CD/G/575

CONFERENCE DU DESARMEMENT: LE RETRAIT DU TNP PAR PYONGYANG ET LE MOYEN-ORIENT ALIMENTENT DE NOMBREUSES DECLARATIONS

30/01/03
Communiqué de presse
CD/G/575


CONFERENCE DU DESARMEMENT: LE RETRAIT DU TNP PAR PYONGYANG ET LE MOYEN-ORIENT ALIMENTENT DE NOMBREUSES DECLARATIONS


Genève, 30 janvier -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de dix-sept pays qui se sont exprimés, pour la plupart, sur l'annonce récente de retrait de la République populaire démocratique de Corée du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ainsi que sur la situation au Moyen-Orient.


Les interventions sur le Moyen Orient ont suivi la déclaration faite ce matin par le représentant d'Israël qui a déclaré que la paix et la réconciliation pourraient réduire la course aux armements dans la région du Moyen-Orient aux niveaux minima requis pour l'autodéfense nationale.  Un monde exempt d'armes de destruction massive est un noble objectif qui, selon Israël, pourrait être réalisé grâce à des mesures d'instauration de la confiance entre tous les pays concernés.  La délégation a ajouté qu'en ce moment même, des Israéliens s'équipent de masques à gaz car ils craignent une attaque en provenance d'un pays qui n'a pourtant aucun différend direct avec Israël, a-t-il poursuivi.


Réagissant à cette déclaration, l'Iraq a déclaré qu'Israël est doté d'armes nucléaires et que rien jusqu'ici n'indique que ce pays cherche à démanteler cet armement.  En outre, personne ne sait où sont les stocks israéliens d'armes chimiques et biologiques, a ajouté l'Iraq.  L'Algérie, quant à elle, a déclaré qu'elle aurait souhaité qu'Israël annonce qu'il acceptait de placer sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique ses installations nucléaires et qu'il entendait respecter scrupuleusement les résolutions des Nations Unies.  La Syrie a pour sa part déclaré que la possession d'armes nucléaires par Israël constitue un danger pour toute la région, d'autant plus que ce pays refuse d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspections.  Israël a pris la parole à plusieurs reprises pour répondre à ces interventions.


L'Argentine, dans une déclaration de politique générale, a souligné les progrès réalisés dans sa région, mais a noté que la situation stratégique internationale n'est pas très encourageante depuis quelques années, en particulier en ce qui concerne les risques de prolifération.  Cette situation préoccupante et le risque que des matières nucléaires entrent en possession de terroristes exigent, selon l'Argentine, une réponse préventive concertée de la communauté internationale afin de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire.  L'Argentine a encouragé la République populaire démocratique de Corée à reconsidérer sa décision de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).


D'autres délégations ont, à l'instar des États-Unis, encouragé Pyongyang à revenir sur sa décision.  La Suède a tenu à préciser, en tant que pays présidant le Comité préparatoire du TNP, que la République populaire démocratique de Corée était toujours partie au TNP tant que le délai de 90 jours prévu dans ce traité pour l'officialisation de tout retrait n'a pas expiré.  La République populaire démocratique de Corée a toutefois insisté que, pour elle, le retrait du TNP est officiel et a pris effet dès son annonce, le 10 janvier dernier.  Aux États-Unis qui mettaient en exergue la dimension internationale de la crise nucléaire dans la péninsule coréenne, la République populaire démocratique de Corée a indiqué être opposée à toute tentative d'internationalisation du problème.  Elle a affirmé que son retrait du TNP est une mesure de légitime défense qui fait suite à l'adoption, le 6 janvier dernier, d'une résolution de l'Agence internationale de l'énergie atomique.  Elle a ajouté que ce retrait du TNP découle de la politique hostile menée par les États-Unis contre le pays.  Aussi, ce problème devrait-il être traité de manière bilatérale, a affirmé la délégation, qui a assuré que son pays n'a pas l'intention de produire d'armes nucléaires et est disposé à recourir à des mesures séparées de vérification entre Washington et Pyongyang.  


