développer leurs économies respectives et s’intégrer dans l’économie mondiale. Cependant, a-t-il indiqué, les pays d’Afrique ne pourront pas bénéficier des avantages du commence international tant qu’il ne sera pas davantage libéralisé. M. Kim a expliqué que la République de Corée avait pris des mesures à cet égard, en permettant l’importation de 87 produits provenant des pays en développement sans la moindre barrière douanière, ce qui fait de son pays le quatrième importateur mondial le plus important de produits des pays les moins développés. Saluant l’augmentation croissante de l’aide au développement destinée à l’Afrique, il a par ailleurs estimé que des progrès supplémentaires devaient être réalisés concernant la problématique de la dette des pays pauvres très endettés.
M. BASILE IKOUEBE (Congo) a estimé que le rapport du Secrétaire général attestait que cette Afrique qui veut gagner, qui prend en mains son propre destin en comptant sur ses propres forces, était en marche. Selon lui, malgré les contraintes de toutes sortes, le NEPAD est en voie d’exécution. Des progrès ont été réalisés dans l’élaboration des plans directeurs sectoriels ainsi que dans l’exécution des programmes et projets bien identifiés, déclaré. L’Afrique est consciente des efforts qu’il lui reste à accomplir, en plus des pas importants déjà faits, a considéré le représentant, précisant que le continent appréciait d’autant l’appui international aux engagements qu’il a pris et tenus.
Il est important que les engagements pris dans le cadre du consensus de Monterrey soient concrétisés, dans le sens de l’augmentation de l’aide publique au développement pour financer les projets du NEPAD, a-t-il affirmé, soulignant que les efforts devaient également se poursuivre en vue de l’allègement ou de l’annulation des dettes des pays africains pauvres.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) s’est félicité de l’intégration des priorités du NEPAD dans les politiques nationales des pays africains. Il a estimé que le grand nombre d’adhésions au Mécanisme d’évaluation intra-africaine témoignait d’une confiance croissante dans cet outil. Il a fait part, malgré ces progrès, de sa préoccupation face aux défis et aux contraintes qui continuent à entraver le développement de l’Afrique. Il a invité la communauté internationale à agir d’urgence pour alléger le fardeau de la dette, accroître l’aide publique au développement, mobiliser les investissements étrangers directs et remédier à la marginalisation du continent dans le commerce mondial.
Le représentant a souligné que la coopération Sud-Sud faisait partie intégrante de la réponse internationale au NEPAD. Il a évoqué à cet égard l’appui des pays de la CARICOM à la réforme électorale et à la réforme des services publics et il a fait part de la disponibilité du Guyana pour poursuivre son soutien au NEPAD, dans la limite de ses ressources. Il a enfin espéré que le nouveau Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine jouerait un rôle clef dans la résolution des conflits et dans la promotion d’une paix durable sur le continent. Il a salué à ce sujet l’implication de l’UA dans la crise du Darfour.
Mme NABEELA ABDULLA AL-MULLA (Koweït) a réaffirmé que son pays était fermement engagé à favoriser la mise en œuvre du NEPAD. Estimant que le partenariat soulignait le lien indissociable entre paix et développement durable, elle a salué les efforts des pays africains à en appliquer les principales dispositions, telle la mise en place du Mécanisme d’évaluation intra-africaine. Pour que ces efforts soient couronnés de succès, a-t-elle expliqué, l’Afrique doit surmonter un cercle vicieux: se débarrasser du poids de sa dette, tout en dégageant les ressources nécessaires à son développement.
La représentante a rappelé que le Koweït était très impliqué dans l’allégement de la dette des pays africains, au travers du travail du Fonds koweitien notamment. Ce Fonds, a-t-elle expliqué, a permis de diminuer la dette de plusieurs États en proposant un processus de rééchelonnement, et joue également un rôle important en matière d’aide au développement, indiquant qu’il avait consacré 637 millions de dollars à des aides diverses depuis la création du NEPAD. Estimant par ailleurs que le NEPAD n’était pas une opération temporaire, mais un processus permanent qui nécessitait une évaluation fréquente, elle a encouragé les pays africains à faire davantage connaître ce partenariat et exhorté la communauté internationale à augmenter le volume d’aides consacrées au continent africain.
Mme MARIA DE FATIMA LIMA DA VEIGA (Cap-Vert) a déclaré que des progrès considérables avaient été accomplis en Afrique. L’Afrique connaît moins de conflits aujourd’hui qu’au temps du premier rapport du Secrétaire général en 1998, où 14 États étaient engagés dans des conflits et 11 se trouvaient en crise politique. Néanmoins, les conflits et les luttes civiles constituent toujours le premier obstacle au développement de l’Afrique, a-t-elle souligné. La responsabilité principale en matière de paix repose sur les États africains, a-t-elle jugé, tout en relevant qu’un effort concerté avec la communauté internationale restait crucial pour traiter des conflits existants et des nouvelles sources de conflits ou des menaces potentielles à la stabilité politique et sociale. Le nouveau partenariat entre l’ONU et les organisations régionales revêt ainsi une importance particulière, a-t-elle considéré.
