LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE MET L’ACCENT SUR L’EAU ET L’ENERGIE DANS LA MISE EN ŒUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS A JOHANNESBURG
Communiqué de presse ENV/DEV/717 |
Commission du développement durable
3e séance – matin et après-midi
LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE MET L’ACCENT SUR L’EAU ET L’ENERGIE DANS LA MISE EN ŒUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS A JOHANNESBURG
Au second jour du débat de haut niveau de la Commission du développement durable consacré à la définition de son futur rôle et de ses méthodes de travail, l’accent a été mis plus particulièrement sur le contenu thématique des cycles de deux ans qui seront organisés au cours de la prochaine décennie dans le cadre du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du Plan d’application du Sommet de Johannesburg et du Programme d’Action 21. A cet égard, la Sous-Secrétaire aux affaires mondiales des États-Unis, Paula Dobriansky, a suggéré que l’exercice biennal 2004-2005 soit consacré à la thématique de l’eau, qui fait encore défaut à plus d’un milliard d’êtres humains, et à ses implications dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la protection de l’environnement et du développement industriel. Également liée à la production industrielle, l’énergie devrait quant à elle faire l’objet d’un examen au cours de l’exercice biennal 2006-2007, a estimé Mme Dobriansky, rappelant que plus de deux milliards de personnes vivent sans électricité alors même que l’accès aux ressources énergétiques constitue un préalable au développement économique et social.
On estime à 80% les ressources en devises de la plupart des pays pauvres consacrées à l’acquisition de ressources pétrolières, a observé le Ministre allemand de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sûreté nucléaire, Juergen Trittin. Pour faire face au défi énergétique des pays en développement, le Ministre a proposé à la Commission du développement durable de se pencher sur la question des énergies renouvelables et de leur impact sur le développement, et il a annoncé que le Gouvernement allemand avait décidé de consacrer 500 millions d’euros à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre de son aide publique au développement au cours des cinq prochaines années. Par ailleurs, une conférence internationale sur les énergies renouvelables sera organisée au niveau ministériel, en juin 2004 à Bonn, afin de définir des stratégies assorties de calendriers précis et de s’entendre sur un plan d’action, a annoncé M. Trittin. Son homologue du Luxembourg, Eugène Berger, a insisté sur l’obligation pour les pays développés d’atteindre, d’ici à 2010, l’objectif de 15% de sources d’énergies renouvelables dans leur production globale.
Le développement d’énergies propres et l’adoption de modes de production et de consommation durables sont d’autant plus urgents que le phénomène des gaz à effets de serre et la consommation énergétique des pays industrialisés ont un impact immédiat sur les changements climatiques qui menacent, à terme, les petits États insulaires. C’est pourquoi, les Ministres de l’environnement de l’Espagne et de Cuba, ainsi que le représentant du Pérou, qui intervenait au nom du Groupe de Rio, ont plaidé pour la tenue d’un troisième cycle, en 2008-2009, sur la thématique des modes de production et de consommation durables. Cette proposition rejoint directement les préoccupations exprimées plus tôt dans la matinée par le Haut représentant du Secrétaire général des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement, Anwarul K. Chowdhury, qui a attiré l’attention de la Commission du développement durable sur les enjeux de la réunion qui se tiendra à Maurice en 2004 concernant l’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade. Autre préoccupation d’actualité, les répercussions économiques du virus SARS sur le développement des pays de l’Alliance des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) devraient être retenues par la Commission, a estimé le représentant de la Thaïlande.
Dans l’après-midi, les Ministres et les chefs de délégation ont participé à une table ronde consacrée aux mesures et engagements à prendre pour appliquer les textes issus du Sommet mondial de Johannesburg. Une des premières mesures consiste à respecter les engagements financiers pris successivement à Monterrey et Johannesburg en 2002, ont estimé de nombreux intervenants qui, à l’instar du Ministre de l’environnement de la Norvège, ont regretté que les niveaux d’aide publique au développement (APD) agréés au niveau international –soit 0,7% du produit intérieur brut (PIB) annuel des pays industrialisés- ne soient toujours pas respectés par les pays donateurs. Au-delà de l’aide publique au développement et des flux d’investissements étrangers directs dont les pays en développement ont besoin pour promouvoir leur développement durable, le Ministre de l’environnement des Pays-Bas a estimé qu’il était indispensable d’éliminer les subventions agricoles versées par les pays développés à leurs producteurs agricoles tel que convenu lors du Sommet de Johannesburg.
En fin de matinée, la Commission du développement durable avait tenu deux forums d’application régionaux consacrés aux mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique pour l’Europe (CEE) et de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. Ces forums ont été le cadre de propositions concrètes pour des approches intégrées qui associent aussi bien les gouvernements que la société civile, les collectivités locales ou le monde des affaires aux côtés d’organisations telles que l’Union européenne, le Groupe de Rio ou la CEPALC dans la mobilisation de partenariats pour le financement ou le renforcement des capacités. Le rôle du Programme des Nations Unies pour le développement et du Programme des Nations Unies pour l’environnement ont été mis en avant dans le domaine du renforcement des capacités en Amérique latine et dans les Caraïbes, tandis que les banques régionales de développement comme la Banque interaméricaine de développement, ont été encouragées à soutenir les partenariats envisagés dans le Plan d’application de Johannesburg.
Outre ceux déjà cités, les Ministres et Secrétaires d’État en charge de l’environnement et les chefs de délégation des pays suivants sont intervenus au cours du débat de haut niveau: Finlande, Gabon, Mexique, Irlande, Sénégal, Venezuela, Suisse, Japon, Pologne, Arabie saoudite, Suède, Chine, Belgique, Tadjikistan, Zambie et Équateur. Le Commissaire au développement et à l’action humanitaire de la Commission européenne a également pris la parole.
