ECOSOC/6045

L’ECOSOC PLACE SA SESSION DE FOND 2003 SOUS LE SIGNE DU DEVELOPPEMENT RURAL AUX FINS DE L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

25/06/03
Communiqué de presse
ECOSOC/6045


Communiqué de base


L’ECOSOC PLACE SA SESSION DE FOND 2003 SOUS LE SIGNE DU DEVELOPPEMENT RURAL AUX FINS DE L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE


Ministres, représentants de l’ONU, chefs des institutions financières et commerciales et experts de la société civile, attendus à Genève du 30 juin au 25 juillet


A moins de réduire d’urgence la pauvreté dans les zones rurales, l’objectif énoncé dans la Déclaration du Millénaire de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population mondiale dont le revenu est inférieur à un dollar par jour ne pourra pas être atteint.  Cet avertissement lancé par le Secrétaire général de l’ONU vient confirmer les craintes du Conseil économique et social qui a précisément choisi de consacrer le débat ministériel de sa session de fond à la question de la « Promotion d’une approche intégrée du développement rural dans les pays en développement aux fins de l’élimination de la pauvreté et d’un développement durable ».  En prélude à une session prévue du 30 juin au 25 juillet, à l’Office des Nations Unies à Genève, le Conseil économique et social a invité ministres, hauts fonctionnaires de l’ONU, chefs des fonds et programmes, dirigeants des institutions financières et commerciales internationales et experts de la société civile à réfléchir à des politiques et programmes fondés sur la conjugaison des dimensions économiques, sociales et écologiques du développement rural.


Devant être inaugurée le 30 juin par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, et le Président du Conseil économique et social, M. Gert Rosenthal du Guatemala, la session de fond du Conseil économique et social examinera, outre la question choisie pour le débat de haut niveau, les 14 autres questions inscrites à son ordre du jour(1).  Au cours de débats, de tables rondes ou encore de réunions-débats, enrichis par les interventions de personnalités telles que le Directeur du FMI, le Secrétaire général de la CNUCED, la Directrice de la Banque mondiale et le Directeur adjoint de l’OMC, les 54 membres du Conseil élaboreront des recommandations pour permettre aux pays en développement et à leurs partenaires de relever les défis de plus en plus complexes auxquels ils sont confrontés.  Parmi ces défis, il faut citer le financement du développement et de l’assistance humanitaire; le passage de la phase des secours humanitaires à celle de l’aide au développement; ou encore l’accès universel aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).


Promotion d’une approche intégrée du développement rural aux fins de l’élimination de la pauvreté et du développement durable


      Témoignant de l’importance qu’il attache à la question, le Conseil économique et social a prévu quatre tables rondes ministérielles pour en discuter.  Le défi est de taille : selon les projections, 60% des pauvres dans le monde vivront toujours en 2015 dans les zones rurales.  En effet, depuis la fin des années 1990, plus de 75% en moyenne de la main-d’œuvre des pays les moins avancés (PMA) et d’autres pays à faible revenu travaillent dans le secteur agricole, tandis que dans d’autres pays en développement le secteur agricole emploie près de 35% de la main-d’œuvre. 


Ministres et experts du système des Nations Unies et de la société civile sont, en conséquence, invités à définir les éléments constitutifs d’une approche intégrée du développement rural.  La nécessité d’une telle approche s’est imposée dans les années 90 après l’échec de l’approche unique qui, allant du sommet à la base, consistait, pour l’essentiel, à pourvoir aux besoins les plus élémentaires des populations démunies.  Dans son rapport pertinent(2), le Secrétaire général ouvre quelques pistes de réflexion.  Kofi Annan défend une logique territoriale et non plus sectorielle et la mise en exergue des synergies entre les différents secteurs propres à chaque espace rural.  La thèse consiste à fonder les politiques sur les caractéristiques économiques, sociales et écologiques de chaque espace rural ainsi que sur les passerelles verticales et horizontales.


Ces passerelles ou partenariats sont, selon le Secrétaire général, à encourager puisqu’ils sont requis par l’approche intégrée qui implique une collaboration étroite entre des acteurs tels que les autorités et les associations locales, le secteur privé et les ONG.  Alors que les partenariats horizontaux aident à définir les priorités locales dans le cadre d’un processus de planification participatoire, les alliances verticales permettent le partage des responsabilités financières, l’établissement des grandes priorités et des règles directrices, et le renforcement du contrôle et de l’évaluation.  La position du Secrétaire général est claire : les interventions qui tiennent compte des spécificités des espaces ruraux présentent un caractère pluridimensionnel et plurisectoriel essentiel à l’élimination de la pauvreté en milieu rural.