La représentante a indiqué en outre que la dimension sociale et économique du NEPAD était primordiale pour promouvoir le développement durable et réaliser les Objectifs du Millénaire. Les pays africains ont fait la preuve de leur engagement à mettre en œuvre le NEPAD en affectant les allocations financières nécessaires vers les secteurs prioritaires sélectionnés, a-t-elle poursuivi.
M. CHEICK SIDI DIARRA (Mali) a estimé qu’il y avait urgence à renforcer les programmes nationaux et régionaux de santé pour faire reculer le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Dans le cas de cette dernière maladie, il a indiqué que les efforts devaient porter sur la prévention, à travers la vulgarisation de moustiquaires traitées à l’insecticide et la mise en place de nouveaux insecticides à pulvériser. Il a également plaidé pour la recherche de vaccin et pour une meilleure accessibilité de traitements tels que les molécules ACT à base d’artémisinine dont le prix est actuellement dissuasif. Il a parallèlement invité les pays africains à supprimer les droits et taxes sur les moustiquaires et sur les médicaments.
Le représentant a estimé que le rapport du Secrétaire général ne mettait pas assez en relief le potentiel de la diaspora africaine dans la réalisation des programmes du NEPAD. Il a salué à cet égard la tenue récente à Dakar de la Conférence de la diaspora qui, a-t-il espéré, permettra de mieux exploiter l’expertise des intellectuels africains expatriés ainsi que des descendants d’Africains qui se sentent liés au continent. Rappelant que les transferts effectués par les migrants à travers le monde s’élevaient à 80 milliards de dollars en 2003, il a souhaité que cette épargne soit mobilisée vers l’investissement productif et a souhaité que les pays de résidence facilitent les transferts de fonds. Il a par ailleurs appelé à la ratification de la Convention sur les droits des migrants, présidée par le Mali, afin d’améliorer, à plus long terme, les conditions de vie et de travail de cette diaspora. La protection des droits de l’homme, condition indispensable pour la paix sociale, doit s’inscrire comme un sacerdoce dans notre continent, a-t-il conclu, en saluant la création de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.
U AYE (Myanmar) a indiqué que son pays soutenait la mise en œuvre du NEPAD. Saluant les efforts des pays africains, qui ont notamment conduit à la mise en place du Mécanisme d’évaluation intra-africaine, il a également remarqué que ce Partenariat jouissait d’un soutien important de la part de la communauté internationale. Il est encourageant, a-t-il expliqué, d’observer une augmentation de l’aide internationale à l’égard de l’Afrique et des investissements étrangers directs qui y sont consacrés, estimant cependant que l’Afrique nécessitait encore davantage d’efforts dans les domaines de l’aide au développement, de l’allégement de la dette, du commerce et des investissements étrangers afin d’être capable de mettre en œuvre le NEPAD.
Le représentant s’est par ailleurs félicité de la diminution des conflits en Afrique, expliquant que la paix et la stabilité étaient des conditions préalables au développement économique. Indiquant que certaines menaces à la stabilité du continent africain demeuraient, il a salué les efforts de l’Union africaine et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans le domaine du maintien de la paix, ainsi que la mise en place du Conseil de paix et de sécurité. L’Afrique reste par ailleurs exposée à de nombreuses menaces, tels la pandémie du VIH/sida et le paludisme, a-t-il indiqué. Expliquant que le paludisme touchait 300 millions de personnes chaque année dans le monde et conduisait à plus d’un million de décès, il a remarqué que le continent africain représentait à lui seul 90% des cas de cette maladie, et a salué la campagne lancée par l’Organisation mondiale de la santé, la Banque mondiale, l’UNICEF et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) visant à réduire les morts dues au paludisme de moitié d’ici à 2010.
M. MUZAFFAR HUSSAIN SHAH (Pakistan) a observé que les directions et les institutions africaines étaient de plus en plus impliquées dans les solutions africaines aux problèmes africains. Il a néanmoins ajouté que le continent souffrait de nouveaux conflits et de crises complexes. De nouvelles tendances et sources de conflits présentent des menaces pour la paix et à la sécurité. Le représentant a affirmé que de nombreuses situations de conflits étaient la conséquence directe des « politiques de pauvreté et de rareté ». La communauté internationale et le système des Nations Unies devraient développer une réaction complète, intégrée et cohérente, a-t-il estimé.
