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CD/G/576

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE SECRETAIRE ADJOINT DES ETATS-UNIS POUR LE CONTROLE DES ARMEMENTS, M. RADEMAKER

13/02/2003
Communiqué de presse
CD/G/576


                                                                  CD/G/576

                                                                  13 février 2003


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE SECRETAIRE ADJOINT DES ETATS-UNIS

POUR LE CONTROLE DES ARMEMENTS, M. RADEMAKER


Elle entend également une déclaration de l'Autriche alors que la République

populaire démocratique de Corée et l'Iraq répondent à l'intervention de M. Rademaker


GENÈVE, 13 février -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Secrétaire adjoint des États-Unis pour le contrôle des armements, M. Stephen Rademaker, souligner que l'argument selon lequel il faudrait donner davantage de temps au processus d'inspection en Iraq part du principe que l'on pourra compter sur les États-Unis dans les mois et les années à venir pour continuer à jouer le rôle de leadership qui a finalement amené Saddam Hussein à considérer les Nations Unies avec plus de sérieux qu'auparavant.  Certes, les États-Unis apprécient la confiance que d'autres semblent avoir en eux, a poursuivi M. Rademaker.  Mais notre patience a des limites, sans parler de nos ressources ou de la volonté du peuple américain de soutenir le niveau actuel d'engagement pour résoudre ce qui n'est que l'un des nombreux problèmes graves de cette nature, a-t-il déclaré.  Le moment est donc venu pour les Nations Unies de prendre position, a-t-il affirmé.


À ce stade, les États-Unis ne feront pas marche arrière, a déclaré M. Rademaker.  Mais nous ne pouvons attendre plus longtemps pour conclure cette question et lorsque nous la conclurons, nous espérons que ce sera en coalition avec un grand nombre de pays partageant le même avis, a-t-il poursuivi.  «Il ne fait aucun doute que des mots seront trouvés pour décrire ceux qui restent à l'écart de cette coalition, mais ce qui est certain, c'est que le terme de multilatéraliste ne sera pas utilisé pour les décrire», a déclaré M. Rademaker.


S'agissant du problème de la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne, M. Rademaker a indiqué que la résolution de cette question sera un processus long et difficile qui exigera de l'ensemble de la communauté internationale qu'elle oeuvre de concert.  Nous ne voulons pas d'une solution incomplète qui ferait croire à une résolution du problème mais qui ne ferait en fait que le dissimuler pour le voir ressurgir plus tard.  C'est sûrement là l'une des ironies de notre temps que de voir les États-Unis -prétendument unilatéralistes- chercher à renvoyer devant le Conseil de sécurité une menace à la paix et à la sécurité internationales alors que d'autres demandent que nous prenions sur nous de résoudre ce problème pour la communauté internationale, a expliqué M. Rademaker.


La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a indiqué qu'elle se soumettrait à des mesures de vérification si les États-Unis renoncent à leur politique hostile suivie jusqu'à présent à l'encontre de la RPDC et s'il y a moyen d'établir un pacte de non-agression réciproque dans des conditions d'égalité.


L'Iraq a pour sa part assuré ne pas disposer d'armes de destruction massive et honorer ses obligations telles qu'énoncées par le Conseil de sécurité. Les États-Unis sont en revanche le premier pays au monde à avoir utilisé des armes de destruction massive, a poursuivi l'Iraq avant d'ajouter que les États-Unis ont notamment utilisé contre l'Iraq des armes à l'uranium appauvri.


L'Autriche a fait une déclaration dans laquelle elle a souligné qu'à certains égards, le terrorisme est un symptôme autant qu'une cause de la violence, de la répression et de l'insécurité.  Elle a ensuite expliqué que «la non-prolifération n'est pas la réponse» et que nous devons nous rapprocher du travail de désarmement si nous voulons vraiment protéger le monde contre les armes de destruction massive.  Nous sommes actuellement confrontés à la perspective d'un conflit majeur et ses conséquences potentielles accaparent nos esprits, a poursuivi l'Autriche avant de souligner que la dimension humaine devrait toujours rester au premier plan de notre réflexion.  Nous ne devons pas tous succomber à la logique militaire et à la dimension militaire qui s'expriment et se déploient sous nos yeux, a insisté ce pays.


