AFR/827-DEV/2461

LIBERIA : LA CONFERENCE SUR LA RECONSTRUCTION S’ACHEVE SUR UN ENGAGEMENT FINANCIER DE 520 MILLIONS DE DOLLARS

06/02/2004
Communiqué de presse
AFR/827
DEV/2461


Conférence internationale pour

la reconstruction du Libéria

matin et après-midi


LIBERIA : LA CONFERENCE SUR LA RECONSTRUCTION S’ACHEVE SUR

UN ENGAGEMENT FINANCIER DE 520 MILLIONS DE DOLLARS


520 millions de dollars: c’est le montant des promesses de contribution faites aujourd’hui par les bailleurs de fonds internationaux réunis depuis hier à New York dans le cadre de la Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria.  Évalués à 480 millions de dollars pour l’exercice 2004-2005, les besoins de financement du « Cadre transitoire orienté vers l’obtention des résultats au Libéria » -document préparé conjointement par le Gouvernement national de transition, la Banque mondiale et le Groupe des Nations Unies pour le développement- se trouvent largement couverts dans la mesure où de nombreux donateurs qui ont limité leurs engagements à l’exercice financier 2004 devraient annoncer des contributions supplémentaires en 2005.  Ce résultat va dans le sens de l’appel à la générosité lancé dans la matinée par le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, qui indiquait qu’après la signature, en août 2003 à Accra, de l’Accord général de paix sur le Libéria, après la mise en place du Gouvernement de transition et de l’Assemblée législative, et après le déploiement de la Mission des Nations Unies au Libéria, cette Conférence internationale démontrait qu’en ce moment décisif, la communauté internationale entendait se montrer solidaire du peuple libérien. 


Ces fonds devront être consacrés en priorité à la restauration des conditions de sécurité indispensables aux opérations de secours humanitaire, de relèvement et de reconstruction du Libéria, ont estimé dans leur ensemble les pays donateurs, alors même que le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Libéria, Jacques-Paul Klein, affirmait que tant que le désarmement des ex-combattants n’aurait pas été mené à terme, l’acheminement de l’aide humanitaire ne serait pas totalement sécurisé.  12 500 armes légères ont d’ores et déjà été collectées auprès des ex-combattants volontaires, a indiqué M. Klein, avant de plaider pour un financement accru des opérations de désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement et réintégration des anciens combattants (DDRRR) car leur bonne conduite conditionne à son avis le véritable retour à la paix au Libéria. 


Pour sa part, le Président du Gouvernement national de transition du Libéria, Charles Gyude Bryant, a rappelé que lors de leur prise de fonction, le 14 octobre 2003, les nouvelles autorités avaient hérité d’un pays exsangue, totalement désorganisé, que ce soit en matière de services publics, de sécurité, ou d’infrastructures de santé publique, d’éducation ou d’assainissement.  En l’espace de six mois et malgré les rares ressources dont nous disposons, nous avons pris des mesures pour lancer un processus de réformes, a déclaré le Président, donnant l’exemple de l’abolition des monopoles, de la libéralisation de l’importation des produits de base, et de la réduction des prix de certaines denrées telles que le riz.  En outre, a-t-il ajouté, tous les salaires des fonctionnaires avaient été versés depuis octobre 2003.  Le programme transitoire 2004-2005 prévoit entre autres le retour de la sécurité, le retour des déplacés et des réfugiés, le développement d’infrastructures d’assainissement et de santé publique, la remise en état des capacités productives, la mise en place de stratégies de développement et la préparation d’élections démocratiques d’ici la fin de 2005, a précisé ensuite M. Bryant. 


Cette Conférence d’annonces de contributions a été l’occasion pour les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni -soutenus en cela par de nombreuses délégations ouest-africaines- de souligner l’importance de la dynamique sous-régionale en particulier pour ce qui est des actions de désarmement, de démobilisation et de rapatriement des anciens combattants, de réinstallation des réfugiés et des déplacés de guerre, de lutte contre la prolifération des armes légères et de traitement de la question des enfants soldats.  A ce titre, le Secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, annonçant une contribution de 200 millions de dollars, a invité la communauté internationale à continuer de fournir un soutien à la réhabilitation, la réinsertion et la réinstallation des personnes déplacées en portant une attention particulière à la situation des ex-combattants de sexe féminin et à celle des enfants soldats.  Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, précisant pour sa part que l’engagement de son pays s’élevait à 25 millions d’euros pour le Libéria, a annoncé que la France consacrerait un million d’euros supplémentaires à ce pays, dont une moitié financerait des projets sociaux au bénéfice des populations déplacées et des enfants soldats, en coordination avec des projets équivalents menés en Côte d’Ivoire.  Par la voix du Secrétaire d’Etat irlandais en charge de la coopération au développement et des droits de l’homme, Thomas Kitt, l’Union européenne a indiqué qu’un fonds de 25 millions d’euros avait été créé pour permettre la réinsertion des déplacés et qu’en 2004 et 2005, l’Union européenne verserait environ 125 millions d’euros à la reconstruction et la réhabilitation du Libéria.


CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que des dizaines de milliers de personnes avaient été tuées au cours des 14 dernières années de conflit et que des centaines de milliers d’autres avaient été chassées de leurs foyers.  La majeure partie de l’infrastructure, déjà sommaire, a été détruite, a poursuivi M. Annan, et la peur et la méfiance restent très répandues, tout comme le scepticisme quant à la durabilité de la paix.  Et pourtant, grâce à la capacité de la population à rebondir, à la volonté des principaux adversaires de rechercher enfin un règlement pacifique de leurs différends, et aux bons offices de la communauté internationale, le Libéria est aujourd’hui en droit d’espérer, a déclaré le Secrétaire général.  Après l’Accord général de paix signé en août dernier à Accra, après la mise en place du Gouvernement de transition et de l’Assemblée législative, après le déploiement de la Mission des Nations Unies au Libéria, la Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria apporte la preuve qu’en ce moment décisif, la communauté internationale est solidaire de ce pays, a ajouté M. Annan. 


