CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT FRANCAIS, JACQUES CHIRAC
Communiqué de presse ConfpresseChirac |
23 septembre 2003
CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT FRANCAIS, JACQUES CHIRAC
Lors d’une conférence de presse tenue en fin de matinée au Siège des Nations Unies, le Président de la République française, Jacques Chirac, a d’abord rendu un hommage vibrant à Sergio Vieira de Mello et à ses collaborateurs, morts dans l’attentat contre le siège des Nations Unies à Bagdad, le 19 août.
Faisant ensuite le bilan de ses deux premières journées de travail à New York, le Président français a dit avoir retenu plusieurs messages. Le premier est qu’il faut avoir confiance dans l’Organisation des Nations Unies, constatant que jamais autant de chefs d’État n’ont participé à une Assemblée générale ordinaire de l’ONU. Cette participation massive prouve, à son avis, que l’Organisation n’est pas discréditée comme certains ont voulu le faire croire et que, dans cette période difficile, la communauté internationale se regroupe.
Le deuxième message est que quand il y a une difficulté, un problème, le système des médias contemporains donne un effet de loupe, a déclaré M. Chirac, évoquant les prétendues oppositions entre les Etats-Unis et la France relevées par les médias. Je viens d’en parler très librement et très amicalement avec le Président des Etats-Unis, a précisé M. Chirac, et si l’on ne peut pas être d’accord sur tout, lorsqu’on regarde les choses dans leur ensemble, on s’aperçoit qu’on est d’accord sur la plupart des grandes questions. Même si nous avons des divergences de vues sur la gestion de la question iraquienne, il y a une amitié sincère entre la France et les Etats-Unis qui n’est pas remise en cause chez nous, a assuré le Président.
M. Chirac a ensuite mis en garde contre les tensions qui se développent en Iraq, mais aussi dans le conflit israélo-palestinien. Ces tensions sont certes très dangereuses pour ceux qui en sont victimes sur place, mais plus généralement aussi pour le reste du monde, dans la mesure où elles peuvent provoquer des réactions et des contre-réactions qui mettent en question la sécurité du monde et il importe d’y être très attentif, a prévenu le Chef de l’État.
Enfin, le dernier message est qu’il est important de mieux comprendre ce qu’est la mondialisation, ce qu’elle implique et ce qu’elle suscite dans les opinions publiques et pas uniquement chez les pays pauvres, a poursuivi M. Chirac. Il ne peut y avoir mondialisation de l’économie s’il n’y a pas parallèlement une mondialisation de la solidarité, a-t-il mis en garde, au risque de provoquer un rejet par les peuples de cette mondialisation, élément par ailleurs nécessaire à son avis du progrès économique.
Tout en affirmant que la France et les Etats poursuivaient de nombreux objectifs communs en Iraq, à savoir le retour de la paix, la reconstruction et la démocratie, le Président de la République s’est néanmoins prononcé sur un transfert rapide du pouvoir aux Iraquiens. Il nous faut leur dire «Vous êtes un peuple majeur et il vous appartient de décider de votre destin, nous allons marquer cette volonté par un geste politique fort, à savoir le transfert de souveraineté».
Le Président Chirac a plaidé pour un transfert de responsabilités cohérent et qui comporte dans un premier temps la mise en œuvre d’un processus d’élaboration d’une constitution, suivi de la mise en œuvre d’un processus aboutissant le plus rapidement possible à l’élection d’une assemblée chargé de débattre de la proposition de constitution.
En attendant, nous souhaitons bien évidemment que les Etats-Unis réussissent en Iraq a assuré le Chef de l’État.
Abordant la question du Moyen-Orient, le Président Chirac a estimé que la Feuille de route ne devait pas être abandonnée en raison des tensions actuelles et qu’il faudrait, dans le cadre de la prochaine réunion du Quatuor prévue dans quelques jours à New York, essayer de la remettre sur les rails, en passant notamment à sa deuxième phase, c’est-à-dire la convocation d’une Conférence internationale. M. Chirac a réaffirmé en outre que Yasser Arafat était le seul aujourd’hui à avoir l’autorité nécessaire pour faire accepter aux Palestiniens un accord qui supposera des sacrifices.
Evoquant les questions économiques, le Président Chirac a approuvé la création d’un fonds mondial de lutte contre la famine, proposée par le Président du Brésil, et a suggéré de rechercher des sources de financement complémentaires sous la forme d’une taxation des profits engendrés par la mondialisation des échanges. Il serait normal et légitime que les profits générés par la mondialisation soient taxés pour financer le Fonds mondial de lutte contre la famine, a jugé le Chef de l’État.
Sur la réforme des Nations Unies, le Président français a estimé qu’elle allait bien au-delà de l’élargissement du Conseil de sécurité, rappelant les propositions françaises de création d’un conseil de sécurité économique et social et d’une organisation mondiale de l’environnement dans le cadre du débat sur la modernisation des institutions. Il s’est par ailleurs prononcé en faveur de l’élargissement du Conseil, au niveau de ses membres permanents et non-permanents.
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