Selon lui, le NEPAD constitue une vaste vision pour l’Afrique. Or, malgré les progrès, nous sommes en dessous de ses objectifs, a-t-il constaté, notant que les ressources financières demeuraient nettement insuffisantes. Le représentant a souligné que son pays avait toujours appuyé les initiatives visant régler les problèmes et les crises auxquels les pays d’Afrique doivent faire face. L’Afrique, a-t-il conclu, affronte des défis colossaux, mais elle a l’opportunité de tourner la page, le NEPAD représentant à ce titre un cadre réaliste.
M. PHILIPPE DJANGONE-BI (Côte d’Ivoire) a lancé un appel à l’accroissement des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il a rappelé que les effets de cette dernière maladie étaient autant ravageurs que la pandémie du VIH/sida. Il a salué l’accent mis par le NEPAD sur l’éducation, l’environnement et l’assainissement, trois secteurs prioritaires qui, a-t-il regretté, ne sont malheureusement pas le centre d’intérêt des investisseurs. Rappelant que plus de la moitié de la population ivoirienne vivait de l’agriculture, il s’est félicité de la décision du NEPAD de consacrer 10% du budget national à ce secteur vital. Il a également soutenu le Mécanisme d’évaluation intra-africaine.
Le représentant a souligné les efforts considérables réalisés par les pays africains pour mettre des ressources à la disposition du NEPAD, malgré, a-t-il ajouté, leurs énormes besoins au plan national. Il a salué les mécanismes d’aide à l’Afrique mis en place par les pays développés, mais il a jugé insuffisante la solidarité internationale, estimant qu’il fallait permettre aux pays africains de développer plus de ressources, grâce à un accès plus aisé aux marchés et à la réduction du fardeau de la dette. Constatant que les deux tiers des opérations récentes de maintien de la paix concernaient l’Afrique, il a insisté sur le caractère transfrontalier des crises et sur leurs répercussions sous-régionales. Il a enfin estimé que la prévention des conflits devait nécessairement passer par une coopération sincère et franche entre les États voisins en matière de sécurité.
M. RODNEY LOPEZ CLEMENTE (Cuba) a estimé que l’Afrique méritait la solidarité et le respect. Il a expliqué cependant que les relations économiques actuelles plaçaient l’Afrique dans une situation désavantageuse. Alors que l’Afrique comprend 18,5% de la population mondiale et possède de grandes ressources naturelles, ce continent ne représente que 1% du PIB mondial et 2% de son commerce, a-t-il développé. Il a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général sur les progrès de la mise en œuvre du NEPAD soulignait l’augmentation de l’aide internationale au développement à l’égard des États africains, et observé que leur dette s’était également accrue. M. Lopez a par ailleurs estimé que les conflits armés qui minaient l’Afrique constituaient un obstacle supplémentaire à son développement économique et social et, par conséquent, à la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Les peuples d’Afrique ont besoin du soutien de la communauté internationale, a expliqué le représentant, indiquant qu’ils consacraient actuellement au paiement de la dette extérieure des ressources quatre fois supérieures aux dépenses relatives à l’éducation et aux soins de santé combinés. Cette situation ne peut durer, a-t-il affirmé, jugeant qu’il fallait réserver un traitement différent aux pays africains, en leur ouvrant notamment l’accès aux marchés, en proposant des prix stables pour leurs produits, en annulant immédiatement l’intégralité de leur dette et en augmentant significativement l’aide au développement qui leur est consacrée.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a estimé qu’après des décennies de conflits, l’Afrique avançait sur la voie du développement. Il a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud dans la mise en œuvre du NEPAD. Il a noté à cet égard la tenue ce mois du Forum d’affaires Asie/Afrique et l’organisation, l’année prochaine, du Sommet Asie/Afrique. Il a estimé que l’intérêt du Viet Nam pour l’Afrique ne relevait pas seulement de l’amitié et de la solidarité. Les pays africains, a-t-il poursuivi, offrent un important potentiel pour des bénéfices partagés dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la santé, l’éducation ou encore le commerce et les investissements. Il a cité à cet égard la coopération tripartite engagée par le Viet Nam, un pays africain et un tiers, tel que la FAO. Dans ce cadre, des centaines d’experts agricoles vietnamiens ont été envoyés dans cinq pays d’Afrique. Il a également évoqué la Conférence internationale Viet Nam/Afrique organisée à Hanoi en mai 2003, qui a non seulement été l’occasion d’une plus large compréhension mutuelle, mais a également permis, a-t-il estimé, de donner un nouvel élan à la coopération entre les deux régions.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a déclaré, comme le Secrétaire général, que les pays africains avaient fait preuve de leur engagement dans la mise en œuvre du NEPAD. Selon lui, si le rôle nouvellement renforcé de l’Afrique constitue un développement positif, les capacités, l’expérience et les ressources des Nations Unies demeurent critiques.