Intervenant au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence), la République islamique d'Iran a indiqué que, pour le Groupe des 21, le désarmement nucléaire reste la première priorité de la Conférence.  À cet égard, l'Iran est gravement préoccupé par le manque de progrès qui a suivi l'engagement clair qui avait été pris par des États nucléaires de procéder à l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires.


Rappelant qu'un Code international de conduite contre la prolifération des missiles balistiques a été inauguré lors d'une Conférence de lancement tenue à La Haye les 25 et 26 novembre 2002, les Pays-Bas ont pour leur part exprimé l'espoir que ce Code fournira la base des travaux futurs de lutte contre la prolifération de ces missiles.


L'Autriche a quant à elle donné lecture de la Déclaration sur la promotion de l'universalisation de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel qu'ont adoptée les 13 pays partenaires et observateurs du Réseau de sécurité humaine lors de la réunion qu'ils ont eue à New York le 12 septembre dernier.


Plusieurs pays ont en outre apporté leur soutien à la proposition de programme de travail présentée par cinq ambassadeurs l'été dernier et officialisée la semaine dernière.


La Belgique a pour sa part fait état des consultations qui se tiendront demain dans le cadre des préparatifs de la Conférence d'examen de la convention sur les mines antipersonnel, qui doit se tenir en 2004.


Le Venezuela, l'Équateur, le Pérou et le Japon ont également fait des déclarations.


La Conférence du désarmement doit tenir sa prochaine séance publique le jeudi 6 février, à 10 heures.


Déclarations


      M. ALFREDO CHIARADIA (Argentine) a souligné que son pays accorde une importance particulière, dans sa politique étrangère, au renforcement de la sécurité internationale par le biais du renforcement des régimes d'interdiction et de non-prolifération des armes de destruction massive, ainsi qu'aux efforts visant à renforcer le consensus sur la limitation des armements et à un renforcement du dialogue sur le continent américain.  L'Argentine estime en particulier qu'il est vital de maintenir des bonnes relations d'amitié et de coopération avec ses voisins et de maintenir l'équilibre entre les pays de la région.  Ainsi, le cône sud est manifestement une zone de paix et de non-prolifération.  Il a également attiré l'attention sur la coopération en matière de transparence entre son pays et le Brésil dans le domaine du contrôle des matières nucléaires, à des fins entièrement pacifiques.  Il a en outre salué l'adhésion de Cuba au Traité de Tlatelolco, faisant de tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes une zone dénucléarisée.  Face aux progrès réalisés dans sa région, l'Argentine note que la situation stratégique internationale n'est pas très encourageante depuis quelques années, en particulier en ce qui concerne les risques de prolifération.  Cette situation préoccupante et le risque que des matières nucléaires entrent en possession de terroristes exigent une réponse préventive concertée de la communauté internationale afin de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire.  Il est important à cet égard de renforcer l'universalité du Traité de non-prolifération nucléaire, et l'Argentine a encouragé la République populaire démocratique de Corée à reconsidérer sa décision de se retirer du Traité.  Elle appelle par ailleurs à la ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires afin d'assurer son entrée en vigueur.


M. Chiarada a également souligné l'importance accordée à son pays à l'élaboration de normes internationales visant à limiter la prolifération de missiles et a appuyé l'adoption d'un code de conduite international universel dans ce domaine.  La présidence argentine s'agissant du Régime de contrôle de la technologie des missiles pour la période 2003-2004 souligne la grande importance accordée par ce pays à la question du contrôle des exportations dans ce domaine.  L'Argentine réaffirme toutefois le droit des États à mettre au point des programmes d'exploration de l'espace.  S'agissant de la coopération dans le domaine de l'interdiction des armes chimiques, M. Chiaradia a appelé à la pleine application des dispositions de la Convention sur les armes chimiques par le biais de l'Organisation chargée de la vérification et du respect de la Convention.  L'Argentine est en outre pleinement engagée en faveur du renforcement de la Convention sur les armes

biologiques.  Le représentant argentin a également attiré l'attention sur les mécanismes de consultation et de coordination mis en place dans sa région, soulignant en particulier les accords entre l'Argentine et le Chili sur les dépenses militaires des deux pays.