En début de séance, le Président de la Conférence, l'Indien Rakeesh Sood a exprimé au nom de toutes les délégations sa profonde tristesse suite à la perte tragique des vies des sept membres d'équipage de la navette Columbia.  Il a transmis ses condoléances aux membres des familles des victimes et aux Gouvernements des États-Unis et d'Israël.


Rappelant que c'est aujourd'hui la dernière séance de la Conférence qu'il préside, M. Sood a relevé que la Conférence n'a pas été en mesure de faire aboutir ses consultations en vue de l'adoption d'un programme de travail.


La Conférence a accepté les demandes de participation à ses travaux présentées par le Danemark, le Ghana, le Liban, le Népal et l'Arabie saoudite.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 20 février, à 10 heures.


Déclarations


M. STEPHEN RADEMAKER, Secrétaire adjoint pour le contrôle des armements des États-Unis, s'est joint aux condoléances exprimées par le Président de la Conférence suite au tragique accident de la navette Columbia.  Il a ensuite indiqué vouloir présenter le point de vue de son Gouvernement concernant le rôle du multilatéralisme dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales.  Nous vivons une époque dangereuse et les institutions multilatérales telles que la Conférence du désarmement occupent une position unique pour faire face aux dangers auxquels nous sommes confrontés, a-t-il affirmé avant d'ajouter que ces dangers incluent notamment la mise au point et la dissimulation de programmes d'armes de destruction massive en Iraq, les programmes d'armement nucléaire en Corée du Nord, le terrorisme tel qu'il s'est manifesté le 11 septembre 2001 et -et c'est peut-être là la question qui suscite la plus grande crainte- le risque de voir les terroristes acquérir un jour, bientôt, des armes de destruction massive.  Malheureusement, la Conférence du désarmement n'est pas parvenue, depuis six ans, à se mettre d'accord sur la manière d'avancer pour faire face aux dangers liés aux armes de destruction massive, a-t-il poursuivi.  Il est devenu à la mode, dans certains cercles, de critiquer les États-Unis en affirmant qu'ils poursuivent une politique qualifiée d'«unilatéralisme».  Ceux qui portent cette accusation conseillent bien entendu à mon pays de suivre la voie du «multilatéralisme», a poursuivi M. Rademaker.  De toute évidence, si ces personnes se réfèrent au multilatéralisme du genre de celui auquel nous avons assisté au sein de la Conférence ces six dernières années, alors on peut pardonner les États-Unis de vouloir essayer autre chose, a-t-il déclaré.  J'irais même jusqu'à dire que si le multilatéralisme auquel nous avons assisté ici devait persister au sein de la Conférence du désarmement et s'étendre à d'autres institutions multilatérales, alors nous deviendrions tous bientôt des unilatéralistes ou, en tout cas, autre chose que des multilatéralistes, a insisté le Secrétaire adjoint pour le contrôle des armements.


M. Rademaker a rejeté toute assertion selon laquelle les États-Unis ne seraient pas favorables à des moyens multilatéraux de parvenir à des objectifs politiques.  Au contraire, nos politiques sont profondément multilatéralistes, a-t-il assuré.  Si la politique actuelle des États-Unis diffère de ce qu'elle était dans le passé, a poursuivi M. Rademaker, cela résulte de notre reconnaissance du fait que, dans la période de l'après-guerre froide, le multilatéralisme est plus important que jamais et que sans leadership -sans épine dorsale pour le soutenir- il est voué à l'échec.  Dans un certain nombre de cas récents où nous l'avons jugé nécessaire, nous avons choisi d'offrir ce leadership, cette épine dorsale indispensable à la réussite du multilatéralisme.  Notre insistance à faire en sorte que le multilatéralisme soit efficace peut ne pas nous rendre toujours populaire, mais cela ne nous rend pas pour autant «unilatéralistes», a déclaré le Secrétaire adjoint pour le contrôle des armements.


