AG/10276

À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, LES ÉTATS MEMBRES AFFIRMENT LEUR DÉTERMINATION À ENTREPRENDRE RAPIDEMENT LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

13/10/2004
Communiqué de presse
AG/10276


Assemblée générale

28e & 29e séances plénières – matin & après-midi


À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, LES ÉTATS MEMBRES AFFIRMENT LEUR DÉTERMINATION À ENTREPRENDRE RAPIDEMENT LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


L'Assemblée générale a achevé aujourd'hui le débat consacré à l’examen du rapport du Conseil de sécurité et à la question de la représentation équitable au Conseil.  À l'issue de trois jours de débat, Le Président de l’Assemblée générale, M. Jean Ping, a fait la synthèse des principaux points évoqués par les 106 orateurs qui y ont participé.


L'Assemblée générale a montré son attachement à l'idée de la réforme du Conseil de sécurité, qu'il convient maintenant d'entreprendre résolument et rapidement, d'ici à la 60e session, à la lumière des travaux du Panel de haut niveau, afin d'adapter le Conseil aux réalités du XXIe siècle, a observé M. Ping.  Cette réforme, a constaté le Président, est réclamée tant au niveau de sa composition, de ses méthodes de travail et de ses relations avec les autres organes des Nations Unies.  Un grand nombre de pays membres a plaidé pour un élargissement du Conseil qui assurerait une meilleure représentativité aux pays en développement, a-t-il remarqué.  Une majorité s’est dégagée pour une augmentation des deux catégories de membres permanents et non permanents, certains orateurs se prononçant cependant pour l’élargissement de la deuxième catégorie seulement, a-t-il indiqué.


M. Ping a relevé la divergence des points de vue des différents États Membres à l'égard du droit de veto, remarquant que certains prônaient l'extension de ce droit aux nouveaux membres permanents éventuels du Conseil, alors que d'autres en revendiquaient l'élimination pure et simple.  Il a par ailleurs observé que le Japon, l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et un État africain avaient été régulièrement cités comme futurs membres permanents, et que l’idée d’attribuer un siège à une région ou à un groupe d’États a également été avancée.


Le Président de l'Assemblée générale a également noté qu’un consensus s’était dégagé sur la nécessité de renforcer la coopération entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, et s’est réjoui de l’appréciation positive portée sur les réunions de travail entre les Présidents des trois organes.


Aujourd'hui encore, de nombreux États Membres ont plaidé en faveur de l'accroissement de cette coopération.  Le représentant de l’Indonésie a souhaité qu'elle soit active et vigoureuse, tandis que son homologue du Sri Lanka a préconisé plus de transparence de la part du Conseil, qui devrait rendre davantage compte de ses travaux.


Le représentant de la République islamique d’Iran a remarqué que le Conseil de sécurité s’ouvrait progressivement aux autres organes des Nations Unies, tendance illustrée par la tenue de réunions accessibles aux États non membres et de consultations avec les groupes régionaux.  Il a néanmoins remarqué que le Conseil outrepassait parfois ses compétences en traitant de sujets qui ressortaient de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social.


Le représentant de la Zambie a également déploré que le Conseil empiète de plus en plus sur les prérogatives de l’Assemblée ou d’autres organes, et a souhaité que les relations entre le Conseil et l’Assemblée générale soient placées sous le signe du respect mutuel.


Outre les orateurs cités, les représentants de Chypre, de Nauru, de Tuvalu, de la Pologne, du Bénin, de l’Ouzbékistan, du Koweït, de la Roumanie, de la Barbade, de l’Albanie, de la République de Moldova, du Rwanda, de la Bulgarie, du Zimbabwe, de la Colombie, de Fidji, du Guatemala et du Maroc ont également pris la parole.


À l'issue de ce débat, l'Assemblée générale a pris note du rapport du Conseil de sécurité, qui retrace les activités de l'institution pour la période du 1er août 2003 au 31 juillet 2004.


L’Assemblée générale poursuivra son débat commun demain matin à partir de 10 heures.


