LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ADOPTE UNE RESOLUTION SUR LE FONDS DE SOLIDARITE MONDIAL
Communiqué de presse ECOSOC/6064 |
Conseil économique et social ECOSOC/G/6064
11 juillet 2003
LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ADOPTE UNE RESOLUTION SUR LE FONDS DE SOLIDARITE MONDIAL
GENEVE, 11 juillet 2003 -- Le Conseil économique et social (ECOSOC) a adopté, cet après-midi, au titre des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement, une résolution sur le Fonds de solidarité mondial dans laquelle il approuve la décision du Sommet mondial sur le développement durable d'établir ce Fonds afin d'éradiquer la pauvreté et de promouvoir le développement social et humain dans les pays en développement, tout en soulignant la nature volontaire des contributions et la nécessité d'éviter tout double emploi avec les fonds déjà existants des Nations Unies. Il reconnaît la contribution importante que le Fonds pourrait apporter à la réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du millénaire et encourage les États membres, les organisations internationales, le secteur privé, ainsi que les institutions, fondations et particuliers intéressés à fournir des contributions au Fonds.
Le Conseil a en outre pris note de plusieurs rapports et autres documents dont il était saisi, au titre des activités opérationnelles, s'agissant de la suite donnée aux recommandations de politique générale de l'Assemblée générale et du Conseil, des rapports des conseils d'administration du Programme des Nations Unies pour le développement/Fonds des Nations Unies pour la population, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et du Programme alimentaire mondial, ainsi que de la coopération économique et technique entre pays en développement.
Le Conseil a ensuite tenu, dans le cadre de son débat consacré aux affaires humanitaires, une réunion-débat sur le thème «Financement et efficacité de l'aide humanitaire».
Dans le cadre de cette réunion-débat, animée par Mme Carolyn McAskie, Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, le Directeur aux droits de l'homme, à l'assistance humanitaire, à la bonne gouvernance et à la consolidation de la paix au Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Jan Berteling, a notamment rendu compte de diverses études menées afin d'étudier le comportement des donateurs et dont il ressort que ceux-ci ont tendance à privilégier les organisations non gouvernementales au détriment de l'ONU. Il a souligné que les décisions des donateurs ne sont pas toujours motivées par les besoins mais plutôt par des considérations de politique nationale ou internationale.
Le Chef de la section des affaires humanitaires au Département de la coopération internationale du Ministère des affaires étrangères de la Suède, M. Magnus Lennartsson, a notamment souligné que les dix premiers donateurs du Comité d'aide au développement contribuent à hauteur de 90% du total de l'aide humanitaire et a expliqué que le système humanitaire est donc tributaire des décisions prises dans un nombre restreint de pays, ce qui nuit à la prévisibilité en matière de financement. Aucune instance n'existe pour coordonner les allocations bilatérales en réponse aux crises, a-t-il déploré.
M. Jean-Jacques Graisse, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a expliqué qu'il serait utile de ne pas attendre de se trouver en situation d'extrême urgence pour faire appel aux institutions humanitaires. Il faut institutionnaliser la planification d'urgence, a-t-il recommandé. Pour ce faire, il est indispensable de disposer de meilleures évaluations des situations et des besoins des pays, a-t-il rappelé.
M. Simon Mechale, Commissaire à la Commission éthiopienne de la prévention des catastrophes et de la planification préalable, a notamment indiqué qu'un appel conjoint des Nations Unies et du Gouvernement éthiopien a été inauguré, qui est mieux accueilli par les donateurs que les appels qui étaient jusqu'ici lancés séparément par l'ONU et par le Gouvernement.
Le Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés, M. Kamel Morjane, a pour sa part annoncé que le HCR lancerait la semaine prochaine un appel en faveur de l'Afrique. Il a ensuite rappelé la double mission du Haut Commissariat pour les réfugiés qui intervient dans les situations d'urgence et recherche des solutions durables pour les réfugiés, ce qui suppose une transition de l'urgence vers le développement.
Les représentants des pays suivants ont ensuite pris part à l'échanges de vue qui a suivi les présentations liminaires : Pakistan, Danemark, Jamaïque, Kenya, Inde, Éthiopie, Etats-Unis et Népal. Nombre d'entre eux ont déploré la tendance des donateurs à privilégier des considérations politiques plutôt que les besoins humanitaires réels pour décider de l'affectation de l'aide humanitaire.
