AFR/826-DEV/2458

OUVERTURE DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA

05/02/2004
Communiqué de presse
AFR/826
DEV/2458


Conférence internationale pour

la reconstruction du Libéria

matin et après-midi


OUVERTURE DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA


487 millions de dollars, auxquels il faut ajouter 137 millions en secours humanitaires d’urgence, sont attendus des donateurs qui annonceront leurs contributions demain


La Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria s’est ouverte ce matin au Siège des Nations Unies à New York.  Organisée par l’ONU et coparrainée par les Etats-Unis, l’Union européenne, et la Banque mondiale, cette réunion de deux jours a été ouverte par Mark Malloch-Brown, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui, dans sa déclaration liminaire, a indiqué que les besoins de reconstruction du Libéria s’élevaient à 487,7 millions de dollars pour les années 2004 et 2005.  Selon le document d’évaluation des besoins pour la reconstruction du Libéria, ce pays a en effet besoin de 243 millions de dollars d’aide en 2004, et de 244,7 millions en 2005, a précisé Mark Malloch-Brown, en précisant que ces montants ne suffiraient cependant pas à couvrir tous les besoins des populations du Libéria.


Rappelant qu’avant les 14 années de guerre qu’il vient de vivre, et qui ont coûté la vie à 250 000 personnes et fait plus de trois millions de déplacés, le Libéria était un pays à revenu intermédiaire, Andrew Natsios, Administrateur de l’Agence pour le développement international des Etats-Unis (USAID), a estimé indispensable la réalisation des programmes de démobilisation, de désarmement, de réinsertion, de réhabilitation et de reconstruction, afin de ramener la sécurité dans le pays.  Concernant les annonces de contributions pour la reconstruction du Libéria, qui seront faites demain lors du segment au niveau ministériel de la Conférence, M. Natsios a indiqué que des ressources étaient déjà disponibles, et qu’il faudrait mettre en œuvre les programmes de secours et de reconstruction de manière concertée et coordonnée.  Pour sa part, Mats Karlsson, Directeur-pays de la Banque mondiale en charge du Libéria, a appelé la communauté internationale à intégrer son action dans la dynamique de l’Accord de paix signé à Accra.  La Banque mondiale, a indiqué M. Karlsson, se félicite des bonnes relations de travail qu’elle a établies au Libéria avec les Nations Unies, les Etats-Unis et la Commission européenne.


Après ces trois interventions, les participants à la Conférence ont entendu une série de présentations sur le « Cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats », qui servira de plan d’action et de directives dans la reconstruction du Libéria, avant de débattre des besoins humanitaires et des dangers qui se posent à la sécurité alimentaire dans ce pays.  Dans ce cadre, Carolyn McAskie, Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence de l’ONU (OCHA), a rappelé que les Nations Unies avaient lancé en outre un appel humanitaire consolidé de 137 millions de dollars pour satisfaire les besoins de secours d’urgence du Libéria.  A cette somme il faudrait ajouter les 40 millions de dollars d’aide que nous avons demandés pour porter secours aux populations vivant en situation de péril alimentaire et sanitaire dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest, a-t-elle souligné.

Au cours des discussions qu’ils ont tenues à huis clos et dont Mark Malloch-Brown, Andrew Natsios, Mats Karlsson et le Ministre des affaires économiques du Gouvernement de transition du Libéria, M. Herbert, ont fait le compte rendu cet après-midi, les participants à la Conférence ont souligné qu’il fallait renforcer le processus de relèvement du Libéria en y restaurant la sécurité et en y assurant le respect des droits de l’homme et de la bonne gouvernance.  Sur le plan économique, ils ont jugé essentielle la relance des activités agricoles, afin de restaurer la sécurité alimentaire dans ce pays qui dispose de larges surfaces de terres arables.  Concernant le VIH/sida, les participants ont estimé qu’il fallait lancer des programmes décisifs de lutte contre cette pandémie qui met en danger la vie de nombreuses femmes et de leurs familles, les protagonistes au conflit libérien ayant employé le viol des femmes et des filles comme une arme de guerre psychologique.


La Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria encourage les donateurs à verser des contributions concrètes à la réhabilitation de ce pays pendant la période cruciale de transition qui doit le mener à la tenue d’élections démocratiques, au niveau national, au mois d’octobre 2005.  Les domaines d’actions prioritaires pour la reconstruction du Libéria ont été arrêtés par le Gouvernement national de transition du Libéria, qui a été établi après la signature de l’Accord de paix d’Accra en août 2003.  Ces priorités sont exprimées dans le « document d’évaluation des besoins », présenté ce matin à la Conférence.  L’évaluation des besoins met en exergue un certain nombre de besoins financiers urgents et contient des études détaillées dans 13 secteurs prioritaires allant de la lutte contre le VIH/sida, à l’électrification en passant par le désarmement, la démobilisation, la réhabilitation et la réintégration des anciens combattants.  Ce document offre une vue de ce qui serait possible si la paix pouvait s’enraciner au Libéria et permettre ainsi à ce pays de sortir de la zone de turbulences.


La Conférence internationale pour la reconstruction du Libéria poursuivra ses travaux demain matin, au niveau ministériel, à 9 heures.  Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, ouvrira cette séance.


CONFERENCE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION DU LIBERIA


Déclarations liminaires


M. MARK MALLOCH-BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, a pris la parole au nom du Groupe des Nations Unies pour le développement (UNDG), affirmant que des actions urgentes étaient nécessaires, si l’on voulait éviter au Libéria de sombrer dans un conflit larvé, après que la communauté internationale l’ait, à grande peine, aidé à sortir de la guerre.  L’évaluation des besoins fixe à 487,7 millions de dollars le montant financier dont ont besoin les opérations de reconstruction à mener au Libéria, a précisé M. Malloch-Brown, ajoutant que sur ce chiffre qu’il faut diviser en deux, 243 millions de dollars étaient nécessaires pour les opérations de l’année en cours, et 244,7 millions pour celles de l’année 2005.  Ces montants doivent s’ajouter à ceux présentés dans l’évaluation des besoins conduite dans le document d’évaluation-pays de 2004, qui demandait 179,1 millions de dollars pour aider le Libéria à se relever.  Nous pensons cependant, a indiqué M. Malloch-Brown, que les sommes que nous venons de citer seront insuffisantes, si nous voulons vraiment satisfaire tous les besoins économiques et sociaux du pays.


M. Malloch-Brown a émis l’espoir que demain, les donateurs verseraient suffisamment de ressources pour permettre le lancement des opérations de reconstruction.  La transition vers le relèvement du Libéria est fragile sur le terrain, et il est indispensable que les fonds nécessaires aux opérations de stabilisation sociale et économique du pays soient rapidement versés.  Les programmes de DDR doivent être mieux financés et il est indispensable de donner un espoir de réinsertion aux anciens combattants, a-t-il dit.  Le genre d’intervention post-conflit que nous nous préparons à lancer au Libéria va se multiplier dans les années qui viennent, a prévenu M. Malloch-Brown, qui a par ailleurs affirmé qu’il ne faudrait pas toujours attendre la tenue d’une conférence de donateurs pour agir.  Les jeunes gens désoeuvrés  et encore armés qui traînent dans les rues de Monrovia ne sont certainement pas prêts à attendre que la communauté internationale prenne son temps pour adopter des mesures de type bureaucratique destinées à leur donner les moyens de mener une vie normale, a conclu l’Administrateur du PNUD.


M. ANDREW NATSIOS, Directeur de l’Agence internationale pour le développement des Etats-Unis (USAID), a estimé que cette conférence revêtait une dimension historique, quelques mois après la signature de l’Accord de paix d’Accra du 18 août 2003.  Toutes les parties sont attachées à promouvoir la paix, la bonne gouvernance et le relèvement du Libéria, a-t-il poursuivi, évoquant à ce titre la mise en place d’un processus de transition ordonné.  Le Gouvernement de transition doit accorder une attention particulière à la réinsertion des populations vulnérables après 14 années de guerre civile, a-t-il dit ensuite, avant de rappeler qu’avant la guerre, qui a coûté la vie à 250 000 personnes et entraîné le déplacement forcé de millions de civils, le Libéria était un pays à revenu intermédiaire (PRI).  Aussi, poursuivant sur les conséquences désastreuses de la guerre, M. Natsios a invité la communauté internationale à soutenir les efforts des Libériens qui se sont engagés résolument dans la voie de la bonne gouvernance et de la reconstruction. 