Déclarations


M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a estimé qu’une relation active et vigoureuse entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale était essentielle pour l’efficacité des Nations Unies.  Cette interaction doit être régie par la transparence, a-t-il observé.  Il a considéré que le Conseil devait, dans son processus de décision, tenir compte des souhaits de l’Assemblée générale.  Le Conseil de sécurité devrait accepter d’informer les États Membres sur l’avancée de ses travaux, a-t-il poursuivi, plaidant également en faveur d’une institutionnalisation des consultations entre les présidents des deux organes.


Le représentant a jugé de la plus haute importance que les responsabilités des organes des Nations Unies relevant de la Charte soient maintenues et respectées.  Seul un Conseil de sécurité transparent, démocratique et représentatif, dont la composition et les pratiques reflètent les réalités du XXIe siècle, sera en mesure de garantir le maintien de la paix et de la sécurité internationales tel que stipulé par la Charte, a-t-il ajouté, soulignant notamment que son pays prônait et appuyait l’élargissement du Conseil de sécurité, sa structure actuelle avec des membres permanents et des membres non permanents devant être préservée.


M. MEHDI DANESH YAZDI (République islamique d’Iran) a estimé que le Conseil de sécurité devait être élargi pour refléter plus adéquatement l’ensemble des États Membres de l’Organisation, principalement les pays en développement.  Remarquant que le processus de changement de la composition du Conseil ainsi que de l’usage du droit de veto était actuellement dans une impasse, il a affirmé que cette réforme aux conséquences importantes devait faire l’objet d’un accord le plus large possible au sein des États Membres.  Indiquant que le Conseil devait devenir plus démocratique, plus représentatif et plus responsable, il a observé que la plupart des États Membres plaidaient pour une amélioration de ses méthodes de travail ainsi qu’une augmentation du nombre de ses membres non permanents, en attendant un accord général quant à l’élargissement des sièges permanents.


Ces deux étapes devraient notamment permettre d’assurer une représentation équitable des pays en développement et du monde musulman au sein de l’institution, a estimé M. Yazdi, ajoutant que cette démocratisation accrue du Conseil pourrait déboucher sur la révision de la pratique la plus antidémocratique du Conseil, à savoir l’usage du droit de veto, qu’il a qualifié d’« anachronisme ».  Par ailleurs, le représentant a salué l’ouverture progressive du Conseil de sécurité à l’égard des autres instances des Nations Unies, matérialisée par la tenue de réunions ouvertes et de consultations avec les groupes régionaux, entre autres.  Il a par contre déploré les tentatives du Conseil d’outrepasser ses compétences en traitant de sujets qui ressortaient de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social.


M. ANDREAS D. MAVROYIANNIS (Chypre) a déclaré que le dernier rapport du Conseil de sécurité créait un sentiment de malaise, les relations entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale n’étant pas ce qu’elles devraient être.  Le déplacement de l’attention de l’Assemblée générale vers le Conseil de sécurité est plus un symptôme qu’un remède, a-t-il dit.  Il est d’une importance fondamentale de rétablir un dialogue interactif entre les deux organes politiques de l’Organisation, a-t-il ajouté, réclamant plus de transparence dans ces relations. 


Le représentant a en outre plaidé en faveur d’un Conseil de sécurité modernisé dont la structure refléterait correctement le changement de la politique mondiale depuis la création des Nations Unies, et dont la composition représenterait tous les groupes géographiques.  L’effort engagé pour réformer le Conseil de sécurité doit être global et à longue portée, a-t-il considéré, indiquant que son pays soutenait la position franco-allemande sur l’élargissement des membres permanents et non permanents du Conseil.


