ECOSOC/6067

ECOSOC : LES DELEGATIONS APPELLENT A UNE MEILLEURE COORDINATION DES OPERATIONS HUMANITAIRES QUI DOIVENT SE FONDER SUR LES BESOINS

15/07/2003
Communiqué de presse
ECOSOC/6067


ECOSOC : LES DELEGATIONS APPELLENT A UNE MEILLEURE COORDINATION DES OPERATIONS HUMANITAIRES QUI DOIVENT SE FONDER SUR LES BESOINS


GENEVE, 15 juillet -- Le Conseil économique et social a poursuivi son débat général sur les questions relatives aux affaires humanitaires, entendant plusieurs délégations qui ont estimé que, face à la multiplication des crises humanitaires ces dix dernières années et à la baisse constante du volume de l'aide, il fallait veiller à une plus grande efficacité de l'aide, qui passe par une meilleure coordination des secours d'urgence et une évaluation plus juste des besoins.  Nombre de délégations ont rappelé que seule une transition réussie vers l'aide au développement permettrait réellement de réduire la vulnérabilité des populations et de prévenir la résurgence des crises humanitaires.


En effet, la coordination des secours n'est pas un concept abstrait, mais une obligation pour tous ceux qui se soucient réellement que l'aide parvienne et bénéficie à long terme aux populations qui en ont besoin, a rappelé en substance M. Jean-Jacques Graisse, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial.


À l'instar de la Norvège, de nombreuses délégations se sont félicitées des progrès accomplis en matière de coordination et ont insisté sur la nécessité d'une meilleure planification des actions.  À cet égard, les délégations se sont déclarées en faveur des processus d'appels consolidés et ont recommandé une évaluation plus juste des besoins, une coopération étroite entre les pays concernés, les institutions du système de l'ONU et les organisations de la société civile, ainsi qu'une plus grande attention à la fourniture de services sociaux de base et aux infrastructures, compléments indispensables de l'aide alimentaire.  Divers intervenants ont fait valoir qu'une planification globale et intégrée permettrait en outre d'assurer la réussite de la transition des secours à l'aide au développement, en incitant les donateurs à financer des programmes à plus long terme.


Plusieurs délégations, dont le Soudan, le Zimbabwe et Cuba, ont rappelé les principes d'universalité et d'impartialité qui doivent guider les actions humanitaires.  À cet égard, il a été souligné que l'aide humanitaire doit répondre à la demande des États, qui doivent être étroitement associés à la mise en œuvre des programmes et à la distribution impartiale de l'aide aux populations qui en ont besoin.  Le représentant brésilien a regretté que les ressources affluent lors des crises médiatiques et s'amenuisent dès qu'il s'agit de poser les bases de la


reconstruction et du développement.  À l'instar du représentant de l'Organisation mondiale de la santé, il a regretté que tous les secteurs des activités de secours, notamment la fourniture de services sociaux de base et les infrastructures, ne bénéficient pas de la même attention que l'aide alimentaire.  Ainsi, les donateurs ont été appelés à respecter leurs engagements et à mieux financer la transition des secours vers l'aide au développement, mais les bénéficiaires doivent également démontrer la volonté politique de remédier aux causes profondes des crises.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: République du Congo, Chili, Norvège, Jamaïque, Soudan, Guatemala, Cuba, Pérou, Zimbabwe, Indonésie, Ghana, Kenya, Malawi, Brésil, et Nigéria.


Le Conseil se réunira, cet après-midi, à partir de 15 heures en vue d'adopter une résolution relative au renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence.