Le représentant a également mis l’accent sur la menace que continue de représenter pour le continent le paludisme, une menace, a-t-il précisé, qui va bien au-delà de celle du VIH/sida et qui pèse sans que l’opinion publique ne s’en rende compte. Le paludisme tue plus d’un million de personnes par an, a-t-il rappelé, notant que l’Afrique représentait clairement le foyer principal du paludisme, où la résistance aux médicaments augmente. Des thérapies et des médicaments efficaces sont absolument nécessaires, a-t-il poursuivi, notant, dans ce contexte, les résultats prometteurs d’un nouveau vaccin actuellement à l’essai au Mozambique sur des enfants de un à quatre ans. Selon la revue médicale
britannique « The Lancet », le vaccin pourrait réussir à réduire d’environ 30% les risques et à diminuer de plus de la moitié les cas sérieux de paludisme, a-t-il expliqué. Toutefois, le développement d’un tel vaccin est très cher et exige une mobilisation sans faille des pays développés et des fondations, a-t-il souligné, précisant que la prévention et les soins coûtaient près de 40 millions de dollars par an, l’essentiel provenant d’un seul donateur: la Fondation Bill and Melinda Gates, dont les efforts privés sont remarquables.
M. VICTOR KRYZHANIVSKY (Ukraine) a expliqué que son pays soutenait les principes et objectifs du NEPAD, et en suivait attentivement le processus de mise en œuvre. Se félicitant des progrès déjà accomplis, tels la mise en place du Parlement panafricain et du Conseil africain de paix et de sécurité, il a également souligné l’importance du rôle du Mécanisme d’évaluation intra-africaine. Il ne fait cependant aucun doute, a-t-il indiqué, que l’appui international constitue un élément vital au succès du NEPAD, ajoutant que les Nations Unies avaient un rôle crucial à jouer en s’attelant notamment à mobiliser cet appui, ce qui nécessiterait une collaboration accrue entre ses différents organes.
M. Kryzhanivsky a par ailleurs rappelé que le développement durable n’était pas envisageable sans le renforcement de la paix et de la sécurité, en Afrique comme ailleurs. Malgré les progrès importants réalisés afin de prévenir les conflits en Afrique, il a remarqué que cette problématique constituait toujours un obstacle majeur à la renaissance du continent. Il s’est cependant estimé satisfait de la manière dont les conflits africains étaient traités, et a souligné l’importance du rôle de l’Union africaine, de la CEDEAO, de l’IGAD et d’autres organisations régionales dans le secteur du maintien de la paix.
M. FESSEHA TESFU (Éthiopie) a expliqué que les maladies contagieuses, telles que le VIH/sida, la tuberculose ou le paludisme constituaient des problèmes sérieux en Afrique qui sapaient, et même retardaient, les efforts de développement socioéconomique. Ces maladies sont devenues une des autres causes clefs de la pauvreté en raison de la réduction considérable des ressources disponibles, a-t-il souligné, affirmant qu’une action urgente de la communauté internationale était nécessaire.
Le paludisme est une des 10 maladies les plus mortelles en Éthiopie, a ajouté le représentant, qui a précisé que 20% de la population pouvait être affectée. Depuis 2001, la stratégie de cinq ans de prévention du paludisme a été intégrée dans le programme national de santé, a-t-il déclaré, notant que l’Éthiopie avait augmenté son budget de lutte contre le paludisme. Le délégué a affirmé que pour combattre et éliminer efficacement d’Afrique la maladie, une assistance technique et financière, en particulier du Fonds mondial pour lutter contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que des organisations internationales pertinentes était essentielle. La communauté internationale devrait accroître les ressources du Fonds mondial, a-t-il assuré. L’Éthiopie lance donc un appel à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’UNICEF et à toutes les autres organisations internationales impliquées dans la mise en œuvre du Programme d’action pour qu’elles se préparent efficacement au réexamen à mi-parcours de 2005.
M. STANISLAS KAMANZI (Rwanda), tout en faisant allusion à « la litanie des maux qui frappent le continent africain », s’est cependant dit encouragé par la volonté de l’Afrique de prendre son destin en mains, matérialisée par le programme du NEPAD. Il a estimé qu’un pas significatif avait été franchi, mais il a soutenu qu’il était temps de passer à une phase plus soutenue d’actions concrètes, au-delà des principes définis. Notant une adéquation entre la plate-forme du NEPAD et les Objectifs du Millénaire pour le développement, il a constaté un blocage dans leur exécution dans lequel, a-t-il ajouté, les deux partenaires se rejettent la responsabilité: les pays développés pensent que les pays en développement n’ont pas fait assez pour assainir leur environnement politique et socioéconomique, tandis que les seconds estiment que les conditions sont réunies pour que les premiers tiennent leurs engagements, a-t-il expliqué.
