SG/SM/8991

UNE DEMOCRATIE VERITABLE ET UN MULTILATERALISME EFFICACE SONT LES VOIES LES PLUS SURES VERS LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT, AFFIRME LE SECRETAIRE GENERAL AU CHILI

12/11/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8991


Une democratie veritable et un multilateralisme efficace sont les voies les plus sures vers la paix et le developpement, affirme le Secretaire general au chili


On trouvera ci-après le texte du discours prononcé le 6 novembre à Santiago du Chili par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant les parlementaires chiliens.


Je suis touché de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé au Chili.  Je suis aussi honoré d’avoir été invité à m’adresser à vous aujourd’hui.  Votre hospitalité ne me laisse aucun doute quant à la solidité de l’engagement du peuple chilien envers les nobles idéaux et les travaux quotidiens de l’Organisation des Nations Unies.


Et de fait, votre pays apporte une importante contribution à l’Organisation, notamment en accueillant sur son sol la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, en participant actuellement en tant que membre actif au Conseil de sécurité et en s’engageant en faveur du maintien de la paix.


Dans le cadre de ces fonctions et à d’autres titres, le Chili soutient activement le multilatéralisme et s’attache à accorder une place privilégiée à la sécurité humaine.


Il est parfaitement fondé que le Chili joue un tel rôle au sein de l’Organisation des Nations Unies.  Vous avez de nombreux motifs de fierté, et la région ainsi que le reste du monde ont un enseignement à tirer de votre expérience.  Un processus de transition pacifique vous a amenés de la dictature à la démocratie, et en dépit des difficultés financières auxquelles est en proie la région, vous êtes parvenus à des résultats sociaux et économiques notables.


En cherchant aujourd’hui la réconciliation, qui passe par la fin des séquelles de l’impunité, vous faites preuve du même courage que lorsque vous avez renversé la dictature militaire.  Tandis que vous consolidez vos acquis démocratiques en renforçant la primauté du droit, j’applaudis à vos efforts pour mener à bien le processus vital consistant à apporter à la société chilienne la vérité, la justice, la réparation et la réconciliation.


Il reste aussi des progrès à accomplir dans les domaines social et économique.  Vous pouvez être fiers, car vous avez déjà atteint l’objectif de développement du Millénaire consistant à réduire de moitié la pauvreté extrême.  Pour autant, je suis convaincu que vous ne relâcherez pas vos efforts tant que la pauvreté n’aura pas été éliminée et les inégalités réduites, et tant que la réforme économique ne se fera pas au bénéfice de tous au Chili, hommes et femmes, et notamment des populations autochtones. J’espère aussi que vous ne perdrez pas de vue que le développement doit être écologiquement viable.


Les succès que vous remporterez dans votre lutte pour relever ces défis serviront d’exemple et constitueront un important message d’encouragement à la région et au monde entier.


Tout comme un régime démocratique est indispensable pour favoriser la paix et le développement à l’échelle nationale, la coopération multilatérale est essentielle pour instaurer la paix et promouvoir le développement à l’échelle internationale.  Cette coopération est vitale pour que la mondialisation engendre responsabilisation et enrichissement plutôt que marginalisation et appauvrissement.


Je me réjouis à la perspective d’observer la mise en oeuvre de cette coopération au niveau régional, lors du Sommet ibéro-américain la semaine prochaine.


Je suis résolu de mon côté à faire tout ce qui est en mon pouvoir afin de promouvoir la coopération multilatérale à l’échelle internationale.


L’Organisation des Nations Unies se trouve au coeur de la coopération internationale et je crois qu’elle jouit du ferme appui des peuples du monde.


Mais il est vrai aussi que les craintes concernant l’efficacité de notre système de sécurité collective sont un sujet de préoccupation pour beaucoup, surtout après l’année difficile qu’a traversée l’Organisation.  Il existe par ailleurs d’autres préoccupations, tout aussi sérieuses.  Nombreux sont par exemple les pays qui font observer qu’ils ne sont pas en mesure d’exercer le rôle qui devrait être le leur dans la prise de décisions au niveau mondial.


J’estime qu’il importe de répondre à ces préoccupations, et ce, non pas en se contentant de défendre fermement toutes les réalisations passées et présentes de l’Organisation des Nations Unies, mais en se montrant résolu à renouveler l’Organisation et à la rendre plus efficace et mieux à même de relever les défis qui se posent aujourd’hui.


C’est pourquoi, lorsque je me suis adressé aux dirigeants politiques du monde entier devant l’Assemblée générale il y a six semaines, j’ai préconisé une modification des règles et mécanismes qui sont l’assise de notre système international, notamment en ce qui concerne les organes principaux de l’Organisation des Nations Unies.  Cette dernière doit être mieux à même de répondre aux impératifs du XXIe siècle, non seulement lorsqu’il s’agit de traiter des problèmes tels que le terrorisme ou les armes de destruction massive, mais aussi lorsqu’il faut faire face à d’autres menaces tout aussi pressantes qui pèsent sur la sécurité humaine, comme la pauvreté, la maladie, la dégradation de l’environnement et les conflits civils ou interétatiques.


Cette semaine, précisément, j’ai nommé un groupe de personnalités, qui est chargé d’examiner les problèmes de paix et de sécurité qui se posent actuellement, d’étudier la contribution qu’apporte une action collective à leur solution, et de se pencher sur le fonctionnement des organes principaux de l’Organisation des Nations Unies.


J’espère que ce groupe formulera des recommandations propres à renforcer l’Organisation, au moyen d’une réforme de ses institutions et de ses procédures.  Je lui ai demandé de me soumettre ses observations à temps pour me permettre de faire des recommandations lors de la prochaine session de l’Assemblée générale.  Néanmoins, les décisions finales, celles qui modifieront les règles du système ou les institutions qui le gèrent, relèvent exclusivement des Etats Membres.


Ce sont donc non seulement les gouvernements, mais aussi vous, les parlementaires, qui sont concernés ici.  Même s’il n’est pas nécessaire que les modifications arrêtées fassent l’objet d’une ratification parlementaire officielle, elles devraient être le résultat de larges discussions intra et interétatiques.


Les peuples du monde, au nom desquels l’Organisation des Nations Unies a été fondée, doivent se sentir pleinement représentés dans le cadre de la prise de décisions.  Les parlementaires ont donc un rôle vital à jouer et leurs voix doivent être entendues.


C’est pourquoi je suis particulièrement heureux que l’Assemblée générale ait récemment accordé le statut d’observateur à l’Union interparlementaire. Je me réjouis en outre du fait que l’un de vos membres, M. le sénateur Sergio Páez, en soit l’éminent Président.


Les chemins qui mènent à une démocratie véritable à l’échelle nationale et à un multilatéralisme efficace à l’étranger, à l’échelle tant régionale que mondiale, sont les voies les plus sûres vers la paix et le développement. Renouvelons notre engagement à suivre ces chemins et puissent le Chili et l’Organisation des Nations Unies renouveler leur engagement mutuel.


Dans cet esprit, je vous remercie de votre aimable accueil et de votre engagement envers l’Organisation des Nations Unies, et par votre entremise, j’adresse mes voeux les plus chaleureux à tous les habitants du Chili.


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