ECOSOC/6063

LES DELEGATIONS APPELLENT L'ATTENTION SUR LA TRANSITION DE L'URGENCE AU DEVELOPPEMENT, ELEMENT CLE DE LA PREVENTION

11/07/03
Communiqué de presse
ECOSOC/6063


Conseil économique et social


LES DELEGATIONS APPELLENT L'ATTENTION SUR LA TRANSITION DE L'URGENCE AU DEVELOPPEMENT, ELEMENT CLE DE LA PREVENTION


Le Conseil adopte une résolution et une décision au titre

des activités opérationnelles du système de l'ONU pour le développement


GENEVE, 11 juillet -- Le débat général du Conseil économique et social sur l'assistance humanitaire a été ouvert ce matin par Mme Carolyn McAskie, Coordonnatrice adjointe pour les secours d'urgence au Bureau de la coordination de l'assistance humanitaire, et M. Armando Duque González du Corps commun d'inspection, qui a abordé les enseignements à tirer de l'expérience des Nations Unies au Timor oriental.  Dans ses remarques liminaires, le Vice-Président de l'ECOSOC, M. Valery P. Kunchinsky (Ukraine) a espéré que ce segment sur l'assistance humanitaire répondrait à toutes les attentes des délégations, concernant le financement de l'aide humanitaire, la transition de l'urgence au développement, et les conséquences du VIH/sida et autres maladies transmissibles dans les crises humanitaires.


Certaines délégations, dont le Maroc au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont lancé un appel pour combler le fossé qui existe en termes de ressources disponibles pour l'aide d'urgence et le développement.  En effet, seul le développement et le renforcement des capacités locales permettront de réduire la vulnérabilité des pays aux catastrophes naturelles et de les empêcher de retomber dans des situations de conflit, a-t-il été souligné.  À ce titre, des délégations, dont l'Italie au nom de l'Union européenne, se sont félicitées de la création d'un Groupe de travail conjoint sur la question de transition entre l'urgence et le développement, présidé par Mme Carol Bellamy et dont les recommandations seront transmises au Conseil au cours de cette session.

Le représentant de la Suisse a fait valoir que les activités de prévention et de préparation aux situations d'urgence doivent être pleinement intégrées et placées en tête des priorités d'action dans la phase de transition.  En effet, il ne s'agit plus de réfléchir en termes de charité, mais de développement, a pour sa part insisté le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui a annoncé la publication du rapport mondial sur les catastrophes pour le 17 juillet 2003. 


Certaines délégations ont en outre dénoncé l'inégalité des réponses des donateurs en fonction de la couverture médiatique des événements ou des intérêts géostratégiques.  La représentante du Canada a observé que l'appel éclair des Nations Unies pour les besoins humanitaires en Iraq était dix fois plus important que celui lancé pour la République démocratique du Congo et que 90% des besoins annoncés en Iraq ont été couverts par les donateurs alors qu'ils n'ont répondu qu'à 20% des besoins exprimés dans le cas de la République démocratique du Congo.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Japon, Australie, Fédération de Russie, États-Unis, Chine, Pakistan, Inde, République de Corée, Ukraine et Azerbaïdjan.  Un représentant de l'Organisation internationale pour les migrations a également fait une déclaration.


Avant d'entamer sa discussion générale sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, le Conseil économique et social a adopté, ce matin, une décision par laquelle il prend note des projets de décision adoptés par le Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour le développement et du Fonds des Nations Unies pour la population.


Le Conseil a en outre adopté une résolution, adoptée sans vote, par laquelle il demande à tous les pays donateurs et pays qui sont en mesure de le faire d'accroître notablement leurs contributions aux budgets de base ou ordinaires des organismes du système des Nations Unies pour le développement.  Il demande à tous les organismes du système des Nations Unies de déployer davantage d'efforts pour promouvoir le développement des capacités nationales d'évaluation et recommande que tous les organismes du système de l'ONU pour le développement considèrent les enseignements tirés et leur diffusion comme une composante nécessaire de leurs activités et identifient qui est responsable, au Siège et au niveau des pays, du suivi de l'efficacité du processus d'apprentissage à partir de ces enseignements.  Ce texte présente en outre des lignes directrices pour le prochain examen triennal d'ensemble de 2004.


Le Conseil poursuivra, cet après-midi, à partir de 15 heures, l'examen des questions humanitaires en tenant une réunion-débat sur le thème du financement et de l'efficacité de l'aide humanitaire à laquelle participeront, entre autres, le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial et le Haut Commissaire adjoint pour les réfugiés.


Résolution sur les progrès réalisés dans la réforme du système des Nations Unies pour le développement