La Commission du développement durable poursuivra son débat de haut niveau demain, mercredi 30 avril, à partir de 10 heures.
Programme futur, organisation et méthodes de travail de la Commission du développement durable
Déclaration liminaire
M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement, s’est félicité des efforts de la Commission du développement durable pour définir une feuille de route pour la prochaine décennie en application des engagements pris à Johannesburg. Il a insisté sur l’intégration des trois piliers du développement durable, à savoir la croissance économique, le développement social et l’environnement, et a prôné une approche intégrée dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. A cet égard, M. Chowdhury a mis l’accent sur les préoccupations des pays africains, des petits États insulaires en développement et des États sans littoral et exhorté les agences internationales de développement à accélérer l’intégration des dispositions agréées à la Barbade, à Monterrey et à Johannesburg dans leurs programmes d’assistance à ces pays. Il a ensuite estimé que l’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade, qui se tiendra en 2004 à Maurice, devrait être l’occasion d’établir le lien entre les plans d’action de la Barbade et de Johannesburg et d’assurer un suivi coordonné des orientations définies lors de ces deux rencontres. Il a invité la Commission du développement durable à susciter des partenariats décisifs pour réduire la vulnérabilité des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement en associant les grands groupes, les bailleurs de fonds et les gouvernements.
Débat de haut niveau
Mme MARJATTA RASI (Finlande) a estimé que trois facteurs principaux doivent déterminer le travail de la Commission du développement durable. Tout d’abord, il devrait être axé sur les points centraux du Plan d’action de Johannesburg. Ensuite, il devrait éviter le double emploi avec d’autres organes des Nations Unies. Enfin, le programme de travail défini par la Commission du développement durable devrait permettre de dégager des solutions concrètes aux problèmes majeurs. Les domaines les plus importants du Plan d’action de Johannesburg sont l’éradication de la pauvreté ainsi que la production et la consommation durables. LD’autres domaines importants sont l’utilisation durable des ressources et une gestion durable de la mondialisation en constituent également d’autres domaines importants. En matière d’éradication de la pauvreté, une des tâches les plus importantes est le renforcement des économies et des capacités institutionnelles des pays en développement. Les questions de l’eau et l’énergie revêtent également un rôle important en matière de développement durable.
Le Gouvernement finlandais a établi un nouveau calendrier accéléré pour consacrer 0,7% de son PNB à l’aide au développement. Nous appuyons également les mesures visant à améliorer l’accès aux marchés des pays en développement , a indiqué la représentante, précisant que le. Le changement des modes de consommation et de production est également un défi majeur de notre programme de travail. Des progrès importants ont été réalisés en matière de développement de cadres de travail au niveau international. Les résultats des réunions régionales et internationales qui se sont tenues récemment devraient figurer à l’ordre du jour du premier cycle du programme de travail de la Commission. Cette dernière devrait en outre se doter d’un groupe de travail sur la consommation et la production durables chargé de proposer des conclusions sur la base de ces réunions. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) aura dans ce contexte un rôle important à jouer en coopération avec la Commission du développement durable, les gouvernements, les agences pertinentes des Nations Unies, le secteur privé et d’autres décideurs. Enfin, nous estimons que la mondialisation ne peut être bénéfique que si nous parvenons à faire en sorte qu’elle s’établisse sur le mode de la durabilité et que ses fruits soient partagés de façon équitable.
M. POUL NIELSON, Commissaire au développement et à l’aide humanitaire de la Commission européenne, a déclaré que la CDD devait jouer un rôle de chef de file dans trois domaines. En premier figure celui de la direction des politiques à mettre en œuvre, ensuite, celui de la mise en œuvre des engagements pris à Johannesburg et enfin, celui de l’intégration du développement durable dans tous les processus de l’ONU. Sur le premier point, nous ne devons pas nous contenter de débats purement intellectuels, mais plutôt adopter un langage plus simple, permettant d’inclure plus de différentes catégories de personnes à nos débats et à la mise en œuvre des programmes. Concernant cette mise en œuvre, nous devons mettre prioritairement l’accent sur les programmes visant à éradiquer la pauvreté. Le programme de travail de la CDD devrait à cet égard porter sur les questions qui peuvent donner une vraie valeur ajoutée à nos travaux. Atteindre les Objectifs du Millénaire, et notamment celui de l’éradication de la pauvreté, devrait être notre priorité.
M. JUERGEN TRITTIN, Ministre de l’environnement, de la conservation de la nature et de la sûreté nucléaire de l’Allemagne, a estimé que la Commission du développement durable doit réellement se mettre d’accord sur un plan de travail au cours des deux prochaines années pour mettre en œuvre le Plan d'application de Johannesburg et atteindre les Objectifs de développement du Millénaire, au premier rang desquels l’éradication de la pauvreté. L’eau et l’énergie doivent être abordées de manière prioritaire, a-t-il dit, et à l’heure où certains pays en développement consacrent 80% de leurs ressources en devises à l’achat de pétrole, il est temps de réfléchir au développement des énergies renouvelables. L’Allemagne entend consacrer 500 millions d’euros dans le cadre de sa politique d’aide au développement pour la promotion des énergies renouvelables dans les cinq prochaines années. Une conférence internationale sera organisée au niveau ministériel à Bonn en juin 2004 sur les énergies renouvelables afin de définir des stratégies, d’échanger des informations sur les nouvelles technologies et de s’entendre sur un plan d’action à long terme. Le lien entre économie et environnement a également été souligné par M. Trittin qui a demandé par ailleurs le renforcement du rôle du Programme des Nations Unies pour l'environnement.
