LE CONTINENT AFRICAIN AU CŒUR DES PREOCCUPATIONS DE LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE CONCERNANT LA MISE EN ŒUVRE DES RECOMMANDATIONS DE JOHANNESBURG
Communiqué de presse ENV/DEV/718 |
Commission du développement durable
4e séance – matin et après-midi
LE CONTINENT AFRICAIN AU CŒUR DES PREOCCUPATIONS DE LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE CONCERNANT LA MISE EN ŒUVRE DES RECOMMANDATIONS DE JOHANNESBURG
La Commission achève son débat de haut niveau entamé le 28 avril dernier
Les récentes performances de l’Afrique en matière de croissance économique et de développement ont été décevantes et les projections demeurent déprimantes, a déploré ce matin le représentant de la Mauritanie, Mahfoudh Ould Deddach, qui s’exprimait au nom du Groupe africain au dernier jour du débat de haut niveau de la Commission du développement durable. Après avoir mis l’accent ces trois derniers jours sur la définition de son programme de travail futur, sur la réforme de ses méthodes de travail et sur les thématiques qui seront abordées lors des cycles 2004-2005 et 2006-2007, à savoir l’eau et l’énergie, la Commission s’est penchée aujourd’hui sur les mesures devant être prises pour aider les pays d’Afrique et les petits États insulaires en développement à remplir les objectifs de développement durable définis en septembre 2002 à Johannesburg. Au cours des cinq dernières années, le produit intérieur brut (PIB) des pays africains a connu un taux moyen de progression de 3% et il ne devrait atteindre que 4,1% en 2004, ont observé certaines délégations, ajoutant que ce taux de croissance restait très inférieur aux 7% requis pour permettre aux pays en développement de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 et remplir ainsi les Objectifs de développement du Millénaire.
Comment faire face aux conséquences de la sécheresse, de l’épuisement des ressources naturelles et du manque d’eau qui, conjugués à la progression fulgurante de maladies telles que le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, affectent durablement le développement de l’Afrique australe, s’est interrogé le Ministre des ressources naturelles et de l’environnement du Malawi, Uladi B. Mussa. Son homologue du Lesotho, Lebonhang Nts’Inyi, a exhorté la communauté internationale à consentir des mesures financières urgentes pour aider l’Afrique à surmonter les défis du développement durable et elle a insisté en particulier sur la mise en œuvre des volets eau, santé, assainissement, agriculture, énergie et infrastructures prévus dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), initié en juillet 2001 à Lusaka. Au-delà du soutien financier au NEPAD, les pays développés ont l’obligation de renoncer aux subventions agricoles et de mettre fins aux distorsions, a jugé pour sa part le représentant de l’Égypte, dénonçant des pratiques injustes qui faussent les lois de la concurrence et privent les producteurs africains de ressources et de débouchés.
En effet, chaque année, les pays de l’OCDE consacrent en moyenne 300 milliards de dollars aux subventions à l’agriculture, entraînant un manque à gagner pour les économies africaines de l’ordre de 500 milliards de dollars, soit dix fois plus que le montant total de l’aide publique au développement (APD). Intervenant dans le cadre de la table ronde ministérielle consacrée en fin de matinée aux aspects financiers de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg, le Vice-Président de la Banque mondiale a indiqué que ces 300 milliards de dollars de subventions correspondaient au PIB de l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne avant de demander aux pays de l’OCDE d’envisager leur suppression pure et simple comme mesure incitative pour les pays en développement à l’approche de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, prévue fin septembre 2003 à Cancun. De telles mesures, a indiqué le Président de la Commission, Valli Moosa (Afrique du Sud), permettraient de renforcer la part du continent africain dans les échanges commerciaux et de générer des ressources essentielles pour financer leur développement.
Pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015 et mettre en œuvre les grandes orientations du Sommet de Johannesburg, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement a jugé indispensable de doubler les montants d’aide publique au développement afin qu’ils atteignent 100 milliards de dollars par an. Cette proposition a reçu l’appui des Ministres de l’environnement du Royaume-Uni et de la Norvège qui ont toutefois exhorté les pays en développement à intensifier leurs efforts dans les domaines de la bonne gouvernance et à instaurer les conditions et le climat propices aux flux d’investissements. Dans l’après-midi, un Forum régional consacré aux mesures initiales prises dans la région de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour assurer la mise en œuvre des décisions contenues dans le Plan d’application de Johannesburg a souligné les dispositions du NEPAD relatives à la bonne gouvernance et à la consolidation de la paix. Ces deux éléments sont des préalables à toute perspective de développement durable, comme l’a rappelé la Ministre d’État à l’environnement de la Côte d’Ivoire, Angèle Gnonsoa, qui déplorait les conséquences économiques, sociales et environnementales de la crise que traverse son pays depuis sept mois.
Deux autres forums d’application régionaux étaient organisés sur les mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) et de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).
Outre ceux déjà cités, les Ministres et Secrétaires d’État chargés de l’environnement des pays suivants se sont exprimés au cours du débat de haut niveau: Kenya, îles Marshall, Mauritanie (au nom du Groupe africain), Mongolie, Danemark, Mozambique, Islande, Israël, Malaisie, Soudan, Tuvalu, République islamique d’Iran, Fidji (au nom du Forum des îles du Pacifique), Turquie, Népal, Bahamas, Jamahiriya arabe libyenne, République dominicaine, Ouzbékistan, Chili, Panama, Costa Rica et Nigéria. Les observateurs du Saint-Siège et de la République arabe syrienne sont également intervenus au cours du débat.
La Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er mai, à 10 heures.
programme futur, organisation et méthodes de travail de la Commission du développement durable
Débat de haut niveau
M. NEWTON KULUNDU, Ministre de l’environnement, des ressources naturelles et de la faune du Kenya, a jugé fondamental que la Commission du développement durable parte sur de bonnes bases dans la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg, recommandant ainsi à la Commission de se concentrer sur les aspects principaux du développement durable, à savoir ses volets économique et social. Il faut que la Commission du développement durable ait une valeur ajoutée et ne fasse pas double emploi avec les autres organes: son programme de travail doit être souple et mettre l’accent sur les mécanismes de mise en œuvre. Le travail de la Commission du développement durable doit être organisé pour des cycles de deux ans et assorti de critères d’évaluation, a-t-il préconisé. Le dialogue avec les grands groupes doit s’inscrire dans les priorités de la Commission du développement durable dont le rôle vise également à promouvoir des programmes de renforcement des capacités grâce à la contribution d’experts scientifiques.
M. ULADI B. MUSSA, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement du Malawi, a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine faite par le Maroc, et a déclaré que la coordination et le suivi de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg sont les deux principaux défis qui exigent une assistance de la part de la CDD. L’Afrique a des besoins particuliers qui doivent être traités de manière exhaustive et urgente. Le VIH/sida, la sécheresse et l’épuisement des ressources naturelles, dont l’eau, posent des menaces de plus en plus dangereuses aux populations africaines, notamment dans la région d’Afrique australe. Nous avons besoin du renforcement de nos capacités humaines, et pensons que la CDD pourrait examiner en priorité cette question qui figure à la fois dans le Plan d’application de Johannesburg et dans le NEPAD.
Mme LEBONHANG L. NTS’INYI, Ministre du tourisme, de la culture et de l’environnement du Lesotho, a estimé que la tâche de la Commission du développement durable se trouve accrue dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. Elle a insisté, concernant les cycles de deux ans, sur les domaines prioritaires de l’eau et de l’énergie et a plaidé pour des engagements clairs au niveau financier qui permettent d’envisager de tels projets. La Ministre a proposé que des recherches soient entreprises pour mettre en place des indicateurs du développement durable qui permettent d’analyser les critères d’exécution du Plan d'application de Johannesburg, en particulier dans les domaines de la lutte contre la pauvreté et de l’assainissement.
M. PHILIP KABUA, Ministre du tourisme des îles Marshall, a souhaité que la Commission traite de la question du changement climatique, qui affecte les petits Etats insulaires en développement. Nous demandons en outre que le plan de travail de la Commission prête attention aux engagements contenus dans le Plan d’action de la Barbade. La participation des petits pays aux réunions de la Commission pourrait être facilitée par la création d’un fonds d’affectation spéciale par les pays développés. Les îles Marshall souhaitent par ailleurs que la CDD ne fasse pas double emploi avec d’autres forums internationaux.
M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie), intervenant au nom du Groupe africain, a estimé que la session de la Commission du développement durable se tient à un moment charnière entre les rencontres de Monterrey et de Johannesburg et la prochaine rencontre ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce prévue durant l’été 2003 à Cancun pour donner corps aux engagements de Doha. Il a déploré ensuite les conséquences de la crise économique mondiale sur les pays africains qui ont connu en 2002 des taux de croissance de leur PIB de l’ordre de 3%, bien loin des 7% nécessaires pour atteindre l’objectif visant à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Aussi a-t-il souhaité que la Commission du développement durable s’attelle à aborder au cours des dix prochaines années les thématiques clés pour le continent africain, tels que l’eau, l’assainissement, l’énergie, mais également les sources de financement.
M. AJKHAN BOLAT, Vice-Ministre de l’environnement et de la protection de la nature de la Mongolie, a déclaré que la CDD devrait identifier les principaux obstacles à la mise en œuvre des engagements de Johannesburg. La diffusion des informations et des études menées sur ces questions pourrait faciliter la compréhension, par les gouvernements et leurs partenaires, des mesures de correction à prendre. La Mongolie a, pour sa part, institutionnalisé les mécanismes de mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg dans ses actions gouvernementales. Notre pays s’engage fermement à tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs agréés au niveau international.
Mme ANGELE GNONSOA, Ministre d’État et de l’environnement de la Côte d’Ivoire, a attiré l’attention de la Commission du développement durable sur la crise que traverse la Côte d’Ivoire depuis sept mois et qui a des implications sur les secteurs économiques, sociaux et environnementaux. Le développement durable suppose avant tout la paix, a-t-elle dit, avant de souligner également les implications financières de la mise en œuvre des stratégies définies dans le Plan d'application de Johannesburg. Aussi, a-t-elle insisté sur certains principes clés tels que la solidarité, l’équité et la précaution. Elle a souhaité que des actions ciblées sur des thèmes tels que l’eau, la santé, l’agriculture soient entreprises afin de lutter dans une dimension plus globale contre la pauvreté dans le cadre de partenariats.
M. DAN NIELSON, Ambassadeur du Danemark auprès de la Commission du développement durable, a estimé que la CDD devrait rapidement traduire les accords pris, au cours de la décennie écoulée, par la communauté internationale en matière de développement dans les faits. Le programme de la CDD doit comporter la mise en place d’indicateurs qui permettraient une claire évaluation des progrès accomplis dans la promotion des programmes de développement. Notre pays va accueillir cet automne une rencontre internationale sur l’énergie qui sera menée dans le respect des termes agréés à Johannesburg. Nous pensons qu’en ce qui concerne les travaux de la CDD, il est important que soit énoncé un mandat définissant comment les ministres doivent y prendre part. S’agissant des partenariats, que nous soutenons, notre pays estime que les principes de Bali doivent être respectés.
