TROISIEME COMMISSION: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET EN TRANSITION SOUTIENNENT UN PARTAGE INTERNATIONAL DU FARDEAU DES REFUGIES
Communiqué de presse AG/SHC/642 |
Troisième Commission
32e séance – après-midi
TROISIEME COMMISSION: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET EN TRANSITION SOUTIENNENT UN PARTAGE INTERNATIONAL DU FARDEAU DES REFUGIES
Les pays en développement et en transition ont exposé leurs difficultés à faire face à un nombre important de réfugiés sur leur territoire devant la Troisième Commission qui poursuivait, cet après-midi, l’examen des questions relatives aux réfugiés. La plupart des délégations ont reconnu que le rapatriement volontaire, appuyé par une aide au retour, constitue une solution durable au problème, requérant cependant un partage international du fardeau et une assistance financière et technique de la communauté internationale, notamment en matière d’infrastructures et de déminage.
Avec 3,3 millions de réfugiés, le continent africain héberge la seconde plus importante population réfugiée au monde. La représentante de la République-Unie de Tanzanie, dont le pays accueille 690 000 réfugiés, a fait état des préoccupations de son gouvernement quant aux conséquences démographiques, politiques, économiques et sécuritaires de cette présence. Face à la prolifération d’armes légères dans les zones accueillant des réfugiés, une aide accrue doit être apportée pour séparer les réfugiés de bonne foi des éléments armés dans les camps, a-t-elle expliqué. Quant au million de réfugiés issus de la région des Grands Lacs, l’intégration locale ne doit, selon elle, pas être la règle mais être menée au cas par cas.
En Zambie, dont le délégué a précisé qu’elle accueillait 270 000 réfugiés, la présence prolongée de ces derniers affecte les communautés rurales, notamment à cause de la compétition pour les services sociaux tels que l’éducation, la santé, l’eau. A l’instar de nombreuses délégations, il s’est dit favorable à la réalisation des programmes dits «4R» liant rapatriement, réintégration, réhabilitation et reconstruction, pour doter ceux qui choisissent le retour dans le pays d’origine, des compétences nécessaires à leur réintégration.
Des délégations de la région des Balkans, fortement touchée par les conflits et les mouvements de populations qui s’en sont suivis, ont fait valoir les politiques spécifiques réalisées par leur gouvernement. Le délégué de la Croatie a décrit les mécanismes d’aide au retour combinés à des stratégies de développement et d’émancipation économique répondant prioritairement aux besoins des minorités nationales, les Croates d’origine serbes notamment. Plusieurs délégations ont mis l’accent sur l’importance de l’aide régionale et internationale pour accélérer le processus de retour et investir dans le développement des lieux d’origine.
Le représentant de la Serbie-et-Monténégro a de son côté indiqué que son pays avait adopté en 2002 une stratégie nationale pour les réfugiés en vue notamment de permettre leur intégration locale. A cet égard, il a insisté sur le fait que la mise en oeuvre des programmes visant à fournir des logements et des opportunités d’emploi aux populations réfugiées requérait des ressources financières substantielles.
Les délégations ont par ailleurs soutenu l’idée d’un élargissement de la base de financement du budget du HCR et par ailleurs, un accroissement des ressources du Programme alimentaire mondial pour distribuer de la nourriture aux réfugiés a été suggéré.
Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Japon, République de Corée, Inde et Algérie. L’Observateur du Saint-Siège a également participé au débat.
La Troisième Commission a aussi entendu cet après-midi la présentation de projets de résolution* relatifs à la promotion des femmes et des enfants.
La Commission terminera son débat sur les questions relatives aux réfugiés, demain, mercredi 5 novembre à 10 heures.
* A/C.3/58/L.17/Rev.1
A/C.3/58/L.29
Présentation de projets de texte
PROMOTION DE LA FEMME
La Représentante des Etats-Unis, présentant le projet de résolution intitulé «Participation à la vie politique des femmes» (A/C.3/58/L.17/Rev.1), au nom des coauteurs, a déclaré que le texte propose des mesures concrètes à prendre par le secteur privé, la société civile et d’autres acteurs pour promouvoir la participation politique des femmes à la vie politique.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT
La Représentante de l’Italie, présentant le projet de résolution intitulé «Droits de l’enfant» (A/C.3/58/L.29), au nom des coauteurs, a indiqué que le texte couvre tous les domaines touchant aux droits de l’enfant et fait référence à tous les instruments juridiques sur la protection des droits de l’enfant, en particulier à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses deux Protocoles additionnels. Le projet manifeste sa préoccupation face à la situation critique des enfants et demande des mesures nationales et internationales d’urgence. Le texte invite l’expert indépendant chargé d’étudier les formes de violence perpétrées à l’encontre des enfants à procéder à cette étude dans les meilleurs délais.