Un rapport d’évaluation des besoins établi par le Groupe des Nations Unies pour le développement et la Banque mondiale vous a été soumis, qui reflète le rôle moteur assumé par le Gouvernement de transition et constitue un modèle, non seulement de collaboration mais aussi de prise en main par le pays de son destin, a-t-il lancé.  La toute première préoccupation, au fur et à mesure que nous avancerons, sera la sécurité, a indiqué le Secrétaire général, avant de juger urgente la consolidation du périmètre de sécurité et son extension au-delà de la capitale dans les zones rurales.  Les forces armées libériennes doivent être totalement restructurées et doivent réapprendre la cohésion et la discipline, a-t-il dit ensuite, avant d’insister sur la démobilisation et la réinsertion de quelque 53 000 anciens combattants, dont des enfants soldats.  Enfin, il faut absolument arrêter l’afflux inquiétant et persistant de mercenaires et d’armes illicites, a estimé M. Annan, soulignant à ce titre le rôle important des organisations sous-régionales comme la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano.  Si la démobilisation n’est pas effective, cela pourrait avoir des effets déstabilisateurs sur la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Sierra Leone, a mis en garde le Secrétaire général, avant de souligner les besoins pressants en matière de retour et de réinstallation des réfugiés et des déplacés, de soutien aux institutions publiques, de promotion de la gouvernance démocratique, d’éducation, d’assainissement et de santé publique.  Lançant un appel aux dirigeants du Libéria pour qu’ils surmontent leurs différends et progressent sur la voie de la réconciliation nationale, M. Annan a invité la communauté internationale à fournir les ressources nécessaires à la reconstruction du Libéria afin d’y consolider la paix et rendre le processus de paix irréversible. 


M. THOMAS KITT, Secrétaire d’Etat à la coopération au développement et aux droits de l’homme de l’Irlande, intervenant au nom de l’Union européenne, des pays candidats et des pays associés, a déploré les destructions causées au Libéria par 14 années de guerre civile qui a coûté la vie à des centaines de milliers de civils et en a conduit des millions d’autres à l’exil.  Depuis la signature de l’Accord de paix d’Accra en août dernier, le Libéria est en mesure de s’engager dans la phase de relèvement et de reconstruction, a-t-il dit, faisant part de son optimisme au regard des efforts déployés par le Gouvernement national de transition au Libéria.  Le Ministre a par ailleurs insisté sur le rétablissement de la sécurité qui constitue un élément essentiel pour encourager les déplacés et les réfugiés au retour dans leurs foyers et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.  L’Irlande contribue considérablement à la Mission des Nations Unies pour le Libéria (MINUL), a fait observer M. Kitt, avant d’indiquer que l’Union européenne était disposée à soutenir la stabilisation et le retour à la paix durable au Libéria.  Pour cela, a-t-il dit, l’Union est convaincue que les questions de DDRRR, de démobilisation des enfants soldats, de lutte contre les flux illicites d’armes légères ne peuvent être résolues que par la voie sous-régionale, prenant l’exemple des processus identiques en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone.  Se tournant vers le Président libérien, M. Kitt l’a assuré de la détermination de l’Union européenne à financer l’effort de relèvement et de reconstruction dans son pays. 


M. CALLISTO MADAVO, Vice-Président de la Banque mondiale chargé de la Région Afrique, a déclaré que l’idée d’organiser une Conférence pour la reconstruction du Libéria aurait semblé incongrue il y a à peine un an.  La tenue de cette Conférence traduit le souci de la communauté internationale de mettre fin aux conflits qui déchirent certaines régions du monde.  Nous devons aider les Libériens à reconstruire leur pays dans le respect strict de l’Accord de paix d’Accra, a-t-il affirmé, en annonçant que la Banque mondiale apporterait son soutien aux tâches de reconstruction qui pointent à l’horizon de ce pays.  Certes, a-t-il rappelé, ce ne sera pas une tâche facile, mais les exemples de l’Ouganda et du Mozambique, autrefois pays en conflit profond, sont là pour montrer que ce genre de mission peut réussir.  La reconstruction en cours en Sierra Leone, voisine du Libéria, indique en effet que ce genre de programmes de reconstruction-développement est possible en Afrique de l’Ouest, a ajouté M. Madavo.


Aujourd’hui en Afrique, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), initié par les Africains eux-mêmes et soutenu par la communauté internationale, a créé un élan positif qui se ressent sur tout le continent et qui est propice à la promotion du développement, s’est-t-il félicité.  Au Libéria, le gouvernement devra faire preuve à son avis d’ouverture et de responsabilité envers les populations.  Les services de base, qui ont été cités comme une priorité dans la reconstruction du pays, devront être promus de manière à ce qu’ils soient accessibles à la majorité de la population.  Nous devons aider considérablement le Gouvernement national de transition en étant que véritables partenaires de la mise en œuvre des priorités qui ont été identifiées, et à ce titre, la Banque mondiale s’engage à jouer le rôle qui est le sien en matière de développement économique et social, a-t-il assuré.  Nous attendons de créer un cadre de collaboration active et cohérente avec tous les partenaires internationaux qui interviennent au Libéria, a conclu M. Madavo.


M. C. GYUDE BRYANT, Président du Gouvernement national de transition du Libéria (NTGL), présentant la « vision du Libéria pour la transition », a souhaité que la communauté internationale réponde généreusement à l’appel de fonds présenté par son Gouvernement dans la phase actuelle de transition vers la paix et la démocratie après 25 années de violence politique.  Au bout de trois mois de négociations, le NTGL a pu être mis en place le 14 octobre 2003, réunissant toutes les composantes politiques ainsi que celles de la société civile.  Lorsque nous sommes entrés en fonction, a-t-il rappelé, le pays souffrait d’une absence totale d’organisation, que ce soit en matière de services publics, de sécurité, ou d’infrastructures, sans compter l’incidence ravageuse du VIH/sida.  Malgré les rares ressources dont nous disposons, le NTGL a pris des mesures pour lancer le processus de réformes de nature à soutenir l’effort de relèvement, a-t-il déclaré, notamment visant à abolir les monopoles, à permettre l’importation des produits de base, et à réduire les coûts de certaines denrées telles que le riz, tandis que tous les salaires des fonctionnaires ont été versés depuis octobre 2003.  Par ailleurs, a-t-il indiqué, un Comité d’examen des sanctions a été créé afin d’évaluer la situation et de convaincre le Conseil de sécurité de lever l’interdiction de vente du bois.  Les Libériens commencent à retrouver la confiance dans leur Gouvernement, a-t-il dit, et l’adoption d’un cadre de réforme de la gouvernance constitue une des clefs pour consolider la paix au Libéria.  Voici près de 15 ans que le Libéria est un pays en faillite et que les institutions de l’Etat sont ruinées à force d’avoir été placées sous le contrôle d’une petite élite, a déploré le Président. 


