CD/G/603

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES DECLARATIONS DU JAPON, DE LA FRANCE, DE CUBA, DE LA REPUBLIQUE DE COREE ET DU ROYAUME-UNI

04/09/03
Communiqué de presse
CD/G/603


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES DECLARATIONS DU JAPON, DE LA FRANCE, DE CUBA, DE LA REPUBLIQUE DE COREE ET DU ROYAUME-UNI


La République populaire démocratique de Corée réagit à la déclaration

de la Ministre japonaise des affaires étrangères


Genève, 4 septembre -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration de la Ministre des affaires étrangères du Japon, Mme Yoriko Kawaguchi, à laquelle a réagi la République populaire démocratique de Corée.  La France, Cuba, la République de Corée et le Royaume-Uni sont également intervenus.


Mme Kawaguchi a notamment affirmé que le régime international de désarmement nucléaire et de non-prolifération, dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) forme la pierre angulaire, est un pilier fondamental de la sécurité du Japon.  Les cas de non-respect des traités relatifs au désarmement et à la non-prolifération nucléaires doivent être rectifiés afin de maintenir la crédibilité et la légitimité de ces traités, a-t-elle souligné.  À cet égard, elle a indiqué que le Japon est profondément préoccupé par la déclaration par laquelle la Corée du Nord a fait part de son intention de se retirer du TNP.  "Le Japon ne saurait accepter, par quelque moyen que ce soit, toute élaboration, toute acquisition ou possession, tout essai ou tout transfert d'armes nucléaires par la Corée du Nord", a déclaré Mme Kawaguchi.  Elle a donc exhorté la Corée du Nord à respecter ses obligations au titre du TNP - et, par conséquent, ses obligations en vertu des accords de garantie avec l'AIEA - et à démanteler l'ensemble de son programme d'armement nucléaire.  Elle a souligné que le Japon a également demandé à l'Iran de coopérer pleinement avec l'AIEA et d'appliquer sans condition le Protocole additionnel.


Réagissant à cette déclaration, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a expliqué qu'elle s'est retirée du TNP dans le but de défendre sa souveraineté, afin de faire face à une situation grave suscitée par les menaces pesant sur le pays.  Pour la RPDC, toute mesure de coercition est inacceptable pour un État souverain.  La RPDC s'est dite déçue par l'attitude du Japon lors des récents pourparlers de Beijing.  La Présidente de la Conférence, la Japonaise Kuniko Inoguchi, s'est pour sa part dite fermement convaincue que le Japon a participé aux récents pourparlers de Beijing avec un engagement de tenter de résoudre pacifiquement et dans un esprit de bonne volonté des questions extrêmement importantes.  La République de Corée a quant à elle souligné que les six parties aux pourparlers de Beijing ont réaffirmé les principes de dénucléarisation de la péninsule coréenne et de résolution pacifique de la question nucléaire par le biais de l'instauration de la confiance et du dialogue.


À l'instar du Japon, la France et la République de Corée ont indiqué qu'elles accordaient une grande importance au lancement rapide de négociations sur un traité cut-off concernant les matières fissiles.  Ces trois pays ont en outre invité les pays qui ne l'ont pas encore fait à déclarer un moratoire sur la production de matière fissile à des fins d'armement, et ce, avant même la conclusion des négociations sur un traité cut-off.  Précisément, le Royaume-Uni a rappelé qu'il maintient un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins d'armement et a exprimé l'espoir que ceux qui produisent encore des matières fissiles à de telles fins l'imiteront.


La France a exprimé l'espoir que la Première Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies déciderait de lancer une négociation sur le traçage et le marquage des petites armes, première étape vers le contrôle international du commerce illicite de ces armes, dès le début de l'an prochain.  La France a également indiqué ne pas se satisfaire d'une situation dans laquelle les principaux pays producteurs et utilisateurs de mines antipersonnel restent à l'écart de la Convention d'Ottawa.  Pour la France, la prolifération des armes de destruction massive est, avec la montée du terrorisme international, la principale menace qui pèse sur notre sécurité.  Selon la France, l'une des clefs, s'agissant de cette question, consiste à donner la primauté à une démarche politique, c'est-à-dire à s'attaquer aussi aux racines du phénomène et non pas seulement à ses manifestations extérieures.  "N'oublions pas non plus que le retrait d'un Traité, lorsqu'il a été violé au préalable, n'exonère pas le pays concerné de ses responsabilités vis-à-vis de la communauté internationale", a souligné la France.


