SG/SM/8922

LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QU’A L’ERE DES PROBLEMES SANS PASSEPORTS, LE MULTILATERALISME EST FONDAMENTAL

29/10/2003
Communiqué de presse
SG/SM/8922


le secretaire general declare qu’a l’ere des problemes sans passeports, le multilateralisme est fondamental


On trouvera ci-après le texte du message que le Secrétaire général, Kofi Annan a prononcé à l’occasion du déjeuner avec des responsables afro-américains de la société civile, organisé le 7 octobre au Siège:


J’aimerais tout d’abord vous remercier de vous être joints à nous aujourd’hui à l’Organisation des Nations Unies.  Nane et moi-même, ainsi que tous mes collègues, sommes très heureux de vous accueillir et nous réjouissons de votre présence à nos côtés.


Je voudrais également remercier tous ceux d’entre vous qui ont contribué à organiser ce déjeuner, notamment Robin Chandler-Duke, fervent défenseur de l’Organisation, Buzz Palmer et Alice Palmer, et tous les membres du Fonds pour un monde meilleur, ainsi que Shashi Tharoor et tous mes infatigables collègues du Département de l’information.  J’ai également le grand honneur d’accueillir le révérend Butts qui réagira à mes observations.


Lors de son dernier discours, prononcé à Memphis à la veille de son assassinat, Martin Luther King avait déclaré que si on lui donnait à choisir une époque de l’histoire à laquelle il aurait aimé vivre, il n’aurait pas choisi de vivre à l’ère de Moïse, de Platon ou de l’Empire romain ni à l’âge de la Renaissance ou de la Réforme ou encore au temps de Lincoln ou de Roosevelt.


Il aurait choisi de vivre en son temps, à l’époque où des milliards de personnes se mobilisaient et aspiraient à la liberté.


Mes chers amis, cette époque n’est pas révolue.


Le monde est en constante évolution. Des milliards de personnes aux quatre coins du monde aspirent à vivre en toute sécurité, à l’abri de la crainte et du besoin, en paix et dans la dignité.


Dans la Déclaration du Millénaire, les dirigeants du monde entier se sont engagés à travailler main dans la main pour atteindre cet objectif: lutter ensemble contre les menaces et promouvoir les droits de l’homme et la démocratie.


Ils se sont également engagés à créer un partenariat mondial en faveur du développement afin de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement. Ils ont fixé les objectifs clefs à atteindre d’ici à 2015. Ces objectifs, particulièrement importants pour l’Afrique, consistent à réduire de moitié la proportion de la population vivant dans l’extrême pauvreté, à donner à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires, à réduire sensiblement le taux de mortalité infantile et le taux de mortalité maternelle, à stopper la propagation du VIH/sida (je sais que nombreux sont ceux qui parmi vous consacrent leurs travaux à la lutte contre cette pandémie) et à commencer à inverser la tendance actuelle.


Or, trois ans plus tard seulement, il s’avère que nous n’allons pas tous dans la même direction, que le consensus auquel nous étions parvenus il y a trois ans est fragile.


Il semble que nous ne nous entendions pas sur la meilleure façon de faire face aux menaces voire sur la nature des dangers les plus imminents.


Selon certains, nous devrions consacrer tous nos efforts à la lutte contre le terrorisme et la propagation des armes de destruction massive. D’autres sont convaincus qu’il est plus urgent de s’attaquer à la pauvreté, à la maladie, aux changements climatiques et à la propagation des armes légères.


Je suis d’avis qu’il s’agit là d’un faux problème. Je suis persuadé qu’il nous faut faire face simultanément à ces menaces et à ces dangers.


Nous ne pourrons garantir la sécurité de notre planète tant que la majorité de la population vivra dans l’extrême pauvreté tandis qu’une poignée de privilégiés continuera de faire ce qui lui plaît.


Si certains pays méprisent la légitimité conférée par les Nations Unies et estiment qu’ils peuvent et doivent utiliser la force de manière unilatérale et préemptive, le monde deviendra encore plus dangereux.


Mais il ne suffit pas de faire le procès de l’unilatéralisme et de témoigner notre confiance absolue en les Nations Unies. Nous devons aussi faire face aux préoccupations de certains pays qui, se sentant particulièrement vulnérables, agissent de manière unilatérale.


Nous devons prouver que nous sommes capables tous ensemble d’apaiser ces inquiétudes en agissant de façon multilatérale.


C’est pourquoi, il y a 15 jours, j’ai exhorté les dirigeants internationaux à réfléchir sérieusement à notre système, à son fonctionnement, à son dysfonctionnement parfois, et à la façon de l’améliorer.  Pour les aider, j’ai nommé un groupe de sages, hommes et femmes, qui feront part de leurs suggestions.


Aujourd’hui, de nombreux sages sont dans l’assemblée.  Je les invite également à se joindre à cette réflexion.


L’Organisation des Nations Unies et la communauté afro-américaine ont été solidaires par le passé et elles ont en commun de nombreuses personnalités, notamment Ralph Bunche dont nous célébrons cette année le centenaire.


Nous partageons aussi des objectifs communs pour l’avenir.


Je suis convaincu que les États-Unis ont aujourd’hui tout intérêt à travailler avec les Nations Unies, à l’image de l’Amérique de Roosevelt et de Truman.  C’est d’ailleurs à cette époque que ce pays a tracé la voie de la création de l’Organisation.  Ralph Bunche et d’autres Afro-Américains ont joué un rôle capital en rédigeant la Charte des Nations Unies et en créant le système multilatéral.


Les nouvelles menaces de notre ère – l’ère des problèmes sans passeports – font que ce système est d’autant plus essentiel aujourd’hui pour tous.


Que ceux qui croient en l’action collective en tant que moyen de régler les problèmes actuels, que ceux qui croient en l’état de droit et en les objectifs de l’Organisation des Nations Unies se fassent entendre.


Vous tous – chefs religieux, enseignants, hommes ou femmes d’affaires, membres d’un gouvernement local ou responsables d’autres secteurs – vous pouvez ouvrir la voie.


Votre histoire témoigne du pouvoir de l’action non violente collective fondée sur le souci de la justice, de l’égalité et de l’émancipation de tous.


Par le passé, vous vous êtes mobilisés et vous avez fait entendre votre voix.


Mes chers amis, l’heure est venue de vous exprimer.  Le monde est en constante évolution.  Nous devons nous assurer qu’il évolue dans le bon sens. Je veux espérer et je veux croire que nous en sommes capables.


Il ne s’agit pas de choisir entre multilatéralisme et unilatéralisme mais bien entre coopération et catastrophe.


Ayez confiance, je vous en conjure.


Aidez-nous à défendre l’Organisation des Nations Unies, à lui donner les moyens de lutter contre la pauvreté, le sida et d’autres causes de souffrances humaines, notamment en Afrique, et à améliorer le fonctionnement de cette prestigieuse Organisation.


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