ECOSOC/6049

LE DEBAT DE HAUT NIVEAU SE POURSUIT ET INSISTE SUR LA NECESSITE DE LIBERALISER LE COMMERCE DE L'AGRICULTURE

01/07/03
Communiqué de presse
ECOSOC/6049


Conseil économique et social            ECOSOC/6049

            1er juillet 2003


LE DEBAT DE HAUT NIVEAU SE POURSUIT ET INSISTE SUR LA NECESSITE DE LIBERALISER LE COMMERCE DE L'AGRICULTURE


GENEVE, 1er juillet -- Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau et entendu de nombreuses personnalités de haut rang exposer leurs vues sur les moyens de promouvoir une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement afin d'éliminer la pauvreté et d'assurer un développement durable.


La grande majorité des intervenants se sont accordés pour estimer que la création de revenus pour les pauvres ruraux doit être au cœur de toute stratégie de développement rural.  L'un d'eux a fait observer que selon certaines estimations, la libéralisation du commerce de l'agriculture pourrait apporter aux pays en développement au moins 100 milliards de dollars de revenus annuels.


Un grand nombre d'orateurs ont donc plaidé en faveur de l'instauration d'un environnement économique international plus équitable et favorable au développement rural, soulignant à cet effet la nécessité pour les pays développés d'éliminer les subventions agricoles qu'ils octroient à leurs producteurs et de faciliter un accès équitable des produits des pays en développement aux marchés mondiaux.  À ceux-ci, le Directeur général pour le développement de la Commission européenne a fait observer que l'Union européenne dispose déjà du régime de tarifs le plus faibles pour les pays en développement et fait valoir que l'accord conclu le 26 juin dernier par les ministres de l'agriculture de l'Union constitue un énorme progrès.  Cette réforme, axée sur le découplage des subventions agricoles et de la production, aboutira à une nette réduction des subventions qui perturbent le commerce, a-t-il expliqué, ajoutant que la Commission proposera à l'automne une autre réforme concernant d'autres produits qui intéressent particulièrement les pays en développement, tel le coton.


Le Représentant permanent des Etats-Unis auprès des Nations Unies a pour sa part assuré que son pays reste engagé en faveur des objectifs énoncés dans l'ordre du jour du développement de Doha, à savoir la réalisation de progrès substantiels en matière d'accès aux marchés; la réduction de toutes les formes de subventions aux exportations, en vue de leur élimination totale; et la réduction substantielle des soutiens internes perturbant le commerce.  La Première Secrétaire adjointe aux organisations internationales et à la Division juridique du Département des affaires étrangères et du commerce de l'Australie a, quant à elle, assuré que son pays réclame de longue date la libéralisation du commerce dans l'agriculture.


Insistant, sur la nécessité de libéraliser le commerce dans le secteur agricole, dans le cadre des négociations de Doha, le Vice-Premier Ministre et Ministre du développement rural de l'Éthiopie a rappelé que les revenus d'exportation des pays les moins avancés (PMA) dépendent d'un petit nombre de produits de base et sont de ce fait particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix internationaux.  Si la solution à ce problème réside à long terme dans la diversification, des actions à court et moyen termes devraient néanmoins être décidées de toute urgence par la communauté internationale, a-t-il poursuivi, précisant qu'il conviendrait en premier lieu de stabiliser les prix des produits de base.


Le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) a pour sa part regretté que malgré l'abondance de nourriture, la famine et la pauvreté restent endémiques et a rappelé qu'au cours des XIX et XXe siècles, c'est le développement du secteur agricole qui a permis aux pays d'entrer dans le cercle vertueux du développement.  À l'instar du Président du FIDA, plusieurs intervenants ont regretté qu'à l'heure actuelle, seule une faible proportion de l'aide au développement (8%) soit allouée à l'agriculture.


Certains orateurs ont mis l'accent sur la nécessité, aux fins du développement rural et de l'éradication de la pauvreté, de développer les infrastructures – insuffisantes en milieu rural – et de promouvoir l'accès des populations rurales aux biens de production et aux services sanitaires et sociaux.  D'autres ont, en outre, plaidé en faveur d'un rôle accru des femmes et d'un pouvoir d'intervention accru des pauvres ruraux dans les processus de prise de décision.


Les intervenants ont également souligné que la promotion du développement rural exige, au niveau national et international, une action concertée dans le cadre de laquelle le Conseil devrait être appelé à jouer pleinement son rôle de coordination.


Outre les personnalités déjà citées, ont également pris la parole le Vice-Ministre et Secrétaire général aux affaires commerciales du Nicaragua; le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie; le Ministre de la politique agraire de l'Ukraine; le Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe; le Ministre délégué aux affaires étrangères du Kenya; le Sous-Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères du Danemark; ainsi que le Ministre de l'économie forestière et de l'environnement du Congo.


Sont aussi intervenus des représentants du Pakistan, de la Suisse, du Brésil, de la Jamaïque, de la République de Corée, du Saint-Siège, d'Israël et du Royaume-Uni.


Ont enfin fait des déclarations le Vice-Président de la Direction générale des programmes multilatéraux de l'Agence canadienne de développement international; un représentant de l'Union internationale des télécommunications (UIT); le Président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge; le Directeur général du Fonds commun pour les produits de base et le Président de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, des représentantes de la Conférence des ONG en relation avec les Nations Unies (CONGO) et de la Fondation pour la promotion sociale de la culture.


