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CD/G/578

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND UN MESSAGE D'ONG A L'OCCASION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME

06/03/2003
Communiqué de presse
CD/G/578


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND UN MESSAGE D'ONG A L'OCCASION

DELA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME


GENÈVE, 6 mars -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, un message d'organisations non gouvernementales à l'occasion de la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale (8 mars).  Les Pays-Bas, la Norvège, l'Égypte et la Chine ont fait des déclarations concernant les travaux de la Conférence.


Dans leur message, qui a été lu par M. Enrique Roman-Morey, Secrétaire général adjoint de la Conférence du désarmement, les organisations non gouvernementales réunies en séminaire à l'occasion de la Journée internationale de la femme, soulignent que, dans le monde entier, l'énorme majorité des femmes sont systématiquement empêchées de jouir du droit de participer aux décisions en matière de paix et de sécurité.  Il est impossible de jeter les bases d'une culture de paix sans prendre dûment compte des femmes.  Le message regrette que la Conférence ne fasse rien pour promouvoir la prévention d'une course aux armements dans l'espace et n'a pas engagé de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il est en outre évident que la Conférence ne traite aucune des priorités urgentes en matière de désarmement.  Les femmes pour la paix recommandent vivement à la Conférence de s'entendre sur un programme de travail au cours de la première partie de sa session de 2003.  En outre, elle devrait envisager de mettre au point de nouveaux mécanismes visant à accorder un rôle plus actif des organisations non gouvernementales dans les travaux de la Conférence.  Le Président de la Conférence a fait une déclaration concernant le message des organisations non gouvernementales.


Les Pays-Bas et la Norvège ont abordé en particulier la question de la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.


L'Égypte a pour sa part regretté que la Conférence n'ait pas encore commencé de négociations sur un tel traité.  Elle a par ailleurs estimé que la légitimité et la crédibilité d'une action énergique s'agissant de la question des armes de destruction massive en Iraq ne seront assurées que si elle s'inscrit dans le cadre d'un effort international global visant à libérer l'ensemble de la région du Moyen Orient des armes de destruction massive et si elle s'accompagne d'une volonté de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité concernant la région.


À l'instar de l'Égypte, la Chine s'est dite fermement attachée au multilatérialisme dans le domaine de désarmement et de la limitation des armements et a souligné que la meilleure façon de combattre le terrorisme passe par le développement et la prospérité.  Elle a en outre souligné que la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace doit être au sommet de l'ordre du jour de la communauté internationale.


Rendant compte des résultats de ses consultations sur la question de savoir comment faciliter le commencement des travaux de fond de la conférence, le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Djismun Kasri d'Indonésie, a indiqué qu'il avait consulté un certain nombre de délégations, et notamment quelques uns des auteurs de l'initiative des cinq ambassadeurs (CD/1693).  À ce stade, le Président n'est pas en mesure de faire part d'un changement radical de la situation qui puisse rapprocher la Conférence du désarmement d'un accord sur le programme de travail.  Il est encourageant de voir qu'un certain nombre de délégation ait déjà approuvé cette proposition.  Il est de même encourageant de voir que certaines délégations se sont d'ores et déjà dites disposées à accepter le programme de travail qui est proposé sous sa forme actuelle.  Il semble qu'il existe un accord de principe sur les moyens de traiter les différents points de l'ordre du jour en même temps.  Toutefois, il subsiste des divergences de vues en ce qui concerne les mandats susceptibles d'être confiés a certain des organes qui sont envisagés.


En fin de séance, la Conférence du désarmement a décidé d'accepter la demande de l'Uruguay de participer aux travaux de la Conférence à titre d'observateur.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 13 mars, à 10 heures.


Déclarations


M. ENRIQUE ROMAN-MOREY, Secrétaire général adjoint de la Conférence du désarmement, a donné lecture du message adressé à la Conférence par la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, en coopération avec le Comité des organisations non gouvernementales sur la condition de la femme (Groupe de travail sur la paix).  Le message note que depuis 1984, les organisations de femmes à Genève ont marqué la Journée internationale de la femme par un séminaire sur le désarmement et une déclaration devant la Conférence du désarmement.  Le séminaire de cette année a examiné les conséquences économiques de la guerre et comment les droits de la femme se sont érodés en raison de l'inefficacité des mesures de désarmement et de leur exclusion systématique du processus décisionnel.  Les femmes ont le droit de participer aux décisions sur la paix et la sécurité, mais, dans le monde entier, l'énorme majorité des femmes ont été systématiquement empêchées de jouir de ce droit démocratique.  Il est impossible de jeter les bases d'une culture de paix sans prendre dûment compte des femmes.