Le Conseil a adopté sa résolution sur les progrès réalisés en matière de mise en œuvre de la résolution 56/201 de l'Assemblée générale sur l'examen de la politique triennale des activités opérationnelles pour le développement du système des Nations Unies (E/2003/L.20) dans laquelle il prend note, entre autres, des progrès réalisés dans la réforme du système des Nations Unies pour le développement et engage à poursuivre cette réforme.  Le Conseil réaffirme que les ressources ordinaires ou de base constituent le socle des activités opérationnelles des Nations Unies et sont essentielles au maintien du caractère multilatéral, neutre et universel du système des Nations Unies pour le développement.  Notant avec regret qu'il n'y a pas eu d'augmentation notable des ressources de base destinées aux activités opérationnelles de développement, le Conseil constate que le renforcement du rôle du système des Nations Unies pour le développement et de sa capacité à aider les pays à atteindre leurs objectifs de développement exige une amélioration continue de son efficacité, de sa productivité, de sa cohérence et de son impact, parallèlement à une augmentation et un élargissement notable de sa base de ressources de manière continue, plus prévisible et sûre.  Le Conseil invite tous les fonds et programmes des Nations Unies, ainsi que les institutions spécialisées, à étudier de nouvelles possibilités de renforcer leur base de ressources, y compris, le cas échéant, en utilisant les cadres de financement pluriannuels.  Il demande à tous les pays donateurs et pays qui sont en mesure de le faire d'accroître notablement leurs contributions aux budgets de base ou ordinaires des organismes du système des Nations Unies pour le développement.  Le Conseil souligne en outre la nécessité d'étudier plus avant d'autres sources de financement qui pourraient compléter mais ne devraient pas remplacer les sources classiques.


Le Conseil réaffirme en outre la nécessité que tous les organismes du système des Nations Unies pour le développement fassent du renforcement des capacités l'un de leurs principaux objectifs, dans le cadre de leurs mandats respectifs.  Le Conseil demande en outre aux organismes du système des Nations Unies pour le développement et à leurs structures à l'échelon des pays de poursuivre leurs efforts en vue d'améliorer la qualité du bilan commun de pays et de renforcer les effets opérationnels du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement (UNDAF).  Il prie les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies de veiller à ce que leurs activités opérationnelles en faveur du développement soient adaptées et intégrées aux efforts et priorités nationaux de développement.  Le Conseil invite en outre les organismes des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods à étudier de nouveaux moyens de renforcer leur coopération, leur collaboration et leur coordination, notamment par une meilleure harmonisation de leurs cadres stratégiques, de leurs instruments, de leurs modalités et de leurs arrangements de partenariat, en pleine conformité avec les priorités des gouvernements bénéficiaires.  Le Conseil souligne par ailleurs qu'il importe de contrôler et d'évaluer les activités opérationnelles du système des Nations Unies en vue de renforcer leur efficacité et leur impact.  Il demande également que des efforts soient faits, à l'échelle du système des Nations Unies, y compris les institutions spécialisées, pour progresser dans tous les domaines de la simplification et de l'harmonisation des règles et procédures en vigueur sur le terrain.


Le Conseil réaffirme également la nécessité d'augmenter le nombre de femmes coordonnatrices-résidentes.  Il prie les organismes du système des Nations Unies de prendre les mesures voulues pour inclure plus efficacement la coopération technique entre pays en développement dans les programmes et projets de ces pays.  Le Conseil prie le Secrétaire général, dans la perspective de l'examen triennal d'ensemble de 2004, de centrer entre autres l'analyse sur les éléments suivants: bilan de l'assistance que le système des Nations Unies pour le développement apporte aux pays en développement pour soutenir leurs efforts axés sur la lutte contre la pauvreté, la croissance économique et le développement durable; intégration des activités opérationnelles du système des Nations Unies pour le développement aux efforts et priorités des pays; définition de mesures propres à améliorer la cohérence et l'efficacité du système des Nations Unies au niveau des pays; harmonisation et simplification des procédures, identification de nouveaux domaines pouvant être inscrits à l'ordre du jour pour 2004-2007; définition des moyens d'améliorer le renforcement des capacités afin d'aider les pays en développement dans leurs efforts axés sur la lutte contre la pauvreté et sur la croissance économique et le développement durable; degré d'adéquation du financement de l'action des Nations Unies en faveur du développement, compte tenu des défis que les objectifs de développement convenus sur le plan international représentent pour les pays en développement et la communauté internationale; degré d'adéquation des ressources humaines et des qualifications nécessaires disponibles dans le cadre du système des Nations Unies au niveau des pays pour soutenir les efforts et priorités de ces derniers.


Adoption d'une décision au titre des activités opérationnelles


Le Conseil a adopté une décision sur le Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) (E/2003/L.13) par laquelle il prend note des décisions adoptées par le Conseil d'administration du PNUD et du FNUAP pour la population à sa session annuelle de 2003 et recommande à l'Assemblée générale que, suivant la proposition formulée dans le document DP/FPA/2003/5, l'autorité officielle dans les questions relatives au personnel du FNUAP soit déléguée à la Directrice exécutive du Fonds par le Secrétaire général.


Débat consacré aux affaires humanitaires


MME CAROLYN McASKIE, Coordonnatrice adjointe pour les secours d'urgence du Bureau de la coordination de l'aide humanitaire (OCHA), s'est félicitée de l'occasion fournie par ce débat sur les questions humanitaires, qui permet d'entendre les préoccupations des délégations et d'aborder les défis à relever pour renforcer la coordination de l'aide humanitaire d'urgence.  Il s'agit donc de travailler ensemble dans ce sens, notamment en renforçant les mécanismes existants et en veillant à ce que l'aide humanitaire parvienne à ceux qui en ont besoin.  Elle a également abordé la question de la sécurité du personnel humanitaire et a indiqué à cet égard que le Bureau de coordination ne parvenait plus à joindre son personnel sur le terrain au Libéria.


En ce qui concerne le renforcement général de la coordination, Mme McAskie a mis l'accent sur la capacité de la communauté internationale pour organiser un secours coordonné et s'est félicitée de la création d'un organe consultatif dans ce domaine.  Elle a expliqué que le Groupe consultatif pour la coordination de l'aide humanitaire était déjà à l'œuvre et que ce processus permettrait d'obtenir une évaluation thématique de l'intervention en cas de catastrophe.  Par ailleurs, elle a rendu compte du lancement d'un processus d'examen des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. 


