DES SCIENTIFIQUES EXPOSENT LES AVANTAGES ET LES DESAVANTAGES DE L’ESSOR DU COMMERCE DES AQUARIUMS
Communiqué de presse PNUE/99 |
Des scientifiques exposent les avantages et les desavantages de l’essor du commerce des aquariums
NAIROBI/LONDRES - 1 octobre 2003 -- Plus de 20 millions de poissons tropicaux et quelque 1471 espèces, qui vont de la demoiselle bleue au chelmon à bec médiocre, sont captures, chaque année, pour approvisionner le marché aquariophile marin de plus en plus important aux Etats-Unis et en Europe.
Selon l'étude la plus complète jamais effectuée jusqu'ici, 9 à 10 millions d’autres animaux marins, dont le mollusque, la crevette et les anémones, soit quelque 500 espèces, sont vendus pour décorer des bacs à domicile, des aquarium publics et des cabinets dentaires.
Selon le rapport présenté aujourd'hui par le Centre mondial de surveillance de la conservation du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-WCMC), chaque année, environ 12 millions de coraux durs sont récoltés, transportés et vendus.
Des mers aux aquariums : le commerce mondial d'ornements marins' estime que le commerce des animaux marins d'aquarium rapporte $200 à $330 millions par an. Le rapport paraît à la veille de la sortie en Grande Bretagne de la superproduction Disney, “A la recherche de Nemo”, qui a déjà remporté un succès foudroyant aux États-unis.
Le film raconte les aventures d'un poisson clown, une espèce qui, avec la magnifique demoiselle bicolore, est l’espèce la plus vendue de poissons tropicaux.
Le rapport révèle que l'Asie du Sud demeure le premier point de départ du commerce mais que les espèces ornementales marines sont de plus en plus capturées le long d'îles nations du Pacifique et de l'Océan indien. Les Etats-Unis, l'Europe et dans une moindre mesure le Japon sont les marchés où la demande est la plus forte.
Klaus Toepfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement, a déclaré à l'occasion de la parution du rapport : "Pour la première fois, nous avons à notre disposition une évaluation juste du nombre de poissons, de coraux et d'autres animaux tirés des récifs coralliens et déposés dans des aquariums publics et des bacs à poissons à travers les USA et l'Europe."
"Collectionner des poissons tropicaux donne du plaisir à des millions de personnes. De plus, cette pratique donne des ailes à une industrie importante et essentiellement légitime, ajoute-t-il. Ces données nouvelles et précieuses devraient permettre une prise de décision mieux informée et plus efficace au niveau des politiques, des industries et des consommateurs. Le commerce mondial d'espèces marines représente un risque non négligeable pour les écosystèmes des récifs coralliens, mais, en tant que source de revenues, il présente une chance pour les communautés de pêcheurs. "
"Ce commerce est donc une arme supplémentaire de taille dans la lutte contre la pauvreté et pour la réalisation des Objectifs de développement du millénaire adoptés par les Nations Unies et celle du Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le développement durable. "
Contrairement aux espèces d'aquarium d'eau douce dont 90 pour cent relève de la pisciculture, la grande majorité des aquariums marins est peuplée d'espèces sauvages. Cette activité, si elle n'est pas entreprise de manière appropriée, peut endommager de façon irréversible les récifs coralliens.
Colette Wabnitz, un des auteurs du rapport, note que : " Une minorité de pêcheurs, situés dans des pays tels que l'Indonésie, se servent de cyanure de sodium pour capturer ces poissons. Une dose presque mortelle de poison est donc versée dans le récif corallien qui, provoquant la paralysie des poissons, facilite la prise et l’exportation. Cette technique peut également tuer le corail et d'autres espèces. De plus, les poissons peuvent survivre au processus d'exportation mais meurent souvent de défaillance du foie peu après leur vente. "
Les récifs coralliens, les forêts tropicaux des fonds de mers, sont confrontés à une panoplie de menaces dont la pollution et de la sédimentation, le blanchissement du corail, la surexploitation des pêcheries et le tourisme. Les récifs de l'Asie du Sud sont particulièrement vulnérables et il est essentiel que l'aquariophilie ne vienne pas exacerber ces problèmes.
Le nouveau rapport du Centre du PNUE met également en lumière les chances qu’offrent le commerce des aquariums marins.
