L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SOULIGNE LES IMPORTANTS OBSTACLES À SURMONTER POUR RÉALISER LE PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE
Communiqué de presse AG/10277 |
Assemblée générale
30e & 31e séances plénières – matin, après-midi & soir
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SOULIGNE LES IMPORTANTS OBSTACLES À SURMONTER POUR RÉALISER LE PROGRAMME D’ACTION DU CAIRE
Dix ans après, quel bilan dresser de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD)? Devant l’Assemblée générale, qui a commémoré aujourd’hui le dixième anniversaire de la Conférence du Caire, la plus importante jamais organisée sur ce sujet, la plupart des États Membres ont reconnu que si d’importants progrès avaient été accomplis, à mi-parcours du processus de mise en oeuvre du Programme d’action de la CIPD, beaucoup restait encore à faire, notamment dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida.
Au Caire, le 13 septembre 1994, après neuf jours d’intenses débats, 179 pays adoptaient, à la Conférence internationale sur la population et le développement, un Programme d’action de portée historique, étendu sur 20 ans, que les délégués et les commentateurs allaient saluer comme ouvrant une « ère nouvelle en matière de population ».
L’Accord du Caire, qui repose sur l’attachement aux droits de la personne et à l’égalité entre les sexes, invite les pays signataires à assurer d’ici à 2015 l’accès universel à l’éducation, tout particulièrement pour les filles, à la santé et aux droits en matière de reproduction, et à réduire les taux de mortalité infantile et maternelle, un objectif jugé capital pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté, que la CIPD a jugés inséparables de la solution des problèmes de la population.
Constatant, à l’instar de la plupart des orateurs, les progrès déjà réalisés depuis dix ans, le Président de l’Assemblée générale, M. Jean Ping, a appelé à la poursuite des efforts pour la mise en œuvre des engagements pris, notamment dans la perspective du 60ème anniversaire de l’Organisation. « Il n’est point besoin d’attendre l’année prochaine pour se pencher sur la situation tragique du demi-million de femmes qui meurent chaque année des suites d’un accouchement, pour s’attaquer aux ravages de la pandémie du VIH/sida, pour lutter plus efficacement contre l’extrême pauvreté qui frappe plus d’un milliard de personnes dans le monde », a déclaré M. Ping.
Le Programme d’action de la CIPD est général et il est fondé sur les principes éthiques et universels qui renforcent la dignité humaine, a souligné Mme Thoraya Ahmed Obaid, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Une telle approche n’impose pas des solutions, selon elle, mais engage les communautés concernées dans un processus de dialogue visant à aboutir aux changements nécessaires à l’application du Programme d’action. Des questions qui n’étaient encore que peu sensibles à l’époque de la Conférence du Caire sont aujourd’hui l’objet d’un débat public ouvert, s’est-elle félicitée, relevant, à titre d’exemple, que jamais auparavant il n’y avait eu autant de discussions et d’indignation au sujet des violences sexuelles dont sont victimes les femmes dans les situations de conflit.
Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a encouragé pour sa part les gouvernements à dégager les ressources nécessaires au développement des services d’aide à la reproduction et au planning familial, qui ne sont pas encore accessibles à tous. Lutter dans ce sens est essentiel pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et promouvoir le statut de la femme, a-t-elle considéré.
La pandémie de VIH/sida constitue toujours un défi majeur à relever pour de nombreux pays. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Sultan Al-Mahmoud (Qatar) a rappelé que le virus continuait de se répandre à travers le monde, effaçant des décennies de progrès socioéconomiques comme en atteste, entre autres, l’augmentation des taux de morbidité et de mortalité. Pour certains pays, l’impact démographique du VIH/sida est énorme, en particulier sur les ressources humaines, a-t-il assuré. Le respect des recommandations de la CIPD et des Objectifs du Millénaire dépendra de l’efficacité avec laquelle le VIH/sida sera combattu, a observé le représentant du Kenya, pour qui ce fléau a annihilé le développement économique et social de l’Afrique subsaharienne des dernières décennies. Il a ainsi encouragé les pays développés à consacrer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’aide au développement.
La représentante de la Russie a de son côté mis l’accent sur les conséquences positives que pouvaient avoir, selon elle, les migrations internationales pour inverser les tendances démographiques négatives et le vieillissement de la population. Elle a cependant jugé indispensable, dans un contexte de propagation du terrorisme international, d’améliorer le recueil et l’échange d’informations sur les flux migratoires.
Par ailleurs, le représentant du Japon a jugé crucial que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire repose sur un partenariat non seulement entre pays développés et pays en développement, mais aussi entre les sociétés civiles, les organisations internationales et les citoyens.
Outre les orateurs cités, les Ministres des Pays-Bas, au nom de l’Union européenne (UE), de la Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), de la Suède, du Sri Lanka, du Paraguay, de l’Ouganda, de la France, du Pakistan, d’Haïti, du Sénégal, du Kazakhstan, de la Chine, de l’Afrique du Sud, de l’Égypte, du Malawi, du Cambodge, de l’Inde, et les représentants du Pérou, de l’Indonésie, du Canada, du Guatemala, de la Suisse, des États-Unis, de la Norvège, du Bangladesh, des Maldives, de la Nouvelle-Zélande, de la République démocratique populaire de la Corée, des Philippines, de la République arabe syrienne, du Venezuela, de la Malaisie, de la Tunisie, du Togo, de la Colombie, de l’Azerbaïdjan, du Royaume-Uni, d’El Salvador, de la Jamaïque, de la Mongolie, de la République islamique d’Iran, du Ghana, de l’Uruguay, du Botswana, de l’Équateur, de l’Argentine, du Danemark, du Guyana, du Mexique, de l’Arménie, des Émirats arabes unis, du Honduras, de la Thaïlande, du Viet Nam, du Népal, du Nicaragua, de l’Éthiopie, de la Géorgie et du Panama, les observateurs permanents du Saint-Siège, des Partenaires pour la population et le développement et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont également pris la parole.
La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale aura lieu demain à 10 heures avec l’élection de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUES ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES [45]: COMMÉMORATION DU DIXIÉME ANNIVERSAIRE DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Déclarations
M. JEAN PING (Gabon), Président de l’Assemblée générale, a estimé que le consensus exprimé il y a 10 ans par 170 États Membres au Caire avait ouvert une nouvelle ère pour les populations. Il a constaté que les priorités soulevées à l’époque, notamment l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité des sexes, se révélaient encore plus pertinentes aujourd’hui. Il s’est dit persuadé de l’importance capitale du Programme d’action du Caire pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Notant les progrès déjà réalisés, il a appelé à la poursuite des efforts pour la mise en œuvre des engagements pris, notamment dans la perspective du 60ème anniversaire de l’Organisation, qui sera célébré l’année prochaine.
M. Ping a cependant estimé qu’il n’était point besoin d’attendre l’année prochaine pour se pencher sur la situation tragique du 1/2 million de femmes qui meurent chaque année des suites d’un accouchement, pour s’attaquer aux ravages de la pandémie du VIH/sida, pour lutter plus efficacement contre l’extrême pauvreté qui frappe plus d’un milliard de personnes dans le monde. Il a appelé les États Membres à prendre rapidement les mesures indispensables pour intégrer les préoccupations en matière de population dans les stratégies nationales de développement, ajoutant que cela passait avant tout par la mobilisation des ressources nécessaires, en concertation avec les institutions financières internationales. Agissons pendant qu’il est encore temps, il y va de l’avenir de l’humanité, a-t-il conclu.
Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale de l’Organisation des Nations Unies, a remarqué que le monde commençait à voir la fin de la démographie galopante, ce qui devrait lui permettre de mieux lutter contre la pauvreté et la pollution. Les pays du monde continuent à se servir du programme de la Conférence internationale pour la population et le développement (CIPD) afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et de remédier à leurs problèmes de population, a-t-elle expliqué, ajoutant qu’ils faisaient des progrès substantiels. La fertilité diminue dans quasiment chaque région du monde, a observé Mme Fréchette, les couples disposent d’un accès croissant aux contraceptifs, et l’espérance de vie continue de croître partout sur la planète, à l’exception de l’Est et du Sud de l’Afrique, ainsi que de l’Europe de l’Est.
La Vice-Secrétaire générale a cependant expliqué que la démographie galopante restait un problème dans les pays en développement, alors que certains pays développés s’inquiétaient de voir leur population augmenter trop lentement, voire décliner. La chute de la fertilité et la croissance de l’espérance de vie amènent dès lors les pays développés comme en développement à faire face au vieillissement actuel de la population, et ses implications dans les domaines des pensions et soins de santé, a-t-elle remarqué. Mme Fréchette a affirmé que les services d’aide à la reproduction et de planning familial n’étaient pas encore accessibles à tous, et que lutter dans ce sens était essentiel pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et promouvoir le statut de la femme. Elle a donc encouragé les gouvernements à dégager les ressources nécessaires à cet effort.
Mme THORAYA OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a rappelé que la Conférence du Caire avait mis l’accent sur l’amélioration de la qualité de vie de tous, quels que soient leur lieu de naissance ou leur sexe, sur la protection des droits de l’homme et des ressources naturelles. Elle a reconnu que ce qui se passait dans un coin du monde pouvait avoir des conséquences ailleurs, que l’immigration, l’urbanisation, la pauvreté et le développement durable sont liés. Les questions qui n’étaient encore que peu sensibles à l’époque de la Conférence du Caire sont aujourd’hui l’objet d’un débat public ouvert, a-t-elle souligné. Jamais auparavant, par exemple, il n’y avait eu autant de discussions et d’indignation au sujet des violences sexuelles dont sont victimes les femmes dans les situations de conflit, a-t-elle poursuivi, précisant qu’il y avait un consensus aujourd’hui pour reconnaître que davantage d’efforts doivent être engagés pour mettre un terme à ces violations massives des droits de l’homme. Elle a du reste indiqué qu’il lui avait été demandé de s’adresser ce mois-ci au Conseil de sécurité sur cette question urgente.
Le Programme d’action de la CIPD est général et est fondé sur les principes éthiques et universels qui renforcent la dignité humaine et encouragent la réalisation des aspirations humaines, a également déclaré la Directrice exécutive du FNUAP. Une telle approche n’impose pas des solutions, a-t-elle observé, mais engage les communautés concernées dans un processus de dialogue visant à permettre les changements nécessaires pour appliquer le Programme d’action. Affirmant que la communauté internationale devait être fière des progrès enregistrés depuis 10 ans dans l’application du Programme d’action de la CIPD, Mme Obaid a néanmoins conclu son intervention en lançant un avertissement. Si aucune action importante n’est entreprise pour appliquer entièrement le Programme d’action de la CIPD, nous ne manquerons pas seulement d’en remplir les objectifs, nous échouerons également à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM).