Abordant la question de la pandémie du VIH/sida qui est la plus grande catastrophe humanitaire actuelle, Mme McAskie a rappelé qu'un taux de prévalence élevé sape les capacités de réaction des populations et aggrave les conséquences des catastrophes.  Elle a par ailleurs souligné la vulnérabilité particulière des femmes à cette pandémie.  Elle a estimé qu'il importait d'agir en vue de prévenir cette vulnérabilité.  Dans ce cadre, elle a expliqué qu'OCHA travaillait en meilleure coopération avec ses partenaires gouvernementaux et régionaux.  Toutefois, elle a regretté que l'objectif d'établir une protection renforcée des femmes et des jeunes filles n'a pas été atteint et a demandé aux États de se mobiliser dans ce sens.  Mme McAskie s'est félicitée de l'aide-mémoire adopté en 2002 pour la protection des civils et a souhaité que son application soit étendue à toutes les situations d'urgence.  Elle a rendu compte des efforts consentis au Siège afin d'élaborer une feuille de route sur la protection des civils et diffuser ces principes de protection dans les États.  Elle a reconnu que beaucoup restait à faire pour imposer une «culture de la protection».  À cet égard, elle a remercié les États de l'appui qu'ils ont apporté à l'unité pour la protection des personnes déplacées.


En ce qui concerne la transition des secours en aide au développement, Mme McAskie a souligné l'importance de la reconstruction, seule capable d'empêcher les pays de retomber dans des situations de violence.  Pour remédier à cette situation, l'aide humanitaire doit être organisée de sorte à ne pas grever les efforts de développement à long terme.  Il est d'une importance capitale d'élaborer une stratégie cohérente et coordonnée, a-t-elle insisté.  À cet égard, elle a loué l'action du Comité permanent interinstitutions qui reste l'instance la plus appropriée pour renforcer la coordination des actions du système de l'ONU et son adéquation avec les priorités des pays concernés.


M. ARMANDO DUQUE GONZÁLEZ, Inspecteur au Corps commun d'inspection, a présenté le rapport du Corps commun d'inspection intitulé «évaluation de la réaction du système des Nations Unies au Timor oriental : coordination et efficacité» (E/2003/80, complété par un additif contenant une note du Secrétaire général qui transmet ses observations et celles du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination sur les recommandations du Corps commun d'inspection) en soulignant que ce rapport reconnaît et salue la contribution des organisations du système des Nations Unies à la stabilité, à la reconstruction et aux efforts de développement au Timor oriental à partir du début du mois de septembre 1999 jusqu'à l'indépendance du pays le 20 mai 2002. 


M. Duque González a relevé que nombre de questions abordées dans ce rapport -en particulier la préparation aux situations d'urgence, la transition de la phase de secours d'urgence vers l'aide au développement, ainsi que le financement de l'aide humanitaire- font l'objet d'un examen attentif de la part du Conseil économique et social.  L'Inspecteur a par ailleurs souligné que le rapport demande que les organismes du système des Nations Unies déploient des efforts davantage coordonnés et intégrés afin de réformer et d'améliorer leurs capacités de réponse d'urgence, dans le cadre du Comité permanent inter-institutions.  Il a pris note de l'information contenue dans le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'ONU selon laquelle un Groupe de travail conjoint sur les questions de transition a été mis en place par le Conseil exécutif des affaires humanitaires et le Groupe des Nations Unies sur le développement afin d'améliorer la cohérence de la réponse des Nations Unies dans un contexte de transition (de la phase de secours vers la phase d'aide au développement).


M. Duque González a par ailleurs affirmé qu'en ce qui concerne les mécanismes de mobilisation des ressources afin de répondre à une transition après-conflit, le mécanisme appliqué au Timor oriental, en particulier le Fonds de contributions pour le Timor oriental administré par la Banque mondiale, s'est avéré décevant pour les institutions, fonds et programmes des Nations Unies dans la mesure où presque aucun d'entre eux n'a reçu de financement de ce Fonds.  M. Duque González a par ailleurs souligné que selon le rapport du Corps commun d'inspection qu'il présente ici, il existe un lien entre les capacités de réponse d'une organisation à une situation d'urgence et la réponse des donateurs aux exigences de financement exposées dans le processus d'appel consolidé.  Le Conseil voudra peut-être prendre note du rapport du Corps commun d'inspection et inviter le Secrétaire général et les organisations concernées du système des Nations Unies à poursuivre leurs efforts visant à remédier aux faiblesses identifiées dans ce rapport.


Pour l'examen des questions humanitaires, le Conseil est également saisi d'un rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies (E/2003/85), qui porte en particulier sur le financement et à l'efficacité de cette assistance ainsi qu'au passage de la phase de secours à celle de l'aide au développement.  Il souligne que durant l'année écoulée, des progrès ont été réalisés pour mettre fin à des conflits dans certains des pays du monde qui ont connu des situations d'urgence prolongées.  En dépit de cette évolution prometteuse, les conflits en Afrique de l'Ouest, par exemple, continuent de faire planer une menace sur l'ensemble de la région.  La protection des civils dans les conflits armés demeure une tâche redoutable, en particulier lorsque des agents humanitaires qui viennent en aide aux civils sont assassinés ou enlevés, poursuit le rapport.  Il précise qu'on a également pris davantage conscience des conséquences du VIH/sida dans le contexte des situations d'urgence humanitaire et, en particulier, de la vulnérabilité accrue causée par la maladie.  La situation en Iraq a suscité une attention accrue pour les questions liées au droit international humanitaire, ajoute le rapport.