Pour cela, a estimé le Directeur de l’USAID, la priorité doit être accordée au programme de DDRRR indispensable pour ramener la sécurité dans le pays.  La démarche de la communauté internationale et du Gouvernement libérien doit consister en priorité à intégrer et coordonner à la fois les secours d’urgence, les actions de relèvement et la phase de reconstruction et de développement.  Un Libéria instable entraîne une instabilité dans toute la sous-région, a-t-il mis en garde, insistant de nouveau sur la nécessité d’accorder la priorité au désarmement et au développement communautaire.  M. Natsios a également souligné le rôle important de la société civile dans la conduite des programmes de secours, de relèvement et de reconstruction à long terme.  Le renforcement des capacités est également une priorité au Libéria, a-t-il dit, avant de souhaiter que les ressources de ce pays soient exploitées dans le cadre de programmes de bonne gouvernance et de redistribution au peuple par le biais de politiques publiques saines.  Evoquant les annonces de contributions qui seront faites demain, le Directeur de l’USAID a jugé que les ressources étaient à présent disponibles et qu’il importait désormais de mettre en œuvre les programmes de secours, relèvement et reconstruction au Libéria de manière coordonnée. 


M. MATS KARLSSON, Directeur-pays de la Banque mondiale chargé du Libéria, a estimé que la communauté internationale devait intégrer son action dans le dynamique de l’Accord de paix signé à Accra.  Aucun revers sur le terrain ne doit à son avis ralentir les actions de la communauté internationale.  C’est pourquoi la Conférence d’aujourd’hui revêt une importance cruciale.  Il est essentiel que nous formions un front commun et que la division du travail se fasse dans le cadre de l’engagement concerté que nous prenons envers le Libéria, a-t-il dit.  La Banque mondiale, pour sa part, se félicite des liens de travail développés avec les Etats-Unis et la Commission européenne à Monrovia.  Nous comptons utiliser le document d’évaluation des besoins comme une base de travail et non comme une fin en soi, a ajouté M. Karlsson.  Le Cadre transitoire de travail orienté vers l’obtention de résultats que nous avons mis en place doit être un outil de travail dynamique à la mise en œuvre duquel participe le Gouvernement national de transition du Libéria.  Nous comptons en effet mettre la population libérienne au centre des actions à mener, a-t-il dit.


Nous avons créé un mécanisme à travers lequel nous menons des consultations en temps réel avec la société civile et les ex-parties au conflit, a poursuivi M. Karlsson.  Ceci permet de favoriser une appropriation rapide du processus de reconstruction par les Libériens et nous demandons à la communauté internationale de soutenir de manière constante la reconstruction du Libéria, a déclaré M. Karlsson.


Déclarations


Intervenant sur le thème du « cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats », le Ministre du plan et des affaires économiques du Gouvernement national de transition du Libéria (NTGL), CHRISTIAN G. HERBERT, a admis que la première mesure consistait pour le NTGL à créer les conditions sécuritaires du retour des réfugiés et de la reprise au niveau national.  L’appui de la communauté internationale est fondamentale, a-t-il dit, tant les ressources nationales sont limitées.  Neuf secteurs prioritaires ont été identifiés entre le Gouvernement et les bailleurs de fonds, a-t-il dit, parmi lesquels: la sécurité, le DDRRR, la bonne gouvernance, le renforcement des capacités, les infrastructures et les stratégies de politiques économiques.  Il a assuré que le mécanisme d’évaluation pour la mise en œuvre du cadre de transition respecterait les attentes des bailleurs de fonds, avant d’inviter la communauté internationale à répondre généreusement aux appels de fonds de demain.