Cuba a annoncé que le pays serait le siège de la dix-huitième session ordinaire de la Conférence générale de l'Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui se tiendra les 5 et 6 novembre 2003 à La Havane.


La Conférence achèvera les travaux de la troisième et dernière partie de sa session de 2003 mardi 9 septembre 2003, à 10 heures.


Aperçu des déclarations


MME YORIKO KAWAGUCHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a souligné qu'après la Seconde Guerre mondiale, le Japon a choisi d'adopter, au sein de la communauté internationale, la position d'une nation dédiée à la paix et fortement déterminée à faire en sorte que les ravages de la guerre ne se reproduisent jamais.  Le Japon a jugé important de montrer qu'il ne constituerait pas une menace pour le monde et a donc renoncé à l'option de l'armement nucléaire.  En 1955, le pays a adopté la loi fondamentale sur l'énergie atomique qui limite ses activités nucléaires à des buts purement pacifiques.  En 1967, le Japon a énoncé les trois principes non nucléaires consistant à ne pas posséder, à ne pas produire et à ne pas permettre l'introduction d'armes nucléaires dans le pays et s'en est toujours tenu à ces principes.  L'accession du Japon au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1976 a constitué une autre décision importante en matière de sécurité, a poursuivi Mme Kawaguchi.  Désormais, le régime international de désarmement nucléaire et de non-prolifération, dont le TNP forme la pierre angulaire, est un pilier fondamental de la sécurité du Japon.  Le Japon a accepté les garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) afin d'assurer la transparence de ses activités nucléaires.  De toute évidence, le Japon attache une importance cruciale au régime du TNP pour ce qui est de sa paix et de sa prospérité.  Le Japon est sérieusement engagé à promouvoir l'entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en tant que mesure concrète visant à renforcer le régime du TNP, a d'autre part indiqué la Ministre des affaires étrangères.  Relevant qu'il y a encore des pays qui restent en dehors du TNP, elle a souligné qu'elle a toujours saisi toutes les occasions pour convaincre ces pays de l'importance de leur accession au Traité.


Les États dotés de l'arme nucléaire devraient prendre au sérieux le fait qu'à ce jour, presque tous les pays se sont engagés, en vertu du régime du TNP, à renoncer à l'option de l'armement nucléaire, a par ailleurs affirmé Mme Kawaguchi.  À cet égard, il convient de rappeler que la décision prise en 1995 de prolonger indéfiniment le TNP faisait partie intégrante d'un ensemble de principes et d'objectifs incluant la promotion du désarmement nucléaire.  Mettant l'accent sur l'importance que revêt, pour la consolidation de la paix et la sécurisation du cadre de vie des populations, le traitement des problèmes afférents aux mines antipersonnel et aux armes petites et légères, Mme Kawaguchi a rappelé que la Charte de l'aide publique au développement du Japon met au premier rang de ses priorités le concept de "consolidation de la paix".