Le Conseil tiendra lundi matin, à 10 heures, dans le cadre de son débat consacré aux affaires humanitaires, une réunion-débat sur le «passage de la phase des secours à celle de l'aide au développement».
Adoption de textes au titre des activités opérationnelles
Le Conseil économique et social a pris note de plusieurs documents qui lui étaient soumis au titre des activités opérationnelles.
S'agissant de la suite donnée aux recommandations de politique générale de l'Assemblée générale et du Conseil, le Conseil a pris note des documents suivants: note du Secrétaire général transmettant le rapport du Corps commun d'inspection sur les projets de coopération technique liés à l'eau (A/57/497); commentaires du Secrétaire général et du Conseil des chefs exécutifs des Nations Unies sur le rapport du Corps commun d'inspection concernant les projets de coopération technique liés à l'eau (A/57/497/add.1); rapport du Secrétaire général présentant des informations statistiques détaillées sur les activités opérationnelles de développement pour 2001 (E/2003/57).
En ce qui concerne les rapports des conseils du PNUD/FNUAP, de l'UNICEF et du PAM, le Conseil a pris note des rapports annuels de l'Administrateur du PNUD et du Directeur exécutif du FNUAP (E/2003/13), du rapport annuel du Directeur exécutif du PAM (E/2003/14), du rapport du Conseil d'administration de l'UNICEF sur sa première session ordinaire de 2003 (E/2003/34 - partie I), du rapport annuel de la Directrice exécutive de l'UNICEF (E/2003/48), du rapport du Conseil d'administration du PAM sur ses première, deuxième et troisième sessions ordinaires et sur sa session annuelle de 2002 (E/2003/36), du rapport du Conseil d'administration du PNUD et du FNUAP sur sa deuxième session ordinaire de 2002 (DP/2003/1), du rapport du Conseil d'administration du PNUD et du FNUAP sur sa première session ordinaire de 2003 (DP/2003/9), du rapport de l'Administrateur du PNUD sur le renforcement des consultations avec les États membres s'agissant du Rapport sur le développement humain, conformément à la résolution 57/264 de l'Assemblée générale (DP/2003/17), ainsi que des décisions du Conseil d'administration de l'UNICEF sur sa session annuelle de 2003 (E/2003/L.8).
S'agissant de la coopération économique et technique entre pays en développement, le Conseil a pris note du rapport du Comité de haut niveau sur l'examen de la coopération technique entre pays en développement (TCDC/13/4).
Le Conseil a par ailleurs adopté, également au titre des activités opérationnelles, une résolution sur le Fonds de solidarité mondial (E/2003/L.21, à paraître en français) par laquelle il approuve la décision du Sommet mondial sur le développement durable d'établir le Fonds de solidarité mondial afin d'éradiquer la pauvreté et de promouvoir le développement social et humain dans les pays en développement, tout en soulignant la nature volontaire des contributions et la nécessité d'éviter tout double emploi avec les fonds déjà existants des Nations Unies. Il reconnaît la contribution importante que le Fonds pourrait apporter à la réalisation des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du millénaire et prend note de la création en février 2003 du Fonds en tant que fonds de contributions du PNUD. Il encourage les États membres, les organisations internationales, le secteur privé, ainsi que les institutions, fondations et particuliers intéressés à fournir des contributions au Fonds.
Le Conseil prie l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de prendre de nouvelles mesures pour assurer l'entrée en activité de ce Fonds en constituant, sans délai, le Comité de haut niveau chargé de définir la stratégie du Fonds et de mobiliser les ressources financières qui lui permettront de commencer à intervenir pour lutter contre la pauvreté. Le Conseil prie aussi l'Administrateur du PNUD et invite les États membres intéressés à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire largement connaître l'existence du Fonds et attirer sur lui l'attention des secteurs public et privé comme de la société civile. Le Conseil invite les pays en développement à recenser les projets à présenter en vue de leur financement par le Fonds et prie le PNUD de coopérer à cet égard avec les autorités nationales. Il prie le Secrétaire général de demander à l'Administrateur du PNUD de lui présenter, à sa session de fond de 2004, un rapport d'étape sur la mise en service du Fonds.