La vision à long terme de notre pays suppose avant tout une transformation totale qui permette à chaque individu de jouir de ses droits élémentaires; elle suppose également la création d’une fonction publique égalitaire et juste et la construction d’une société en paix avec elle-même et une nation en paix avec le reste de la communauté internationale, a-t-il poursuivi.  A cette fin, a-t-il dit, les deux années à venir doivent nous permettre de passer d’un contexte post-conflit à un développement durable, et pour cela, il nous appartient de consolider les fondements de notre démocratie par l’application scrupuleuse de l’Accord de paix d’Accra.  Le programme transitoire orienté vers l’obtention de résultats prévoit entre autres le retour de la sécurité, le retour des déplacés et des réfugiés, le développement d’infrastructures d’assainissement et de santé publique, la remise en état des capacités productives, la mise en place de stratégies de développement et la préparation d’élections démocratiques, a énuméré le Président.  Ce document reflète un consensus national et nous lançons un appel pressant à la communauté internationale afin qu’elle soutienne la mise en œuvre des différentes étapes du cadre transitoire, a-t-il ajouté, avant d’évoquer la question de la dette extérieure du Libéria.  Vos contributions seront utilisées pour financer les projets identifiés ensemble, a-t-il assuré, s’engageant à lutter contre la corruption et rendant hommage à la communauté internationale qui donne aujourd’hui une seconde chance à son pays. 


M. JACQUES PAUL KLEIN, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Libéria, a déclaré que le conflit du Libéria s’est caractérisé par le nombre élevé de violations des droits de l’homme.  La moitié des victimes du conflit était des civils, a-t-il précisé, en déplorant que la communauté internationale n’ait pas agi à temps pour empêcher ce désastre.  Nous devons tout faire aujourd’hui pour mettre le Libéria sur la voie du développement, a-t-il lancé.  Nous avons reçu un mandat opérationnel de la part du Conseil de sécurité à cette fin, et nous travaillons en bonne entente avec le Gouvernement de transition, qui est en place depuis quatre mois, pour sa mise en application, a assuré M. Klein, précisant que les salaires des fonctionnaires, longtemps négligés, avaient commencé à être versés et les prix des produits de première nécessité indispensables à la survie des populations, revenant à des niveaux acceptables.  Le Gouvernement de transition a cependant un besoin urgent de lever des ressources au niveau national, a-t-il noté.  Des actions sont en cours pour procéder à une évaluation des sources potentielles de revenus fiscaux.


Le Représentant spécial a par ailleurs affirmé que les conditions de sécurité commençaient à s’améliorer au Libéria et que la présence de l’ONU se renforçait dans l’ensemble du territoire.  Nos équipes, a-t-il dit, travaillant avec les ONG, sont désormais en mesure de créer un réseau de distribution de l’aide humanitaire, même si des dangers persistent tant que le désarmement des ex-combattants n’aura pas été mené à terme.  Nous avons pu à ce jour collecter 12 500 armes légères auprès de ceux des combattants qui ont accepté de déposer leurs armes, a-t-il précisé, soulignant qu’il était nécessaire que les chefs de factions fournissent au Gouvernement de transition des informations sur le nombre de leurs combattants et sur les types d’armements dont ils disposent pour permettre à la MINUL de conduire des programmes efficaces de désarmement.  Les opérations de DDRRR doivent par ailleurs être mieux financées, a-t-il poursuivi, car leur bonne conduite conditionne le véritable retour à la paix.  M. Klein s’est félicité de la création prochaine de tribunaux à Monrovia pour que les citoyens cessent de pratiquer l’autojustice et fait part de l’intention de l’ONU de déployer 400 agents de police civile dans les rues de Monrovia au cours des mois qui viennent.  Nous espérons que cette Conférence permettra de verser au Libéria les ressources dont il a besoin pour sortir définitivement de la zone de transition qu’il traverse en ce moment, a lancé le Représentant spécial, en soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un acte de charité envers le Libéria et envers l’Afrique, mais plutôt d’un devoir et d’une dette à payer à ce pays et à ce continent.  


M. COLIN POWELL, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, a réaffirmé la volonté de son Gouvernement d’aider le peuple du Libéria qui, après une quinzaine d’années de guerre, est enfin entré dans une ère de paix.  Les 200 000 personnes qui sont mortes au Libéria, a dit M. Powell, représentent seulement une fraction de toutes les victimes des conflits interconnectés qu’a connue la région d’Afrique de l’Ouest.  La communauté internationale  a pris des mesures énergiques pour mettre fin au conflit du Libéria, et nous remercions à cet égard la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Royaume-Uni, et la France, pour le leadership dont ils ont fait preuve pour aider à restaurer la sécurité en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire, a déclaré M. Powell.  Nous remercions aussi le Ghana et le Nigéria qui ont trouvé des solutions de type régional pour la résolution des crises dans cette région, a-t-il ajouté.  Au Libéria, la communauté internationale et les ONG ont travaillé pour atteindre trois objectifs: mettre fin à la violence; faciliter la fourniture de l’aide humanitaire; et apporter leur soutien à tous ceux qui, au Libéria, se sont attelés à mettre en œuvre des réformes fondamentales de gouvernance, a affirmé le Secrétaire d’Etat américain, en précisant que les Etats-Unis se félicitaient d’avoir pris part à ces efforts.  Avec le soutien de troupes américaines, la CEDEAO a déployé des forces de maintien de la paix, ce qui a permis de créer des conditions propices à un cessez-le-feu, a-t-il poursuivi, soulignant que le Président Bush avait clairement fait savoir que la communauté internationale souhaitait le départ de Charles Taylor.  En outre, a-t-il précisé, notre pays a soutenu les pourparlers qui ont abouti à la signature de l’Accord de paix d’Accra, à la suite de laquelle les forces rebelles se sont retirées de la capitale, Monrovia.  Grâce à nos efforts conjoints, les réfugiés et les personnes déplacées commencent à regagner leurs foyers, et les Libériens estiment que ces progrès ont été rendus possibles grâce à la présence des forces internationales, a affirmé M. Powell. 