Dans son rapport, le Secrétaire général avance que l'Assemblée générale et le Conseil économique et social souhaiteront peut-être engager les États membres à protéger les principes du droit international humanitaire et de la législation relative aux droits de l'homme dans le cadre de leurs interventions visant à lutter contre des menaces à la sécurité.  L'Assemblée générale et le Conseil souhaiteront peut-être aussi prier les États membres et les intervenants non étatiques de mettre fin au climat d'impunité en veillant à ce que les responsables d'attaques contre le personnel humanitaire soient traduits en justice dans les plus brefs délais.  S'agissant de la violence et de l'exploitation sexuelle, ils souhaiteront peut-être également encourager les pays donateurs à exiger que tous leurs partenaires d'exécution fassent figurer les principes de base (du droit international humanitaire) dans leurs codes de conduite avant de décaisser les fonds.  L'Assemblée générale et le Conseil souhaiteront peut-être en outre inciter les États membres à prendre conscience qu'une aide rapide, adaptée et suivie ainsi qu'une participation précoce aux activités de planification, un financement plus équitable de tous les secteurs, un appui accru aux activités de relèvement et, en particulier, le renforcement des capacités des pouvoirs locaux, sont essentiels pour gérer la transition après les conflits.  Ils souhaiteront par ailleurs peut-être engager les donateurs à établir un mode de financement stable, prévisible et viable pour répondre aux besoins humanitaires.


Débat général


M. LOTFI BOUCHAARA, (Maroc, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a rappelé l'attachement de son Groupe aux principes directeurs contenus dans l'annexe de la résolution 46/182 du 16 décembre 1991 qui doivent continuer de fonder les réponses apportées en cas de situation humanitaire d'urgence.  Il a souligné que la responsabilité primordiale de l'exécution de l'assistance humanitaire incombe à l'État touché, d'où l'importance de renforcer les capacités aux niveaux local et national.  Au vu de l'augmentation du nombre de catastrophes naturelles, il a jugé impératif de donner la priorité à la réduction des conditions de vulnérabilité à travers une approche globale fondée sur la coopération internationale.  Là encore, a-t-il fait valoir, il s'agit donc principalement d'œuvrer au renforcement des capacités aux niveaux local et national, au transfert de technologies appropriées et au développement de systèmes d'alerte permettant d'identifier et de prévenir les risques naturels.


M. Bouchaara a ensuite mis l'accent sur la question de la transition des secours à l'aide au développement.  Il a regretté que les ressources, souvent octroyées en abondance dans les situations d'urgence qui font l'objet d'une couverture médiatique, se fassent beaucoup plus rares lorsque les projecteurs se sont éteints et qu'il faut passer à la phase difficile de la reconstruction et du développement.  Il importe donc de combler ce fossé, faute de quoi la communauté internationale, en dépit des efforts consentis, ne fera qu'effleurer les problèmes sans les résoudre, a-t-il mis en garde.  Dans ce contexte, il a souligné que les besoins spécifiques des pays les moins avancés touchés par des conflits armés doivent être pris dûment en considération.


Par ailleurs, le représentant marocain a lancé un appel à la mobilisation internationale en faveur du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et la malaria.  S'agissant de la multiplication des acteurs humanitaires, notamment des organisations non gouvernementales, à laquelle on assiste depuis plusieurs années, il a estimé que cette situation posait de nouveaux défis concernant la coordination sur le terrain.  En effet, a-t-il poursuivi, la multiplication des acteurs peut conduire à des doubles emplois dans les actions entreprises.  En vue de renforcer la transparence et l'efficacité des Nations Unies, M. Bouchaara a réitéré l'appui du Groupe des 77 et de la Chine à la mise en place d'un système financier humanitaire à l'échelle mondiale qui devrait permettre de renforcer la coordination et la gestion de l'assistance humanitaire.  Enfin, il a réaffirmé que les contributions en matière d'assistance humanitaire ne doivent en aucune façon être octroyées au détriment des ressources allouées en faveur de la coopération internationale pour le développement.


M. PAOLO BRUNI (Italie), au nom de l'Union européenne ainsi que des pays candidats et associés et de l'Islande) a souligné que l'un des grands résultats de la résolution adoptée l'an dernier par le Conseil s'agissant du segment humanitaire (résolution 2002/32) a été de voir le Groupe des Nations Unies sur le développement et le Conseil exécutif de l'aide humanitaire mettre sur pied un Groupe de travail conjoint sur les questions de transition (de la phase de secours vers l'aide au développement).  En effet, l'Union européenne est d'avis que l'aide humanitaire doit être apportée de manière à soutenir le développement à long terme.  Relevant que l'attention de la communauté humanitaire s'est particulièrement concentrée sur l'Iraq, le représentant italien a souligné que l'Union européenne se réjouit en outre des efforts déployés par les Nations Unies – dont le rôle de chef de file en matière de fourniture d'assistance humanitaire est incontesté – afin de répondre à cette crise.  Plusieurs leçons peuvent être tirées de l'expérience en Iraq, en particulier s'agissant de l'importance de la planification pour répondre aux besoins et de l'importance de la préparation pour faire face à des exigences humanitaires majeures.  Une autre leçon peut être tirée de cette expérience iraquienne s'agissant de l'importance d'une coordination efficace au sein du système des Nations Unies et entre les Nations Unies et la puissance occupante.  D'autres leçons peuvent aussi être tirées s'agissant par exemple de la nécessité d'assurer une interaction appropriée entre les acteurs humanitaires et les militaires.