Selon M. Chiarada, la restauration de la capacité de la Conférence du désarmement et des négociations dans le domaine du désarmement devrait être l'un des objectifs principaux des États membres.  Il a salué à cet égard les efforts menés par les ambassadeurs d'Algérie, de Belgique, de Colombie, du Chili et de la Suède pour proposer un programme de travail.  Pour sa part, l'Argentine s'engage à apporter toute sa coopération dans les efforts pour parvenir à un consensus.


M. YAAKOV LEVY (Israël) a déclaré que la paix et la réconciliation pourraient réduire la course aux armements dans la région du Moyen-Orient aux niveaux minima requis pour l'autodéfense nationale.  Un monde exempt d'armes de destruction massive est un noble objectif qui, selon nous, pourrait être réalisé grâce à des mesures d'instauration de la confiance entre tous les pays concernés, a-t-il affirmé.  Dans notre région, a-t-il poursuivi, la réalité politique impose d'adopter une approche pratique progressive, étape par étape, afin de parvenir à instaurer cette confiance.  Cette approche devrait être basée sur la réconciliation et la paix globale entre Israël et ses voisins.  L'établissement de la paix devrait s'appuyer sur des mesures d'instauration de la confiance et sur des accords concernant les armes conventionnelles - culminant avec la mise en place éventuelle d'une zone vérifiable exempte de missiles balistiques et d'armes biologiques, chimiques et nucléaires.  Une telle zone inclurait tous les États de la région et découlerait d'une reconnaissance mutuelle ainsi que de négociations directes entre eux.  L'absence de reconnaissance, le manque de contacts directs et le refus d'accepter le droit d'un État à exister ne font qu'entraver la recherche de la confiance.  La base de la coexistence entre Israël et ses voisins a été jetée par les traités bilatéraux signés avec l'Égypte en 1979 et avec la Jordanie en 1994.  Nous espérons toujours élargir ce processus et donner forme à la vision de paix et de stabilité que nous nourrissons pour notre région, a déclaré M. Levy.


M. Levy a par ailleurs indiqué que selon Israël, les événements récents intervenus aux niveaux mondial et régional constituent un défi pour les efforts que déploie la communauté internationale en vue de stopper la prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive et de promouvoir le contrôle des armements.  Au nombre de ces événements récents, on peut citer la poursuite des exportations d'armes de destruction massive, de leurs vecteurs et des technologies de savoir-faire; le développement continu et la production d'armes de destruction massive et des vecteurs y associés, par des États parties à des conventions qui en interdisent pourtant le développement et la production; ainsi que la faiblesse avérée des instruments internationaux de vérification.  Ces dernières décennies, Israël, pour sa part, est au premier rang des pays et sociétés victimes du terrorisme, a par ailleurs rappelé M. Levy.  La terreur est en effet devenue une arme stratégique, non seulement dans le contexte du Moyen-Orient mais aussi dans le monde entier.  Quant au débat portant sur la possibilité pour le moins troublante d'un lien entre terrorisme et armes de destruction massive, M. Levy a déclaré que le danger est en la matière encore plus alarmant dans une région oú certains pays ont nourri le terrorisme comme instrument de diplomatie.  Ces mêmes pays s'efforcent également de développer des armes de destruction massive en violation patente de leurs engagements internationaux et ont démontré leur disposition à fournir et armer des groupes terroristes en armement conventionnel et en rockets.  Il existe un réel danger de voir de tels pays fournir ces mêmes groupes en armes non-conventionnels.  Israël est malheureusement l'un des seuls pays dans cette instance qui continue à être confronté à toute une gamme de menaces allant de l'acte de terrorisme à la guerre totale.  Même une menace d'attaque non-conventionnelle fait désormais partie de la vie quotidienne en Israël, a souligné M. Levy.  Au moment où nous parlons, des Israéliens s'équipent de masques à gaz car ils craignent une attaque non-conventionnelle en provenance d'un pays qui n'a pourtant aucun différend direct avec Israël, a-t-il insisté.  Malheureusement, leurs préoccupations sont justifiées, a poursuivi M. Levy.  Au cours de la guerre du Golfe, il y a 12 ans, sous les ordres du même dirigeant qui est aujourd'hui la cause de l'instabilité régionale et mondiale, Israël avait été la cible de 39 attaques non provoquées, par missile balistique.  C'est le même dirigeant qui a utilisé l'arme chimique contre ses propres concitoyens et qui a maintes fois menacé d'utiliser son arsenal d'armes non-conventionnelles contre Israël, a rappelé M. Levy.  Forger un monde nouveau exempt d'armes de destruction massive et de leurs vecteurs est un objectif noble et indispensable, a-t-il conclu.