M. SULTAN AL-MAHMOUD (Qatar), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que le VIH/sida continue de se répandre à travers le monde, effaçant des décennies de progrès socioéconomiques comme en atteste, entre autres, l’augmentation des taux de morbidité et de mortalité. Pour certains pays, l’impact démographique du virus est énorme, en particulier sur les ressources humaines. Le représentant a aussi abordé la question des migrations en rappelant que vers la moitié de l’an 2000, ce sont quelque 175 millions de personnes qui résidaient dans un pays autre que leur pays d’origine. Il a souligné que contrairement aux principes consacrés dans le Programme d’action du Caire, les récentes initiatives en matière de lutte contre l’immigration comportent aussi des violations des droits des migrants. Le représentant a appelé à un accord global traitant de tous les aspects de la migration internationale et a, en conséquence, dit attendre beaucoup du Dialogue de haut niveau sur ce sujet qui doit se tenir en 2006.
Concluant sur l’ensemble des engagements pris dans le Programme d’action du Caire, il a prévenu que sans des ressources nouvelles, additionnelles et prévisibles, les pays en développement ne pourront certainement pas réaliser les objectifs fixés. Il est donc urgent de réaliser l’objectif visant pour les pays développés à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD et d’honorer les engagements pris à la Conférence de Monterrey sur le financement du développement. Les questions de population et de développement, a ajouté le représentant, devraient recevoir l’attention qu’elles méritent au cours du Dialogue de haut niveau qui doit se tenir l’année prochaine sur la suite donnée aux recommandations de la Conférence de Monterrey.
M. HANS VAN DEN BROEK (Pays-Bas), au nom de l’Union européenne, a estimé que le Programme d’action du Caire s’est caractérisé par une approche fondée sur les droits et centrée sur le bien-être et le libre choix des individus plutôt que les objectifs démographiques fixés par les dirigeants politiques. En substances, a dit le représentant, le Programme d’action dit « Je ne suis pas un chiffre. J’ai des droits. C’est mon choix ». Le Programme d’action , a-t-il insisté, est fermement ancré dans les principes du développement humain, de la promotion de la femme, de l’égalité entre les sexes et des besoins et droits des individus, y compris les jeunes. Saluant le « miracle asiatique » qui a démontré le lien entre la liberté de choisir et le développement économique et social, le représentant a néanmoins souligné qu’aujourd’hui encore dans cette « ère de la prospérité » une femme meurt chaque minute pendant sa grossesse ou pendant l’accouchement.
Il est temps d’agir, a-t-il poursuivi en soulignant que le Caire nous a légué un Programme d’action et non un Programme d’intention. Notant les progrès signalés par le FNUAP, il a ensuite cité les défis subsistants que sont la lutte contre la mortalité maternelle par la promotion d’une responsabilité partagée vis-à-vis de la grossesse et la mise en place d’un système de santé adéquat; la lutte contre le VIH/sida par la fourniture de services globaux de santé reproductive; l’éducation sexuelle auprès des 15 - 25 ans qui sont aujourd’hui au nombre d’un milliard; la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe par un accès égal à l’éducation, à la santé reproductive, à l’emploi, à la propriété et à l’héritage et par la lutte contre la violence fondée sur le sexe; et l’examen des problèmes liés au troisième âge.
Tous ces défis coûtent chers, a convenu le représentant qui a alors rappelé que les pays de l’Union européenne ont décidé de parvenir d’ici 2006 à un taux de 0,36% de leur PNB pour l’APD. L’argent ne suffit pas, a-t-il prévenu. Il faut aussi de la volonté politique et un partenariat global dans lequel tous les secteurs de la société doivent s’impliquer. Après avoir souligné l’importance que l’Union européenne attache au FNUAP, le représentant a annoncé la décision de l’Union d’allouer, cette année, au Fonds pour la santé reproductive du FNUAP une somme de 75 millions de dollars.
M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicité des progrès enregistrés depuis la Conférence du Caire. Il a souligné que, dans les pays de la CARICOM, la croissance de la population et la mortalité infantile avaient diminué au delà des objectifs fixés par la CIPD, grâce, a-t-il estimé, à la mise en place de politiques nationales privilégiant l’amélioration de la qualité de la vie et le droit à la santé pour tous. Il a exprimé la préoccupation des pays de la sous-région face au vieillissement de leur population, qui nécessite, a-t-il dit, une meilleure évaluation des besoins des personnes âgées.
Il a insisté sur la lutte contre la discrimination à l’égard des malades du sida et a salué à ce sujet les stratégies mises en place par les pays de la CARICOM pour renforcer les systèmes de santé et d’éducation, particulièrement dans le domaine de la santé reproductive. Pour combattre la pandémie du VIH/sida, il faut également, a-t-il ajouté, mieux défendre les droits des femmes et des fillettes, en les mettant davantage à l’abri des violences sexuelles. Il a par ailleurs fait part de la nécessité de mieux répondre aux besoins spécifiques d’une catégorie de population en constante augmentation dans la sous-région: les émigrés retraités retournant dans leur pays d’origine après avoir vécu en Europe (particulièrement au Royaume-Uni) ou en Amérique du Nord. Soulignant le lien direct qui existe, selon lui entre les objectifs de la Conférence du Caire et ceux du Millénaire pour le développement, il a estimé que leur réalisation impliquait des contraintes et il a souhaité la mise à la disposition des ressources financières et humaines nécessaires.
Mme. MONA SAHLIN (Suède) s’associant à la déclaration faite par les Pays-Bas au nom de l’Union européenne, a mis l’accent sur l’insuffisance de soutien politique et financier de la part de la communauté internationale à la mise en œuvre des objectifs de la Conférence internationale sur la population et le développement. « Nous devons réaffirmer nos engagements et augmenter les ressources », a déclaré la représentante, ajoutant que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire était indispensable à la réussite des Objectifs du Millénaire pour le développement. Dans ce contexte, le Gouvernement suédois s’est récemment mis d’accord pour allouer 1% de son produit national brut au financement public du développement d’ici à 2006, a-t-elle expliqué. En outre, l’année prochaine, Stockholm accueillera une rencontre de haut niveau entre chefs d’État et de gouvernement du monde entier afin de lancer un appel aux investissements en matière de droits génésiques et de santé reproductive, a-t-elle annoncé.
La représentante a cité sept domaines d’action qui devront, selon elle, faire l’objet de toute l’attention de la communauté internationale au cours des 10 prochaines années. Toute personne doit être en mesure de vivre une vie sexuelle sans danger et épanouissante, a-t-elle insisté. Les jeunes doivent notamment disposer de moyens pour se prémunir contre les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida. Aujourd’hui, 80% des nouveaux cas de VIH/sida sont le fait de rapports sexuels non protégés, a-t-elle insisté. En outre, l’égalité des sexes doit demeurer au centre de notre combat, a poursuivi Mme Sahlin, car trop de femmes sont encore victimes de discriminations à l’accès aux systèmes de soins de santé ou d’éducation. La représentante a encore exhorté les États Membres à poursuivre leurs efforts afin de réduire la mortalité maternelle, en augmentant notamment les services de contraception. Chaque année, 400 femmes meurent des suites d’un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions, a-t-elle fait remarquer.
M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA (Sri Lanka) a indiqué que son pays avait connu, au cours des 10 dernières années, une accélération de changements de type socioéconomique ainsi qu’en matière de population. Dans ce contexte, le Sri Lanka a rapidement mis en place une politique nationale ainsi qu’un plan d’action propre pour les questions de population et de santé reproductive. Les adolescents représentent 17% de notre population, a ajouté le représentant, c’est la raison pour laquelle le programme national de santé reproductive s’est attaché à leur permettre un accès à l’information, l’éducation ainsi qu’aux services de santé adéquats.
Durant cette décennie, des progrès considérables ont été réalisés par le Gouvernement en matière de population et de développement, a-t-il ajouté. Le taux de mortalité infantile est aujourd’hui de 13% tandis que la mortalité maternelle est de 50 pour 100 000, a-t-il expliqué. En outre, plusieurs avancées ont également été réalisées en matière d’égalité des sexes, notamment grâce à la mise en place, en 1997, d’un Ministère des questions féminines, a-t-il expliqué. Cependant, le représentant a mis l’accent sur l’un des défis majeurs auxquels sera confronté son pays au cours des décennies à venir, à savoir le vieillissement de la population. Il nécessitera en effet des programmes d’appui sociaux ainsi que des programmes de soins de santé adéquats, a estimé le représentant.
Mme MARIA JOSE ARGANA MATEU, Ministre de la condition féminine du Paraguay, a estimé que l’application du programme d’action du Caire était une étape fondamentale dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement. Rappelant l’engagement de son pays en ce sens, elle a détaillé les nombreuses initiatives du Paraguay pour mettre en œuvre les recommandations de la Conférence internationale pour la population et le développement. Mme Mateu a expliqué qu’au fil des années, le Paraguay avait pris différentes mesures visant à lutter contre la discrimination et la violence au foyer, promouvoir l’égalité des sexes et assurer le développement de la santé reproductive en lui offrant un cadre juridique approprié.
La Ministre a également évoqué les efforts entrepris par son pays pour lutter contre le VIH/sida et améliorer la qualité de vies des personnes infectées. Remarquant que le Paraguay était relativement épargné par la pandémie, elle a affirmé que la contagion augmentait néanmoins constamment, particulièrement chez les femmes. Mme Mateu a également souligné les progrès réalisés dans le domaine de l’enseignement, expliquant que l’éducation sexuelle faisait désormais partie de la formation scolaire.
M. ALEX KAMUGISHA, Ministre de la santé de l’Ouganda, a indiqué que depuis le Caire son pays avait établi une politique d’ensemble pour le développement durable. La politique de santé du Gouvernement ougandais a, depuis 1994, encouragé une approche en matière de soins de base qui favorise les plus démunis, a-t-il souligné. Le Ministre a ajouté que le concept de santé génésique avait pris racine dans son pays. Ce concept a été défini comme un programme prioritaire, a-t-il affirmé, précisant que son Gouvernement continuait d’accroître son financement. En Ouganda, a-t-il poursuivi, nous avons reconnu le rôle complémentaire que peuvent jouer les organisations de la société civile, en particulier les organisations non gouvernementales (ONG) et les institutions culturelles, et nous avons travaillé avec elles de même qu’avec des partenaires pour le développement, comme le FNUAP, pour appliquer des programmes visant au bien-être de notre population.