Dans leur message à la Conférence, les groupes de femmes soulignent que les organisations non gouvernementales qui ont défendu l'Organisation des Nations Unies et leur engagement prioritaire en faveur du désarmement rencontrent de plus en plus de difficultés à expliquer le rôle de la Conférence, car elle ne traite pas du désarmement nucléaire, comme elle s'était engagée à le faire.  La Conférence ne fait rien pour promouvoir l'engagement international en faveur de la prévention d'une course aux armements dans l'espace et n'a pas engagé de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il est en outre évident que la Conférence ne traite aucune des priorités urgentes en matière de désarmement.  Les femmes pour la paix recommandent vivement à la Conférence de s'entendre sur un programme de travail au cours de la première partie de sa session de 2003.  Bien que les propositions avancées par les cinq anciens présidents de la Conférence ne répondent pas aux attentes à tous les espoirs des femmes, l'impasse des six dernières années a considérablement modifié leurs attentes.  Le projet de programme permettrait au moins la négociation d'un traité sur les matières fissiles.  Les femmes espèrent en outre que «l'élaboration d'un régime en mesure d'empêcher une course aux armements dans l'espace» pourra être élaboré à brève échéance en raison des investissements, de la recherche et du développement consacrés par un État membre à ce domaine, et qui sont à même de déclencher une course aux armements.  Une coalition d'États souhaitant de telles négociations devrait commencer des débats informels sur ces questions, utilisant ainsi le temps et l'expertise disponibles à Genève de manière constructive afin de parvenir à l'élaboration de projets de documents et de traités pouvant servir de base à une réflexion lorsque la volonté politique aura enfin «atteint une masse critique».  Enfin, la Conférence devrait procéder à un examen sérieux pour mettre au point de nouveaux mécanismes visant à accorder un rôle plus actif des organisations non gouvernementales dans la vie et le travail de la Conférence.


Le président de Conférence, M. DJISMAN KASRI, répondant à la déclaration des ONG sur la Journée internationale de la femme, a notamment déclaré que la Conférence appuie fermement l'engagement des femmes s'agissant des questions de désarmement.  La Déclaration sur l'égalité des hommes et des femmes et leur contribution au développement et à la paix recommandait que femmes et hommes soutiennent les initiatives en faveur du désarmement et de la paix; la Plate-forme d'action de Beijing et la Conférence de suivi de 2000 ont aussi souligné


l'importance d'une meilleure compréhension des liens entre les questions de sexospécificité et le désarmement.  Ces liens ne sont peut-être pas immédiatement apparents et une série de notes sur ces questions ont été préparées par le Département des affaires du désarmement, en étroite collaboration avec le Bureau du Conseiller spécial des Nations Unies sur la sexospécificité et la promotion de la femme.  Il est en outre important de mettre en évidence le récent plan d'action sur la sexospécificité élaboré par le Département des affaires du désarmement, fondé sur le sur le principe selon lequel la prise en compte des question de sexospécificité est à même de renforcer les efforts dans le domaine du désarmement.


M. CHRIS SANDERS (Pays-Bas) a déclaré que son pays s'associait aux recommandations adressées par les organisations non gouvernementales à la Conférence du désarmement.  Il a ensuite rendu compte de la troisième réunion organisée par sa délégation dans le cadre des efforts menés par son pays en faveur d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.  Il a souligné que cette réunion, qui s'est tenue le 28 février dernier, a réuni plus de cent participants.  Quarante pays ont participé à la réunion, ainsi que des représentants du Département des affaires du désarmement, des organisations non gouvernementales, des organisations internationales et de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).  La réunion a examiné les rapports entre le système de sauvegardes de l'AIEA et un traité sur les matières fissiles.


Le représentant néerlandais a ensuite indiqué que la prochaine réunion organisée par son pays sur la question sera organisée le 4 avril, à 10 heures, dans la salle XII du Palais des Nations, afin d'examiner la question des stocks de matières fissiles, en particulier la question de savoir si cette question doit être traitée dans le cadre du traité, par des mécanismes séparés tels l'initiative tripartite, par un modèle fondé sur un seuil minimum, ou en dehors du cadre du traité.


M. KJETIL PAULSEN (Norvège) a déploré que, depuis plusieurs années maintenant, la Conférence n'ait pas abordé les questions de fond.  Elle n'a accompli que très peu, ne parvenant même pas à s'entendre sur un programme de travail.  Tous ses membres paient un prix politique pour cette impasse.  La responsabilité quant à cette situation regrettable n'est pas collective.  La clef pour avancer est dans les mains d'un nombre très limité de capitales et dépend de consultations bilatérales entre ces capitales.  Les mesures à ce niveau sont un préalable à tout progrès au sein de la Conférence.


M. Paulsen a regretté que des aspects fondamentaux du désarmement sont tenus en otage par d'autres.  Il a souligné que la plupart des aspects du désarmement nucléaire se résument à la question des matières fissiles et a souscrit à la déclaration de l'Ambassadeur de Malaisie qui, la semaine dernière, déclarait que le commencement immédiat des négociations sur un traité interdisant les matières fissiles constitue la prochaine étape essentielle du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  En attendant une revitalisation de la Conférence, il est encourageant de noter que la communauté internationale parvient tout de même, en dehors de cette instance, à faire des progrès sur des questions spécifiques de désarmement.  La Convention sur l'interdiction des mines est ainsi devenue un instrument humanitaire réellement mondial et efficace pour mener une action qui compte vraiment.  La Norvège, qui compte parmi les initiateurs de la Convention, engage les États qui ne l'ont pas encore fait d'y adhérer.