M. FRANCISCO MABJAIA, Vice-Ministre de l’environnement du Mozambique, a estimé que l’enjeu pour la Commission du développement durable était désormais de s’attaquer à la mise en œuvre des engagements pris à Johannesburg. Il convient de développer des approches concrètes sur le terrain grâce à un cadre institutionnel approprié et à la participation de tous les acteurs, la société civile, le monde des affaires, et les gouvernements. Le Mozambique a mis en place un Conseil pour le développement durable qui a pour mandat de mettre en œuvre la stratégie 2025 et de promouvoir des programmes de lutte contre la pauvreté, a-t-il expliqué, avant d’inviter l’ensemble des parties prenantes à traduire leurs propos en actions au cours de la présente session de la Commission du développement durable.
M. GUNNAR PALSSON (Islande) a indiqué que le Conseil arctique, que préside l’Islande, met un accent particulier sur les mécanismes régionaux qui faciliteraient la mise en oeuvreœuvre des engagements de Johannesburg. Les travaux du Conseil s’inspirent des thèmes dont est saisie la CDD. Le changement climatique est la principale question inscrite à l’heure actuelle à l’ordre du jour du Conseil arctique, qui procède actuellement à une évaluation mondiale des impacts de ce phénomène. Le Conseil a aussi été la première instance multilatérale à tirer l’alarme sur les effets qu’ont certains polluants chimiques sur l’environnement arctique.
M. SHLOMO SHOAM, Commissaire pour les générations futures de la Knesset, Israël, a jugé nécessaire que les parlementaires s’investissent dans la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. Le rôle unique joué par les parlements a été souligné à Johannesburg, a-t-il dit, en particulier grâce à leur fonction de contrôle de l’action gouvernementale. M. Shoam a proposé la mise en place d’une commission pour les générations futures dans chaque parlement national pour s’assurer que la législation de ces pays tienne compte des besoins et des droits des générations futures. Cela implique pour le Commissaire pour les générations futures de la Knesset israélienne de se pencher sur les questions d’éducation, d’environnement, de santé dans leur dimension «développement durable», a-t-il précisé.
M MOOTAZ KHALIL (Egypte) a déclaré que la pauvreté augmente dans les pays en développement. Les engagements pris par la communauté internationale devraient donc être scrupuleusement respectés car c’est le manque de respect des promesses faites par les pays riches qui constitue le principal obstacle à la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. Nous devons redoubler d’efforts pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). A l’heure actuelle, les efforts que font les pays du Sud, et notamment ceux d’Afrique, pour atteindre les 7% de taux de croissance indispensables à la réduction de la pauvreté, ne sont pas soutenus par les pays du Nord, qui continuent de verser d’énormes subventions à leurs producteurs agricoles, faussant ainsi les lois du marché dont ils se proclament pourtant les champions.
M. ZULKIFLI IDRIS (Malaisie) a estimé que le défi majeur de la Commission du développement durable est de mobiliser des ressources et des actions de manière efficace pour atteindre les objectifs d’Action 21 et du Plan d'application de Johannesburg. A cet égard, il a plaidé pour que les États Membres fassent preuve de volonté politique pour faire avancer la cause du développement durable. Il faut privilégier une approche intégrée et promouvoir la synergie entre les divers cycles de développement, a dit le représentant, avant de proposer la mise en place d’indicateurs permettant de mesurer les progrès et d’identifier les lacunes. Les commissions régionales ont un rôle important à jouer, a-t-il dit ensuite, dans la mesure où elles peuvent servir de catalyseur des efforts régionaux en matière d’échange d’expériences et d’informations.
M. YAGOUB ABDALLA MOHAMED (Soudan) a estimé que la CDD devrait servir de centre focal pour coordonner les travaux des organismes régionaux et ceux de la communauté internationale. Elle devrait aussi élargir le champ de participation des Ministres et autres représentants nationaux à ses travaux. Elle devrait appuyer l’exécution des programmes de développement durable au niveau national et faciliter le transfert des technologies et celui des connaissances techniques qui permettraient une meilleure mise en œuvre des engagements de Johannesburg dans les pays en développement.
M. ENELE S. SOPOAGA (Tuvalu) a rappelé que son pays est un des plus petits États membres des Nations Unies et qu’il est directement concerné par les questions du développement durable. A cet égard, il a jugé prioritaire de mettre en œuvre et de respecter les engagements pris à Johannesburg, soulignant que les pénuries d’eau, les changements climatiques, l’élévation du niveau de la mer menacent les petits États insulaires en développement comme Tuvalu. Le soutien extérieur est crucial pour nous, a-t-il dit, invitant la Commission du développement durable à renforcer son rôle et à ne pas perdre de vue les trois piliers du développement durable. La Commission doit maintenir des liens effectifs entre les besoins et le développement durable, a-t-il dit, avant de souligner le rôle majeur de l’initiative WEHAB pour des pays comme Tuvalu. S’agissant des thèmes abordés lors des cycles de deux ans, il a souhaité que les régions et les sous-régions puissent soumettre également des thématiques intersectorielles.
