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CD/G/594

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT CONCLUT LA DEUXIEME PARTIE DE SA SESSION DE 2003

27/06/03
Communiqué de presse
CD/G/594


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT CONCLUT LA DEUXIEME PARTIE DE SA SESSION DE 2003


GENEVE, le 26 juin -- La Conférence du désarmement a conclu ce matin la deuxième partie de sa session de 2003 en entendant des déclarations de la Belgique, de l'Algérie, de la Roumanie, de la Suède, de la Colombie, du Canada et de la Finlande.  Plusieurs ambassadeurs auprès de la Conférence ont fait des déclarations d'adieu, devant être chargés de nouvelles fonctions d'ici à la reprise de session de la Conférence du désarmement, le 28 juillet.  Avec d'autres intervenant, ils ont déploré l'impasse dans laquelle continue de se trouver la Conférence et ont fait des suggestions pour permettre à la Conférence de s'entendre sur un programme de travail.


La Belgique et l'Algérie ont en particulier souligné la nécessité de parvenir à un consensus concernant l'initiative des Cinq Ambassadeurs concernant le programme de travail.


M. Mario E. Maiolini, Ambassadeur d'Italie, qui assume cette semaine la présidence de la Conférence, a souligné qu'il s'agit de la seule instance de négociation globale sur le désarmement dont dispose la communauté internationale, et qu'aucun effort ne doit être épargné pour la maintenir en vie; ses lacunes et les longues périodes qui se sont écoulées depuis les derniers succès remportés ne devraient pas décourager la poursuite de la diplomatie.


La Belgique a fait valoir que la proposition des «Cinq Ambassadeurs» avait été soutenue par 34 pays, et que douze États membres n'ont pas présenté leur position, mais ne se sont pas opposés à l'initiative.  Il a proposé des amendements au texte en vue de recueillir le consensus.  La Finlande a souligné qu'elle faisait partie des pays qui ont soutenu l'initiative et a espéré que la présidence parviendra à ouvrir la voie vers des travaux de fond.


L'Algérie a déclaré que des efforts devraient être faits pour revenir à la question qui préoccupe vraiment la Conférence, à savoir la sécurité, en particulier s'agissant de la menace que posent les armes nucléaires.  Les pays non dotés d'armes nucléaires ont des raisons de s'inquiéter du nombre important d'ogives nucléaires encore détenues par les États nucléaires, a ajouté le représentant.


Des déclarations d'adieux ont été faites par les ambassadeurs de la Roumanie, de la Suède, de la Colombie et du Canada.


La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu le 31 juillet 2003, à 10 heures.


Déclarations


M. JEAN LINT (Belgique), intervenant au nom des «Cinq Ambassadeurs», a fait valoir que, depuis le 31 juillet 2002, l'initiative des Cinq Ambassadeurs a été soutenue dans cette enceinte par les 34 pays suivant: l'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Argentine, l'Australie, l'Autriche, la Bulgarie, le Canada, l'Équateur, l'Espagne, la Finlande, la Hongrie, l'Inde, l'Indonésie, l'Iran, l'Irlande, l'Italie, le Japon, le Kenya, la Malaisie, le Mexique, le Nigeria, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Pérou, la Pologne, la République de Corée, la Roumanie, le Sénégal, la Suisse, la Tunisie, la Turquie, l'Ukraine et le Venezuela.  Il a ajouté que 12 membres de la Conférence du désarmement ne se sont pas prononcés sur l'initiative mais ne s'y sont pas opposés : le Bangladesh, le Cameroun, Cuba, l'Éthiopie, l'Iraq, le Maroc, la Mongolie, la République démocratique du Congo, la République démocratique populaire de Corée, le Sri Lanka, le Vietnam et le Zimbabwe.


Résumant les positions des autres pays membres, M. Lint a souligné que le Royaume-Uni a déclaré ne pas avoir l'intention de soumettre des amendements à la proposition ; le Brésil a déclaré ne pas s'opposer à la proposition en cas de consensus; le Groupe des pays de l'Est a accueilli avec satisfaction l'initiative; l'Égypte a apprécié les efforts réalisés cette année; le Myanmar a déclaré que l'initiative est une base pour des consultations intensives; le Pakistan et la Syrie ont apprécié les efforts des Cinq mais ont estimé que le texte sur le désarmement nucléaire devait être amélioré; Israël déterminera sa position quand la proposition sera largement acceptée par les «parties concernées».  Le Bélarus et la Fédération de Russie sont ouverts à l'initiative si le texte sur la prévention de la course aux armements dans l'espace est adapté; la France a estimé qu'une solution devait d'abord être trouvée sur la prévention de la course aux armements dans l'espace; la Chine a fait une proposition d'ajout de texte sur la prévention de la course aux armements dans l'espace qui lui permettrait d'accepter le programme de travail.  Enfin, les États-Unis apprécient la proposition des Cinq Ambassadeurs mais ne peuvent pas accepter le texte proposé par la Chine.


