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ENV/DEV/722

LA NECESSITE D’ASSURER L’EAU POTABLE A 1,1 MILLIARD D’ETRES HUMAINS D’ICI A 2015 EST REAFFIRMEE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE A L’OCCASION DE L’ANNEE INTERNATIONALE DE L’EAU DOUCE

07/05/03
Communiqué de presse
ENV/DEV/722


Commission du développement durable

séance publique – matin


LA NECESSITE D’ASSURER L’EAU POTABLE A 1,1 MILLIARD D’ETRES HUMAINS D’ICI A 2015 EST REAFFIRMEE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE A L’OCCASION DE L’ANNEE INTERNATIONALE DE L’EAU DOUCE


Le Prince héritier Willem Alexander des Pays-Bas souligne que

l’eau est la clé de l’éradication de la pauvreté et du développement durable


«L’eau est la clé de l’éradication de la pauvreté et du développement durable», a déclaré ce matin le Prince héritier Willem Alexander des Pays-Bas au cours du dialogue interactif organisé par la Commission du développement durable (CDD 11) sur le thème «relier les populations aux objectifs».  Animé par le Ministre sud-africain de l’eau et des forêts, Ronnie Kasrils, ce dialogue interactif s’inscrivait dans le cadre de la célébration de l’Année internationale de l’eau douce et a porté essentiellement sur la mise en œuvre des recommandations du Forum mondial de l’eau, tenu en mars dernier à Kyoto, et du Sommet mondial pour le développement durable réuni en 2002 à Johannesburg.  Les experts et les représentants des États Membres se sont penchés pendant près de deux heures sur les voies et moyens de réaliser les Objectifs prioritaires de développement du Millénaire, à savoir réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes souffrant de malnutrition, actuellement estimé à 800 millions, et fournir un accès à l’eau potable aux 1,1 milliard d’êtres humains et un assainissement aux 2,4 milliards d’êtres humains qui en sont aujourd’hui privés. 


Le Prince héritier Willem Alexander a saisi cette occasion pour rappeler que la gestion des ressources hydriques était étroitement liée à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire dans d’autres domaines, notamment la santé, l’environnement, l’éducation, l’agriculture et la parité.  Les femmes paient un lourd tribut au manque d’eau potable dans les pays en développement, a-t-il déploré, et les fillettes se retrouvent souvent déscolarisées car elles doivent par ailleurs assumer les tâches domestiques.  Nous devons également gérer de manière plus rationnelle nos ressources en eau car nous sommes arrivés aux limites de la révolution verte, a-t-il poursuivi, avant de recommander une «nouvelle révolution agricole» reposant sur l’utilisation de cultures qui nécessitent moins d’eau.  Le Prince héritier a également souligné le lien entre eau douce et eau de mer et prôné un nouveau type de coopération entre États Membres dans la gestion des ressources côtières et maritimes afin de préserver les écosystèmes.  Pas moins de 23 agences des Nations Unies sont impliquées dans le domaine de l’eau, a-t-il indiqué ensuite, saluant le travail accompli ces dernières années notamment par le PNUE, le PNUD, l’UNICEF, l’OMS et la FAO dans la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire liés à l’éradication de la pauvreté, à l’approvisionnement en eau potable et à l’assainissement. 


Le troisième Forum mondial de l’eau de Kyoto, et la Conférence ministérielle organisée en marge de cette rencontre les 22 et 23 mars 2003, ont couvert une série de thématiques telles que l’eau salubre, l’assainissement, l’eau pour le développement rural, l’approvisionnement en eau et la gestion des risques liés à l’eau, a indiqué Koichi Haraguchi, Représentant permanent du Japon auprès des Nations Unies.  Intervenant sur les conclusions du Forum de Kyoto, William Cosgrove, Vice-Président du Conseil mondial de l’eau, a jugé que si l’eau constitue une priorité comme le reflètent les débats au sein de la Commission du développement durable, les Etats devraient l’inscrire systématiquement dans leurs programmes de développement.  Il a en outre déploré que les Etats en développement manquent le plus souvent des ressources humaines et financières indispensables à la mise en valeur de leurs ressources hydriques.  A ce sujet, M. Haraguchi a indiqué qu’un ensemble de mesures concernant la gestion des ressources hydriques avait été envisagé à Kyoto, notamment pour ce qui est de la bonne gouvernance et du renforcement des capacités des communautés locales.  Le représentant du Japon a précisé que, dans le cadre de sa politique d’aide publique au développement (APD), son pays a décidé de consacrer 3 milliards de yens au secteur de l’eau et de l’assainissement en 2003, et de soutenir le développement d’infrastructures en eau et en assainissement dans les zones urbaines par des prêts sur quarante ans à un taux de 0,5%. 