Suite du débat général sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe


MME ALICIA BEATRIZ DE HOZ (Argentine) a réaffirmé l'appui de l'Argentine aux initiatives visant à fournir une aide coordonnée pour les secours en zones urbaines.  Elle s'est déclarée préoccupée par les risques de double emploi dans la mise en œuvre des secours d'urgence et s'est faite l'avocate de la mise en place de structures de coordination sous l'égide du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.  Elle a déploré toutes les atteintes portées à la sécurité du personnel humanitaire et a souligné l'importance de garantir l'accès sans entrave des travailleurs humanitaires aux populations dans le besoin.  Elle s'est inquiétée des conséquences du VIH/sida sur les crises humanitaires, mais aussi sur la production alimentaire de nombreux pays en développement qui est souvent la responsabilité des femmes, plus touchées par la pandémie.  Par ailleurs, elle a appelé à la vigilance concernant les problèmes liés à l'exploitation sexuelle dans les crises humanitaires.


S'agissant de la protection des réfugiés, elle a appuyé les initiatives lancées par le Haut Commissariat aux réfugiés, notamment la stratégie dite des «4R» (rapatriement, réinsertion, réhabilitation et reconstruction), qui vise à rechercher des solutions durables à la question des réfugiés.  En dernier lieu, elle a mis l'accent sur la transition des secours vers l'aide au développement et a estimé que la participation des États bénéficiaires à une meilleure planification et gestion de l'aide pourrait y contribuer. 


M. BASILE IKOUEBE (République du Congo) a souligné la capacité de réaction de l'ONU aux situations d'urgence humanitaire.  Il a tenu à mettre l'accent sur trois points : premièrement la mobilisation des ressources extérieures pour le financement de l'assistance humanitaire.  Il a regretté que la générosité internationale soit sélective, certaines crises étant mieux traitées que d'autres.  Deuxièmement, il a souligné la nécessité de mettre en place un cadre devant permettre d'assurer une transition immédiate de la phase humanitaire à une phase de développement plus durable: il a insisté sur le fait qu'il faut inscrire cette action dans la durée et qu'il est important de relancer des activités de réinsertion durable.  Troisièmement il a insisté sur la nécessaire collaboration entre les équipes de pays des Nations Unies, les gouvernements concernés et les autres partenaires (les ONG) pour assurer une meilleures planification et une coordination efficace.


Le représentant congolais a rappelé que c'est dans cet esprit de prévision et de planification qu'un nouveau plan a été adopté pour la période 2003-2004, qui prend en compte le scénario d'un retour à la normale sur l'ensemble du territoire national.  Prenant en compte les objectifs visés par le nouveau Plan de développement lancé par les autorités nationales, les Nations Unies ont préparé une réponse conjointe en coordination avec le Gouvernement et les organisations non gouvernementales.  Il a mis l'accent sur la mise en place de l'unité d'appui à la coordination, l'assistance alimentaire aux populations affectées par les conflits, la création de petites unités de production des aliments de bétail, l'appui à la relance de la production animale, le renforcement de la stratégie préventive du VIH/sida, le renforcement des centres de santé intégrés, l'action communautaire pour le rétablissement post-conflit.  Il a souligné qu'il s'agissait d'un partenariat qui privilégie une approche destinée au renforcement des capacités nationales de réaction à d'éventuelles situations d'urgence, ainsi que de jeter les bases de consolidation de la paix, de reconstruction et de développement. 


M. JUAN MARTABIT (Chili) a rappelé la responsabilité de tous les acteurs du système de l'ONU et des gouvernements d'assurer une meilleure coordination des secours d'urgence.  Il a estimé important de coordonner étroitement les activités avec les autorités des pays concernés, ce qui contribuera à garantir que l'aide bénéficie aux populations qui en ont besoin.  Il a ensuite rendu compte de la participation du Chili à des dispositifs d'aide humanitaire en Amérique latine, précisant qu'il avait concentré son action sur les secours en cas de catastrophe naturelle.  À cet égard, il a indiqué que le Chili avait signé des accords avec l'Argentine et le Pérou.  Il a insisté sur la coordination et la participation de tous les acteurs internationaux afin d'assurer la transition des secours vers l'aide au développement.  À cet égard, il a cité l'exemple de la participation du Chili à une aide conjointe avec la Norvège et la FAO en vue de fournir des semences aux agriculteurs.  Par ailleurs, il a recommandé que l'on associe des acteurs de la société civile, notamment du monde universitaire et des associations, à l'évaluation des besoins.


