LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LES REPRESENTANTS DU SRI LANKA ET DE L'AUSTRALIE
Communiqué de presse CD/G/601 |
CD/G/601
28 août 2003
LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LES REPRESENTANTS DU SRI LANKA ET DE L'AUSTRALIE
GENEVE, le 28 août -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les interventions du Sri Lanka et de l'Australie sur les travaux futurs de la Conférence.
Après avoir souligné les succès remportés par la Conférence par le passé, le Sri Lanka a reconnu que, 25 ans après sa création, certains aspects du fonctionnement de la Conférence sont anachroniques. Pour le Sri Lanka, les approches multilatérales constituent le meilleur moyen de trouver des solutions à des problèmes complexes tels que la paix et la sécurité internationales ainsi que d'autres menaces comme les armes de destruction massive et le terrorisme international. Pour sa part, le Sri Lanka se déclare prêt à faire preuve de souplesse s'agissant du programme de travail et à commencer les travaux au sein de la Conférence sur la base de toute proposition jouissant du consensus.
L'Australie a rappelé que les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires restent un objectif politique important pour elle et a demandé instamment à tous les membres de la Conférence d'accepter le programme de travail proposé par les «cinq ambassadeurs», qui prévoit le début de négociations sur un tel traité. Elle demande instamment à tous les membres de se mettre d'accord sur un programme de travail dès maintenant afin que la Conférence puisse à nouveau contribuer de façon productive au renforcement de la sécurité dans le monde.
À sa prochaine séance plénière, le mardi 2 septembre à 10 heures, la Conférence du désarmement entendra le Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Norvège, M. Kim Traavik. Le jeudi 4 septembre, la Ministre des affaires étrangères du Japon, Mme Yoriko Kawaguchi, s'adressera à la Conférence.
Déclarations
M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a relevé que certains aujourd'hui, au vu de la situation difficile dans laquelle se trouve la Conférence, doutent du succès de la Conférence à s'acquitter de la responsabilité qui lui a été confiée par la communauté internationale au moment de sa création, il y a un quart le siècle. De l'avis du Sri Lanka, la Conférence a rempli sa tâche avec succès si l'on considère l'ensemble de ses réalisations sur le long terme. Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et la Convention sur les armes chimiques sont des succès marquants qui ont permis à la Conférence de retirer pour toujours ces deux points de l'ordre du jour. On ne peut s'attendre à ce qu'une instance internationale, tenue de fonctionner sur la base du consensus, puisse parvenir chaque année à un accord, a observé le représentant.
Mais il faut aussi reconnaître que la Conférence du désarmement ne doit pas s'asseoir sur ses lauriers, a poursuivi M. Kariyawasam. À cet égard, certains sont d'avis qu'après 25 ans, le rôle de la Conférence du désarmement doit faire l'objet d'une réévaluation et être adapté à son époque, et il faut reconnaître que certains aspects du fonctionnement de la Conférence sont anachroniques. Ainsi, le rôle sans cesse croissant de la société civile et les conséquences de la libéralisation sociopolitique mondiale et du nouvel alignement politique des États ne semble pas s'être traduit de façon adéquate au sein de la Conférence. Les organisations non gouvernementales n'ont pas encore la possibilité de participer de façon significative aux travaux de la Conférence, a regretté le représentant. De plus, certains s'interrogent sur l'efficacité des groupements politiques actuels au sein de la Conférence. Une place doit être réservée à l'examen des questions qui préoccupent actuellement la communauté internationale, pas nécessairement pour négocier immédiatement des accords ou des conventions, mais au moins pour comprendre ces questions et en définir les contours afin de déterminer comment elles peuvent s'inscrire dans le cadre des travaux de la Conférence.
La mondialisation se développe inexorablement et a un impact profond sur les moyens de communication, les transports et l'interdépendance économique, a poursuivi M. Kariyawasam. L'isolationnisme ou la création de «communautés forteresses» ne sont plus envisageables. Aucun pays, aussi puissant soit-il, n'est en mesure de réaliser, seul, un état de sécurité parfaite. Les concepts de sécurité commune qui ont été exposés il y a déjà longtemps semblent encore plus aujourd'hui convenir à la réalisation de la sécurité pour tous dans un monde interdépendant. Le multilatéralisme et les approches multilatérales sont les meilleurs moyens de trouver des solutions à des problèmes complexes tels que la paix et la sécurité internationales ainsi que d'autres menaces comme les armes de destruction massive et le terrorisme international.
Le représentant sri-lankais a souligné qu'un programme de travail acceptable pour tous exige un équilibre entre certaines questions spécifiques. Cependant, l'établissement de liens ne doit pas nécessairement mener à des solutions attrape-tout qui ne seraient ni pratiques ni défendables. Beaucoup d'efforts ont été faits pour proposer des programmes de travail en vue de permettre à la Conférence de commencer ses travaux de fond. Pour sa part, le Sri Lanka reste attaché à la proposition de programme de travail présentée par le Groupe de 21 (documents CD/1570 et CD/1571). Le Sri Lanka salue également les autres propositions qui ont été faites et se déclare prêt à faire preuve de souplesse s'agissant du programme de travail et à commencer le travail au sein de la Conférence sur la base de toute proposition jouissant d'un consensus. M. Kariyawasam a estimé qu'il faudrait donner au Président un mandat spécifique pour poursuivre les consultations pendant la période intersessions en vue de parvenir à un consensus sur un programme de travail de façon à ce que la Conférence puisse reprendre le travail en 2004.
M. MICHAEL SMITH (Australie) a déclaré que les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires restent un objectif politique important pour l'Australie. Il a rappelé à cet égard qu'un tel traité a été appuyé par les conférences d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire en 1995 et en 2000 et par les résolutions adoptées par consensus par l'Assemblée générale. Un tel traité fera une contribution vitale à la non-prolifération nucléaire et au désarmement nucléaire en limitant les matières fissiles disponibles pour être utilisées dans les armes nucléaires. Associé à des mesures appropriées de protection, dont beaucoup sont déjà en vigueur, le traité réduira la probabilité de trafic illicite de matières fissiles à l'avenir.
L'Australie demande instamment à toutes les parties d'accepter le programme de travail proposé par les «cinq ambassadeurs», qui prévoit le début de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles. L'Australie est consciente que la négociation d'un régime de vérification pour le traité ne sera pas une tâche facile, a déclaré M. Smith, mais il a souligné que le document final adopté à la Conférence d'examen du TNP de 2000 offre un calendrier et place le traité dans le contexte approprié. Ainsi, l'Australie estime opportun d'examiner à nouveau la suggestion du Japon visant à établir, au vu de la diversité et de la complexité des questions techniques, un groupe d'experts chargé d'examiner ces questions avant le début des négociations, à l'instar de celui qui avait été créé pour le travail technique sur la vérification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Ceci pourrait être utile pour préparer une approche commune aux négociations futures sur les questions qui sont complexes sur un plan technique et impliquent en même temps des appréciations politiques difficiles. Un tel exercice pourrait être un complément aux séminaires extrêmement précieux organisés par les Pays-Bas sur le sujet et auxquels l'Australie continue d'apporter son plein soutien.
En conclusion, M. Smith a demandé instamment à tous les membres de la Conférence du désarmement de se mettre d'accord sur un programme de travail dès maintenant afin que la Conférence puisse à nouveau contribuer de façon productive au renforcement de la sécurité dans le monde.
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