Déclarations liminaires à la réunion-débat sur le financement et l'efficacité de l'aide humanitaire
MME CAROLYN McASKIE, Coordonnateur adjoint pour les secours d'urgence au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a tout d'abord relaté ce qu'elle a pu voir lors de son dernier séjour en Afrique et a demandé aux délégations de garder à l'esprit que l'aide humanitaire était destinée à atténuer les souffrances et les craintes de personnes bien réelles et non seulement des victimes. Au-delà des scènes d'horreur, elle a appelé l'attention sur les situations oubliées et les millions de personnes auxquelles le personnel humanitaire n'a pas accès. Avant d'aborder la question du financement proprement dit, elle a souligné l'importance de parvenir à dégager une vision commune des besoins et des actions nécessaires pour y subvenir. Elle a enjoint les États à s'employer à réduire la compétition et la confusion qui sapent la cohérence des actions et à veiller à ce qu'il n'y ait plus, à l'avenir, d'urgences oubliées, notamment en Afrique, chroniquement négligée par le reste du monde.
M. JAN BERTELING, Directeur aux droits de l'homme, à l'assistance humanitaire, à la bonne gouvernance et à la consolidation de la paix, du Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a posé la question de savoir si la communauté internationale répondait effectivement aux besoins fondamentaux des personnes confrontées à des situations d'urgence. Cette question en appelle une autre : il s'agit de savoir notamment si nous connaissons précisément ces besoins et si nous parvenons à mobiliser une aide efficace, dotée de ressources suffisantes. Il a également rendu compte de diverses études sur le comportement des donateurs, qui semblent privilégier les organisations non gouvernementales au détriment de l'ONU. Il semblerait en effet que les comportements des donateurs ne forment pas un tout cohérent et engendre un système qui n'a pas la capacité de répondre aux besoins. En outre, M. Berteling a observé que les décisions des donateurs n'étaient pas toujours motivées par les besoins, mais par des considérations de politique nationale ou internationale.
S'agissant du rôle et du comportement des donateurs, M. Berteling s'est félicité de la réunion sur les bonnes pratiques en matière d'aide qui s'est tenue à Stockholm en juin dernier. Il a ensuite mis l'accent sur les appels consolidés qui se révèlent un mécanisme utile, notamment du point de vue des donateurs qui préfèrent répondre à un seul appel et non à une vingtaine d'appels séparés, et qui préfèrent aussi engager leurs fonds pour appuyer une stratégie intégrée et coordonnée. Il a pris l'exemple de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires en Angola pour expliquer que le coût de la coordination permet au final de réaliser des économies, car les besoins sont mieux évalués, la distribution de l'aide mieux coordonnée en fonction de priorités bien établies, ce qui garantit une allocation plus efficace des fonds. Au vu de ces considérations, M. Berteling a estimé qu'il fallait ainsi renforcer le processus des appels conjoints et s'est fait l'avocat d'une plus grande participation des donateurs. Par exemple, le processus d'appels conjoints devrait être financé en tant que tel, ce qui permettrait notamment de renforcer le rôle du coordonnateur-résident.
M. Berteling a souligné la nécessité d'établir un meilleur financement de l'aide humanitaire et réaffirmé que, malgré la récession, les Pays-Bas resteraient parmi les grands donateurs d'aide humanitaire. Il a insisté dans ces conditions sur le fait qu'il fallait s'employer à réorganiser le financement pour qu'il soit plus efficace. En dernier lieu, il s'est inquiété de la manière dont la politique oriente les choix humanitaires et a estimé que la communauté des donateurs ne pouvait pas faire l'économie de la réflexion sur cette question alors que l'on observe que l'octroi de l'aide n'est pas fondé sur les besoins.
M. Magnus Lennartsson, Chef de la section des affaires humanitaires au Département de la coopération internationale du Ministère des affaires étrangères de la Suède, a affirmé que l'on comprend désormais mieux quel est le volume des ressources de l'aide humanitaire : qui en bénéficie, qui les alimente et à quoi elles servent. Les résultats de certaines études sur ces questions sont néanmoins affligeants comme en témoignent ceux qui soulignent l'inadéquation entre les décisions de financement qui sont prises et les besoins humanitaires. M. Lennartsson a par ailleurs encouragé les nouveaux donateurs humanitaires émergents qui ne font pas partie du Comité d'aide au développement à examiner les principes humanitaires entérinés par les quinze principaux donateurs du Comité d'aide au développement lors de leur réunion à Stockholm le mois dernier.