M. Kamugisha a fait état des progrès réalisés dans son pays grâce à ces efforts combinés. Par exemple, la pandémie de VIH/sida a enregistré un relatif déclin rapide, de 30% en 1992 à 6,2% actuellement. S’agissant de l’égalité des sexes, l’Ouganda a impliqué des femmes dans différents domaines de la gouvernance, a-t-il ajouté. Ainsi, au Parlement, 24% des sièges sont occupés par des femmes, tandis que 25% du Cabinet est constitué de femmes. Malgré ces réalisations, l’Ouganda est confronté à des défis sérieux comme bon nombre d’autres pays en développement, comme en Afrique sub-saharienne, a affirmé le Ministre, citant, par exemple, les forts taux de mortalité infantile et maternelle, respectivement de 88 pour 1 000 et de 505 pour 100 000.
Mme NICOLE AMELINE, Ministre de la Parité et de l’Égalité professionnelle de la France, a estimé que la Conférence du Caire avait constitué un tournant important dans les politiques démocratiques. Elle a fait part de l’engagement de son pays dans ce domaine, avec notamment l’organisation, les 18 et 19 octobre prochains, à Strasbourg, de la Conférence internationale des parlementaires sur l’application du Programme d’action du Caire. Prenant acte de certains avancées et saluant l’action du Fonds des Nations Unies pour la population, elle a cependant estimé qu’il fallait rester vigilent, compte tenu de résultats qu’elle a jugés « très contrastés selon les pays ». « Dans certains cas, hélas trop nombreux, on n’a observé aucune évolution favorable, en raison de blocages politiques, idéologiques et religieux », a-t-elle ajouté.
Mme Ameline s’est félicité du prix Nobel de la paix décerné à Mme Wangari Maathai et a souligné la « formidable énergie déployée par les femmes africaines ». Elle a proposé aux Etats membres de créer un « Partenariat pour Pékin » à l’occasion du dixième anniversaire, en mars 2005, de la Conférence mondiale de Pékin sur les femmes. La France, a-t-elle conclu, est déterminée à faire des défis de ce nouveau siècle non seulement un progrès pour nos sociétés et pour nos démocraties, mais aussi un progrès pour l’humanité.
M. CHAUDHRY SHAHBAZ HUSSAIN, Ministre de la population du Pakistan, a estimé que les problématiques de la population et du développement étaient interdépendantes. Les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploi, de la promotion du statut de la femme et de l’environnement dépendent également fortement de ces problématiques, a-t-il remarqué. Expliquant que si les caractéristiques démographiques du Pakistan restaient inchangées, il lui faudrait près de 60 à 70 ans pour stabiliser sa population. Il a affirmé l’attachement de son pays à réaliser les recommandations de la Conférence internationale pour la population et le développement.
Remarquant que la pression démographique avait nui au développement socioéconomique du pays lors des dernières décennies, il a indiqué que le Pakistan s’attelait à réduire la croissance rapide de la population, notamment en proposant des services de santé reproductive et de planning familial de haute qualité. L’accès universel à l’éducation permettrait également d’avancer en ce sens, a-t-il estimé. M. Hussain a par ailleurs souligné que la poursuite des recommandations de la CIPD nécessitait des ressources qui n’étaient pas toujours disponibles, et a enjoint la communauté internationale à prendre des mesures à cet égard.
Mme ADELINE MAGLOIRE CHANCY, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes d’Haïti, a estimé que l’équilibre qui doit exister entre la population et l’environnement passait par la solution de grands problèmes qui sont d’actualité comme la faim et la pauvreté sans pour autant minimiser les autres problèmes politiques et sociaux, Haïti étant à cet égard un exemple. Le pays est actuellement en butte à une crise de société multidimensionnelle, a-t-elle rappelé: sociale, économique, politique, environnementale, sanitaire, etc. Il est impératif que le Gouvernement haïtien prenne toutes les mesures nécessaires pour freiner la dégradation de l’environnement et améliorer considérablement les conditions de vie de la population, a assuré la Ministre. Selon elle, un effort particulier s’impose pour permettre aux jeunes filles et aux femmes de jouer pleinement leur rôle et d’être des actrices à part entière dans la recherche et la mise en œuvre des solutions visant le développement du pays.
La Ministre a affirmé que les multiples crises politiques et économiques qu’Haïti a connues ont fait obstacle à la pleine mise en œuvre du Programme d’action du Caire, notamment l’accès aux services de santé et d’éducation de base, et la prévention de la violence faite aux femmes. Elle a précisé que le Gouvernement de transition, qui a, entre autre, pour mission de conduire le pays vers des élections libres, honnêtes et démocratiques en 2005, avait défini quatre axes stratégiques, intégrant une approche « genre », dans son Cadre de coopération intérimaire (CCI) pour la période 2004-2006.
M. MAMADOU SIDIBE, Ministre du Plan et du Développement du Sénégal, a estimé que, 10 ans après la Conférence du Caire, les résultats restaient « bien en deçà des engagements pris ». Il a souligné les disparités entre régions, mais également entre couches sociales au sein d’un même pays. Il s’est félicité du « diagnostic sans complaisance » établi en juin dernier à Dakar lors de la Conférence ministérielle régionale de revue pour le continent africain. La rencontre, a-t-il poursuivi, a permis de souligner la nécessité de renforcer dans chaque pays les programmes nationaux concernant notamment la promotion du statut de la femme, la santé de la reproduction des adolescents;la baisse de la mortalité maternelle et infantile, ou encore la maîtrise de l’urbanisation anarchique.
M. Sidibé a insisté sur l’appui international indispensable à la réalisation conjointe des objectifs du Caire et du Millénaire pour le développement. Il a cependant ajouté que la réussite dépendait aussi d’un effort national constant soutenu par une politique clairvoyante. Il a souligné à cet égard les programmes de santé de la reproduction et de lutte contre le VIH/sida mis en œuvre dans son pays.
M. BEXULTAN TUTKUSHEV (Kazakhstan) a souligné l’importance des conclusions de la Conférence internationale pour la population et le développement, et a indiqué que son pays, comme de nombreux autres États Membres, s’était livré à des réformes de grande ampleur pour réaliser ces recommandations. À cet égard, il a évoqué les efforts entrepris par le Kazakhstan en matière de développement, afin de réduire la mortalité maternelle et infantile et de promouvoir l’accès à la santé reproductive. Il a également mis en exergue le rôle croissant que jouent les organisations non gouvernementales dans la vie politique et sociale du pays.
Les problèmes restent cependant encore nombreux, a remarqué M. Tutkushev. Ainsi, il a expliqué que les femmes n’avaient pas accès au même niveau de salaire que les hommes et étaient sous-représentées politiquement. Il a également observé que la mortalité infantile était encore élevée dans certaines régions du Kazakhstan, qui souffraient par ailleurs d’un taux d’infection élevé du VIH/sida. Il faut dès lors redoubler d’efforts pour surmonter ces difficultés liées au développement, et a estimé que la mise au point d’une stratégie à long terme en matière de population était une étape importante en ce sens.
M. ALFREDO CHUQUIHUARA, Envoyé spécial du Gouvernement du Pérou, a estimé que le Programme d’action de la CIPD avait constitué un véritable virage pour les politiques de population. Il a jugé important de se concentrer sur la mise en œuvre du Programme d’action pour les 10 années à venir si l’on veut atteindre les Objectifs du Millénaire. Il a également souligné l’importance du rôle joué par la société civile dans la participation à la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD.
M. Chuquihuara a affirmé que le Pérou était confronté au défi majeur de la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales qui concernent 54% de la population. Le Pérou reconnaît que si des progrès ont été réalisés au cours des 10 dernières années, ils ne sont pas ceux escomptés, a-t-il ajouté, précisant que beaucoup restait à faire. Il a ainsi lancé un appel à la communauté des donateurs pour qu’elle aide financièrement le pays à atteindre ses objectifs.
M. WANG GUOQIANG, Vice-Ministre de la population nationale et de commission de la planification familiale de la Chine, a souligné le lien entre les Objectifs de la Conférence du Caire et ceux du Millénaire pour le développement. Il a fait état des progrès réalisés par son pays dans leur mise en œuvre. Les politiques de planning familial et de santé reproductive respectent l’équilibre entre le développement socioéconomique, la croissance de la population et la préservation des ressources environnementales, a-t-il assuré. Il a indiqué que le taux de fécondité de la Chine avait diminué au cours de la décennie passée, tandis que l’éduction sexuelle et la santé reproductive avaient enregistré des avancées. Il a indiqué que son pays avait atteint les objectifs en matière de croissance démographique avant même la date fixée.
M. WANG a cependant estimé qu’il restait encore de nombreux défis à relever. Il a notamment cité le vieillissement de la population, la lutte contre le VIH/sida ou les difficultés pour le planning familial d’atteindre les régions les plus reculées. Il a expliqué que, pour relever tous ces défis, la Chine avait élaboré une stratégie scientifique accordant la priorité à l’être humain afin de promouvoir un développement durable.
Mme JEAN BENJAMIN, Vice-Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a souhaité s’associer à la déclaration du Qatar, qui s’était également exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Elle a rappelé que les droits de la femme à la santé reproductive, l’égalité des sexes, le développement et la protection des enfants restaient d’une importance cruciale, et que l’Afrique du Sud était déterminée à mettre en oeuvre les recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement.
Mme Benjamin s’est félicitée des progrès réalisés à travers le monde au cours de la dernière décennie dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de la promotion des droits de la femme, de la santé reproductive et du développement durable, mais s’est inquiétée de constater que de nombreux pays en développement ne seront probablement pas en mesure d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Expliquant que l’Afrique du Sud disposait aujourd’hui d’une constitution qui garantissait les droits de l’homme et l’égalité des sexes, elle a remarqué que cet état de fait avait permis d’améliorer significativement l’instruction et le niveau de vie de sa population. De nombreux défis, comme la lutte contre la pandémie du VIH/sida, demeurent, a-t-elle estimé, soulignant notamment l’importance de la santé reproductive dans ce combat.
Mme SAFAA EL-BAZ, Vice-Ministre de la santé et de la population de l’Égypte, a souligné que son pays avait bien des raisons d’être fier de participer à cette commémoration, en premier lieu parce qu’il avait accueilli la Conférence, ensuite du fait des résultats obtenus par l’Égypte dans la mise en œuvre du Programme d’action, lesquels, a-t-elle précisé, peuvent servir d’exemple. Le consensus dégagé au Caire a permis des changements qualificatifs dans les domaines des politiques en faveur des populations, a estimé la Ministre.
Malgré les succès obtenus dans la mise en œuvre du Programme d’action, de nombreux défis persistent et de nombreuses difficultés restent à surmonter, notamment en matière d’assistance technique, a-t-elle dit. L’Égypte, a-t-elle poursuivi, en dépit des contributions de plusieurs organisations régionales, d’institutions de donateurs ou du secteur privé, a toujours besoin de ressources et d’assistance technique supplémentaire. Des éléments conservateurs ont joué le rôle de ralentisseurs dans l’application de mesures touchant à la planification de la famille et l’autonomisation des femmes, a-t-elle également noté.