M. EMILE DOUMBA, Ministre des forêts, des eaux, de la pêche chargé de l’environnement et de la protection de la nature du Gabon, a déclaré que son Gouvernement estime que pour que les objectifs retenus dans le Plan de Johannesburg aient une chance de réussite, ils devraient s’inscrire dans le cadre de plans régionaux, comme celui du NEPAD. Le Gabon propose que soient mises en valeur les richesses du bassin hydrologique du fleuve Congo. Ceci permettrait de créer des emplois tout en assurant aux pays et aux populations de la région des ressources indispensables comme l’électricité et l’eau. Cette mise en valeur permettrait également de fournir ces ressources aux pays d’Afrique de l’Ouest qui
sont sur ce point défavorisés. Les pays de la région du bassin du Congo sont en outre affectés par des maladies, dont certaines sont nouvelles. Des programmes de santé devraient être énergiquement promus pour soulager les populations de la région en vue de les rendre plus productives. La CDD a, à cet égard, un rôle important à jouer. L’initiative du bassin du fleuve Congo mérite que la communauté internationale lui apporte tout son soutien.
Mme PAULA DOBRIANSKY, Sous-secrétaire aux affaires mondiales des Etats-Unis, a appelé la Commission du développement durable à rationaliser son approche et à se lancer dans des actions urgentes pour promouvoir Action 21 et le Plan d'application de Johannesburg et pour atteindre les Objectifs de développement du Millénaire. Elle a estimé que la Commission du développement durable devrait définir des thèmes précis, comme le développement de l’eau qui fait défaut à plus d’un milliard d’êtres humains par exemple. Cette thématique de l’eau pourrait être mise en relation avec ses implications dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’environnement et pourrait être examinée pendant l’exercice biennal 2004-2005. Pour l’exercice 2006-2007, la Commission du développement durable pourrait s’attaquer au thème de l’énergie qui est au cœur du développement durable, a dit Mme Dobriansky, déplorant que près de deux milliards d’êtres humains n’aient pas accès à l’électricité. Elle a assuré que les Etats-Unis étaient disposés à soutenir les efforts de partenariat avec les grands groupes et elle a rappelé que le Président Bush avait annoncé une augmentation de son aide publique au développement pour faciliter la réalisation des objectifs définis à Johannesburg.
Mme OLGA OJEDA, Secrétaire d’Etat adjointe aux relations internationales du Mexique, a souhaité que chaque thème sectoriel inscrit à l’ordre du jour de la CDD soit discuté dans le cadre de la promotion effective du développement durable. Une coordination interinstitutionnelle doit être promue entre les agences techniques de l’ONU pour assurer la mise en œuvre du Plan de Johannesburg. Grâce au PNUD, le Mexique a organisé un atelier qui a permis de mettre au point une base de travail qui permettra de créer des indicateurs de mise en œuvre des programmes de développement durable. Nous devons avoir conscience du sentiment d’urgence qui existe dans le monde, concernant les questions de développement et la lutte contre la pauvreté. Le Mexique pense que la CDD devrait en être pleinement consciente.
M. MARTIN CULLEN, Ministre de l’environnement et de l’administration locale de l’Irlande, a estimé que la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg doit être l’élément clé des travaux de la Commission du développement durable au cours des dix prochaines années. La sélection des thèmes pour les cycles de deux ans doit répondre à une démarche rigoureuse, a-t-il dit, car un grand nombre d’objectifs a été défini à Johannesburg. Il a insisté par conséquent sur la réduction de la pauvreté, l’intégration des dimensions économique, sociale et environnementale dans tous les programmes de développement, ainsi que sur l’intégration des organisations régionales et sous-régionales dans les travaux de mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. Il a estimé que le premier cycle devrait être consacré à l’eau, le second à l’énergie et le troisième à l’agriculture et l’environnement. M. Cullen a jugé que le travail de la Commission du développement durable serait renforcé s’il était étendu au-delà des Ministres de l’environnement et a prôné une plus grande coordination avec les autres agences de développement et les autres organes des Nations Unies tels que le Conseil économique et social.
M. MODOU DIAGNE FADA, Ministre de l’environnement du Sénégal, a déclaré que la disponibilité de l’eau avait été identifiée au Sénégal comme une question transversale dont la résolution permettrait de traiter des autres thèmes majeurs du développement durable. Le Sénégal accueille favorablement les propositions du Secrétaire général touchant au programme de travail de la CDD. Ce programme devrait accorder une place particulière à l’Afrique, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du Plan d’action de Johannesburg et son rapport au NEPAD.
M. EUGENE BERGER, Secrétaire d’État à l’environnement du Luxembourg, a insisté sur la nécessité de renforcer le rôle de la Commission du développement durable dans la mise en œuvre du Plan d'application de Johannesburg. Ce Plan doit servir de base de travail, avec le plan d’Action 21, à la Commission, a-t-il dit, avant d’insister sur les thématiques de l’eau et de l’énergie. Le Luxembourg est particulièrement attaché à l’objectif consistant à atteindre 15% des ressources d’énergie renouvelables dans la production énergétique, a-t-il dit, insistant ensuite sur les changements climatiques et les responsabilités des pays développés à cet égard. La Commission du développement durable doit demeurer une structure qui se réunit au niveau ministériel, a-t-il dit ensuite, approuvant la proposition de cycle de deux ans sur des thèmes précis et intersectoriels. Il s’est ensuite penché sur la thématique du financement du développement et a indiqué que la communauté internationale devait intégrer pleinement le triptyque Doha, Monterrey et Johannesburg pour assurer le succès du développement durable.