M. CHRIS C. SANDERS (Pays-Bas) a souligné que la communauté internationale est confrontée aux risques accrus de la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, en particulier les missiles balistiques.  Afin de faire face au problème croissant de la prolifération des missiles balistiques, un Code international de conduite contre la prolifération des missiles balistiques a été inauguré lors d'une Conférence de lancement tenue à La Haye les 25 et 26 novembre 2002.  À cette Conférence, 93 pays originaires de toutes les régions ont souscrit à ce Code de conduite.  À l'heure actuelle, le nombre d'États ayant souscrit au Code s'établit à 101, a indiqué M. Sanders.  Il a précisé que le Code de conduite prévoit une série de mesures de transparence et de confiance visant à réduire la méfiance et l'insécurité associées à l'utilisation de la technologie des missiles.  Lors de leur première réunion, le 26 novembre dernier, les États ayant souscrit au Code ont décidé que la présidence du Code de conduite serait assurée par rotation en tenant compte de la répartition géographique.  Les Pays-Bas ont été désignés pour assurer la première présidence du Code jusqu'à la prochaine réunion régulière des États souscripteurs qui se tiendra à l'automne prochain.  Etant donné le nombre de questions complexes qui doivent être débattues au titre du Code, il a été décidé de prévoir une réunion technique spéciale intersession ouverte à tous les pays ayant souscrit au Code.  Cette réunion se tiendra au premier semestre de cette année afin d'aborder un certain nombre de questions concernant la mise en œuvre du Code, y compris les questions relatives aux mesures d'instauration

de la confiance.  Rappelant que le Code est ouvert aux souscriptions et que, lorsqu'un pays y souscrit, il peut ensuite participer à la poursuite de son élaboration, M. Sanders a exprimé l'espoir que ce Code fournira la base des travaux futurs de lutte contre la prolifération des missiles balistiques.


M. WOLFGANG PETRITSCH (Autriche) a apporté le soutien de son pays à la proposition de programme de travail dite des Cinq Ambassadeurs.  Il a ensuite donné lecture, au nom du Réseau de sécurité humaine, de la Déclaration sur la promotion de l'universalisation de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel qu'ont adoptée les 13 pays partenaires et observateurs du Réseau de sécurité humaine lors de la réunion qu'ils ont eue à New York le 12 septembre dernier.  Dans cette déclaration, les 13 pays soulignent notamment leur conviction selon laquelle aucune utilité militaire n'est concevable pour les mines antipersonnel au regard de leur coût humanitaire dévastateur.  M. Petritsch a indiqué qu'il a demandé au Secrétariat de la Conférence de distribuer cette déclaration en tant que document officiel de la Conférence du désarmement.  Depuis l'adoption de ladite Déclaration en septembre 2002, a-t-il précisé, les États suivants ont accédé à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel ou l'ont ratifiée: Afghanistan, Comores, Cameroun, République centrafricaine, Gambie et Chypre.  Cela porte à 131 le nombre d'États parties ayant déclaré qu'ils seraient officiellement liés par cette Convention.  Trois ans et demi après l'entrée en vigueur de cet instrument, cela constitue un succès remarquable qui souligne clairement que la Convention est parvenue à établir une norme humanitaire internationale, a fait valoir le représentant autrichien.  Il a lancé un appel aux États qui n'ont pas encore officiellement adhéré à la Convention - et en particulier à ceux d'entre eux qui sont membres de la Conférence du désarmement - à le faire.