Mme SUMARJATI ARJOSO (Indonésie) a remarqué que les objectifs de planification familiale et de santé reproductive étaient étroitement liés à la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement. Plutôt que de focaliser uniquement sur les questions démographiques, l’Indonésie prône une politique de population centrée sur le développement de l’être humain et de la famille qui vise à changer les attitudes à l’égard de la reproduction, a-t-elle expliqué, indiquant qu’une attention toute particulière était portée à la réduction de la pauvreté, pierre angulaire de l’effort de développement.
Mme Arjoso a affirmé que le planning familial constituait une partie intégrale du programme de santé reproductive du pays. Elle s’est félicitée de l’importance croissante dont jouissait la femme au sein de la société indonésienne, ce qui se traduisait par un meilleur accès à l’éducation et une plus grande espérance de vie. L’enseignement, a-t-elle fait remarquer, permet de réduire les grossesses non désirées, ainsi que la propagation du VIH/sida. Enfin, elle a estimé que le suivi des conclusions de la Conférence internationale pour la population et le développement reposait sur une coopération internationale, et a rappelé l’engagement de l’Indonésie à mettre en œuvre ces recommandations.
M. FRANK MWENIFUMBO (Malawi) a évoqué l´attachement de son pays à l´application du Programme d´action de la Conférence internationale pour la population et le développement. Nous tenons à améliorer la qualité de vie de notre peuple, aussi sommes-nous alignés sur toutes les conventions régionales et internationales, a-t-il déclaré. Mettant l´accent sur le développement socioéconomique, il a rappelé que le Malawi avait adopté une politique nationale pour la population, une stratégie de réduction de la pauvreté et une politique sur le développement qui s’attaque aux discriminations à l´encontre des femmes.
Le Malawi a accru sa collaboration avec les organisations non gouvernementales et s´est efforcé de décentraliser ses politiques pour une meilleure efficacité, a-t-il affirmé.
Le représentant a ensuite souligné que son pays était gravement affecté par la pandémie du VIH/sida. Le taux de mortalité maternelle a augmenté et l´espérance de vie à la naissance, est passée de 43 ans en 1996 à 39 ans en 2000. En dépit des progrès enregistres, 16% des Malawiens âgés de 15 à 49 ans sont affectés par la pandémie du VIH/sida. Il a ensuite affirmé que son pays allait intensifier ses efforts, notamment en matière d’éducation des filles et de prise en compte des effets négatifs de certaines traditions. Le Malawi ne peut agir seul et il demande donc respectueusement à ses partenaires d´accroître leur aide, a déclaré le représentant. Il a enfin rappelé que son pays présidait actuellement le Forum sud-africain pour la population et le développement (SAFPAD) et qu’il était toujours prêt à partager son expérience aux niveaux international et régional.
M. MAM BUNHENG, Secrétaire d’État auprès du Ministre de la santé du Cambodge, s’est félicité de la nouvelle approche adoptée il y a 10 ans par la communauté internationale, consistant à envisager pour la première fois les politiques traditionnelles de planification familiale dans le cadre plus large des droits et de la santé reproductive. Parmi les objectifs de la Conférence du Caire, c’est dans la lutte contre le VIH/sida que le Cambodge s’est particulièrement illustré, a-t-il expliqué. Le taux de prévalence est ainsi passé de 3,3% de la population en 1997 à 2,6% en 2002, a-t-il indiqué, ce qui place le Cambodge parmi les trois seuls pays à avoir inversé la courbe des infections par le VIH.
Parmi les autres réalisations de son pays, il a notamment cité le Plan stratégique pour la santé 2003-2007, qui se fixe pour objectif de diminuer la mortalité maternelle et infantile et de donner les moyens à chacun de faire ses choix en connaissance de cause. La jeunesse, qui représente une large proportion de la population cambodgienne, a fait l’objet d’une attention particulière, notamment dans le domaine de l’éducation et de la prévention du VIH/sida, a-t-il ajouté. Ces réalisations n’auraient pu être obtenues, a-t-il dit, sans le soutien de partenaires extérieurs, et notamment le FNUAP, qui, a-t-il rappelé, a ouvert un bureau à Phnom Penh en 1994. En conclusion, il a noté que le Cambodge était encore loin d’avoir rempli les objectifs du Caire et il a appelé la communauté internationale à renforcer son aide.
M. E. AHAMED, Ministre d’État des affaires extérieures de l’Inde, a estimé que la CIPD avait eu un impact profond sur la politique de l’Inde liée à la stabilisation de la population. Les engagements sont pleinement reflétés dans la politique nationale de l’Inde, a-t-il souligné. Une politique complète, fixant 14 objectifs sociodémographiques et plusieurs stratégies opérationnelles, a été unanimement soutenue par le Parlement indien, a-t-il ajouté.
La politique de l’Inde en matière de population repose notamment sur la reconnaissance du droit de toutes les femmes à décider elles-mêmes du nombre d’enfants qu’elles désirent. Les progrès de l’éducation ont contribué à la réduction de la fertilité et des taux de morbidité et de mortalité, a-t-il ajouté, précisant que l’éducation avait également permis l’accès à l’information. Le Ministre a regretté par ailleurs le manque d’assistance et de soutien qui avait été promis aux pays en développement pour les aider à réaliser leurs objectifs.
M. MAESH SINGH (Canada) a jugé déplorable de constater que dans de nombreuses régions, les besoins de base concernant la santé reproductive, surtout chez les femmes et les adolescentes, n’étaient pas satisfaits. À preuve, a-t-il dit, les taux incroyablement élevés de mortalité maternelle et de morbidité, de maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida, et de grossesses non planifiées. Tout cela peut avoir des conséquences catastrophiques pour les femmes et les adolescentes, ainsi que pour leurs enfants, leurs communautés et les prochaines générations. Selon lui, il est essentiel de remettre en question l’approche « ABC » adoptée pour prévenir la propagation du VIH/sida, une approche qui ne répond pas nécessairement, a-t-il dit, aux besoins urgents des femmes de jouir de leurs droits, ou encore de leur donner les outils requis pour se protéger contre le VIH/sida et d’autres maladies.
Le représentant a en outre considéré que sans un engagement politique et financier important et soutenu de la part des pays développés aussi bien que des pays en développement, il sera impossible d’atteindre les objectifs mondiaux de développement et de réduction de la pauvreté figurant dans les OMD, ou pareillement, de remplir les engagements figurant dans le Programme d’action de la CIPD. Nous devons continuer à trouver de nouvelles façons de générer des ressources supplémentaires pour atteindre les objectifs de la CIPD, a-t-il ajouté.
Mme CONNIE TARACENA SECAIRA (Guatemala) a rappelé que son pays faisait partie de ceux qui, en 1994, avaient participé à la Conférence internationale sur la population et le développement. Depuis 10 ans, le Guatemala a fait des progrès notables dans la mise en œuvre des engagements prévus par le Programme d’action, et ce dans le cadre de l’Accord de paix conclu au Guatemala en 1996 et de notre Constitution, a indiqué la représentante. Poursuivant, elle a expliqué que, au cours des dernières années, son pays avait consacré un effort important au développement social, à la santé, à l’éducation et à l’environnement. Cet effort a été consécutif à la fin des affrontements armés dans le pays, qui avaient eu pour effet de briser l’unité de la famille traditionnelle et d’accroître la pauvreté.
Au chapitre des avancées les plus significatives en matière sociale, la représentante a mentionné, entre autres, les soins de santé visant à la prévention et au traitement des maladies touchant les mères et les nouveau-nés, l’amélioration des conditions d’accès des enfants à l’éducation, ou encore la promotion des femmes aux postes de décisions.
En conclusion, la représentante a déclaré que son pays maintenait sa position contre l’avortement, cette position s’expliquant selon elle « par la croyance en le fait que la vie commence au moment de la conception, ce que dispose l’Article 3 de notre constitution.»
M. PETER MAURET (Suisse) a souligné que le Programme d’action du Caire avait changé la conception des questions de population et de démographie. Il a élargi la notion de planification familiale à la santé reproductive et à tout ensemble de droits génésiques, notamment le libre choix en matière de contraception et de nombre d’enfants, a-t-il expliqué. Cependant, a-t-il poursuivi, il reste encore beaucoup à faire pour garantir pleinement les droits génésiques et la santé reproductive, ce qui inclut l’accès aux services de santé reproductive pour tous: hommes, femmes et adolescents. Il est en effet parfaitement inacceptable que plus de 500 000 femmes meurent en couche chaque année, alors que ces décès pourraient être évités, a estimé le représentant.
Il est en outre notre devoir d’assurer la diffusion de l’information sur la contraception et de faire tout notre possible pour protéger les femmes et les hommes des maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH/sida, a déclaré M. Maurer. À ce titre, il faut prendre en compte et respecter le milieu socioculturel dans lequel s’inscrit cette action. Aux yeux de la Suisse, il est essentiel d’établir les liens entre les droits universels et les valeurs morales et culturelles, pour que les droits universels soient mieux respectés et prennent la place qui leur est due dans la vie quotidienne de chacun.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a réaffirmé l’engagement de son pays à promouvoir le bien-être des femmes et de leurs familles à travers le monde. Remarquant que la mortalité maternelle, la pauvreté et la maladie demeuraient problématiques dans de nombreux pays, il a également indiqué que le nombre de personnes atteintes du VIH/sida était passé de 14 à 38 millions lors de la dernière décennie. M. Siv a rappelé que les États-Unis jouaient un rôle important dans la lutte contre la pandémie, tant au niveau du traitement que de la prévention du virus. À cet égard, il a estimé que le changement de comportement –en encourageant notamment l’abstinence et la fidélité– constituait une étape centrale de la lutte contre le VIH/sida.
Le représentant a par ailleurs jugé qu’il était important d’interpréter clairement les recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement en matière de santé reproductive, indiquant notamment que rien dans le Programme d’action de la CIPD ne légitimait le recours à l’avortement. Comprenant que les États n’abuseraient pas du Programme d’action dans ce sens, il a réaffirmé le soutien des États-Unis à son égard.
M. LAZARUS AMAYO (Kenya) a souhaité s’associer aux remarques émises par le Qatar, qui s’était exprimé plus tôt dans la journée au nom du Mouvement des pays non alignés. Reconnaissant le lien indissociable entre démographie et développement durable, tel qu’exprimé lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), il a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en oeuvre les recommandations de la Conférence, et a estimé que le consensus du Caire ne devait être ni réouvert ni renégocié.