Le représentant a estimé que le Mécanisme d’évaluation intra-africaine, reflet de la nouvelle philosophie de l’Union africaine, permettrait de prévenir certains conflits régionaux, compte tenu, a-t-il dit, du climat de confiance mutuelle qu’il est en mesure d’aider à établir et par la possibilité qu’il offre de détecter à l’avance les causes de frictions potentielles. Le Rwanda est fier, a-t-il déclaré, d’être parmi les premiers à se soumettre à l’exercice d’évaluation par les pairs. En conclusion, il a invité les bailleurs de fonds à avoir une attitude moins circonspecte, au vu des efforts déployés.
M. MAHMOUD ABOUD (Comores) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était exprimé au nom du Groupe des 77, et du représentant du Nigéria, au nom de l’Union africaine. Évoquant les événements qui avaient touché la jeune République des Comores, il a indiqué que les problèmes économiques et sociaux étaient souvent à l’origine des malaises et des crises au sein de nos sociétés. Estimant par ailleurs que le paludisme constituait un obstacle majeur au développement du continent africain, et restait la première cause de mortalité dans le monde, il a affirmé qu’il serait souhaitable que la communauté internationale mobilise les ressources nécessaires pour lutter contre cette maladie, ainsi que contre la pandémie du VIH/sida.
M. Aboud a également expliqué que le NEPAD devait être une réalité soutenue par tous et profitable à tous. Il a indiqué que les Comores disposaient d’un Document de stratégie de réduction de la pauvreté qui s’inscrivait dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement et la mise en œuvre du NEPAD. Il a cependant remarqué que l’aide de la communauté internationale serait nécessaire pour que les Comores puissent réaliser leur développement. Il a enfin rappelé que la paix restait une condition sine qua non au développement durable, et que les Nations Unies occupaient un rôle central dans cet effort.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a affirmé que répondre aux défis qu’affrontait l’Afrique exigeait une réponse plus vigoureuse et une approche intégrée de la part des gouvernements africains et de la communauté internationale. L’ONU a un rôle important à jouer pour mobiliser le soutien international au NEPAD, a-t-il ajouté.
Selon le représentant, la coopération Sud-Sud constitue également un complément important à la coopération internationale au développement. Il a ainsi notamment cité les initiatives qui ont été prises par l’Indonésie et l’Afrique du Sud pour organiser la Conférence des organisations sous-régionales d’Asie/Afrique à Bandung, en juillet 2003, et à Durban, en août 2004.
M. FATEH B.A. BSHAINA (Jamahiriya arabe libyenne) a salué le caractère proprement africain du NEPAD. C’est d’abord aux peuples africains que revient la responsabilité de mettre en œuvre ce partenariat, a-t-il poursuivi. Il a cependant ajouté que l’appui de la communauté internationale était indispensable. Il a cité des mesures concrètes à prendre dans les domaines de la mise à disposition de ressources financières, l’accroissement de l’aide publique au développement et des investissements étrangers directs, la réduction de la dette ou encore l’accès des produits de pays en développement au marché mondial. Il a estimé que ce soutien international ne devait pas être soumis à des conditions politiques qui ne tiendraient pas compte des spécificités des cultures africaines.
Le représentant a souhaité que la priorité soit donnée aux projets d’infrastructure, notamment la mise en place d’un réseau routier. Il a également insisté sur une meilleure utilisation des ressources en eau à l’échelle du continent, qui permettrait, selon lui, de favoriser le secteur agricole et de régler les problèmes de sous-alimentation. Il a invité les pays développés à éliminer toutes les restrictions sur les transferts et importations de technologies. Il a par ailleurs encouragé les investissements dans, les projets de développement en Afrique, afin de limiter les phénomènes d’émigration. Il a enfin insisté sur la nécessité d’enrayer la fuite des cerveaux.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Saluant les progrès réalisés dans la mise en œuvre du NEPAD et de la promotion de la paix en Afrique, il a remarqué que plusieurs situations d’instabilité persistaient et devaient être traitées, de préférence au moyen de mécanismes de prévention des conflits qui prennent en compte les racines. Rappelant que la viabilité de la paix et de la démocratie en Afrique dépendait fortement de la capacité des différents pays à assurer leur développement économique et social, il a estimé que développement et démocratie étaient indissociables, et que la communauté internationale devait leur accorder une attention égale.
Évoquant les différentes initiatives du Brésil pour venir en aide aux pays africains, particulièrement dans les domaines de la santé et de l’agriculture, M. Sardenberg a expliqué que la communauté internationale devait fournir des efforts complémentaires, comme la mise en place d’un système commercial international plus équitable, qui permettrait de générer les emplois et la richesse nécessaires au développement des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’autres continents. Le représentant a également rappelé la récente initiative du Président du Brésil et de ses homologues de France, du Chili et de l’Espagne, à l’égard de la lutte contre la faim et la pauvreté, première étape de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. OUSMANE MOUTARI (Niger) a déclaré que, malgré la persistance de foyers de tension en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi, au Soudan, au Sahara occidental et entre l’Érythrée et l’Éthiopie, les pays et les organisations régionales d’Afrique avaient accompli des efforts méritoires pour promouvoir la paix par des accords ou par la mise en place de structures tels que le Conseil de paix et de sécurité, le Comité des sages et l’Organe continental d’alerte précoce. La communauté internationale se doit d’appuyer fortement ces initiatives par un apport approprié en moyens financiers et en logistique, a-t-il estimé.