M. HARRY GREAVES, Conseiller du Président pour les affaires économiques du NTGL, a déclaré qu’un conseil présidé par le chef de l’Etat serait créé, intégrant des représentants des bailleurs de fonds, du Gouvernement et des ONG afin de suivre la mise en œuvre du cadre de transition.  L’action de ce conseil sera complété par le travail de plusieurs comités de travail qui suivront la mise en œuvre des plans couvrant certains secteurs clefs, et la centralisation sera assurée au sein du Ministère de la planification, a-t-il précisé.


M. DAVID NABARRO, a déclaré, au nom du Groupe de développement des Nations Unies (UNDG), que le Libéria devait passer d’une culture de peur et de violence à une situation où les gens puissent avoir accès aux services de base.  Pour cela, il faut stabiliser la société et supprimer l’atmosphère de peur qui prive notamment les femmes de leurs droits et de toutes initiatives.  Il faut également mettre fin à la fuite massive de capitaux que le Libéria a connue pendant 20 ans et créer un cadre incitatif pour l’investissement extérieur et national, a-t-il ajouté.  Nous avons mené des consultations à Monrovia aux mois de décembre et janvier, a précisé M. Nabarro.  Les résultats de ce dialogue engagé avec les parties libériennes et la société civile figurent dans les documents que nous soumettons à la Conférence.  Il est essentiel, a-t-il lancé, que le Libéria retrouve une gouvernance efficace et transparente qui s’applique à tout son territoire.


M. RICHARD VERSPYCK, de la Banque mondiale, a indiqué que la baisse du revenu par habitant avait atteint un niveau dramatique au Libéria.  Le cadre de politique de redressement que nous mettons en place vise donc à redonner des conditions de vie acceptables à la population, a-t-il déclaré.  La relance de l’agriculture est à cet égard essentielle.  Nous devons d’autre part lancer une forme de développement qui repose d’abord sur les besoins et les actions des communautés, et il est pour ce faire nécessaire que les rapports entre le Gouvernement central et les populations s’améliorent, a-t-il conclu.


M. ARMIN SCHWIDROWSKI, du Fonds monétaire international, s’est félicité de la coopération engagée par le FMI avec le nouveau Gouvernement au Libéria, pays dont le PIB a diminué de 30% en 2003 et dont les activités économiques ont pâti de la guerre, de l’insécurité et des sanctions.  Toutefois, a-t-il constaté, la monnaie nationale s’est relevée progressivement ces derniers mois grâce à l’assistance de la communauté internationale et la couverture fiscale s’est améliorée, étant trois fois supérieure aujourd’hui au niveau du dernier trimestre de 2003.  Par ailleurs, des audits globaux des divers organismes publics ont été engagés, avec le concours d’agences privées étrangères, pour rationaliser le fonctionnement des institutions, a indiqué M. Schwidrowski, avant de s’inquiéter de la faiblesse des ressources propres du Gouvernement de transition imputable notamment aux arriérés de paiement considérables.  Le FMI insiste ensuite, a-t-il déclaré, sur la relance du système bancaire et sa libéralisation par la Banque centrale, qui doit renoncer au système des plafonds concernant les devises étrangères.  La mise en œuvre d’un bon cadre macroéconomique exige des mesures de renforcement des capacités et une assistance technique dans les domaines de la fiscalité, du système bancaire, et de la gestion des finances publiques, a-t-il dit.


Représentant la Commission européenne, M. SIPKE BROUWER a exposé les programmes financés par la Commission dans les domaines de l’assainissement, du DDRRR, et plus globalement du soutien au processus de paix et au fonctionnement du nouveau Gouvernement.  Pour ce qui est du succès du programme DDRRR, M. Brouwer a estimé que la MINUL devait être renforcée et s’étendre à tout le pays pour s’assurer du bon déroulement du programme de désarmement.  Il a félicité le nouveau Gouvernement, la Banque mondiale et les Nations Unies pour la préparation du « cadre transitoire » qui, selon lui, devra être adapté au regard des résultats obtenus.  Le Gouvernement de transition doit se concentrer sur ses priorités au cours des deux prochaines années, a-t-il dit, insistant sur le rôle crucial des autorités libériennes dans le succès de la transition et la mise en œuvre de l’Accord d’Accra. 