Mme NAÉLA GABR (Égypte) a déclaré que l'impasse dans laquelle continue de se trouver la Conférence est particulièrement préoccupante alors que la communauté internationale est confrontée à des défis régionaux et internationaux de plus en plus importants et graves en matière de sécurité.  Malgré les changements dans l'environnement international et régional, de nombreux pays, dont l'Égypte, restent attachés à un cadre multilatéral pour le désarmement.  L'Égypte est fermement convaincue que seules des instances multilatérales de désarmement auxquelles les États participent sur un pied d'égalité peuvent donner des résultats à même de recueillir un appui international et une légitimité.


Mme Gabr a déclaré que le désarmement nucléaire demeure la priorité pour l'Égypte dans le domaine du désarmement sur les plans à la fois régional et international.  À cet égard, elle regrette que la Conférence n'ait pas encore répondu à l'appel de la Conférence d'examen de 2000 du Traité de non-prolifération nucléaire de créer un organe subsidiaire chargé de la question du désarmement nucléaire et de commencer des négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles destinées à la fabrication d'armes, y compris les stocks.


La situation au Moyen Orient continue de préoccuper vivement l'Égypte, qui a constamment souligné la nécessité d'aborder la question des armes de destruction massive dans la région, en particulier les armes nucléaires, selon une approche globale et non sélective.  La représentante égyptienne a attiré l'attention de la Conférence sur la déclaration faite par le Président Hosni Mubarak lors du Sommet arabe le 1er mars dernier, dans laquelle il a souligné qu'il fallait que la communauté internationale prenne conscience que la légitimité et la crédibilité d'une action énergique s'agissant de la question des armes de destruction massive en Iraq ne seront assurées que si une telle action s'inscrit dans le cadre d'un effort international plus global visant à libérer l'ensemble de la région du Moyen Orient des armes de destruction massive et d'en interdire la détention, la production et la mise au point par tous les pays de la région, et si elle s'accompagne d'une volonté des institutions et acteurs internationaux de poursuivre par tous les moyens la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité concernant la région, et en particulier le processus de paix.


M. HU XIAODI (Chine) a déclaré que la politique étrangère de la Chine est fondée sur le maintien de la paix dans le monde et la promotion du développement commun.  Elle plaide pour la mise en place d'un nouvel ordre politique et économique international qui soit juste et raisonnable.  La Chine est fortement attachée au multilatérialisme dans le domaine de désarmement et de la limitation des armements.  Le représentant a souligné que la meilleure façon de combattre le terrorisme passe par le développement de tous les pays et la prospérité commune.  La Chine soutient fermement et participe activement à la lutte internationale contre le terrorisme et privilégie un rôle principal pour les Nations Unies dans ce domaine.  Le régime de l'ONU en matière de limitation des armements et de désarmement devrait être préservé et les des doctrines de sécurité nationale doivent réduire le rôle des armes nucléaires  Le processus de désarmement nucléaire doit se poursuivre, notamment l'entrée en vigueur et la mise en œuvre à brève échéance du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ainsi que la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires.


La prévention d'une course aux armements dans l'espace doit être au sommet de l'ordre du jour de la communauté internationale.  Le représentant chinois a espéré que le document de travail soumis sur la question par la Chine, la Russie et d'autres pays l'an dernier servira de base à une réflexion sur les travaux de fond futurs pour mener à la négociation d'un traité interdisant la militarisation de l'espace en s'inspirant des vues raisonnables et des suggestions exprimées concernant le document de travail de façon souple et dans un esprit d'ouverture.


La Chine considère le désarmement et la non-prolifération comme étant des éléments complémentaires qui se renforcent mutuellement.  M. Hu a appuyé les pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) pour la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et a soutenu les efforts des États d'Asie centrale pour établir une telle zone.  Il a à nouveau invité les cinq États dotés d'armes nucléaires de s'engager à ne jamais être le premier à utiliser des armes nucléaires et à ne pas utiliser ou menacer d'utiliser des armes nucléaires contre des États et territoires non dotés d'armes nucléaires.  La principale solution à la question de la prolifération des armes de destruction massive passe par l'amélioration de la situation relative à la sécurité internationale et régionale, retirant ainsi les motivations pour l'acquisition de telles armes.


M. Hu a salué les réalisations accomplies dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques dans le domaine humanitaire et de la limitation des armes classiques.  De l'avis de la Chine, la question des mines terrestres antivéhicules est déjà traitée par le Protocole amendé sur les mines terrestres et elle ne devrait plus être discutée au titre de la Convention sur certaines armes classiques.


La Chine attache une grande importance au rôle de la Conférence du désarmement et s'attend à ce que les travaux de fond commencent bientôt en tenant compte des préoccupations de tous en matière de sécurité.  Elle est disposée à accepter la «proposition des cinq ambassadeurs» si elle comprend la négociation d'un instrument juridique international approprié dans le cadre de la prévention de la course aux armements dans l'espace.


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