Les questions de population et de santé reproductive font partie intégrante de la lutte contre la pauvreté, a remarqué M. Amayo, indiquant que le problème avait été exacerbé par la faim et la pandémie du VIH/sida. Il a donc conclu que les recommandations de la CIPD et les Objectifs du Millénaire pour le développement devaient être poursuivis simultanément. L’atteinte de ces objectifs, a-t-il développé, dépendra de l’efficacité avec laquelle le VIH/sida sera combattu, remarquant que cette pandémie avait annihilé le développement économique et social de l’Afrique subsaharienne des dernières décennies. À cet égard, il a tenu à encourager les pays développés à consacrer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’aide au développement.
M. KAZUO SUNAGA (Japon) a constaté que la Conférence du Caire avait marqué un tournant dans la perception des question de population, en passant d’une approche de contrôle démographique macroscopique à une vision centrée sur l’homme et respectant les droits individuels. Dix ans plus tard, de nombreux défis doivent encore être relevés, a-t-il constaté, en rappelant que 1 000 femmes mouraient chaque jour pendant leurs grossesses ou lors d’un accouchement. Quatre des huit objectifs du Caire concernent la santé maternelle ou infantile, a-t-il relevé, en indiquant que le Japon consacrait 20% de son aide à ce secteur. L’éducation des filles et l’égalité entre hommes et femmes sont deux autres priorités du Japon, a-t-il poursuivi. À cet égard, il a cité la Conférence organisée par son pays à Khartoum (Soudan) en 2003 sur les mutilations génitales dont les femmes sont victimes.
Le représentant a expliqué que la « sécurité humaine » était l’un des piliers de la politique étrangère du Japon. Il s’est dit conscient de la sensibilité de la question de la population, qui touche aux choix les plus intimes des individus et aux valeurs culturelles et traditionnelles de chaque société. Il a également estimé que c’était une question essentielle pour les droits de l’homme et le développement. C’est la raison pour laquelle, a-t-il conclu, il est crucial que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire repose sur un partenariat non seulement entre pays développés et pays en développement, mais aussi entre les sociétés civiles, les organisations internationales et les citoyens.
Mme IRINA ZBARSKAYA (Fédération de Russie) a fait part du phénomène de dépopulation qui avait caractérisé son pays depuis 10 ans. Cette tendance, a-elle ajouté, s’explique par la baisse de la fécondité, l’accroissement de la mortalité, ainsi que la propagation, comme dans les autres pays développés, du modèle familial avec un seul enfant. Pour enrayer cette tendance, le Gouvernement de la Fédération de Russie a lancé un programme national jusqu’en 2015, a-t-elle dit, visant à améliorer l’état de santé général de la population, à augmenter l’espérance de vie, à réduire les décès évitables, notamment chez les hommes en âge de travailler, ou encore à faciliter l’éducation et l’information. Elle a salué à cet égard la diminution d’un tiers de la mortalité maternelle.
La représentante a cependant estimé que l’état de santé général des Russes était loin d’être satisfaisant et que les mesures prises n’avaient pas toujours été efficaces. Elle a cité la diminution de l’espérance de vie et un taux de mortalité maternelle plus de deux fois supérieur à la moyenne des pays développés. L’avortement est la première cause de mortalité maternelle, a-t-elle expliqué, ajoutant que c’était aussi la principale méthode de contrôle des naissances, une femme sur cinq seulement ayant recours à la contraception. Elle s’est inquiétée par ailleurs de la progression du VIH/sida, dont elle a précisé qu’il affectait particulièrement les toxicomanes. Elle a enfin insisté sur l’impact positif que peuvent avoir les migrations internationales pour inverser les tendances démographiques négatives et le vieillissement de la population. Elle a cependant estimé indispensable, dans un contexte de propagation du terrorisme international, d’améliorer le recueil et l’échange d’informations sur les flux migratoires.
M. JOHAN LOVALD (Norvège) a considéré très encourageant de voir que toutes les régions du monde réaffirment leurs engagements au Programme d’action du Caire. Il résulte du rapport annuel sur l’état de la population mondiale que des étapes significatives ont été franchies pour assurer le suivi du Programme, a-t-il relevé. Si l’on doit se concentrer sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, il faut aussi, à ses yeux, intensifier les efforts pour atteindre les engagements pris au Caire. S’agissant de l’égalité des sexes, il a affirmé qu’elle est nécessaire pour que l’accès aux services de santé reproductive soit universel, pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement durable. Le combat contre le VIH/sida est lié à la santé reproductive et sexuelle, a-t-il ajouté, rappelant qu’il fallait faire face à la génération jeune la plus grande de toute l’histoire. Pour M. Lovald, le travail des organisations de la société civile dans ce domaine constitue une part indispensable des efforts de chaque pays. La Norvège réitère son engagement en faveur du Programme d’action du Caire, a insisté le représentant, en prévoyant notamment d’augmenter l’aide publique au développement. Il a aussi mis l’accent sur la priorité donnée à l’éducation, notamment des filles.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a estimé que la croissance de la population restait une question vitale pour le développement. Il a indiqué que son pays, qui a 135 millions d’habitants, avait réussi à s’attaquer au problème de la population grâce à une politique sociale et économique appropriée. Le Bangladesh a concentré ses efforts sur la communication pour changer les comportements, promouvoir le choix des contraceptifs, l’égalité des sexes, améliorer l’accès aux services d’urgence de soins obstétriques. Depuis plus de 10 ans, l’éducation est une des priorités les plus importantes en matière budgétaire, a-t-il ajouté.
La mise en œuvre totale du programme de la Conférence du Caire est la condition sine qua non de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a souligné le représentant. Faute de ressources suffisantes, le Bangladesh n’a pu remplir les objectifs du Programme d’action de la CIPD, a-t-il affirmé, lançant un appel à la communauté internationale pour qu’elle honore ses engagements en matière d’assistance.
M. MOHAMED LATHEEF (Maldives) a expliqué que son pays traverse une phase de développement économique et social sans précédent. Les Maldives ne connaîtront sans doute jamais une population adolescente aussi nombreuse, a-t-il indiqué. M. Latheef a précisé que la plus grande préoccupation du pays à l’heure actuelle est d’élargir le marché de l’emploi, grâce à la croissance économique, tout en fournissant aux adolescents des formations adaptées. Il a ensuite attiré l’attention sur les difficultés inhérentes à la géographie de son pays, constitué de 200 îles, telles que la fourniture de services de santé dans des délais et avec un coût raisonnable. La malnutrition est aussi un des problèmes majeurs que connaît la population des Maldives, ce qui constitue une des grandes priorités du pays.
Le représentant a fait part d’un autre problème qui concerne l’écart qui se creuse entre les populations urbaines et rurales. Pourtant, les Maldives ont pu améliorer de façon significative la qualité de vie de leurs citoyens au cours des dernières décennies. M. Latheef a apprécié la contribution et le soutien des Nations Unies en matière de développement. Il a spécialement remercié ses partenaires en matière de développement et le système de l’ONU pour le soin avec lequel ils s’attaquent à la question de la croissance socioéconomique. Les Maldives restent impliquées dans la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, a-t-il affirmé.
M. TE MÄNGAI O AOTEAROA (Nouvelle-Zélande) a rappelé que les droits relatifs à la population et à la santé reproductive figuraient parmi les sujets les plus sensibles, touchant aussi bien aux droits de l’homme qu’au développement plus généralement. Rappelant l’importance de la Conférence sur la population et le développement s’étant tenue au Caire en 1994, le représentant a précisé que son pays avait ratifié récemment la Déclaration des dirigeants du monde entier concernant cette conférence. Regrettant l’application encore trop limitée des droits à la santé reproductive dans certaines parties du monde, il a reconnu que la pandémie VIH/sida avait continué de se répandre, notamment dans la zone pacifique et qu’une certaine discrimination due à l’orientation sexuelle, au statut marital ou à un manque de moyens financiers, empêchait encore l’accès à l’information sur ces questions.
Le représentant a tenu à préciser que son pays apportait un soutien financier accru au Fonds des Nations Unies pour la population et exhorté les États à le suivre dans cet effort. Reconnaissant que « les néo-zélandais montraient une certaine réticence à évoquer ces sujets », il a expliqué que son pays avait connu une augmentation de grossesses non planifiées, des avortements et des maladies sexuellement transmissibles mais a ajouté que nombre de programmes étaient mis en place avec pour but d’éduquer la population, en particulier les femmes. Il a rappelé que lors d’une consultation électorale l’an dernier, la population avait sans ambiguïté fait savoir qu’elle souhaitait un contrôle des nouveau-nés. Le représentant a enfin appelé à une application exhaustive des engagements pris au Caire il y a 10 ans.
M. PAK GIL YON (République démocratique populaire de Corée) a espéré que cette rencontre serait l’occasion de réaffirmer l’engagement politique des États Membres à résoudre les problèmes de population. Estimant que l’insuffisance des services de santé reproductive, la propagation du VIH/sida et la pauvreté étaient autant d’entraves à la résolution de ces problèmes, il a affirmé que chaque pays se devait d’avoir une politique spécifiquement consacrée aux questions de la population et de l’élimination de la pauvreté, en fonction de sa situation propre.
M. Gil Yon a indiqué que l’environnement régional était propice au règlement de ces problèmes, et qu’il fallait donc respecter la souveraineté des pays et le principe de non-ingérence pour leur permettre de mener activement cette tâche. À ce sujet, il a estimé que tout régime de sanction devait être abandonné. La création d’un ordre économique international juste, de même que l’engagement des pays développés à consacrer 0,7% de leur produit national brut, contribuerait substantiellement à la résolution des problèmes de population, a-t-il conclu.
M. MEYNARDO MONTEALEGRE (Philippines) a affirmé que la politique de la population de son pays avait connu un changement depuis la Conférence du Caire, et fait partie de la politique de développement humain. Des progrès significatifs ont été également réalisés dans le domaine législatif, notamment avec l’adoption en 2004 d’une loi contre les violences contre les femmes et les enfants. Le représentant a indiqué que les organisations non gouvernementales (ONG), le secteur privé et d’autres secteurs de la société civile avaient apporté une part active dans les efforts en faveur de la santé reproductive.
Les Philippines restent confrontées à des défis sociaux et économiques important, a-t-il ajouté. Il a néanmoins estimé que le succès de la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD dépendrait aussi de la coopération internationale, surtout pour les pays qui ne disposent pas des ressources nécessaires.
M. M. BASSAM AL SIBAI (République arabe syrienne) a indiqué qu’une section consacrée à la population avait été intégrée dans le plan quinquennal de son pays. Il a cité, parmi les efforts engagés par son gouvernement, la création de prêts pour les jeunes installés en zone rurale, l’aide à la création de microentreprise pour les femmes, le droit des femmes à l’héritage, y compris pour les fonds de retraites, l’augmentation du nombre de femmes au sein du Gouvernement et leur plus large association à la prise de décision. En ce qui concerne la santé reproductive, il s’est félicité de l’amélioration des infrastructures et du meilleur accès à l’information.