Déclarations
M. SHIGEYUKI SHIMAMORI (Japon) a insisté sur la nécessaire protection des réfugiés, ainsi que sur les mesures pour les rendre autonomes, dans le cadre d’une approche tenant compte de leur potentiel de contribution à la reconstruction et au développement de pays ravagés par les conflits. Il a expliqué que la consolidation d’une paix durable passait par l’assistance aux personnes rapatriées pour la réinsertion et la participation dans une communauté revitalisée. Il a souligné le besoin d’une collaboration entre les organismes humanitaires et de développement, saluant l’intégration du HCR au Groupe des Nations Unies pour le développement. Faisant référence à la troisième Conférence de Tokyo sur le développement africain, il a rappelé que l’action humanitaire japonaise en Afrique reposait sur un développement centré sur l’homme, sur la réduction de la pauvreté par la croissance économique et sur la consolidation de la paix. Ces trois piliers ont des objectifs communs, notamment l’autonomisation des populations, y compris les réfugiés, le renforcement des capacités des communautés locales. Le représentant a soutenu l’idée d’un élargissement de la base de financement et de nouveaux partenariats pour le HCR et assuré la pleine participation des travailleurs humanitaires de son pays.
M. DARKO GOETTLICHER (Croatie) a déclaré que son pays qui a connu une grave crise de réfugiés sur son territoire et en subit toujours les conséquences complexes, avait cherché à mettre en place des solutions durables et à promouvoir la réintégration harmonieuse de tous les réfugiés, y compris les personnes déplacées, dans les zones où ils étaient précédemment installés. La politique du Gouvernement croate concernant le retour des réfugiés et des personnes déplacées vise la normalisation des vies, la stabilité démocratique dans les régions vulnérables, ceci en répondant prioritairement aux besoins des minorités nationales, les Croates d’origine serbes notamment, et l’élimination de toutes les formes de discrimination et l’appui aux communautés locales de rapatriés. L’un des principaux objectifs est de créer les conditions d’un retour viable des réfugiés en apportant une solution aux problèmes d’habitat, notamment par la reconstruction des logements endommagés ou détruits pendant la guerre et la restitution des biens. Des efforts sont aussi déployés pour relancer économiquement les zones de rapatriement, veiller au déminage, réaliser les cadastres et assurer une protection sociale aux populations rapatriées. Ce dernier aspect, a-t-il précisé, est d’autant plus vital que ces populations font généralement face à des obstacles importants à leur retour en raison du peu de possibilités d’emploi et du manque d’infrastructures. Le représentant a souligné que le Gouvernement avait répondu aux besoins de 800 000 réfugiés et reconstruit quelque 25 000 logements. Il a souligné l’importance de l’aide régionale et internationale pour accélérer le processus de retour et investir dans le développement des zones de retour.
M. JEONG-HYUN RYU, (République de Corée) a soutenu l’idée d’un renforcement des capacités et de la permanence du mandat du HCR au vu de l’augmentation du nombre de réfugiés sous sa protection. L’outil supplémentaire que constitue la Convention Plus permettra, selon le représentant, de s’attaquer au lien croissant entre la gestion post-conflit, l’aide humanitaire et les politiques de développement et l’initiative innovante dite des «4R» contribuera à trouver des solutions durables pour les réfugiés. Il a appuyé les efforts du Haut Commissaire pour élargir la base de financement du HCR, faisant remarquer que son Gouvernement avait contribué à hauteur de 1 million de dollars au budget du Haut Commissariat, ainsi que de 10 millions pour les programmes d’aide humanitaire en Iraq. Le représentant a assuré au Commissariat une participation future accrue de son pays. Il a appelé à la protection des droits des personnes vivant hors de leur pays et rappelé l’importance du principe de non-refoulement, étant donné les risques de persécution encourus par les personnes rapatriées contre leur volonté.