Le Conseil poursuivra demain à 10 heures son débat de haut niveau.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé qu'un développement rural accéléré est indispensable à la réalisation des objectifs du millénaire et s'est déclaré convaincu de la nécessité d'accroître les revenus des populations rurales et d'améliorer la santé et l'éducation de ces populations.  À cet égard, il a souligné l'importance de bâtir des partenariats efficaces et rappelé que les pays en développement étaient souvent limités dans l'emploi des ressources qu'ils consacrent au développement social des campagnes par les programmes d'ajustement structurel.  Il a aussi insisté sur l'importance du commerce pour le développement rural et mis l'accent sur les distorsions qui existent tant au plan national qu'international.  En effet, les pays en développement se sont vus contraints d'allouer de plus grandes ressources au développement industriel et souffrent de régimes tarifaires complexes qui interdisent l'accès de leurs produits aux marchés des pays en développés.  Il a en outre dénoncé les distorsions créées par les subventions que ces derniers accordent à leurs agriculteurs et qui équivalent à des subventions à l'exportation.  Il a précisé que le niveau des subventions au sein des pays de l'OCDE avait continué d'augmenté ces dernières années, continuant d'aggraver les déséquilibres du marché.  En outre, la détérioration des termes de l'échange a contraint nombre de pays en développement à concentrer leur production sur une ou deux denrées pour l'exportation au détriment de leur propre sécurité alimentaire.  De surcroît, les pays en développement se sont vus obligés de réduire leurs propres subventions à l'agriculture du fait des accords conclus avec les institutions financières internationales.  Revenant sur la crise du coton et citant l'exemple du Burkina Faso qui a perdu près de 4 % de ces recettes d'exportation, il a déclaré que le Pakistan souffrait lui aussi particulièrement de cette crise.  Dans un tel contexte, il a rappelé que les pays en développement demandaient des mesures spéciales de protection face à la concurrence déloyale générée par les subventions.  De plus, il a estimé que les règles relatives à la protection de l'environnement devraient être assouplies pour les pays en développement et que des mesures de compensation auront à être envisagées pour compenser la volatilité des prix des produits agricoles.  Il a espéré que les négociations sur l'agriculture qui se dérouleront dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce permettront de tenir dûment compte des préoccupations exprimées par les pays en développement. 


      M. ADDISU LEGESSE, Vice-Premier Ministre et Ministre du développement rural de l'Éthiopie, a souligné que la communauté internationale dispose désormais d'un ensemble d'objectifs internationalement concertés pour le développement, en particulier ceux énoncés dans la Déclaration du millénaire.  Aussi, convient-il désormais d'œuvrer de concert à la réalisation de ces objectifs novateurs, a-t-il dit.  Rappelant que la population de son pays dépend fortement de l'agriculture pour sa subsistance, il a expliqué que l'objectif fondamental de développement en Éthiopie consiste à mettre en place un système d'économie de marché qui devrait permettre à l'économie nationale de se développer rapidement, tout en s'affranchissant de la dépendance à l'égard de l'aide alimentaire et en permettant aux pauvres de bénéficier de la croissance économique.


M. Legesse a précisé que le programme de développement durable et de réduction de la pauvreté de l'Ethiopie repose sur quatre piliers, à savoir l'industrialisation fondée sur le développement de l'agriculture; la réforme du système de justice et de la fonction publique; la décentralisation; et la création de capacités dans les secteurs public et privé.  Le Ministre éthiopien a dit avoir conscience que les engagements nationaux de l'Éthiopie devaient être assortis d'un soutien international.  La communauté internationale aura à prendre des mesures supplémentaires pour améliorer les politiques internationales actuelles en matière financière et commerciale ainsi qu'en matière de coopération pour le développement.  M. Legesse a insisté sur la nécessité pour le cycle du développement de Doha de libéraliser le commerce dans le secteur agricole en créant de nouvelles opportunités afin que les pauvres des zones rurales puissent prospérer en s'intégrant davantage dans l'économie.  Le Ministre éthiopien a rappelé que les revenus d'exportation des pays les moins avancés (PMA) dépendent d'un petit nombre de produits de base, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix internationaux.  Si la solution à long terme de ce problème réside dans la diversification, des actions à court et moyen termes devraient néanmoins être prises de toute urgence par la communauté internationale.  Il conviendrait en premier lieu de stabiliser les prix des produits de base.  La communauté internationale devrait en outre éliminer les barrières tarifaires.


M. LENNART BÅGE, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a regretté que malgré l'abondance de nourriture, la famine et la pauvreté restent endémiques.  Il a rappelé que la réalisation des objectifs du millénaire demande un développement rural accéléré.  Il a rappelé qu'au cours des XIX et XXe siècles, c'est le développement du secteur agricole qui a permis aux pays d'entrer dans le cercle vertueux du développement.  Il a réitéré le caractère central de l'agriculture pour le développement.  Dans ce contexte, il a souligné l'importance de la participation des petits agriculteurs à l'amélioration de la productivité agricole.  Ainsi, il est particulièrement regrettable de constater qu'à l'heure actuelle, seuls 8 % de l'aide au développement est allouée à l'agriculture, a-t-il déclaré.  Pour assurer un véritable développement rural, il convient d'améliorer l'accès à la terre et à l'eau des populations rurales, comme il convient d'assurer un accès équitable aux marchés et de veiller à ce que les petits agriculteurs ne tombent pas à la merci d'usuriers.  M. Båge a également insisté sur la nécessité de mettre en place des institutions fiables, exemptes de corruption, dans lesquelles la participation des pauvres est garantie. 