Le représentant a fait part des résultats déjà obtenus, avec la baisse du taux de croissance démographique et de la mortalité maternelle, ou encore la hausse du taux de scolarisation. Il a cependant rappelé que la croissance démographique restait très élevée ce qui constitue, a-t-il dit, en citant son Président, un frein au développement économique. Il a enfin indiqué que son pays avait augmenté sa contribution au Fonds des Nations pour la population.
Les femmes, a déploré le représentant, ne jouissent pas de tous leurs droits dans le monde, et elles ne peuvent donc pas contribuer pleinement au développement de leurs sociétés. Il s’est par ailleurs inquiété des migrations continues qui affectent sérieusement les ressources humaines du pays. Il a estimé que la question des migrations devrait être un sujet de préoccupation pour la communauté internationale tout entière. Il a enfin regretté l’insuffisance des ressources disponibles pour réaliser les objectifs du Caire et du Millénaire et a lancé un appel à plus de coopération internationale sur ce sujet.
M. FERMIN TORO JIMENEZ (Venezuela) a réitéré l’engagement de son pays à mettre en œuvre des politiques et des programmes relatifs au Plan d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). Rappelant que la Constitution du Venezuela contenait des dispositions particulières relatives à la population, il a évoqué les différents efforts entrepris par son pays pour lutter contre la pauvreté et les inégalités, conformément au programme d’action de la CIPD mais également aux Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. Jimenez a expliqué que l’offensive de son gouvernement contre la pauvreté se faisait notamment en promouvant l’éducation, l’emploi et la nutrition. En pratique, il a indiqué que les exclus avaient accès à l’enseignement, les pauvres aux soins de santé et les chômeurs à une formation, affirmant que ces politiques avaient pour but de donner un nouvel élan au développement national. Il a d’ailleurs remarqué que l’espérance de vie au Venezuela était actuellement en hausse, et que 8% de la population jusqu’alors dans la pauvreté commençaient à en sortir.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a déclaré que le 10ème anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement donnait l’occasion à son pays de faire le bilan des progrès réalisés et du chemin qui restait à parcourir. Il s’est dit conscient de la nécessité de ne pas lier les politiques de population et les objectifs démographiques. La Malaisie a réussi à faire diminuer le pourcentage de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 17,1 à moins de 5% entre 1990 en 2003, et son objectif est de ramener ce taux à 0,5% d’ici 2005 dans le cadre du huitième Plan malais (2001-2005). S’agissant tout particulièrement de la situation des femmes, il a indiqué que 22 femmes siégeaient au Parlement. Les femmes représentent 46,5% des salariés de la fonction publique. La mortalité maternelle est actuellement de 30 pour 100 000 dans un pays où la durée de vie moyenne des femmes est de 75 ans. Leur taux d’alphabétisation est de 85% et elles représentent près de 70% des diplômés universitaires.
Le représentant a indiqué que le Ministère de la femme et du développement de la famille a été créé en février 2001 avec comme objectif de permettre la pleine participation de la femme au développement national. Le Plan d’action pour la promotion de la femme lancé en 1997 est actuellement réévalué alors que la Constitution fédérale vient d’être amendée afin d’éliminer toute discrimination fondée sur le sexe. La Malaisie a également pris plusieurs initiatives pour s’assurer que les services de planification familiales soient distribués dans le cadre plus large des politiques liées à la santé reproductive. En ce qui concerne, le VIH/sida, la Malaisie, où le premier cas à été reporté en 1986, a lancé une campagne nationale dès 1991 afin de dispenser une éducation sexuelle sexospécifiques et de prévenir la transmission de la maladie de la mère à l’enfant. En ce qui concerne la spécificité démographique de son pays, il a indiqué que les personnes âgées devraient constituer 9,5% des 33,4 millions d’habitants que devrait compter la Malaisie en 2020.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a fait part de sa préoccupation quant au retard dans la réalisation des objectifs fixés il y a 10 ans au Caire, particulièrement en Afrique, malgré les efforts fournis et sacrifices consentis par les pays concernés. Il a relayé l’appel lancé par le FNUAP quant à la nécessité de garantir le financement de l’agenda du Caire. Il s’est prononcé pour l’augmentation de l’aide publique au développement, pour l’établissement d’un système commercial juste et équitable, ainsi que pour une reconversion de la dette dans des projets sociaux et environnementaux. Il a par ailleurs souligné la nécessité d’accorder davantage d’attention à la problématique des migrations et de leur impact sur le développement. Il a proposé de convoquer une conférence internationale sur ce thème.
Le représentant a estimé que le but ultime du développement économique était d’assurer la promotion de l’homme et son épanouissement. Il a estimé que son pays avait beaucoup investi dans le développement humain, citant, par exemple, l’allongement de l’espérance de vie, qui est passée de 67 ans en 1967 à 73,2 ans aujourd’hui. Il a par ailleurs déclaré que la femme tunisienne avait « dépassé le cap de la revendication de ses droits fondamentaux pour se hisser au rang de partenaire à part entière, dans tous les domaines de la vie nationale ».
M. KODJO MENAN (Togo) a indiqué que depuis la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) en 1994, le Togo a réalisé des progrès notables dans l’application du Programme d’action du Caire. Le Gouvernement togolais s’est inspiré de ce dernier pour adopter une politique nationale de population en 1998, a-t-il précisé, qui est en parfaite harmonie avec les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a considéré qu’il est indispensable de lutter à la fois contre la mortalité maternelle et la mortalité infantile pour poursuivre l’amélioration du bien-être des populations. Le représentant s’est par ailleurs réjoui du rôle accru des ONG en faveur des populations du Togo. S’agissant des violences à l’égard des femmes, il a indiqué qu’une loi togolaise interdit les mutilations génitales féminines depuis 1998. Au Togo, les femmes sont de plus en plus nombreuses à diriger les organisations publiques et privées, a-t-il ajouté.
Pour la mise en œuvre des recommandations de la CIPD au Togo, le représentant a cité les politiques de population, de santé reproductive et du plan stratégique de lutte contre le VIH/sida. Il existe un Conseil national de lutte contre le VIH/sida présidé par le chef de l’État. Par ailleurs, le taux de scolarisation des filles est en nette croissance. Pour conclure, le représentant de Togo a lancé un appel à la communauté internationale pour un soutien financier accru en faveur du Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population, afin qu’il continue d’aider les pays concernés, en vue de la réalisation du programme d’action du Caire.
M. GUSTAVO DAJER (Colombie) a noté l’engagement de son pays en faveur de l’application des objectifs de la Conférence du Caire. La Colombie, a-t-il affirmé, est connue pour les progrès de sa transition démocratique. Les seuils du Caire y ont été dépassés, a-t-il ajouté, précisant notamment que l’espérance de vie avait progressé et que le taux de mortalité infantile était nettement inférieur à la moyenne mondiale.
M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a réaffirmé le ferme engagement de son pays envers le programme d’action de la Conférence sur la population et le développement qui s’est tenue au Caire en 1994. Rappelant les conclusions du Forum européen sur la population de janvier 2004 durant lequel ont été abordés les écarts spectaculaires d’espérance de vie au sein de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe mais aussi les problèmes de trafic humain, M. Yashar Aliyev a appuyé les conclusions du Forum demandant, notamment, une aide financière plus accrue pour faire face à ces problèmes.
En matière de développement, il a rappelé que son pays avait été très affecté par le conflit armé et que la crise économique qui l’avait accompagné avait entraîné une nette augmentation du taux de mortalité infantile. Il a tenu cependant à rappeler que son pays avait adopté une stratégie d’ampleur nationale et ainsi permis la mise en place de services de santé reproductive et l’introduction de nouveaux contraceptifs. En matière de migration, M. Yashar Aliyev a précisé que son pays avait mis l’emphase sur l’élimination des migrations illégales et la protection des droits des travailleurs immigrants, en procurant par exemple à ses ressortissants une assistance rapatriement. En matière de parité des sexes, il a insisté sur les actions de son gouvernement notamment à travers l’éducation des femmes, l’utilisation de services de santé reproductive et de la lutte contre les violences conjugales. Il s’est enfin félicité de la mise en place de tout un réseau de centres de planning familial en Azerbaïdjan.
M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a estimé que la Conférence du Caire avait marqué un tournant, en repoussant la notion de contrôle de la population, pour placer la population elle-même au centre de l’action. La CIPD, a-t-il ajouté, a initié des changements dans nombreux pays. Il a qualifié d’impressionnât, mais pas étonnant l’engagement des pays en faveur de la réalisation des objectifs du Caire, dont il a estimé qu’ils étaient étroitement liés aux Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a insisté sur la nécessité de débloquer des ressources supplémentaires, ajoutant que les droits et la santé reproductive resteraient lettre morte si de véritables systèmes de santé n’étaient pas mis en place. Il a rappelé l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement d’ici 2013, ainsi que le déblocage de 1,5 millions de livres pour la lutte contre le sida en Afrique. Il a par ailleurs annoncé une contribution supplémentaire de 10 millions de livres au budget du FNUAP.
Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a affirmé que la pauvreté généralisée demeurait le principal obstacle sur la voie du développement. Il constitue un frein à l’amélioration de la qualité de la vie de millions de personnes, en particulier des femmes. La pauvreté est liée à l’utilisation abusive des ressources et à une grave détérioration de l’environnement, a-t-elle notamment indiqué. Selon elle, l’élimination de la discrimination sociale et économique est une condition préalable à la lutte contre la pauvreté et à la croissance économique. Elle a également souligné l’importance des contributions des groupes régionaux dans le suivi des engagements découlant du Programme d’action du Caire.
Mme NORMA TAYLOR ROBERTS (Jamaïque) a estimé que la réalisation du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement étaient indissociables. Réaffirmant l’engagement de son pays à mettre en œuvre les recommandations de la CIPD, Mme Roberts a expliqué que ce processus avait été mis en place à l’aide de partenariats avec la société civile, les organisations non gouvernementales et le secteur privé. Ce partenariat a permis de déboucher entre autres sur le développement d’un plan d’éradication de la pauvreté et d’une politique nationale sur la jeunesse et le troisième âge, a-t-elle indiqué.
La représentante a également souhaité s’associer aux remarques du Qatar, qui s’était exprimé plus tôt au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et de la Barbade, au nom de la CARICOM. Elle a par ailleurs remarqué que l’insuffisance de ressources ne permettait pas toujours de prévenir adéquatement la propagation du VIH/sida, de remédier au manque de planning familial et d’inverser la tendance de mortalité maternelle dans les pays les moins développés. La mise en place du Programme d’action mérite encore plus d’attention de la part de la communauté des donateurs, a-t-elle conclu.