Le représentant de l'Union européenne a par ailleurs souligné que la mise en place de la Cour pénale internationale, qui est désormais pleinement opérationnelle, devrait entre autres contribuer à assurer que les responsables d'attaques intentionnelles contre le personnel humanitaire soient traduits en justice.  Il a en outre affirmé que les allégations d'abus sexuels et d'exploitation d'individus vulnérables par du personnel humanitaire sapent sérieusement la crédibilité de l'ensemble du système humanitaire.  À cet égard, l'Union européenne se réjouit que le Comité permanent inter-institutions des Nations Unies ait adopté en juillet 2002 un plan d'action définissant six principes de base faisant office de normes minimales de comportement qui devraient être respectés par les membres du personnel civil des Nations Unies.


Relevant que l'assistance humanitaire, en comparaison avec le début des années 1990, a plus que doublé ces dernières années, M. Bruni s'est réjoui que cette tendance témoigne d'un engagement croissant des donateurs à répondre aux crises émergeantes comme à celles qui s'inscrivent dans la durée.  Pour sa part, a-t-il rappelé, l'Union européenne contribue à hauteur de 47% au total de l'assistance humanitaire apportée à travers le monde.  L'Union européenne reconnaît que des mesures peuvent être prises pour améliorer la cohérence et l'efficacité de l'action menée au titre de cette assistance ainsi que pour améliorer l'obligation redditionnelle vis-à-vis des bénéficiaires.  Il n'en demeure pas moins que l'efficacité de l'aide humanitaire dépend aussi de la coordination interinstitutions.  Davantage pourrait en outre être fait en matière de contrôle et d'évaluation de cette aide, a poursuivi le représentant.  Il a par ailleurs rappelé que c'est aux pays affectés qu'incombe la responsabilité première en ce qui concerne les victimes des urgences humanitaires au sein de leurs frontières.  Pour être efficace, toute réponse humanitaire devrait être basée, dans toute la mesure du possible, sur l'implication totale et la participation des communautés affectées, a-t-il insisté.


M. EIJI YAMAMOTO (Japon) a insisté sur le fait que le renforcement de la sécurité humaine passe forcément par un renforcement de la solidarité mondiale et a souligné l'importance que le Japon accorde à ces questions.  Prenant l'exemple de la récente crise humanitaire en Iraq, il a réaffirmé l'importance de la préparation et du renforcement de la coordination, sous la direction du Bureau du coordinateur pour les affaires humanitaires.  Il a expliqué que sans une bonne préparation et des efforts concertés d'OCHA, la communauté internationale aurait été confrontée à une crise humanitaire plus grave en Iraq.  Espérant que cette expérience pourra être étendue à d'autres situations, il a rappelé qu'aucune institution spécialisée du système de l'ONU ne pourrait répondre seule à une crise humanitaire.


M. Yamamoto a ensuite abordé la question de la transition des secours d'urgence en phase de reconstruction et de développement et s'est félicité des efforts consentis par le système des Nations Unies en vue, notamment, de présenter rapidement une évaluation des besoins et opérer une planification rapide.  À cet égard, il s'est félicité du lancement du «Revised Flash Appeal» et des succès des consultations techniques sur la reconstruction de l'Iraq en juin dernier.  Dans le même esprit, il a appelé l'attention sur les résultats du Groupe de travail sur les questions de transition du secours à l'aide au développement, présidé par Mme Carol Bellamy.  Outre la bonne coordination des actions du système de l'ONU, le représentant japonais a insisté sur la coordination au niveau des donateurs et s'est félicité de la réunion organisée à Stockholm les 16 et 17 juin derniers sur les bonnes pratiques des donateurs en matière d'assistance humanitaire.  Dans ce contexte, il a précisé que la préaffectation des ressources mises à disposition par les donateurs répondait à un besoin de rendre compte des dépenses aux contribuables.  À cet égard, il s'est fait l'avocat d'une meilleure représentation géographique au sein du personnel humanitaire et a expliqué que si l'on ne remédiait pas à cette situation, le Japon aurait des difficultés à maintenir les niveaux actuels d'aide qu'il fournit.


M. PETER CALLAN (Australie) a déclaré que, de l'avis de sa délégation, l'objectif commun de ce débat humanitaire du Conseil devrait être d'améliorer l'impact et la qualité des efforts humanitaires déployés par les Nations Unies, ce qui ne manquerait pas, en retour, d'accroître la crédibilité des Nations Unies auprès des donateurs et des récipiendaires de l'aide humanitaire.  Tout en se félicitant des nombreuses mesures prises par le système des Nations Unies pour renforcer la coopération et la coordination inter-institutions aux fins d'une meilleure préparation et d'une meilleure réponse dans le domaine humanitaire, l'Australie tient à souligner qu'il reste beaucoup à faire en la matière.  Les Nations Unies doivent notamment produire des évaluations des besoins humanitaires qui soient de meilleure qualité et plus systématiques et puissent notamment aider aux prises de décision des donateurs.  Gérer le cycle d'urgence et la transition de la phase de secours vers l'aide au développement exige une analyse plus rigoureuse et une plus grande continuité dans l'effort.  L'obligation redditionnelle de la communauté des acteurs humanitaires vis-à-vis des principales parties prenantes, y compris des bénéficiaires, doit en outre être renforcée.