Questions et remarques


Prenant la parole, le représentant de l’Afrique du Sud s’est inquiété que les questions ayant trait à l’environnement n’aient pas réellement été évoquées par les panélistes, alors que le développement et la reconstruction du Libéria doivent se faire sur une base durable.


Le représentant de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a demandé pour sa part que soit examinée la question de la dette du Libéria, qui est brièvement évoquée dans le document conjoint d’évaluation des besoins de reconstruction du pays.  La CEDEAO, a précisé le représentant, souhaite que la dette du Libéria fasse l’objet d’un examen particulier et approfondi.


La délégation de la Guinée est quant à elle intervenue pour souligner que les Libériens étaient en train de faire la démonstration de leur attachement à leur pays en prenant les rênes de la reconstruction de leur pays.  Cependant, il est difficile de comprendre et de concilier les effets des sanctions imposées par le Conseil de sécurité sur le commerce des bois libériens, alors que le pays a besoin de recettes financières, a fait observer le représentant.


Le représentant de la Sierra Leone a, de son côté, remercié la communauté internationale pour son action au Libéria, qui a permis de faciliter la consolidation de la paix en Sierra Leone.  Il a ensuite souhaité la bienvenue à la délégation du Libéria en notant que c’était un signe du retour de ce pays au sein de la communauté internationale.


Le Ministre du plan et des affaires économiques du NTGL, M. HERBERT, a indiqué, s’agissant de l’environnement, que cette question était prise au sérieux notamment à Monrovia et dans les environs, où des zones à risque ont été identifiées et nécessitent des approches ciblées. Pour ce qui est de la gouvernance environnementale, des lois et des politiques nationales existent mais doivent être mises en œuvre et appliquées progressivement, a-t-il souligné.  Pour ce qui est de la filière bois, le NTGL envisage de l’aborder sous trois angles: commercial, communautaire et conservation.  La question de la dette a été délibérément écartée de cette rencontre, a précisé M. Herbert, dans la mesure où elle représente 3,1 milliards de dollars pour 3,1 millions d’habitants et est donc trop élevée pour que son aménagement puisse être négocié au cours de ces deux jours.  Le problème de la dette sera traité en dehors de la conférence des donateurs, a-t-il conclu. 


Le représentant de l’UNDG, M. NABARRO, revenant à son tour sur la question de l’environnement au Libéria, a annoncé que les Nations Unies avaient engagé une évaluation sur la situation environnementale au Libéria qui sera présentée d’ici une dizaine de jours. 


Mme CAROLYN McASKIE, Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence des Nations Unies(OCHA), a précisé que le document d’évaluation des besoins qui a été présenté à la Conférence avait été élaboré après des consultations menées sur le terrain avec les populations libériennes.  Les ressources qui y sont demandées sont indispensables, si l’on veut créer un solide réseau d’assistance aux groupes défavorisés, a-t-elle estimé.  L’accès aux populations est un problème qui n’a pas encore été résolu au Libéria où, malgré la signature d’un accord de paix et le lancement d’un processus de consolidation de la paix, des combats se poursuivent dans certaines régions, a déploré Mme McAskie.  Le dernier appel consolidé des Nations Unies pour le Libéria demandait 137 millions de dollars pour des interventions d’urgence en 2004, a-t-elle rappelé, précisant que cette somme venait s’ajouter aux quelques 40 millions de dollars indispensables à la satisfaction des besoins alimentaires identifiés dans l’appel humanitaire régional lancé pour la région d’Afrique de l’Ouest.  Nous espérons que les donateurs seront généreux au cours de cette conférence, a conclu Mme McAskie.


