AFR/836-UNEP/201

UN RAPPORT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT MET EN EXERGUE LES CONSEQUENCES DEVASTATRICES DES CONFLITS ARMES SUR L’APPROVISIONNEMENT EN EAU ET SUR LES FORETS

13/02/2004
Communiqué de presse
AFR/836
UNEP/201


Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement met en exergue les consequences devastatrices des conflits armes sur l’approvisionnement en eau et sur les forets


Afin d’assurer un avenir stable

au Libéria, il faut restaurer son environnement meurtri


Nairobi, 13 février 2004 –- Près de 15 ans de guerres et de conflits ont gravement endommagé l’environnement du Libéria.  Les systèmes de traitement des eaux usées et d’approvisionnement en eau sont dans un tel état, qu’ils représentent aujourd’hui un danger pour la santé publique.


Des mesures doivent aussi être prises pour rétablir l’approvisionnement en électricité, surtout à l’usine hydroélectrique principale du Libéria.  De nombreux Libériens, suite aux pénuries importantes d’électricité, se voient obligés d’abattre des arbres et de détruire des habitats précieux tels que les mangroves pour obtenir le bois de feu et le charbon dont ils ont besoin.


La déforestation, évidente tout particulièrement autour des camps de réfugiés, renforce les risques de glissements de terrain, d’érosion et d’inondation.


La chasse et la consommation d’animaux sauvages ont augmenté de manière significative ces dernières années, suite à l’apparition de plus en plus importante de routes et de travailleurs qui pratiquent l’exploitation forestière illicite, à l’intérieur des régions forestières.  Aujourd’hui, le braconnage représente peut-être la menace la plus importante qui pèse sur la grande variété d’espèces rares et uniques du Libéria, telle que la petite mais importante population de chimpanzés.


Un autre domaine prioritaire est de récupérer les navires engloutis et endommagés dans les ports et le long du littoral afin de minimiser les risques de pollution marine et d’améliorer la sécurité en mer.


Une des conséquences du conflit a été l’arrêt quasiment complet du ramassage des déchets aussi bien par la municipalité que par les sociétés privées en zones urbaines.  Résultat: de gigantesques tas d’ordures se sont formés et les populations ont été obligées de brûler leurs déchets, polluant ainsi l’air et nuisant à la santé publique.


Dans l’ensemble, la communauté internationale doit d’urgence venir en aide aux autorités libérienne qui tentent de réparer les structures administratives nationales et municipales responsables de la surveillance, de la protection et l’application des lois en matière d’environnement.


L’aide internationale serait également nécessaire dans des domaines tels que le financement et la formation, éléments essentiels au bon fonctionnement de la nouvelle agence chargée de la protection de l’environnement (la Environment Protection Agency).


Celles-ci ne sont que quelques-unes des conclusions de la première évaluation environnementale de ce pays de l’Afrique de l’ouest.  Le rapport, L’étude théorique de l’environnement du Libéria, a été préparé par la Section du Programme des Nations Unies pour l’environnement chargée de l’évaluation de la situation à l’issue de conflits.  Le rapport présente soixante recommandations qui visent à améliorer l’environnement et les perspectives de développement du Libéria.


Le rapport est la contribution du PNUE à «L’évaluation des besoins au Libéria» que guide le Groupe des Nations Unies pour le développement.  Le but de «L’évaluation des besoins» est de mieux informer les Nations Unies, les bailleurs de fond et les organisations non gouvernementales sur les questions prioritaires à adresser pour placer le Libéria et son peuple sur la voie d’un avenir stable et durable.


Gyude Bryant, Président du Gouvernement national de transition du Libéria, a souligné l’importance du rôle de l’environnement dans le processus de reconstruction et considère le rapport du PNUE comme une contribution précieuse à la réhabilitation du Libéria.


Klaus Toepfer, le Directeur exécutif du PNUE, a affirmé que la signature de l’accord de paix pour le Libéria à Accra au Ghana en août 2003, la formation du Gouvernement national de transition et la présence dans le pays d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies, font naître de grands espoirs pour le pays.  