M. MOHAMMAD REZA ALBORZI (République islamique d'Iran, au nom du Groupe des 21 pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), a souligné que le programme de travail de la Conférence devait refléter les intérêts et les priorités de tous ses membres.  Il a exprimé sa préoccupation que la Conférence n'ait pas été en mesure, depuis 1999, d'entreprendre ses travaux de fond sur la base d'un accord sur le programme de travail malgré la souplesse dont a fait preuve le Groupe des 21 le nombre de propositions formelles et informelles présentées par certains de ses membres.  Le Groupe réitère la proposition qu'il a présentée et telle qu'elle figure dans les documents CD/1570 et CD/1571 sur un programme de travail et un projet de décision et de mandat pour la création d'un comité spécial sur le désarmement nucléaire.  Le Groupe des 21 souligne que le désarmement nucléaire reste la priorité la plus élevée de la Conférence.  Il exprime en outre sa grave préoccupation devant le manque de progrès qui a suivi l'engagement clair qui avait été pris par des États nucléaires de procéder à l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires.  Le Groupe des 21 est convaincu qu'il faut poursuivre les efforts en vue de la conclusion d'un instrument universel et juridiquement contraignant concernant les assurances de sécurité pour les États dotés d'armes nucléaires doivent être poursuivis.


Le Groupe des 21 est en outre convaincu de la nécessité d'une approche multilatérale, globale et non-discriminatoire en ce qui concerne les missiles sous tous leurs aspects, a déclaré M. Alborzi.  En attendant la réalisation d'une telle approche, toute initiative visant à rechercher une réponse à à ces problèmes doit s'inscrire dans le cadre d'un forum où tous les États pourraient participer sur un pied d'égalité.  Le Groupe est en outre était vivement préoccupé par l'érosion constante du multilatéralisme et souligne l'importance de mener des efforts collectifs pour renforcer et maintenir la paix et la sécurité internationales.  Le Groupe des 21 recommande vivement aux autres groupes de montrer la même souplesse et a fait appel au Président de la Conférence pour qu'il intensifie ses efforts afin de parvenir à un accord sur un programme de travail.


M. JEAN LINT (Belgique), intervenant en tant que Président de la quatrième Assemblée des États Parties à la Convention internationale sur l'interdiction des mines antipersonnel, a indiqué que, dans le cadre du processus préparatoire menant à la Conférence d'examen de la Convention, une réunion de consultation aurait lieu demain à 10 heures en salle XXII du Palais des Nations.


S'agissant de la Convention, il a remercié l'Ambassadeur Thomas Markram d'Afrique du Sud, qui quitte ses fonctions à Genève, pour son excellente coopération dans le domaine des mines antipersonnel depuis plus de trois ans.  Il lui a souhaité le meilleur dans ses futures fonctions


M. WILLIAM SANTANA (Venezuela) a apporté son soutien à l'initiative dite des Cinq Ambassadeurs concernant un projet de programme de travail pour la Conférence.  Cette proposition est équilibrée et le Venezuela encourage les autres membres de la Conférence à apporter les contributions nécessaires afin que la Conférence puisse aborder de manière constructive les travaux qui lui ont été confiés.