Mme ANA ELISA OSORIO, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Venezuela, a déclaré que le programme de travail de la CDD devait être plus équilibré que celui qui a été présenté en cette onzième session à la Commission. La réduction de la pauvreté et la protection de l’environnement devraient avoir plus de place dans les débats et les actions à mettre en œuvre. Le Venezuela soutient la mise en place d’un fonds mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté qui reçoive des ressources substantielles et dont les crédits ne soient pas soumis à des critères contraignants. Sans ressources financières adéquates et sans réelle volonté politique, la communauté internationale aura peu de chances d’atteindre les objectifs arrêtés à Johannesburg. Le Venezuela tient d’autre part à s’élever contre l’affaiblissement des forums multilatéraux, et notamment de l’ONU, après ce qui vient de passer au niveau international sur le plan de la sécurité des Etats.
Mme ELVIRA RODRIGUEZ, Ministre de l’environnement de l’Espagne, a estimé que le programme d’Action 21 et le Plan d'application de Johannesburg doivent demeurer au cœur des préoccupations de la Commission du développement durable qui doit également tenir compte des trois dimensions du développement durable. Elle a approuvé la définition de thèmes devant être traités au cours de cycles de deux ans tout en prônant une certaine souplesse afin de pouvoir adapter les délibérations aux changements intervenus dans certains domaines. Elle a retenu à son tour trois thèmes, l’eau, l’énergie et les modes de consommation et de production durables et a souhaité que la Commission du développement durable permette d’être un forum d’échange d’expériences et pas uniquement de négociations. La Ministre a ensuite invité les grands groupes, les partenaires au développement, les institutions financières internationales et l’Organisation mondiale du commerce à s’investir réellement dans le cadre des partenariats envisagés à Johannesburg.
M. BEAT NOBS, Chef de la Division des affaires internationales de l’Agence suisse pour l’environnement et les forêts, a dit que la CDD devrait s’atteler à évaluer les progrès accomplis dans les programmes de développement durable arrêtés à Johannesburg, à l’issue de son premier cycle biennal de travail sur cette question. Les gouvernements ont estimé qu’un seul thème devait être discuté au cours de chaque cycle biennal, et la Suisse soutient ce point de vue. La CDD ne doit pas faire double emploi avec ce qui existe déjà au sein de l’ONU et des autres institutions internationales. La Suisse aimerait pour sa part qu’en premier lieu, la CDD mette l’accent en priorité sur le thème de la santé et du développement durable.
M. YOSHIKI MINE, Responsable de l’environnement au Ministère des affaires étrangères du Japon, a rappelé que le Sommet mondial pour le développement durable était parvenu à des progrès majeurs que la Commission du développement durable doit désormais transformer en actions concrètes. Il a abordé la question des changements climatiques pour juger que ce n’est pas la responsabilité de la Commission que de se pencher sur ce thème. Il a ensuite souligné l’intérêt de son pays pour les questions d’eau, d’énergie, d’environnement et de gestion de la biodiversité et a fait part de la disponibilité de son pays pour renforcer les capacités des pays en développement. M. Mine a indiqué que sa délégation appuie le principe de cycle de deux ans reposant sur l’examen de thématiques précises au sein de la Commission du développement durable.
M. ANDRZEJ DWORZAK, Directeur général au Ministère de l’environnement de la Pologne, a souscrit à la déclaration de l’Union européenne faite hier par la Grèce, et a déclaré que la CDD devrait se concentrer sur la mise en œuvre des engagements et objectifs agréés à Johannesburg. La Pologne soutient l’idée d’organiser les travaux de la CDD pour un cycle biennal. La CDD devrait aussi suivre de près la contribution de chaque partenaire dans les partenariats pour le développement durable, dont les principes ont été adoptés à Bali et acceptés à Johannesburg. Le premier cycle biennal devrait mettre l’accent sur les échanges d’information concernant les programmes, et sur la dimension politique de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg.
M. TURKI BIN NASSER BIN ABDULAZIZ, Chef de la délégation de l’Arabie saoudite, a souligné que les délibérations de la Commission du développement durable devraient tenir compte de l’objectif défini par le plan d’Action 21 et par le Plan d'application de Johannesburg. Il a insisté sur les responsabilités incombant aux pays développés et a jugé que la Commission du développement durable devrait éviter de renégocier les engagements pris à Johannesburg. La Commission du développement durable doit concentrer son travail sur ce qui permettra de faire avancer les objectifs contenus dans le Plan de Johannesburg, notamment en matière d’éradication de la pauvreté, d’aide publique au développement, de transferts de technologies et d’éducation pour tous. Le choix des thèmes qui seront abordés pendant les cycles de deux ans est un élément clé du succès des travaux de la Commission du développement durable, a-t-il dit, plaidant pour une démarche rigoureuse à cet égard.
