LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DU PAKISTAN
Communiqué de presse CD/G/588 |
LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DU PAKISTAN
GENEVE, le 22 mai -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères du Pakistan, M. Riaz H. Khokhar. Le ministre a notamment souligné les dangers que représente une approche des questions de désarmement sous le seul angle du terrorisme et a estimé que les questions de désarmement nucléaire, de prévention de l'armement dans l'espace, des assurances négatives de sécurité et d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication de dispositifs explosifs nucléaires ne sauraient être mises en veilleuse. La Conférence doit commencer sans plus tarder ses travaux de fond sur ces questions et d'autres dans le cadre d'un programme de travail équilibré et complet.
M. Khokhar a aussi abordé les questions de sécurité dans sa propre région, déclarant notamment qu'il espérait que la reprise du dialogue entre l'Inde et le Pakistan serait l'occasion à la fois de traiter de la question fondamentale du Cachemire et de discuter de retenue stratégique et de mesures de renforcement de la sécurité. Il a ajouté que les initiatives récentes entre l'Inde et le Pakistan sont encourageantes et que le Pakistan est disposé à s'engager sur une nouvelle voie pour enfin mettre fin à la méfiance et à la malveillance qui ont entaché ses relations avec l'Inde depuis plusieurs décennies.
La Nouvelle-Zélande a fait une déclaration au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, constituée par l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle Zélande et la Suède, qui, depuis 1998, soulignent le besoin d'un nouvel agenda pour un monde exempt d'armes nucléaires et appellent à l'application d'un certain nombre de mesures de désarmement nucléaire. Elle a présenté la dernière version du texte exprimant la position de la Coalition sur le processus d'examen en cours dans le cadre des préparatifs de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire, réaffirmant sa détermination de voir appliquer «l'engagement sans équivoque des États dotés d'armes nucléaires à éliminer totalement leurs arsenaux nucléaires». Les membres de la Coalition expriment leur consternation face à l'incapacité de la Conférence à avancer dans ses travaux.
La Présidente de la Conférence, Mme Mary Whelan, Ambassadrice d'Irlande, qui termine cette semaine son mandat en tant que Présidente, a relevé que, si l'écrasante majorité des membres de la Conférence sont prêts à commencer à travailler sur tous les points qui figurent à l'ordre du jour, il n'y a toujours pas de consensus. Elle a aussi déclaré que son pays, l'Irlande, considère que les délibérations de la Conférence sont renforcées par l'engagement de la société civile dans ses travaux, et elle a invité les futurs présidents de la conférence en 2003 - Israël, Italie et Japon - à mener à bonne fin la question de la participation des organisations non gouvernementales d'ici la fin de la session.
En début de séance, Mme Whelan a exprimé, au nom de la Conférence du désarmement, ses condoléances et sa sympathie au Gouvernement et au peuple d'Algérie après le violent séisme qui a fait, hier soir, de nombreuses victimes.
La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le mardi 27 mai, à 10 heures. Elle sera présidée par l'Ambassadeur Yaakov Levy d'Israël.
Déclarations
M. RIAZ H. KHOKHAR, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a déclaré que la paralysie de la Conférence du désarmement était troublante, mais pas entièrement surprenante. La Conférence est tributaire de la dynamique mondiale et fait partie d'un système international qui lui-même subit d'importantes mutations. Bien que la Conférence soit une instance de négociation d'instruments de limitation des armements et de désarmement à l'échelle mondiale, le Ministre a souligné l'impact régional et l'importance de tels instruments pour l'Asie du Sud. C'est pourquoi le sort de la Conférence a une incidence directe sur la sécurité du Pakistan. Le Ministre pakistanais des affaires étrangères a déclaré que sa présence devant la Conférence aujourd'hui souligne l'appui du Pakistan pour cet organe important et pour ses objectifs de promotion du désarmement multilatéral et de la sécurité internationale. Alors qu'une paix véritable et durable continue d'échapper à l'humanité et que la guerre menace l'existence même de l'homme, M. Khokhar a souligné que l'Organisation des Nations Unies a prouvé sa pertinence, même dans les situations où elle s'est retrouvée marginalisée. Le Pakistan, actuellement membre du Conseil de sécurité, continuera, modestement, à jouer un rôle dans le soutien du droit international et de son évolution continue dans la bonne direction. Il n'épargnera aucun effort pour faire des Nations Unies le facteur déterminant central pour le comportement entre les États.