Prenez la question de l'Iraq, a poursuivi le Secrétaire adjoint.  En 1991, les Nations Unies ont déployé des inspecteurs en armement en Iraq et, pendant des années, obstruction a été faite au travail de ces inspecteurs alors que le mandat du Conseil de sécurité était défié.  Le travail de l'Iraq en matière d'armes de destruction massive a peut-être été ralenti mais il n'a jamais cessé.  Finalement, l'Iraq a cessé toute coopération avec les inspecteurs en décembre 1998.  Ce n'est qu'au mois de novembre dernier, après que des pressions croissantes eurent été exercées par les États-Unis, que les Nations Unies ont finalement décidé de faire face au défi que l'Iraq lançait à la communauté internationale.  Près de deux mois de difficiles négociations -en travaillant étroitement avec nos partenaires du Conseil de sécurité- ont abouti à l'adoption, à l'unanimité, de la résolution 1441 qui déclarait l'Iraq en violation patente de ses obligations et renforçait les pouvoirs des inspecteurs tout en avertissant l'Iraq qu'il devait saisir cette dernière opportunité de désarmer sous peine de s'exposer à de «graves conséquences».  En dépit de la volonté affichée par le Conseil de sécurité et de la reprise des inspections, l'Iraq continue de se dérober à ses obligations en matière de désarmement, a affirmé M. Rademaker.  À ce jour, a-t-il poursuivi, «l'Iraq a raté les deux épreuves essentielles énoncées dans la résolution 1441: fournir une déclaration actualisée, précise et complète de ses programmes d'armes de destruction massive; et coopérer pleinement et activement avec les inspecteurs».  L'Iraq reste en infraction - et même plus encore qu'auparavant - au regard de ses obligations internationales, a déclaré M. Rademaker.  En lançant un avertissement à l'Iraq pour lui signifier les graves conséquences auxquelles il s'exposait, le Conseil de sécurité savait précisément que le moment pouvait venir où il faudrait mettre à exécution la menace de recours à la force, a-t-il poursuivi.  Nous voulons une solution pacifique en Iraq mais nous savons également que l'Iraq ne peut être autorisé indéfiniment à faire fi de la volonté du Conseil de sécurité et à saper ainsi sa crédibilité, a-t-il ajouté.


Aujourd'hui, de nombreuses voix se font entendre qui affirment que le progrès enregistré depuis le mois de novembre dernier est tel qu'il faudrait donner davantage de temps - des mois voire des années si nécessaire - au processus d'inspection.  Cet argument part bien sûr du principe que l'on pourra compter sur les États-Unis dans les mois et les années à venir pour continuer à jouer le rôle de leadership qui a finalement amené Saddam Hussein à considérer les Nations Unies avec plus de sérieux qu'auparavant.  Certes, les États-Unis apprécient la confiance que d'autres semblent avoir en eux.  Il est néanmoins important de rappeler qu'en la matière, les États-Unis sont volontaires.  Or, d'habitude, les Nations Unies ne tournent pas le dos aux volontaires; elles en ont d'ailleurs trop peu et non pas trop, comme l'attestent les problèmes qu'elles rencontrent à chaque fois qu'elles envisagent de mettre sur pied une nouvelle opération de maintien de la paix, a fait observer M. Rademaker.  En tant que volontaires, notre patience a des limites, sans parler de nos ressources et de la volonté du peuple américain de soutenir le niveau actuel d'engagement pour résoudre ce qui n'est que l'un des nombreux problèmes graves de cette nature.  Le moment est donc venu pour les Nations Unies de prendre position.  À ce stade, les États-Unis ne feront pas marche arrière, a déclaré M. Rademaker.  Mais nous ne pouvons attendre plus longtemps pour conclure cette question et lorsque nous la conclurons, nous espérons que ce sera en coalition avec un grand nombre de pays partageant le même avis.  «Il ne fait aucun doute que des mots seront trouvés pour décrire ceux qui restent à l'écart de cette coalition, mais ce qui est certain, c'est que le terme de «multilatéraliste» ne sera pas utilisé pour les décrire», a déclaré M. Rademaker.