M. VINCI NIEL CLODUMAR (Nauru) a salué la réussite des missions des Nations Unies au Timor-Leste et à Bougainville.  Il a cependant regretté qu’il y soit mis fin de manière prématurée, pour des raisons économiques.  Il a souligné les risques de reprise des conflits tant que la paix n’est pas profondément enracinée, comme en témoigne, selon lui, les exemples de la Côte d’Ivoire et d’Haïti.  Un Conseil divisé est un Conseil impuissant, a-t-il déclaré, en référence au conflit israélo-palestinien.  Le représentant a attiré l’attention sur les contraintes que font peser sur les petits États comme Nauru les nouvelles obligations découlant notamment de la résolution 1540 du Conseil de sécurité.  Concernant la réforme du Conseil, il a constaté le silence des membres permanents sur la question du droit de veto, qu’il a qualifiée de « zone interdite », en suggérant l’existence d’intentions non avouées.  Il s’est prononcé pour l’élargissement du Conseil dans les deux catégories des membres permanents et non permanents.  Il a soutenu la candidature de l’Allemagne, du Japon et de l’Inde à un siège permanent, en raison de leur contribution significative au maintien de la paix dans le monde.


M. BERNARD GOONETILLEKE (Sri Lanka) a affirmé que le Conseil de sécurité devait être élargi pour refléter les réalités géopolitiques d’aujourd’hui.  Estimant cependant qu’il ne fallait pas que le Conseil soit agrandi à un point tel qu’il en deviendrait ingérable, il a remarqué que la limitation de la taille de cet organe n’en garantissait pas non plus l’efficacité.  L’élargissement de l’institution devrait respecter le principe de distribution géographique équitable, a-t-il indiqué, et devrait concerner les deux catégories de membres.  Il faut également en revoir les méthodes de travail, a-t-il ajouté.


Le représentant a rappelé que son pays soutenait les candidatures du Brésil, de l’Allemagne, de l’Inde et du Japon à un siège de membre permanent, ajoutant que cet élargissement devait permettre de remédier au manque de représentation actuel des pays en développement.  M. Goonetilleke a par ailleurs souligné l’importance d’une relation accrue entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, et a estimé que pour ce faire, le Conseil devrait être plus transparent et rendre davantage compte de son travail.


M. ENELE SOSENE SOPOAGA (Tuvalu) a souhaité de plus vastes consultations sur les questions de sécurité, préconisant des séances publiques au Conseil de sécurité sur ce sujet et proposant au Comité contre le terrorisme de se saisir de la question.  Le représentant a estimé que la question de la réforme du Conseil de sécurité était d’une portée considérable, compte tenu de l’accroissement du nombre des États Membres et du fait que le Conseil n’a été élargi qu’une seule fois, en 1965.  La restructuration devrait s’attaquer en premier lieu à la composition du Conseil, a-t-il considéré, affirmant que toutes les régions du globe devaient être représentées de manière équitable, de même que les pays en développement et les petits États insulaires.  Il a plaidé pour un accroissement du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil, en appuyant les candidatures du Japon, de l’Inde, du Brésil et de l’Allemagne.


Mme BEATA PEKSA (Pologne) a estimé que les pays membres du Conseil de sécurité avaient une responsabilité particulière dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil.  Elle a souhaité que les pays qui fournissent des contingents soient mieux associés à la création de nouvelles missions de maintien de la paix.  Elle n’a pas appelé à l’abandon du droit de veto mais a souhaité que son usage soit strictement limité aux cas d’atteinte au droit international et que les pays qui bénéficient de ce droit n’y aient pas recours pour défendre des intérêts particuliers.  Elle s’est prononcée pour un élargissement du Conseil dans les deux catégories des membres permanents et non permanents.  Dans la première catégorie, elle a soutenu les candidatures de l’Allemagne et du Japon, ainsi que d’autres représentants des continents asiatique, africain et sud-américain.  Dans la deuxième catégorie, elle a insisté sur la nécessité du groupe d’Europe de l’Est d’être mieux représenté et a appelé les États Membres à soutenir ce qui, à ses yeux, est une revendication légitime.


M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a affirmé que la position de son pays concernant la réforme du Conseil de sécurité rejoignait celles exprimées par le Mouvement des pays non alignés et l’Union africaine.  Toute réforme de l’institution devrait prendre en compte les aspirations légitimes des pays en développement, africains notamment, tout en préservant l’efficacité et le bon fonctionnement du Conseil, a-t-il indiqué.  Estimant que cet organe devait être élargi sur base d’une représentation géographique équitable, il a indiqué que l’Afrique devrait disposer de deux sièges permanents ainsi que de deux sièges non permanents supplémentaires, et a remarqué que son pays n’avait aucune objection à l’égard de la candidature du Japon, de l’Allemagne et du Brésil au statut de membre permanent.