La Conférence du désarmement est l'unique instance multilatérale dont le mandat est de négocier et de conclure, sur la base du consensus, des instruments contraignants de limitation des armements et de désarmement, a poursuivi le ministre. Le Pakistan est profondément inquiet que la Conférence continue d'être dans l'impasse. Depuis quelque temps, il est de rigueur de n'envisager le processus de désarmement dans son ensemble que sous l'angle du terrorisme. Le Pakistan considère qu'une telle approche ne comporte que des risques. Les questions de désarmement nucléaire, de prévention de l'armement dans l'espace, des assurances négatives de sécurité et d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ne sauraient être mises en veilleuse. La Conférence doit commencer sans tarder ses travaux de fond sur ces questions et d'autres dans le cadre d'un programme de travail équilibré et complet. Le Ministre pakistanais des affaires étrangères a en outre souligné l'absence de certaines questions de l'ordre du jour de la Conférence en dépit de leur importance indéniable pour la sécurité mondiale, notamment la question des missiles et le contrôle des armements classiques aux niveaux régional et sous-régional. Il a notamment souligné que le principe de sécurité maximum fondée sur le niveau le plus bas possible d'armements et de forces militaires offre la meilleure base pour l'élaboration de lignes directrices contraignantes pour les États, en tenant compte de la dynamique de sécurité particulière de chaque région et sous-région.
M. Khokhar a déclaré qu'il espérait que la reprise du dialogue entre l'Inde et le Pakistan serait non seulement l'occasion de traiter de la question fondamentale du Cachemire, sans quoi il ne saurait y avoir d'espoir réaliste d'assurer la paix et la sécurité dans la région, mais permettrait aussi aux deux pays de discuter de retenue stratégique et de mesures de renforcement de la sécurité. Le Pakistan souhaite que la région ne soit pas considérée comme dangereuse, mais bien comme une région où deux voisins nucléaires peuvent coexister en tant qu'États nucléaires responsables. M. Khokhar, soulignant que le
Pakistan comme l'Inde applique un moratoire sur les essais nucléaires, a suggéré qu'il pourrait être formalisé. Un accord sur le non-déploiement d'armes nucléaires sur la base de définitions communes serait aussi un facteur important de stabilité. Un accord formel pour notifier les essais de missiles balistiques constituerait également une mesure importante de confiance. L'Asie du Sud a besoin d'une nouvelle architecture de sécurité fondée sur un accord sur plusieurs points.
Le ministre pakistanais a souligné que la capacité nucléaire du Pakistan est uniquement pour son autodéfense et résulte de facteurs historiques et stratégiques particuliers. Le Pakistan partage l'engagement de la communauté internationale en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive, a-t-il rappelé. Le Pakistan est lui-même une victime du terrorisme et il coopère étroitement avec la communauté internationale pour combattre ce fléau. Il a adopté un mécanisme juridique et pratique pour mettre fin efficacement à l'appui financier ou autre d'organisations et groupes terroristes. Réaffirmant sa détermination inébranlable à combattre le terrorisme sous toutes ses formes, le Pakistan s'opposera, avec la même détermination, à toute tentative de porter atteinte au principe d'autodétermination. Le déni du droit à l'autodétermination de la population du Jammu-et-Cachemire demeure une source de vives tensions.
En conclusion, M. Khokhar a estimé que les initiatives récentes entre l'Inde et le Pakistan sont encourageantes et indiqué que le Pakistan est disposé à s'engager sur une nouvelle voie pour enfin mettre fin à la méfiance et à la malveillance qui ont entaché ses relations avec l'Inde depuis plusieurs décennies.