M. Lint en a conclu que la pomme de discorde est clairement celle relative au mandat concernant la prévention de la course aux armements dans l'espace.  Nous avons entendu les critiques de la Chine par rapport à l'inclusion des mots «sans préjudice».  Nous avons entendu les réticences des États-Unis à l'ajout chinois «en vue de négocier un instrument juridique international approprié».  M. Lint a proposé, au nom des Cinq Ambassadeurs, un amendement du texte (qui figure au document CD/1693) tendant à supprimer les mots «et sans préjudice».  Dans la proposition chinoise, il propose de remplacer «en vue de» par «notamment la possibilité de».  Il a suggéré que la présidence envisage la possibilité d'entamer des consultations sur la base de ces amendements.


Le représentant belge a ensuite indiqué que son pays était favorable à la participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence.  Pour la procédure, elle pourrait s'inspirer des règles de l'ONU, a-t-il suggéré.


M. MOHAMED-SALAH DEMBRI (Algérie) a estimé que des efforts devraient être faits pour revenir à la véritable question qui préoccupe la Conférence, à savoir la sécurité, en particulier s'agissant de la menace que posent par les armes nucléaires.  Ces dix dernières années, la Conférence n'est pas parvenue à faire des progrès en matière de désarmement nucléaire conformément aux dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  On est en droit d’interroger sur le respect des engagements contractés en vertu du Traité.


M. Dembri a dit que des pays non dotés d'armes nucléaires ont des raisons de se préoccuper du nombre d'ogives nucléaires encore détenues par les États nucléaires.  Il est urgent de procéder à une nouvelle série de négociations afin d'assurer les États non dotés d'armes nucléaires que de telles armes ne seront pas utilisées contre eux.  La Conférence devrait aussi porter son attention à la question du rôle des entreprises privées dans la production de telles armes.


Le représentant algérien a estimé que l'initiative des «Cinq Ambassadeurs» reste valable.  La Conférence n'est pas loin du consensus pour accepter ces propositions, bien qu'il y ait encore des résistances de la part de certains États.  M. Dembri a vivement recommandé à la présidence d'intensifier les efforts destinés à adopter ces propositions.  Concernant la participation des organisations non gouvernementales, le représentant algérien a souligné que l'utilité de leur participation ne faisait aucun doute pour personne.


MME ANDA CRISTINA FILIP (Roumanie), dans sa déclaration d'adieux à la Conférence, a rappelé qu'au cours des dix dernières années, la Roumanie s'est beaucoup concentrée sur sa propre transformation et sur sa réintégration dans l'Europe et le système de Nations Unies.  La Roumanie croit fermement que la Conférence du désarmement a un grand potentiel pour un travail significatif et substantiel, même si aujourd'hui, alors qu'elle conclut la deuxième partie de sa session de 2003, elle ne soit pas encore parvenue à un accord sur un programme de travail.


Un certain nombre de propositions ont été présentées et il est clair, comme il a été dit auparavant, que la volonté politique, l'équilibre, le compromis et le consensus sont autant d'éléments clefs pour faire avancer les travaux de la Conférence.  La Conférence a été profondément affectée par les changements immenses qui se sont produits au cours des 14 dernières années, notamment la chute du communisme et les événements du 11 septembre 2001.  L'impasse actuelle peut s'expliquer par la nécessité pour la Conférence d'actualiser ses méthodes de travail pour relever les nouveaux défis auxquels le monde fait face, notamment le terrorisme et les nouvelles armes de destruction massive.  Il faudrait, peut-être, définir une nouvelle architecture de sécurité internationale et  de stabilité.  La Roumanie est fortement convaincue que la Conférence a un rôle unique à jouer et qu'elle a sa place parmi les instances multilatérales dans les domaines de la limitation des armements, de la non-prolifération et des questions connexes, et qu'elle pourrait de nouveau être à l’origine de solutions face aux préoccupations de la communauté internationale.


M. HENRIK SALANDER (Suède) a déclaré qu'il quittait la Conférence avec des sentiments mitigés.  Son mandat de quatre ans à Genève a été pour lui enrichissant mais il a aussi exprimé le sentiment d'avoir perdu son temps à cause de l'absence de progrès au sein de la Conférence : aucun travail de fond n'a été accompli pendant quatre ans.  La Conférence est inactive depuis plusieurs d'années et ne parvient pas à adopter un programme de travail pour atteler  à l'accomplissement de son mandat.  Il reste une petite lueur d'espoir qu'un jour la Conférence sortira de son impasse et reprendra le travail important qu'elle a à accomplir.


M. CAMILO REYES (Colombie), dans sa déclaration d'adieux, a pour sa part souligné les efforts menés par son pays dans le cadre des travaux en matière de désarmement depuis plusieurs années, plus récemment dans le cadre de l'initiative des cinq ambassadeurs, dont il fait partie.  Il a assuré que sa délégation n'a épargné aucun effort pour rechercher une sortie à la situation déplorable dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement.  Elle est convaincue qu'aucun membre de la communauté internationale ne peut légitimement souhaiter que cette situation se maintienne.  La proposition des cinq ambassadeurs représente les positions de différents groupes de pays, elle est globale, souple et équilibrée.  Elle emploie les termes les plus transparents et ne préjuge ni ne présuppose autre chose que la nécessité de restituer à la Conférence sa capacité de travail et de répondre aux attentes de la communauté internationale et de chaque pays.