Le Secrétaire d’Etat a par ailleurs invité la communauté internationale à continuer à fournir un soutien à la réhabilitation, la réintégration et la réinstallation des personnes déplacées, portant une attention particulière à la situation des ex-combattants de sexe féminin et à celle des enfants soldats.  Aujourd’hui, il faut que ces enfants retrouvent leurs familles et leurs foyers, a-t-il dit; il faut qu’ils retrouvent le chemin de l’école, pour avoir une chance d’échapper à la pauvreté et de développer leur humanité.  Il a par ailleurs insisté sur l’importance d’aider le Libéria à créer un Etat de droit.  Nous devons les aider à créer un système qui rende justice à la société libérienne, qui renforci leur société civile, et promeut la création d’institutions nationales transparentes et redevables envers le peuple.  De même, nous devons aider le Libéria à se doter de médias crédibles et impartiaux, et nous devons l’aider à se débarrasser de la corruption, a-t-il lancé.  Il est essentiel, d’autre part, de reconstruire les infrastructures de santé et d’éducation, et de soutenir la réhabilitation des secteurs forestiers et agricoles.  Le secteur de la sécurité doit pour sa part être réformé et placé sous le contrôle des civils.  Il doit être capable d’assurer l’intégrité territoriale du Libéria, a affirmé M. Powell.


Après avoir rappelé que les Etats-Unis avaient déjà versé 90 millions de dollars pour faire face à la crise humanitaire que connaît le Libéria, le Secrétaire d’Etat américain a souligné que l’aide alimentaire de son pays distribuée par le Programme alimentaire mondial, avait permis de nourrir des centaines de milliers de réfugiés.  En plus, notre Gouvernement a versé 8,5 millions de dollars pour former et équiper la police civile consenti quatre millions de dollars au PNUD pour qu’il soutienne le Gouvernement national de transition, et contribué au financement des forces de la CEDEAO à hauteur de 21 millions de dollars, a-t-il précisé.  Je suis heureux d’annoncer aujourd’hui, a dit M. Powell, que le Congrès des Etats-Unis a décidé d’octroyer 200 millions de dollars supplémentaires à l’aide et à la reconstruction du Libéria, et 245 millions de dollars aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans ce pays.


M. BRYANT, Président du Gouvernement national de transition, s’est engagé à ce que son administration appliquerait scrupuleusement les termes de l’Accord d’Accra.  Pendant trop longtemps, les pays d’Afrique de l’Ouest ont souffert de crises qui étaient liées et interdépendantes et les racines de ces conflits sont liées à la corruption et à la criminalité, a-t-il dit.  Le moment est venu pour tous les pays de la région de créer entre eux des relations productives de coopération et de commerce susceptibles de générer des ressources et de la prospérité, a lancé M. Bryant.  Le Libéria dispose de ressources minérales, de sols fertiles et reçoit des pluies abondantes.  Il dispose de l’une des forêts primaires les plus riches en essences précieuses et en espèces rares, qui pourraient permettre le développement d’un tourisme écologique profitable, a précisé M. Bryant, en invitant la Banque mondiale et le reste de la communauté internationale à soutenir le secteur privé libérien.  Le Président libérien, qui a été reçu hier soir par la Fondation Leon Sullivan, a annoncé qu’il serait aussi l’invité la semaine prochaine du Corporate Council for Africa et d’autres milieux d’affaires, dans le cadre des contacts établis en vue de permettre le financement des efforts de reconstruction au Libéria.  


La situation de la mise en œuvre de l’Accord d’Accra a ensuite été évoquée par les Coprésidents du Groupe de contact sur le Libéria, à savoir la Suède, au nom de l’Union européenne, et le Ghana, en sa qualité de Président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.


M. HANS DAHLGREN, Secrétaire d’Etat de la Suède, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a rappelé les profondes séquelles de la guerre civile au Libéria en particulier pour les enfants et souhaité que la détermination de la communauté internationale soit réelle afin d’inverser la spirale.  A cet égard, il a salué l’implication active de la CEDEAO sous la présidence du Ministre ghanéen Akufo-Addo dans la recherche d’une solution négociée à la crise.  Il faut cesser de se battre et commencer à s’exprimer, a dit le Secrétaire d’Etat, soulignant ensuite les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Accra.  Il faut s’assurer que les parties sont réellement désarmées, a-t-il dit ensuite, avant d’exhorter les partenaires au développement du Libéria à aider le nouveau Gouvernement à asseoir son autorité.  Nous aurons bientôt la plus grande opération de maintien de la paix du monde au Libéria, a-t-il annoncé, avant de se féliciter de la composante droits de l’homme prévue dans cette opération et de plaider pour le renforcement du processus de DDRRR et pour l’implication active des femmes dans le processus.  Enfin, le Secrétaire d’Etat suédois a insisté sur la dimension régionale de la reconstruction et du relèvement post-conflit du Libéria, en particulier pour ce qui est du DDRRR, du contrôle des flux d’armes et de la réinsertion des enfants soldats. 


Le Ministre des affaires étrangères du Ghana, M. NANA AKUFO-ADDO, a tenu à souligner les progrès intervenus depuis octobre 2003 au Libéria et a rappelé les pressions exercées par le Groupe de contact sur l’ancien Président Taylor au début de 2003, qui ont abouti aux négociations d’Accra entre le LURD et le Gouvernement de M. Taylor.  Depuis 1990, les retombées de la guerre civile au Libéria ont atteint la Sierra Leone puis la Côte d’Ivoire, a-t-il rappelé, avant d’indiquer que des mesures avaient été prises dès 2002 pour contenir les répercussions des conflits internes sur les États voisins.  Le Groupe de contact veille étroitement au processus de paix, a-t-il dit, se félicitant des réunions hebdomadaires organisées entre le Président Bryant et les représentants du Groupe de contact à Monrovia.  Diverses mesures ont été prises par le Gouvernement de transition nationale au Libéria pour normaliser la situation intérieure et améliorer ses relations avec le reste de la communauté internationale.  Le processus de paix en est aujourd’hui à une étape critique, a-t-il rappelé, avant d’assurer que le Groupe de contact ne relâcherait pas ses efforts avant la mise en oeuvre complète de l’Accord d’Accra et la tenue d’élections libres et démocratiques.  Abordant la question des sanctions contre le Libéria, le Ministre Akufo-Addo a invité la communauté internationale à envisager leur levée afin de soutenir la reconstruction du pays.