La Ministre des affaires étrangères du Japon a fait observer que depuis la Convention sur les armes chimiques en 1992 et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996, la Conférence du désarmement s'est avérée incapable de parvenir au moindre résultat concret.  Pour autant, alors même que les négociations stagnaient au sein de la Conférence, l'enthousiasme manifesté au sein de la communauté internationale pour résoudre les problèmes de désarmement et de non-prolifération n'a pas disparu.  D'importantes mesures de désarmement ont été prises par certains États dotés de l'arme nucléaire, comme en témoigne notamment le fait qu'en 2001, les Etats-Unis et la Fédération de Russie ont déclaré qu'ils avaient achevé l'application de leurs obligations en vertu du traité Start I.  En outre, le Traité de Moscou, par lequel ces deux même pays se sont engagés à réduire d'environ un tiers leurs ogives nucléaires stratégiques, est entré en vigueur en juin dernier.  De plus, le Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques a été inauguré en novembre dernier.  A par ailleurs été adopté en 1997 le Traité d'interdiction des mines antipersonnel, a rappelé la Ministre.  En dépit de ces évolutions positives, nous devons reconnaître que nous nous trouvons aujourd'hui face à une situation grave, a-t-elle poursuivi.  Pour commencer, les problèmes de non-respect des traités relatifs au désarmement et à la non-prolifération nucléaires, y compris le TNP, sont devenus plus aigus.  Les cas de non-respect doivent être rectifiés afin de maintenir la crédibilité et la légitimité de ces traités, a souligné la Ministre.  À cet égard, elle a indiqué que le Japon est profondément préoccupé par la déclaration par laquelle la Corée du Nord a fait part de son intention de se retirer du TNP.  Le Japon ne saurait accepter, par quelque moyen que ce soit, toute élaboration, toute acquisition ou possession, tout essai ou tout transfert d'armes nucléaires par la Corée du Nord, a déclaré Mme Kawaguchi.  Le Japon exhorte donc la Corée du Nord à respecter ses obligations au titre du TNP - et, par conséquent, ses obligations en vertu des accords de garantie avec l'AIEA, à regeler ses installations liées au nucléaire et à prendre des mesures rapides afin de démanteler l'ensemble de son programme d'armement nucléaire de manière vérifiable et irréversible.  Un haut niveau de transparence peut contribuer à l'instauration de la confiance entre les États parties, a poursuivi la Ministre japonaise des affaires étrangères.  Elle a précisé que cette observation est particulièrement pertinente pour les États qui entreprennent ou prévoient d'entreprendre des activités nucléaires avancées.  De ce point de vue, le Japon a demandé à l'Iran de coopérer pleinement avec l'AIEA et d'appliquer sans condition le Protocole additionnel.


Mme Kawaguchi a par ailleurs indiqué que son pays espère fortement que la Conférence parviendra à se mettre d'accord sur un programme de travail le plus tôt possible et à entamer sa discussion de fond.  Le Japon accorde en particulier une grande importance au lancement des négociations sur un traité cut-off concernant les matières fissiles.  Il estime que ces négociations doivent commencer sans plus de délai.  Selon le Japon, les États concernés, y compris ceux dotés de l'arme nucléaire, devraient déclarer un moratoire sur la production de matière fissile à des fins d'armement nucléaire, en attendant l'entrée en vigueur du traité cut-off.


M. FRANçOIS RIVASSEAU (France) a rappelé que si la France vit aujourd'hui en paix et n'a pas à faire face de manière directe à une menace géographique précise provenant d'un pays donné, elle a néanmoins à faire face à des dangers nouveaux.  Rien ne serait plus erroné que de croire que nous vivons dans une sécurité accrue, a-t-il insisté.  La mondialisation et le développement des menaces globales font que nos intérêts peuvent être affectés par une crise quel que soit l'endroit où elle éclate dans le monde, a-t-il affirmé.  Cette situation correspond à une passe difficile pour le désarmement multilatéral, a-t-il déclaré.  "La France croit aux vertus du droit", a poursuivi M. Rivasseau.  Aussi, est-elle favorable à tout ce qui peut renforcer l'efficacité et le caractère multilatéral des processus de désarmement et de non-prolifération.  À ce titre, la France estime qu'il y a lieu d'avancer et de progresser particulièrement dans un certain nombre de domaines.


En ce qui concerne les armes conventionnelles - celles qui font le plus de victimes - la France est consciente du fléau que constituent les armes légères et appuie la poursuite des travaux dans ce domaine.  La France espère que la Première Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies décidera le lancement d'une négociation sur le traçage et le marquage des petites armes, première étape vers le contrôle international du commerce illicite de ces armes, dès le début de l'an prochain.  Chacun connaît en outre l'engagement de la France en faveur de la lutte contre les mines antipersonnel, engagement dont témoignera de nouveau l'organisation à Paris, au Centre de conférences internationales, les 12 et 13 mars prochain, d'un colloque sur la valeur ajoutée que constitue l'existence d'une structure nationale de concertation chargée de l'action contre les mines antipersonnel.  "Nous souhaitons comparer les mesures d'application de la Convention d'Ottawa prises à titre national et en tirer les leçons pertinentes", a indiqué M. Rivasseau.  "Nous ne nous satisfaisons pas d'une situation dans laquelle les principaux pays producteurs et utilisateurs de mines antipersonnel restent à l'écart de la Convention" (d'Ottawa), a-t-il déclaré.