M. YOUSOF HOJJAT (République islamique d’Iran) a déclaré que les principes définis dans Action 21 et le Plan d’application de Johannesburg constituent la base sur laquelle devraient être élaborés les travaux de la CDD. Nous pensons que le cycle biennal proposé pour les travaux de la CDD est une bonne idée. Cependant, l’évaluation des travaux de ce cycle devrait se faire de manière objective sans qu’il soit nécessaire de créer de nouveaux organes. Nous avons plutôt besoin de renforcer les mécanismes de coordination existants. Nous devons par ailleurs veiller à ce que les pays développés respectent leurs engagements en ce qui concerne les transferts de technologies écologiquement rationnelles sans lesquelles il y a peu d’espoir de voir s’amorcer un développement durable.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji), intervenant au nom du Forum des îles du Pacifique, a souhaité que les stratégies de développement durable soient intégrées conformément aux dispositions du Plan d'application de Johannesburg. Il a ajouté que le Forum est disposé à mettre en œuvre des partenariats de type II et a invité les bailleurs de fonds à soutenir la mise en œuvre des projets sur l’eau et l’assainissement, les énergies durables, le renforcement des capacités ou la mise en place de mécanismes d’alerte rapide. Il a proposé que le programme de travail futur de la Commission du développement durable se penche de manière cohérente sur la mise en œuvre, en concertation avec d’autres organes, et contribue à valoriser les trois piliers du développement durable. La Commission du développement durable doit être un forum participatif qui permette de structurer des partenariats, et pour cela, il est nécessaire d’axer les travaux sur des thèmes limités. M. Savua a ensuite invité la Commission du développement durable à se pencher sur le suivi décennal du Programme d’action de la Barbade et à répondre à certaines préoccupations des petits États insulaires en développement.
M. UNIT PAMIR (Turquie) a souscrit à la déclaration faite par la Grèce, au nom de l’Union européenne, et a dit que les questions relatives au développement social, sur lesquelles un consensus s’est dégagé à Johannesburg, devaient être d’urgence abordées par la CDD. Les actions à mettre en œuvre doivent être orientées vers l’obtention urgente de résultats. Notre pays est prêt à partager son expérience en matière de développement et de gestion des ressources hydriques indispensables au développement social. Conformément à la décision prise à Johannesburg de créer des arrangements qui facilitent des activités au niveau régional, la Turquie organisera bientôt une rencontre à Istanbul sur la recherche de solutions aux problèmes sociaux.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a estimé que la Commission du développement durable devrait désormais jouer un rôle clé dans le processus de mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. Il faut pour cela mettre en place un cadre cohérent au sein des Nations Unies par le biais de partenariats entre les grands groupes, les gouvernements et les bailleurs de fonds. Nous avons besoin de réunions de haut niveau pour suivre les résultats, a-t-il estimé, et toutes les parties prenantes doivent pouvoir participer à l’évaluation des progrès et à l’identification des obstacles, en particulier la société civile et le monde des affaires. M. Raj Sharma a ensuite insisté sur les attentes des pays de montagne et a demandé aux partenaires de développement de consentir des crédits supplémentaires pour soutenir la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg.
M. KEOD SMITH, Ambassadeur des Bahamas pour les questions d’environnement, a déclaré que l’eau, l’assainissement et la conservation des ressources sont les questions auxquelles la CDD devrait donner la priorité. Les différents plans d’action adoptés au cours des années 90 en matière de développement et de financement devraient être mis en œuvre si l’on veut atteindre les Objectifs de développement du Millénaire (ODM). En tant que membre de l’Alliance des Etats insulaires (AOSIS), les Bahamas sont sensibles aux efforts visant à trouver des solutions durables à la question du réchauffement climatique.
M. AHMED A. OWN (Jamahiriya arabe libyenne) a mis l’accent sur l’éradication de la pauvreté, la protection des ressources naturelles et la modification des modes de production et de consommation comme conditions préalables au développement durable. Déplorant les obstacles croissants dans la mise en œuvre des recommandations du Sommet mondial pour le développement durable, le représentant a demandé à la Commission du développement durable de tenir compte de ces obstacles et de se pencher en particulier sur les attentes du continent africain. A cet égard, il a souligné les questions prioritaires pour le continent africain, à savoir l’eau, la santé, l’agriculture et la désertification, et a indiqué que les initiatives régionales telles que le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) devraient être soutenues par les pays développés.
M. MARINO VILLANUEVA CALLOT, Ambassadeur de la Républicaine République dominicaine pour l’environnement, a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et à celle du Groupe de Rio, et a déclaré que le développement social devrait recevoir plus d’attention de la part de la CDD et des gouvernements. Les pays en développement ont besoin qu’on leur fournisse plus de ressources financières et technologiques dont l’octroi ne doit pas être lié à des conditionnalités
irréalistes. La mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg doit d’abord se faire aux niveaux régional et national. Les intérêts de tous les pays doivent être préservés, en ce qui concerne l’exploitation des ressources de la planète, dont celles de la biodiversité.
M. ALAISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) est intervenu sur les questions d’habitat et de préservation de l’environnement humain. Dans notre région, a-t-il dit, la Mer Noire porte les séquelles de changements climatiques intervenus à l’échelle mondiale. Il a ensuite indiqué que l’Organisation de la coopération en Asie centrale entend prendre des mesures concrètes pour gérer les problèmes écologiques, sociaux et économiques posés par l’assèchement de la Mer d’Aral et de la Mer Noire. Un fonds a été créé pour sauver la Mer d’Aral, qui a permis de financer des recherches scientifiques sur ces questions. L’aide des bailleurs de fonds est indispensable pour sauver la Mer d’Aral, a-t-il souligné, et nous entendons tout mettre en œuvre pour éviter aux populations de devoir quitter la région.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que le multilatéralisme est indispensable à la promotion d’un développement humain durable. La CDD joue à cet égard un rôle primordial. Nous devons promouvoir dans cette enceinte un dialogue fructueux. L’éradication de la pauvreté, le changement des modes actuels de consommation et de production sont certains des problèmes que la CDD doit aborder sans réserve. Les engagements pris à Johannesburg doivent être réalisés dans la transparence, et on doit éviter de privatiser les actions de développement et les bénéfices qui en seront tirés.