Au plan international, M. Båge a estimé que les pays de l'OCDE devaient s'engager à renverser la tendance au déclin de l'aide publique au développement de l'agriculture.  À cet égard, il s'est félicité de l'annonce du Canada d'augmenter les fonds qu'il alloue au développement agricole dans les pays en développement et de la révision de la politique agricole de l'Union européenne.  Il a émis l'espoir que ce débat de haut niveau de l'ECOSOC permettra de parvenir à une meilleure compréhension du rôle de l'agriculture et du développement rural dans la réduction de la pauvreté, de renforcer l'engagement des États en faveur du développement de l'agriculture et d'établir un mécanisme de surveillance de l'efficacité des politiques d'aide. 


Un représentant de l’IUT, au nom de M.ROBERTO BLOIS, Vice-Secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications (UIT), a souligné que les membres de l'UIT entendent contribuer au développement des zones rurales et reculées par le biais d'une approche intégrée qui tienne compte de la nouvelle donne induite par les technologies de l'information et de la communication.  Il a rappelé que le Sommet mondial sur la société de l'information se tiendra en deux phases, à Genève en décembre prochain puis à Tunis en novembre 2005.  Ce Sommet adoptera une déclaration qui devrait réaffirmer l'importance des technologies de l'information et de la communication pour la réalisation des objectifs de développement, en particulier ceux du millénaire, ainsi que la nécessité de réduire le fossé numérique.  De nombreux exemples attestent du fait que les nouvelles technologies et leurs applications dans les zones rurales et reculées améliorent de manière substantielle la fourniture de services socioéconomiques et culturels, en particulier à destination des agriculteurs, a souligné le représentant de l'UIT.


M. MAURICIO GÓMEZ LACAYO, Vice-Ministre, Secrétaire d'État aux affaires commerciales du Nicaragua, a souligné les lacunes dans le fonctionnement des mécanismes de coopération et insisté sur la nécessité de changer de méthodologie.  Il a estimé qu'il était temps d'entrer dans la phase d'application du Consensus de Monterrey et a regretté que l'architecture financière internationale ne permette pas de mobiliser les fonds nécessaires pour financer les politiques nationales en faveur du développement rural.  Dans ce contexte, il a considéré qu'il importait au premier chef d'améliorer la qualité de la coopération internationale en vue de surmonter les obstacles créés par le protectionnisme sectoriel, en se dotant notamment de mécanismes de dialogue et de concertation et d'un système d'évaluation de la coopération internationale.  Outre l'amélioration de la qualité de la coopération internationale, M. Gómez Lacayo a prôné une augmentation quantitative de l'aide au développement rural.  Il s'est fait l'avocat d'une plus grande mobilisation afin d'atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté d'ici à 2015. 


M. JUSTAS VINCAS PALECKIS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a souligné que son pays est parvenu à élever le niveau de vie dans les régions rurales.  Il n'en demeure pas moins que le pays connaît une certaine forme de pauvreté rurale due à une distribution inégale des bénéfices de la transition vers l'économie de marché au cours de la décennie écoulée.  Pour autant, l'économie lituanienne croît rapidement et le PIB du pays a augmenté de plus de 9% durant le premier trimestre de cette année.  Mais le fait est que le nombre des pauvres vivant dans les zones rurales ne diminue pas encore suffisamment.  Aussi, le Gouvernement a-t-il dû adopter un programme stratégique de lutte contre la pauvreté.  D'une manière générale, la Lituanie jouit de conditions assez favorables pour le développement agricole et rural, a poursuivi le Vice-Ministre.  Mais les activités de nombre de petits agriculteurs ne sont pas encore suffisamment rentables, les équipements modernes manquent et la coopération entre producteurs est embryonnaire, sans parler du chômage qui reste élevé.  Aussi, une série de mesures est-elle mise en œuvre qui vise notamment le soutien aux investissements et à la création de PME en milieu rural.  En tant que pays donateur émergeant, la Lituanie contribuera à la réalisation des objectifs de développement du millénaire, a par ailleurs souligné M. Paleckis.


M. SERGIY MELNIK, Secrétaire d'État, Ministre de la politique agraire de l'Ukraine, s'est félicité que l'ECOSOC joue un rôle de plus en plus important face à la mondialisation et que les grandes réunions des Nations Unies, notamment la Conférence sur le financement du développement et le Sommet sur le développement durable, ont permis de sensibiliser les États au développement du secteur rural, élément-clé du développement économique au sens large et de la réduction de la pauvreté.  Rendant compte des efforts importants consentis par l'Ukraine pour développer son potentiel agricole, il a souligné l'importance de réformer les régimes fonciers en vue d'assurer la propriété des ressources aux paysans.  Ainsi, en Ukraine, a-t-il expliqué, les exploitations agricoles collectives ont été réformées sur la base de la propriété individuelle.  Il a indiqué que cette réforme agraire avait également permis de développer de nouveaux potentiels, et que son pays s'employait désormais à encourager la création d'entreprises rentables dans les campagnes et à promouvoir la sécurité alimentaire.  Par ailleurs, le Ministre a rendu compte de la politique suivie par l'Ukraine en vue de renforcer les infrastructures et de faciliter l'accès au crédit pour les populations rurales.


Au plan international, le Ministre ukrainien a souligné l'importance de l'accès aux marchés et recommandé que l'on facilite l'accès des pays en développement à l'OMC afin qu'ils puissent y faire part de leurs préoccupations.  Il a ensuite attiré l'attention sur les questions liées à la protection de l'environnement et à la préservation des ressources naturelles, notamment par le développement des énergies renouvelables.  Insistant sur l'importance de valoriser les ressources humaines, il a cité l'exemple de l'Ukraine qui s'emploie à améliorer la formation des cadres de l'agriculture et oriente ses programmes d'aide dans ce sens.  Il a enjoint la communauté internationale à unir ses efforts pour vaincre la famine, qui constitue une véritable atteinte à la dignité humaine.