Le représentant australien s'est en outre réjoui des mesures prises par les Nations Unies au cours de l'année écoulée pour intégrer la dimension sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes et pour prévenir les abus et l'exploitation sexuels.  Aujourd'hui, a par ailleurs ajouté le représentant australien, la nécessité d'une action de la communauté internationale afin de protéger les civils souffrant d'une rupture de l'état de droit dans les Îles Salomon ne fait aucun doute.  L'Australie, à la demande du Gouvernement des Îles Salomon, est disposée à répondre à ce besoin en contribuant à restaurer l'état de droit dans cet archipel.


M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a insisté sur la question de la transition des secours d'urgence vers l'aide au développement.  Il a attiré l'attention sur la baisse de la part de l'aide humanitaire acheminée par le système de l'ONU et de l'augmentation de la part de l'aide acheminée par les organisations non gouvernementales.  Par ailleurs, il a souligné l'importance d'une bonne transition vers l'aide au développement, car c'est la seule garantie à long terme.  Il a jugé important que cette transition se fasse sous l'égide de l'ONU.  En outre, il a estimé qu'il fallait élaborer un système de coordination de l'aide humanitaire globale de façon à éviter que seules les situations médiatiques reçoivent des ressources au détriment de situations négligées ou oubliées par les médias.  Il a recommandé en outre qu'on instaure une meilleure coopération entre l'ECOSOC et l'Assemblée générale, ce qui permettrait d'assurer une meilleure transition vers l'aide au développement.  Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de renforcer aussi les capacités politiques nationales et locales.  En dernier lieu, il a réaffirmé les principes fondamentaux de neutralité, d'impartialité et de respect de la souveraineté des États qui doivent s'appliquer à toutes les situations d'urgence.


MME CLAUDIA SERWER (États-Unis) a relevé qu'au cours de l'année écoulée, des progrès vers la paix ont été enregistrés dans des contextes qui étaient jusqu'ici précaires du point de vue humanitaire, comme en Sierra Leone ou au Soudan.  Elle a en revanche déploré la reprise ou l'intensification, au cours de l'année écoulée, de nombreux conflits comme au Libéria, où la spirale de la violence se superpose à une dynamique ouest-africaine déjà fragile.  La fourniture de l'aide humanitaire est impossible dans la majeure partie de ce pays, a-t-elle souligné.  Ce pays est au bord de l'effondrement, a-t-elle insisté.  La représentante des États-Unis a par ailleurs fait observer que le processus de paix en République démocratique du Congo est en proie à des revers et se heurte à des obstacles, comme en témoignent notamment les troubles en Ituri ou la campagne de violence sexuelle qui sévit dans le Sud Kivu et ailleurs.


La représentante des États-Unis a par ailleurs rappelé que le fléau du VIH/sida continue de produire ses effets dévastateurs.  Cette épidémie sape toute la productivité agricole et donc toute l'économie vivrière vitale pour prévenir la famine, a-t-elle souligné.  Elle a par ailleurs mis l'accent sur la nécessité de soutenir l'Iraq et l'Afghanistan dans la voie difficile qui mène du secours à la reconstruction.  La représentante des États-Unis a d'autre part salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer le code de conduite du personnel civil des Nations Unies afin de prévenir les violences et abus sexuels de la part de ce personnel.  Les États-Unis exhortent tous les acteurs humanitaires à adhérer aux principes essentiels énoncés dans ce code.


M. LI TIANWU (Chine) a lui aussi souligné l'importance de la question de la transition des secours en aide au développement.  Il a ensuite réitéré l'attachement de la Chine aux principes directeurs exprimés dans la résolution 46/182 de l'Assemblée générale sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence et a insisté sur la neutralité, l'impartialité, le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale des pays touchés.  Il a exprimé des préoccupations concernant le financement de l'aide humanitaire alors que les appels ont été déficitaires en 2002 pour 70 % des pays.  Il s'est félicité du rôle joué dans ce cadre par le processus d'appels consolidés.


M. IMTIAZ HUSSAIN (Pakistan) a souligné que la transition de la phase de secours vers l'aide au développement est un processus difficile qui se heurte souvent à des obstacles au niveau national, sans parler de l'aide internationale qui fait parfois défaut pour mener à bien un tel processus.  Il a rappelé que le Pakistan est l'un des pays qui a, ces cinq dernières années, le plus contribué aux opérations humanitaires des Nations Unies.  Il a par ailleurs mis l'accent sur la nécessité de traduire en justice les personnes qui commettent des violences à l'encontre du personnel humanitaire.  Le Pakistan considère que les attaques contre le personnel humanitaire sont assimilables à des crimes de guerre et on peut espérer que la mise en place de la Cour pénale internationale contribuera à dissuader quiconque de perpétrer de telles attaques, a-t-il déclaré.


Pour gérer les situations d'urgence, il convient de promouvoir une démarche unifiée répondant à des principes humanitaires, a poursuivi le représentant pakistanais.  Les catastrophes, la pauvreté, le sous-développement et la dégradation de l'environnement sont autant de facteurs qu'il convient de prendre en compte pour une bonne gestion des stratégies visant à répondre aux situations d'urgence, a-t-il souligné.