M. . HUSSEIN SABBAGH(République arabe syrienne), en sa qualité d’observateur, a lancé un appel à la Commission du développement durable afin qu’elle fasse preuve de réelle volonté politique dans la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. Il faut consentir de réels efforts au développement durable, notamment par la mise à disposition de ressources financières, la promotion des transferts de technologies, éléments qui devraient être examinés au cours des cycles de deux ans. Le représentant a attiré l’attention de la Commission du développement durable sur un obstacle majeur au développement durable, à savoir l’occupation étrangère qui prive le peuple palestinien de ses capacités.
M. . JOSE MANUEL OVALLE(Chili) a invité la Commission du développement durable à mettre en œuvre des synergies pour réaliser les objectifs définis à Johannesburg. Il a encouragé la tenue d’un dialogue permanent entre secteurs public et privé et entre toutes les parties prenantes. Il a proposé également la création d’un centre d’information qui serait chargé de diffuser sur l’Internet des initiatives de partenariats de type II. En outre, la Commission du développement durable doit axer ses travaux sur les questions d’assistance financière pour le développement durable et, à cette fin, elle doit définir des critères de suivi et de contrôle pour s’assurer que les fonds sont bien utilisés.
MmeANGÉLICA JÁCOME………………………….( (Panama) a déclaré qu’il fallait reconnaître le Plan d’application de Johannesburg comme la base inchangeable de la promotion du développement durable. Le Panama et les autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes accordent une importance particulière à l’eau et demandent que soit proclamée une nouvelle année internationale de l’eau douce. Il est important d’assurer une gestion rationnelle de cette ressource, et sans soutenir une privatisation complète de son exploitation, nous sommes d’avis que sa consommation doit être soigneusement gérée.
M. . RICARDO ULATE(Costa Rica) a plaidé pour la mondialisation du développement humain et de la justice sociale, au lieu d’une mondialisation économique. Il s’est inquiété de la détérioration accélérée des termes de l’échange qui réduisent les ressources de la terre pour les agriculteurs et ont un impact immédiat sur la protection des écosystèmes. Aussi, a-t-il proposé à la Commission du développement durable de renforcer les démarches régionales de mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg, soulignant que sept pays d’Amérique centrale ont mis en place un couloir biologique pour protéger leurs espèces végétales. Il a lancé un appel à la mise en place de projets de protection des écosystèmes forestiers et marins transfrontaliers soutenus par des mécanismes régionaux et les bailleurs de fonds internationaux.
M.……………….(DUBEM ONYIA (Nigéria) a déclaré que le choix des questions à inscrire à l’ordre du jour de la CDD devrait être étroitement lié aux actions, objectifs et délais agréés dans le Plan d’application de Johannesburg et la Déclaration du Millénaire. Il faut aussi s’assurer de la disponibilité des moyens de la mise en œuvre de tous ces engagements. Nous pensons aussi que des forums devraient être organisés au niveau de chaque région pour s’assurer de la mise en œuvre des programmes de développement durable. L’Afrique appuie les partenariats dont les principes ont été acceptés à Johannesburg et pense que ces partenariats devraient d’abord s’établir entre pays africains, puis avec la communauté internationale dans le cadre du NEPAD.
Table ronde ministérielle avec la participation de dirigeants des grands groupes sur le thème «Mesures et engagements à prendre pour appliquer les textes issus du Sommet mondial pour le développement durable»
Cette troisième table ronde ministérielle s’est penchée plus spécifiquement sur les modalités de mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg en termes de ressources financières. Le Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Jeffrey Sachs, a dans un premier temps fait une présentation au cours de laquelle il a mis en avant la nécessité de réfléchir, dans le cadre des travaux de la Commission du développement durable, sur la mobilisation de partenariats entre les secteurs public et privé. Il a également recommandé à la Commission de se pencher sur les obstacles qui se posent à la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg, notamment en ce qui concerne la réalisation des objectifs, la faisabilité des projets et les sources de financement.
Intervenant sur la faisabilité des projets et le réalisme des objectifs, et prenant l’exemple de l’eau, le Ministre de l’eau et des forêts de l’Afrique du Sud a jugé que l’objectif d’approvisionnement en eau fixé d’ici à 2015 était possible à atteindre dans la mesure où en moins de neuf ans, son pays est parvenu à alimenter en eau près d’un million de personnes. Certes, ils ne représentent que 1% du milliard d’être humains dépourvus d’eau potable, a admis le Ministre : cela démontre clairement que si tous les pays mobilisent les mêmes moyens et les même ressources que l’Afrique du Sud, l’objectif peut être atteint. Toujours dans le domaine de l’eau, le Directeur général de l’UNESCO a ensuite invité les agences des Nations Unies à travailler ensemble dans le domaine de l’eau douce et à
définir des critères et des indices d’évaluation des progrès. Le succès du développement durable passe également par l’éducation et le renforcement des capacités, a souligné ensuite le Vice-Ministre japonais de l’environnement qui a soutenu les efforts de l’UNESCO dans le cadre de la Décennie internationale de l’éducation pour le développement durable (2005-2015).