M. P. GANSUKH (Mongolie) s'est associé à la déclaration faite par le représentant du Qatar au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a souligné que 10 ans plus tôt, lors de la Conférence du Caire, 179 pays avaient reconnu que la population et le développement étaient interdépendants. Ils ont proclamé que donner du pouvoir aux femmes et répondre aux besoins en matière d'éducation et de santé constituent les conditions nécessaires à l'avancement des individus comme à un développement équilibré. Le représentant a ensuite évoqué les nombreuses conférences consacrées depuis à cette question. Le consensus international établi au Caire a ouvert la voie aux Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il avancé. Le rapport 2004 du FNUAP indique clairement que l'inclusion des questions liées à la population au sein des politiques de développement a nettement progressé au cours de cette période, a-t-il ajouté. Il a cependant souligné que nombre de pays manquaient encore de ressources humaines et financières, de structures institutionnelles, d'échanges d'informations et de technologies, ainsi que de partenariats.
M. Gansukh a ensuite rappelé que la population de Mongolie était dispersée sur un vaste territoire. Il a évoqué l'adoption d'une politique sur le développement de la famille en 2003 et d'une politique sur le développement de la population en 2004. Il a également cité un certain nombre de programmes nationaux qui appliquent les principes énoncés lors de la Conférence du Caire et a indiqué que son pays coopérait pleinement avec le bureau du FNUAP en Mongolie depuis 1992. Enfin il a déclaré que le premier rapport national sur l'application des Objectifs du Millénaire pour le développement venait d'être lancé dans son pays puis il a annoncé que son gouvernement venait de signer la Déclaration des dirigeants mondiaux.
M. MEHDI MIRAFZAL (République islamique d’Iran) a rappelé qu’une vie longue et digne représente l’un des désirs les plus anciens et des plus purs de l’humanité a déclaré que le Plan d’action du Caire adopté voilà 10 ans constitue la concrétisation de ce désir. Le troisième plan de développement de la République islamique d’Iran, qui va de 1999 à 2004, a fourni des possibilités de développement pour tous les citoyens du pays, une répartition géographique équilibrée de la population, une meilleure santé et le bien-être pour tous, a contribué à protéger l’environnement et à promouvoir le statut et la participation des femmes dans les activités politiques, sociales et culturelles, a affirmé le représentant. Il a ajouté que son pays, qui connaît l’impact négatif d’une croissance démographique excessive, est parvenu à mettre en place l’un des meilleurs systèmes de santé primaires de la région et a réduit les taux de fécondité de plus de 50% durant la décennie passée. En outre, nous avons n dépassé les objectifs fixés lors de la Conférence de 1994 sur la population et le développement, s’est félicité le représentant.
M. Mirafzal a rappelé l’importante contribution du Fonds des Nations unies pour la population dans la mise au point du Programme iranien de planning familial. L’assistance du FNUAP est venue compléter les programmes du Gouvernement dans la promotion de la santé reproductive et a renforcé les programmes actuels, a affirmé le représentant, qui a précisé que les fonds du FNAP ont été utilisés dans le cadre d’approches innovantes. Exprimant sa profonde gratitude au FNUAP, dont il a salué le rôle de soutien aux programmes nationaux de santé reproductive, le représentant a demandé que soient accordés à cet organisme des fonds et un soutien politique suffisants. Rappelant que l’objectif de mobilisation de 18,5 milliards de dollars pour 2005 représente un défi pour la communauté internationale, il a appelé celle-ci à se mobiliser au moins pour tenter de l’atteindre.
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a rappelé l’espoir qu’a suscité la Conférence du Caire. Il a noté que les objectifs définis à l’époque étaient essentiels à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Ghana, a-t-il expliqué, a révisé sa politique nationale sur les questions de population, qui datait de 1969, pour l’adapter au Programme d’action du Caire. Il a notamment cité l’intensification de la lutte contre le sida, constatant à cet égard que la prise de conscience de l’ampleur de la pandémie était désormais universelle mais que les changements des comportements étaient beaucoup plus longs à mettre en place. Il s’est félicité de l’amélioration de la qualité des services de santé dans son pays grâce à une meilleure formation du personnel de santé. Il a cependant regretté le départ à l’étranger du personnel le plus qualifié.
Le représentant a estimé que ces différentes mesures avaient déjà eu des effets positifs tels que la réduction du taux de fécondité et de mortalité infantile ou l’augmentation de l’âge moyen des femmes lors de la première naissance. Il a souligné la hausse du budget national consacré aux questions de population et a remercié les partenaires en développement du Ghana pour leur contribution. Il a conclu en insistant sur la nécessité de mobiliser les ressources suffisantes pour assurer la réussite du programme du Caire et en appelant les États Membres à accroître leur contribution au FNUAP.
M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en oeuvre le programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). Ce programme, a-t-il expliqué, conditionne la manière dont le gouvernement façonne ses politiques de santé sexuelle et reproductive. Il a cependant expliqué que la crise économique que traversait l’Uruguay depuis 2002 avait conduit à une augmentation de la pauvreté, qui touchait principalement les femmes et les enfants et conduisait les habitants à émigrer.
M. Paolillo a affirmé que son pays s’attelait à promouvoir les droits sexuels et reproductifs de sa population, et ce, sans aucun type de discrimination, en proposant des prestations gratuites en matière de planning familial, de santé reproductive, de prévention à l’égard du sida et de formation des adolescents à la sexualité. La coopération avec des organisations non gouvernementales et des instances internationales a été cruciale à cet effet, a-t-il estimé.
M. ALFRED DUBE (Botswana) a rappelé que la Conférence du Caire avait eu lieu au début du développement du concept de la mondialisation et constituait un premier élément de réponse à ce phénomène. Cette commémoration nous donne notamment la possibilité d’identifier les contraintes qui sont responsables de nos échecs, a-t-il souligné. Beaucoup de pays, en particulier ceux en développement, demeurent confrontés à des difficultés immenses pour mettre en œuvre les objectifs du Programme d’action de la CIPD, a-t-il constaté, notant que des ressources inappropriées et le manque de capacités continueraient de saper la mise en œuvre du Programme d’action.
Le représentant a affirmé en outre que son pays était parmi les plus touchés de l’Afrique subhaharienne par la pandémie de VIH/sida, laquelle menaçait même sa survie. La Conférence de 1994 a constitué un événement essentiel, tandis que son programme d’action est visionnaire, a-t-il conclu, précisant qu’il restait une priorité pour le Botswana.
Mme MARISOL NIETO (Équateur) a estimé que la grave crise économique et sociale qu’a connue son pays n’avait pas permis d’avancer suffisamment dans la réalisation des objectifs du Caire. Elle a ajouté que la crise avait conduit de nombreux uruguayens à partir à destination de pays plus accueillants. Elle a souligné que les pressions internationales pour le remboursement de la dette avaient retardé des décisions que le Gouvernement aurait pu prendre pour le bien–être de sa population. Elle a donc appelé la communauté internationale à mieux prendre conscience du fardeau que représente la dette pour les pays en développement. Elle a enfin appelé les États Membres à apporter leur soutien notamment financier, au Fonds des Nations Unies pour la population.
M. CESAR MAYORAL (Argentine) a expliqué que la grave crise économique qu’avait connue son pays fin 2001 l’avait conduit à mener une politique encore plus active en vue du développement social. Ces efforts, basés sur l’être humain et la famille, ont débouché sur un système plus équitable, accessible à l’ensemble de la population, a-t-il indiqué. M. Mayoral a affirmé que la réforme de la Constitution argentine de 1994 reconnaissait les principes des droits de l’homme, et rejetait par conséquent toute discrimination envers les femmes.
En matière de santé sexuelle et reproductrice, le représentant a indiqué que plusieurs politiques relatives à la santé sexuelle et la procréation responsable avaient été mises en place récemment. Ces dispositions stipulent entre autres que les droits sexuels font partie des droits de l’homme, a-t-il expliqué, et proposent des mécanismes visant notamment à réduire la mortalité maternelle et à rétablir l’égalité entre les sexes. M. Mayoral a également souhaité s’associer aux pays du Mercosur à l’égard des objectifs du programme d’action du Caire.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a constaté que certains pays n’avaient enregistré aucun progrès dans la réalisation du Programme d’action de la Conférence du Caire ou avaient même effectué un retour en arrière. Elle a notamment jugé nécessaire de se concentrer sur l’égalité entre les sexes et la lutte contre le VIH/sida, la pandémie ayant des répercussions très négatives sur la pauvreté, a-t-elle précisé.
La représentante a assuré que le Danemark restait attaché à l’application du Programme d’action du Caire et a invité les États Membres à en faire autant. Elle a également loué le rôle crucial joué par le FNUAP dans cet effort.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a énuméré les mesures prises par son gouvernement pour la mise en œuvre du Programme d’action du Caire. Il a notamment cité la loi sur les violences domestiques de 1996 ou encore la création de commissions sur les droits de l’homme, les relations ethniques ou l’égalité hommes-femmes. Il s’est dit particulièrement préoccupé par la propagation du VIH/sida chez les jeunes, qui constituent, a-t-il estimé, l’avenir du pays. Dans ce domaine, il a plaidé pour l’élimination de toute discrimination à l’égard des personnes atteintes par le VIH/sida.
M. MOJARRO (Mexique) a réaffirmé l’engagement de son pays à l’égard du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CPDI). Le défi relatif à la mise en oeuvre de ce programme a été partagé par le gouvernement et la société, a-t-il indiqué, soulignant l’implication des organisations non gouvernementales dans le processus. M. Mojarro a également affirmé que le respect des droits de l’homme, et par conséquent des droits sexuels, de même que l’éradication de la pauvreté, étaient au centre des préoccupations gouvernementales.
Le représentant a également souligné l’importance d’offrir à la population un accès à la santé reproductive, indiquant par ailleurs l’engagement de son gouvernement envers les femmes; illustré par la création d’un institut national des femmes, une plus grande équité dans accès à l’enseignement, les soins de santé et l’emploi. Il a cependant remarqué qu’il existait encore bien des inégalités entre les sexes, et qu’il fallait favoriser la participation des femmes dans tous les secteurs de la société.
M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a affirmé que la mise en œuvre efficace de l’agenda du développement nécessitait un contrôle national fort et une implication active de la société civile. Si des progrès ont été réalisés, il reste beaucoup à faire pour parvenir à une société prospère pour tous. Le problème des réfugiés mérite une attention particulière, a-t-il indiqué. L’immigration est également un autre problème préoccupant, a-t-il observé, notant néanmoins que l’essor économique récent avait freiné les flux migratoires. Selon le représentant, la pleine application du consensus du Caire est essentielle pour le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme.