Personne ne sait avec exactitude dans quelle mesure les besoins fondamentaux des personnes nécessitant une aide humanitaire sont satisfaits, a souligné M. Lennartsson. L'aide humanitaire repose essentiellement sur des contributions volontaires, a-t-il rappelé. Il a en outre souligné que les dix premiers donateurs du Comité d'aide au développement contribuent à hauteur de 90% du total de l'aide humanitaire et a expliqué que le système humanitaire est donc tributaire des décisions prises dans un nombre restreint de pays, ce qui nuit à la prévisibilité en matière de financement. Aucune instance n'existe pour coordonner les allocations bilatérales en réponse aux crises, a-t-il déploré.
Selon M. Lennartsson, l'ordre du jour du financement de l'aide humanitaire devrait se concentrer sur la promotion d'une prévisibilité accrue en matière de financement; sur les mesures permettant d'accroître la rapidité avec laquelle les donateurs apportent des ressources essentielles en période d'urgence; sur la flexibilité en matière d'allocation des ressources disponibles; sur la transparence s'agissant de la manière dont les ressources sont utilisées; sur l'équité (qui reste un objectif à atteindre tant il est vrai que les organisations humanitaires ont dépensé en 2001 quatre vingt fois plus pour les Balkans que pour la Corne de l'Afrique); sur l'adéquation entre l'aide et les besoins; sur le partage du fardeau (en élargissant la base des donateurs), ainsi que sur l'obligation redditionnelle (qui incombe tant aux donateurs qu'aux bénéficiaires de l'aide et aux institutions chargées de mettre en œuvre l'assistance).
M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a mis l'accent sur la préparation et la planification d'urgence pour lesquelles les institutions manquent de ressources, qui sont consacrées aux crises existantes. Il a expliqué qu'il serait utile de ne pas attendre l'extrême urgence pour faire appel aux institutions humanitaires. Il faut institutionnaliser la planification d'urgence, a-t-il recommandé. Pour ce faire, il est indispensable de disposer de meilleures évaluations des situations et des besoins des pays, a-t-il rappelé. En outre, si l'on veut que l'aide parvienne en temps opportun aux populations concernées, il faut d'une part tenir compte du temps qu'il faut pour rassembler l'aide alimentaire et, d'autre part, pour l'acheminer, a-t-il souligné. À cet égard, il a pris l'exemple de la crise humanitaire en Iraq et s'est félicité que le PAM ait effectué une bonne planification des besoins en vivres et qu'il ait dès lors été possible de se concentrer sur l'urgence provenant de la pénurie d'eau et de médicaments. Il a ensuite appelé l'attention des donateurs sur les crises oubliées et a dénoncé la lassitude des donateurs qui pèse principalement sur les réfugiés et les personnes déplacées.
M. Graisse a ensuite abordé la question des nouveaux donateurs qui devront s'appuyer sur les réseaux existants, car ils disposent rarement des moyens nécessaires pour acheminer l'aide alimentaire qu'ils peuvent fournir. Parmi ces nouveaux donateurs, M. Graisse a notamment cité la Fédération de Russie.
M. Simon Mechale, Commissaire à la Commission de la prévention des catastrophes et de la planification préalable de l'Éthiopie, a fait observer que les niveaux du financement dépendent généralement de la confiance qu'ont les donateurs à l'égard de l'évaluation des besoins. La qualité de cette évaluation est donc capitale. Comme chacun sait, le financement de l'aide humanitaire est assuré par des donateurs tant publics que privés. Mais il convient d'établir une distinction entre les contributions en espèces et celles en nature, a-t-il poursuivi, avant de préciser que ces deux types d'aide peuvent s'avérer tout aussi utiles l'une que l'autre selon la situation à laquelle on est confronté. Il a rappelé que les contributions en nature peuvent prendre la forme d'une aide alimentaire ou non alimentaire (matériel pour les abris, comme les tentes par exemple). M. Mechale a mis l'accent sur l'importance qu'il y a à assurer la transparence en ce qui concerne la manière dont sont affectées les ressources financières ou autres.