M. BERNARD MPUNDU (Zambie) a déclaré qu’en raison des luttes de libération en Afrique australe puis des guerres civiles dans les pays voisins, la Zambie a dû accueillir un nombre sans cesse accru de réfugiés, qui s’éleve au-delà 270 000. Depuis le début de l’opération de rapatriement des réfugiés angolais, en juillet 2003, 15 000 d’entre eux ont regagné leur pays, a-t-il poursuivi. Cependant, il a estimé préoccupantes les capacités d’absorption limitées de l’Angola et le retour volontaire d’ex-réfugiés en Zambie posant un problème de sécurité et une forte pression sur les structures socioéconomiques des zones rurales où transitent ces réfugiés. Il a exhorté la communauté internationale à fournir une aide accrue à la réinsertion en Angola ainsi qu’à la réhabilitation des infrastructures et au déminage dans ce pays. L’accueil prolongé de réfugiés affecte les communautés rurales notamment par la compétition pour les services sociaux tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’hygiène, et l’Initiative zambienne vise à cet effet à intégrer les réfugiés au développement avec l’aide du HCR. La réalisation des «4R», a dit le représentant, permettra de doter ceux qui choisissent le rapatriement des compétences nécessaires pour leur réintégration. Il a conclu en saluant l’action du HCR, des organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales tout en soulignant les efforts aux niveaux sub-régional et régional de la Communauté de développement de l’Afrique australe et dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique pour s’attaquer à des chiffres qui demeurent, a-t-il dit, alarmants.
Mme CHRISTINE KAPALATA (République-Unie de Tanzanie) a présenté le rapatriement librement consenti comme la solution durable au problème des réfugiés, appelant l’attention des délégués sur le fait que des pays tiers pouvaient choisir d’accueillir les réfugiés jugés comme des atouts alors que les premiers pays de réinstallation comme le sien n’en avaient pas le loisir. Elle a estimé que le concept du Développement par l’intégration locale (DLI) de nombreux réfugiés de longue date n’était pas viable, bien que son gouvernement ait donné des terres à 3 000 réfugiés somaliens dans le Nord, leur conférant le droit à la citoyenneté. Quant au 1 million de réfugiés de la région des Grands Lacs, l’intégration locale ne devrait pas être la règle mais être menée au cas par cas, de par ses conséquences démographiques, politiques, économiques et sécuritaires sur le pays d’accueil. Elle a demandé l’assistance de la communauté internationale à cet effet et souligné que la prolifération d’armes légères dans les zones accueillant des réfugiés nécessitait une aide accrue pour séparer les réfugiés de bonne foi des éléments armés dans les camps. Elle a conclu en demandant un partage international du fardeau des réfugiés, soutenant l’idée d’un élargissement de la base de financement du budget du HCR et proposant un accroissement des ressources du Programme alimentaire mondial pour distribuer de la nourriture aux réfugiés.
M. P.M. TRIPATHI (Inde) a salué les efforts entrepris par le HCR pour s’adapter aux changements de l’environnement international et a demandé qu’une évaluation des programmes pilote mis en oeuvre dans le cadre de l’approche «4R» soit menée afin de permettre aux Etats Membres de mieux répondre aux défis que pose la situation des réfugiés dans le monde. Il a mis en garde contre la tentation du HCR de prendre en charge de nouvelles tâches et a estimé que le HCR devait limiter son action aux personnes relevant de sa compétence telle que définie par son statut, à savoir les réfugiés. Il a estimé que c’est aux Etats Membres qu’incombe la responsabilité de protéger les personnes déplacées à l’intérieur d’un pays et que le rôle du HCR en la matière était tributaire de la demande expresse de l’Etat concerné. Il a souligné la nécessité de veiller à ne pas dupliquer les responsabilités entre les différents piliers de l’action humanitaire des Nations Unies. Il a par ailleurs souligné la nécessité de mieux reconnaître le fardeau que constitue la présence de réfugiés dans les pays en développement. A cet égard, il a souligné que la recherche de solutions durables aux problèmes des réfugiés resterait lettre morte si la communauté internationale ne s’attaquait pas aux facteurs à l’origine des mouvements de réfugiés comme la pauvreté et a souligné que la mission du HCR devait être conduite selon les principes de solidarité, de responsabilité, de partage du fardeau et d’impartialité. Il a par ailleurs invité le Haut Commissaire à tenir compte des difficultés rencontrées par certains pays, dont l’Inde, pour accéder au cadre juridique existant du fait que la Convention de 1951 et le Protocole de 1967 ne traitent pas des flux mixtes de migration et exodes massifs.