Le représentant a affirmé que l’assistance publique au développement devait être accrue et accompagnée d’une plus grande ouverture des marchés des pays industrialisés à leurs produits grâce au démantèlement des obstacles tarifaires et non tarifaires ou des initiatives comme l’AGOA. Pour compléter cette démarche Nord-Sud, il conviendrait en outre d’encourager avec plus de vigueur la coopération Sud-Sud dans des domaines aussi importants pour la mise en œuvre du NEPAD que l’éducation, l’eau, l’agriculture, la science et la technologie. Selon lui, les Nations Unies doivent disposer de ressources financières complémentaires, le système de l’ONU doit exploiter les mécanismes de coordination existants à tous les niveaux pour renforcer la cohérence de l’appui apporté au NEPAD, tandis que les partenaires au développement de l’Afrique doivent créer un environnement international propice à la croissance et au développement de l’Afrique et assurer la cohérence indispensable des politiques relatives au commerce, à l’aide et à la dette, pour que les pays africains soient les bénéficiaires directs des décisions internationales prises dans ces domaines.
M. LAMUEL A. STANISLAUS (Grenade) a déclaré qu’il était possible que le 21ème siècle soit le siècle de l’Afrique. La réussite du NEPAD est soumise, selon lui, à certaines conditions, comme la mobilisation des partenaires en développement, notamment ceux qui ont un fort engagement historique ou économique sur le continent. Il a placé de grands espoirs dans le Mécanisme d’évaluation intra-africaine, qui doit permettre de passer d’une culture de la réaction à une culture de la prévention. Il a estimé que le NEPAD ne pourrait réussir s’il n’était pas ancré dans l’histoire et dans les civilisations africaines.
L’Afrique peut devenir le panier à pain du monde, si l’on développe son potentiel, a-t-il déclaré, en décrivant le continent comme un géant qui se réveille avec des possibilités illimitées. Indiquant que la population de la Grenade faisait partie de la diaspora africaine, il a fait part de l’attachement de son pays au succès du NEPAD. Il a estimé en conclusion que le moment était venu pour la CARICOM d’établir un lien structurel avec le Groupe africain, dans le cadre des Nations Unies.
M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a souhaité s’associer aux remarques du représentant du Qatar, qui s’était également exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a indiqué que son pays soutenait la mise en œuvre du NEPAD, et a salué le travail des Nations Unies en ce sens. Rappelant que le NEPAD soulignait l’importance du développement économique pour la paix et la stabilité de l’Afrique, il a indiqué que la Tanzanie avait développé des programmes prioritaires pour la mise en œuvre du partenariat. Le représentant a notamment indiqué que son pays avait adhéré en juillet dernier au Mécanisme d’évaluation intra-africaine, qu’il a jugé « très utile » pour consolider la démocratie et les droits de l’homme en Afrique. Il a par ailleurs expliqué que la mise en œuvre du NEPAD par la Tanzanie intégrait également la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement au niveau national, telle la lutte contre le VIH/sida et le paludisme.
Le représentant a signalé que le paludisme représentait la deuxième cause de mortalité en Afrique, et la première en Tanzanie. La prolifération du VIH/sida a rendu la lutte contre ce fléau encore plus difficile, a-t-il ajouté. Affirmant que ces maladies devaient être contrées par les gouvernements, les organisations non gouvernementales et le secteur privé, il a indiqué que la Tanzanie se trouvait à la pointe de la lutte contre le paludisme grâce à la mise d’en place d’une série de mesures, telle la déductibilité fiscale de l’achat de produits destinés à en prévenir la propagation.
M. ISMAEL ABRAAO GASPAR MARTINS (Angola) a estimé que les agences des Nations Unies devaient continuer à jouer un rôle majeur dans la coordination et la mobilisation du soutien au NEPAD. Un partenariat renforcé avec la communauté internationale est nécessaire pour réaliser les objectifs minimums fixés et donner au NEPAD un élan important, a-t-il souligné, précisant que les objectifs du NEPAD étaient identiques à ceux établis dans la Déclaration du Millénaire.
Le représentant a affirmé que son pays avait adopté une stratégie de réduction de la pauvreté qui vise à améliorer le cadre macroéconomique, ainsi que les politiques structurelles et sociales susceptibles de favoriser la croissance. L’Angola, a-t-il dit, appuie les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général et œuvrera étroitement avec tous ses partenaires pour le succès du NEPAD et la paix en Afrique.