M. TONI FRISCH (Suisse) a estimé qu'il faut envisager le financement de l'aide humanitaire dans un cadre plus large, en tenant compte des périodes qui précèdent et suivent une crise, un conflit ou une catastrophe.  À cet égard, il s'est félicité de la création d'un Groupe de travail conjoint sur la question de transition entre l'urgence et le développement dont les recommandations seront transmises à l'ECOSOC au cours de cette session.  Le représentant suisse a estimé que les activités de prévention et de préparation aux situations d'urgence doivent être pleinement intégrées et placées en tête des priorités d'action dans la phase de transition.  S'agissant des nombreux défis qui se posent en matière d'assistance, le représentant suisse a recommandé que l'on se concentre davantage sur la protection des populations civiles, sur la prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des enfants.  Il a ensuite réitéré l'engagement de la Suisse à la diffusion des principes du droit humanitaire international auquel toutes les parties en conflit, y compris les acteurs non étatiques doivent se conformer.  Il a aussi rappelé l'importance de garantir l'accès du personnel humanitaire aux personnes dans le besoin et s'est indigné des attaques perpétrées contre le personnel, local ou internationale, des organisations humanitaires du système des Nations Unies ou des organisations non gouvernementales.


M. ACHAMKULANGARE GOPINATHAN (Inde) a fait observer que si l'aide humanitaire a effectivement doublé récemment, comme cela est souligné dans le rapport du Secrétaire général, cette évolution s'est accompagnée d'une baisse de l'aide publique au développement, ce qui est regrettable car chacun sait qu'à long terme, l'aide au développement réduit les besoins d'assistance humanitaire.  En outre, l'aide humanitaire est inégale et n'est pas toujours distribuée en fonction des besoins puisque sa distribution répond même parfois à des intérêts géopolitiques.


Pour sa part, l'Inde contribue à l'aide humanitaire fournie à travers le monde et a récemment annoncé une aide de 20 millions de dollars en faveur de la population iraquienne.  Il faut que les donateurs aient davantage confiance dans le système de coordination des Nations Unies, a par ailleurs souligné le représentant indien.  Il n'en demeure pas moins qu'il incombe au système des Nations Unies d'améliorer l'évaluation systématique des besoins humanitaires, a-t-il ajouté.


MME KYUNG-WHA KANG (République de Corée) s'est indignée des attaques perpétrées contre le personnel humanitaire et a estimé qu'il était de la responsabilité des gouvernements de veiller à ce que n'instaure pas un climat d'impunité en la matière.  Elle a ensuite insisté sur la nécessité de tenir compte des besoins des femmes dans tous les aspects de l'aide humanitaire et a souligné l'importance de l'intégration des femmes dans la reconstruction et la transition entre les secours et le développement.  Nonobstant les questions de financement, elle a déploré que, dans bien des cas, l'accès de l'aide humanitaire aux populations touchées n'était pas garanti.  S'agissant des questions de financement, elle a appuyé les recommandations du Secrétaire général et a réaffirmé le rôle central de l'ONU en matière de coordination de l'action internationale.  Pour ce qui est de l'efficacité de l'aide, elle a déclaré qu'il fallait avant tout veiller à mieux utiliser les ressources actuelles.


M. MYKHAILO V. SKURATOVSKYI (Ukraine) a mis l'accent sur la nécessité d'un nouvel examen des questions liées à la transition de la phase de secours vers l'aide au développement, sujet particulièrement pertinent en ces temps où les Nations Unies sont de plus en plus fréquemment impliquées dans des programmes de transition à travers le monde.  Tout en saluant les évolutions positives intervenues dans le règlement de conflits tels que ceux d'Afghanistan, d'Angola, du Burundi, de la Sierra Leone et du Soudan, il a fait part de la vive préoccupation de son pays face aux conflits persistants ou ré-émergeants dans d'autres parties du monde.  Il a en outre relevé que les catastrophes naturelles ont triplé dans le monde au cours de ces trois dernières décennies.  Déplorant les pertes tragiques de personnels humanitaires intervenues au cours de l'année écoulée, il a exhorté les gouvernements et les parties concernées à assurer la pleine et entière sécurité du personnel humanitaire et à traduire en justice les responsables d'attaques contre ce personnel.  Il a en outre plaidé en faveur d'un meilleur alignement entre l'assistance humanitaire et l'aide au développement à long terme.


Dix-sept ans après l'explosion nucléaire de Tchernobyl, les retombées de cette catastrophe sur la vie de millions d'individus affectés continuent de constituer un énorme défi pour l'Ukraine, a poursuivi le représentant ukrainien.  Il a exprimé l'espoir que la nouvelle stratégie sur Tchernobyl mise en place par les Nations Unies, qui met l'accent sur la transition de la phase de secours vers le développement à long terme, pourra offrir le cadre indispensable à la mise en valeur des actions engagées par la communauté internationale suite à cette catastrophe.


M. ABBAS GULLET (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a souligné la nécessité d'aborder l'ensemble des problèmes humanitaires dans une stratégie intégrée à long terme, seule capable de renforcer les capacités nationales.  Il ne s'agit plus de réfléchir en termes de charité, mais de développement, a-t-il martelé.  Il a fait valoir que le besoin de trouver de nouvelles manières de travailler se fait aussi sentir dans la discussion sur le financement de l'aide humanitaire.  Il s'est félicité de l'adoption d'un code de bonne conduite en matière d'assistance humanitaire et a espéré que ces principes seront mieux respectés à l'avenir.  En matière de transition vers le développement, il a souligné l'importance du rôle de la société civile.