Mme LENA SOMMESTAD, Ministre de l’environnement de la Suède, a déclaré que son Gouvernement estime que la parité entre les sexes doit être un des points forts des travaux de la CDD, les femmes devant être pleinement impliquées dans les tâches de développement. La Suède soutient plus de recherches en sciences sociales pour comprendre comment les sociétés fonctionnent et comment on peut les modifier pour les rendre plus aptes à faire face aux exigences du développement social durable. Avec la France, nous avons créé une équipe d’experts internationaux sur les biens publics mondiaux, ceci sous l’angle de la réduction de la pauvreté et de l’intérêt commun des sociétés dans le développement durable. Le travail de ce groupe d’experts sera inclusif et transparent, et nous sommes prêts à partager ses conclusions.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a estimé que les objectifs et engagements pris à Johannesburg en faveur du développement durable supposent que les États prennent leurs responsabilités. La Commission du développement durable est l’élément catalyseur pour assurer la mise en œuvre d’Action 21 et du Plan d'application de Johannesburg et elle doit continuer de jouer un rôle central dans le suivi des questions d’environnement et de développement. Aussi, le programme de travail futur doit-il être rationnel et orienté vers l’action et reposer sur des thèmes transversaux dont l’examen associerait les principaux groupes, les agences internationales de développement et les agences des Nations Unies, a-t-il dit.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande)) a déclaré que son pays a souscrit à tous les objectifs agréés à Johannesburg. Notre pays estime cependant qu’il est impératif de mettre en place des indicateurs nationaux de mesure de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. Nous soutenons le cycle biennal qui a été proposé pour les travaux de la CDD, et nous appuyons son rôle pour un soutien à l’élaboration des rapports concernant les partenariats. L’éducation, la santé et l’eau, doivent être traités de manière synchronisée, au vu de leur importance pour les Etats. La Thaïlande fait face, comme les autres pays de sa région, à l’épidémie de SARS, et elle accueille aujourd’hui un sommet de l’ANASE à Bangkok pour tenter d’y faire face. Nous aimerions que ce type d’épidémie soit pris en compte dans les discussions sur le développement durable, en raison de son impact économique potentiel.
M. MARCO BALLAREZO (Pérou), intervenant au nom du Groupe de Rio, a jugé que la proposition visant à relier les thèmes clés du Plan d'application de Johannesburg avec les questions intersectorielles du développement durable constitue une bonne base de travail. Il a insisté sur les priorités que représentent la modification des modes de production et de consommation, la protection de l’environnement, la gestion des écosystèmes, et a appelé la Commission du développement durable à tenir compte de ces questions. Le Groupe de Rio est convaincu que le développement durable se fait depuis le niveau local jusqu’au niveau mondial, a indiqué M. Ballarezo, qui a plaidé pour un effort commun participatif intégrant la société civile, les gouvernements, les processus régionaux, les agences des Nations Unies comme Habitat ou le PNUE, et ce dans le cadre des cycles de travail de la Commission du développement durable. En outre, conformément au Plan d'application de Johannesburg, le Groupe de Rio insiste sur le développement des énergies renouvelables, la prise en compte des écosystèmes, le partage équitable des ressources naturelles, la réduction de la vulnérabilité aux changements climatiques, et enfin sur le développement durable des montagnes et la participation des communautés à la gestion des ressources en eau. Le représentant a en outre insisté sur la nécessité de faire tomber les barrières commerciales, en particulier celles qui ont des motivations phytosanitaires.
M. JEAN DE RUYT (Belgique) a déclaré que la Belgique soutient la présentation de rapports nationaux sur la mise en œuvre des engagements et des objectifs de Johannesburg. Nous sommes aussi d’avis que le travail réalisé sous les auspices de la CDD en vue de créer des indicateurs de développement durable est une œuvre utile. La Belgique y a activement participé. Nous constatons qu’un nombre important d’Etats Membres s’y intéresse. En dehors des gouvernements, notre délégation souhaite voir les ONG et la société civile s’impliquer davantage dans la mise en œuvre des engagements de Johannesburg et, à cet égard, nous demandons à l’ECOSOC d’accélérer l’accréditation des ONG qui ont pris part au Sommet mondial pour le développement durable sans avoirbénéficié auparavant du statut d’accréditation auprès de l’ONU.
M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a estimé que la Commission du développement durable devrait accorder une importance particulière à l’exécution des accords intervenus lors des conférences sur le développement durable pour les pays en développement. Il a jugé que les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général doivent être prises en compte par la Commission, notamment pour ce qui est de la gestion des ressources en eau. Le Tadjikistan qui est à l’origine de l’Année internationale de l’eau douce est particulièrement attaché à la préservation des ressources hydriques. Son pays, a indiqué le représentant, accueillera une réunion régionale réunissant les gouvernements de l’Asie centrale à Douchanbe en août prochain pour définir des programmes adaptés et un mécanisme de suivi.
M. PATRICK KALIFUNGWA, Ministre du Tourisme et de l’environnement de la Zambie, a déclaré que la CDD devrait respecter tous les engagements pris à Johannesburg. La Zambie se soucie de la préservation des sites touristiques dans sa région. La question du changement climatique, dont les retombées entraînent des changements dans notre environnement naturel, est pour nous très préoccupante. Des efforts transfrontières doivent être déployés pour faciliter l’application de mesures de protection de l’environnement aux niveaux régional et sous-régional. La CDD doit jouer un rôle de stimulation et de soutien à la coordination de ces programmes transfrontières. Un soutien au NEPAD faciliterait la concrétisation des objectifs adoptés à Johannesburg sur le contient africain.