Abordant la question des débris de guerre explosifs, M. Rivasseau a affirmé qu'ici encore, il y a urgence humanitaire.  Dans ce domaine, l'objectif premier reste de parvenir à des résultats concrets qui soient suffisamment tangibles pour préserver la crédibilité et la pérennité de la Convention de 1980, cadre des discussions actuelles sur ce sujet, a rappelé le représentant de la France.  Il a indiqué que son pays oeuvrerait en faveur d'un protocole annexe à la Convention de 1980, visant des normes génériques simples et efficaces pour corriger les conséquences tragiques des guerres, dans le respect des principes fondamentaux du droit actuel des conflits armés.  "Nous pensons, ici comme ailleurs, que toute tentative de lier des progrès sur ce dossier à d'autres négociations devrait être soigneusement évitée", a déclaré M. Rivasseau.


Le représentant de la France a par ailleurs souligné que la prolifération des armes de destruction massive est, avec la montée du terrorisme international, la principale menace qui pèse sur notre sécurité.  Selon la France, l'une des clefs, s'agissant de cette question, consiste à donner la primauté à une démarche politique, c'est-à-dire à s'attaquer aussi aux racines du phénomène et non pas seulement à ses manifestations extérieures.  M. Rivasseau a indiqué que la France poursuivra ses efforts en vue de promouvoir une adhésion universelle au TNP, au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, à la Convention sur les armes chimiques ainsi qu'à la Convention sur les armes biologiques et à toxines.  Il faut se souvenir que les équilibres établis par le TNP et garantis par l'AIEA reposent d'abord sur la bonne foi, la confiance mutuelle et la coopération avec l'Agence, a souligné le représentant français.  "Dissimulations, violations partielles, mensonges ne sont pas anodins et appellent la vigilance la plus haute", a-t-il affirmé.  "N'oublions pas non plus que le retrait d'un Traité, lorsqu'il a été violé au préalable, n'exonère pas le pays concerné de ses responsabilités vis-à-vis de la communauté internationale", a-t-il ajouté.  C'est dans ce contexte que M. Dominique de Villepin a avancé l'idée de travailler à la création d'un corps d'inspecteurs, pour, selon les propres termes du Ministre des affaires étrangères, "répondre aux exigences nouvelles que font apparaître les risques actuels de prolifération, de l'Iran à la Corée du Nord".  Selon M. de Villepin, "ce corps pourrait être à disposition du Secrétaire général des Nations Unies, sous l'autorité du Conseil de sécurité".


Fidèle avocat du multilatéralisme, la France souhaite que survive la Conférence du désarmement, a poursuivi M. Rivasseau.  Depuis sept ans, a-t-il rappelé, la Conférence se réunit sans pouvoir s'entendre sur un programme de travail.  À l'extérieur de la Salle du Conseil (où se déroulent les séances de la Conférence), il y a un monde en pleine ébullition et ce monde n'attendra pas, a-t-il ajouté.  La Conférence en est restée à sa foi des anciens jours, figée dans un autre siècle, une autre époque, comme en témoigne le fait que son ordre du jour est resté inchangé depuis 1978, a fait observer M. Rivasseau.  Il a indiqué qu'en ce qui la concerne, la France est favorable au lancement immédiat de négociations sur le cut-off, sur la base du rapport Shannon et du mandat y figurant.  La France souhaite également que tous les États qui ne l'ont pas encore fait déclarent un moratoire sur la production de matières fissiles à usage militaire explosif.  La France soutient en outre la constitution d'un comité ad hoc sur la prévention de la

militarisation de l'espace extra-atmosphérique.  Terrorisme et armes de destruction massive, respect et mise en œuvre des traités, vérification, évaluation des nouvelles formes de menaces: autant de thèmes sur lesquels la Conférence devrait apporter une contribution, sous une forme ou sous une autre, a conclu M. Rivasseau.