M. J.G.MOYO, Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a déclaré que dans son pays, environ 70% de la population vit dans les zones rurales.  Faisant observer que le développement rural avait été délaissé durant la période d'ajustement structurel, il a expliqué que le Gouvernement zimbabwéen a alors opté pour une approche intégrée de la mise en œuvre des objectifs du millénaire afin de réduire la pauvreté rurale.  Dans cette optique, une approche décentralisée de la mise en œuvre de projets et de programmes a été adoptée.  Il est important que les communautés rurales puissent devenir autosuffisantes, ce qui passe par la promotion d'activités génératrices de revenus, a souligné M. Moyo.  Les politiques agricoles du Gouvernement sont conçues de manière à répondre aux besoins alimentaires locaux, à créer des emplois et à fournir des matières premières pour l'industrie, a-t-il précisé.


Le Gouvernement, a dit M. Moyo, a entendu l'appel du peuple en faveur de l'accès à la terre et a engagé en juillet 2000 la deuxième phase du programme de réforme agraire qui a permis aux gens de combattre la pauvreté en ayant accès à leur propre lopin de terre.  Maintenant que la plupart des ruraux jadis sans terre ont accès à la terre, le Gouvernement met l'accent sur des programmes qui visent à améliorer productivité et production agricoles.  Un développement rural durable ne pourra réussir que si la condition de la femme est améliorée, ce qui implique d'introduire des programmes d'autonomisation des femmes, a par ailleurs indiqué M. Moyo.  Le sida n'est pas seulement un problème de santé, c'est aussi un problème de développement qui exige d'être appréhendé à travers une approche multisectorielle, a par ailleurs déclaré le Ministre, qui a souhaité que le cycle de négociations commerciales de l'OMC réduise les barrières commerciales par le biais d'une élimination des subventions internes et des subventions à l'exportation.


M. BRUCE MONTADOR, Vice-Président, Direction général des programmes multilatéraux de l'Agence canadienne de développement international, a rappelé que l'agriculture est au cœur du développement rural et entretient des liens étroits avec la santé, l'éducation, le secteur privé, l'environnement et la gouvernance décentralisée.  Il a estimé qu'il fallait accorder l'attention voulue à toutes ces questions si l'on veut réaliser un développement rural durable.  Il a rendu compte du processus de consultations engagé par le Canada en vue de renouveler son engagement envers l'agriculture et le développement durable.  Il a expliqué que le but de l'aide canadienne au développement est de mettre en application certains principes: prise en charge locale, amélioration de la coordination entre les donateurs, renforcement des partenariats, approche axée sur les résultats et renforcement de la cohérence des politiques.  Dans cet esprit, le Canada s'est engagé à accroître l'aide publique au développement de 8 % par an, doublant ainsi l'aide internationale d'ici à 2010.  Il a précisé qu'au moins la moitié de ces nouvelles ressources serait consacrée à l'Afrique.  À cet égard, il a indiqué que le Canada avait engagé six milliards de dollars sous forme d'aide publique au développement pour l'Afrique sur la période de cinq ans allant de 2002 à 2007, en vue, notamment de soutenir le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). 


M. Montador a en outre annoncé que l'Agence canadienne de développement international prévoit d'accroître ses dépenses dans l'agriculture au cours des cinq prochaines années dans le but de quintupler au moins les dépenses par rapport à 2002-2003.  Il a expliqué que le Canada privilégie une approche équilibrée, mettant l'accent sur les plus défavorisés dont les femmes, les personnes âgées et les jeunes.  Les points centraux de cette nouvelle politique en matière d'agriculture sont donc, entre autres, la gestion des ressources naturelles, la création et l'utilisation des techniques traditionnelles et nouvelles, le renforcement des capacités nationales, le développement des marchés bien structures et l'accroissement de la sécurité alimentaire.  Le Canada privilégie une approche scientifique face à l'agriculture et à l'évaluation des avantages et des risques que posent les nouvelles technologies, telle la biotechnologie, a-t-il poursuivi.  Dans ce contexte, le pays a doublé en 2003 son soutien au Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale et recherche des moyens d'appuyer les initiatives du Forum mondial sur la recherche agricole.  Par ailleurs, le Canada est résolu à développer la capacité des pays en développement à prospérer en participant aux systèmes de commerce régionaux et multilatéraux.  M. Montador a déclaré que son pays s'emploierait à favoriser la réalisation des objectifs de développement fixés lors des négociations de Doha, rappelant que le Canada avait notamment aboli tarifs et quotas sur presque toutes les importations des pays les moins avancés.  À cet égard, il a estimé que pour réaliser de réel progrès en matière de développement rural, il fallait mettre fin aux subventions agricoles. 


M. JOAB OMINO, Ministre adjoint aux affaires étrangères du Kenya, a demandé aux pays développés d'appuyer les efforts des pays en développement dans leur lutte contre la pauvreté comme le recommande le plan de Johannesburg pour le développement durable.  Il a déploré l'accroissement des disparités entre le Nord et le Sud alors que les pays développés connaissent une prospérité inégalée.  Il s'est particulièrement inquiété de la tendance persistante au déclin de l'aide publique au développement et a estimé qu'il était du devoir de la communauté internationale de prendre des mesures, dans le cadre de l'ONU, pour inverser cette tendance.  Dans un tel contexte, il a jugé qu'il fallait faire un effort particulier en faveur de l'agriculture, notamment en favorisant les transferts de technologies, l'installation d'industries agroalimentaires et la création de partenariats.  Il a estimé que les Nations Unies devaient aussi s'employer à réduire les inégalités qui existent entre les zones urbaines et rurales, entre les pays développés et les pays en développement.  Compte tenu de la détérioration constante des termes de l'échange, il a espéré que les négociations de Cancún permettront de donner vie aux engagements exprimés lors de la réunion ministérielle de l'OMC à Doha. 