M. MOHAMED IBN CHAMBAS, Secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a déclaré que la CEDEAO resterait engagée au Libéria tout en sachant que les Libériens sont eux-mêmes les premiers responsables du maintien de la paix dans leur pays.  Le Comité de surveillance de la mise en œuvre de l’Accord d’Accra qui comprend le CEDEAO, l’Union africaine, l’Union européenne, le Ghana, le Nigéria et les Etats-Unis, a pour charge d’encourager la création d’un processus participatif favorisant le véritable retour à la paix et la reconstruction du Libéria, a-t-il dit.  Le Comité est aussi chargé de surveiller la mise en place d’un cadre permettant la tenue d’élections transparentes et d’évaluer le rétablissement des services sociaux de base.  Le Secrétaire exécutif a annoncé également que le médiateur de la CEDEAO, le Général Abubakar, prévoyait d’être au Libéria le 15 février prochain pour étudier la manière la plus appropriée d’un soutien efficace de la communauté internationale à la période transition que traverse le Libéria.  Nous souhaitons que l’assistance apportée par la Conférence pour la reconstruction du Libéria soit souple, rapide et substantielle, a-t-il conclu.


M. DOMINIQUE DE VILLEPIN, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que l’espoir était en train de renaître au Libéria, après 15 années de conflit civil qui ont fait 250 000 morts et provoqué le déplacement de 450 000 personnes.  Sur le plan de la sécurité, il faut assurer le désarmement des combattants démobilisés et leur réinsertion; sur le plan politique, la réconciliation nationale doit se traduire par la mise en place d’institutions stables et déboucher sur des élections prévues le 25 octobre 2005, a affirmé le Ministre.  Sur le plan économique, si un contrôle approprié est établi, nous pourrons aller vers une levée des sanctions sur les exportations des diamants et de bois, a-t-il ajouté. 


La France prend part à la reconstruction du Libéria, a déclaré M. De Villepin, précisant que son engagement s’élevait à 25 millions d’euros.  La France a accepté le déploiement de 15 000 hommes sur le terrain, a-t-il rappelé et tient à rendre hommage au travail accompli par le Représentant spécial du Secrétaire général, Jacques Klein, dans ce pays.  Nous avons dégagé une aide d’urgence d’un million d’euros pour en outre répondre aux besoins les plus urgents et nous nous apprêtons à consacrer un million d’euros supplémentaires à ce pays, dont la moitié serait consacrée à des besoins humanitaires d’urgence, alors que l’autre moitié fiancerait des projets sociaux au bénéfice des populations déplacées et des enfants soldats, en coordination avec des projets équivalents menés en Côte d’Ivoire, a précisé le Ministre.  M. De Villepin a estimé par ailleurs qu’aujourd’hui, le renforcement de la présence de l’ONU, et la création d’une mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire étaient indispensables.  C’est le souhait des autorités ivoiriennes, comme de la CEDEAO et de l’Union africaine, a-t-il fait observer. 


M. CHRISTIAN G. HERBERT, Ministre du plan et des affaires économiques du Gouvernement national de transition du Libéria, revenant sur les discussions de la veille sur la mise en oeuvre du « cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats » a mis l’accent sur le montant élevé du coût de la reconstruction au cours de la transition prévue pour deux ans.  Neuf domaines prioritaires ont été identifiés, a-t-il précisé, mentionnant entre autres, la sécurité, le retour des déplacés et des réfugiés, la gouvernance démocratique et la relance du cadre économique.  Ce cadre transitoire a été approuvé par toutes les composantes de la société réunies autour du Gouvernement, a-t-il noté, avant de plaider pour une aide d’urgence de nature à créer un environnement sûr, à rétablir les services sociaux de base et à lutter contre d’autres menaces telles que le VIH/sida.  Il a invité les gouvernements et institutions financières internationales présents à New York à contribuer au financement des besoins du Libéria.


M. ABDOULAYE BIO-TCHANÉ, Directeur du Département Afrique au Fonds monétaire international (FMI), s’est félicité des premières mesures prises par le Gouvernement de transition pour accroître les recettes fiscales et les revenus des exportations et améliorer la gestion des finances publiques.  Le Gouvernement de transition a déjà envisagé un audit des institutions génératrices de revenus et de la Banque centrale et cet effort devrait faciliter l’augmentation des ressources de l’Etat, a-t-il souligné.  Certaines capacités institutionnelles doivent être renforcées grâce à la contribution du FMI dans ses domaines d’expertise, a fait valoir M. Bio-Tchané, encourageant les donateurs à mettre en place des mécanismes permettant d’assurer la transparence dans l’utilisation des ressources. 


M. KITT, Ministre d’Etat pour la coopération au développement et les droits de l’homme de l’Irlande, a déclaré, au nom de l’Union européenne, que la communauté internationale devait faire preuve de réalisme face à l’ampleur de la catastrophe et des besoins du Libéria.  L’Union européenne est d’accord avec ce qui est dit dans le document d’évaluation des besoins de reconstruction du Libéria.  Nous pensons que la procédure engagée devra être acceptée par la population du pays comme répondant à ses vrais besoins, et il faut veiller à ce rien ne soit imposé aux Libériens, a-t-il précisé, avant d’ajouter que l’Union européenne invitait le Gouvernement de transition à donner plus de place à la société civile, afin que l’on ne donne pas l’impression que les ex-parties au conflit occupent le premier plan et sont favorisées dans les programmes qui seront bientôt lancés.