Concernant l’usage du droit de veto, M. Adechi a estimé que les nouveaux membres permanents du Conseil de sécurité devraient également pouvoir en bénéficier.  En outre, les membres non permanents du Conseil pourraient également en jouir de manière rotatoire, lors du mois où l’un d’eux le préside, a-t-il suggéré.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’attention qu’accordait le Conseil de sécurité aux problèmes du continent africain.


M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a estimé que la réforme du Conseil de sécurité doit viser à renforcer son rôle, son autorité et son efficacité.  Il doit agir de manière adéquate devant les défis de l’heure, a-t-il affirmé, prônant l’élargissement des deux catégories de membres du Conseil de sécurité sur la base des critères économiques et géographiques.  Les pays développés comme les pays en développement doivent être représentés, a-t-il ajouté, soulignant que le Japon et l’Allemagne étaient des candidats de poids et dignes d’occuper des postes de membres permanents.


M. AL-NAJEM (Koweït) a insisté sur l’importance de codifier les mesures adoptées par le Conseil du sécurité afin d’en améliorer les méthodes de travail.  Et il a souhaité que ces améliorations soient mises en oeuvre sans attendre un accord sur les autres points de la réforme, notamment l’élargissement.  Il s’est prononcé pour une augmentation du nombre de pays membres mais a précisé qu’elle ne devait pas être trop importante afin de ne pas compromettre l’efficacité du Conseil.  L’élargissement, a-t-il ajouté, doit se faire conformément au principe d’égalité et de souveraineté des États, ainsi que selon une répartition géographique équitable.  Il a proposé qu’un siège permanent soit attribué au groupe des États arabes, qui l’occuperaient par roulement.  Il a également soutenu les demandes de représentions plus équitables des groupes asiatique et d’Europe de l’Est.  Il a enfin appelé à un usage maîtrisé du droit de veto.


M. MIHNEA IOAN MOTOC (Roumanie) a estimé qu’il était urgent de réformer intégralement le système des Nations Unies, le Conseil de sécurité notamment.  Il a indiqué que la Roumanie était en faveur d’un véritable élargissement du Conseil tout en veillant particulièrement à préserver l’efficacité de sa prise de décision et de ses actions.  M. Motoc a également rappelé que son pays s’associait à la proposition d’offrir au moins un siège non permanent supplémentaire au groupe régional de l’Europe de l’Est.


Le représentant a par ailleurs souligné que la Roumanie, qui siège actuellement au Conseil de sécurité, tentait de contribuer à en améliorer les méthodes de travail et la transparence.  Estimant que la réforme du Conseil de sécurité devait lui permettre de devenir plus efficace et représentatif, M. Motoc a affirmé que ce processus de réforme devait pouvoir bénéficier d’un consensus ou, à tout le moins, du soutien le plus large possible de la communauté des États Membres.


M. CHRISTOPHER HACKETT (Barbade) a estimé que le moment était venu de prendre des décisions difficiles sur la réforme du Conseil de sécurité.  Même si l’expérience récente peut susciter des interrogations sur la légitimité et l’efficacité du Conseil, il s’est dit convaincu que cela restait un instrument utile pour promouvoir la paix.  Il s’est prononcé pour un élargissement des deux catégories des membres permanents et non permanents.  Il a suggéré que des représentants des principales régions du monde, et notamment l’Afrique, l’Asie, ainsi que l’Amérique latine et les Caraïbes obtiennent des sièges permanents.  Concernant les méthodes de travail du Conseil, il a souhaité que l’usage du droit de veto, soit réexaminé.  Sans aller jusqu’à envisager l’élimination de ce qu’il a qualifié d’outil particulièrement anti-démocratique, il a proposé que son utilisation soit limitée et mieux encadrée, afin de ne pas susciter la frustration chez les autres membres de l’Organisation.