Il a déclaré: «Les combats au Libéria ont non seulement eu un impact dévastateur sur son peuple, mais aussi sur les ressources naturelles et la biodiversité abondante du pays.  Au Libéria, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays africains, l’abondance et la pénurie des ressources sont beaucoup trop souvent la raison première de la guerre et de la souffrance. Le peuple libérien a dû payer au prix fort la richesse en bois et en ressources minérales convoitées de son pays.»


Selon M. Toepfer: «En Afrique aujourd’hui, la sécurité environnementale et la gouvernance efficace et équitable des ressources sont au cœur des efforts de maintien de la paix et de la conciliation.  L’exploitation abusive des ressources naturelles a non seulement été source de conflit au Libéria et dans la région, mais a également alimenté le conflit.»


«Une gestion efficace et ferme qui assurerait l’utilisation durable de ressources naturelles est essentielle pour prévenir d’autres conflits au Libéria.  Pour le peuple libérien qui endure souffrances, déplacements et séparations familiales depuis de nombreuses années, cette nouvelle ère présente l’espoir d’un avenir meilleur, conclut M. Toepfer.»


En effet, étant donné que le taux de chômage d’après-guerre s’élève à 85 pour cent, le PNUE soutient que la création d’emplois dans le cadre de l’amélioration de l’environnement, serait un moyen d’offrir du travail rémunéré et de l’espoir aux trois millions d’habitants du Libéria.


Au nombre des domaines identifiés figurent la restauration des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, le nettoyage des sites pollués, le ramassage et la séparation des déchets, la mise en œuvre de projets de protection de l’environnement et l’appui à l’intégration de la protection de l’environnement dans le processus de reconstruction de l’après-guerre.


Conclusions et recommandations cle


L’eau et le système sanitaire


Seulement 26% de la population ont aujourd’hui accès à de l’eau potable. Nombreux sont ceux qui en viennent à creuser des puits pour détourner de l’eau de fond parfois contaminée. Dans la capitale, Monrovia, la production d’eau traitée ne s’élève qu’à 10 pour cent de la production d’avant guerre, soit une production de 5,800 mètres cubes par jour.


L’usine de traitement des eaux usées située dans la capitale, qui a été conçue pour desservir une population de 130 000 personnes doit aujourd’hui répondre aux besoins d’une population d’après-guerre de près de 800 000 âmes.

Les systèmes d’approvisionnement en eau de dix centres urbains en dehors de Monrovia se sont effondrés.


Un Libérien sur dix a été déplacé par la guerre.  Un demi-million de Libériens résident dans des logements temporaires ou dans des camps de réfugiés qui ont des installations sanitaires souvent inadéquates, ce qui ne fait qu’aggraver la situation.  En décembre 2003, 26 000 cas de choléra ont été enregistrés à la suite d’une épidémie chronique.


L’eau potable, un système de traitement des eaux usées et des installations sanitaires qui fonctionnent sont les besoins les plus pressants, surtout dans les régions urbaines.


Le rapport recommande aussi une évaluation géologique des sources, des aquifères et des eaux de fonds afin de mieux gérer les réserves des puits temporaires creusés sans l’aide des experts et de minimiser le risque de contamination en mettant en place, par exemple, des zones spéciales de protection des eaux potables.


Les déchets


Avant 1990 à Monrovia, 85 pour cent des ordures ménagères et des déchets industriels étaient ramassés. Les grandes et les petites villes telles que Buchanan, Gbganga, Greenville, Harper, Kakata et Robertsport, avaient elles aussi des systèmes de ramassage et de traitement des ordures.


Quatorze ans de conflits plus tard, ces services n’existent plus et les broyeurs à ordures, le matériel de traitement des ordures et les dépotoirs ont été pillés, gravement endommagés ou détruits.


En conséquence, en zones urbaines, les ordures se sont amassées et il n’existe plus de décharges publiques sanitaires. Les déchets, qui peuvent contenir des piles, de l’amiante et des huiles automobiles, sont soit incinérées ou jetées. La pollution de l’air et la contamination des rivières et des eaux de fonds qui s’en suit, constituent un risque pour l’environnement et pour la santé des populations.


Le rapport note que la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Libéria (UNMIL) a, depuis janvier 2004, aidé à organiser un projet limité de séparation des ordures pour la récupération et le recyclage de métaux.