Les ressources financières en elles-mêmes ne sont pas garantes de succès, mais plutôt la manière dont elles sont utilisées, a fait valoir M. Kitt.  Pour promouvoir le processus de réconciliation, il faudra mettre fin à son avis à l’impunité.  A ce sujet, l’Union européenne demande que les responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerres soient traduits devant des tribunaux, a-t-il précisé, rappelant que l’Union européenne avait déjà versé 50 millions d’euros aux opérations menées par la CEDEAO.  M. Kitt a précisé qu’un fonds de réinsertion de 25 millions d’euros avait d’autre part été créé pour permettre la réinsertion des déplacés.  Il a par ailleurs demandé que le Gouvernement de transition mette en place un cadre fiscal et financier transparent, permettant un contrôle effectif des recettes et des dépenses.  En 2004 et 2005, l’Union européenne versera environ 125 millions d’euros à la reconstruction et la réhabilitation du Libéria, a encore annoncé M. Kitt. 


Mme ANNIKA SÖDER, Vice-Ministre à la coopération et au développement international de la Suède, a estimé que les Libériens devaient être les premiers responsables de la reconstruction de leur pays.  A son avis, le cas du Libéria est un test pour le multilatéralisme.  Des forces de sécurité doivent assurer un accès total aux populations en manque d’aide humanitaire, a-t-elle estimé, affirmant que la CEDEAO pourrait compter sur le soutien de la Suède.  Nous soutenons la conduite de programmes de DDRRR, la restauration de l’Etat de droit, l’insertion des femmes dans tous les aspects de la reconstruction, et le respect des droits humains, a affirmé Mme Söder, annonçant que la contribution de son pays serait de 45 millions d’euros pour les deux prochaines années.  La Suède enverra en outre 240 soldats pour participer aux opérations de la MINUL, a-t-elle conclu.


M. KEITH BROWN, Administrateur adjoint chargé de l’Afrique à l’USAID, a affirmé que la Conférence internationale des donateurs était la meilleure chance du Libéria de renouer avec la croissance et avec la paix et a indiqué que les États-Unis étaient déterminés à soutenir les efforts du Gouvernement national de transition du Libéria.  Le « cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats » constitue une véritable feuille de route dans laquelle chaque bailleur de fonds peut s’inscrire, a-t-il dit, soulignant que les États-Unis ont consacré 200 millions de dollars au financement du cadre, notamment en matière d’assistance humanitaire, de DDRRR, de soins de santé de base et de réinstallation des réfugiés.  Cette enveloppe, qui doit encore être approuvée par le Congrès, s’ajoute aux 258 millions de dollars alloués à l’opération de maintien de la paix au Libéria, a-t-il précisé, avant d’ajouter que les Etats-Unis entendaient soutenir le domaine agricole, par le biais du microcrédit, appuyer le domaine de l’environnement et les programmes d’assainissement.  Par ailleurs, s’agissant du renforcement des capacités, l’USAID entend soutenir les institutions chargées de la gestion des finances publiques, des recettes fiscales, ainsi que les institutions judiciaires et les structures scolaires, en s’appuyant sur l’expérience de l’UNICEF, a-t-il assuré.  L’Accord d’Accra accorde aux Etats-Unis le rôle moteur dans le domaine de la sécurité, a-t-il observé, avant d’inviter l’ensemble de la communauté internationale à s’inscrire dans une telle démarche. 


M. CHRIS MULLIN, Sous-Secrétaire parlementaire du Royaume-Uni, a insisté sur le programme de DDRRR en soulignant l’importance de la réinsertion et de la réhabilitation.  M. Mullin a ensuite plaidé pour une coordination accrue de l’effort international pour le relèvement du Libéria avant d’aborder l’approche sous-régionale du conflit libérien qui suppose une consolidation du processus de paix en Côte d’Ivoire et de la Sierra Leone.  Le Royaume-Uni est prêt à jouer son rôle au Libéria où nous avons apporté 30 millions de dollars à la MINUL et 13 autres millions de dollars à des ONG et autres organisations, a-t-il estimé.  En 2004, notre contribution totale à la reconstruction du Libéria se montera à 72 millions de dollars dont sept millions consacrés exclusivement au DDRRR, a-t-il annoncé. 


M. MASAHARU KOHNO, Représentant personnel du Premier Ministre du Japon pour l’Afrique, a déclaré que son pays soutenait les efforts de médiation entrepris par les pays de la CEDEAO, l’ONU, les Etats-Unis, l’Union européenne et les autres acteurs internationaux en faveur de la résolution de la crise du Libéria.  La contribution du Japon aux frais de fonctionnement de la MINUL s’élève à 90 millions de dollars, soit 20% du coût des opérations, a-t-il rappelé, en affirmant que le Japon accordait une grande importance à la sécurité humaine.  M. Khono a également annoncé que les autorités japonaises étudiaient la possibilité de fournir une aide aux programmes de rapatriement des déplacés et des réfugiés.  Ces dernières années notre pays a aussi versé 30 millions de dollars aux opérations du HCR en Afrique de l’Ouest, a–t-il précisé, et nous envisageons la création d’un fonds spécial, placé sous la gestion du PNUD et de l’UNICEF, pour soutenir la sécurité humaine.  Concernant la collecte des armes légères, M. Khono a fait part de l’intention de son Gouvernement d’aider le Libéria et lui faire profiter de l’expérience acquise au Cambodge.  Il a également souligné l’importance du rôle de la société a société civile au Libéria et fait mention des efforts déployés pour travailler avec des ONG locales facilite l’émergence d’une société civile active et efficiente.


M. SAID DJINNIT, Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, a réitéré que l’Union africaine, qui s’est engagée dans la résolution de la crise libérienne depuis 15 ans, appuie l’Accord de paix d’Accra dans le cadre de la CEDEAO et de la Commission de suivi de son application.  Nous devons tirer les enseignements des déceptions que les Libériens ont connues dans le passé et leur assurer un passage en douceur à la bonne gouvernance et à la démocratie, a-t-il noté.  Soulignant les ressources nécessaires à cette transition n’existaient pas encore, il a exprimé l’espoir que cette Conférence susciterait suffisamment de contributions pour permettre la reconstruction rapide et efficace du Libéria.  