Sur le plan national, lesdites interventions doivent viser, entre autres, la mise en place des infrastructures appropriées; le perfectionnement des connaissances du marché; l’augmentation des taux de productivité; la diversification de la production; et l’amélioration de la compétitivité en matière d’exportations.  Sur le plan international, l’urgence est de régler les questions des échanges de produits agricoles et de l’accès aux marchés; des obstacles tarifaires et de la fluctuation des cours des matières premières.  Kofi Annan juge tout aussi urgent d’inverser la tendance au déclin de l’aide publique au développement (APD) et de diriger les investissements privés vers le secteur rural.


Les ministres et experts de l’ONU et de la société civile auront  l’occasion de mettre les défis du développement rural en perspective puisqu’ils seront conviés, au préalable, aux côtés de responsables des institutions financières et commerciales internationales dont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à une concertation sur les faits nouveaux survenus dans l’économie mondiale et la coopération économique.


Selon une étude du Département de l’ONU pour les affaires économiques et sociales (DESA), si la croissance économique mondiale doit s’améliorer au cours de l’année 2003, des « incertitudes » demeurent sur son ampleur, sa durée et sa durabilité (3).  Les statistiques montrent que les politiques économiques, adoptées ces dernières années, se sont révélées incapables de donner un véritable élan à la croissance économique parce qu’elles se sont surtout attachées à lutter contre l’inflation.  Ces mesures déflationnistes sont d’autant moins efficaces pour stimuler la croissance qu’elles s’appliquent désormais dans un contexte de faible inflation, voire de déflation. 


Ce sont surtout les pays les plus pauvres qui sont le plus affectés par la faible croissance économique.  Compte tenu des impératifs d’intégration à l’économie mondiale, ces pays, comme de nombreux pays en développement et à économie en transition, ne peuvent trop s’écarter de la ligne déflationniste.  Les Ministres et les chefs des institutions financières et commerciales internationales auront, en conséquence, à réfléchir aux réformes structurelles nécessaires à une relance effective de la croissance mondiale.  « A court terme, il faudra mettre en œuvre des politiques macroéconomiques pro-croissance dans la plupart des pays développés et, à moyen terme, remédier aux déséquilibres mondiaux actuels ».  Ce début de réponse a été apporté par les participants à la réunion de haut niveau du Conseil économique et social avec le FMI, la Banque mondiale et l’OMC.  Les déséquilibres mondiaux ainsi dénoncés découlent, selon eux, du déclin de l’APD, du poids de la dette extérieure et des iniquités du système commercial international (4).


Suivi du Consensus de Monterrey


Ce diagnostic a pu être posé parce que pour la deuxième année consécutive, le Conseil a saisi l’occasion de sa réunion de haut niveau pour se pencher sur la question du suivi du Consensus de Monterrey, issu de la Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue à Monterrey en 2002.  La réunion de haut niveau, tenue à New York, le 14 avril dernier, a approfondi une discussion qui devrait se poursuivre au cours de la session de fond du Conseil en vue du dialogue de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra sur ces questions les 29 et 30 octobre prochains.


L’augmentation de l’APD, l’allègement substantiel de la dette et les progrès dans les négociations commerciales que préconise le Consensus de Monterrey ne se sont pas matérialisés jusqu’ici, compromettant ainsi la réalisation des objectifs du Millénaire.  C’est l’avertissement qu’ont lancé les participants à la réunion de haut niveau.  S’ils ont reconnu que la promesse, faite à Monterrey, d’un versement annuel d’un montant

supplémentaire de 12 milliards de dollars à l’APD était un pas important, ils n’en ont pas moins constaté que les sommes promises étaient bien en deçà du montant supplémentaire de 50 milliards de dollars nécessaire à la réalisation des objectifs du Millénaire.


Au cours de sa session de fond, le Conseil économique et social reviendra sur les modalités d’application des propositions qui ont été avancées lors de la réunion de haut niveau.  Au titre de ces propositions, il faut signaler celle du Royaume-Uni visant à créer une « International financing facility » qui permettrait d’avancer les décaissements effectués au titre de l’APD grâce à des émissions d’obligations de 15 ans, dont le service serait assuré par les futurs apports de capitaux au titre de cette aide.  Pour déterminer le montant réel des aides accordées et réduire les retards dans le versement de ces sommes, la mise au point d’un mécanisme de surveillance publique de l’APD a été proposée.  Répondant aux préoccupations relatives aux coûts élevés de transactions, il a été recommandé une meilleure coordination entre les politiques des donateurs et une harmonisation renforcée des procédures appliquées.     