Abordant la situation dans son pays, M. Mechale a souligné qu'un appel conjoint de l'ONU et du Gouvernement éthiopien a été inauguré qui est mieux accueilli par les donateurs que les appels qui étaient jusqu'ici lancés séparément par l'ONU et par le gouvernement. Il a par ailleurs souligné que, sans prévisibilité des ressources, il est difficile d'impliquer les communautés concernées dans la mise en œuvre des programmes les concernant. Outre le déficit en eau de pluie, l'Éthiopie est confrontée à des problèmes institutionnels chroniques qui ne pourront être réglés que par une approche du développement à long terme. Il convient donc de promouvoir une approche globale et intégrée si l'on veut que le pays passe d'une phase de secours à celle du développement. Le problème est en effet davantage un problème de pauvreté qu'un problème de déficit en eau de pluie, a insisté M. Mechale.
M. KAMEL MORJANE, Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés, a indiqué que le Haut Commissariat lancerait la semaine prochaine un appel en faveur de l'Afrique. Il a ensuite rappelé la double mission du Haut Commissariat pour les réfugiés qui intervient dans les situations d'urgence et recherche des solutions durables pour les réfugiés, ce qui suppose une transition de l'urgence vers le développement. Ainsi, l'intervention du Haut Commissariat est par nature globale et se situe dans une perspective de reconstruction et de consolidation de la paix, a-t-il précisé. Les programmes mis en œuvre par le HCR doivent prévoir le développement et les donateurs doivent pour leur part aider le HCR à combler le fossé entre les programmes d'urgence à court terme et les programmes de développement à long terme, a-t-il déclaré. Il a ensuite envisagé divers moyens de capitaliser sur la réponse de la communauté internationale face à une situation donnée. Il importe donc d'assurer une plus grande cohérence entre tous les acteurs, ce qui suppose l'établissement de partenariats entre les donateurs, les institutions du système de l'ONU, les institutions intergouvernementales, les organisations non gouvernementales, les gouvernements et tous les secteurs concernés des pays touchés. Il a insisté sur le fait qu'un financement «intelligent» permettrait aux donateurs d'appuyer des programmes à plus long terme et d'assurer la complémentarité de l'aide multilatérale et bilatérale. Il convient aussi de dresser un bilan complet de la situation, ce qui permettra d'évaluer plus précisément les besoins et les poches oubliées. M. Morjane a insisté sur la nécessité de ne plus se contenter d'envisager l'aide humanitaire sur le principe de la charité mais sur celui d'un investissement pour le développement. Pour ce faire, les donateurs doivent se montrer plus souples et le système des Nations Unies doit s'employer à faciliter la transition entre l'assistance d'urgence et l'aide à long terme, a-t-il recommandé.
Le Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés s'est par ailleurs félicité de la tenue à Stockholm en juin dernier d'une réunion sur les bonnes pratiques des donateurs et a fait part de la volonté du HCR de contribuer aux travaux du Comité chargé de la mise en œuvre. Il a expliqué que le Haut Commissariat prenait une part active aux travaux du Groupe de travail conjoint du Groupe des Nations Unies pour le développement et du Bureau de la coordination des affaires humanitaires sur la transition de l'urgence au développement. À cet égard, il a fait savoir que les résultats de la mise en œuvre de la stratégie du HCR en Sierra Leone, en Érythrée, en Afghanistan et au Sri Lanka, seraient communiqués au Groupe de travail, présidé par Mme Carol Bellamy. S'agissant de la mise en œuvre de la stratégie dite «Convention plus» dont l'objectif est d'assurer un meilleur partage des charges et de trouver des solutions durables, il a expliqué qu'il fallait, pour que cette stratégie porte ses fruits, examiner les questions relatives aux réfugiés dans un cadre plus large que celui de l'aide d'urgence. En dernier lieu, il a déclaré que le Haut Commissariat poursuivrait ses efforts en vue d'élargir la base de ses donateurs et s'est félicité des contributions reçues en 2003 de la part de la Fédération de Russie, du Koweït et du Botswana.
Aperçu de l'échange de vues
Le représentant du Pakistan a relevé que les donateurs semblent être de plus en plus réticents à fournir une assistance dans le cadre d'une crise humanitaire. Il semble que les problèmes d'évaluation des besoins et de coordination expliquent en partie l'absence de volonté politique à cet égard. Mais en Iraq, par exemple, les donateurs ont rapidement trouvé un intérêt à répondre aux besoins humanitaires dans ce pays et des milliards de dollars ont immédiatement été débloqués, a fait observer le représentant pakistanais. Il semble que les donateurs dépensent plus facilement pour l'armement que pour l'aide humanitaire, a-t-il ajouté. Il a évoqué le risque d'un effondrement du système de réponse humanitaire. Pour améliorer la situation, il faut que se manifestent des signes de volonté politique, a insisté le représentant pakistanais.