Ces programmes de développement d’infrastructures revêtent un caractère urgent dans la mesure où, comme le rappelait Albert Wright, Coprésident de la «Water and Sanitation Task Force for the Millenium Project», six enfants meurent chaque minute dans le monde en raison du manque d’assainissement, et qu’en moyenne, près de 3 millions d’enfants sont terrassés chaque année par la diarrhée.  Aussi, pour atteindre les objectifs définis en matière de santé infantile et maternelle, de durabilité environnementale, d’éradication de la pauvreté, d’approvisionnement en eau et en assainissement, les efforts de financement doivent être portés à 30 milliards de dollars annuels, a estimé M. Wright, qui a prôné par ailleurs des stratégies nationales de réduction de la pauvreté spécifiques aux besoins des populations.  Intervenant ensuite, Richard Jolly, Président du «Water supply and sanitation collaboration Council», a rappelé qu’au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes ayant accès à l’eau avait doublé.  Depuis le Sommet de Johannesburg, a-t-il poursuivi, nous avons lancé des campagnes de développement d’infrastructures en eau et en assainissement à Madagascar et aux Philippines, se félicitant par ailleurs des efforts accrus des pays en développement à cette fin.  Lors du Forum de Kyoto, a rappelé M.ºJolly, l’accent a été mis sur l’éducation des populations, afin de les encourager à utiliser l’eau de manière plus rationnelle et économique, et sur l’attention que les médias doivent accorder aux collectivités les plus défavorisées, notamment par des campagnes de sensibilisation. 


Un autre défi qui se pose désormais à nous réside dans le renforcement et l’intégration du concept de parité dans la réflexion et dans les actions relatives à la promotion de l’accès de toutes les populations à l’eau potable et à l’assainissement a indiqué, quant à elle, Jennifer Francis, Secrétaire exécutive de «Gender and Water Alliance».  Notre Alliance a pour objectif de renforcer la présence des femmes et de les intégrer dans la conception et l’application des plans relatifs à l’approvisionnement en eau potable, a-t-elle ajouté, insistant pour que les programmes de renforcement des capacités s’adressent en priorité aux femmes.  Pour sa part, Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies a estimé qu’il fallait identifier le type de mesures à prendre pour assurer l’approvisionnement en eau potable de plus de 200 000ºpersonnes supplémentaires chaque jour à travers le monde afin de remplir, d’ici à 2015, les Objectifs de développement du Millénaire.  A cette fin, il a déclaré que la communauté internationale devait redoubler d’efforts sur deux fronts, à savoir le retraitement des eaux usées, ce qui implique la construction d’infrastructures, et penser des solutions techniques souples, efficaces et adaptées à des environnements sociaux et culturels diversifiés.  Au-delà de l’accent mis par M.ºDesai sur le renforcement des capacités, les représentants du Bhoutan et du Yémen ont jugé que le doublement de l’APD à 100ºmilliards de dollars par an constituait une mesure prioritaire pour permettre aux pays en développement de développer ces infrastructures et programmes en faveur de l’eau et de l’assainissement.


Le Ministre sud-africain de l’eau et des forêts avait auparavant rendu hommage au leadership du Tadjikistan dans le cadre de l’Année internationale de l’eau.  Présentant les objectifs du Forum de l’eau qui se tiendra à Douchanbé les 30 août et 1er septembre 2003, le Représentant permanent du Tadjikistan, Rashid Alimov, a estimé que cette rencontre devrait parvenir à définir des plans d’action concrets pour la gestion en ressources hydriques.  Il importe par exemple de réduire le «stress hydrique» de certains pays d’Asie centrale qui sont largement dépendants du Tadjikistan pour leur approvisionnement en eau douce, a indiqué le représentant.  La protection de la Mer d’Aral constitue un autre défi pour la région d’Asie centrale, a ajouté M.ºAlimov, qui a rappelé que les gouvernements de la région avaient créé un Fonds international pour assurer la gestion de leurs ressources en eau transfrontalières et assurer la gestion de la crise provoquée par l’assèchement de la Mer d’Aral dans les domaines économique, social et environnemental.  A son tour, le représentant du Liban a souligné le «stress hydrique» pressant dans le Moyen-Orient et en Asie occidentale où les ressources en eau pourraient se faire rares dans les quarante prochaines années.


La Commission du développement durable a, en fin de matinée, pris connaissance du rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) intitulé «Water for people, Water for life» présenté par Gordon Young, expert à la Division des sciences de l’eau de l’UNESCO.  Ce rapport, qui a pour vocation de servir d’outil opérationnel pour les États Membres, sera examiné au niveau national entre les différentes parties prenantes impliquées dans le domaine du développement durable. 


La prochaine réunion de la Commission du développement durable sera annoncée dans le Journal des Nations Unies. 


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