S'agissant de l'aide en situation de post-conflit, le représentant chilien a rappelé que son pays fait partie du réseau de sécurité humaine qui a pour objectif de placer la personne au cœur des interventions humanitaires et a appelé l'attention sur la situation des enfants dans les conflits armés.  Il a insisté sur les principes d'universalité et d'impartialité de l'aide humanitaire.  À cet égard, il a insisté sur la bonne conduite du personnel humanitaire qui doit respecter les lois du pays et la dignité des personnes.  Pour leur part, les parties en conflit et les gouvernements concernés doivent veiller à assurer la sécurité du personnel humanitaire et son accès sans entrave aux populations.


M. HANS FREDRIK LEHNE (Norvège) a rappelé que la multiplication des conflits a conduit à une hausse correspondante des fonds alloués aux secours d'urgence, qui représentent désormais 10 % du volume de l'aide publique au développement.  La demande continue de croître, mais les ressources des donateurs connaissent des limites, a-t-il tenu à souligner.  Dans ce contexte, il importe de parvenir à d'obtenir le plus d'aide possible pour chaque dollar dépensé.  Les donateurs sont critiqués pour le manque de prévisibilité de l'aide qu'ils accordent aux secours d'urgence et il est vrai que l'offre est bien inférieure à la demande dans ce domaine, a-t-il reconnu.  C'est une tendance qu'il faut inverser, a-t-il dit.  Pour ce faire, il faut que les donateurs respectent leurs engagements et que les responsables des activités opérationnelles améliorent la coordination de leurs actions.  La Norvège sur ce point appuiera toute initiative visant à assurer une base de financement plus stable pour l'aide humanitaire et participera aux projets en vue d'établir des bonnes pratiques des donateurs.  Dans ce contexte, le représentant s'est félicité de l'amélioration des mécanismes de coordination et de la pratique des appels consolidés, qui permettent d'éliminer les doubles emplois.  Dans le même esprit, il s'est dit favorable à la planification et à l'évaluation conjointe des besoins.  Par ailleurs, il a précisé que l'aide humanitaire accordée par la Norvège s'élèvait à 372 millions de dollars en 2002, dont plus de 40 % sont administrés par le système de l'ONU.


Le représentant norvégien a ensuite appelé l'attention sur les crises oubliées, estimant que seule une transition réussie vers le développement permettra de prévenir une résurgence des crises humanitaires.  À cet égard, il a indiqué que la Norvège consacrait une part de son budget d'aide à des programmes de transition et qu'elle avait financé dans ce cadre des projets en Afghanistan, dans la région des Grands Lacs, dans la Corne de l'Afrique et en Sierra Leone.  Il a ensuite abordé la question de l'aide humanitaire à l'Iraq et s'est félicité sur ce point du rôle du Comité permanent interinstitutions.  Il s'est aussi félicité de l'entrée en action de l'Unité pour les personnes déplacées du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.


M. FRANCIS O'NEIL (Jamaïque) a souligné que le financement de l'aide humanitaire est central dans le système humanitaire de l'ONU.  Il a réaffirmé que les réactions efficaces exigent des solutions durables.  Il est primordial de se pencher sur les causes des crises et sur la recherche de solutions durables.  Le représentant a souligné l'amélioration de l'efficacité de l'ONU dans le traitement de la transition et dans la coopération avec les acteurs humanitaires, politiques et de développement.  Il a répété l'importance de l'aide au développement et non seulement celui de l'aide d'urgence.  Il s'est montré préoccupé par le problème de financement et de manque de financement de ces projets et a réaffirmé l'importance d'investir dans le financement de solutions à long terme.  Les montants globaux restent insuffisants pour faire face aux besoins mondiaux.  Il a souligné que l'assistance humanitaire est surtout développée par la sensibilisation du public et que l'assistance est distribuée de façon inégale, la visibilité de certaines crises influençant leur financement.