Le représentant du Danemark a répondu à l'affirmation du Pakistan selon laquelle les donateurs semblent privilégier les dépenses en armement au détriment de l'aide humanitaire, en soulignant que le Danemark ne va pas aussi loin que le Pakistan dans ce domaine. Le représentant danois a par ailleurs regretté que l'accent n'ait pas suffisamment été mis jusqu'ici sur une évaluation systématique des besoins afin d'assurer que les fonds soient répartis de manière plus équitable.
Le représentant de la Jamaïque a lui aussi déploré que des considérations politiques plus que la simple analyse des besoins président à l'allocation des ressources disponibles pour l'aide humanitaire et s'est donc interrogé sur les initiatives qui pourraient être prises pour corriger cette tendance.
Le représentant du Kenya a fait observer que l'Éthiopie est pionnière pour ce qui est de la promotion de programmes «aliments contre travail» et s'est interrogé sur l'efficacité de ces programmes.
Le représentant de l'Inde a lui aussi déploré la tendance des donateurs au favoritisme humanitaire. Ne conviendrait-il pas à cet égard de libérer l'aide humanitaire de l'influence de certaines ONG, s'est-il demandé?
M. MECHALE a mis l'accent sur le défi que constitue pour son pays, l'Éthiopie, l'augmentation de la productivité des petites exploitations. On ne saurait en effet demander aux agriculteurs de vendre leurs terres, dans le cadre de la réforme agraire, sans relever le défi d'accroître la productivité, a-t-il souligné. Abordant la question de l'équité et du favoritisme maintes fois évoquée au cours de cette discussion s'agissant de la manière dont est répartie l'aide humanitaire à travers le monde, M. GRAISSE a pour sa part assuré que le PAM fournit le même régime alimentaire à toutes les personnes auxquelles il vient en aide, quel que soit le pays dans lequel elles se trouvent. Les vivres ne doivent pas être utilisées en vertu de considérations politiques, a-t-il souligné.
M. LENNARTSSON a souligné que l'aide humanitaire représente désormais le double de ce qu'elle était il y a quelques années. Ainsi, contrairement à l'aide publique au développement, l'aide humanitaire augmente. En ce qui concerne la question de l'équité en matière de répartition de l'aide humanitaire, il est vrai que certaines études ont montré que les principes et les besoins ne sont pas le principal moteur des décisions des donateurs. Une évaluation correcte des besoins n'en reste pas pour le moins primordiale, a souligné M. Lennartsson.
M. BERTELING a souligné que les besoins humanitaires augmentent et qu'une meilleure évaluation de ces besoins s'avère nécessaire. Pays donateurs et bénéficiaires devraient conjuguer leurs efforts pour assurer une plus grande transparence afin que chacun sache exactement ce qui se fait en matière d'assistance humanitaire, a-t-il souligné.
Le représentant de l'Éthiopie a complété la réponse faite à la question du Danemark concernant l'utilisation de l'aide par les bénéficiaires en expliquant le régime de propriété de la terre en Éthiopie. Il a assuré que son gouvernement s'employait pour sa part à augmenter la productivité agricole, mais a rappelé que l'Éthiopie avait néanmoins besoin de l'aide des donateurs.
La représentante des États-Unis a reconnu qu'il était difficile d'organiser l'aide humanitaire et souligné qu'il ne fallait pas trop attendre du processus d'appel consolidé. Il importe que les donateurs conservent une certaine souplesse dans leur réponse aux situations d'urgence, a-t-elle estimé. Par ailleurs, elle a insisté sur l'importance de renforcer le dialogue entre les donateurs et les bénéficiaires de l'aide, qui doivent impérativement mieux se comprendre.
Le représentant du Népal a demandé au Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés de préciser l'initiative «Convention plus». M. MORJANE a expliqué que cette initiative avait pour objectif de renforcer la crédibilité du Haut Commissariat pour les réfugiés auprès des donateurs. Il a insisté sur les programmes du HCR dans la recherche de solutions durables aux divers problèmes de réfugiés, et notamment sur les programmes de réinstallation.
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