Prenant à son tour la parole, M. ABOU MOUSSA, responsable de l’équipe de pays de l’ONU pour le Libéria, a dit que tous les Libériens avaient été affectés par la guerre.  La MINUL, dont le déploiement complet devrait s’achever à la mi-mars, essaie d’établir la sécurité dans des zones jusqu’ici inaccessibles aux secours, a-t-il précisé.  Le niveau de souffrance des populations est à son avis insoutenable, surtout dans l’arrière-pays.  Assisté par l’ONU, le Gouvernement de transition a établi un cadre de programmes de réinsertion et de réhabilitation des ex-combattants et des populations déplacées dans le processus de reconstruction du pays et des opérations de DDRRR ont été lancées pour favoriser le retour des enfants à l’école et la remise en état des hôpitaux.  25 écoles et un centre de rééducation pour les anciens enfants soldats ont été construits.  Les stratégies adoptées par l’ONU visent à rendre l’action humanitaire plus cohérente et capable de faire face à la situation très précaire de nombreux réfugiés libériens.  Pour y répondre, nous déployons beaucoup d’efforts pour faciliter le retour des Libériens déplacés dans la région ouest-africaine, chez eux, mais pour réussir nous avons besoin de ressources substantielles, a-t-il ajouté, regrettant que le fonds destiné aux opérations de DDRRR reste insuffisamment financé.  Si cette situation perdure, la stabilisation du Libéria pourrait être mise en danger, a prévenu M. Moussa.


Soeur BARBARA BRILLIANT, de la Mission catholique FMM, a lancé un appel en faveur de la sécurité qui est la seule voie pour les agences humanitaires de venir en aide aux populations civiles dans le besoin au Libéria.  A son avis, les politiques générales d’assistance semblent bonnes en général, mais elles désintègrent les ONG et fragilisent les gouvernements qui ont peu de moyens de fonctionnement.  Elle a plaidé pour des programmes d’aide aux ONG locales et au renforcement des capacités dans l’administration et a insisté de nouveau sur la mise en place des conditions de sécurité, sur la mise en œuvre de mécanismes d’observation et de contrôle au Libéria.  Il faut susciter davantage de confiance dans l’âme des Libériens, a-t-elle dit, avant d’insister sur les risques posés par la pandémie du VIH/sida dans la reconstruction du pays.


Mme NICOLA REINDORP, Chef du bureau d’OXFAM à New York, a mis en avant les actions menées par son organisation dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’alphabétisation au Libéria où 25% seulement de la population a accès à de l’eau salubre.  Que faire ici pour que le Libéria ne soit une nouvelle crise oubliée? s’est-elle demandé, jugeant que les bailleurs de fonds doivent s’engager clairement.  Le premier défi est la sécurité, a-t-elle fait valoir, alors qu’un tiers des effectifs de la MINUL n’est toujours pas arrivé, le second est le DDRRR qui doit être un programme intégré et coordonné offrent de réelles opportunités de réinsertion aux anciens combattants.  Toutefois, a-t-elle prévenu, les attentes des anciens combattants doivent être réalistes et proportionnées à la situation des autres couches de la population.  Enfin, a-t-elle dit, le rôle de la société libérienne, en particulier des femmes, doit être mis en exergue, avant de prôner un soutien à la création d’une commission nationale sur les armes légères.  400 à 500 millions de dollars pour le Libéria semblent bien modestes par rapport aux 33 milliards demandés pour l’Iraq à la Conférence de Madrid, a-t-elle conclu.


M. JULIUS COLES, représentant de l’organisation Africare, a exprimé son appui au rôle actif des ONG dans le travail humanitaire au accompli au Libéria au cours des 14 années de guerre, en particulier dans les camps de déplacés et de réfugiés.  Nous sommes actifs, y compris dans des régions où les Casques bleus de l’ONU ne vont pas, a-t-il déclaré, avant de faire état de situations de destruction à grande échelle.  A son avis, des fonds accrus des donateurs sont indispensables pour venir en aide au Gouvernement de transition nationale du Libéria, en particulier pour mettre en œuvre le « cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats ».  Il a salué pas ailleurs la contribution de la MINUL au retour à la normale au Libéria, mais a demandé un effort sur les questions de sécurité.  Pour ce qui est du rapatriement des déplacés et des réfugiés, il a déploré que seuls 20 millions de dollars avaient été réunis sur les 137 millions réclamés, soit 15%.  Aussi a-t-il exhorté les bailleurs de fonds à accorder une priorité aux populations les plus vulnérables et à envisager des mesures urgentes au niveau agricole pour relancer l’économie de subsistance.  Si le processus en cours au Libéria échouait, a-t-il mis en garde, ce serait un échec pour l’ensemble de la communauté internationale.