M. Gullet a ensuite appelé l'attention sur la publication, le 17 juillet prochain, du rapport annuel sur les catastrophes, publié par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dont le thème pour 2003 est L'éthique en matière d'assistance.  En dernier lieu, il a insisté sur les conséquences humanitaires de la pandémie du VIH/sida.


MME LOUISE MARCHAND (Canada) a relevé que l'année qui vient de s'écouler a été dominée par les événements en Iraq.  «Le conflit n'a heureusement pas entraîné la crise humanitaire importante redoutée», a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs rappelé que la communauté internationale a dû relever un nouveau défi, à savoir répondre aux crises aggravées par le VIH/sida.  Les organisations humanitaires sont mal placées pour se charger de bon nombre d'interventions précises par rapport au VIH/sida, qui exigent une démarche à long terme, a-t-elle en outre déclaré.  Elle a également souligné que la coordination avec les acteurs du développement, y compris les gouvernements nationaux, est essentielle si l'on veut que les programmes donnent les meilleurs résultats possibles.  Aussi, s'est-elle félicitée de la décision prise par le Groupe de travail du Comité permanent inter-institutions sur le VIH/sida de définir des lignes directrices pour les interventions relatives à cette maladie dans les situations d'urgence.


Bien que l'on insiste davantage sur la protection des civils, on continue d'assister à des violations flagrantes des principes les plus fondamentaux du droit international humanitaire, a poursuivi la représentante canadienne.  Ce qui s'est passé ces dernières semaines à Bunia, dans l'Aceh et à Monrovia en est l'illustration frappante, a-t-elle souligné.  Elle a en outre affirmé que, si les progrès accomplis dans la lutte contre l'exploitation et la violence sexuelles dans les crises humanitaires figurent parmi les développements positifs intervenus au cours de l'année écoulée, «nous sommes loin de voir la fin de ce problème».


La représentante du Canada a d'autre part souligné que la transition efficace de la phase de secours vers l'aide au développement ne dépend pas seulement de liens plus étroits entre les acteurs du secteur humanitaire et du secteur du développement mais concerne aussi les acteurs politiques, les défenseurs des droits de l'homme et, souvent, les acteurs du maintien de la paix.  Dans ce contexte, «nous ne devons pas seulement répondre à des besoins pressants sur le plan humanitaire et de la reconstruction, nous devons aussi nous attaquer à des questions essentielles, comme la sécurité et la nécessité d'une justice et d'une réconciliation», a-t-elle précisé.  Reconnaissant que les gouvernements donateurs ont un rôle important à jouer dans la réussite de la transition des secours au développement, le Canada a pris un certain nombre de mesures à ce sujet, notamment en mettant en place un «Fonds de consolidation de la paix», en prenant une initiative contre les mines terrestres et en élaborant un programme pour la sécurité alimentaire.  Le Canada propose que l'ECOSOC se penche plus en détail sur la question de la transition en 2004 et ne se contente pas de la reléguer au segment humanitaire.


La représentante canadienne a par ailleurs fait observer que l'appel éclair des Nations Unies pour répondre aux besoins humanitaires engendrés par la crise en Iraq était dix fois plus important que celui lancé pour la République démocratique du Congo.  À ce jour, les donateurs ont couvert près de 90% des besoins annoncés en Iraq alors qu'ils n'ont répondu qu'à 20% de ceux de la République démocratique du Congo.


M. ROBERT PAIVA (Organisation internationale pour les migrations - OIM) s'est félicité des efforts du Bureau de la coordination de l'aide humanitaire en matière de coordination de l'aide et a assuré de la collaboration de l'OIM en vue de tirer le meilleur parti des actions menées par les institutions du système de l'ONU.  Il a précisé que l'OIM était présente dans nombre d'appels conjoints, notamment en Iraq.  Il a estimé qu'il fallait notamment mieux coordonner les approches en matière de renforcement des capacités des populations et de l'appui aux groupes vulnérables.  Il a ensuite expliqué que l'OIM avait répondu favorablement à l'appel d'OCHA en faveur des personnes déplacées auxquelles l'OIM attache une importance particulière.  Il a ensuite rendu compte du travail de l'OIM en Afrique de l'Ouest et a appelé les États et les acteurs non étatiques à veiller à la sécurité du personnel humanitaire.  Reconnaissant que beaucoup restait à faire dans ce domaine, il s'est néanmoins félicité des efforts de l'ONU en vue d'améliorer la transition du secours vers le développement. 


MME HUSNIYYA MAMADOVA (Azerbaïdjan) a fait observer que son pays, qui est touché par un conflit suite à l'agression de l'Arménie, possède la plus importante population déplacée du monde et n'est pourtant pas cité dans le rapport du Secrétaire général.  Elle a noté un «sentiment de fatigue» de la part des donateurs, ce qui va avoir des conséquences néfastes sur la situation des personnes déplacées et réfugiées.  Elle a mis l'accent sur la nécessité de renforcer les activités des organismes compétents au sein du système des Nations Unies et a affirmé qu'une synergie et une coordination accrues entre ces organismes devrait permettre d'accroître l'efficacité de leur action.  Elle a en outre attiré l'attention du Conseil sur les disparitions de plusieurs milliers de personnes suite au conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.


Les activités de secours et d'aide humanitaire doivent se poursuivre durant la première étape de la phase de transition des secours au développement, a par ailleurs souligné la représentante azerbaïdjanaise.  Elle a lancé un appel à une aide accrue en faveur du développement des capacités en matière de surveillance et d'alerte précoce dans le domaine des catastrophes naturelles.


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