M. TIM CAUGHLEY (Nouvelle-Zélande), s'exprimant au nom de la Coalition pour un nouvel agenda, composée de l'Afrique du Sud, du Brésil, de l'Égypte, de l'Irlande, du Mexique et de la Suède, a présenté la dernière version du texte exprimant la position de la Coalition sur le processus d'examen en cours dans le cadre des préparatifs de la Conférence d'examen de 2005 du Traité de non-prolifération nucléaire. La Coalition demeure ferme dans sa détermination de voir appliquer les dispositions du Document final de la Conférence d'examen de 2000 et, en particulier, «l'engagement sans équivoque des États dotés d'armes nucléaires à éliminer totalement leurs arsenaux nucléaires», et la mise en œuvre des treize étapes pratiques vers le désarmement nucléaire. Le représentant a exprimé la consternation des membres de la Coalition face à l'incapacité de la Conférence à avancer dans ses travaux, en particulier au regard des inquiétudes que soulève la situation internationale actuelle.
La Coalition pour un nouvel agenda exhorte la Conférence du désarmement, dans l'optique de la Conférence d'examen de 2005, à établir sans délai des comités spéciaux chargés du désarmement nucléaire et des négociations en vue d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires qui soit non discriminatoire, multilatéral et qui puisse être réellement et internationalement vérifiable tout en tenant compte des objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaires. Par ailleurs, la Conférence du désarmement, en tant que seule instance multilatérale de négociation en matière de désarmement, a la responsabilité première d'engager des négociations en vue d'un accord ou d'accords multilatéraux, selon qu'il convient, pour prévenir une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. À cet égard, la Conférence doit établir un comité spécial au plus tôt. M. Caughley a conclu en exhortant la Conférence à adopter son programme de travail de toute urgence.
S'exprimant au nom de son propre pays, M. Caughley s'est félicité du signe que vient encore de donner le Pakistan qu'il est disposé à engager un dialogue avec l'Inde et à répondre aux signes d'ouverture lancés par l'Inde en vue d'apaiser les rapports tendus entre ces deux États voisins. Il a par ailleurs vivement félicité la Présidente de la Conférence pour ses efforts visant à renforcer la participation de la société civile dans les travaux de la Conférence du désarmement.
Mme MARY WHELAN (Irlande), qui termine cette semaine son mandat en tant que Présidente de la Conférence, a noté que, si l'écrasante majorité des membres de la Conférence sont prêts à commencer l'examen de tous les points qui figurent à l'ordre du jour, il n'y a toujours pas de consensus. Au fils des ans, de nombreuses approches ont été tentées, et celle qui continue à rallier le plus grand appui est toujours la proposition Amorim. En dépit du fait que la Conférence n'ait pas pu adopter de mesures concrètes, elle tient régulièrement des réunions pour écouter des interventions ayant trait à des questions de désarmement. De nombreuses déclarations, telles que celles qui ont été faites ce matin par le Ministre des affaires étrangères du Pakistan ainsi que par le représentant de la Coalition pour un nouvel agenda, continuent de témoigner de l'intérêt des membres à adopter des mesures concrètes pour rendre notre monde plus sûr pour tous nos concitoyens.
La Présidente a déclaré que son pays, l'Irlande, considère que les délibérations de la Conférence se trouvent renforcées par l'engagement de la société civile dans ses travaux. C'est pourquoi elle avait demandé aux membres de réfléchir sur les mesures qu'ils pourraient accepter d'adopter en ce qui concerne leur participation aux travaux. Elle avait proposé aux groupes régionaux des mesures qui pourraient être adoptées, à titre d'essai, pour une période de douze mois : prier les ONG à prendre la parole devant la Conférence à deux ou trois reprises en 2004 et les inviter à faire parvenir leur documentation dans la salle de réunion. Sur ce dernier point, tous les groupes sont d'accord. Sur la question de prier les ONG à prendre la parole, certains groupes souhaitent recueillir un avis juridique pour savoir si le règlement intérieur le prévoit mais les membres sont largement d'accord d'une façon générale pour que les ONG puissent prendre la parole à une ou deux reprises au cours de 2004 devant la Conférence. En attendant l'avis juridique et de nouvelles consultations, la Présidente a estimé qu'il devrait être possible pour les futurs présidents de la Conférence en 2003 - Israël, Italie et Japon - de mener à bonne fin cette question d'ici la fin de la session.
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