M. HAMAD HAREB AL-HABSI (Émirats arabes unis) a estimé que les progrès réalisés sur les questions de population n’étaient pas à la hauteur des attentes, surtout dans les pays en développement. Il a constaté que les recommandations de la Conférence du Caire n’avaient pas été suivies, citant par exemple le déblocage prévu de 17 milliards de dollars. Il a invité les pays donateurs à tenir leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement. Il a fait part des mesures prises par son gouvernement, notamment l’élaboration d’une stratégie globale de santé d’ici 2010, dont l’objectif est de réduire le taux de mortalité, particulièrement chez les femmes et les enfants. Il a par ailleurs appelé au respect de la souveraineté des États et des priorités énoncées par les gouvernements. La mise en œuvre des objectifs du Caire doit se faire dans le respect des spécificités de chaque pays, a-t-il conclu.
Mme DENISE VARGAS ACOSTA (Honduras) a exprimé l’engagement de son pays à mettre en œuvre le programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), réaffirmant le lien étroit entre les stratégies touchant la population et l’éradication de la pauvreté. La société civile est un acteur important dans la mise en œuvre de ce programme d’action, a-t-elle expliqué, ajoutant que le Honduras avait créé un cadre juridique afin d’améliorer les conditions de vie de sa population.
Le statut de la femme est considéré comme une politique d’État, a affirmé Mme Acosta. Elle a également estimé que remédier à la mortalité maternelle et infantile, à la propagation du VIH/sida et à l’inégalité des sexes s’inscrivait dans l’esprit des Objectifs du Millénaire pour le développement. Pour atteindre ces Objectifs, il faut donc respecter les consignes évoquées au Caire, a-t-elle conclu.
Mme WANALEE LOHPECHRA (Thaïlande) a salué la contribution des Nations Unies et du Gouvernement suisse aux travaux de la Commission mondiale sur les migrations internationales ainsi que celle de l’Initiative de Berne dans les domaines respectifs de la migration et du développement. S’agissant des progrès réalisés dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), elle a indiqué que la Thaïlande avait réduit de deux tiers le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté depuis 1990. Elle a également réduit de 80% le nombre de nouvelles infections du VIH/sida qui est ainsi passé de 143 000 à 19 000 entre 1991 et 2003. Malheureusement la réalité de cette pandémie représente toujours une menace pour le pays, d’où la nécessité de mener des efforts de prévention en direction de groupes vulnérables comme les travailleurs mobiles et les homosexuels. Cette année, a-t-elle précisé, la Thaïlande a eu l’honneur d’accueillir la XVe Conférence internationale sur le VIH/sida et la deuxième Réunion ministérielle pour l’Asie et le Pacifique sur cette question.
Les progrès que nous avons réalisés dans le domaine de la mise en œuvre du programme d’action de la Conférence internationale pour la population et le développement, a ajouté le représentant, peuvent être expliqués par une certaine harmonie nationale, une gouvernance démocratique, une croissance économique rapide, l’investissement public dans les services sociaux et des circonstances historiques et géopolitiques avantageuses. Grâce à l’expérience de nos connaissances et de nos erreurs, nous pouvons apporter une contribution significative aux efforts internationaux visant à atteindre les OMD. Dans cette optique, la coopération Sud-Sud devrait être renforcée dans des domaines clefs, incluant la santé reproductive, la santé maternelle et infantile, l’éducation et l’égalité entre les sexes. Enfin, il a encouragé le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à développer une coopération technique avec son pays par le biais d’un partenariat « Thaïlande-FNUAP » visant à assister les pays en développement de la sous-région du Grand Mékong sur les questions relatives à la population et au développement.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a affirmé que des résultats significatifs avaient été enregistrés au cours des 10 dernières années. Pour un grand nombre de pays en développement, le manque de financement représente néanmoins le problème le plus courant, a-t-il observé.
Selon le représentant, les mesures liées à la population ont été prises au Viet Nam dans le cadre d’une stratégie décennale de développement socioéconomique qui combine le développement économique au progrès social. Le Programme d’action du Caire adopté s’intègre parfaitement à cette stratégie, a-t-il précisé, soulignant le soutien et l’assistance dont son pays a bénéficié de la part d’ONG étrangères et nationales.
M. ARJUN BAHADUR THAPA (Népal) a fait part de sa préoccupation face à la progression de la pandémie du VIH/sida, qui décime la jeunesse. Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour réduire le taux de prévalence parmi les jeunes et faciliter leur accès à l’information et aux services de santé. Il a salué les nombreux progrès enregistrés depuis 1994 dans les domaines de la réduction de la pauvreté et de la croissance démographique. Il a cependant estimé qu’on ne pouvait se satisfaire des résultats obtenus, notamment dans les domaines de la santé. Les objectifs fixés sont réalisables, a-t-il conclu, à condition d’y consacrer les ressources nécessaires.
M. MAURICIO A. SOLORZANO (Nicaragua) a indiqué qu’à l’occasion de cette commémoration, son pays confirmait son respect du droit à la vie, et ce depuis la fécondation. Il a également souligné l’importance de l’engagement du FNUAP. Le représentant a affirmé qu’il restait beaucoup à faire dans son pays pour réaliser le Programme d’action de la CIPD. Il s’est déclaré convaincu que le Nicaragua pourra compter sur une coopération internationale généreuse.
M. FESSEHA TESFU (Éthiopie) a qualifié d’historique le Programme d’action du Caire. Il a souhaité que cette célébration du 10ème anniversaire soit l’occasion d’analyser la manière dont les pays membres s’acquittent de leurs responsabilités dans la mise en oeuvre de ce programme. Il a cité la mise en place d’une politique nationale de population dans son pays dès 1993, afin d’enrayer la pression démographique. Il a cependant admis que les résultats escomptés n’étaient pas assez rapides, en raison de la capacité réduite de son pays à tous les niveaux. Il a insisté sur le nécessaire appui des pays développés, tout en ajoutant que les pays en développement devaient également s’entraider mutuellement dans un esprit de coopération Sud-Sud. Il a espéré en conclusion que d’ici 10 ans, il serait possible de constater une amélioration des conditions de vie des populations du monde.
M. GEORGE TSERETELI (Géorgie) a estimé que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne pourraient être accomplis sans la mise en place du programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). À cet égard, il a remarqué que la Géorgie avait effectué des démarches importantes afin de réduire la pauvreté et d’atteindre les Objectifs du Millénaire. Améliorer la santé reproductive est l’une des composantes les plus importantes de cet effort, a-t-il estimé, car elle permet de réduire la mortalité maternelle et infantile, et prévenir la propagation de maladies sexuellement transmissibles comme le VIH/sida.
M. Tsereteli a également souligné l’importance du rôle joué par les organisations non gouvernementales et la jeunesse dans la mise en œuvre du programme d’action de la CIPD. Réaffirmant le soutien de son pays à l’égard de ce programme, il a néanmoins remarqué que des ressources supplémentaires devraient être débloquées pour pouvoir atteindre les recommandations de la CIPD et les Objectifs du Millénaire.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a affirmé que le Programme d’action du Caire était un cadre de référence précieux. Le Panama a mis en place plusieurs actions nationales contre la violence familiale, pour la santé reproductive et l’égalité entre les sexes, a-t-il souligné. Le représentant a affirmé qu’un accent particulier avait été mis sur la réduction de la mortalité maternelle parmi les populations autochtones. Il a en outre félicité le FNUAP pour son remarquable travail et a lancé un appel à tous les pays développés pour qu’ils augmentent leur contribution financière
Mgr DIMACULAURON (Saint-Siège) a souligné le lien établi au Caire entre les migrations et le développement. Il a apprécié le rôle d’agent de développement joué par les migrants. Il a cependant estimé qu’il incombait aux États de s’attacher à créer des emplois là où les gens vivent. Il a souhaité qu’une volonté politique et qu’une ferme détermination de la part des gouvernements et de la société civile permette de faire échec aux phénomènes de discrimination, de violence, de trafic humain et de xénophobie dont les migrants sont les victimes. Il a constaté l’attention internationale accrue pour la question des migrations, compte tenu de la démographie du monde développé, caractérisée par un déclin du taux de croissance de la population. Il a souligné que le Saint-Siège s’intéressait de près à ces évolutions et était particulièrement attaché au respect de principes éthiques dans la mise en oeuvre des politiques démographiques.
Il a insisté sur la nécessité de préserver la liberté pour un couple de décider, en dehors de toute contrainte légale ou sociale, du nombre d’enfants qu’il souhaite avoir. Il a reconnu que la paternité responsable n’est pas une question de procréation illimitée ou d’absence de prise de conscience de ce qu’implique le fait d’élever des enfants, mais qu’elle doit tenir compte aussi du droit des parents d’utiliser leur liberté avec sagesse. Les couples qui décident d’avoir une famille nombreuse doivent être aidés, a-t-il ajouté.
M. JYOTI SHANKAR SINGH (Partenaires pour la population et le développement) a remarqué qu’il fallait se recentrer au plus tôt sur les objectifs du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui s’inscrivent dans la problématique plus large de la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Remarquant que des progrès majeurs restaient à accomplir dans les domaines de l’accès à la santé reproductive, de la lutte contre la pandémie du VIH/sida, de la mortalité maternelle et infantile et de l’éducation universelle, il a estimé que la mise en oeuvre du Programme d’action devait principalement s’organiser au niveau national, au moyen d’une collaboration entre gouvernements et organisations non gouvernementales.
M. LUCA DALL’OGLIO (Organisation internationale pour les migrations) a indiqué que, depuis la Conférence du Caire, le nombre de migrants avait augmenté de 50 millions, et que le flux financier annuel à destination des pays d’émigration s’élevait à 10 milliards de dollars. Il a constaté l’apparition de nouveaux acteurs sociaux et institutionnels qui ont ébranlé le statu quo, aussi bien dans les pays hôtes que dans les pays d’origine des migrants. La migration, a-t-il dit, est une composante essentielle, inévitable et potentiellement fructueuse pour chaque pays et chaque région. Et il a lancé un appel en faveur de l’élaboration de politiques permettant d’accroître les migrations au bénéfice de tous.
Il a expliqué que la Conférence du Caire avait permis la création de cadres régionaux de consultation devenus un élément clef dans l’établissement des priorités internationales dans le domaine des migrations. Il a regretté les carences dans la mise en place de systèmes nationaux permettant de suivre, de traiter, et de faciliter les mouvements migratoires. Il a également exprimé sa préoccupation face aux incertitudes et aux incohérences administratives auxquelles sont exposés les migrants. Regrettant le manque de coopération entre les différents services publics, il a souligné que les migrants vivaient dans la crainte de l’administration. En conclusion, il a estimé que le développement de capacités nationales de gestion des flux migratoires était tout aussi urgent aujourd’hui qu’il y a 10 ans.
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