M. RAFAEL PAREDES PROANO (Équateur) a assuré le Président de la Conférence de tout le concours de sa délégation pour l'aider dans sa tâche.  Il a par ailleurs exprimé la profonde préoccupation de son pays face à l'impasse dans lequel se trouve la Conférence.  Cette instance, appelée à jouer un rôle très important pour la paix dans le monde, n'est toujours pas en mesure de mettre au point, d'un commun accord, un programme de travail, a-t-il déploré.  Les circonstances internationales actuelles font qu'il est urgent d'atteindre les objectifs d'accords de désarmement susceptibles d'écarter le danger de destruction qui pèse sur diverses régions du monde.  L'Équateur estime que la proposition de programme de travail dite des Cinq Ambassadeurs comporte de nombreux avantages qui devraient être pris en compte par tous les membres de la Conférence.  Aussi, l'Équateur invite-t-il chacun à indiquer les améliorations qu'il souhaiterait éventuellement voir apporter à cette proposition.


M. SAMIR K.K. AL-NIMA (Iraq) a assuré que sa délégation est disposée à coopérer avec la présidence de la Conférence pour parvenir aux résultats escomptés de cette instance.  Répondant à la déclaration faite ce matin par Israël, il a par ailleurs affirmé que le représentant israélien a, dans sa déclaration, fait état d'informations erronées.  Il faut rappeler qu'Israël est doté d'armes nucléaires et que rien jusqu'ici n'indique, autant que l'on sache, que ce pays cherche à démanteler cet armement, a poursuivi le représentant iraquien.  En outre, Israël a signé le traité sur les armes chimiques mais personne ne sait où sont ses stocks d'armes chimiques.  Personne ne sait non plus où sont les stocks israéliens d'armes biologiques, a poursuivi le représentant iraquien.  Israël parle de terrorisme mais oublie qu'il a annexé des territoires appartenant à un peuple sans défense, a-t-il ajouté.  Israël prétend avoir des objectifs pacifistes mais ne cache pas ses visées expansionnistes.


M. JORGE VOTO BERNALES (Pérou) a indiqué que son pays est disposé à soutenir la proposition de programme de travail dite des Cinq Ambassadeurs.  Cette proposition, qui est équilibrée, a en outre l'avantage d'être souple et pragmatique, a-t-il déclaré.


M. JANG CHUN SIK (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que le retrait de son pays du Traité de non-prolifération (TNP) est une mesure de légitime défense qui fait suite à l'adoption, le 6 janvier dernier, d'une résolution de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans laquelle la République populaire démocratique de Corée est traitée de criminelle.  Le représentant a assuré que son pays n'a pas l'intention de produire d'armes nucléaires.  Nous sommes disposés à recourir à des mesures séparées de vérification entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, a-t-il indiqué.  Son pays s'oppose en revanche à toute tentative d'internationalisation de la question nucléaire sur la péninsule de Corée.


M. MOHAMED SALAH DEMBRI (Algérie) a répondu aux déclarations faites ce matin par le représentant d'Israël, estimant qu'il aurait été préférable qu'Israël fasse une déclaration très forte indiquant qu'il accepte de placer sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ses installations nucléaires et qu'il entend respecter scrupuleusement les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations Unies.  Nous condamnons tous le terrorisme, a poursuivi M. Dembri, rappelant que son pays a été frappé par ce fléau bien avant le 11 septembre 2001 et dispose donc de certaines «lettres de noblesse» pour le condamner, tout comme la Ligue des États arabes et l'Organisation de la conférence islamique l'ont condamné.  M. Dembri a également rappelé que le Sommet arabe de Beyrouth a fait une proposition de paix d'une grande importance.  En outre, pourquoi Israël ne mentionne-t-il plus du tout les Accords et le processus d'Oslo, s'est également interrogé l'Ambassadeur algérien.  Il a déclaré qu'à ses yeux, ce n'est pas Israël qui est aujourd'hui menacé mais bien la Palestine.


M. LEVY (Israël) a estimé qu'il y avait suffisamment d'instances politiques aux Nations Unies pour débattre des allégations faites par les représentants iraquien et algérien, sans les aborder à la Conférence du désarmement.  Les accords d'Oslo ont été abrogés par une seule partie, à savoir les Palestiniens, a également affirmé M. Levy.