M. AGIM NESHO (Albanie) s’est déclaré favorable à l’élargissement du Conseil de sécurité, notant qu’il devrait permettre à cet organe de jouer un rôle important dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il devrait en consacrer la dimension géographique et un esprit plus démocratique, a-t-il ajouté.


Le représentant a ajouté que l’élargissement du Conseil de sécurité ne devait pas laisser dans l’ombre d’autres questions d’égale importance pour établir une réforme véritable et efficace.  Des initiatives qui ont déjà été prises pour faire participer des États Membres aux délibérations du Conseil de sécurité doivent être renforcées et élargies, a-t-il également souligné.


M. VSEVOLOD GRIGORE (République de Moldova) a affirmé que la réforme du Conseil de sécurité occupait un rôle central dans la refonte du système des Nations Unies, étape nécessaire pour renforcer la capacité de l’Organisation à faire face aux défis actuels.  Il a indiqué que son pays était favorable à un élargissement « modéré » de la composition du Conseil, concernant les deux catégories de membres.  Cet accroissement du Conseil devrait s’inscrire dans le principe d’une représentation géographique équitable, et assurer un équilibre adéquat entre pays industrialisés et en développement.


Le représentant a également réaffirmé que l’élargissement de la catégorie des membres non permanents devrait offrir un siège supplémentaire au groupe des pays de l’Europe de l’Est, dont le nombre avait plus que doublé lors de la dernière décennie.  M. Grigore a par ailleurs estimé que le travail du Conseil de sécurité devait devenir plus transparent, et s’est félicité de l’ouverture progressive du Conseil, illustrée notamment par la tenue de débats accessibles aux États non membres.


M. STANISLAS KAMANZI (Rwanda) a jugé incontournable que les continents africains et latino-américains puissent siéger au Conseil de sécurité de façon permanente.  Il a estimé que les nouveaux membres permanents devraient bénéficier des mêmes droits que les membres permanents actuels.  Il a souhaité que le Conseil s’ouvre davantage aux pays non membres.  Regrettant que le Conseil se fonde sur des sources « parfois limitées et biaisées », il a estimé que les pays directement concernés par les questions examinées devaient être informés et consultés à toutes les étapes.  Il a également invité le Conseil à se donner les moyens d’agir par « prévention fonctionnelle » afin d’anticiper sur l’apparition de nouvelles crises.  Il a enfin prôné des approches conciliantes « plutôt que de maintenir une atmosphère d’hostilité latente ».


M. STEFAN TAFROV (Bulgarie) a déclaré que son pays était satisfait de la coopération, voire dans certains cas du vrai partenariat établi avec les organisations régionales.  Il a également estimé que les questions relatives à la représentation équitable des pays membres de l’ONU au Conseil de sécurité ainsi que l’augmentation des membres du Conseil sont directement liées aux efforts de la communauté internationale de trouver les meilleures réponses institutionnelles aux défis modernes à la paix et à la sécurité dans le monde.  La Bulgarie, a-t-il dit, partage pleinement la volonté commune de tous les pays membres de mener à bien la réforme de l’ONU telle qu’elle est exprimée dans la Déclaration du Millénaire aussi rapidement que possible.


Le représentant a en outre affirmé que son pays soutenait l’augmentation du nombre des membres du Conseil, permanents comme non permanents, de manière à améliorer sa représentativité et son fonctionnement démocratique.  Le groupe de l’Europe de l’Est devrait bénéficier d’un siège supplémentaire de membre non permanent, a-t-il ajouté.


M. G. T. VENGESA (Zimbabwe) a constaté que les propos entendus cette année sur la réforme du Conseil de sécurité ressemblaient beaucoup à ceux des années précédentes.  Il a jugé inacceptable l’absence de progrès depuis 11 ans et a souhaité que la 59e session soit l’occasion d’une percée sur cette question.  Il a mis en garde contre la mise en place d’un Conseil déséquilibré, caractérisé par des situations injustes.  Il a souhaité que la réforme soit accélérée mais a parallèlement invité à une réforme prudente.  En conclusion, il a rappelé le rôle central de l’Assemblée générale, estimant que toute tentative de passer outre remettrait en cause la crédibilité et l’intégrité de toute l’Organisation.