M. OSCAR LEON GONZALEZ (Cuba) a annoncé que son pays sera le siège de la dix-huitième session ordinaire de la Conférence générale de l'Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui se tiendra les 5 et 6 novembre 2003 à La Havane.  Après la récente accession de Cuba au Traité pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, plus connu sous le nom de Traité de Tlatelolco, la tenue à La Havane de la Conférence générale susmentionnée constitue une preuve supplémentaire de l'importance et de la priorité que le Gouvernement cubain accorde à toutes les questions en rapport avec le désarmement nucléaire.  Cette dix-huitième Conférence générale devrait fournir l'occasion de réaffirmer l'engagement des pays de la région en faveur du désarmement et de la non-prolifération nucléaires et de consolider le positionnement de l'Amérique latine et les Caraïbes en tant que première zone habitée de la planète totalement exempte d'armes nucléaires.  L'espèce humaine reste menacée d'extinction par l'existence de milliers d'armes nucléaires sur la surface de la planète.  Selon le dernier rapport de l'Institut international d'études sur la paix de Stockholm, les puissances nucléaires reconnues par le TNP possèdent à elles seules plus de 16 500 armes nucléaires déployées et environ 36 500 ogives nucléaires, soit au total une colossale force destructrice.  Pour Cuba, comme ce pays l'a maintes fois exprimé à de multiples occasions, la seule solution durable pour résoudre la question des armes nucléaires réside dans leur élimination totale, a souligné M. Leon Gonzalez.


M. EUI-YONG CHUNG (République de Corée) a affirmé qu'alors que la Conférence du désarmement n'a enregistré aucun résultat tangible depuis 1997, davantage d'énergie et d'efforts doivent être consacrés à la recherche d'un accord sur un programme de travail qui permettrait à cette instance d'entamer ses travaux de fond.  Sur ce point, le Gouvernement de la République de Corée considère la proposition dite des cinq Ambassadeurs, telle qu'amendée par l'Ambassadeur Jean Lint, comme constituant un cadre de compromis constructif.  Il convient à cet égard de se réjouir que la Chine et la Fédération de Russie aient récemment fait preuve de souplesse en annonçant qu'elles étaient disposées à se joindre au consensus sur cette initiative telle qu'amendée par l'Ambassadeur de Belgique.  Tout en jugeant absolument prioritaire le lancement rapide des négociations sur un traité cut-off concernant les matières fissiles, la République de Corée espère que cette souplesse permettra d'insuffler un élan propice à l'adoption d'un programme de travail.  Selon la République de Corée, les États dotés de l'arme nucléaire devraient volontairement déclarer un moratoire sur la production de matière fissile à des fins d'armement, et ce, avant même la conclusion des négociations sur un traité cut-off.  Ils pourraient même aller plus loin en appliquant des accords visant à placer les matières fissiles qui ne sont plus requises pour des objectifs militaires sous le régime de vérification de l'AIEA, a indiqué M. Eui-Yong Chung. 


Il a par ailleurs rappelé qu'en ce qui concerne la question de la portée d'un traité d'interdiction des matières fissiles, s'opposent deux groupes, à savoir celui qui prône l'inclusion, dans le traité, des stocks existants de matières fissiles et celui qui s'oppose à une telle inclusion.  La République de Corée estime qu'il est important de parvenir rapidement à un accord, même s'il est vrai que la transparence concernant les stocks et la question du contrôle de la réduction et de la conversion constituent aussi des éléments cruciaux pour le désarmement nucléaire.  Il convient donc d'étudier la proposition sud-africaine telle qu'exprimée dans le document CD/1671 en la considérant comme une alternative possible permettant de surmonter les divergences s'agissant de la production passée de matières fissiles.  En outre, la République de Corée est d'avis que l'interdiction de la production de matières fissiles devrait faire l'objet d'une vérification adéquate par le biais de mesures rentables.  Le régime de vérification du traité devrait être basé sur l'actuel système de garantie de l'AIEA, a affirmé M. Eui-Yong Chung, ajoutant que l'AIEA serait l'organisation appropriée pour assumer cette vérification et que la création d'une organisation distincte ne s'avère donc pas nécessaire.


Le représentant de la République de Corée a par ailleurs indiqué que son pays attendait avec impatience les négociations sur un instrument international permettant aux États d'identifier et de dépister les armes légères et de petit calibre illicites.  Il a également indiqué que son pays soutenait le lancement de négociations sur un instrument juridiquement contraignant portant sur les mines autres que les mines antipersonnel.