Le représentant jamaïcain a souligné que les catastrophes naturelles touchent des États qui n'ont pas la possibilité de financer les actions humanitaires et de réagir à ces catastrophes.  Les catastrophes naturelles ont triplé pendant les trois dernières décennies.  Le représentant a demandé une approche coordonnée de la part des Nations Unies.  Il a reconnu les progrès réalisés et a demandé une amélioration de la coordination internationale dans le domaine de l'assistance humanitaire.


M. GILLES GRILLET (Institution intergouvernementale pour l'utilisation de la micro-algue spiruline contre la malnutrition) a présenté les bienfaits de la spiruline comme supplément nutritionnel en faveur des populations sous-alimentées et comme nourriture d'urgence.  Il a rappelé que la spiruline permet la production de 50 tonnes de protéines par hectare par an, soit 260 fois plus que la viande, 30 fois plus que le soja, en consommant 5000 fois moins d'eau que pour produire la même quantité de viande de bœuf.  Il a ensuite indiqué que l'intérêt croissant pour la spiruline se manifeste par le lancement de projets de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en République démocratique du Congo ou au Tchad, dans le Kanem .  Il a aussi fait savoir que son organisation avait été invitée à participer au lancement d'un premier projet à grande échelle en Zambie pour le renforcement de la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition.  Il a ajouté que son organisation était associée à la mise en œuvre d'un centre de formation à l'algoculture de la spiruline en France.  Il a recommandé l'établissement d'un programme des Nations Unies sur la spiruline, qui pourrait être présenté à l'Assemblée générale lors de sa prochaine session.


M. OMER BASHIR MANIS (Soudan) s'est félicité des recommandations du Secrétaire générale en vue d'améliorer la coordination et l'efficacité des secours d'urgence.  Il a rappelé les principes de justice et d'impartialité qui doivent présider à l'action humanitaire.  Concernant l'évolution de la situation de conflit au Soudan, il a rappelé que les deux parties s'étaient entendues depuis un an pour créer un climat favorable à l'instauration de la paix et garantir un meilleur accès de l'aide humanitaire.  Il a estimé que le Soudan pouvait constituer un exemple en la matière et a précisé qu'un organe de l'État était spécialement chargé de la coordination et du suivi de l'aide humanitaire.


S'agissant de la protection des civils, il a rappelé les principes contenus dans les Conventions de Genève et recommandé que l'action humanitaire respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale des États.  Le représentant soudanais s'est ensuite inquiété de l'augmentation de la part de l'aide publique au développement consacrée aux secours, estimant que c'était là une tendance délétère à long terme.  Il a appelé les États à accorder une attention particulière à la transition des secours à l'aide au développement.  En dernier lieu, il a estimé qu'il fallait prêter une attention particulière aux spécificités des pays bénéficiaires de l'aide et notamment quand il s'agit des pays les moins avancés.


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a souligné le rôle essentiel que joue le financement dans tout le processus d'aide humanitaire.  Il a noté que les instruments sont disponibles pour s'occuper des problèmes de l'aide humanitaire.  Ils sont devenus un cadre normatif dans lequel on peut aborder toutes les questions de l'assistance humanitaire.  Concernant les victimes des catastrophes naturelles, ce problème incombe aux États, mais il n'est souvent pas possible de régler ces problèmes au niveau des États.  Il a insisté sur le fait que l'aide humanitaire et la coopération devraient se faire de façon parallèle.  En ce qui concerne l'épidémie de VIH/sida , le représentant a souligné qu'elle exige des stratégies d'assistance spécifiques. 