La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme RIMA SALA, a précisé que cinq millions de dollars seulement avaient été versés sur les 137 millions dont le Libéria a besoin pour satisfaire ses besoins humanitaires.  Le Libéria pose de nombreux défis, a-t-elle affirmé, en estimant que les enfants libériens étaient parmi les plus traumatisés par les conflits au monde.  Beaucoup d’entre eux n’ont jamais connu de vie normale.  Depuis cet été, l’UNICEF travaille avec les autres acteurs internationaux et avec le gouvernement de transition, ce qui lui a permis de relancer des programmes de vaccination, et de rouvrir des écoles, permettant aux jeunes qui seraient autrement devenus des combattants, de recevoir une formation scolaire, a-t-elle ajouté.  Nous sommes d’autre part en train d’ouvrir des centres de réhabilitation de l’enfance.  Cependant, le destin des enfants libériens dépendra en grande partie de l’état général de la société libérienne qui doit abandonner la violence, a-t-elle jugé.


M. GEMMO LADESANI, du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que  la sécurité était le préalable au lancement d’activités de secours et de reconstruction efficaces et durables.  Le PAM et d’autres agences de l’ONU ont été incapables d’ouvrir des bureaux dans des zones qui en avaient pourtant besoin, du fait de l’insécurité, a-t-il dit.  Exprimant l’espoir que la stabilisation et la paix permettront de mieux faire face aux besoins alimentaires des populations libériennes en 2004.  A cet égard, a-t-il ajouré, le rétablissement du fonctionnement des services de base est prioritaire.  Le Libéria, qui dispose de terres arables en quantité suffisante, pourrait devenir autosuffisant sur le plan alimentaire si des programmes agricoles pouvaient y être mis en œuvre sans perturbation, prévenant que faute d’une aide en matière agricole et dans la mise en œuvre des programmes de DDRRR, la sous-région toute entière risquait d’être déstabilisée.  Il en est de même pour la Côte d’Ivoire, a-t-il précisé, dans la mesure où des anciens combattants seraient tenté de passer d’un pays à l’autre s’ils estiment que les primes à la démobilisation et à la réinsertion sont plus substantielles dans un pays voisin. 


Présentant le programme mené par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Mme ZOBAIDA HASSIM-ASHARIE a rappelé que le Libéria comptait plus de 500 000 déplacés dans un contexte où les couches plus vulnérables de la population –femmes et enfants- souffraient principalement des conditions précaires dans les camps.  Une fois que la situation sécuritaire sera maîtrisée, on pense que la plupart de la population regagnera sa région d’origine en 2004, a-t-elle déclaré.  Mme Hassim-Asharie a insisté par ailleurs sur la nécessité de rapatrier d’ici juin 2004 la plupart des Libériens réfugiés en Sierra Leone, avant de souligner l’importance des programmes de développement rural et humanitaires.  Près de 100 000 réfugiés libériens devraient regagner leur pays en 2004 et, d’ici à 2005 et avant la tenue des élections, la plupart des Libériens devraient être de retour, a-t-elle prédit.


Le Secrétaire exécutif de la CEDEAO, M. MOHAMED IBN-CHAMBAS, a rendu hommage aux agences humanitaires qui sont restées sur place en dépit de l’insécurité.  Il a annoncé que la CEDEAO signerait cet après-midi un Mémorandum d’accord avec OCHA et souhaité que les ONG travaillent étroitement avec les différentes institutions pour venir en aide aux populations civiles libériennes.