M. Omino a ensuite présenté les réformes en faveur des pauvres adoptées par le nouveau Gouvernement du Kenya, qui visent notamment la santé, l'éducation et la réforme du service public.  Il a expliqué que le nouveau gouvernement avait également adopté un programme en faveur des communautés résidant dans les zones arides qui sont particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire.  En conclusion, il a demandé aux pays développés d'aider les pays en développement à diversifier leurs économies et à accéder à la technologie. 


M. JACOBUS RICHELLE, Directeur général pour le développement de la Commission de la Communauté européenne, a fait observer que la pauvreté est essentiellement rurale et devrait malheureusement le rester dans un avenir prévisible.  Les problèmes ruraux sont si complexes que de nombreux acteurs s'en détournent, a-t-il déploré.  Il a souligné que s'attaquer à la pauvreté dans les zones rurales suppose que l'on soutienne les institutions locales.  Le secteur agricole est un secteur prioritaire en ce sens qu'il contribue de manière substantielle aux revenus nationaux, aux exportations nationales et à l'emploi; qu'il constitue la base des moyens de subsistance des pauvres ruraux; et qu'il stimule la croissance du secteur non agricole.  Lorsque l'on parle d'agriculture, il convient de mettre l'accent sur le rôle que peut jouer l'amélioration de l'accès aux marchés des produits agricoles des pays en développement, a poursuivi M. Richelle.  Pour ce qui est précisément de cet accès aux marchés, l'Union européenne dispose déjà du régime de tarifs le plus faible pour les pays en développement grâce à son initiative "Tout sauf les armes", qui accorde des quotas et des exemptions de taxes aux PMA, et aux accords de Cotonou.  L'accord conclu le 26 juin dernier par les ministres de l'agriculture de l'Union européenne constitue en outre un énorme progrès, a par ailleurs souligné M. Richelle.  La réforme modifiera entièrement le système d'appui de l'Union européenne à ses agriculteurs.  Cette réforme est en effet axée sur le découplage des subventions agricoles et de la production; elle aboutira à une nette réduction des subventions qui déforment le commerce.  Il incombe désormais aux pays dont les politiques agricoles continuent de perturber fortement le commerce de donner suite.  La Commission proposera une autre réforme à l'automne pour d'autres produits qui intéressent particulièrement les pays en développement, tels que le coton.


M. OVE ULLERUP, Sous-Secrétaire d'État, Ministère des affaires étrangères du Danemark, a identifié trois facteurs importants pour assurer le développement rural: l'émancipation des communautés rurales, l'amélioration de l'infrastructure, et la bonne gouvernance et la démocratie.  Il a rappelé que sans politique nationale l'aide accordée aux pays en développement restait sans effet.  Dans ce contexte, il a précisé que la politique d'aide du Danemark s'employait à favoriser l'accès des populations, notamment des femmes, à la propriété foncière. Il a estimé par ailleurs que les pays développés devaient mettre un terme aux aides à l'exportation de leurs produits agricoles afin d'assurer une concurrence plus équitable pour les fermiers des pays en développement et veiller à garantir l'accès de leurs marchés aux produits en provenance de ces pays en développement.  À cet égard, il s'est félicité de l'initiative "tout sauf les armes" lancée par l'Union européenne.  Dans la mesure où l'accès aux marchés ne suffit pas, il a précisé que le Danemark s'emploie à aider les pays en développement à faire entendre leur voix dans les négociations commerciales internationales. 


Revenant sur les questions d'infrastructure, le Sous-Secrétaire d'État danois a mis l'accent sur l'accès à l'eau et sur l'éducation.  Il a précisé que le Danemark investissait tout particulièrement sur le développement des ressources humaines par l'éducation.  En vue d'améliorer la bonne gouvernance et la démocratie, il s'est déclaré d'avis qu'il fallait faciliter la participation des populations rurales aux prises de décisions ainsi qu'à la vie économique et productive.  En vue de réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté fixés pour 2015, il a recommandé que la communauté internationale investisse ressources et savoir-faire dans le développement des zones rurales, à condition toutefois que les États mettent en place les services et les politiques appropriées. 


MME CAROLINE MILLAR, Première Secrétaire adjointe, Organisations internationales et Division juridique du Département des affaires étrangères et du commerce de l'Australie, a déclaré que générer des revenus pour les pauvres ruraux doit être au cœur de toute stratégie de développement rural.  En effet, la croissance économique à elle seule ne saurait être suffisante pour accroître les revenus ruraux.  Mme Millar a par ailleurs rappelé que l'an dernier, son pays a accordé 310 millions de dollars australiens d'aide directe et indirecte aux activités de développement rural.  Elle a souligné qu'un système de bonne gouvernance constitue un élément essentiel pour créer les conditions favorables à la génération de revenus en milieu rural, les gouvernements jouant à cet égard un rôle clef dans l'instauration d'un tel environnement favorable.


L'Australie réclame de longue date la libéralisation du commerce dans l'agriculture, a par ailleurs assuré Mme Millar.  Elle a lancé un appel à tous les pays pour qu'ils saisissent l'occasion fournie par le cycle de négociations de Doha et ouvrent leurs marchés en consentant de véritables efforts de manière à réduire les niveaux injustes de soutien agricole, et abolissent les barrières qu'ils ont érigées et qui empêchent la concurrence équitable des pays en développement sur les marchés mondiaux.