Le représentant guatémaltèque a souligné que l'ECOSOC doit veiller à la coordination des toutes les aides et doit s'efforcer d'adopter les solutions adaptées.  Il convient en premier lieu de renforcer la coordination de l'assistance humanitaire, a-t-il insisté.  Mais le renforcement de la coordination de l'assistance humanitaire n'exige pas seulement l'infrastructure déjà présente dans l'organisation mais aussi les actions des États membres, des donateurs comme des bénéficiaires.


M. JORGE FERRER RODRÍGUEZ (Cuba) a rappelé que les catastrophes naturelles avaient doublé au cours de la dernière décennie et frappaient plus durement les populations des pays en développement, déjà en butte à la pandémie du VIH/sida, notamment.  Il s'est déclaré préoccupé de l'inégalité dans la distribution de l'aide, qui répond souvent à des considérations géopolitiques et non aux besoins.  À cet égard, il a regretté que certains appels consolidés ne reçoivent pas de réponse suffisante. 


Le représentant cubain a ensuite souligné que la réduction de la vulnérabilité restera une idée vaine si des ressources suffisantes ne sont pas consacrées à l'aide d'urgence, et plus particulièrement à la transition vers l'aide au développement.  Il a rappelé que les activités humanitaires doivent obéir aux principes d'impartialité et d'universalité dans le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des États.  À cet égard, il a insisté sur le fait que l'aide humanitaire doit être accordée en réponse à une demande émanant des États concernés.  En outre, il a précisé que le cadre juridique de l'aide humanitaire était défini par l'ONU et que, par conséquent, il fallait veiller à ce que toutes dispositions veillant à établir un code de conduite ou définir des bonnes pratiques soient adoptées en respectant les dispositions existantes et en s'assurant de l'adhésion de tous les États.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a estimé que la tendance est à la coordination des actions humanitaires de tous genres.  L'œuvre humanitaire est en train de devenir une des principales actions de l'ONU.  Elle a estimé que cela est une preuve que l'Organisation des Nations Unies est en train d'échouer dans son rôle de prévention des conflits dans le monde.  Or prévenir et régler les conflits est la fonction essentielle de l'ONU dans le monde.  La représentante a déclaré que l'idée de transition vers le développement est confuse et, de plus, irréaliste.  Elle a insisté pour revenir à une idée plus modeste de la vie après-les secours et pour ne pas confondre celle-ci avec un effort d'«édification de la nation», but bien plus difficile et long à atteindre, et susceptible de décourager les financements.


La représentante péruvienne a rappelé que l'activité la plus efficace de l'ONU est l'aide en cas de catastrophe naturelle.  Ces actions renforcent le prestige de l'Organisation des Nations Unies.  C'est pour cela que le Pérou a appuyé l'initiative de la Turquie qui a pour but de renforcer l'efficacité de la recherche en zone urbaine en cas de catastrophes naturelles.  Elle a noté que les activités de l'ONU vont devoir se renforcer dans ce domaine car les catastrophes naturelles se multiplient.  Elle s'est pronocée en faveur de la promotion d'une collaboration entre les sociétés transnationales et l'ONU pour les activités dans ce domaine.


M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) a appelé les institutions humanitaires à appuyer les États dans leur demande d'une aide au développement à long terme qui est la seule prévention des crises.  Il s'est fait l'avocat de l'établissement de partenariats clairement définis entre les institutions du système de l'ONU, les organisations de la société civile et les gouvernements concernés.  Il a expliqué que les institutions humanitaires devaient aider les États à progresser vers la voie de la sécurité alimentaire et d'une plus grande indépendance.  À cet égard, il a recommandé une étroite coopération avec les États bénéficiaires, car l'expérience a montré que la mise en place de structures parallèles était coûteuse et ne garantissait pas une distribution impartiale de l'aide.  Le représentant a mis l'accent sur le rôle des femmes, estimant qu'il importait d'assurer leur participation à la mise en œuvre des programmes.


