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SG/SM/9048

LE SECRETAIRE GENERAL REND HOMMAGE A LA FILLE DE WALT DISNEY POUR SA GENEROSITE ET SON ENGAGEMENT DANS LA LUTTE CONTRE LES MINES TERRESTRES

10/12/2003
Communiqué de presse
SG/SM/9048


LE SECRETAIRE GENERAL REND HOMMAGE A LA FILLE DE WALT DISNEY POUR SA GENEROSITE ET SON ENGAGEMENT DANS LA LUTTE CONTRE LES MINES TERRESTRES


On trouvera ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’occasion d’un déjeuner offert par Mme Diane Disney Miller et Heidi Kuhn, fondatrices de l’organisation Roots of Peace, à Los Angeles, le 3 décembre 2003:


Merci Heidi (Kuhn). Rêver est une bonne chose. Tout commence par un rêve. Vous nous invitez aujourd’hui à porter un toast en l’honneur de ce rêve puis à le concrétiser. On peut donc espérer voir beaucoup de verres se lever à travers le monde, signes annonciateurs d’actions concrètes à venir.


Je m’adresse aussi à vous, Mme Disney Miller, et à vos trois enfants qui sont parmi nous cet après-midi, pour vous remercier de tout ce que vous avez fait en faveur de cette grande cause.


Ma femme et moi-même sommes ravis d’être avec vous aujourd’hui. Je suis sûr d’exprimer le sentiment de chacun ici en déclarant que c’est un grand honneur d’être dans cette salle magnifique, chef-d’oeuvre de rénovation urbaine et pure merveille architecturale.


Je suis frappé par le fait que cette salle est aussi une métaphore du besoin de renouveau de notre humanité commune. C’est un hommage à la mesure de Walt Disney, dont l’oeuvre a touché des millions de personnes. Je pense que sa capacité à communiquer avec des gens de tous les continents vient de son intime compréhension des valeurs humaines universelles, valeurs qu’il décrivait ainsi : « ce que la plupart d’entre nous pense probablement tous les jours […] le droit de vivre en famille et d’élever ses enfants sous le signe de la tolérance, de la démocratie et de la liberté ».


Aujourd’hui, je suis particulièrement reconnaissant à un membre de la famille de Walt Disney, sa fille, Diane Disney Miller, l’une de nos deux aimables hôtesses, qui est généreusement et résolument engagée dans la lutte antimines en Afghanistan.


Je suis tout aussi reconnaissant à Heidi Kuhn, qui a fondé l’organisation « Roots of Peace » en 1997. Je me souviens de ce jour où nous étions chez vous, Nane et moi, en compagnie de plusieurs autres, au tout début de cette aventure. Nous sommes vraiment très heureux de voir combien

votre organisation a grandi. Nous portons beaucoup de toasts à l’ONU et il est à espérer que chaque toast aboutit à une action concrète. Chère Heidi, votre surprenante énergie, votre formidable enthousiasme, les victoires remportées par votre organisation, qui contribue à éliminer les mines terrestres et à créer des zones où règnent la paix et la prospérité, sont une source d’inspiration pour chacun d’entre nous.


Ce 3 décembre 2003 est, à plus d’un titre, une journée très importante. En effet, c’est aujourd’hui le sixième anniversaire de l’ouverture à la signature de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, également connue sous le nom de Convention d’Ottawa. Dans le cadre de cet instrument historique, des millions de mines ont été détruites et de nombreux partenariats ont vu le jour, notamment celui qui unit la famille des Nations Unies et l’organisation Roots of Peace.


Par ailleurs, c’est aujourd’hui la Journée internationale des personnes handicapées, journée organisée en hommage aux hommes, aux femmes et aux enfants qui, partout dans le monde, se battent pour avoir droit à une vraie vie, dans le respect de leur dignité, en dépit de leur handicap, bien souvent causé par une mine terrestre. Parmi les plus éloquents défenseurs du déminage et de la sensibilisation au danger des mines figurent ceux-là mêmes qui ont été mutilés. Je salue chacun d’eux pour leur courage.