Au nom de M. OMAR KABBAJ, Président de la Banque africaine de développement (BAD), le représentant à New York de cette institution a déclaré que la BAD appuyait pleinement la Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria.  La BAD espère que les défis que rencontre ce pays dans ses efforts de reconstruction seront relevés et se félicite que les Libériens soient disposés participer pleinement à la reconstruction de leur pays, comme l’a déclaré ce matin le Président du Gouvernement de transition, M. Gyude Bryant.  La BAD applaudit par ailleurs la présentation du Cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats, qui servira de plan d’action pour la reconstruction du Libéria.  Le représentant a rappelé que la BAD avait lancé une initiative de lutte contre la transmission du VIH/sida dans les pays de la CEDEAO, dont le Libéria, dans le cadre du soutien à la reconstruction des pays de la CEDEAO affectés par des conflits.  La BAD est prête à travailler aux cotés des institutions de Bretton Woods pour faciliter la reconstruction du Libéria, a assuré M. Kabbaj.


Le représentant de la Banque mondiale a déclaré pour sa part qu’il fallait mettre en place un mécanisme de coordination de l’Accord d’Accra.  La Banque recrutera à cette fin un représentant travaillant à partir de Monrovia pour faciliter cette coordination.  S’agissant de l’accumulation des arriérés de la dette du Libéria, la Banque attendra une décision de ses administrateurs pour prendre une décision sur les mesures à prendre en ce qui concerne cette question. 


Le représentant du Nigériaa estimé que la CEDEAO avait participé efficacement à la création d’un cadre de paix au Libéria, affirmant que son pays avait consenti beaucoup de sacrifices dans la promotion de la paix dans ce pays et dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest.  Nous allons poursuivre et renforcer les liens de coopération qui ont toujours existés entre notre pays et le Libéria, a-t-il dit.  Le Nigéria a versé 1,4 million de dollars d’aide alimentaire au Libéria, et nous avons versé 1,48 million de dollars au Fonds spécial pour le Libéria, en plus des 200 millions de dollars que nous avons investi depuis 15 ans dans le maintien de la paix dans ce pays, a-t-il rappelé.  Par ailleurs, a-t-il annoncé, le Nigéria avait l’intention de verser un million de dollars en faveur des programmes de renforcement des capacités du Libéria, après avoir eu connaissance des besoins du pays en ce domaine.


M. MOHAMED BENAISSA, Ministre des affaires étrangères du Maroc, a affirmé que le Sommet tenu à Rabat en février 2002 sous l’égide du Roi du Maroc, et auquel participaient trois chefs d’Etat de l’Union du fleuve Mano, avait permis de réduire les tensions qui minaient la région.  Cela a favorisé à son tour la concentration des efforts sur la résolution du conflit libérien.  A son avis, le Sommet de Rabat avait confirmé l’engagement personnel du Roi du Maroc au renforcement de la paix, de la stabilité et du développement sur le continent africain, et notamment en Afrique de l’Ouest.  En plus de sa future participation à la MINUL, le Maroc est prêt à soutenir la formation et la réhabilitation des forces de sécurité libériennes, ainsi que celles des services de santé, et assainissement.


Le représentant du Bangladesh, mettant en avant la contribution de son pays aux effectifs de la MINUL, a indiqué que son Gouvernement était prêt à fournir son expertise au Libéria, notamment dans le domaine du microcrédit, de la santé et de l’assainissement. 


Le Ministre des affaires étrangères du Bénin, M. ROGATIEN BIAOU, insistant sur le rôle essentiel joué par la MINUL, a invité les différentes factions à continuer de soutenir le Gouvernement de transition dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Accra et assuré que son pays était prêt à accroître sa contribution aux effectifs de la MINUL.  Le Ministre a souligné la dimension régionale du conflit libérien et souhaité une approche intégrée, notamment pour ce qui est du programme DDRRR.  M. Biaou a souhaité qu’une attention particulière soit accordée au rapatriement des combattants étrangers, à la réinsertion socioéconomique des anciens combattants et à la condition des enfants soldats.


M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Burkina Faso, a indiqué que son pays était disposé à apporter une assistance technique au Libéria dans les domaines de l’eau et de l’agriculture, avant d’annoncer la tenue prochaine d’une Commission mixte entre les deux gouvernements. 


Le représentant de la Chine, rappelant que le contingent chinois de la MINUL est le plus important, a annoncé qu’une contribution financière et technique au Libéria était en cours d’évaluation. 


Le représentant de la Côte d’Ivoire a réaffirmé son attachement à la paix au Libéria voisin avant de saluer l’approche sous-régionale apparue dans le traitement des crises au Libéria, en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone.  La Côte d’Ivoire apportera en temps opportun sa modeste contribution financière à la reconstruction du Libéria, a-t-il ajouté. 


Le représentant du Danemark a déclaré que son pays a fourni deux millions de dollars d’aide humanitaire au Libéria en 2003 et versera un montant égal cette année pour l’aide aux enfants soldats démobilisés.  Le Danemark versera d’autre part 1,2 million de dollars à la CEDEAO pour ses opérations de résolution de conflits.


Le représentant de l’Ethiopie a dit pour sa part que son pays avait détaché deux bataillons auprès de la MINUL pour aider à la restauration de la sécurité au Libéria.


Le représentant de la Finlande a rappelé pour sa part que son pays avait fourni cinq millions d’euros d’aide humanitaire au Libéria au cours des 10 dernières années.  1 350 000 euros seront versés par la Finlande à la reconstruction du Libéria en 2004, a-t-il ensuite annoncé.


Le représentant de la Gambie a émis le vœu que tous les pays de la CEDEAO affectés par des conflits reçoivent le soutien de la communauté internationale, le conflit libérien n’étant ni un cas ni un événement isolé.  Des troupes gambiennes participent à la MINUL et nous sommes prêts à renforcer ce contingent, a dit le représentant.


Dans son intervention, le représentant de l’Allemagne a annoncé que son pays avait versé un quart de la contribution totale de l’Union européenne.  En plus de cette somme, nous verserons 10,8 millions d’euros aux projets inscrits dans le Cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats, a-t-il assuré.  L’Allemagne participe d’autre part à hauteur de 10% au financement de la MINUL, soit environ 45 millions de dollars, a précisé le représentant.


