MANQUE DE RESSOURCES FINANCIERES ET HUMAINES, POIDS DES TRADITIONS IDENTIFIES COMME OBSTACLES A LA PARITE HOMME/FEMME
Communiqué de presse FEM/1241 |
Commission de la condition de la femme
4ère séance – après-midi
MANQUE DE RESSOURCES FINANCIERES ET HUMAINES, POIDS DES TRADITIONS IDENTIFIES COMME OBSTACLES A LA PARITE HOMME/FEMME
Ministres de la condition de la femme, spécialistes gouvernementaux des questions de parité des sexes et directrices d’institutions nationales chargées de la promotion de la femme ont, cet après-midi, partagé leur expérience, mettant en valeur les résultats obtenus mais également les obstacles rencontrés dans la mise en place de politiques et de mécanismes institutionnels visant à réaliser l’égalité entre les sexes. Cette table ronde de haut niveau était organisée par la Commission de la condition de la femme qui a entamé ses travaux lundi dernier.
Parent pauvre de tous les ministères, celui de la condition de la femme souffre le plus souvent de ressources financières et humaines limitées. Pourtant, a souligné la Vice-Première Ministre de la Suède, Margareta Winberg, le budget est l’instrument le plus important pour l’intégration d’une démarche soucieuse de l’égalité entre les hommes et les femmes dans toutes les activités d’un gouvernement. Citant l’exemple de la Namibie qui organise tous les deux ans une conférence consultative avec les ONG pour évaluer les acquis et définir le programme pour les deux années suivantes, la Vice-Première Ministre a expliqué que la Suède travaille à rendre l’intégration de la problématique homme/femme visible dans le processus budgétaire, l’objectif étant d’élaborer une méthode pour la budgétisation de la sexospécificité. Au Chili, a expliqué sa représentante, la notion de parité des sexes est incluse dans tous les processus budgétaires.
Pour pallier à l’inadéquation des ressources par rapport aux besoins sur le terrain, la Ministre de la famille, de la protection de l’enfance et de la promotion de la femme du Gabon, Angélique Ngomo, a expliqué que des séminaires de sensibilisation aux questions de parité ont été organisés avec les membres du gouvernement, de la société civile, et les partis politiques. De son côté, la représentante du Ministère des affaires de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne a indiqué que ce Ministère a tendance à déléguer certains rôles aux autres ministères de manière à ne pas trop greffer son propre budget et tout en exerçant un suivi.
La parité est désormais conçue comme une politique d’Etat transversale, ont également assuré bon nombre de représentants de gouvermements et d’institutions. Au Brésil, a expliqué la Secrétaire spéciale pour les droits des femmes, un décret présidentiel a promu cette année le Secrétariat pour les questions féminines au rang de Ministère, désormais perçu comme la conscience des autres institutions gouvernementales.
L’une des tâches au Brésil a été de gommer une tendance qui veut que la promotion de la condition de la femme revient uniquement à certains ministères dirigés par des femmes, comme celui de la femme et de la famille. Or pour être efficace, le processus de promotion de la femme doit se faire à tous les niveaux, compte tenu du fait que cette responsabilité ne concerne pas uniquement les femmes du Gouvernement, mais le gouvernement dans son ensemble.
L’éducation à la parité a également été mise en valeur, la Vice-Première Ministre de la Suède expliquant que tous les ministères de son pays avaient reçu une formation en la matière. Ceci est nécessaire car il n’est pas aisé de modifier les modes de pensée, a-t-elle ajouté. Des propos qu’a repris la Secrétaire d’Etat auprès du Ministère de la promotion de la femme de la République du Congo, Jeanne Françoise Lekomba, qui a ajouté que la tâche la plus dure pour son Gouvernement est de changer les mentalités qui sont ancrées dans des us et coutumes rétrogrades.
De son côté la Vice-Présidente du Comité national pour les questions féminines de l’Azerbaïdjan a fait valoir que, en tant que pays en transition, l’intégration d’une dimension sexospécifique dans la politique nationale n’a pas toujours été perçue comme une véritable priorité. A ce stade l’objectif premier est de parvenir à un changement de perception de la femme dans l’opinion publique.
Les intervenants ont également décrit les bons résultats obtenus par les femmes dans la vie politique grâce à l’imposition de quotas. La Conseillère du Premier Ministre pour les questions relatives au développement de la femme, les affaires sociales et l’éducation spécialisée du Pakistan, Nilofar Bakhtiar, a expliqué que son Gouvernement, en réservant un quota électoral de 17% pour les femmes à l’Assemblée nationale a permis à 22% d’entre elles d’acquérir des sièges.
Les intervenants ont également détaillé les mesures prises par leur gouvernement pour lutter contre les violences à l’égard des femmes et favoriser leur accès aux technologies de l’information et des communications (TIC), thèmes sous lesquels sont placés les travaux de cette session de la Commission. La Ministre de l’intérieur de la Grèce, au nom de l’Union européenne, a regretté qu’en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes, la tendance est à dépenser davantage d’argent pour remédier aux conséquences de ces violences plutôt que de s’attaquer aux causes profondes. Au Pakistan, a ajouté la Conseillère du Premier Ministre, les «crimes d’honneur» et la traite des enfants et des femmes sont désormais considérés comme des crimes graves.
En Malaisie, a déclaré la Secrétaire générale au Ministère des affaires de la femme et du développement de la famille de ce pays, la violence à l’encontre des femmes a été reconnue comme un frein au développement durable et à la sécurité humaine. Une campagne «Les femmes contre la violence» a été lancée en juillet 2001.
Ont participé aux discussions de cet après-midi les ministres chargés des structures nationales de promotion de la femme des pays suivants: Brésil; Gabon; Namibie; Burkina Faso; Ghana, ainsi que les Vice-Ministres et Secrétaires d’Etat des pays suivants: Suède; Congo; Azerbaïdjan; Indonésie; Pérou; Australie; Guatemala; Canada et Malaisie.
Par ailleurs les représentants des institutions nationales de promotion de la femme de l’Argentine; Cuba; Pakistan; Croatie; Mexique; Allemagne; République de Corée; Chili; Tunisie; Etats-Unis; Japon et des Pays-Bas sont également intervenus.
La Commission poursuivra demain mercredi 5 mars à 10 heures son débat général.
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