M. EL AMINE BENCHERIF (Algérie) a salué les mesures initiées par le HCR dans le cadre de «Convention Plus». Il s’est dit préoccupé par le nombre de personnes déplacées relevant de la compétence du HCR soulignant que plus de 20 millions de personnes sont en attente de solutions et que les 2/3 d’entre elles sont accueillies dans les pays en développement, notamment en Afrique. Dans ce contexte, il s’est inquiété de la diminution de la participation des donateurs et a souligné que leur soutien était nécessaire pour renforcer la coordination entre les différents acteurs de la communauté internationale et lutter contre le silence qui entoure certaines crises et désastres. Soulignant le lourd fardeau qui pèse sur les pays du Sud qui abritent la majorité des populations réfugiées, il a réitéré la position de son pays de voir prise en compte la contribution des pays d’asile. Il a souligné que l’Algérie continuerait à apporter aide et assistance humanitaire aux réfugiés sahraouis jusqu’au règlement final du problème à travers l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l’autodétermination. Il a conclu en soulignant que pour éradiquer le fléau qu’est l’exode des hommes, il faut non seulement mettre en place des actions préventives mais aussi une coordination efficace entre les acteurs chargés des questions humanitaires et ceux responsables du développement.
M. DEJAN SAHOVIC (Serbie-et-Monténégro) a souligné que la recherche de solutions durables aux problèmes des populations réfugiées devait être au centre de l’activité du HCR et a salué la mise sur pieds du Cadre pour les solutions durables. Il a estimé que les règles d’engagement pour les programmes «4R» devront être formulées sur la base de l’expérience acquise par la mise en oeuvre des programmes pilote. Il a appuyé l’opinion du Haut Commissaire selon lequel trop de place est laissée aux accords ad hoc dans la réponse apportée par le système des Nations Unies aux problèmes des populations déplacées à l’intérieur d’un pays et a invité les parties prenantes à engager des discussions afin de mieux définir les critères d’engagement des différentes organisations et la division du travail entre celles-ci. Il a par ailleurs indiqué que son pays accueillait encore 400 000 réfugiés originaires de la République de Croatie et de Bosnie-Herzégovine. Il a estimé que répondre aux besoins des populations réfugiées devrait être la priorité des Etats de la région, ajoutant que cela aurait un impact positif sur les relations inter-étatiques et la stabilité de la région. Il a expliqué que son pays avait adopté en 2002 une stratégie nationale pour les réfugiés en vue notamment de permettre leur intégration locale. La mise en oeuvre des programmes visant à fournir des logements et des emplois aux réfugiés requièrent des ressources financières substantielles, a dit le représentant qui a appelé la communauté internationale à aider son pays. Il a salué les mesures législatives et administratives prises par la Croatie pour créer les conditions favorables au retour des réfugiés et a signalé que son pays avait signé, le mois dernier, un accord avec la Bosnie-Herzégovine sur le retour des réfugiés. Venant à la situation des 260 000 personnes déplacées accueillies par son pays en provenance du Kosovo et de Metohija, il a souligné que la perspective de leur retour était faible en raison de la situation précaire des populations non albanaises dans ces régions.
Mgr CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège) a souligné la nécessité d’accorder une attention particulière aux besoins des enfants et des femmes réfugiées. Il a indiqué que dans certains endroits 70% des réfugiés étaient des enfants et que certains passaient leur vie dans des camps de réfugiés. Il a souligné le rôle essentiel de l’éducation comme moyen d’éviter le recrutement militaire, l’exploitation et le trafic des enfants. Il s’est dit préoccupé par le fait que les médias et certaines personnalités politiques donnent une image suspicieuse et discriminante des réfugiés, des demandeurs d’asile et des apatrides. Il a évoqué les actions entreprises par le Conseil pontifical pour les personnes migrantes et les peuples itinérants, le Conseil pontifical Cor Unum, Caritas International et d’autres organisations pour répondre aux flux de réfugiés, de demandeurs d’asile et de personnes déplacées. Il a appuyé les appels du HCR pour une coopération efficace dans la recherche de solutions durables pour les populations réfugiées et le partage du fardeau et a souligné les avantages que procurerait une meilleure coordination entre le HCR et ses partenaires au sein et en dehors du système des Nations Unies, notamment avec le Groupe des Nations Unies pour le développement et le Groupe informel sur les migrations à Genève. Il a par ailleurs salué les initiatives de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales qui a convoqué deux réunions sur les migrations et a estimé que le partenariat et l’échange d’informations entre les différentes entités du système des Nations Unies devrait être utile dans le cadre du processus de consultation entre les pays d’origine et de destination. Il a émis l’espoir que ce processus permettra de combler le fossé entre la magnanimité et les préoccupations de sécurité nationales.
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