Des propositions ont également été faites s’agissant de l’allègement de la dette.  Ces propositions préconisent, entre autres, l’annulation des dettes « illégitimes », l’extension de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) aux pays ayant des difficultés à payer le service de leurs dettes; ou encore l’adoption de critères pour mesurer la soutenabilité de la dette.  Parmi les autres propositions, il faut aussi citer celle qui vise la création d’un groupe de travail sur la dette mixte, chargé de mettre au point un mécanisme cohérent de règlement de la dette qui serait appliqué dans les pays en proie aux crises.  Une autre proposition concerne l’établissement d’un code de conduite pour régir les comportements des pays débiteurs lors des crises d’endettement extérieur. 


Enfin, s’agissant du commerce international, le Conseil économique et social mènera une réflexion sur la manière d’assurer des progrès dans les négociations qui se tiennent dans le cadre du Plan d’action de Doha adopté par l’OMC.  Ainsi, à la veille du rendez-vous de Cancun, en septembre 2003, le Conseil économique et social fera des recommandations susceptibles d’assurer des progrès sur des questions telles que la libéralisation du commerce des produits agricoles dans les pays développés, l’opérationnalisation d’un traitement spécial et différencié pour les pays en développement ou encore l’application des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).


Le Plan d’action de Doha et l’APD figurent parmi les quatre piliers d’une économie mondiale plus dynamique et profitable à tous, aux côtés de la constance du climat économique et financier, au niveau mondial, et de la stabilité politique.  L’instabilité politique qui caractérise de nombreux pays en développement posant celle de l’intervention humanitaire, a incité le Conseil économique et social à consacrer, dans le cadre de réunions-débats, une partie de sa session aux questions liées au financement de l’assistance humanitaire, à la transition d’une phase de secours à l’aide au développement et aux répercussions du VIH/sida sur les interventions humanitaires.



Questions humanitaires


Les chiffres du financement de l’assistance humanitaire montrent une tendance préoccupante malgré les données fournies par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) (5) qui indiquent qu’au 19 juin 2003, 57% des 5,3 milliards de dollars demandés par les appels consolidés interinstitutions en faveur de 20 pays ou régions et pour une période allant de janvier à décembre 2003, avaient été versés.  En effet, si les besoins humanitaires en Iraq sont déjà couverts à hauteur de 88,3%, il n’en va pas de même pour des pays comme le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) ou encore la Côte d’Ivoire dont les taux de couverture des besoins, sont respectivement de 26,4%, 18,5%, et 6,9%.  Même l’Afghanistan est confronté aux promesses non tenues des donateurs avec un taux de 27,3% seulement des sommes versées. 


Les tendances ne sont pas plus encourageantes en ce qui concerne le financement du passage de la phase de secours à celle de développement.  Au 19 juin 2003, le secteur de la reconstruction économique et des infrastructures n’a recueilli que 0,84% des sommes requises.  Le taux de 57,75% relatif au secteur de l’aide alimentaire permet de conclure que la forme de secours d’urgence a toujours la préférence des donateurs.  Si le Conseil économique et social est invité à trouver les moyens d’inverser ces tendances, il ne se limitera pas à cet aspect des choses.  Il s’attaquera également au bon fonctionnement de l’intervention humanitaire en tant que telle, et notamment à l’impact sur celle-ci des maladies épidémiques.  Nul doute qu’en la matière, le débat portera surtout sur le VIH/sida, tant les statistiques demeurent alarmantes. 


D’après le rapport d’ONUSIDA (6), qui fera l’objet d’un examen distinct, l’année 2002 a enregistré 42 millions de séropositifs, 5 millions de contaminations et 3,1 millions de décès dus au VIH/sida.  En la matière, l’Afrique subsaharienne se maintient au premier rang mondial avec 3,5 millions de nouveaux cas de contamination en 2002, 2,4 millions de morts et 28,1 million de séropositifs.  ONUSIDA indique que dans sept pays de la région, le taux de séropositivité serait supérieur à 20% chez les adultes et, dans certaines zones, il dépasserait même 30% chez les femmes enceintes.  Dans le domaine humanitaire, le rapport détaille la collaboration d’ONUSIDA avec des organismes opérationnels tels que l’UNICEF, le HCR, la FAO, l’OMS ou le PAM. 