Je salue également tous ceux sans qui la Convention d’Ottawa n’aurait jamais vu le jour et la prolifération des mines antipersonnel n’aurait pas été endiguée. Pourriez-vous imaginer notre monde sans cette convention? Quelle serait aujourd’hui l’ampleur du mal? Au moins nous savons que le problème ne va pas s’aggraver. Nous devons détruire ces mines et vous connaissez le coût de cette opération.


C’est aujourd’hui également que l’Organisation des Nations Unies lance le Dossier de projets de lutte antimines pour 2004, qui contient toute une gamme de projets portant sur le déminage, la sensibilisation, la rééducation physique et la réinsertion économique des victimes des mines dans 36 pays du monde. Je crois que l’on vous a remis des exemplaires de ce Dossier et j’espère que vous prendrez quelques instants pour le regarder.


J’espère surtout que vous vous rappellerez l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur ces abominables engins : une mine antipersonnel ne fait pas la différence entre le pas d’un soldat et celui d’un enfant. Aucun enfant, aucun soldat ne devrait être exposé aux conséquences inhumaines de ces armes superflues.


J’ai vu de mes yeux les effets dévastateurs de ces mines terrestres, silencieusement tapies dans le sol, attendant, des années après la fin des combats, de tuer et de mutiler. Une mine, une seule, réelle ou redoutée, peut retenir en otage toute une communauté. À cause d’elle, un champ entier ne sera pas cultivé, des enfants n’iront pas à l’école et tout un village se verra spolié de ses moyens de subsistance.


Pendant des décennies, cette menace pèse sur la vie de tous les habitants, qui essaient néanmoins de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Parmi les victimes des mines, beaucoup étaient des soutiens de famille, qui deviennent à leur tour dépendants, tributaires de l’aide qui leur permettra de se réadapter et de se réintégrer. C’est une tragédie pour eux et un sérieux obstacle au développement de leur pays.


Certes, l’ennemi est de taille, mais nous avons de bonnes raisons d’être optimistes.


Le taux de fabrication des mines a considérablement chuté. Le commerce international des mines antipersonnel a pratiquement cessé. L’utilisation des mines diminue. Le nombre des nouvelles victimes est en baisse.


Les Etats, les entreprises et la société civile sont conscients qu’il est essentiel d’aider les individus et les communautés à nettoyer les régions minées et à les rendre à nouveau productives. C’est ce que l’organisation Roots of Peace a si bien réussi à faire, avec la collaboration des viticulteurs de Californie, en transformant les mines, en Croatie et en Afghanistan et aujourd’hui au Cambodge et en Iraq, en vignes ou en grains.


L’un de mes souvenirs les plus mémorables remonte au jour où j’ai atterri à l’aéroport de Kaboul, dans l’une des régions les plus minées du monde, accueilli par une haie d’honneur constituée de 7 000 démineurs afghans, il y a bientôt deux ans. Grâce au travail accompli par ces hommes, des centaines de milliers d’Afghans ont pu retrouver une vie normale, sans craindre de marcher sur une mine ou une bombe non explosée.


Un monde sans mines n’est pas pour demain. Ce n’est toutefois pas un rêve impossible. Les États sont de plus en plus nombreux à admettre qu’au XXIe siècle, ces engins n’ont pas de place dans une société civilisée, celle dans laquelle nous voulons vivre et que nous voulons édifier pour nos enfants, le type de société dans laquelle Walt Disney voulait élever sa famille. Les gens sont de plus en plus nombreux à se mobiliser, tout comme vous, travaillant en partenariat avec l’ONU dans le cadre d’organisations comme Roots of Peace.


J’espère que de nombreux autres suivront cet exemple. La lutte antimines est l’un des nombreux combats que nous menons à l’ONU, pour lequel nous devons oeuvrer de concert avec les particuliers et les organisations de la société civile et du secteur privé. Le tout premier jour où j’ai pris mes fonctions, je me souviens avoir dit à l’Assemblée générale que seul j’étais impuissant. En revanche, en nouant des relations et en travaillant de concert avec des particuliers, des organisations comme la vôtre et la société civile, les fondations du secteur privé et les universités, nous pouvons accomplir de grandes choses. Si vous décidez de vous joindre à nous dans ce combat ou dans la lutte contre le sida, la protection de l’environnement ou toute autre cause que nous cherchons à défendre, sachez que je serais heureux de vous accueillir au sein de la famille des Nations Unies.


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