DSG/SM/209

ALLOCUTION DE LA VICE-SECRETAIRE GENERALE A L’OCCASION DE LA REUNION DU GROUPE DES DONATEURS POUR LA PAIX ET LA SECURITE

04/11/2003
Communiqué de presse
DSG/SM/209


Allocution de la Vice-Secretaire generale a l’occasion de la reunion du Groupe des donateurs pour la paix et la securite


On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée par la Vice-Secrétaire générale, Louise Fréchette, à l’occasion de la réunion du Groupe des donateurs pour la paix et la sécurité, New York le 29 octobre 2003:


Je suis heureuse de vous accueillir au Siège de l’Organisation des Nations Unies.


L’ONU vous est très reconnaissante pour le soutien généreux que vous lui apportez, de même qu’à d’autres organisations actives dans le domaine crucial de la paix et de la sécurité.


Mais vos contributions sont bien plus que financières.  Vos connaissances et vos initiatives influent énormément sur la définition des orientations, et ce, que vous participiez aux débats officiels dans le cadre des conférences des Nations Unies, aux travaux du Conseil de sécurité selon la formule Arria ou simplement à des échanges informels.


Vous jouez également un rôle très utile d’intermédiaire entre l’ONU et le grand public, dont vous nous communiquez les préoccupations et à qui vous pouvez, grâce aux échanges auxquels vous participez ici, donner une idée de ce qui se fait pour répondre à ces préoccupations.


Enfin – et c’est tout aussi important – vous avez un énorme pouvoir de mobilisation dans vos pays respectifs, là où le changement doit germer et prendre racine.


Les rapports entre l’Organisation des Nations Unies et les membres de la société civile, tels que vous, se sont considérablement intensifiés ces 15 dernières années; dans l’ensemble, je crois qu’ils sont gratifiants tant pour les gouvernements que pour la société civile.  Mais dans le même temps, je pense que nous sommes tous conscients de certaines difficultés, par exemple le nombre incroyable d’ONG, de fondations et d’autres groupes qui veulent participer aux travaux de l’ONU et la qualité de cette participation.  Comme vous le savez, le Secrétaire général estimait qu’il était temps de faire le point et a donc chargé un groupe de personnalités d’étudier tous les aspects des rapports entre l’ONU et la société civile.  Ce groupe, présidé par M. Cardoso, ancien président du Brésil, devrait présenter son rapport en début d’année prochaine.


Un bilan sérieux est aussi en train d’être dressé dans votre principal domaine d’activité: celui de la paix et de la sécurité.


Il y a trois ans, dans la Déclaration du Millénaire, les dirigeants du monde se sont engagés à faire face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité générales, à atteindre certains objectifs de développement et à faire progresser les droits de l’homme et la démocratie.  Mais si ce programme conserve toute sa validité, les événements de l’année écoulée ont mis à mal le consensus qui le sous-tendait.


La guerre en Iraq et ses suites nous ont mis face à face avec toute une série de questions fondamentales concernant le recours à la force, l’état de droit, l’évolution de la notion de souveraineté et les principes qui, depuis 1945, nous aident à éviter une nouvelle guerre mondiale.  Certains pays estiment que le terrorisme, les armes de destruction massive, les réseaux criminels internationaux et la façon dont des liens se tissent entre ces différents éléments, venant renforcer chacun d’entre eux, sont de toute évidence les menaces les plus graves à la paix et à la sécurité.  Ils craignent que le système international ne soit pas en mesure de contrer ces menaces.  Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à lire le récent rapport du Secrétaire général sur l’application de la Déclaration du Millénaire, qui aborde de façon détaillée ces nouvelles menaces, dites «directes».


Mais dans d’autres pays, probablement les plus nombreux, ce sont d’autres menaces qui semblent mériter une attention prioritaire: les guerres civiles et les conflits armés dans lesquels sont utilisées des armes classiques – parfois même artisanales –, le sida et d’autres maladies, la pauvreté et la dégradation de l’environnement, l’oppression et les atteintes aux droits de l’homme.  Dans les pays en développement, les gens ont des préoccupations tout à fait différentes: ils craignent que leur voix ne soit pas entendue et que la volonté politique nécessaire soit mobilisée pour régler les problèmes de la première catégorie, mais pas ceux de la deuxième, malgré les promesses faites et les engagements pris aux conférences mondiales.


Ce qu’il faut surtout, c’est que nous nous dotions des règles, instruments et institutions voulus pour faire face à toutes ces menaces et à tous ces problèmes, c’est-à-dire pour parer aux menaces directes sans pour autant négliger les menaces indirectes.  Après tout, les unes et les autres sont étroitement liées.  Un monde qui ne progresse pas vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement ne connaîtra pas la paix.  Et un monde plongé dans la violence ne pourra atteindre ces objectifs.


C’est pourquoi le Secrétaire général a dit à l’Assemblée générale que l’ONU était parvenue à un croisement, à un moment peut-être aussi déterminant que celui où les fondateurs de l’Organisation se sont réunis à San Francisco pour prendre des décisions du même ordre d’importance.


C’est aussi la raison pour laquelle il s’apprête à charger un autre groupe d’hommes et de femmes avisés d’étudier les moyens de renforcer encore l’Organisation.  Ce groupe aura un mandat très large.  D’abord, il se penchera sur les principales menaces à la paix et à la sécurité, directes et indirectes, nouvelles et anciennes.  Ensuite, il examinera les réactions collectives à ces menaces.  Et ce n’est qu’à la lumière de cette analyse qu’il étudiera les mécanismes internationaux, notamment l’Organisation des Nations Unies, et réfléchira aux améliorations éventuellement nécessaires.  Le Secrétaire général espère – et compte – que les recommandations du groupe seront ambitieuses.


En fin de compte, ce sont les gouvernements qui se prononceront.  Mais grâce à votre participation et à vos idées, ils seront, de même que nous au Secrétariat, bien mieux armés pour affronter leurs tâches.  Je vous remercie.


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