Chargé de répondre à des défis aussi considérables, le Conseil économique et social examinera, au cours de réunions-débats de haut niveau,  l’efficacité des activités de coopération au développement entreprises par les fonds et programmes de l’ONU – activités opérationnelles de développement, mais également son propre rôle dans l’application et le suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet de l’ONU.  Principal mécanisme de coordination du système des Nations Unies, le Conseil économique et social, qui a récemment ajouté à ses tâches de suivi, les recommandations de la Conférence de Monterrey et celles du Sommet de Johannesburg, se verra chargé, dès la fin de l’année, du suivi du Sommet mondial de la société de l’information.



Les nouvelles technologies de l’information et des communications à la portée de tous


Prévu en deux phases, dont la première se tiendra à Genève du 10 au 12 décembre 2003, et la deuxième à Tunis, du 16 au 18 novembre 2005, le Sommet mondial sur la société de l’information devrait offrir aux dirigeants du monde entier une occasion stratégique d’établir une concertation sur la meilleure façon d’exploiter les technologies de l’information et des communications (TIC) en vue de hâter la réalisation des objectifs de développement, y compris ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire, et prendre des engagements concrets à cette fin (7). 


Si le nombre d’internautes est passé de 200 millions en 2000 à plus de 600 millions en 2002 et devrait passer à 2 milliards en 2005, le fossé numérique, quoi qu’en réduction, est toujours d’actualité.  C’est ce qu’indique le Groupe d’étude de l’ONU sur les TIC (8).  Le fossé numérique, qui peut se mesurer au nombre d’abonnés au téléphone pour 100 habitants, s’établissait, en 2001, à 121,1% dans les pays développés, 18,7% dans les pays en développement et 1,1% dans les pays les moins avancés.  Quant au ratio pays développés/pays en développement, il a diminué de plus de la moitié entre 1991 et 2001, passant de 15 pour 1 à 6 pour 1; l’écart entre pays en développement et PMA se creusant et passant de 12 pour 1 à 17 pour 1.


Chargé d’intégrer l’informatique et la télématique dans les programmes de développement au niveau mondial, le Groupe d’étude démontre, dans son rapport, que la convergence potentielle entre les médias traditionnels et les nouveaux médias pourraient jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs de développement du Millénaire.  L’accès aux TIC à un prix abordable passe, selon le Groupe d’étude, par la mise en place d’une infrastructure politique, réglementaire et institutionnelle porteuse.  Le Groupe assigne une tâche principale à la communauté internationale, dont le Conseil économique et social, qui est de créer des passerelles entre les deux moitiés de l’économie mondiale des TIC, à savoir l’offre excédentaire sur les marchés des pays industrialisés, d’une part, et les ruptures d’approvisionnement assorties d’une augmentation de la demande sur les marchés des pays en développement, d’autre part.


Cette année, les travaux du Conseil économique et social seront dirigés par unBureaucomposé du Président, M. Gert Rosenthal (Guatemala) et de quatre Vice-Présidents, Mme Marjata Rasi (Finlande); et MM. Valery P. Kuchinsky (Fédération de Russie); Murari Raj Sharma (Népal) et Abdul Mejid Hussein (Ethiopie).  Ces derniers devront assurer le bon déroulement d’une instance de 54 membresélus pour un mandat de trois ans s’achevant entre 2003 et 2005.


Il s’agit des Etats suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Andorre, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Azerbaïdjan, Bhoutan, Brésil, Burundi, Chili, Chine, Congo, Cuba, Egypte, El Salvador, Equateur, Etats-Unis, Ethiopie, Fédération de Russie, Finlande, Géorgie, Ghana, Grèce, Guatemala, Hongrie, Inde, Iran, Irlande, Italie, Jamaïque, Kenya, Libye, Malaisie, Mozambique, Népal, Nicaragua, Nigéria, Ouganda, Pakistan, Pays-Bas, Portugal, Qatar, République de Corée, Royaume-Uni, Suède, Ukraine et Zimbabwe.



(1) Ordre du jour provisoire annoté (E/2003/100)

(2) Rapport du Secrétaire général (E/2003/51)

(3) La situation économique et sociale dans le monde, 2003 (E/2003/70)

(4) Résumé des travaux de la réunion spéciale de haut niveau (E/2003/62)

(5) Site Internet de OCHA www.reliefweb.int/fts

(6) Rapport d’ONUSIDA (E/2003/66)

(7) Note sur les préparatifs du Sommet (E/2003/58)

(8) Premier rapport du Groupe d’étude (E/2003/56)


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