S'agissant de "la question nucléaire de la Corée du Nord", M. Eui-Yong Chung a rappelé que s'était tenu la semaine dernière à Beijing un premier cycle de pourparlers des six parties, afin de trouver une solution globale à cette question.  Les pourparlers de Beijing, en tant que point de départ d'un long processus, ont créé les conditions d'une gestion de la situation.  Les six parties aux pourparlers ont réaffirmé les principes de dénucléarisation de la péninsule coréenne et de résolution pacifique de la question nucléaire par le biais de l'instauration de la confiance et du dialogue, a indiqué le représentant de la République de Corée.  La République de Corée, du fait de son environnement géopolitique unique en matière de sécurité, a été et continuera d'être engagée en faveur de la cause du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il conclu.


M. DAVID BROUCHER (Royaume-Uni) a indiqué que son pays saluait le document de travail présenté par le Japon le 14 août dernier concernant un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins de production d'armes nucléaires et autres engins explosifs (CD/1714).  Le Royaume-Uni considère que ce document constitue une contribution utile et positive au débat.  Comme le Japon, le Royaume-Uni est disposé à commencer immédiatement le travail sur la base du mandat Shannon (CD/1299).  En attendant le lancement des négociations, le Royaume-Uni maintient un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins d'armement et espère que ceux qui produisent encore des matières fissiles à de telles fins l'imiteront.  Le Royaume-Uni est d'accord pour dire qu'établir un lien entre les questions de production future et de stocks existants ne peut que compliquer le débat et porter préjudice au processus de négociation.  L'établissement de ce type de lien est en fait un des obstacles qui empêchent la Conférence de retourner au travail, a affirmé M. Broucher.  Il a précisé que son pays entretenait quelques réserves quant à l'opportunité d'établir un groupe d'experts avant que les négociations ne commencent, comme l'a proposé le Japon dans son document de travail.  Un tel groupe ne travaillerait pas avec des paramètres clairs et courrait le risque de s'engager dans un débat politique plutôt que d'apporter une véritable contribution scientifique, ce qu'il convient d'éviter, a-t-il avancé.  Sans parler des questions que cela ne manquerait pas de soulever s'agissant de la composition et du statut d'un tel groupe.  En dépit de ces quelques réserves, nous continuons de penser qu'il existe une étroite identité de vue entre le Royaume-Uni et le Japon s'agissant de la question d'un traité cut-off, a déclaré M. Boucher.


M. JANG CHUN SIK (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a souhaité réagir à la déclaration faite ce matin par la Ministre des affaires étrangères du Japon en rappelant que la RPDC n'est pas membre du TNP et ne saurait donc être appelée à respecter ses obligations en vertu de ce Traité.  Pourquoi passer sous silence la véritable source de danger, a demandé le représentant?  Le Japon sait fort bien pourquoi la RPDC s'est retirée du TNP.  La RPDC s'est retirée du TNP dans le but de défendre sa souveraineté, afin de faire face à une situation grave suscitée par les menaces pesant sur le pays.  Toute mesure de coercition est inacceptable pour un État souverain et la proposition de la France ne fait, à cet égard, que compliquer les choses, a insisté le représentant.  Il a indiqué que la RPDC est déçue par l'attitude et le comportement du Japon lors des récents pourparlers de Beijing.  Le Japon aurait dû faire des efforts pour orienter ces pourparlers vers une résolution de la question nucléaire sur la péninsule coréenne.  Si le Japon veut résoudre pacifiquement cette dernière question, il ne devrait pas soulever des problèmes qui n'aideront pas à la résoudre, a affirmé le représentant de la RPDC.


MME KUNIKO INOGUCHI, Présidente de la Conférence, s'est dite fermement convaincue que le Japon a participé aux récents pourparlers de Beijing avec un engagement de tenter de résoudre pacifiquement et dans un esprit de bonne volonté des questions extrêmement importantes.  Dans cet esprit, de nombreux problèmes au sein de la communauté internationale peuvent être résolus de manière pacifique, a-t-elle souligné.  Mme Inoguchi s'est dite persuadée que toutes les parties associées à ces pourparlers aspirent à la poursuite de ce processus.


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