M. FERMIN TORO JIMENEZ (Venezuela) a insisté sur la nécessité d’établir un environnement pacifique pour pouvoir mettre en œuvre les objectifs du NEPAD. Notant que les conflits étaient alimentés en Afrique par des États, mais aussi par des acteurs non étatiques, il a souhaité que des mesures efficaces soient prises pour prévenir et éradiquer le commerce illicite d’armes. Il a estimé que l’Union africaine avait montré l’exemple à la communauté internationale dans sa résolution à faire face aux conflits dans la région. Le Venezuela, a—t-il ajouté, privilégie les solutions endogènes et estime que l’Union africaine est la mieux placée pour résoudre les tensions sur le continent.
Le représentant a assuré que son gouvernement était prêt à accroître son soutien à toutes les initiatives dont l’objectif principal est l’amélioration de la condition des peuples africains. Il a indiqué que le Venezuela avait créé, en marge du Sommet de Monterrey, un Fonds humanitaire international doté d’un capital initial de 30 millions de dollars et destiné aux pays les plus pauvres d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Afrique.
M. B.G. CHIDYAUSIKU (Zimbabwe) a estimé que le NEPAD portait l’espoir d’une renaissance du continent africain. L’Afrique n’a pas besoin d’un diagnostic sur les causes de son sous-développement, mais d’une aide importante de la communauté internationale afin d’assurer le succès du partenariat, a-t-il expliqué. Saluant les efforts entrepris par les pays africains et les partenaires au développement pour mettre en œuvre le NEPAD, il a remarqué que la communauté internationale devait s’impliquer davantage dans l’allégement de la dette, l’allocation d’aides supplémentaires, le volume d’investissements étrangers directs et la mise en place d’un système commercial international plus approprié. Il est vital, a-t-il indiqué, que les partenaires au développement s’assurent que leurs politiques d’aide et leurs politiques commerciales deviennent complémentaires.
Il a estimé à cet égard qu’il fallait améliorer l’accès aux marchés des produits agricoles et non agricoles africains, ajoutant que les pays développés devaient pour leur part abandonner les subventions aux produits agricoles et supprimer certaines barrières douanières. M. Chidyausiku s’est par ailleurs félicité du travail des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix en Afrique, rappelant le lien indissociable entre paix et développement. L’Union africaine et les organisations sous-régionales comme la CEDEAO, la SADEC et l’IGAD jouent également un rôle important dans cet effort, a-t-il ajouté.
M. CHAIM SHACHAM (Israël) a déclaré que son pays accueillait avec satisfaction l’engagement des Nations Unies à renforcer en leur sein leur collaboration et leur coordination afin de fournir le soutien nécessaire à la mise en œuvre efficace du NEPAD et à appuyer les recommandations formulées dans le rapport du Secrétaire général. Israël, a-t-il dit, réaffirme son ferme soutien aux actions prises par l’Union africaine dans son effort à surmonter les difficultés du passé. Selon lui, les progrès réalisés dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement sont particulièrement importants, et contribuent à protéger la situation sanitaire vulnérable du continent et à aider à nourrir sa population.
Israël note avec satisfaction, a poursuivi le délégué, que la science et la technologie constituent un secteur prioritaire du NEPAD. Il espère que des efforts supplémentaires seront fournis par les États africains, la communauté internationale et le système des Nations Unies pour progresser dans ce domaine. Selon le représentant, Israël a une longue tradition de relations étroites avec l’Afrique. Il a ainsi développé dans les années 50, alors qu’il était lui-même en développement, des partenariats de développement avec des nouveaux États indépendants de l’Afrique sub-saharienne, en échangeant et en fournissant des informations et du savoir-faire dans les domaines de la sécurité alimentaire, de l’éducation et de la santé. Cette tradition est poursuivie par le Centre de coopération international MASHAV, a-t-il souligné. Israël a en outre annulé la dette de plusieurs États africains, a-t-il indiqué. Sa contribution financière pour l’avenir de l’Afrique, proportionnellement à son nombre d’habitants, est également parmi les plus importantes du monde, a-t-il ajouté, un fait qui s’explique parce que le peuple israélien a eu lui-même à subir et surmonter des défis historiques immenses.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège, a regretté que les récents Conseils des gouverneurs du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, ainsi que la réunion des Ministres des finances du G-7 qui les ont précédés, n’aient pas pu se mettre d’accord sur l’annulation de la dette des 27 pays les plus pauvres. Selon lui, la gestion des ressources naturelles mérite une attention soutenue, à la fois de la part des gouvernements africains et de la communauté internationale.