M. SHERWOOD MCGINNIS (États-Unis) a répondu à la déclaration faite ce matin par la République populaire démocratique de Corée en affirmant que le retrait de ce pays du Traité de non-prolifération nucléaire n'était pas uniquement une question bilatérale entre ce pays et les États-Unis.  La recherche d'armes nucléaires par ce pays est une menace pour toute la région et constitue un sujet de préoccupation pour l'ensemble de la communauté internationale, a-t-il souligné.  La République populaire démocratique de Corée doit en revenir au respect de ses engagements internationaux et les États-Unis s'efforcent de parvenir à cet objectif par des moyens diplomatiques.  Le représentant des États-Unis a ajouté qu'un retour de la République populaire démocratique de Corée au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) serait une décision de nature à rassurer l'ensemble de la communauté internationale.


M. TOUFIK SALLOUM (Syrie) a déclaré que, comme si l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence ne suffisait pas, le représentant d'Israël n'a fait qu'aggraver la situation en abordant des questions qui n'ont rien à voir avec cette instance.  La Syrie condamne le terrorisme sous tous ses aspects, y compris le terrorisme d'État - dans lequel Israël se distingue particulièrement, a-t-il poursuivi.  La possession d'armes nucléaires par Israël constitue un danger pour toute la région, d'autant plus que ce pays refuse d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspections, a souligné le représentant syrien.  Qui a tué le Comte Bernadotte; qui a attaqué l'Égypte; qui a attaqué ses voisins, y compris le Liban, a-t-il demandé? Celui qui dirige aujourd'hui Israël est une personne qui, déjà par le passé, a commis des massacres contre des civils, a déclaré le représentant syrien.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) a répondu à l'intervention faite ce matin par les États-Unis en soulignant que le retrait de son pays du TNP n'est pas un problème international mais découle plutôt de la politique hostile menée par les États-Unis contre Pyongyang.  Aussi, ce problème devrait-il être traité de manière bilatérale.  Le retrait du TNP ne constitue pas une menace pour la paix et la sécurité globale, a-t-il assuré, ajoutant qu'il s'inscrit en fait dans le contexte du renforcement de la pression exercée par les États-Unis sur son pays.  Nous demandons et proposons la signature d'un traité de non-agression entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, a indiqué le représentant.


M. LEVY (Israël) a indiqué qu'il préfèrerait qu'il n'y ait pas de polémique sur le Proche-Orient au sein de la Conférence du désarmement.  Il a néanmoins lu ce qu'Israël considère comme étant la liste des dix principales organisations terroristes actuellement basées à Damas, au nombre desquelles figurent le FPLP, le Hamas et la Djihad islamique palestinienne.  M. Levy a également donné les noms des dirigeants de ces organisations sur place.  La Syrie ferait mieux de fermer les bureaux de ces organisations terroristes et d'arrêter leurs dirigeants, a-t-il déclaré.


M. SALLOUM (République arabe syrienne) a insisté pour qu'Israël indique s'il a l'intention d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspections.  Il a par ailleurs affirmé que les Palestiniens cités par M. Levy sont présents à Damas parce qu'Israël occupe la Palestine.  S'il existait un État palestinien, ces personnes ne se trouveraient pas à Damas, a souligné le représentant syrien.  La Syrie souhaite l'instauration d'une zone dénucléarisée au Moyen-Orient, a-t-il rappelé.


M. EUI-YONG CHUNG (République de Corée) a déclaré que la Conférence n'est pas l'instance appropriée pour chercher l'éventuelle réponse qu'il convient d'apporter au retrait de la Corée du Nord du TNP.  Ce retrait constitue une violation grave des engagements pris par la Corée du Nord en vertu des traités internationaux.  Il ne s'agit pas d'une question bilatérale entre les États-Unis et la Corée du Nord mais bien d'une menace pour l'ensemble de la région, a déclaré le représentant de la République de Corée.  Il a ajouté que son pays est engagé, comme la Corée du Nord, en faveur de la création d'une péninsule coréenne dénucléarisée.  Il a lancé un appel à la République populaire démocratique de Corée afin qu'elle démantèle entièrement son programme nucléaire.