M. WALTER FUST, Directeur général de la Direction du développement et de la coopération du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a rappelé que pour atteindre les objectifs de développement du millénaire, il est essentiel d'accorder une priorité élevée au développement dans les zones rurales et notamment de l'agriculture.  Il a précisé que le développement rural dépend également de manière évidente de l'existence de conditions cadres favorables ainsi que de la cohérence des politiques nationales et internationales.  S'agissant de la mise en oeuvre d'une approche intégrée du développement rural, il a mis l'accent sur l'importance cruciale d'une bonne gestion des ressources naturelles, notamment la terre et l'eau.  Reconnaissant l'importance de développer les marchés locaux, il a estimé qu'il fallait investir aussi dans les infrastructures de base et dans la création d'activités génératrices de revenus non agricoles.  Le représentant suisse a aussi attiré l'attention sur les conséquences de la pandémie du VIH/sida sur la vie communautaire et la production agricole et fait valoir que la riposte devait être intégrée tant aux politiques et stratégies de développement rural qu'à l'aide d'urgence.  Dans une optique de promotion et de renforcement des ressources humaines et de partage de la connaissance, les technologies de l'information et de la communication (TIC) offrent un nouvel instrument pour s'attaquer aux causes de la pauvreté, a fait valoir M. Fust.  Il a précisé que la Suisse faisait partie du "partenariat global pour le savoir" et accueillerait la première conférence sur les TIC à Genève en décembre prochain.  À cet égard, il a recommandé que les programmes de développement aillent au-delà des simples questions d'infrastructures, intégrant les technologies traditionnelles et nouvelles et tiennent dûment compte des besoins et des demandes des populations concernées. 


M. JOHN NEGROPONTE, Représentant permanent des États-Unis auprès des Nations Unies, a souligné que le mois dernier, la FAO a fait rapport au Comité sur la sécurité alimentaire mondiale en indiquant que le nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement s'établit à près de 800 millions, soit une baisse annuelle moyenne de seulement 2,5 millions de personnes ces huit dernières années.  M. Negroponte a par ailleurs estimé que l'accroissement de la productivité agricole doit se voir accorder un rang de priorité élevé dans le cadre de tout effort visant à promouvoir le développement rural, à réduire la malnutrition et à éradiquer la pauvreté.  C'est un processus que tous les pays développés ont suivi et que tous les pays en développement devront suivre, a-t-il insisté.


M. Negroponte a précisé que son Gouvernement a identifié six éléments essentiels pour accroître la productivité agricole, générer des revenus ruraux et assurer la sécurité alimentaire au niveau national: cadre politique favorable; promotion de la science et de la technologie appliquée à l'agriculture; mise en place de solides marchés internes et création d'opportunités commerciales internationales; sécurisation des droits de propriété et de l'accès aux finances; promotion du capital humain; protection des plus vulnérables.


Selon certaines estimations, la libéralisation du commerce de l'agriculture pourrait apporter aux pays en développement au moins 100 milliards de dollars de revenus annuels, a précisé M. Negroponte.  Il a assuré que son pays reste engagé en faveur des objectifs énoncés dans l'ordre du jour du développement de Doha, à savoir la réalisation de progrès substantiels en matière d'accès aux marchés; la réduction de toutes les formes de subventions aux exportations, en vue de leur élimination totale; et la réduction substantielle des soutiens internes perturbant le commerce.


M. RONALDO MOTTA SARDENBERG (Brésil) a donné les détails du programme de lutte contre la faim adopté par le Président Lula.  Il a expliqué que cette stratégie économique visait entre autres à renforcer l'autonomie des pauvres. Ainsi ce programme comporte une soixantaine d'initiatives qui s'attaquent aux causes structurelles de la pauvreté par la création de coopératives et la modification du régime foncier.  Par ailleurs, d'autres initiatives s'emploient à favoriser l'accès des pauvres au crédit.  En outre, ce programme tient compte des spécificités culturelles et de la répartition de la population.  Ainsi des services spéciaux s'adressent particulièrement aux femmes et aux jeunes.  Il a reconnu que les progrès réalisés avaient été facilités par la participation des communautés rurales.  Il a jugé toutefois regrettable que la communauté internationale ne soit pas parvenue à créer une architecture financière plus cohérente dans le domaine de l'aide au développement et du commerce.  Il a cité l'exemple des subventions accordées par les pays développés à leurs agriculteurs et a déploré que, deux ans après Doha, peu de progrès aient été enregistrés dans les négociations sur l'agriculture.


S'agissant des objectifs du millénaire, M. Sardenberg s'est félicité de la proposition de la Tunisie de créer un fonds mondial de solidarité qui permettra de financer des initiatives à petite échelle.  Regrettant les retards pris dans la mise en oeuvre de ce fonds, il a appelé les bailleurs de fonds à y contribuer généreusement et a déclaré que son pays était prêt à travailler avec le PNUD en vue de renforcer les mécanismes de coopération Sud-Sud prévus par ce fonds. 


M. STAFFORD O'NEIL (Jamaïque) a déclaré qu'en matière de développement rural, la création d'un climat macroéconomique favorable au niveau national doit être assortie, au niveau international, d'un système commercial abordant de manière adéquate les questions du commerce agricole et de l'accès aux marchés, ainsi que celles des barrières tarifaires et de la fluctuation des prix des produits de base.  Le commerce mondial doit fonctionner dans l'intérêt des pauvres, a-t-il souligné.  Il a également rappelé que la promotion d’attitudes et de capacités susceptibles de générer des revenus constitue un élément essentiel du développement rural.  Les activités non agricoles sont en outre importantes pour réduire le chômage rural, a par ailleurs souligné M. O'Neil.  Il a estimé que le succès de l'éradication de la pauvreté en milieu rural dépendra en dernier lieu de la volonté d’associer les pauvres aux décisions qui seront prises.