Le représentant du Zimbabwe a ensuite appelé l'attention sur les conséquences de la pandémie du VIH/sida sur les crises humanitaires, particulièrement en Afrique australe.  Il a estimé que l'ampleur de cette crise demandait que l'on dépasse les programmes traditionnels de secours et que l'on procède à une stricte évaluation des besoins.  Le représentant s'est inquiété de la baisse de l'aide non alimentaire, qui est la plus importante pour assurer la réussite de la transition vers le développement.  Pour remédier à cette situation, il a demandé aux donateurs de répondre aux appels conjoints en toute impartialité et de veiller à ce que l'aide réponde réellement aux besoins et aux priorités du pays concerné. 


M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial, a estimé que seule une bonne coordination des acteurs permettait une réponse efficace aux crises humanitaires.  Les mécanismes de coordination pourraient être encore améliorés, a-t-il observé.  À cet égard, il a rappelé que l'aide alimentaire devait être assortie d'une aide suffisante portant sur la fourniture de services de base et les infrastructures de façon à rétablir au plus vite la sécurité alimentaire.  Pour ce faire, il importe de procéder à une évaluation globale des besoins et à une coordination plus importante, a-t-il remarqué.


M. Graisse a indiqué que, malgré la générosité des donateurs, le PAM manquait encore de ressources, ce qui l'obligeait à réduire certains programmes, notamment en Corée du Nord, en Afghanistan et en Tanzanie, où les rations ont été réduites.  Il a ensuite fait part des besoins alimentaires en Iraq, dont le coût s'élève à 2,2 milliards de dollars.  M. Graisse a rendu compte de l'action du PAM en vue d'améliorer le processus de réponse rapide.  Il a déclaré que la coopération n'était pas un concept abstrait, mais une véritable obligation pour ceux qui souhaitent sincèrement que l'aide parvienne aux populations qui en ont besoin.


M. SUNU M. SOEMARNO (Indonésie) a souligné que les gouvernements jouent un rôle primordial dans la coordination et la fourniture de l'aide humanitaire.  Il a rappelé que l'assistance de la communauté internationale est nécessaire pour compléter les efforts nationaux et que cette aide devrait se faire sous la direction des gouvernements nationaux des pays touchés, dans le respect de la résolution 46/182, impliquant le respect de la souveraineté nationale, de l'intégrité et de l'unité nationale des pays, ainsi que le consentement et l'appel des pays touchés par les catastrophes.  Il a noté que les ressources financières ne sont pourtant pas toujours à la hauteur des besoins.


Le représentant indonésien a appuyé l'idée selon laquelle il faudrait améliorer les méthodes de financement des besoins humanitaires, qui ne devraient pas être l'otage d'autres facteurs.  Quant à la transition de la phase des secours à celle de l'aide au développement, il a estimé que cette approche doit être encouragée.  Mais l'une ne doit pas se substituer à l'autre, a souligné le représentant.  Le développement renforce les éléments mis en place par l'assistance humanitaire.  Le représentant a estimé qu'il n'y a aujourd'hui pas d'excuse pour ne pas trouver les financements pour l'aide humanitaire.  Il a demandé plus d'efforts dans la prévention des catastrophes, qui sont en augmentation et qui posent des problèmes permanents pour le Gouvernement de l'Indonésie.


M. PAUL YAW ESSEL (Ghana) a fait remarquer que la Côte d'Ivoire qui, après avoir servi d'exemple en matière de développement et de démocratie, est en proie à une guerre civile qui menace les progrès accomplis et crée de l'instabilité de la région tout entière.  Il a expliqué que son pays accueillait de nombreux réfugiés en conséquence des conflits dans la région et abritait également un centre de tri des réfugiés, qui sont ensuite répartis dans les pays de la région. 