Un autre exemple de l'engagement des États-Unis en faveur d'un multilatéralisme efficace est fourni par l'approche qu'ils ont adoptée face au problème de la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne, a poursuivi le Secrétaire adjoint pour le contrôle des armements.  Les États-Unis estiment que les efforts déployés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour mettre au point des armes nucléaires ainsi que l'intention affichée par ce pays de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) constituent un grave défi pour le régime de non-prolifération ainsi qu'une menace pour la sécurité régionale et internationale.  La communauté internationale parle d'une seule voix pour demander une péninsule coréenne dénucléarisée et nous travaillons étroitement avec nos amis et alliés -y compris la République de Corée, le Japon, l'Australie, l'Union européenne, la Russie et la Chine- ainsi qu'avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour trouver une solution pacifique à ce problème.  «La Corée du Nord doit, de manière visible, vérifiable et irréversible, démanteler son programme d'armes nucléaires», a affirmé M. Rademaker.  La résolution de cette question sera un processus long et difficile qui exigera de l'ensemble de la communauté internationale qu'elle oeuvre de concert, a-t-il précisé.  Nous ne voulons pas d'une solution incomplète qui ferait croire à une résolution du problème mais qui ne ferait en fait que le dissimuler pour le voir ressurgir plus tard.  C'est pour cela que les États-Unis ont toujours soutenu l'idée que cette question soit renvoyée au Conseil de sécurité des Nations Unies.  Au début, d'autres ont résisté à l'idée d'un tel renvoi au Conseil de sécurité et ont suggéré que les États-Unis s'efforcent de résoudre le problème par le biais d'un dialogue direct avec la RPDC, a rappelé M. Rademaker.  C'est sûrement là l'une des ironies de notre temps que de voir les États-Unis -prétendument unilatéralistes- chercher à renvoyer devant le Conseil de sécurité des Nations Unies une menace à la paix et à la sécurité internationales alors que d'autres demandent - en dépit de nos réserves à ce sujet - que nous prenions sur nous de résoudre ce problème pour la communauté internationale, a expliqué M. Rademaker.  Les prémisses du raisonnement sur lequel se fondent ceux qui veulent que les États-Unis résolvent ce problème de manière unilatérale sont qu'il s'agirait là d'un problème qui concerne avant tout les États-Unis et qui relève de leur responsabilité.  Or, rien n'est plus faux, a affirmé M. Rademaker.  Une RPDC dotée de l'arme nucléaire menace la stabilité de tout le Nord-Est asiatique, a-t-il affirmé.  Étant donné le passé de la RPDC en matière de commercialisation des armes que ce pays produit, cela constitue également une menace en matière de propagation rapide d'armes nucléaires à destination de régimes dangereux à travers le monde.


Nous savons tous que d'autres régimes sont en train d'observer la réponse internationale qui va être apportée à cette question avant de décider s'il leur serait profitable de suivre la voie tracée par la RPDC.  La communauté internationale doit s'assurer que ces observateurs intéressés renoncent à suivre cette voie, a souligné le Secrétaire adjoint pour le contrôle des armements avant de se réjouir que le Conseil de l'AIEA ait choisi, hier, d'assumer ses responsabilités en renvoyant la question au Conseil de sécurité des Nations Unies.


M. Rademaker a par ailleurs affirmé que l'engagement des États-Unis en faveur d'un multilatéralisme efficace se manifeste également à travers les efforts que ce pays a déployés au cours de l'année écoulée pour renforcer la mise en oeuvre de la Convention sur les armes chimiques.  Comme témoignage de notre foi en l'avenir de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), le Secrétaire d'État Powell a décidé d'élever de manière significative le rang de notre représentation diplomatique auprès de cette Organisation en renommant l'Ambassadeur Eric Javits à La Haye, a indiqué M. Rademaker.  Nous nommerons un représentant pour le remplacer au sein de la Conférence du désarmement, a-t-il précisé.


Au cours de l'année écoulée, a ajouté M. Rademaker, les États-Unis ont travaillé dur pour combattre la menace que constituent les armes biologiques.  Les résultats concertés de la Cinquième Conférence d'examen de la Convention sur les armes biologiques ont témoigné de notre engagement à suivre des stratégies novatrices pour retarder la prolifération d'armes biologiques et à toxines et ont aussi témoigné de notre détermination à ne pas accepter de demi-mesures qui laisseraient une porte ouverte à des États voyous qui disposent de solides programmes de mise au point de telles armes.


