En cours au Siège de l'ONU

AG/10230

LA SITUATION ALARMANTE EN HAITI REQUIERT UNE ACTION CONCERTEE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, ESTIME LE RESPONSABLE DES AFFAIRES POLITIQUES A L’ONU

20/02/2004
Communiqué de presse
AG/10230


Réunion d’information sur Haïti


La situation alarmante en Haiti requiert une action concertee de la communaute internationale, ESTIME le responsable des affaires politiques a l’ONU


«La situation en Haïti est alarmante et dangereuse.  Elle requiert une action concertée de la communauté internationale», a déclaré ce matin Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, devant l’Assemblée générale, au cours d’une réunion d’information sur la situation dans ce pays.  Cette réunion a été organisée pour répondre au souci des Etats Membres désireux de réfléchir aux moyens qui permettraient d’endiguer la violence qui règne ces dernières semaines.  Depuis le début des émeutes antigouvernementales, en effet, des dizaines de personnes ont été tuées.


M. Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a d’abord noté que la situation politique en Haïti est demeurée instable depuis les élections de mai 2000 qui avaient été marquées par des imperfections.  Au cours des dernières semaines, la situation s’est rapidement détériorée et nous avons vu l’émergence d’une «insurrection armée» lancée par des groupes anti-Aristide qui n’ont pas de lien avec l’opposition politique haïtienne, a-t-il ajouté.  Le Secrétaire général adjoint a fait état de désertions parmi les forces de police et de l’établissement de liens entre d’anciens policiers et militaires avec les gangs.  Il a précisé qu’en annonçant que son Gouvernement faisait face à un coup d’Etat, le Premier Ministre haïtien avait demandé le soutien de la communauté internationale le 17 février.  Le Secrétaire général adjoint a souligné qu’actuellement le Secrétariat de l’ONU avait une capacité limitée pour analyser la situation et demande que celle-ci soit renforcée.


Les événements ont entravé les efforts visant à fournir nourriture et médicaments aux groupes les plus vulnérables et aux victimes de la violence, ce qui a eu un impact préoccupant sur le secteur de la santé, a poursuivi M. Prendergast.  Le risque d’une épidémie de maladies infectieuses va croissant.  Une mission interinstitutions est sur place depuis la semaine dernière pour procéder à une évaluation afin que nous puissions apporter une réponse appropriée et mobiliser les ressources nécessaires, a-t-il précisé.


Le Coordonnateur résident a convoqué plusieurs réunions des représentants des institutions et organisations non gouvernementales actives dans le pays.  L’Equipe de pays a l’intention de lancer un appel urgent pour couvrir les besoins en matière de santé, assainissement, personnes déplacées, désarmement et résolution du conflit, a souligné M. Prendergast.


Le Secrétaire général adjoint a par ailleurs indiqué que Louis Joinet, l’Expert indépendant sur Haïti de la Commission des droits de l’homme, se rendrait dans le pays prochainement.  Face à l’intensification du nombre des violations des droits de l’homme, le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme installera un Conseiller à Port-au-Prince au début du mois prochain, a-t-il dit.


M. Kofi Annan suit très étroitement la situation, a affirmé M. Prendergast.  Il est profondément préoccupé par cette crise et ses conséquences humanitaires et autres.  Depuis la fermeture de la dernière mission en Haïti en février 2001, l’ONU a continué à aider le pays par le biais de ses institutions, en particulier le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) tandis que les organisations régionales, l’Organisation des Etats américains (OEA) et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) déployaient leurs efforts de médiation entre le Gouvernement et l’opposition, afin de débloquer l’impasse politique.


Le Secrétaire général adjoint a également évoqué la résolution adoptée hier par l’OEA, par laquelle les Membres de l’Organisation ont exprimé leur ferme soutien au Gouvernement du Président Aristide et à ses efforts pour restaurer l’ordre public par des moyens constitutionnels.  L’OEA, a-t-il ajouté, a exhorté le Gouvernement à honorer les engagements qu’il a pris au titre du Plan d’action de la CARICOM.  L’ONU, pour sa part, demeure en contact avec la CARICOM et l’OEA.  Le Secrétaire Général adjoint a annoncé que le Secrétaire général aurait l’intention de nommer un Conseiller spécial pour Haïti qui serait chargé de maintenir des contacts avec les responsables des deux organisations régionales et d’évaluer l’évolution de la situation et le rôle potentiel de l’ONU dans le pays.


Présentant les perspectives régionales de la crise haïtienne, le Ministre des affaires étrangères des Bahamas, Frederick Mitchell, qui s’exprimait au nom des Etats de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a révélé qu’un Plan d’action avait préalablement été élaboré à Kingston en Jamaïque et adopté par l’Organisation des Etats américains (OEA), en vue d’encourager des pourparlers directs entre les parties haïtiennes et leur permettre de parvenir à une résolution de la crise.  Parmi les Etats et entités qui se sont impliqués dans ce processus, a dit M. Mitchell, figurent les Etats-Unis, le Canada, la France, l’Union européenne, et les nations faisant partie du Groupe des Amis de Haïti.  Le Gouvernement d’Haïti, a indiqué M. Mitchell, a accepté ce Plan conçu pour s’assurer que l’esprit et la lettre de la Constitution du pays sont respectés par toutes les parties au conflit.  Le Plan appelle notamment au respect du rôle constitutionnel du Président, du Premier Ministre et du Cabinet gouvernemental, et invite l’opposition à coopérer dans la définition des règles régissant l’organisation de manifestions publiques. Le Plan appelle aussi l’opposition à s’engager dans la tenue d’élections libres et justes, ce qui, malheureusement, a été jusqu’ici rejeté.  Le Plan conçu par la CARICOM envisage en outre la professionnalisation de la Police nationale; un soutien économique et de sécurité à Haïti, et le désarmement des bandes armées. 


Les personnalités qui ont également pris la parole ce matin ont exhorté les Haïtiens à trouver une issue négociée à la crise et ont soutenu les efforts déployés par la CARICOM et l’OEA.  Pour sa part, le représentant d’Haïti, M. Jean-Claude Alexandre, déclaré que son Gouvernement condamnait les actes de violence et regrettait les pertes en vies humaines.  Les factions de l’opposition, a-t-il dit, veulent saper la légitimité et l’autorité constitutionnelle du Gouvernement tout en posant des obstacles à ses initiatives et à celles des Etats de la région visant à désamorcer la crise.  Le Président Aristide, a déclaré le représentant, est disposé à s’engager dans le dialogue et à prendre toute mesure qui assurerait le respect de la loi et de la démocratie dans le pays.  A travers le Plan proposé par la CARICOM, qui est conforme à l’Accord signé en 2002 avec l’OEA, le Gouvernement d’Haïti pourrait essayer de ramener la situation à la normale, a indiqué M. Alexandre.


La réunion d’information que l’Assemblée générale a tenu aujourd’hui sur Haïti, fait suite à la déclaration à la presse faite le 18 février dernier par le Président du Conseil de sécurité, M. Wang Guangya (Chine), dans laquelle les membres du Conseil condamnaient les violences meurtrières qui se déroulent en Haïti et appelaient le Gouvernement et l’opposition à rétablir la confiance et le dialogue en surmontant leurs différences par des voies constitutionnelles. 


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