Le représentant ghanéen a souligné la participation active de la Communauté de développement des États de l'Afrique de l'Ouest à la recherche de solutions préventives aux conflits et pour la création d'une zone libre et pacifique dans la région.  À cet égard, il a souligné l'importance de la phase de transition vers le développement en expliquant que la fin du conflit n'était qu'une étape préliminaire.  En effet, il faut avant tout s'appliquer à réintégrer les combattants dans la société civile et à former les jeunes pour éviter la résurgence des causes de conflit, a-t-il expliqué.  Il a rappelé la charge qu'imposent les réfugiés sur les infrastructures des pays d'accueil et estimé qu'il faut veiller à ce que cette charge ne devienne pas une cause d'instabilité dans les pays d'accueil.


MME AMINA C. MOHAMED (Kenya) a souligné que la qualité de vie souffre du manque de travail, du manque d'eau, de la sécheresse.  Des solutions sont mises en place pour mettre en œuvre des programmes créateurs de revenus.  Deux millions de Kényans sont affectés par le VIH/sida, soit 10,2% de la population et la pandémie a des conséquences sur la structure démographique du pays.  En outre, les traitements sont très onéreux.  Le gouvernement a déclaré l'épidémie catastrophe nationale.  La représentante a demandé l'accès à des médicament bon marché dans le cadre d'une stratégie visant à enrayer la pandémie.


Mme Mohamed a par ailleurs souligné que 230 000 réfugiés sont arrivés dans des camps au Kenya.  La solution la plus durable serait le rapatriement volontaire, et elle a encouragé les efforts de paix dans les pays voisins.  Cette question doit être abordée avec la communauté internationale.  S'agissant de la réponse aux catastrophes naturelles, la représentante et a demandé aux donateurs de s'assurer que l'aide alimentaire n'ait pas d'incidence sur les prix locaux.  La représentante a d'autre part souligné que les attaques terroristes dont est victime le Kenya depuis depuis 1981 ont eu une incidence sur les revenus du tourisme.


La représentante kényane a finalement souligné que la gestion de l'aide immédiate ne suffit pas et qu'il faut une aide plus conséquente afin que les pays puissent faire face aux catastrophes futures et puissent mener les efforts indispensables dans le domaine de la prévention des catastrophes


M. NILS KASTBERG du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a rappelé les appels lancés aux donateurs pour qu'ils assurent une plus grande stabilité de l'aide.  Il s'est félicité de la direction prise dans le sens d'une meilleure coordination des secours et a estimé que le processus des appels conjoints et consolidés devraient permettre une meilleure planification.  Il a pris note de l'appel lancé aux institutions spécialisées pour qu'elles procèdent à une évaluation plus juste des besoins.


M. HASTINGS AMURANI-PHIRI (Malawi) a souligné que les principaux défis auxquels est confronté son pays sont les catastrophes naturelles, la sécheresse, l'insécurité alimentaire et le VIH/sida.  Le Malawi a bénéficié d'une aide de la communauté internationale pour faire face à la sécheresse qui frappe le pays, dont 3 millions de .personnes sont en permanence menacées par la famine.  Il a constaté que le manque de réponse aux fonds qui ont été promis a beaucoup affecté la population et il a émis le vœu que les sommes promises seraient bientôt versées.  Le Malawi est en train de reconstruire son secteur agricole et l'économie agraire est le meilleur espoir du pays contre la pauvreté.  Il a tenu à remercier la communauté internationale de l'aide qu'elle apporte dans ce secteur.


Le représentant du Malawi a rappelé que la centralisation de l'assistance humanitaire est indispensable à la dignité des personnes touchées par les catastrophes.  Il souligné l'importance de la coordination pour réduire les dysfonctionnements sur le terrain.  Il a par ailleurs déploré le manque de sécurité pour le personnel humanitaire sur le terrain , victime parfois de rebelles.  Il a demandé des ressources pour que l'assistance humanitaire soit vue comme une mesure transitoire pour arriver à un développement durable.