Une représentante de la délégation gouvernementale du Libéria, Mme AMELIA WARD, a indiqué que la situation humanitaire était encore pire en dehors de Monrovia où les gens meurent de maladie et de sous-alimentation.  Elle a invité les bailleurs de fonds à se concentrer sur l’appel global 2004 avant de regretter que peu de fonds aient été mobilisés jusqu’à ce jour dans le cadre de la présente Conférence.


Le représentant de la Côte d’Ivoire, soulignant les liens étroits entre son pays et le Libéria, a défendu l’approche sous-régionale et le retour à la sécurité au Libéria.  Le programme de DDRRR, qui est une des garanties du retour à la paix et la stabilité au Libéria, doit être mis en œuvre de façon ordonnée, a-t-il fait valoir, avant de souligner que certains enseignements pourraient être tirés pour la Côte d’Ivoire.


Le représentant de la Banque africaine de développement, insistant en particulier sur la question du VIH/sida, a souhaité que des dispositions soient intégrées dans les programmes pour prendre en compte les risques présentés par la pandémie.


Le représentant de la Commission européenne a défendu le principe de la cohérence entre les composantes politique, humanitaire et militaire de l’assistance au Libéria.


La représentante des États-Unis a estimé que tous ceux qui avaient souffert devaient disposer d’une assistance comparable.  Les efforts doivent être coordonnés par ailleurs pour éviter les effets parallèles de l’aide humanitaire et le gaspillage de ressources. 


Présentant les conclusions des groupes de travail, le Ministre du plan et des affaires économiques du Gouvernement national de transition du Libéria (NTGL), M. HERBERT, a insisté sur les questions de sécurité, en axant son propos sur le processus de DDRRR, la restructuration d’une armée nationale, la promotion des droits de l’homme, la professionnalisation des institutions judiciaires et de police.  Le désarmement au Libéria est un effort étroitement lié à celui qui doit être mené dans d’autres pays, a poursuivi le Ministre, évoquant ensuite la prise en compte des préoccupations des populations vulnérables telles que les enfants et les femmes.  De même, les bailleurs de fonds ont été invités à consentir un effort particulier au secteur de l’agriculture, afin de soutenir un relèvement des zones rurales.  Il importe également de renforcer les outils de coordination et d’assistance, a dit le Ministre, avant d’insister sur l’impact de la sécurité dans la sous-région sur l’évolution de la situation au Libéria.  Le programme d’appel consolidé doit être financé de manière urgente, a-t-il dit, et les bailleurs de fonds doivent rapidement soutenir la mise en œuvre des projets prévus dans le « Cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats ».  S’agissant du VIH/sida, le Ministre a mis en garde, au nom des participants, contre le risque de voir la pandémie avoir un impact grave sur l’avenir du pays, avant de proposer des mesures concrètes en matière d’éducation et d’alphabétisation. 


Le Directeur général de l’USAID, M. NATSIOS, commentant à son tour les travaux des groupes de travail, a souhaité que les programmes de développement soient davantage intégrés aux actions d’urgence.  Il est important de mettre fin au mythe de la séparation de ces deux étapes de relèvement post-conflit, a-t-il dit, avant de considérer que le Libéria peut constituer un champ d’application de cette nouvelle doctrine.


Pour M. KARLSSON, de la Banque mondiale, il faut faire en sorte que tous les acteurs engagés dans le processus de paix soient impliqués dans le processus de relèvement et de reconstruction du Libéria.  La seconde étape consiste dans la mobilisation des ressources adéquates pour financer les projets prévus dans le « Cadre transitoire orienté vers l’obtention de résultats », a-t-il précisé. 


L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, M. Malloch-Brown, a souhaité pour sa part que les débats d’aujourd’hui se traduisent demain par un engagement financier de la communauté internationale.  110 pays se sont inscrits pour la réunion de demain, a annoncé M. Malloch-Brown, avant de saluer les signes d’une réelle volonté des bailleurs de fonds de soutenir la reconstruction du Libéria. 


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