Il ressort de tout ceci que les États-Unis soutiennent le multilatéralisme lorsqu'il est efficace, a déclaré M. Rademaker avant de faire observer que le consensus - qui est le principe sur la base duquel opère à juste titre la Conférence du désarmement - est devenu synonyme de prise d'otage et d'obstruction.  Nous devons tous reconnaître que la Conférence telle que nous l'avons connue ne survivra plus longtemps si le malaise devait continuer, a déclaré le Secrétaire adjoint.  La solution à ce problème est évidente, a-t-il estimé avant d'expliquer qu'il faut désormais négocier sur les questions à propos desquelles tout le monde est d'accord pour dire qu'elles sont mûres pour la négociation.


Abordant la question de la présidence iraquienne de la Conférence du désarmement, prévue pour le mois prochain, M. Rademaker a déclaré que le fait que l'Iraq assume la présidence de la Conférence est inacceptable pour les États-Unis.  Ce devrait être inacceptable pour tous ceux qui soutiennent la Conférence tant il est vrai qu'une telle présidence menace de discréditer cette institution encore plus qu'elle ne l'a jamais été durant ces six dernières années d'inactivité.


M. WOLFGANG PETRITSCH (Autriche) a rappelé que le XXIème siècle s'est ouvert sur le genre d'attaque que peu de personnes auraient pu concevoir: l'utilisation, par des terroristes faisant peu de cas de la valeur de la vie humaine, d'avions de ligne civils comme missiles contre des immeubles.  M. Petritsch a souligné que personne ne peut excuser ou essayer de justifier la barbarie effroyable que constitue le meurtre de milliers d'innocents.  Il n'en demeure pas moins que le terrorisme n'est que l'une des menaces qui pèsent sur la sécurité à long terme et sur le bien-être de la communauté internationale.  À certains égards, le terrorisme est un symptôme autant qu'une cause de la violence, de la répression et de l'insécurité.  La pauvreté, les catastrophes -naturelles ou dues à l'homme-, les maladies telles que le VIH/sida, les violations des droits de l'homme, le fanatisme et le terrorisme sont autant de facteurs intégrés à un processus de réaction en chaîne qui s'auto-alimente autour de l'inégalité, du ressentiment et de la violence.  Le point de non retour d'un tel processus pourrait être l'utilisation -jusqu'ici inimaginable- d'armes de destruction massive, a fait observer M. Petritsch.  Quel ordre du jour pourrait être plus urgent que celui qui consiste à répondre à ces menaces de manière globale, a-t-il demandé?


Nombre des membres de cette Conférence ont décrit cette instance comme étant le seul forum multilatéral de négociation en matière de désarmement.  De toute évidence, la Conférence est un forum ayant pour mandat de produire des accords de contrôle des armements et de désarmement.  Toutefois, elle n'est pas nécessairement le seul organe multilatéral de négociation en matière de désarmement, pas plus qu'elle n'est universelle, a déclaré M. Petritsch.  La préoccupation de l'Autriche - partagée par nombre de pays - est de faire en sorte que la Conférence évite de devenir un anachronisme après être restée inactive pendant cinq ans.


«La non-prolifération n'est pas la réponse», a déclaré M. Petritsch.  «Ce n'est tout simplement pas suffisant», a-t-il insisté.  Nous devons nous rapprocher du travail de désarmement si nous voulons vraiment protéger le monde contre les armes de destruction massive, a-t-il expliqué.  De récents exemples nous ont clairement montré qu'acquérir des armes de destruction massive n'améliore pas la situation en matière de sécurité stratégique, en particulier dans les pays où les besoins en matière de développement et les autres besoins liés à la sécurité humaine se font sentir de façon plus pressante que jamais.  Tout en engageant immédiatement des négociations sur les matières fissiles, la communauté internationale doit désormais redoubler d'efforts pour assurer l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a souligné M. Petritsch.


Nous sommes actuellement confrontés à la perspective d'un conflit majeur et ses conséquences potentielles accaparent nos esprits, a poursuivi M. Petritsch.  Pour certains, il pourrait donc sembler naïf, en un instant si décisif, de mettre l'accent, dans les relations internationales, sur la dimension humaine.  Pourtant, la dimension humaine devrait toujours rester au premier plan de notre réflexion, a souligné le représentant autrichien.  Nous ne devons pas tous succomber à la logique militaire et à la dimension militaire qui s'expriment et se déploient sous nos yeux, a-t-il insisté. 