L’Observateur a également estimé que la communauté internationale devait renforcer son appui aux mécanismes qui empêchent l’arrivée sur les marchés internationaux de produits alimentant la guerre. La promotion d’une plus grande coopération entre les religions en Afrique pourrait devenir un facteur décisif pour la construction et le maintien de la paix, a-t-il également souligné.
M. BHAGWAT-SINGH, Observateur de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources, a exprimé son engagement à soutenir la mise en œuvre du NEPAD, principalement de son plan d’action environnemental (EAP). Ce plan d’action, a-t-il expliqué, vise à traiter les différents défis environnementaux auxquels le continent est actuellement confronté au cours de sa lutte contre la pauvreté. Tous comme les autres programmes du NEPAD, l’EAP vise à impliquer les organisations sous-régionales comme la SADEC, l’IGAD et la CEDEAO dans la mise en œuvre du plan et le développement d’initiatives environnementales sous-régionales, a-t-il indiqué.
M. ENCHO GOSPODINOV, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a rappelé qu’en 2000, à Ouagadougou, les sociétés nationales africaines de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avait fixé quatre objectifs de base: faire une différence majeure pour la santé des personnes vulnérables; augmenter considérablement leur réponse à la pandémie de VIH/sida; faire de la sécurité alimentaire une stratégie prioritaire pour la décennie; et mettre en valeur la capacité des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à fonctionner comme auxiliaires de leurs gouvernements dans le domaine humanitaire.
Au cours de leur réunion à Alger, en septembre 2004, les membres des sociétés nationales africaines ont adopté un plan d’action visant à mettre en avant les engagements de Ouagadougou et à bâtir des partenariats efficaces avec d’autres acteurs nationaux et internationaux. Le Plan d’action d’Alger relie les engagements de Ouagadougou avec les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire, a-t-il précisé. Le Plan lui-même, contenant les résultats d’Alger, sera prochainement distribué à tous les États Membres et organisations concernées, a-t-il indiqué.
M. RIDHA BOUABID, Observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, a estimé que le développement de l’Afrique passait notamment par la réussite du NEPAD, étape cruciale de la prise en charge du développement de l’Afrique par les États africains eux-mêmes. Il a indiqué que le développement des nouvelles technologies était essentiel pour une insertion réelle de l’Afrique dans les circuits économiques et commerciaux issus de la mondialisation. L’éducation est également un secteur où l’action de la Francophonie contribue à la mise en œuvre du NEPAD, a-t-il ajouté, expliquant que l’OIF appuyait la conception de politiques nationales d’éducation ainsi que la formation professionnelle et technique en Afrique. Il a par ailleurs affirmé que l’action de l’OIF dans le domaine de la culture rejoignait l’objectif du plan d’action du NEPAD de développer le tourisme culturel en Afrique. M. Bouabid s’est félicité du rôle croissant du mécanisme d’évaluation par les pairs mis en place dans le NEPAD, preuve de l’engagement des pays africains à améliorer leur gouvernance, a-t-il estimé. Enfin, il a exhorté la communauté internationale à faire preuve d’un engagement plus soutenu, plus cohérent et plus durable en faveur du NEPAD et du développement de l’Afrique.
Le Président de l’Assemblée générale, M. JEAN PING (Gabon), a dressé le bilan de deux jours de débats sur le NEPAD, sur les conflits en Afrique et sur la lutte contre le paludisme, auxquels ont pris part 67 orateurs. La plupart des orateurs, a-t-il indiqué, ont souligné l’importance du NEPAD en tant que cadre du renouveau et du développement économique, social et politique de l’Afrique. Il a constaté que de nombreux orateurs avaient salué la mise en place du Mécanisme d’évaluation intra-africaine, qui témoigne des efforts africains dans le domaine de la bonne gouvernance. Plusieurs représentants se sont félicités de l’engagement de la communauté internationale et des activités du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général, a-t-il noté, pointant également les appels en faveur de la coopération Sud-Sud.
De nombreux orateurs ont pris acte de la diminution du nombre de conflits en Afrique, a observé M. Ping. Les partenaires au développement de l’Afrique ont fait part de leur soutien aux efforts de l’Union africaine, dont plusieurs représentants ont souligné qu’elle devait être dotée des moyens nécessaires pour pouvoir jouer un rôle de premier plan dans la gestion des crises. L’accent a été mis sur l’importance de consolider la paix après un conflit.
Concernant la lutte contre le paludisme, la plupart des orateurs ont reconnu que les maladies telles que le VIH/sida et le paludisme, non seulement mettent à rude épreuve les systèmes de santé en Afrique, mais aussi constituent une menace majeure au développement en général. Les efforts des pays africains ont été salués, mais les représentants ont également souligné le nécessaire appui de la communauté internationale. Les partenaires au développement de l'Afrique ont renouvelé, à cette occasion, leur engagement à aider le continent à faire face aux divers problèmes de santé, a conclu M. Ping.
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