Cependant, le PNUE appelle à un engagement plus poussé. Des évaluations de l’impact sur l’environnement permettraient d’identifier des sites capables de supporter l’enfouissement de la masse de déchets produits sans constituer un danger pour les sources d’eau.


L’énergie


Le Libéria bénéficiait de 182 MW d’électricité que généraient des usines hydroélectriques et de combustion de carburants.  Malheureusement, les usines, les sous-stations et les lignes de transmissions ont été endommagées ou détruites.


Selon le rapport, jusqu’à 99 pour cent de la population libérienne dépend aujourd’hui du charbon et du bois de feu pour cuisiner et se réchauffer, mettant une pression supplémentaire sur les systèmes forestiers et sur les animaux sauvages.


La situation des mangroves en zone côtière suscite beaucoup d’inquiétude. Ces habitats fragiles, pépinières de nombreux poissons, forment une protection naturelle contre l’inondation mais sont aujourd’hui de plus en plus exploités.

Le rapport du PNUE fait cinq recommandations. L’une d’elles est que le Ministère des mines, de l’énergie et des ressources entreprenne une évaluation du potentiel de sources d’énergie alternatives et écologiques telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne et la biomasse.


Le rapport souligne également la nécessité d’investir dans le développement de fours à charbon de bois plus efficaces et dans la production écologique de charbon.  Il encourage la création d’espaces où seraient plantés des bois destinés à la production de charbon, réduisant ainsi la pression sur les forêts naturelles.


Les Forêts


Les différentes factions en conflit au Libéria ont exploité et exporté les grandes ressources en bois du pays pour financer la guerre.  De nombreuses routes ont été construites pour transporter le bois et le réseau routier ainsi formé a fragmenté les habitats forestiers, a facilité l’accès aux chasseurs et aux braconniers, et a accéléré l’expansion de la culture sur brûlis.


Depuis 1990, le couvert forestier au Libéria a diminué de sept pour cent et est aujourd’hui de 31 pour cent.  En mai 1991, une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies a imposé des sanctions sur les «diamant du sang» du Libéria. Les factions en conflit se tournent alors vers le bois comme nouvelle source de revenus.  Elles découvrent que la destruction de forêts est presque aussi lucrative que l’exploitation minière.  C’est pourquoi les sanctions sont élargies, en 2003, pour inclure le bois.


Le rapport du PNUE appelle la communauté internationale à aider la Liberian Forestry Development Authority, organe chargé de la foresterie, à renforcer ses compétences en matière d’administration et de gestion durable des forêts.  Le département a également besoin de nouveaux véhicules et de systèmes de communication qui lui permettent de mieux contrôler l’exploitation illicite des forêts.


Notes aux éditeurs


La Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria s’est tenue le 5 et 6 février 2004 à New York.  Le rapport du PNUE sur le Libéria a été distribué lors de la rencontre et de nombreux bailleurs de fond ont réaffirmé les liens clairs qui existent entre l’environnement et la capacité du Libéria à se redresser.


Le PNUE continuera à travailler en collaboration avec le Gouvernement de transition du Libéria, d’autres agences des Nations Unies et la communauté internationale, en faveur de la mise en œuvre des recommandations en matière de protection de l’environnement contenues dans «L’évaluation des Besoins» du Groupe des Nations Unies pour le développement et dans «L’étude théorique de l’environnement du Libéria» du PNUE.


L’étude sur le Libéria est la dernière en date entreprise par la Section du PNUE chargée de l’évaluation de la situation à l’issue de conflits.  Les études précédentes ont évalué la situation dans les Balkans, en Afghanistan, dans les Territoires palestiniens occupés et en Irak.


Le rapport complet est disponible à l’adresse suivante: http://postconflict.unep.ch/liberia/Liberia_DS_AGL.pdf


Pour obtenir des informations complémentaires, veuillez prendre contact avec Eric Falt, porte-parole et Directeur de la communication et de l’information du PNUE, au 254-20-623-292, ou au 254-733-682-656; ou encore par courrier électronique à l’adresse eric.falt@unep.org; on peut aussi contacter Nick Nuttall, responsable des médias au PNUE, au 254-20-623-084, ou au 254-733-632-755, ainsi que par courrier électronique à l’adresse nick.nuttall@unep.org.


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