Mme MARIA ANGELA HOLGUIN (Colombie) a déclaré que le Conseil de sécurité devait être plus représentatif de la communauté internationale dans son ensemble ainsi que des réalités géographiques du monde d’aujourd’hui.  La Colombie est opposée depuis toujours au veto, a-t-elle rappelé, mais, a-t-elle ajouté, si l’on ne peut pas l’éliminer, on pourrait au moins le limiter aux questions relevant du Chapitre VII de la Charte de l’ONU.


Dans la réforme, il faut tenir compte du fait que les conflits internes occupent la totalité de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a-t-elle souligné.  Elle a estimé que bien des échecs du Conseil étaient dû au fait qu’il gardait une configuration issue de l’après-guerre.  La représentante a également jugé fondamental qu’un État concerné par une question traitée par le Conseil de sécurité soit présent dans les réunions à huis clos.  Il a estimé que la réforme du Conseil de sécurité devait se situer dans le cadre d’une réforme intégrale de l’ONU, qui renforce aussi l’Assemblée générale et le Conseil économique et social.


M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a rappelé que le Conseil de sécurité était le seul organe des Nations Unies à pouvoir prendre des décisions contraignantes pour les États Membres.  C’est pour cette raison, a-t-il poursuivi, que ses activités doivent être transparentes et démocratiques.  Il s’est prononcé pour un élargissement des deux catégories de membres permanents et non permanents.  Il souhaité que les relations entre le Conseil et l’Assemblée générale soient placées sous le signe du respect mutuel.  Il a déploré que le Conseil empiète de plus en plus sur les prérogatives de l’Assemblée ou d’autres organes, en s’investissant sur les questions de l’égalité hommes-femmes, de l’éradication de la pauvreté, des enfants dans les conflits armés, de l’état de droit ou encore des droits de l’homme.  Rappelant que le droit de veto avait été institué pour les questions relevant du Chapitre VII, il a regretté que cet objectif ait été perdu de vue.  Le droit de veto est utilisé de manière abusive et non démocratique, a—t-il estimé, pour défendre des intérêts nationaux alors que son utilisation, a-t-il expliqué, est censée profiter à tous les États Membres.  Il a invité les membres permanents à faire preuve de responsabilité, en s’abstenant de recourir au veto en cas de recours à la force ou d’imposition de sanctions.  Il a également souhaité qu’ils rendent des comptes en cas d’utilisation de leur droit de veto.  Il a proposé que l’Assemblée générale puisse passer outre un droit de veto par un vote des 2/3 de ses membres.


M. FILIMONE KAU (Fidji) a déclaré que le processus de prise de décision au sein du Conseil de sécurité devait refléter dans la mesure du possible le nouvel ordre international.  Dans cet esprit, Fidji appuie l’élargissement du Conseil, dans les catégories des membres permanents et non permanents.  Dans un Conseil de sécurité élargi, le Japon, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud devraient bénéficier d’un siège permanent, a-t-il précisé.


Le représentant a également estimé que le Conseil de sécurité ne serait vraiment démocratique que lorsque l’équité et la justice constitueront des principes directeurs.  Il s’est ainsi prononcé en faveur d’un réexamen du droit de veto des membres permanents, de façon à s’assurer que ce pouvoir soit exercé pour contribuer positivement au rôle du Conseil de sécurité en matière de diplomatie préventive.


M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIERREZ (Guatemala) a remarqué que la montée en puissance du Conseil de sécurité se faisait au détriment de l’autorité de l’Assemblée générale.  Cela va à l’encontre de la Charte des Nations Unies, qui prévoit, a-t-il poursuivi, que les différents organes s’appuient les uns sur les autres.  Il a estimé que les relations entre le Conseil et l’Assemblée n’étaient pas satisfaisantes et il a regretté que le rapport du Conseil n’aborde pas cette question, dont les États Membres, a-t-il ajouté, devront se saisir tôt ou tard.  Il s’est prononcé pour un élargissement des deux catégories de membres du Conseil, permanents et non permanents, sous réserve d’une représentation géographique adéquate.