M. DANIEL CODORNIU, Premier Vice-Ministre pour la science, la technologie et l’environnement de Cuba, a indiqué que la Commission du développement durable devrait servir de vecteur pour progresser dans le domaine du développement durable. Le Programme Action 21 et le Plan d'application de Johannesburg doivent guider nos travaux, a-t-il dit, car ils contiennent des thèmes transversaux et novateurs et encouragent des initiatives et des partenariats précis. Le Ministre a souhaité que les thèmes abordés soient regroupés en fonction des liens entre eux et il a proposé que le premier cycle de deux ans soit consacré à l’eau, l’assainissement, la désertification, l’agriculture, de même qu’aux thèmes transversaux tels que la lutte contre la pauvreté et les modes de production et de consommation durables. Il a proposé que la présente session de la Commission se penche sur la définition de thèmes pour les six prochains cycles de deux ans afin de couvrir dès à présent l’ensemble des objectifs contenus dans Action 21 et dans le Plan d'application de Johannesburg.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a estimé que les Programme d’action de Rio et le Plan d’application de Johannesburg sont des engagements de nature d’abord politique. Le rôle de la CDD est de mobiliser un maximum de soutien pour les voir traduits sur le terrain. En dehors des Etats, les différentes parties prenantes ont un rôle important à jouer dans la réalisation du développement durable; c’est pourquoi, nous soutenons leur participation aux travaux de la Commission. Il n’existe pas de solution alternative au soutien technologique et financier que les Etats développés doivent apporter aux pays en développement dans tous les processus de mise en œuvre des programmes liés à la promotion du développement durable, a estimé le représentant.
Forums d’application régionaux du Plan de Johannesburg
Mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique pour l’Europe
Le Plan d’action de Johannesburg mettant clairement l’accent sur l’importance de mécanismes régionaux dans la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet mondial pour le développement durable, le Forum organisé sur l’application du Plan de Johannesburg en Europe a entendu les interventions de représentants de la Commission économique pour l’Europe (CEE), de la Commission européenne, et d’agences de l’ONU comme le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ainsi que des représentants des milieux d’affaires. En vue de connaître l’impact des engagements de Johannesburg au niveau sous-régional, le Forum a entendu un représentant de l’«Initiative Baltic 21», qui examine la manière dont les programmes de développement durable s’intègrent au tissu politique, social et économique de la sous-région de la Baltique. Selon les indications de l’intervenant, les Etats baltes et leurs sociétés civiles sont fermement engagés dans la promotion de la durabilité de leur développement. En ce qui concerne la Commission économique pour l’Europe (CEE), qui base toutes ses actions sur le mandat que lui donne l’ONU, elle a joué de tous ses avantages comparatifs pour faciliter l’application du Plan de Johannesburg au niveau européen. Une réunion régionale sur l’environnement se tiendra à Kyiv en Ukraine le mois prochain, et sera l’occasion d’examiner les différents aspects du développement durable en Europe.
Pour la CEE, il est indispensable de trouver des solutions aux problèmes transfrontières qui apparemment ne peuvent être efficacement traités que par des mécanismes régionaux réellement opérationnels. Aussi, la CEE a-t-elle décidé de créer en son sein un «Groupe pour le développement durable» qui examinera la réalisation des thèmes reconnus à Johannesburg. La Commission souhaite aussi fixer un cadre reconnu d’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Plan de Johannesburg, et se propose de créer un forum sur le développement durable ouvert à tous les participants et acteurs de la région que la CEE a en charge. Ces propositions ont été acceptées au cours du Forum par des Etats européens, notamment la Suède, qui a pris la parole au nom des pays nordiques, et par la Suisse.
Le Plan d’application de Johannesburg ne pourrait se traduire en réalité sans la participation des organisations politiques régionales et en ce qui concerne l’Europe, le soutien de l’Union européenne se révèle crucial. A cet égard, il est ressorti des échanges du Forum que l’Union européenne avait mis en place une stratégie de développement durable, conformément aux décisions originellement adoptées à Rio et réitérées à Johannesburg. Le concept de développement durable a ainsi été inscrit dans la législation européenne, les dirigeants européens ayant décidé d’en faire un axe essentiel de leurs politiques après la rencontre du Conseil européen à Göteborg. Au niveau de la Commission européenne, un livre blanc a été publié sous la direction du Président de la Commission, M. Romano Prodi. L’importance du respect de la Convention sur la diversité biologique en Europe a été rappelée. Le PNUE a ainsi créé des alliances avec les gouvernements des pays d’Europe orientale pour les aider à appliquer les engagements du Plan d’application de Johannesburg. La collaboration active du PNUE et du PNUD avec la CEE et la CDD facilite la réflexion au niveau européen, et la réunion de Kyiv permettra d’affiner cette coopération entre les agences multilatérales et les Etats non seulement d’Europe, mais aussi de certaines régions d’Amérique du Nord et du Pacifique, la CEE couvrant aussi des territoires comme Hawaï et la Russie orientale. Le renforcement des capacités étant essentiel, le PNUD a rappelé aux participants du Forum la création de son initiative «Capacités 2015» lors de la tenue, à Bali, de la dernière session du processus préparatoire du Sommet de Johannesburg. «Capacités 2015» est destinée à créer des structures d’appui au développement durable, notamment dans les pays d’Europe de l’Est et dans les économies en transition. En matière de capacités, un représentant des milieux d’affaires a indiqué que depuis Johannesburg, le secteur privé a développé ses partenariats avec les décideurs politiques dans les pays en développement et dans les pays d’Europe en transition de manière à s’assurer que les décisions relatives à l’application du Plan de Johannesburg se fassent dans un esprit logique et sur des bases scientifiques. Un panel académique international se réunira à cet égard cet été au Brésil, puis en Malaisie et en Chine, pour s’assurer de l’engagement réciproque des différents partenaires en faveur des grands axes du développement durable.