S’agissant des questions de financement, l’Union européenne, par la voix de la Vice-Ministre grecque de l’environnement, a fait part de sa disponibilité à examiner les questions de financement des partenariats -notamment par le biais des programmes d’allègement de la dette-, de transferts de technologies et de renforcement des capacités pour permettre aux pays en développement d’atteindre les objectifs définis à l’horizon 2015. L’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a, quant à lui, indiqué que les objectifs définis en matière d’eau et d’assainissement d’ici à 2015 exigent de passer à l’échelle supérieure concernant la mobilisation des ressources. Les agences des Nations Unies déploient certes des efforts au niveau national, a-t-il dit, assurant que le système des coordonnateurs résidents pouvait contribuer à apporter une expertise aux gouvernements mais que, pour autant, les Objectifs de développement du Millénaire ne pouvaient être atteints sans la mobilisation de ressources publiques additionnelles. Le privé ne peut se substituer au public, a-t-il dit, approuvant la proposition de la Ministre britannique de l’environnement qui suggérait la mise en place d’un mécanisme permettant de doubler les flux d’aide publique au développement. Pour sa part, la représentante des ONG a souhaité que la dette des pays en développement soit annulée afin de permettre à ces pays d’investir dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux.
Pour le Vice-Président de la Banque mondiale, les moyens de mise en œuvre supposent des efforts conjugués à l’échelle nationale et mondiale afin d’aider les pays à mettre en œuvre des projets durables dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’éducation, de l’énergie et de l’agriculture. Il a estimé que les distorsions commerciales dues aux subventions agricoles –300 milliards de dollars pour les pays de l’OCDE en 2001- représentent l’équivalent du PIB de l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne. Aussi, a-t-il plaidé pour un effort des pays développés dans ce domaine dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et pour un doublement de l’APD, actuellement plafonnée à 50 milliards de dollars par an. A l’instar de l’Administrateur du PNUD, il a plaidé pour un accroissement des flux d’investissements mais a ajouté que le secteur privé ne pouvait se substituer au secteur public. Sur cette question des ressources, le représentant des Etats-Unis a rappelé que son Gouvernement avait augmenté de plusieurs milliards de dollars les crédits alloués à la lutte contre les maladies infectieuses telles que le VIH/sida et le paludisme. Il a plaidé pour une suppression des subventions agricoles qui faussent les règles de concurrence avec les pays en développement, jugeant toutefois nécessaire que ces derniers doivent avant tout procéder à des réformes concrètes en matière de gouvernance et de promotion des investissements par la mise en place de cadres juridiques clairs. La Norvège a partagé cette position, estimant que la mobilisation du secteur privé et de la société civile suppose en effet la stabilité des pays en développement qui doivent consentir des efforts dans les domaines des droits de l’homme et de la gouvernance démocratique. Le Président de la Commission, Valli Moosa (Afrique du Sud) a estimé que la mise à disposition de 50 milliards de dollars d’APD supplémentaire ne résoudrait probablement pas tous les problèmes et qu’il faudrait se pencher également sur la mobilisation de projets concrets sur le terrain.
Forums d’application régionaux du Plan de Johannesburg
Mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique pour l’Afrique (CEA)
Dans le cadre des forums d’application régionaux organisés en marge de sa onzième session, la Commission du développement durable s’est penchée cet après-midi sur les mesures initiales prises dans la région de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour assurer la mise en œuvre des décisions contenues dans le Plan d’application de Johannesburg. L’accent a été mis lors de cet échange de vues présidé par le Président honoraire de la Banque africaine de développement (BAD), Babacar Ndiaye, sur la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les questions d’allègement de la dette, du renforcement des capacités et des transferts de technologies. Dans cette perspective, le rôle des organisations régionales telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et l’Union africaine a été particulièrement mis en valeur. De juillet 2001 à juin 2002, la CEA a insisté sur les aspects bonne gouvernance et démocratie du NEPAD, de même que sur le volet santé en axant ses efforts sur la lutte contre le VIH/sida, l’accès à l’eau et à l’assainissement.
D’autres volets ont été jugés prioritaires dans le cadre du NEPAD, notamment celui des infrastructures routières et celui des débouchés sur les marchés internationaux des produits agricoles. S’agissant des projets d’investissements et d’infrastructures mis en œuvre dans le cadre du NEPAD, le rôle de la Banque africaine de développement (BAD) a été mis en avant par le Secrétaire du NEPAD, M. Wiseman Nkhulu, autant pour la création d’un cadre propice aux investissements que pour la mobilisation des fonds sur les marchés internationaux. A son tour, le représentant du PNUE, Bakary Kante, a jugé urgent de supprimer les subventions à l’agriculture et de lever les barrières douanières pour libérer des ressources indispensables au financement du développement et pallier les carences de l’aide publique au développement (APD). Cette aide au développement ne représente que 50 milliards de dollars par an, soit dix fois moins que les 500 milliards de dollars de pertes occasionnées par les subventions et les barrières commerciales aux producteurs africains.
Le Ministre de l’environnement du Sénégal a ensuite attiré l’attention de la Commission du développement durable sur les aspects environnementaux du NEPAD, coordonnés par le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, et a mis en garde contre les conséquences de la montée du niveau des mers sur les côtes africaines. Il a également souligné le paradoxe avec les difficultés rencontrées pour acheminer l’eau aux populations africaines dans les contrées les plus reculées avant d’indiquer qu’une série de projets ont été finalisés dans le domaine de l’environnement et seront soumis aux bailleurs de fonds pour financement. A cet égard, il a réitéré la préoccupation du Sénégal de voir un mécanisme de financement centralisé des projets mis en œuvre dans le cadre du NEPAD et a été soutenu sur ce point par le Président du Forum, Babacar Ndiaye, qui a invité l’Afrique à faire bloc derrière le NEPAD. Le Ministre sud-africain de l’eau et des forêts a estimé que les gouvernements devraient coordonner davantage les
programmes mis en œuvre par les différents ministères, notamment ceux responsables de l’eau, de l’agriculture, et de l’environnement. Les interventions d’autres délégations africaines ont porté, à l’instar de celle du Nigéria, sur la nécessité de disposer de points focaux, au sein du Secrétariat du NEPAD et des autres organisations, chargés de la coordination des initiatives mises en œuvre dans divers secteurs.
Mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO)
La CESAO s’efforce de respecter les spécificités cultures et les priorités internes de chaque Etat de sa région dans le soutien qu’elle leur apporte dans la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg, notamment dans les domaines de l’eau, de la lutte contre la désertification et de la conservation des ressources naturelles, a déclaré M. Hosny Khordagui, le représentant de cette Commission, à l’ouverture de ce Forum. La CESAO promeut l’intégration de la dimension «environnement et développement durable» dans toutes les activités de développement de la région d’Asie occidentale. LA CESAO compte 13 des 22 Etats arabes, ce qui l’a amenée à militer pour la création d’un mécanisme arabe conjoint pour le soutien aux engagements de Johannesburg. Cette proposition a été soutenue par la Ligue des Etats arabes, ainsi que par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a suggéré la création d’un conseil régional sur le développement durable. Depuis le Sommet de Johannesburg, la CESAO a souhaité que ces questions ne soient plus perçues comme relevant seulement du domaine écologique. Elle a fait comprendre aux pays de sa région qu’elle aimerait voir participer à ses travaux plus de responsables économiques gouvernementaux et du secteur privé. On ne peut d’autre part parler de développement dans la région d’Asie occidentale sans évoquer l’impact des conflits que le Moyen-Orient a connu depuis 1948 et qui vont de la première guerre israélo-arabe à la récente guerre contre l’Iraq en passant par les autres conflits entre Israël et les pays arabes, la guerre Iraq-Iran ou l’invasion du Sud Liban. Tous ces conflits ont énormément coûté aux économies et à l’évolution socio-politique de la région. Les dépenses d’armements des Etats de la région de la CESAO sont en effet les plus coûteuses au monde et ont pesé sur la création d’entreprises, sur la mise en valeur des ressources naturelles limitées, et sur le développement humain. Si on y joint les problèmes causés par la montée des extrémismes religieux, c’est un miracle que la région ait pu atteindre son niveau actuel de développement. La mise en œuvre du Plan de Johannesburg sera donc aussi conditionnée par la résolution des instabilités politiques, sociales et stratégiques.
Prenant la parole après cette introduction, les participants au Forum ont reconnu que les dépenses militaires absorbaient une part trop importante des revenus des pays du Moyen-Orient. Alors que la majorité des pays du monde, y compris les Etats-Unis, dépensent 3% à 3,5% de leur produit national brut en armements, la moyenne des dépenses militaires des pays de la région de la CESAO est de 9% du montant de leurs PNB. L’exclusion traditionnelle des femmes de la vie active y a aussi longtemps ralenti le développement, et le respect de la parité, que recommande le Plan de Johannesburg, pourrait aider à enfin libérer ces énergies qui sont prêtes à être utilisées, un pourcentage important de femmes arabes étant éduquées. Le pétrole étant la principale source de revenus financiers de la région d’Asie occidentale, le rôle que joue l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) y est crucial. Aussi, le Forum a-t-il entendu un représentant du secrétariat de cette organisation qui a indiqué que l’OPEP avait pris part aux travaux de Johannesburg et s’est engagée à contribuer à la mise en œuvre d’Action 21 et des engagements du Sommet pour le développement durable. La stabilité des revenus pétroliers est cruciale pour les pays de la CESAO et c’est pourquoi l’OPEP, dont un nombre important de membres font partie de cette région, mène une politique visant une garantie des approvisionnements et des cours modérés. Les revenus pétroliers permettent aux pays riches en hydrocarbures de venir financièrement en aide à ceux qui, au Moyen-Orient, en sont dépourvus. Cette richesse permet aussi à ceux qui en disposent d’assurer, à coût raisonnable, les besoins énergétiques de leurs voisins.
Dans leurs interventions, les délégations ont évoqué les négociations et processus de paix qui malheureusement n’avaient pas abouti au Moyen-Orient. Une paix véritable permettrait de donner une véritable impulsion au développement durable, ont estimé des délégations, dont celles du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de l’Egypte, qui ont rappelé que le Groupe arabe a lancé une «Initiative arabe pour l’environnement» pour soutenir les engagements de Johannesburg. Toutes les contributions de soutien à la mise en œuvre du Plan de Johannesburg dans la région devraient être versées au Fonds de cette Initiative. D’autre part, les pays arabes, dont certains sont aussi africains, ont souhaité que leur Initiative soit fusionnée avec celle du NEPAD relative à la même question, a indiqué le représentant égyptien. Le PNUE a soutenu cette idée, tout en souhaitant que soit créé un mécanisme d’harmonisation et de consultation entre les deux Initiatives. Du point de vue de la Syrie, l’harmonisation et le renforcement de la cohérence dans la mise en œuvre du développement devraient se faire à plusieurs niveaux, dont celui des Etats, celui des organes de l’ONU, et celui de la coopération entre les institutions multilatérales et les Etats. Après avoir évoqué les méfaits des conflits et de l’occupation sur le développement économique, le représentant du Liban a annoncé que son pays allait accueillir dans quelques semaines des manifestations sur la Journée mondiale de l’environnement.
Mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP)
Le Forum consacré aux mesures initiales prises dans la région Asie-Pacifique, que couvre la CESAP, a mis l’accent sur la question du renforcement des capacités. L’amélioration et l’augmentation des capacités nécessaires à la promotion du développement durable peuvent se faire par la coopération entre les Etats de la région avec le soutien de la société civile, a estimé le Coordonnateur du Forum dans son introduction, en disant ensuite que la région de la CESAP gagnerait beaucoup à faire des économies d’échelle de production. La lutte contre la pauvreté, l’accès à l’énergie et la conservation des ressources y gagneraient. La région Asie-Pacifique a l’avantage de connaître des expériences positives de micro-crédit en faveur de ses populations les plus défavorisées. Les partenariats, notamment de type II, définis à Bali, pourraient jouer un rôle important dans la mise en place des programmes adoptés à Johannesburg. Le représentant de cette Commission a indiqué que, comme le pense le Groupe des 77 et de la Chine, la CESAP estime que l’élimination de la pauvreté reste le premier objectif à atteindre. La CESAP a pris un certain nombre de mesures depuis Johannesburg en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, qui ne peut être simplement résolue par des mesures macroéconomiques. Les pauvres ont besoin qu’on les aide dans l’immédiat et l’eau, les services de santé et l’énergie dont ils besoin peuvent leur être fournis grâce à des partenariats avec le secteur privé. La CESAP a donc lancé un programme allant dans ce sens au Sri Lanka, en Indonésie, en Inde et au Pakistan. La CESAP aide aussi les pays à organiser des ateliers de
planification stratégique pour l’exploitation des ressources naturelles. Tous les pays doivent remettre un plan stratégique d’ici à 2005. L’Année internationale de l’eau douce de 2003, proclamée à l’initiative du Tadjikistan, nous rappelle l’importance de cette ressource. L’Asie du Nord-Est connaît des problèmes de désertification, qui sont visibles dans le Nord-Ouest de la Chine et en Mongolie. La CESAP estime que la résolution de cette question fait partie des pré-conditions du développement durable de ces régions. Quant au renforcement des capacités, qui est essentiel, nous y mettons l’accent dans le domaine du commerce.
Un certain nombre de pays de la région Asie-Pacifique étant des Etats insulaires en développement, le Forum a entendu des déclarations ayant trait à la manière dont ces pays s’acquittaient de la mise en œuvre des engagements de Johannesburg. Un représentant du groupe d’Etats insulaires d’Asie-Pacifique a indiqué que ces Etats s’appuyaient notamment sur les directives du Plan d’action adopté à la Barbade en faveur du développement des Etats insulaires. Le développement de la coopération régionale et des partenariats est important, pour permettre à ces pays de parvenir aux objectifs qui leur sont assignés. La gestion des terres et celle de l’énergie, et le développement des capacités ont ensuite été évoqués par la représentante du PNUD, qui a rappelé la création de l’initiative «Capacités 21» dont le but est d’aider les pays à renforcer et à améliorer leurs capacités humaines pour pouvoir mieux mettre en œuvre, au niveau national, les engagements pris au niveau mondial. Le PNUD va organiser un atelier régional cette année au Sri Lanka sur les questions touchant à l’énergie renouvelable. Cet atelier s’inscrit dans un cadre de partenariats de type II. Tout en approuvant une démarche de partenariats, la coalition représentant les ONG et les organes de la société a cependant craint que leur participation aux programmes de développement ne soit réduite du fait que certains gouvernements refusent de les reconnaître. De nombreux réseaux de la société civile travaillent déjà dans les domaines de l’énergie, et de l’éducation des consommateurs pour les sensibiliser sur la conservation de cette ressource. Les organisations de la société civile se réjouissent que la CESAP leur ait offert un espace de participation à ses travaux, mais elles aimeraient que les gouvernements les appuient plus sur le plan financier et logistique.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont indiqué leur intérêt dans les initiatives de coopération régionale, au vu de l’importance des mécanismes régionaux et de la diversité des différents Etats et sociétés que couvre la CESAP. Le partage d’expériences au niveau régional pourrait donc être un des domaines essentiels sur lesquels la CDD pourrait porter son attention. Cependant, si ce partage se fait à travers des rapports de pays, il faudrait éviter que le coût de leur confection ne soit prohibitif pour certains Etats. «L’importance portée à la dimension régionale suppose que les Etats cèdent une partie de leur souveraineté, alors qu’au niveau des régions rien n’est encore véritablement en place pour justifier ce sacrifice», a estimé un intervenant au nom d’un groupement d’associations d’Asie du Sud. La coopération régionale devrait être complétée par l’ouverture des marchés et des échanges économiques entre tous les pays d’Asie-Pacifique, a-t-il estimé en notant que la mise en œuvre des engagements de Johannesburg devait créer des opportunités de commerce et de développement. Les délégations de Tuvalu, de Fidji et de Samoa, ont soutenu un renforcement des mécanismes régionaux d’Asie-Pacifique tout en souhaitant qu’ils soient plus sensibles aux besoins des pays les plus petits.
Répondant à ces soucis, le représentant de la CESAP a indiqué que la Commission était sensible à toutes les questions évoquées. La CESAP, a-t-il assuré, s’attelle à promouvoir au mieux les échanges d’expériences entre pays sur un modèle qui permettra aux pays d’Asie-Pacifique de bénéficier non seulement des expériences de la région, mais aussi des enseignements tirés d’autres grandes parties du monde.
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