Des discours inflexibles continuent de prévaloir dans une grande partie du «monde du désarmement», a déclaré M. Petritsch.  Nous n'en sommes pas moins optimistes quant aux chances de voir les récentes approches adoptées, par exemple, dans les domaines des mines antipersonnel et des petites armes, influencer de manière positive les travaux en matière de désarmement.  L'Autriche considère que l'implication de la société civile constitue un élément clef du succès de ces nouvelles approches.


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en réponse à la déclaration faite ce matin par M. Rademaker, a indiqué qu'il ne comprend pas si l'intention de ce dernier est de faire progresser la Conférence ou s'il est en fait en marge du multilatéralisme.  Cette question -celle de l'unilatéralisme des États-Unis- est le principal sujet de discussion qui anime aujourd'hui le monde, a souligné le représentant de la RPDC.  Les États-Unis mènent une politique hostile à l'encontre de la RPDC à laquelle ils ont imposé des sanctions économiques depuis plus de 50 ans, a-t-il poursuivi.  Avec l'arrivée du Président Bush, «mon État souverain a été qualifié de maléfique», a-t-il rappelé.  Les États-Unis ont encouragé l'AIEA à adopter des résolutions contre la RPDC, a-t-il ajouté.  Il a précisé que la RPDC avait clairement indiqué qu'à l'heure actuelle, son activité nucléaire est déployée à des fins pacifiques, essentiellement pour générer de l'électricité.  La RPDC a dit qu'elle se soumettrait à des mesures de vérification si les États-Unis renoncent à leur politique hostile suivie jusqu'à présent et s'il y a moyen d'établir un pacte de non-agression réciproque dans des conditions d'égalité.  Le représentant de la RPDC a exhorté M. Rademaker à ne pas avoir peur de son pays.


En fait, les États-Unis sont une superpuissance qui veut tout contrôler, a-t-il poursuivi.  Les États-Unis sont-ils un juge international, s'est-il interrogé?  Affirmant que les États-Unis utilisent l'AIEA en tant qu'instrument de leur politique hostile à l'égard de la RPDC, il a précisé que son pays rejette la résolution adoptée hier par l'AIEA.  Il a également exprimé l'espoir que lorsqu'elles aborderont la question nucléaire sur la péninsule coréenne, les Nations Unies le fassent de manière juste en sanctionnant les principaux coupables, à savoir les États-Unis «qui sont les fauteurs de trouble et qui ont ouvert la boîte de pandore».


Le représentant de l'Iraq a rappelé que la présidence de la Conférence relève d'une procédure bien établie inscrite dans le règlement intérieur et c'est là l'un des avantages du multilatéralisme.  Cela va à l'encontre du multilatéralisme qu'un pays impose son point de vue lorsqu'il est question de la présidence d'une instance internationale, a souligné le représentant iraquien.  Les États-Unis ont une position politique contre l'Iraq et utilisent des prétextes pour engager une guerre contre ce pays et ce, contre l'avis de l'opinion publique internationale.


En réponse aux allégations proférées par les États-Unis concernant la présence présumée d'armes de destruction massive en Iraq, le représentant iraquien a rappelé que des inspections sont menées depuis deux mois avec la pleine et entière coopération des autorités iraquiennes.  L'Iraq applique et honore ses obligations telles qu'énoncées par le Conseil de sécurité, a-t-il affirmé avant d'assurer que l'Iraq ne possède pas ce type d'armes.  Les États-Unis sont en revanche le premier pays au monde à avoir utilisé des armes de destruction massive, a-t-il renchéri.  Les États-Unis ont notamment utilisé contre l'Iraq des armes à l'uranium appauvri, ce qui n'a pas manqué d'avoir de graves conséquences pour l'environnement de l'Iraq.


M. RAKEESH SOOD, Président de la Conférence, a rappelé que c'est aujourd'hui la dernière séance de la Conférence qu'il préside.  Il a relevé que la Conférence n'a pas été en mesure de faire aboutir ses consultations en vue de l'adoption d'un programme de travail, aucune des options qui s'offraient à elle n'ayant abouti.  Soulignant que les discussions portant sur la nature des mandats (savoir si ces mandats doivent être des mandats de négociation ou non) n'ont pas abouti, il a invité la Conférence à se pencher de près sur cette question qui paralyse les travaux de la Conférence depuis plus de six ans.


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