Mesures initiales prises dans les régions de la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes
Dans le cadre des forums d’application régionaux organisés en marge de la onzième session de la Commission du développement durable, un échange de vues sur les mesures initiales prises dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes pour appliquer les décisions du Plan d’application de Johannesburg était organisé en fin de matinée. Ouvrant la discussion, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a présenté certaines initiatives définies au cours des derniers mois en application des recommandations de Johannesburg, notamment un engagement pris par les États de la région de porter, d’ici à 2010, la part d’énergies renouvelables dans leur production énergétique à 10%. En outre, s’agissant du financement des partenariats pour le développement durable, l’initiative conjointe mise en œuvre par la CEPALC et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) devrait faciliter l’application au niveau local des objectifs définis en matière de santé, d’assainissement, d’agriculture et de protection de l’environnement. Illustrant ces questions de financement, un représentant du monde des affaires originaire du Brésil a indiqué que depuis huit ans, le secteur privé agissait dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’Action 21 dans des pays comme le Costa Rica, le Brésil, le Chili ou le Pérou. Malgré le ralentissement de l’économie mondiale, les petites et moyennes entreprises ont montré la voie aux grandes multinationales concernant l’adoption de modèles de production écologiques et durables dans la région et, ce, sur autofinancement le plus souvent.
Le rôle clé des banques régionales de développement, notamment la Banque interaméricaine de développement, qui ont une connaissance de terrain et accélèrent les procédures de financement contrairement aux institutions financières internationales a également été souligné. Par ailleurs, les représentants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) ont quant à eux souligné l’importance des programmes de renforcement des capacités, d’échanges d’informations et d’expériences, et de promotion de la gouvernance au service du développement humain. L’aide publique au développement devrait s’inscrire dans cette dynamique, ont-ils dit, car elle est cruciale pour assurer le succès de la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. Les deux agences se sont
engagées à coordonner davantage leurs programmes dans le domaine du développement durable pour éviter les double emplois et rationaliser davantage leurs initiatives. S’agissant des expériences mises en œuvre au niveau national, le représentant du Costa Rica a annoncé que son Gouvernement a pris des mesures d’incitation fiscale pour la protection des forêts et décidé de reverser une part des taxes sur l’essence au financement de projets forestiers.
La Ministre de l’environnement du Brésil a quant à elle insisté sur la contribution des entreprises privées, de la société civile et des collectivités locales pour traduire les engagements en projets de développement durable concrets sur le terrain. Mais cette mise en œuvre ne peut se faire sans la participation active des populations autochtones, a observé leur représentante, qui a déploré que seuls sept pays d’Amérique latine et des Caraïbes, dont le Venezuela et le Pérou, intègrent les populations autochtones dans les partenariats. Le représentant de Grenada a quant à lui souhaité que la CEPALC ne se limite pas au Plan d’application de Johannesburg mais qu’elle s’emploie également à assurer le suivi et l’évaluation du Programme d’action de la Barbade pour le développement durable des petits États insulaires en développement. Le Paraguay a attiré l’attention du Forum sur les préoccupations des États sans littoral en matière de gestion des réserves en eau douce, de protection des écosystèmes forestiers, et de production d’énergie hydroélectrique. Enfin, de nombreuses délégations ont, à l’instar du Canada et des Etats-Unis, recommandé aux forums d’application régionaux de ne pas limiter la participation aux seules Commissions économiques régionales et d’en faire des catalyseurs des propositions qui seront soumises ensuite à la Commission du développement durable.
Table ronde ministérielle avec la participation de dirigeants des grands groupes sur le thème «Mesures et engagements à prendre pour appliquer les textes issus du Sommet mondial pour le développement durable»
L’eau étant une des ressources essentielles pour la vie humaine et les activités économiques, et les réserves d’eau douce étant limitées, la dégradation de l’environnement provoque la désertification de certaines régions. Cette propagation de la sécheresse est, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dont le Directeur général intervenait en introduction à la table ronde de cet après-midi, responsable de la plupart des famines qui affectent certaines parties de la planète. La conservation de la diversité biologique à travers une meilleure conservation des eaux, des océans, des forêts et des écosystèmes montagneux a été au centre du message de la dernière réunion de l’organe de la Convention sur la biodiversité à La Haye, a dit pour sa part le Secrétaire exécutif de la Convention sur la biodiversité. Divers textes multilatéraux doivent être appliqués par les Etats pour faciliter l’application du Plan de Johannesburg, et il est indispensable d’inclure dans les réflexions à mener les termes des engagements pris à Monterrey sur le financement du développement; à la Barbade, pour le développement des petits Etats insulaires en développement; et, entre autres, à Bruxelles en ce qui concerne le développement des PMA. La Commission du développement durable devrait examiner le rôle que la Convention sur la diversité biologique pourrait jouer dans la mise en œuvre des textes adoptés à Johannesburg, a-t-il estimé.
Les Ministres, qui se sont exprimés dans ce cadre, ont estimé que la conservation des ressources en eau, celle des milieux marins, et celle de la biodiversité de la planète devraient se baser sur des actions au niveau régional. Pour certains des intervenants, notamment celui des Etats-Unis, il faut créer des partenariats qui permettraient d’améliorer et de renforcer la gouvernance locale en vue de donner aux pays, notamment ceux en développement, les moyens de sauvegarder leurs ressources naturelles. A cet égard, des expériences concluantes sur la conservation des forêts et de la biodiversité sont actuellement menées sur la base de partenariats créés entre les pays du bassin du fleuve Congo.