M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a jugé que la réforme du Conseil de sécurité ne pouvait être satisfaite à travers une simple amélioration cosmétique de ses méthodes de travail, mais plutôt par une révision profonde de l’architecture de cet organe principal du système onusien afin d’en améliorer la représentativité et lui assurer crédibilité et légitimité.  Il a déclaré que le réalisme et la sagesse voudraient que la communauté internationale se concentre, dans l’examen de la composition du Conseil de sécurité, sur les facteurs géographiques et culturels, en modulant éventuellement la durée des mandats.  Mais rien ne sert de réformer la composition du Conseil de sécurité si parallèlement la communauté internationale ne se penche pas sur ses compétences et ses capacités de réaction face aux nouvelles menaces, à savoir le terrorisme international et la prolifération des armes de destruction massive, a-t-il observé.


En ce qui concerne le règlement pacifique des différends dans le cadre du Chapitre VI de la Charte, le représentant a estimé que les fonctions du Conseil de sécurité et du Secrétaire général devaient se compléter en vue de rapprocher les parties vers la solution politique recherchée.  Pour ce faire, a-t-il précisé, il faut que toutes les parties acceptent les décisions prises et coopèrent pleinement avec le Représentant spécial nommé par le Secrétaire général. 


M. JEAN PING (Gabon), Président de l’Assemblée générale, a fait la synthèse de trois jours de débats sur le rapport du Conseil de sécurité et sur la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres.  La participation de 106 orateurs témoigne, selon lui, de l’importance que les États Membres accordent à la réforme du Conseil de sécurité.


Concernant le rapport du Conseil de sécurité, il a noté que de nombreux orateurs s’étaient félicités de l’inclusion d’une partie analytique dans le rapport du Conseil, en demandant cependant qu’elle soit plus approfondie à l’avenir.  Il a remarqué également la large préoccupation exprimée quant à la tendance actuelle du Conseil à organiser des débats thématiques sur des questions relevant de la compétence d’autres organes et même à légiférer au point d’empiéter sur le mandat de l’Assemblée générale.


Plusieurs orateurs, a-t-il poursuivi, ont pris acte des améliorations des méthodes de travail du Conseil, en citant les réunions ouvertes aux pays non membres ou encore les visites sur le terrain.  Certains représentants ont souhaité une plus large consultation des pays directement concernés par les questions examinées.  Des orateurs ont estimé que le Conseil avait parfois une approche sélective des problèmes abordés.  M. Ping a noté qu’un consensus s’était dégagé sur la nécessité de renforcer la coopération entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, et s’est réjoui de l’appréciation positive portée sur les réunions de travail entre les Présidents des trois organes.


Concernant la réforme du Conseil de sécurité, il a constaté l’émergence d’un large consensus sur l’attachement à la réforme, sur son triple objet (composition, méthode de travail et relation avec les autres organes), sur la nécessité d’un élargissement et sur une meilleure représentation des pays en développement.  Une majorité s’est dégagée pour une augmentation des deux catégories de membres permanents et non permanents, certains orateurs se prononçant cependant pour l’élargissement de la deuxième catégorie seulement.


M. Ping a relevé la variété des points de vue sur le droit de veto ou sur la répartition des sièges.  Certains orateurs ont souhaité que le droit de veto soit étendu aux nouveaux membres permanents, d’autres ont exprimé un avis contraire, d’autres enfin se sont prononcés pour sa suppression pure et simple ou pour une limitation de son usage.  Le Japon, l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et un État africain ont été régulièrement cités comme futurs membres permanents.  L’idée d’attribuer un siège à une région ou à un groupe d’États a été avancée.  Plusieurs orateurs ont souligné l’importance du principe de répartition géographique équitable et ont estimé que l’élargissement devrait refléter les attentes des pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie, d’Europe de l’Est et du groupe d’États arabes.


En conclusion, M. Ping s’est proposé d’engager dès que possible des consultations avec l’ensemble des États Membres sur la réforme du Conseil de sécurité.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.