La représentante de la Grèce a déclaré que son pays verserait symboliquement 45 000 dollars.  Le moment venu, la Grèce annoncera une contribution plus substantielle, a-t-il ajouté. 


Le représentant de la Guinée a souhaité que les opérations de DDRRR soient substantiellement financées de manière à ce qu’elles aient un véritable impact dans la sous-région.  La Guinée propose d’autre part que la communauté internationale aide les parties au conflit à se transformer en partis politiques, ce qui faciliterait la tâche du Gouvernement national de transition du Libéria et le retour à une vie normale.


Le représentant de l’Islande a estimé que le cadre transitoire 2004-2005 pour le Libéria méritait un soutien conséquent de la communauté internationale.  A ce titre, le Gouvernement de l’Islande a engagé 15 000 dollars, a-t-il annoncé. 


L’Italie a quant à elle rappelé sa participation aux négociations d’Accra au nom de l’Union européenne.  Le représentant de l’Italie a indiqué que son pays contribuait à hauteur de 5% au budget de la MINUL et qu’il avait déjà fourni 800 000 euros à l’aide humanitaire en 2003.  Un million d’euros seront en outre alloués au PAM pour la réinsertion des anciens combattants et une aide particulière sera accordée à la formation des forces de sécurité, a-t-il déclaré.


La représentante du Kenya a rappelé que son pays avait contribué depuis 1994 à l’effort visant à maintenir la paix au Libéria et restait disposé à soutenir ce pays dans la formation de son l’armée et de ses forces de police. 


Le représentant du Mozambique a souhaité que la Conférence sur la reconstruction du Libéria permette de fermer une page sombre de l’histoire de ce pays. 


Son homologue de la Namibie a estimé que le cadre transitoire constituait une feuille de route à laquelle chaque pays pouvait adhérer en fonction de son expertise et de ses moyens. 


Au-delà de la contribution apportée à la MINUL et à l’aide humanitaire, les Pays-Bas se sont engagés à hauteur de 2,5 millions d’euros en 2003 et à hauteur de 3,5 millions d’euros en 2004 par le biais des ONG.


Le représentant de la Norvège a insisté sur le processus DDRRR et l’amélioration de la sécurité par le biais du déploiement complet de la MINUL.  Il a rappelé que 10 millions de dollars avaient été consacrés à l’aide humanitaire au Libéria en 2003 et que le même montant y serait consacré en 2004. 


Le représentant du Pakistan a déclaré que seul le développement pouvait durablement mettre fin aux conflits qui affectent le continent africain.  Le Pakistan participe à la MINUL dont il est l’un des plus gros fournisseurs de contingents.  Notre pays va financer la formation de diplomates libériens dans le secteur financier et nous allons former des cadres de banques et participer au renforcement des capacités du Libéria une fois que le Gouvernement de transition aura identifié les besoins du pays, a-t-il affirmé.


Le représentant de la Fédération de Russie a dit qu’en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, son pays avait soutenu le retour à la paix au Libéria.  En outre, a-t-il précisé, la Fédération de Russie va aider à former les forces de police et de sécurité du Libéria, et travaillera afin de trouver une solution au commerce illicite des armes légères qui ont alimenté les crises ouest-africaines.  Le représentant a affirmé d’autre part que son pays allait affecter 40 observateurs militaires auprès de la MINUL et aider financièrement l’Afrique à travers les programmes d’allègement de la dette.  La Russie fournira également une aide au Libéria dans le domaine de la formation en accordant des bourses d’Etat à ses étudiants.


Le représentant de la Suisse a annoncé qu’en 2004 son pays consacrerait quatre millions de Francs suisses à l’assistance au Libéria.  Cette contribution se fera à travers des agences de l’ONU, la Croix-Rouge internationale, et des ONG, a-t-il précisé.


M. ROLAND KPOSTRA, Ministre togolais chargé de la promotion de la démocratie et de l’état de droit, s’est félicité de l’élan de solidarité que représente la Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria, et accueilli très favorablement les annonces de contributions en vue de mobiliser les 500 millions de dollars nécessaires au financement des objectifs prioritaires contenues dans la perspective de la reconstruction du Libéria.


Le représentant de la Tunisie a déclaré que son pays mettrait l’expérience acquise dans le domaine du développement au service de la reconstruction du Libéria, qui est un pays africain frère.  La Tunisie participera à ces efforts avec les moyens dont elle dispose, conformément aux priorités arrêtés par le Gouvernement national de transition libérien, dans un cadre de coopération triangulaire, a-t-il annoncé.


Pour sa part, M. MADAVO, Vice-Président de la Banque mondiale chargé de la Région Afrique, a rappelé qu’à la veille de son ouverture, on prévoyait que la Conférence devait mobiliser 480 millions de dollars pour pouvoir financer le Cadre de projets prioritaires identifiés par le Gouvernement transitoire du Libéria.  Nous avons atteint 520 millions de dollars, a annoncé M. Madavo, ce qui est exceptionnel pour une conférence d’annonces de contributions.  Toutefois, a-t-il ajouté nous aimerions que ces annonces se traduisent rapidement en versements palpables d’argent et de financements.


M. ANDREW NATSIOS, Administrateur de l’USAID, a quant à lui fait part de la satisfaction qu’il éprouvait à la fin de cette Conférence de donateurs.  Nous félicitons le Président Gyude Bryant et son groupe de conseillers pour l’excellent travail qu’ils ont accompli en vue de préparer cette rencontre.  Certes, nous savons que la paix ne règne pas encore partout au Libéria, a dit M. Natsios, mais nous avons bon espoir que le Gouvernement de transition sera rapidement opérationnel en vue d’assurer l’administration de tout le territoire.


Le Représentant spécial du Secrétaire général, M. KLEIN et le Président du Gouvernement national de transition, M. BRYANT, ont pour remercié tous les participants à la Conférence pour la reconstruction du Libéria. 


L’Administrateur du PNUD, M. MARK MALLOCH-BROWN, a quant à lui souhaité que le programme de reconstruction du Libéria soit mené de façon souple et concertée.  La balle est maintenant dans le camp du Gouvernement libérien, a-t-il dit, en soulignant qu’il appartenait désormais aux Libériens de faire connaître aux donateurs les besoins réels des populations du pays.


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