M. FREDERICO S. DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a rappelé que la résolution 46/182 de l'Assemblée générale constituait le cadre du renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence.  À cet égard, il a souligné le rôle central de l'ONU dans la coordination de l'aide humanitaire.  S'agissant du financement de l'aide, le représentant brésilien s'est déclaré préoccupé par la distribution inégale de l'aide et de l'allocation de ressources sur la base d'autres critères que les besoins.  Il a estimé que l'aspect le plus préoccupant de cette tendance était constitué par les urgences oubliées.  Il a recommandé aux donateurs de veiller au respect de bonnes pratiques et leur a demandé de placer une plus grande confiance dans le système de l'ONU pour assurer la coordination de l'aide et créer des mécanismes permettant des réponses plus souples aux alertes humanitaires.  Le représentant a ensuite insisté sur le fait que l'aide allouée au titre des secours d'urgence ne devait pas l'être au détriment des ressources affectées à l'aide publique au développement.  À cet égard, il a souligné la nécessité d'assurer une planification globale et d'accorder les ressources qu'il convient à la transition des secours à l'aide au développement.  Il est en effet regrettable de voir que les ressources qui affluent dans les crises humanitaires médiatiques s'amenuisent dès qu'il s'agit d'assurer les fondements de la reconstruction et du développement, a-t-il observé.


Évoquant la question des personnes déplacées, le représentant brésilien a ensuite rappelé la responsabilité des États d'assurer la sécurité de leurs populations et, s'ils n'en ont pas la possibilité, d'assurer un accès sans entrave de l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin et la sécurité du personnel humanitaire.  En conclusion, il a rappelé que si les donateurs doivent veiller à respecter leurs engagements, les États bénéficiaires ont la responsabilité de démontrer leur volonté politique de s'attaquer aux causes des crises humanitaires.


M. GEORGE OMOKHAGBOR ALABI (Nigéria) a regretté la mort de personnes travaillant dans le domaine de l'aide humanitaire.  La crise humanitaire est aussi une crise de la protection, lorsque des civils sont déplacés et abandonnés à la merci de groupes armés.  Il s'agit de développer une «culture de la protection des civils» et le représentant a demandé l'organisation régulière de séminaires sur ce sujet.  Il a souligné la nécessité de repérer les signes précoces de conflits armés, de même que ceux de catastrophes naturelles, afin de pouvoir répondre de façon efficace aux besoins d'aide dans ces situations.  Il a insisté sur l'importance cruciale des questions sexospécifiques et sur le développement des droits de la femme.  Il a souligné qu'il faut assurer leur participation active dans les activités humanitaires.


Le représentant a insisté sur la disposition de moyens suffisant pour permettre la transition du secours à l'aide au développement, le but ultime étant le retour de la paix, de la stabilité sociale, économique et politique, et l'aide aux populations victimes des catastrophes naturelles.  Le processus de transition devrait faciliter la restauration des infrastructures essentielles, y compris l'accès retrouvé aux marchés.  Il a rappelé que ce qui compte en temps de crise est d'assurer que l'aide parvienne aux victimes dans les vingt-quatre heures.  Il a espéré que la réponse aux besoins humanitaires en Afrique soit plus rapide à l'avenir.


M. DAVID NABARRO (Organisation mondiale de la santé) a estimé que les institutions humanitaires devaient être prêtes à faire rapport sur ce qu’elles font.  Il a regretté que trop d’initiatives dans le domaine de la santé en cas de crise ne produisaient pas les effets escomptés.  Il a recommandé que l’on tire la leçon des expériences actuelles en vue, notamment, de mieux coordonner les actions.  Il s’est félicité que les acteurs humanitaires accordent désormais une plus grande importance à l’impact du VIH/sida sur les crises, à la nutrition, et à l’impact de la violence sur la santé.  Il a estimé qu’il fallait aussi prêter une attention plus grande au recrutement du personnel humanitaire et lui donner les moyens d’agir professionnellement sur le terrain.  Le représentant de l’OMS a ensuite appelé l’attention sur la situation de déficit chronique des ressources et a regretté que tous les secteurs des secours ne bénéficient pas de la même attention des donateurs que le secteur alimentaire.


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