Les représentants du Kenya, du Venezuela et du Pakistan ont constaté pour leur part que la surexploitation des terres agricoles tropicales accélérait la perte de la diversité biologique. Des régimes internationaux transparents et équitables devraient être créés pour permettre un plus juste partage, entre nations, des fruits de la biodiversité mondiale, a estimé le représentant kenyan tandis que la Ministre vénézuélienne de l’environnement attirait l’attention du forum sur l’usage excessif de pesticides et d’engrais dans les activités agricoles. La santé des populations s’en trouve affectée, et on constate une apparition de maladies autrement contrôlables ou complètement nouvelle. La disparition de la diversité biologique du fait de mauvaises pratiques agricoles semble donc affaiblir certains mécanismes naturels de défense, surtout du fait de la pollution due aux produits agricoles qui affectent les ressources hydriques. Des programmes d’éducation et de sensibilisation devraient être menés dans les zones rurales sur l’usage des pesticides. Par exemple, on constate dans les zones affectées par le paludisme que l’utilisation excessive d’insecticides comme le DDT, qui est interdit dans certains pays, affecte profondément les couches aquifères souterraines, a fait remarquer l’un des intervenants en notant cependant que le danger causé par le paludisme ne pouvait non plus être ignoré.
Pour faire face à ces menaces, des délégations, dont celles du Portugal et de la Norvège, ont estimé qu’il fallait renforcer les volets relatifs à l’éducation et à la sensibilisation des populations. Une bonne connaissance des dangers qui menacent l’eau, la biodiversité et la santé des populations permettrait aux populations de comprendre l’importance des programmes de développement durable. Le fait que le Sommet de Johannesburg ait lié l’éradication de la pauvreté à la sauvegarde de la diversité biologique montre l’importance de cette question, ont unanimement reconnu les intervenants. Mais faut-il parler de biodiversité au sein de la CDD ou faut-il, comme le pensent certains, limiter l’examen de cette question à la Convention sur la diversité biologique? Répondant à cette question, le Secrétaire exécutif de cette Convention a noté qu’aucune question ne pouvait être abordée de manière isolée. Les thèmes doivent être examinés de plus en plus de manière transversale. Le Sommet de Montréal sur la diversité biologique l’a clairement reconnu. Il convient désormais de mesurer les progrès accomplis depuis l’adoption de la Convention et de voir comment mieux l’intégrer aux travaux de la CDD concernant la mise en œuvre des textes de Johannesburg. La rencontre qui sera organisée l’an prochain à Londres pourra apporter quelques éléments de réponse, a estimé le Secrétaire général de la Convention sur la diversité biologique.
Le Secrétaire exécutif de la Convention-cadre pour la lutte contre la désertification, dont les mécanismes comptent 180 Etats membres, a jugé incompréhensible que la communauté internationale ne soit pas encore passée des simples engagements moraux et verbaux à des actions concrètes et au respect de leurs engagements financiers. Parlant de ces engagements financiers, le représentant de la Norvège a soulevé la question de l’aide publique au développement (APD), dont les niveaux agréés au niveau international -0,7% du produit intérieur brut (PIB) annuel des pays industrialisés- ne sont toujours pas respectés par les pays donateurs. Intervenant sur les ressources dont les pays en développement ont besoin pour promouvoir leur développement durable, le Ministre de l’environnement des Pays-Bas a estimé qu’il était indispensable d’éliminer les subventions agricoles versées par les pays développés à leurs producteurs agricoles. Tant que ces subventions sont maintenues, il y a peu d’espoirs que l’on sorte de la relation, entretenue, d’assistant à assisté. Une des conséquences graves de la pauvreté est la destruction de l’environnement naturel dans les pays du Sud par des populations qui n’ont pas d’autres ressources de survie, a-t-il estimé, soutenu en cela par le représentant du Groupe des communautés autochtones.
Les changements climatiques et la réduction des gaz à effets de serre sont étroitement liés aux questions de mode de production et de consommation, a jugé le représentant de la République tchèque qui a indiqué que seuls des efforts concertés au niveau régional pouvaient permettre de modifier les paramètres actuels. Dans un autre domaine, l’IUCN a souligné le lien entre biodiversité, santé et énergie, indiquant que 10 000 à 20 000 espèces de plantes sont utilisées pour la médecine. Pour le Ministre kenyan de l’environnement, les questions de santé et de développement en Afrique sont étroitement liées et méritent un traitement intégré dans la mesure où les conséquences du paludisme et du VIH/sida sur la croissance économique sont préoccupantes, notamment au Kenya. Le Ministre cubain de la science, de la technologie et de l’environnement a mis en avant son programme de coopération dans le domaine de la santé qui, depuis 3 ans, a permis de mettre à disposition de 43 millions de personnes près de 2 000 médecins.
L’accès aux soins de santé et aux services de prévention doit se faire sur une base respectueuse de la parité, a estimé une représentante du Groupe des femmes, qui a ajouté que la Commission du développement durable devait garantir une meilleure intégration des questions sexospécifiques dans la mise en œuvre du Plan d’application de Johannesburg. L’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis a, par la voix de sa représentante, estimé que pour promouvoir une santé meilleure et lutter contre le paludisme, le sida et la tuberculose, le Gouvernement américain a débloqué 5 milliards de dollars en faveur du Fonds mondial, tandis que 500 millions de dollars seront par ailleurs consacrés à la lutte contre la transmission mère-enfant du VIH/sida et 15 milliards de dollars ont été promis en janvier par le Président Bush dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Une représentante africaine du Groupe des communautés autochtones a estimé que les systèmes traditionnels de médecine et de guérisseurs devaient être préservés.
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