M. LEVY (Israël) a rappelé à l'Ambassadeur de la Syrie que la Conférence du désarmement n'est pas la Commission des droits de l'homme.  Le système électoral d'Israël est libre et démocratique et la Syrie ferait mieux de venir voir comment cela fonctionne, a-t-il suggéré.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) a répondu à la déclaration faite par la République de Corée en rappelant que le retrait du TNP est un droit conforme à ce traité.  Au lieu de demander à son pays de revenir sur cette décision de retrait, la République de Corée ferait mieux de demander aux États-Unis de retirer toutes leurs armes nucléaires de son territoire afin que la péninsule coréenne puisse effectivement devenir une zone dénucléarisée.


MME KUNIKO INOGUCHI (Japon) s'est associée aux propos tenus ce matin par les États-Unis au sujet de la sécurité dans l'Est asiatique.  Le Japon se rallie à ceux qui souhaitent résoudre les problèmes dans la région par le biais du dialogue.


M. SALLOUM (République arabe syrienne) a affirmé ne pas avoir parlé de régime politique ni d'élections en Israël mais s'être contenté de mentionner l'existence d'un courant d'idées dont s'est inspiré l'assassin de M. Rabin.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) a répondu à l'intervention du Japon en affirmant que le problème de la question nucléaire sur la péninsule coréenne relève d'une approche bilatérale entre les États-Unis et son pays.  Il a demandé à la Conférence de demander aux deux parties de se rencontrer pour résoudre cette question.


M. LEVY (Israël) a déclaré que les accusations proférées par la Syrie et d'autres intervenants sont fausses.


M. HENRIK SALANDER  (Suède), en tant que Président du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire, a indiqué qu'il souhaitait corriger un propos tenu par le représentant de la République populaire démocratique de Corée, assurant que, contrairement à ce qu'il a déclaré, ce pays est toujours partie au TNP.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) a souligné que son pays n'est plus membre du TNP puisque le 10 janvier dernier, la RPDC a fait part de sa décision de se retirer de ce traité - décision qui est devenue immédiatement exécutoire.


MME INOGUCHI (Japon) a déclaré qu'à ses yeux, les États-Unis recherchent le dialogue et une solution pacifique au problème de la question nucléaire dans la péninsule coréenne.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que la prétendue solution pacifique avancée par les États-Unis n'est pas une véritable solution au problème nucléaire sur la péninsule coréenne.  En effet, les États-Unis nous demandent d'agir en premier, mais les mains vides, nous ne pouvons pas négocier avec eux tant qu'ils n'ont pas modifié leur posture à notre égard, a-t-il expliqué.


M. SALANDER (Suède) a souligné que les États parties au TNP ne reconnaissent pas qu'il soit possible de «sauvegarder le délai de retrait d'une fois sur l'autre».  Voilà pourquoi la RPDC - qui prétend comptabiliser le délai couru lorsqu'elle avait suspendu son adhésion au TNP il y a plusieurs années pour le faire valoir aujourd'hui (selon le traité, le retrait du TNP prend effet 90 jours après son annonce par un État partie) - est toujours partie au TNP.


MME INOGUCHI (Japon) a souligné que la Conférence du désarmement n'est pas l'instance appropriée pour discuter de ce genre de question.  Les membres de la Conférence ont tous intérêt à préserver cette Conférence, a-t-elle estimé.


M. MCGINNIS (États-Unis) a assuré que son pays souhaite rechercher une solution pacifique à cette situation et ne nourrit aucune hostilité à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée.


M. JANG (République populaire démocratique de Corée) s'est dit tout à fait d'accord avec le Japon pour dire que la Conférence n'est pas l'instance appropriée pour discuter de la question de la péninsule coréenne.  Le retrait de son pays du TNP a été reconnu par le représentant des États-Unis au Conseil de sécurité des Nations Unies, a par ailleurs rappelé le représentant.  La République populaire démocratique de Corée a officiellement déclaré qu'elle n'était plus partie au TNP, a-t-il insisté.


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