Le représentant colombien a également fait valoir l'importance accordée par son pays aux efforts menés pour faire face au problème des armes légères, qui touche la grande majorité des pays et représente un fléau qui fait chaque jour plus de mille victimes, détruit le tissu social, génère la pauvreté, entrave le développement, exacerbe les conflits.  Les travaux s'agissant des armes légères ne peuvent être différés et M. Reyes s'est félicité de la tenue à New York de la première réunion pour l'échange d'informations sur la question.  Il a par ailleurs souligné les efforts de sa délégation dans le cadre de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.


M. Reyes a souligné qu'à une époque où les acteurs non étatiques sont devenus les principaux auteurs de la violence et que le terrorisme a enfin été identifié comme une des principales menaces à la sécurité des citoyens et à la sécurité internationale, il est indispensable que la Conférence surmonte les obstacles qui l'empêchent de s'acquitter de ses fonctions.  Pour la Colombie, il est évident que, dans les circonstances actuelles, la non-prolifération revêt une pertinence particulière et sur laquelle, sans pour autant négliger les engagements en matière de désarmement, il est urgent d'agir.  Il a lancé un appel à la Conférence pour qu'elle s'efforce de façon incessante ses efforts pour permettre à la Conférence de s'acquitter de ses fonctions, à développer les instruments indispensables à la consolidation de la non-prolifération et du désarmement en tant qu'éléments indispensables pour la paix et la coexistence.


M. CHRISTOPHER WESTDAL (Canada), faisant également ses adieux à la Conférence, a regretté qu'au cours de ses quatre années passées à Genève, aucun résultat concret de valeur dans le domaine de la limitation des armements et du désarmement n'ait été obtenu, bien que les membres de la Conférence ne soient pas du tout restés oisifs.  La valeur de la Conférence a été démontrée, mais la dure réalité de notre époque veut que les grandes puissances aient «laissé vide le carnet de commandes de la Conférence».  Certains pays n'ont pas voulu mener ici les étapes suivantes logiques sur la voie du désarmement nucléaire; il est clair que certains souhaitent augmenter leurs stocks de matières fissiles; certains ne souhaitent pas interdire des armes dans l'espace; certains n'ont pas même voulu «étudier» l'idée du désarmement nucléaire; certains n'ont pas voulu négocier des assurances de sécurité négatives.


Beaucoup de changements sont intervenus ces quatre dernières années, notamment les multiples retombées de la fin de la Guerre froide; la fin du Traité ABM; un protocole «mort-né» sur l'interdiction des armes biologique à toxines après sept ans de travaux; et les événements du 11 septembre 2001.  Il y a eu des guerres en Afghanistan et en Iraq causées par la crainte que la des armes et autres moyens de destruction massive pourraient être utilisés.  Étant donné ces changements dans le domaine de la sécurité, il n'est pas tellement surprenant qu'il n'y ait pas eu au sein de la Conférence, d'accord sur la façon d'entreprendre des négociations sérieuses pour parvenir à un consensus sur de nouveaux instruments multilatéraux contraignants en matière de désarmement.  Entre-temps, la grave menace de prolifération nucléaire, la menace posée par les armes biologiques ou à toxines, la nécessité d'une coopération internationale complète n'ont pas changé.  Les responsabilités de la communauté internationale dans le domaine du désarmement sont aussi lourdes que jamais, a conclu le représentant canadien.


M. MARKKU REIMAA (Finlande), en réponse à la déclaration du référant du représentant belge, a souligné que la Conférence menait ses travaux conformément à la règle du consensus et que tous les États avaient les mêmes obligations.  Il a souligné que son pays a été mentionné parmi les États qui ont soutenu l'initiative des «Cinq Ambassadeurs» et a espéré que la nouvelle présidence italienne parviendra à maintenir la Conférence en vie et ouvrira la voie vers des travaux de fond.


M. MARIO E.  MAIOLINI (Italie), assumant ses fonctions de Président de la Conférence, a souligné que la Conférence est la seule instance de négociation globale sur le désarmement dont dispose la communauté internationale.  Aucun effort ne doit être épargné pour maintenir la Conférence en vie; ses lacunes et les longues périodes qui se sont écoulées depuis les derniers succès remportés ne devraient pas décourager la poursuite de la diplomatie.  La Conférence devrait examiner les éléments fondamentaux qui ont caractérisé la situation internationale présente et se poser la question de savoir s'il reste des chances de progrès dans le processus de désarmement.


M. Maiolini a souligné que jusqu'à présent, un accord sur un programme de travail a été le but principal du moment et a estimé que la meilleure chance pour une solution était de rechercher le plus petit dénominateur commun pour maintenir en vie la Conférence.  Or, ce  plus petit dénominateur commun  est en train d'émerger depuis quelques mois et la Conférence devrait continuer à examiner les possibilités de consensus dans les domaines concernés.


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