M. CHUNG EUI-YONG (Corée) a présenté l'expérience de son pays en matière de développement rural et notamment l'initiative "nouveau village" destinée à générer des revenus au sein des populations rurales et à freiner l'exode rural.  Il a précisé que cette initiative avait contribué à une véritable prise de pouvoir des communautés locales par rapport à leur propre développement et à une meilleure participation des populations aux processus de prises de décisions.  Il a rendu compte de l'investissement du Gouvernement coréen en faveur de la diversification de l'économie rurale par le biais de coordonnateurs de projets chargés de suivre la mise en oeuvre des nouveaux projets dans les villages.  Il a expliqué que son Gouvernement s'était particulièrement attaché à valoriser les ressources humaines par des programmes de formation et d'implication des populations dans le développement.  À cet égard, il a insisté sur l'émancipation et l'éducation des femmes.  En vue de réduire l'attrait des villes sur les jeunes populations, le Gouvernement de Corée s'est employé à développer les infrastructures et à faciliter l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.


M. CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a rendu hommage aux millions d'hommes et de femmes qui passent leur vie dans les champs et fournissent à l'humanité les fruits de leur labeur.  Il a lancé un appel en faveur d'une stratégie intégrée qui consisterait à faire des concessions économiques et commerciales généreuses n'impliquant pas, du moins à court terme, de réciprocité.  La notion de responsabilité collective résiderait au cœur d'une telle stratégie, qui permettrait ainsi de remédier aux conditions moins favorables dont jouissent les pays pauvres, a-t-il expliqué.


M. AREYE ARAZI, Directeur général adjoint, Chef du centre pour la coopération internationale d'Israël, a fait état du système mis au point par Israël en vue d'intégrer les nouveaux immigrants dans les zones rurales.  Cette politique comporte également des volets consacrés au développement des services d'éducation et de santé.  Il a expliqué qu'Israël, vu la faiblesse de ses ressources en eau, était maintenant confronté à de nouveaux défis et envisageait des moyens de recycler les eaux usées pour leur utilisation dans l'agriculture.  M. Arazi a ensuite présenté les réalisations du Mashav, le centre de coopération internationale du Ministère des affaires étrangères qui participe à divers projets en faveur du développement rural, notamment en Afrique, en Asie, en Inde et au Sri Lanka.  Il a expliqué que l'action du Mashav est menée en coopération avec les institutions internationales, notamment le PNUD, et des organisations nationales telles que USAID. 


M. JUAN MANUEL SUÁREZ DEL TORO RIVERO, Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a assuré que la crise de la pauvreté en milieu rural préoccupe beaucoup sa Fédération.  Les questions associées à cette thématique constitueront l'élément central de la Conférence des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui se réunira en décembre prochain, a-t-il précisé.  Il a exprimé l'espoir que les gouvernements et les sociétés nationales (composant sa Fédération) se seront déjà mis d'accord pour envisager de nouvelles approches des questions de pauvreté rurale lorsqu'ils se réuniront à Genève.  Il faudrait exhorter les États, les organisations internationales et les autres acteurs concernés à faire en sorte que la réduction des risques de catastrophes soit pleinement prise en compte dans la planification du développement rural intégré, a par ailleurs affirmé le Président de la Fédération.  Il convient de faire davantage pour traiter, au sein des Nations Unies, la question des liens entre santé, alimentation et pauvreté, a-t-il ajouté.


M. MICHAEL O'NEIL (Royaume-Uni) a souligné l'importance de créer un environnement favorable dans les zones rurales, notamment en encourageant l'investissement, en facilitant les liens entre le monde rural et le monde du commerce.  Il a fait valoir que les pays développés avaient la responsabilité d'assurer la cohérence et l'efficacité de l'aide qu'ils allouent.  Il importe aussi d'améliorer les services consacrés aux populations rurales et de faire respecter les obligations qui incombent aux prestataires de services publics.  Le représentant britannique a ensuite attiré l'attention sur les conséquences désastreuses du VIH/sida sur le développement rural et sur la situation des femmes dans les zones rurales.  Dans ce contexte, il a estimé que les stratégies de lutte contre le VIH/sida doivent être intégrées aux stratégies générales de développement.  Par ailleurs, le représentant britannique a insisté sur la nécessité de valoriser les ressources humaines et a fait part de l'engagement de son pays dans ce sens.  


S'agissant de l'efficacité de l'aide, le représentant britannique a jugé qu'une meilleure coordination et un allègement des conditions permettront aux gouvernements bénéficiaires de se concentrer réellement sur la mise en oeuvre de politiques de développement.  Il a estimé que les pays devaient s'employer à faire en sorte que les mécanismes de distribution de l'aide à l'intérieur des pays bénéficiaires soient plus efficaces.  Dans ce contexte, il a cité l'exemple du mémorandum d'accord signé avec l'Éthiopie.  Pour leur part, les Nations Unies doivent contribuer à l'élaboration de stratégies globales de lutte contre la pauvreté, a-t-il poursuivi.  En ce qui concerne l'instauration d'un ordre commercial plus équitable, il s'est félicité de la modification de la politique agricole européenne dans ce sens, ce qui devrait conduire à une diminution de la production agricole européenne.  