Selon Mark Collins, le Directeur de WCMC-UNEP, "gérée convenablement, l'industrie des aquariums peut fournir un appui non négligeable à la conservation et à l'exploitation durable des récifs coralliens dans les régions aux revenus limités. Certaines techniques de collection ont un impact minime sur les coraux. Et bien que la quantité pêchée par l'industrie dans son ensemble est relativement petite, elle est d'une très grande valeur monétaire."
Suivant le même thème, Des Océans aux aquariums, explique certains cas d’école. Le rapport indique qu’en l'an 2000, 1 kg de poissons d'aquarium provenant des Maldives rapportait presque $500, alors que 1 kg de poissons récifaux comestibles avait une valeur de $6. De même, le commerce de corail vivant rapporte $ 7 000 par tonne contre $60 pour le corail calcifié.
Un autre exemple est celui du Sri Lanka qui gagne près de 5,6 millions de dollar par an grâce à l’exportation de poissons récifaux vers 52 pays. Selon le rapport, 50 000 personnes au Sri Lanka sont directement impliquées dans l'exportation d'ornements marins. Cette activité est une source d'emplois dans les régions côtières à faibles revenus et incite largement au maintien des pêcheries et des milieux récifaux.
Le rapport recommande le développement et la vulgarisation de la certification par tierce partie. De plus, au niveau des pays d'origine, la mise en œuvre de quotas, l’imposition d’une taille limite des prises, le classement des réserves marines et la mise en vigueur de permis sont recommandés. Enfin, afin d'atténuer la pression sur les stocks sauvages et éviter de compromettre les moyens de subsistances des communautés locales, la pisciculture des espèces les plus commercialisées est jugée nécessaire.
Les données comprises dans le nouveau rapport proviennent essentiellement de la Base de données mondiale d'aquarium marin, une initiative du PNUE-WCMC, du Marine Aquarium Council (Conseil des aquariums marins ou MAC) et des membres de différentes associations de commerce d'aquariums.
Ed Green qui a aussi contribué à la rédaction du rapport note que : "Les poissons certifiés par le Marine Aquarium Council sont en meilleur santé et ont une meilleure chance de survivre parce qu’ils sont pêchés, traités et transportés selon les normes internationales élaborées à partir des meilleures pratiques. Nous encourageons les commerçants à adopter les normes de certification du MAC et le public à ne s’adresser qu’à des vendeurs. Ce n'est qu'en prenant de telles mesures que nous pourrons assurer un commerce, des récifs coralliens à la vente des animaux marins, durable et bénéfique pour tous.
Le rapport est disponible en ligne sur www.unep.org et http://www.unep-wcmc.org/resources/publications/UNEP_WCMC_bio_series/17…
Pour plus de précisions, veuillez contacter: Robert Bisset, Porte-parole du PNUE en Europe - Tel: 33 1 44377613, Mobile: 33 6 22725842, E-mail: robert.bisset@unep.fr. Eric Falt, Porte-parole et Directeur de la Division de la Communication et de l'information - Tel: 254 20 623292, Mobile: 254 (0) 733 682656, E-mail: eric.falt@unep.org ou Nick Nuttall, Chef de la Section Media - Tel: 254 20 623084, Mobile: 254 (0) 733 632755, E-mail: nick.nuttall@unep.org.
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Note aux Editeurs
Des Océans aux aquariums tire une partie de ses conclusions des données de la Base de données des aquariums marins mondiaux (GMAD) qui a été créée en conjonction avec le Marine Aquarium Council (MAC) afin de promouvoir un commerce durable. La base de données contient plus de 100 000 données provenant de sociétés d'importation et d'exportation. La base de données est disponible en ligne : www.unep-wcmc.org/marine/GMAD/.
MAC -organisation internationale à but non lucratif s’occupant de la protection des poissons marins et des récifs coralliens de climat tropical - a développé le premier système de certification des espèces vivantes marines qui permet aux consommateurs d'identifier les vendeurs qui fournissent des organismes observant les normes de qualité et de protection de l'environnement, du récif à la vente.
Récemment, Sierviskwekerij Waterweelde B.V., une société d'importation basée à la Haye, a été la première compagnie en Europe à recevoir la Certification MAC. D'autres compagnies certifiées par le MAC sont situées au Canada, aux Philippines et aux Etats-Unis. Une liste complète et à jour des entreprises peut être téléchargée de www.aquariumcouncil.org.
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