M. HENRI DJOMBO, Ministre de l'économie forestière et de l'environnement du Congo, a rappelé que "l'agriculture congolaise représente moins de 10% du PIB, moins de 1% des exportations et 16% des importations".  Le Congo est essentiellement un pays rural mais paradoxalement, 70% de sa population vivent actuellement dans les centres urbains, a-t-il dit.  La diminution rapide des ruraux du fait de l'exode accentué par l'état de pauvreté du milieu rural a fortement contribué à la baisse de la production alimentaire.  Le taux de croissance de la production vivrière est en deçà du taux moyen de croissance de la population, estimé à plus de 4,5%, a précisé le Ministre.  Il a de ce fait insisté sur la nécessité de corriger le déséquilibre démographique croissant et la disparité des investissements réalisés entre la ville et la campagne.  Il s'agit ici de réunir les conditions propices à un développement équilibré et durable permettant au secteur rural d'être en mesure d'apporter à lui seul une plus grande contribution à la croissance économique, aux revenus et à l'emploi.  Dans cette perspective, a poursuivi M. Djombo, le Gouvernement prépare actuellement un plan national de lutte contre la pauvreté, pierre angulaire de sa politique de développement économique et social.  "Ce plan a pour pivot la promotion en milieu rural des activités économiques, des soins de santé, de l'accès à l'eau potable et à l'électricité, l'habitat, l'éducation, les activités culturelles, un environnement sain, la pratique du sport et le développement des loisirs", a indiqué le Ministre.  Cette politique vise à assurer l'autosuffisance alimentaire du pays, à créer un vaste mouvement de retour à la terre, à attirer et fixer les populations dans l'hinterland, à juguler le chômage, à améliorer les revenus des ruraux et à diversifier les sources de la richesse nationale.


M. BERTRAND DURFLE, au nom de M. SALAH MENTOURI, Président de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, a présenté les grandes lignes de la Déclaration d'Alger qui représente le fruit d'un travail de deux ans sur les stratégies de lutte contre la pauvreté et qui a été adoptée lors de la 8ème rencontre internationale des conseils économiques et sociaux, tenue à Alger les 24 et 25 juin 2003.  Cette déclaration atteste de la mobilisation des conseils économiques et sociaux dans la lutte contre la pauvreté et en faveur de l'élaboration de politiques intégrées de lutte contre la pauvreté.  Par cette déclaration, les conseils économiques et sociaux s'affirment comme de véritables partenaires des institutions internationales sur la question de la lutte contre la pauvreté, a-t-il déclaré. Ainsi ces institutions affirment leur volonté de renforcer les stratégies et les approches d'intégration régionales et sous-régionales à l'instar du NEPAD, de consolider les principes de bonne gouvernance au niveau local, national, et international.  Ils font également part de leur volonté de promouvoir la participation et la représentation des femmes dans les activités économiques et sociales à tous les niveaux.  Les conseils économiques et sociaux soutiennent les initiatives visant, notamment, à créer un environnement favorable à la diversification des économies des pays en développement et à rechercher des solutions acceptables et durables pour le traitement de la dette, dont le fardeau entrave les efforts consentis en faveur du développement. 


M. ROLF W. BOEHNKE, Directeur général du Fonds commun pour les produits de base, a expliqué que le Fonds qu'il dirige est une institution financière intergouvernementale créée par les Nations Unies pour financer des projets de développement de produits de base dans les pays en développement.  Il a rappelé que les produits de base, en particulier dans le secteur agricole, constituent le fondement économique de la majorité des pays les moins avancés (PMA).  C'est pourquoi toute approche du développement rural durable doit tenir compte de la nécessité de développer le secteur des produits de base, a-t-il souligné.


MME RENATE BLOEM (Conférence des organisations non gouvernementales ayant des relations consultatives avec les Nations Unies, CONGO) a expliqué que la Conférence des ONG avait réuni un Forum les 26 et 27 juin dernier pour solliciter les avis des ONG sur le développement rural.  Elle a fait part de l'impatience des populations rurales qui attendent des solutions concrètes.  Rendant compte des propositions des populations concernées, elle a déclaré que celles-ci voulaient une plus grande émancipation sans qu'on leur impose des politiques sans rapport avec leurs besoins.  Parmi ces demandes, il importe de prendre en considération le besoin des femmes rurales d'accéder à la terre et de veiller à l'élaboration de politiques de développement fondées sur les droits.  La représentante a aussi insisté sur l'importance de l'éducation qui est un élément clé du développement, ainsi que l'accès à l'eau, aux services de santé, et aux processus de prises de décision.  Elle a estimé qu'il était temps de passer d'une politique de dons à une politique visant à créer des activités génératrices de revenus.  Elle a demandé aux États de se prononcer face au scandale de la crise du coton.  S'agissant de la décentralisation, elle a recommandé qu'une attention particulière soit portée au respect des cultures, des langues et des savoirs locaux.  La représentante a particulièrement insisté sur la situation des femmes rurales et annoncé que la Conférence des ONG avait décidé de proclamer le 15 octobre Journée internationale des femmes rurales. 


MME PILAR LARA (Fondation pour la promotion sociale de la culture) a indiqué que sa Fondation, en coopération avec d'autres ONG, a organisé en avril dernier à Madrid un atelier préparatoire au débat de haut niveau de l'ECOSOC.  Cet atelier a donné lieu à un certain nombre de conclusions et recommandations au nombre desquelles figure celle invitant les gouvernements et la communauté internationale à donner la priorité au développement rural intégré en tant qu'outil essentiel permettant de lutter contre la pauvreté.  Une autre recommandation leur demande d'assurer que tous les acteurs sociaux, en particulier les ONG, participent activement au processus de développement rural intégré.  Les autorités locales ont quant à elles été invitées à accroître l'investissement dans l'agriculture et à mettre en place des institutions locales chargées de promouvoir le développement rural, a ajouté Mme Lara.


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